Le mois de novembre est toujours une période rude pour moi. Je ne croise plus le journée, quand je suis en hiver. Ou que très peu. Il se lève à peine quand je rentre au Bureau, et est couché depuis bien longtemps quand j'en sors. Il fait froid, les gens tirent la tronche, moi le premier. Bref, novembre, ça pue autant que grand mère Jocelyn après avoir bu cinq irish coffee pour digérer ses mac&cheese bien trop chargées en cheese.

Le pire, c'est quand je me rends compte que les fêtes approchent. Dans un mois et demie, ce sera Noël, et je vais encore le passer tout seul, parce que Naomi aura probablement mieux à faire que de rester avec son coloc qui n'aura qu'une envie: boire comme un trou. Parce que non, je n'irai pas voir mes parents le 24 au soir, par peur de croiser ma connasse de soeur. Peut-être que je passerai le vingt cinq, tôt le matin, mais je repartirai avant midi. Je les connais mes parents, ils sont du genre à nous tendre un piège et à nous faire croire que l'autre n'est pas invité avant qu'il pointe le bout de son nez. Ils seraient capables de tout pour nous forcer à nous réconcilier, à croire qu'ils ne connaissent pas leur fils. Je suis tellement rancunier que je ne pense pas être capable d'un jour, pouvoir adresser la parole à Scarlett en résistant à l'envie de lui cracher à la figure. Parce que pour moi, elle reste la coupable principale de ma solitude d'aujourd'hui.

Il est tard, le Bureau d'investigation fédéral se vide, mais je veux prendre un café avant de rentrer chez moi. Je refuse de m'endormir de si tôt cette nuit, j'ai des potes qui sont déjà en vocal sur discord et ils ne m'ont pas attendu pour allumer GTA. Au premier étage, la machine s'avère être en pane, et j'ai beau tenter de donner un coup de point sur le distributeur, ça ne l'aide pas à me sortir mon café. Alors, je me retrouve à devoir descendre dans le quartier de médecine légale pour prendre mon café long (plus c'est long, plus c'est bon). Après avoir passé la porte sécurisée, je marche quelques secondes, croise une rousse que je n'ai jamais vu. Je la suis du regard, les sourcils froncés, je l'interpelle. « Hey ! Who are you and what the hell are you doing here ? » Elle n'a pas le temps de me répondre que je continue de l'intérroger. « How did you even get here ? This is a restricted section ! » Sur le moment, je suis probablement trop fatigué pour me rendre compte que mes accusations n'ont pas de sens. Premièrement, il faut une carte pour rentrer dans n'importe quel département autre que l'accueil. Ensuite, les secrétaires ont fermés les bureau de l'entrée depuis bien longtemps, alors elle n'aurait même pas pu avoir de passe-droit de l'un d'entre eux.

Elle était quelque peu épuisée Becca, synonyme de l'hiver qui s'approche, des jours qui raccourcissent et de son envie irrépressible d'aller se coucher dès qu'elle rentre. Mais elle a le podcast sur lequel elle doit bosser et elle ne peut pas s'empêcher d'y penser souvent, mais aujourd'hui est une journée autre. Une journée où elle ne sait pas à quelle heure elle va finir sa journée de boulot, son réel boulot. Celui qui paye ses factures un peu plus que le podcast. Même si le podcast a bien évolué, Becca a toujours été prudente. Elle ne voulait pas finir par être déçue quand tout se terminerait, parce qu'elle était persuadée que ça passerait, même si elle faisait attention à ne pas l'annoncer au crew pour ne pas les décevoir. Mais elle y pensait souvent. Occupée à taper des rapports sur son ordinateur, elle s'arme de ses lunettes pour ne pas finir avec une migraine, relit ses notes, grogne face à son incapacité à se relire et elle attache ses cheveux en un chignon rapide, bientôt elle pourra rentrer chez elle, une gorgée de son thé froid, elle est distraite par son téléphone, répond d'un oeil à un message de Swann, lui promet de passer chez lui après qu'elle ait terminé ce qu'elle était en train de faire et lui demanda de préparer son canapé, parce qu'elle ne se sentait pas de rentrer seule chez elle ce soir. Il était déjà bien trop tard. Elle se remit dans son rapport, quand elle eut enfin terminé, elle éteignit son ordinateur, le rangea dans son tiroir qu'elle ferma à clé et elle sortit de la pièce, verrouilla son bureau avant de se diriger vers la sortie, elle salua le type qu'elle venait de croiser d'un signe de tête et elle s'arrêta quand il l'interpella, elle haussa un sourcil et se tourna vers le type qui ne semblait pas le moins poli du monde « excuse me ? » demanda t-elle en le regardant, réajustant son sac sur son épaule et elle leva les yeux au ciel en soupirant « What's the point ? Is your brain a restricted area ? Because your brain seems to be withered. » Elle s'approcha de lui et tapota doucement sa joue du bout de la main « I'm Rebecca Jenkins, ask my superior if I got lost, he'll probably laugh at your face. » Elle n'avait pas franchement le temps pour ses conneries mais au moins, elle le trouvait amusant « And you, you are? »