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What if - Annley's redemption

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Sam 10 Déc - 23:29
Wes ne s’était pas inquiété immédiatement. Après leur baiser, ce tout premier baiser entre sa coloc et lui, le musicien avait vécu dix bonnes minutes d’euphorie pure. Le genre d’émotion tellement puissante qu’elle occupe votre corps entier, jusqu’au bout de vos doigts qui ne s’arrêtent plus de picoter. I have a crush on my best friend, I have a freaking crush on my best friend. Il avait beau les répéter en boucle, les mots ne parvenaient pas à s’implanter dans sa tête. L’idée le terrifiait et lui plaisait à la fois. Il se sentait perdu, incapable de prendre du recul sur la situation, encore sous l’influence de l’alcool (un peu) et de son attirance pour Ann (beaucoup). Il n’avait même pas encore songé à ce qui risquait de changer dans leur vie à tous les deux, dans cette routine si bien huilée qui ne laissait aucune place à l’imprévu. Non, pour l’instant, son niveau de réflexion s’arrêtait à la pensée suivante : ce qui venait de se produire lui avait plu – un euphémisme – et si Ann le voulait aussi, il ne voyait aucun inconvénient à réitérer l’expérience dans les plus brefs délais.

L’ennui, c’est qu’Anneke s’était volatilisée. Wes le réalisa au bout d’un petit quart d’heure à l’attendre, sans bouger d’un pouce de peur qu’elle ne le retrouve pas dans la foule, très occupé à se repasser le film de leur baiser – activité qui colorait ses joues d’un rouge vif. Tout à coup, il commença à angoisser. Où était-elle ? Comment allait-elle ? L’avait-il fait fuir ? Son cœur se mit à battre très fort, sa gorge se noua. Did he misread the situation ? Avait-il fait du mal à la personne qui, with or without that fucking kiss, comptait le plus dans sa vie ? Blême, Wes se lança à la recherche d’Ann, écuma la salle, les abords du bar, supplia Eryn de lui dire qu’elle l’avait vue – en vain. Et ce putain de SMS qui, en raison d’un réseau fluctuant, refusait de s’envoyer… Ce n’est qu’après avoir fait trois fois le tour du bâtiment qu’un éclair de génie traversa le brouillard d’alcool : il n’avait pas vérifié le toit de l’immeuble. Il en connaissait l’accès depuis une certaine soirée avec Eryn. Comme ils étaient toujours invités par deux, en bons inséparables, Ann le connaissait aussi. Et quel meilleur endroit pour s’isoler, franchement ?

Il faut croire qu’il avait vu juste (un petit miracle étant donné son alcoolémie), car elle s’y trouvait bel et bien, assise à même le sol. Wes s’approcha à pas feutrés, comme s’il s’agissait d’un petit animal blessé qui risquait à tout moment de se retourner contre lui. Il craignait tellement de l'oppresser qu’il n’osa pas franchir les deux derniers mètres qui les séparaient. « Hey, je peux m’asseoir avec toi ? » Lorsqu’elle acquiesça, il s’accroupit pour se mettre à sa hauteur. Doucement, il hasarda : « J’ai failli pas te trouver. Enfin, peut-être que c’est ce que tu voulais, alors si je te dérange, je, ben, je te laisse tranquille. » C’est en relevant le regard vers elle qu’il comprit que quelque chose n’allait pas. Ou en tout cas, que quelque chose allait encore moins bien que ce qu’il croyait. Bêtement, par automatisme, il posa tout de même la question : « Are you okay, Ann ? » Sur le toit, en plein courant d’air, il ressentit le froid de la nuit lui mordre les joues. Le musicien portait un sweat sous sa veste, alors il pouvait largement se permettre de partager des couches de tissu. Il retira ladite veste et la tendit à Ann. « Jeez, ça caille, t’as l’air gelée, prends ma veste. »

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Dim 11 Déc - 20:47
[tw: crise d'angoisse, alcoolémie, auto-dépréciation] Un quart d’heure après l’événement qui changerait probablement sa vie pour toujours (et aussi dramatique cela puisse paraître, c’était vrai), Anneke se retrouvait recroquevillée sur le toit de l’immeuble qui abritait l’Overkill. Les images de son baiser avec Wes, rendues floues par l’alcool qu’elle avait ingéré et l’angoisse qui l’avait submergée, n’avaient de cesse de tourner en boucle dans sa tête, avec une seule et même pensée : elle avait merdé, royalement, purement, et simplement merdé. Car à présent, ses sentiments qu’elle s’était appliquée à refouler durant des mois lui semblaient clairs comme de l’eau de roche, et sa relation avec son meilleur ami s’en voyait impactée à tout jamais. Que se passerait-il s’il décidait que tout cela n’était qu’une bien mauvaise idée, une décision prise par l’alcool, et qu’il n’avait pas envie de s’embarquer là-dedans ? Pire encore : que ferait-elle si, suite à cette déconvenue, Wes retrouvait soudainement l’envie d’habiter seul ? Ces deux questions n’étaient qu’une petite partie du florilège d’interrogations qui se bousculaient dans son cerveau, et la nature angoissée d’Anneke prenait soudainement le dessus sur toute notion de bon sens. Loin d’elle la certitude du consentement du musicien, elle n’envisageait que les pires scénarios. Mais si elle s’était volontairement éloignée, voyant pointer la crise d’angoisse et bien décidée à s’en occuper seule pour éviter le moindre quiproquo, la brune devait bien avouer une chose : elle n’était pas capable de se contrôler. Chaque inspiration qu’elle prenait l’énervait un peu plus et alimentait le cercle vicieux de cette angoisse qui la rongeait de l’intérieur. Finalement résolue à l’idée qu’elle ne s’en sortirait pas seule, elle envoya un message à Wes et se recroquevilla contre elle-même, assise contre un mur de briques et inconsciente du courant d’air qui lui mordait les bras nus.

Finalement, après cinq, dix minutes peut-être, il arriva. Enfin. Etait-ce un autre signe d’affection que de reconnaître une personne sans lever les yeux vers elle, à sa simple démarche ? Probablement. Ann décida de reléguer cette nouvelle observation dans un coin de son cerveau qu’elle utiliserait plus tard. Pour l’heure, elle avait suffisamment de choses à penser pour en ajouter d’autres. Par exemple, déterminer si la présence de Wes sur ce toit avec elle la soulageait (he came for me) ou l’angoissait plus encore (you fucking kissed your fucking best friends and now he’s here to put a fucking end to it). Il s’arrêta à quelques mètres d’elle et Anneke se figea, les yeux fermés emplis de larmes qui menaçaient fortement de déborder, prête à entendre la sentence qui lui était réservée. Je peux m’asseoir avec toi ? Sans lever la tête, sans même oser regarder dans la direction de sa voix douce et familière, elle rouvrit les yeux et acquiesça.

Lorsqu’il verbalisa son inquiétude à l’idée de ne pas l’avoir retrouvée tout de suite, elle secoua la tête. Comment pouvait-il penser qu’il était de trop alors qu’il était la seule personne au monde dont elle ait besoin en cet instant ? « But I texted you ? », murmura-t-elle, puis elle entreprit une fouille archéologique au fond de son sac à main. Lorsqu’elle trouva son téléphone et qu’elle le déverrouilla, elle grommela : « Ah, fuck. ». Ann tourna son écran vers Wes, lequel affichait leur historique de conversation et un dernier SMS qui avait refusé de s’envoyer. I’m on the roof, indiquait-il avec une sobriété déconcertante. Quelques mots qu’elle avait tapés machinalement, sans même regarder le clavier, avant de s’empresser de renvoyer le téléphone de là où il venait. Pas un seul instant avait-elle pensé au réseau fluctuant de ce coin de Brooklyn.

Il lui demanda comment si elle allait bien et aucun son ne sortit de sa bouche lorsqu’elle l’ouvrit pour lui répondre, aussi, elle se contenta de secouer la tête de gauche à droite. I feel fucking awful, voulait dire ce geste, I can’t breathe properly and my whole body hurts, I’m a fucking mess, my heart’s gonna blow up in my chest and I feel like I’m gonna fucking die in a minute, so no, I’m not fucking okay Wes, very far from it. Mais plutôt que de verbaliser ce ressenti qu’il ne connaissait que trop bien pour le vivre lui-même à intervalles réguliers, Ann secoua une nouvelle fois la tête et, pour la première fois depuis son arrivée, offrit à son colocataire un grand regard brillant de larmes, apeuré, de ceux qui ne trompaient pas. Elle ne réalisa qu’elle tremblait de froid que lorsqu’elle s’emmitoufla dans la veste que le brun lui avait tendue. « Merci. », réussit-elle à articuler, la voix rauque et la gorge serrée, et soudain, ce fut comme si ce simple mot avait libéré tous les autres. Anneke se mit à parler à un débit bien trop rapide, pressé, haut-perché : « It’s not your fault, I promise it’s not your fault. », répéta-t-elle plusieurs fois, une dizaine, peut-être plus, dans un seul et même souffle, incapable d’articuler quoi que ce soit d’autre. Ann se recroquevilla un peu plus sur elle-même et se força à respirer le plus lentement et profondément possible, une technique qui ne réussit qu’à la stresser un peu plus. Elle prit une inspiration tremblante et gémit, les yeux levés vers le ciel : « Je suis désolée, je voulais pas que tu me voies comme ça, pas après… oh, shit, Wes, I fucked us up, haven’t I ? I fucked us up ! » Le cœur de la brune se serra un peu plus dans sa poitrine douloureuse et Ann expira longuement, les paumes de ses mains pressées sur ses yeux. Revenir sur leur baiser et ses conséquences avant d’avoir réussi à contrôler sa crise n’était pas l’idée la plus brillante qu’elle ait eue. Pourtant, elle ressentait une culpabilité intense qu’elle avait besoin d’extérioriser, persuadée qu’elle avait imposé cette étreinte à son colocataire, son meilleur ami, et que l’alcool qu’elle avait ingéré lui avait fait halluciner son consentement pourtant verbalisé. Incapable de le regarder même du coin de l’œil, Anneke se mura dans le silence, le front posé contre ses genoux et les bras serrés autour de ses tibias dans une vaine tentative de protection. En cet instant, à vrai dire, réfléchir plus loin que sa panique lui était impossible, et avoir une discussion dans cet état relevait de la folie pure. Fuck you, Ann, and fuck you, fucked up brain.

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Mar 13 Déc - 23:45
TW : crise d'angoisse

C’est une Anneke prostrée que Wes découvrit en arrivant sur le toit. Fuyante, effrayée, recroquevillée, à l’exact opposé de la jeune femme rayonnante qu’il avait tenu dans ses bras quelques minutes auparavant. Bon sang, que s’était-il passé pour qu’elle soit aussi mal ? Qu’avait-il fait ? Soudain, il s’en voulut atrocement d’avoir répondu à ce baiser. Embrasser qui que ce soit en étant aussi aviné ne pouvait pas être une bonne idée. Il avait cédé à son attirance et voilà ce que ça donnait, la femme de sa vie sa colocataire se retrouvait complètement dévastée. Un frisson glacé parcourut son dos et il fournit un gros effort pour ne pas se mettre à paniquer à son tour. Il ne pouvait de toute manière pas se le permettre, s’il souhaitait être d’une quelconque aide.

But I texted you ? Il fut obligé de tendre l’oreille pour entendre le murmure de son amie, avant de se retrouver avec l’écran de son téléphone devant le nez. Il déchiffra le message en plissant les yeux. Oh. Alors elle ne le fuyait pas. Plus encore, elle l’avait appelé au secours. Il releva vers elle des yeux pleins de tendresse et de soulagement mêlés. Mais puisqu’elle évitait toujours son regard, elle n’en perçut rien. Pour signifier qu’il avait compris, Wes souffla doucement : « That's okay. I found you. » Bien décidé à prendre les choses en main, il commença par lui tendre sa veste. Elle s’était tant rétractée sur elle-même qu’elle lui parut minuscule en se pelotonnant dans le vêtement. Puis, pour la première fois depuis qu’elle avait rompu leur étreinte, Ann le regarda enfin. Son visage apeuré lui souleva le cœur. Le musicien ressentit un puissant instinct de protection qu’il ignorait jusqu’à présent posséder. Immédiatement, tout devint très clair, ce baiser n’avait plus d’importance, la seule chose qui importait, c’était qu’elle aille mieux. L’air frais, couplé à la disparition brutale de son euphorie, l’avait dégrisé. Il se sentait capable de gérer la situation. À peu près.

Abandonnant la position accroupie, il s’assit face à elle. Des mots sortaient de la bouche d’Ann sous forme de boucles lancinantes, elle les répétait dix, quinze fois peut-être. Pour la calmer, il murmura plusieurs fois d’affilée : « I know, Ann, I know, I already guessed that it's not my fault, and that's not your fault either. » Ses mots suivants (I fucked us up !), gémis plus que prononcés, lui brisèrent un peu plus le cœur. Wes sentit tout son corps s’affaisser. Oh non, elle regrette, elle regrette de m’avoir embrassé. Mais ça n’était pas le moment pour lui de pleurnicher sur son triste sort, pas alors qu’Ann se trouvait au beau milieu d’une attaque de panique. Car Wes en avait reconnu les symptômes, en grand connaisseur du phénomène. Bien qu’une crise d’angoisse ne soit pas dangereuse, Wes savait que la souffrance d’Ann en cet instant était réelle. S’il avait pu prendre une partie de sa douleur pour la soulager, il l’aurait fait. À défaut, il connaissait quelques astuces pour s’apaiser, il ne restait plus qu’à espérer qu’Ann y soit réceptive. « On va en parler, mais d’abord, on va faire en sorte que ça aille mieux, d’accord ? Tu me fais confiance ? » Il présenta les paumes de ses mains devant lui, pour qu’elle puisse s’y raccrocher si elle le souhaitait, sans pour autant lui imposer le contact. Personne n’était mieux placé le brun pour savoir que la sensibilité se voyait décuplée lors d’une attaque de panique, et qu’une simple main amicalement posée sur l’épaule pouvait être perçue comme une menace. Réunissant tout self-control dont il était capable, Wes fredonna calmement : « I’m here, Ann, there's no danger, you're not alone, I’m not mad at you, no one is mad at you, you're not going to die, it's just your body that's having fun scaring you. I’m here, okay, I'm going to help you. We’ll try something, something very simple. All you have to do is breathe with me. » Il prit une profonde inspiration, puis expira lentement, exagérant volontairement le mouvement de sa poitrine, pour qu’Ann puisse se caler sur son rythme. Wes faisait son possible pour avoir l’air parfaitement sûr de ce qu’il faisait, mais en réalité, il n’avait aucune certitude quant à ses chances de réussite.

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Lun 19 Déc - 13:56
[tw: crise d'angoisse, auto-dépréciation] Quelques dizaines de minutes à peine s’étaient écoulées depuis qu’Anneke avait cédé à son impulsion et embrassé Wesley au milieu d’un bar bondé puis pris la fuite sur le toit de l’immeuble en sentant pointer non pas du regret, loin de là, mais une angoisse sourde à l’idée d’avoir perdu le contrôle. Pourtant, elle avait l’impression que cette scène s’était déroulée mille ans plus tôt, dans une autre vie, dans une espèce de rêve éveillé peut-être, tant tout son corps embrumé par la panique et l’alcool s’évertuait à lui faire revivre l’évènement en boucle, chacune d’entre elles un peu plus floue que la précédente. Et si une part d’elle redoutait chaque seconde passée en sa présence depuis qu’il avait répondu à son appel à l’aide (ou plutôt, qu’il avait instinctivement pensé à la rejoindre à cet endroit en particulier, peu importe ce que cette information dévoilait de leur relation), Ann en avait conscience : le musicien était la seule personne capable de l’aider lorsqu’elle n’était pas en mesure de se raisonner seule. Si elle était un tout petit peu honnête avec elle-même, elle aurait même compris depuis longtemps que le don de Wes en la matière avait en effet peut-être un peu à voir avec le fait qu’il vivait avec ces crises au quotidien et connaissait de fait quelques techniques, mais relevait surtout de leur proximité et de la confiance aveugle qu’elle lui accordait. Entendre sa voix qu’il s’évertuait à garder la plus calme possible suffisait déjà à persuader Anneke qu’elle s’en sortirait. Et lorsqu’il la plaça au centre des préoccupations, en décidant de la calmer avant de se lancer dans La Discussion, la fameuse, celle qui la paniquait tant, Wes acheva de la convaincre : il y avait chez lui quelque chose qu’elle ne trouverait jamais chez personne d’autre, et elle avait été bien naïve de penser que leur relation n’était rien d’autre que platonique durant tout ce temps. Mais bien évidemment, toutes ces réalisations relevaient de l’insidieux. Aucune petite voix ne s’était encore manifestée dans son esprit pour lui souffler les réponses, et son corps s’évertua de fait à ignorer chacun des signaux indiquant que la situation était sans danger. A la place, le cœur d’Ann se trouvait au bord de ses lèvres, aussi serré qu’il lui semblait qu’il allait exploser à tout moment. Sa mâchoire était si contractée qu’elle en aurait mal le lendemain, et son corps tremblait sans qu’elle ne réussisse à identifier si c’était de froid, de stress, ou les deux à la fois.

Wes lui demanda si elle avait confiance en lui et Ann parvint enfin à ferrer son regard dans le sien. Elle acquiesça et articula un « Oui. » à peine audible : toujours. Elle lui ferait toujours confiance, même en ce moment de doute intense où elle n’avait pas la moindre idée du sort qu’il lui réserverait une fois qu’elle aurait retrouvé la maîtrise de son corps et de son esprit. Au début, lorsqu’il tendit les mains vers elle, elle n’osa pas se sortir de sa coquille, les bras toujours rentrés dans la veste qu’il lui avait offerte. Et puis, au fil des exercices de respiration, à force de se concentrer sur la voix apaisante de Wes, elle reprit doucement le contrôle. Lorsqu’elle sentit ses muscles se décontracter lentement, elle tendit les mains vers les siennes et s’y accrocha sans même réfléchir à son geste. Et finalement, après plusieurs minutes, elle réalisa que son corps s’était détendu, que sa respiration s’était apaisée, et qu’à la place de la douleur et de la peur, une fatigue intense s’était emparée d’elle.

Ann resta quelques minutes encore dans la même position, incapable de parler et concentrée sur le regard de Wes qu’elle n’avait plus lâché depuis qu’elle avait retrouvé le courage de le soutenir. Enfin, elle murmura : « Merci. J’y arrivais pas seule. » Ses doigts se serrèrent sur ceux du musicien qu’elle ne se sentait plus en mesure de lâcher (inconsciemment, elle profitait de ces quelques instants de proximité, motivée par l’idée parfaitement ridicule qu’il était là pour en finir avec tout ce cirque). A vrai dire, Anneke réalisa avec des mois, des années de retard, qu’elle n’avait fait que chercher ce contact depuis tout ce temps sans oser se l’avouer. Maintenant qu’elle y avait goûté, la brune ne souhaitait qu’une seule chose : passer l’intégralité de son temps libre dans les bras du musicien. Dans son souvenir flou, embrumé par l’alcool, il n’avait pas non plus semblé réfractaire à l’idée. Mais son naturel anxieux ne pouvait s’empêcher d’imaginer le pire, sa petite voix intérieure n’avait d’ailleurs de cesse de lui répéter que l’excès de bière lui avait fait imaginer ce consentement pourtant verbalisé. Aussi, elle leva de grands yeux tristes vers Wes et s’évertua à demander pardon : « Je suis tellement désolée, Wes. J’espère que j’ai pas tout bousillé, je bousille toujours tout. » La voix d’Ann, éteinte par la fatigue et le contrecoup, sortit plus faiblarde que ce qu’elle avait anticipé. Elle ferma les yeux et soupira : « Don’t hate me. Please, I’m begging you, don’t hate me. »

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Mar 3 Jan - 21:37
S’armant de patience, Wes continua de chantonner à voix basse : « You're doing great, it's almost over, we'll be home soon. » Si la première partie de soirée du musicien avait été excellente, il ne rêvait désormais que d'une chose : rentrer à East Village – chez eux. Parce qu’il voyait mal comment ils pourraient continuer la soirée comme si de rien n’était, qu’ils avaient suffisamment bu pour ce soir et surtout : qu’il serait bien plus tranquille de savoir Anneke à l’appartement, cet endroit familier et sécurisant. La jeune femme tremblait malgré la veste et le musicien dut résister à l’envie de la prendre dans ses bras pour la serrer contre lui. Il se doutait que c’était la pire des réactions à avoir, que ça ne ferait que l’oppresser davantage, pourtant tout son être lui hurlait de l’enlacer. Ne pas céder lui demandait un effort de tous les instants – mince, on éprouve pas un tel instinct de protection envers une simple amie, si ?

À force de persévérance, il Ann finit par se détendre. Son corps, qu’elle avait ratatiné, reprit petit à petit sa place dans l’espace. Au moment où les muscles de son dos se dénouèrent, Wes réalisa qu’il s’était crispé, lui aussi. Elle le remercia mais il haussa les épaules : « T’y es arrivée seule, j’ai rien fait. » Wes songea qu’il était peut-être temps de retirer ses mains des siennes, mais il sentit les doigts de la jeune femme resserrer leur prise, alors il ne bougea pas d’un millimètre. Ça l’arrangeait bien, à vrai dire : il profita, encore un peu, peut-être pour la dernière fois, de la sensation de sa peau contre la sienne. « Je peux dormir ailleurs, ce soir, si tu préfères. Si tu veux être seule. » Il était peut-être plus sage qu'elle reste dormir chez Eryn, c’est-à-dire littéralement à l’étage du dessous, ça lui épargnerait un trajet interminable en taxi. Pourtant, l’idée d’être séparé d’Ann ne serait-ce qu’une demi-journée, ne pas prendre son petit-déjeuner avec elle comme ils en avaient l’habitude, tout ça rendait Wes tout triste – mince, ressentir le manque avec autant d'intensité sur une si courte période de temps, ça n'est pas normal dans une relation d'amitié classique, si ?

Ses excuses et ses grands yeux tristes lui fendit le cœur. Vivement, il protesta : « Hey, je ne te déteste pas, comment je pourrais ? » Ça lui paraissait si absurde qu’il répéta la question, éberlué : « Comment je pourrais te détester ? » Au cours des deux dernières années, Wes avait détesté beaucoup de monde, pour ne pas dire la planète entière. Il ne s’était confié à personne mais avait quand même reproché à son entourage de ne pas percevoir son mal-être. Ou, quand ils l’avaient perçu, il leur en avait voulu de ne pas trouver les bons mots. Bref, personne n’avait échappé à ses foudres. Sauf Ann. Elle, il la plaçait sur un piédestal depuis l’instant où elle lui avait proposé de s’établir dans sa chambre d’amis. Tout son quotidien s’était construit autour d’elle, en fonction d’elle, de façon à passer le plus de temps possible en sa compagnie. « You're my best friend. You just can't ruin what's between us in one night. » Wes lui sourit, une lueur à la fois assurée et rassurante dans le regard.

Soudain, le brun réalisa que sa phrase précédente ressemblait fort à un râteau. Que son attitude toute entière, à force de ne pas vouloir s’imposer à elle, paraissait fuyante. Sauf qu’il était loin de vouloir repousser son amie. Vaseux, il peinait à réfléchir, ne savait pas vraiment où il en était. « Well, I'm a bit confused right now, but... » Avec tout ce qui venait de se passer, Wes n’avait pas eu le temps d’analyser ce qu’il ressentait. Il n’était pas aidé non plus par les résidus d’alcool dans son sang. Malgré tout, il y avait une chose dont il était sûr : alcool ou pas, ce baiser était la chose la plus intense qu’il ait vécu depuis deux ans. Et son attirance envers sa coloc n’avait rien d’un mirage. La preuve : plus il soutenait le regard d’Ann, plus il avait l’impression que les battements de son cœur s’entendaient dans tout le quartier. À 39 ans, Wes commençait à se connaître : ça, ça signifiait qu’il était en train de tomber amoureux. Ou pire : qu’il l’était déjà. Perturbé par cette idée saugrenue, il bredouilla : « I mean, I mean – oh my god, I can't believe I'm about to say this, it's so weird, what the hell is going on tonight ? » Son rire forcé se coinça dans sa gorge et il sentit ses mains devenir moites. Par réflexe, il lâcha celles d’Ann. Il cafouilla plusieurs fois avant de réussir à sortir une phrase complète – sujet, verbe, complément. « I liked it. Our kiss. I liked our kiss. »

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Sam 7 Jan - 18:08
Petit à petit, Ann cessa de voir le monde à travers un filtre de buée. Ses tremblements se calmèrent petit à petit, bercée par le son de la voix de Wes sur laquelle elle se concentrait sans vraiment l’écouter – il aurait pu lui réciter du Baudelaire qu’elle n’aurait pas bronché pour autant -, incapable de réellement entendre les mots mais accrochée aux sonorités familières qu’elle percevait. Quand elle fut suffisamment calme pour former une phrase correcte, elle le remercia, et sa réaction lui arracha un sourire faiblard. Ann secoua doucement la tête et en guise de réponse, resserra son étreinte. Peut-être était-il temps de lui lâcher les mains, à présent, mais la brune ressentait un puissant sentiment de rejet à cette simple idée, alors elle décida qu’en l’absence de mouvement de recul de sa part, elle ignorerait tout simplement la problématique pour l’instant.

Si elle reprenait petit à petit possession de son corps, les cordes vocales d’Anneke semblaient comme bloquées, sa gorge nouée. Elle ne se sentait pas encore prête et se forcer aurait signifié avancer le moment fatidique où il leur faudrait communiquer sur les évènements. Aussi, elle comptait bien profiter du silence et de leurs doigts entremêlés encore un instant. Pourtant, sa langue se délia à l’instant exact où Wes proposa de dormir ailleurs pour la nuit : « What, no ! », s’exclama-t-elle avec horreur. Elle réalisa une seconde trop tard à quel point elle devait sonner désespérée. Elle rétropédala donc aussitôt dans un grommellement ridicule : « Enfin, sauf si tu veux. C’est toi qui vois, mais c’est chez toi aussi, pourquoi je voudrais pas que tu rentres chez toi ? » D’autant qu’elle se garda bien de l’avouer, mais la dernière chose qu’elle souhaitait ce soir était de s’endormir seule à l’appartement. S’ils étaient destinés à séparer leurs chemins dans un futur proche, Ann n’était pas prête à exécuter la sanction sans délai (cette simple idée lui brisa d’ailleurs le cœur en un millier de morceaux). Elle s’imaginait sans peine qu’il ne déborderait pas d’envie de déloger de la chambre d’amis (sa chambre, at this point, depuis le temps qu’il avait investi les lieux), encore moins de passer la nuit avec elle, mais le savoir à la maison lui suffirait. Une illusion de proximité, de normalité également – la nouvelle normalité, celle qu’elle peinait à construire chaque jour depuis un an et demi.

Aussi, elle se décida à parler. Et bien loin de la rassurer, la réaction du musicien lui fit l’effet d’un poignard en plein cœur. Si au début il la rassura, il lui asséna un coup fatal lorsqu’il mentionna leur amitié. Alors, elle avait vu juste. Elle n’était que sa meilleure amie, et il avait vu ce baiser comme une simple lubie provoquée par l’abus d’alcool. Honnêtement, elle ne pouvait pas le lui reprocher : elle avait pris cette décision sur un coup de tête, à cause d’un accès de jalousie qu’elle n’avait pas compris non plus sur l’instant. Avant que leurs lèvres ne se touchent, Ann n’avait pas conscience de l’étendue des sentiments qu’elle entretenait pour Wes, d’ailleurs. Mais depuis qu’ils s’étaient séparés, elle n’avait plus que cela en tête. Leur étreinte. Ce qu’elle avait ressenti. A quel point elle voulait revivre une telle expérience plutôt tard que jamais. Et elle était bien naïve de penser que le même cirque se déroulait dans son esprit à lui au même moment. Alors, elle feint un sourire qui n’eut rien de naturel : « Yeah, right. Best friends, gotta mean something. » Ann tenta un rire qui sonna si faux qu’elle s’en voulut instantanément. For fuck’s sake just tell him, Ann. A la place, elle le laissa continuer, prenant claque sur claque sans broncher.

Elle détourna finalement le regard à l’instant où il lui lâcha les mains, persuadée que Wes s’apprêtait à lui asséner le coup final qui achèverait de lui briser le cœur. Paniquée, elle se mit à parler au-dessus de sa voix, avec l’espoir ridicule de sauver les meubles et ne pas paraître aussi désespérée qu’elle ne l’était – en vain : « Oh, no, I know, I’m so sorry, Wes, it’s, it’s my fault, I made it weird, I should never have… » kissed you. Au moment fatidique où elle s’apprêtait à prononcer une phrase regrettable, Ann s’arrêta net. Elle releva la tête – avait-elle bien entendu ? Au-dessus de sa propre voix, rien n’était moins certain, et pourtant… Une seconde de silence s’écoula, durant laquelle elle tenta d’aligner les syllabes que Wes venait de prononcer. I liked our kiss. Ses yeux s’écarquillèrent, entre soulagement et incrédulité. « You – you did ? » A cet instant, elle sonnait comme une enfant, une petite créature fragile et naïve qu’il fallait protéger à tout prix. La tigresse prête à sauter à la gorge du moindre être vivant l’approchant, elle ou les gens qu’elle aimait, d’un peu trop près avait disparu au profit d’un abandon total. « Damn. », murmura-t-elle enfin de stupeur, laissant le temps aux mots de s’écouler dans son esprit. « I’m, I’m terrified, Wes, cause you and I, we’re, like, a great team, amazing, really, and I never thought we – or what the fuck I – I mean, why, when I started – I mean, they’re all new, these feelings and – » Soudain, se révélant incapable de suivre son flot de pensées et de formuler des phrases aussi sensées que complètes, elle s’arrêta. Wes venait de lui avouer avoir apprécié leur étreinte, de quoi avait-elle besoin de plus pour empêcher son cerveau de ressasser les scénarios catastrophe ? Anneke prit une longue inspiration et s’obligea à calmer ses effusions de parole. Pour ce faire, elle s’ancra dans le regard de son ami et après quelques secondes de silence, s’évertua à prononcer, lentement, un enchaînement de mots parmi les plus douloureux de sa vie d’adulte : « I need to know where the hell this is all going, Wes. » Autrement dit : il est crucial que tu m’éclaires sur ce que tu ressens, là, maintenant. Ann sentit à nouveau son cœur se serrer dans sa poitrine, mais puisqu’elle avait commencé, il lui parut important de terminer. Le regard fuyant, elle se redressa pour mieux s’enfermer, les coudes posés sur ses genoux qu’elle avait recroquevillés contre elle, elle prit son front entre ses mains. Et tandis qu’elle semblait soudain prise de passion pour le tissu de son jean, elle avoua dans un murmure : « Cause for a minute I felt, like, so right, man, so fucking right. And it wasn’t just the booze. Getting drunk never feels like that. » Les yeux d’Ann s’embuèrent. Il lui semblait qu’elle n’avait jamais vécu discussion plus horrible que celle-ci, jamais, avec personne. Lui faire comprendre le fond de sa pensée cependant se révélait bien plus difficile qu’elle ne l'aurait voulu, une démarche compliquée par deux facteurs pourtant inévitables : son état alcoolisé avancé, et le fait qu’elle tentait de verbaliser ses pensées au moment où elle les réalisait elle-même. Elle a très bien compris cependant qu’elle nourrissait quelque chose de bien plus profond qu’une simple amitié avec son colocataire. Et quoi qu’elle fasse, quoi qu’il advienne, il ne lui serait plus jamais possible d’entretenir une relation saine avec lui s’il ne partageait pas son sentiment. S’ils ne décidaient pas d’évoluer ensemble. Il ne lui restait plus qu’à prier pour qu’ils restent sur la même longueur d’ondes, sans quoi – et la simple idée que cela soit possible lui donnait la nausée – elle se verrait forcée de couper les ponts avec lui. Après une longue inspiration destinée à se donner du courage, elle se décida alors à conclure, la boule dans sa gorge un peu plus douloureuse à chaque seconde : « I need to know what’s in your head, Wes. Cause I’m not getting back from this. And pretending I’m okay has always been out of the picture with you. I mean, I tried countless times and you’ve never bought it, so, yeah. (Un rire nerveux lui échappa et elle releva la tête. Lorsqu’elle croisa le regard de Wes, son cœur manqua un battement et elle fuit à nouveau.) Here we are. »

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Mar 17 Jan - 0:24
Avec toutes les bonnes intentions du monde, il proposa de lui laisser de l’espace, au moins pour cette nuit, qu’elle puisse respirer sans l’avoir dans les pattes, lui qui aimait se qualifier de “coloc” mais qui avait quand même toute la panoplie du parfait squatteur. En tout cas, Wes ne s’attendait pas à une réaction aussi vive de sa part. Un peu dérouté, il revint aussitôt sur sa proposition. « Je, ok, j’ai pas envie de dormir ailleurs, c'est juste que je veux pas te mettre mal à l'aise et – et c'est exactement ce que je suis en train de faire, oh for fuck's sake Wes just stop making things worse. » Il grimaça. Si Ann ne gardait pas ses mains en otage, il se serait volontiers caché le visage. Le musicien s’était montré si calme pendant la crise d’Ann, alors maintenant qu’elle avait retrouvé ses esprits, pourquoi s’emmêlait-il subitement les pinceaux ? À croire qu’il disposait d’une quantité de jugeote limitée et qu’il l’avait entièrement siphonnée pour venir en aide à son amie.

Et puisqu’une bourde en cache souvent une autre, Wesley (persuadé de se montrer rassurant) eut la bonne idée de parler d’Ann comme de sa meilleure amie. Il passa tout le reste sous silence, son cœur qui oubliait comment battre, ses doigts qui frémissaient contre les siens, ses joues qui refusaient de refroidir malgré l’air glacé. Tout ça, il ignorait comment l’exprimer, il ignorait même s’il devait l’exprimer. Savoir ce qu’elle faisait naître en lui risquait de l’effrayer, de la rebuter. Bref, il craignait de prendre le râteau de sa vie. Mais à nouveau, la réaction d’Ann le désarçonna. Dans son rire, sur son visage, il lisait… De la déception ?

Elle détourna les yeux et il tenta de désespérément de revenir sur ses dernières paroles, paniqué pour de bon : « Oh no, Ann, please, jesus, sorry, it's not, it's just a misunderstanding, I… » La suite de la conversation se déroula de manière on ne peut plus confuse, puisqu’ils parlèrent en même temps pendant plusieurs secondes, leurs mots s'enchevêtrant pour former une bouillie inaudible. Jusqu’à ce qu’il trouve le courage de le dire, enfin : I liked our kiss. Il eut comme l'impression que le temps s'arrêtait. Quand Ann ouvrit la bouche pour lui demander confirmation, il hocha doucement la tête et posa sur elle un regard timide, comme s'il avait peur de la blesser sans même la toucher. Il faut dire qu'elle ne s’était jamais montrée aussi vulnérable en sa présence. La surprise du brun n’avait d’égale que sa peur de lui faire bêtement du mal. Tandis qu’elle parlait, il demeura silencieux, ses grands yeux cherchant les siens sans parvenir à les trouver.

Son aveu – for a minute, I felt, like, so right – lui coupa le souffle. Puis provoqua en lui un sentiment d'émerveillement indescriptible. Elle aussi, elle a ressenti ça aussi. Les iris du musicien s’illuminèrent mais sa voix semblait toujours coincée dans sa gorge. Lorsqu’Anneke le supplia de dire quelque chose, il parvint tout juste à souffler : « Just give me a second to get my brain in order and I'll tell you everything. » Wes inspira longuement, s’efforça de faire le vide dans son esprit. Puis il se lança. « I said you're my best friend and it's true. But I wanna kiss you again, like sooo much, and I don't think I'm supposed to feel that way about a friend. » Incapable d’affronter la vue d’une Anneke à nouveau repliée sur elle-même, il releva le menton pour fixer le ciel, à moitié dissimulé derrière les immeubles. « It's all new for me too, it scares me, a lot, but strangely I don't want it to stop. » Car ce doux pincement dans sa poitrine, il n’avait rien senti de plus fort depuis un sacré bout de temps. La dernière fois remontait à des années, bien avant sa dépression, bien avant leur coloc, avant même qu’Ann et lui se rencontrent. « Si tu te demandes ce qu'il y a dans ma tête, déjà il y a pas mal d'alcool… » Ricanement mal à l'aise. Ça n'était vraiment pas le moment de faire de l'humour, pourtant Wes sentit le besoin pressant de dédramatiser. Parce que l’issue de ce qui se produisait actuellement, sur ce toit inconfortable et glacial, n’était peut-être pas aussi dramatique que prévu. « And then there's this urge to hug you because I hate seeing you like this, I love when you smile, and, well, I mean, your eyes, and… » Il se tut car ses pensées commençaient à s'embrouiller et que ce qu'il racontait n'avait même plus de sens. Son regard parcourut le visage d'Ann. Le souvenir de ses lèvres contre les siennes monopolisa toutes ses neurones pendant quelques secondes. Un agréable picotement se logea dans son ventre et il laissa échapper un rire. « Okay you’re definitely not just my best friend. »

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Mer 18 Jan - 23:01
Il y a quelques heures encore, Anneke aurait ri au nez du moindre crétin ayant osé faire une allusion au sujet de la relation qu’elle entretenait avec son colocataire (son père en premier, qui utilisait toujours ce ton mi-amusé à chaque fois qu’il mentionnait that Wes buddy of yours lors de leurs conversations quotidiennes). Pourtant, en l’instant, l’éventualité de prétendre qu’ils ne s’étaient jamais embrassés et que cette étreinte ne l’avait pas chamboulée était hors de question. Wes occupait la moindre parcelle de ses pensées, qu’il s’agisse des images de l’instant où leurs lèvres s’étaient rencontrées ou de tous les scénarios catastrophe où il lui annonçait vouloir prendre ses distances, jusqu’aux souvenirs aléatoires qui défilaient dans sa tête, chacun d’entre eux parsemés d’indices qu’elle aurait pu décrypter si elle n’avait pas été trop obnubilée par ses angoisses. Il lui était impossible de penser à autre chose. Pour la première fois, elle ne rejetait plus l’évidence, et cette révélation aurait pu être grisante si elle n’était pas obscurcie par l’ombre de ses doutes : Wes avait beau avoir avoué son ressenti – I liked our kiss -, Ann ne se sentait pas autorisée à y croire avant qu’il n’élabore. Elle le pressa donc un peu, incapable de supporter l’incertitude plus longtemps, ses grands yeux remplis de larmes fuyant inlassablement ceux de son ami tandis qu’elle s’efforçait de respirer calmement.

Après une seconde de réflexion, il s’exécuta. Chacun de ses aveux réchauffaient un peu plus le cœur d’Anneke qui retrouva la force de lever le regard. Son cœur explosait dans sa poitrine, d’une manière bien moins désagréable que quelques minutes auparavant, quand il lui semblait que le ciel lui tombait sur la tête. Alors, lui aussi. Lui aussi ressentait le besoin pressant de réitérer cette étreinte qu’ils avaient partagée, malgré la peur, malgré les inconnues. Ann était terrorisée par l’idée de changer ses habitudes. Elle qui avait tant peiné à trouver un rythme qui lui convenait plus ou moins dans ce nouveau style de vie ne pouvait s’empêcher de paniquer un peu en imaginant tous les bouleversements que ce baiser allaient apporter à sa vie. Et pourtant, tout comme le musicien le lui avouait à l’instant, l’envie de réitérer l’expérience outrepassait tout le reste. Alors qu’elle cherchait enfin le regard de Wes, elle l’écoutait avec attention, sourit même à sa tentative d’humour – somme toute réussie, maintenant qu’il l’avait rassurée.

Lorsque la pièce sembla tomber pour le musicien, elle secoua la tête, étouffant un rire – sincère, cette fois, rien à voir avec ses tentatives désespérées des minutes précédentes. « No, I guess I’m not. », gloussa-t-elle doucement, sentant ses joues chauffer à cette simple idée. Puis, elle haussa les épaules, feignant la désinvolture : « Mais je suis pas sûre de vouloir n’être que ta meilleure pote non plus, donc ça tombe bien, j’imagine. »

Ann se donna quelques secondes pour digérer toutes ces nouvelles informations. Elle hocha la tête, et puisque son comparse avait mentionné ce sourire qu’il disait tant apprécier, elle chercha une nouvelle fois son regard et lui en offrit un. « Hey, Wes ? », l’interpella-t-elle aussitôt. Elle réussit enfin à capter son regard dans lequel elle posa ses grands yeux noirs, et elle osa un demi-rictus de défi en sa direction, de ceux qu’elle dégainait lorsqu’elle avait une idée derrière la tête, ou lorsqu’ils partageaient une blague qu’eux seuls trouvaient amusante. « Go on, then. Hug me. » Elle s’écarta de quelques centimètres vers la gauche, suffisamment pour laisser au musicien la place de se glisser à ses côtés, et lui désigna l’emplacement d’un signe de tête. Sous son air de défi, Ann dissimulait du mieux qu’elle le pouvait son souffle court et les battements de son cœur qu’elle sentait résonner jusque dans sa gorge. Elle aurait aimé dire qu’elle se sentait sûre d’elle, mais à défaut de son habituelle fougue naturelle, la brune déployait tous ses efforts pour avoir l’air normale. Aussi normale que les circonstances le permettaient, évidemment.

Et lorsque son ami prit place tout près d’elle, Ann laissa doucement sa tête se reposer contre son épaule. Elle ferma les yeux et laissa la chaleur de cette étreinte l’envahir. Maintenant assurée de la réciprocité quasi exacte de ses sentiments, elle souhaitait profiter de ce soulagement qui se répandait dans tout son corps. Paisible pour la première fois depuis de longues minutes, elle réalisa à quel point ces dernières avaient drainé son énergie. Pour peu, elle aurait pu s’endormir là, blottie dans les bras de celui qu’elle voyait à présent sous un tout autre jour. Elle percevait l’odeur de sa lessive, qui la rassurait plus qu’elle ne l’aurait avoué, une sensation nouvelle qu’elle explorait avec intérêt. Alors, Anneke se tut un long moment. Les bruits de la ville, lointains depuis ce toit ridicule, lui parvenaient faiblement et le mouvement de la respiration de Wes, son torse qui se levait lentement au fil de ses inspirations, la berçait. Dans son esprit, des milliers de pensées fusaient à mille à l’heure – et le musicien occupait chacune d’elle sans que ça ne lui déplaise.

Elle resta longtemps ainsi, sans un mot. Si Ann s’écoutait, elle lèverait la tête et partirait à la recherche de ces lèvres qui lui manquaient déjà. Pourtant, une petite part de sa conscience lui glissait que le musicien méritait des explications. Après tout, elle l’avait bel et bien planté au milieu du bar après l’avoir embrassé, et la réciprocité de ses sentiments ne suffisait pas à justifier son silence. Même s’il devait se douter de ce qui lui était passé par la tête, Ann brisa leur quiétude pour lui offrir de vraies réponses. Elle murmura alors, toujours contre lui, les yeux rivés sur l’océan de toits qui s’étendait devant ses yeux : « I’m sorry I overreacted back there. The whole, like, anxiety attack and me running away, it just… it’s not you, you didn’t cause that. » Timidement, elle rechercha les doigts de Wes. Lorsqu’elle les trouva, elle les serra avec douceur. « C’est moi, et puis c’est l’alcool, je sais pas ce qui m’a pris à te sauter dessus au milieu du bar comme ça. Je regrette pas, par contre, c’est pas ce que je dis, loin de là. » Bien du contraire, même. Elle était encore incapable d’expliquer son accès de jalousie envers une jeune femme qui n’avait rien demandé, mais Anneke gardait en tête l’intensité du baiser qu’elle avait provoqué et ce souvenir seul suffisait à illuminer son visage d’un sourire idiot. Elle s’écarta un peu, sans lui lâcher la main, et elle leva la tête pour commenter : « It was a pretty dope kiss, by the way. You got some game. » Un rire la secoua et elle reprit sa place au creux de l’épaule de Wes. « C’est juste que j’ai agi avant de réfléchir, et puis tout d’un coup, j’ai commencé à me demander ce qui allait se passer après, enfin, tu sais comment c’est, je vais pas te l’apprendre. » Car il était bien placé pour saisir de quoi elle parlait, lui qui avait dû vaincre ses angoisses plus souvent qu’à son tour. Alors, parce qu’elle savait qu’il la comprendrait, elle ne conclut par rien d’autre que la conclusion de chacun des scénarios qui avaient parasité ses pensées au point de l’obliger à s’isoler : « I thought I’d lost you and I hated that. »

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Ven 3 Fév - 22:07
Concernant Anneke, le musicien s'était montré si secret que même cette petite fouine d'Elior ignorait tout de son crush. Wes eut une pensée pour le jeune homme, visualisant par avance sa tête ébahie lorsqu'il entendrait le récit de cette soirée à l’Overkill. Mais son esprit n’accorda pas plus d’une seconde d’attention à son ami d’enfance, parce que les grands yeux d’Ann le happèrent et qu’il ne pouvait humainement pas y résister. En plongeant son regard dans le sien, une décharge le traversa, faisant frissonner son grand corps. Ce n'était pas la première fois que sa coloc l’électrisait comme ça, au détour d’un échange de regards un peu trop soutenu, mais il avait toujours pris grand soin de se trouver des excuses. Un courant d’air, la fatigue, le manque affectif… Aujourd’hui, cependant, il accepta de vivre pleinement les sensations. Contre toute attente, réaliser qu’il craquait sévèrement sur sa meilleure amie ne le paniqua pas. La prise de conscience était plutôt douce, il l’accueillit comme une évidence, et même s’il avait peur, les résidus d’alcool dans son sang bloquaient suffisamment les connexions entre ses neurones pour qu’il ne se pose pas de questions inutiles. Pas trop, du moins. Je suis pas sûre de vouloir n’être que ta meilleure pote non plus. Il lui sourit, encore un peu incrédule, mais garda le silence, persuadé que ce qu’il se passait entre eux ce soir dépassait le cadre des mots.

Ann finit par chuchoter son nom et il souffla : « Hm ? ». À sa demande, il céda immédiatement, convaincu par son rictus espiègle, qu’il connaissait bien et qu’il aimait tant. Wes se glissa à côté d'elle. D'un léger mouvement du menton, il lui signifia qu'elle pouvait venir se lover contre lui. Il l'enveloppa alors de ses bras pour qu'elle puisse profiter de la chaleur de son corps, car la veste qu'il lui avait prêtée ne semblait pas suffire à lutter contre le froid de la nuit (et parce qu'il mourrait d’envie depuis le début de la soirée de la serrer contre lui, accessoirement). Envahi par un puissant sentiment de bien-être, il s’aperçut qu’il recherchait cette proximité depuis des mois, depuis la dernière fois qu’ils s’étaient étreints, alors même qu’ils pensaient que tout entre eux était purement amical. Le brun sourit et les cheveux d’Ann chatouillèrent son menton, lui inspirant soudain l’idée de déposer un baiser au sommet de son crâne. Il s'exécuta, puis ferma les paupières un court instant, tous ses sens en éveil.

La jeune femme finit par rompre le silence. Il comprit que revenir sur les événements de la soirée n’était pas simple, qu’elle le faisait uniquement pour lui, pour qu’il ne ressasse pas sa fuite. Même si ça lui fit du bien d’entendre à nouveau qu’il n’y était pour rien, il s’empressa de la rassurer et de clôre le sujet : « I know, it' okay. Well, au début, j'ai eu peur d'avoir mal interprété la situation et de… Bref, ça n'a pas d'importance, j'ai compris maintenant. » L’image d’Anneke ravagée par l’angoisse s’imposa à lui, douloureuse. Il avait haï la découvrir dans un tel état en la rejoignant sur le toit. Du pouce, il caressa sa peau. Un geste qu’il ne conscientisa même pas tant il était naturel. « Do you feel better now ? » Et parce que la question lui paraissait un tantinet trop sérieuse, il rajouta en ricanant : « Am I a comfortable pillow ? » La plaisanterie ne détourna cependant pas Ann de sa rétrospective de la soirée, elle en vint même à se demander quelle mouche l’avait piquée. Mais si Wes avait pu retrouver cette mouche, il l’aurait remerciée à genoux, à n’en pas douter. « Hey, you asked me and I said yes. C'est tout ce dont tu as besoin de te rappeler. Par contre, j’avoue, c’était inattendu et je me demande ce qui t'as décidée. » Wes ne se doutait pas le moins du monde qu’il s’agissait d’une fille – il ne se rappelait même pas d’avoir adressé la parole à une fille, c’est dire si la pauvre l’avait peu marqué, non pas qu’elle soit insignifiante, mais le musicien avait l’esprit occupé par quelqu’un d’autre.

Elle se dégagea légèrement pour pouvoir le regarder et il rougit. Heureusement, dans la pénombre, il n’était pas certain qu’elle puisse déceler la teinte de ses joues. Sa remarque suivante, pourtant, le fit passer du léger rose au rouge pivoine. Lui qui pensait bêtement fêter l’anniversaire d’une de ses potes se retrouvait à parler roulage de pelle avec sa meilleure amie et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne l’avait pas vu venir. Avec la ringardise maladresse qui le caractérisait, il rétorqua : « Tu te défends pas mal en la matière, dire que j'ai vécu autant de temps à côté de toi sans savoir que tu embrasses comme… Qui est la personne la plus sexy du monde, selon toi ? Ben comme elle, mais en mieux. » Sa répartie bancale ne sembla pas faire fuir Ann, puisqu’elle revint se pelotonner dans ses bras. Il l’enlaça avec autant d’entrain que la première fois. Il allait falloir songer à se lever pour prendre le chemin d’East Village mais Wes refusait d’y penser : pas tout de suite, ils verraient plus tard, encore quelques minutes. Et quand Ann lui confia ses derniers doutes, il répondit du tac au tac, plus sûr de lui que jamais : « But I'm here. I'm not going anywhere. »

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Mar 14 Fév - 9:27
La chaleur de l’étreinte de Wes se révéla tout ce dont Ann avait besoin. Elle réalisa à l’instant où elle se lova au creux de son épaule et que les bras du musicien se refermèrent autour d’elle qu’elle avait cherché ce moment pendant des mois. Qu’elle avait ressenti exactement la même chose la dernière fois qu’ils avaient échangé une accolade pudique et qu’elle s’était évertuée à blâmer sa solitude pour le bien-être qu’un simple bras autour de ses épaules avait bien pu provoquer. Ce soir, enfin, elle ne s’empêchait plus d’ouvrir les yeux. Et si toute cette situation était terrifiante, elle était rassurée sur un point important : ils sautaient dans le vide ensemble, et jusqu’à preuve du contraire, ils étaient sur la même longueur d’onde. Cette affirmation seule lui suffisait, maintenant qu’ils avaient parlé, mis les choses au clair. Aussi, elle se laissa aller, s’autorisant même un soupir de bien-être lorsqu’elle sentit les lèvres de musicien se poser sur le haut de sa tête, et elle enroula ses deux bras autour de son torse comme s’il menaçait de s’envoler sinon.

Après de longues minutes de silence paisible, Ann se sentit d’attaque pour s’exprimer. Si ça ne tenait qu’à elle, elle aurait enterré à tout jamais les évènements qui avaient pris place entre l’instant où elle avait rompu leur première étreinte et celui-ci. Elle n’aurait plus jamais mentionné sa fuite et ses doutes, encore moins ses angoisses qui rendaient son quotidien de plus en plus invivable depuis plusieurs années. Mais il ne s’agissait pas que d’elle, pas vrai, et Wes méritait d’être rassuré comme il l’avait rassurée à l’instant. Alors, la brune brisa leur quiétude et parla. Pour se donner de la contenance, elle mêla ses doigts à ceux de Wes. Quand il s’inquiéta de son bien-être, elle commença par acquiescer : oui, elle se sentait infiniment mieux. Mais le brun ne s’arrêta pas là et à sa question suivante, Ann pouffa : « Very, yeah. », articula-t-elle d’une voix enrouée par le rire qui la secouait. Il était à n'en pas douter très confortable, mais ça n'avait probablement pas grand-chose à voir avec la douceur de son hoodie ni le creux de cette épaule qui semblait avoir été fabriquée sur-mesure. « It feels safe. Like going home after a long night. » Et d’une certaine manière, maintenant qu’elle y réfléchissait plus sérieusement, peut-être bien que c’était l’inverse. Que ce sentiment agréable de rentrer à la maison après le travail n’avait rien à voir avec l’endroit en lui-même, mais plutôt avec la personne qui partageait son toit.

Mais la jeune femme n’avait pas terminé ses explications et elle ne s’en détourna pas bien longtemps. Retrouvant son sérieux, elle reprit le chemin de la rédemption devant un Wes qui semblait déterminé à tout lui pardonner. Quand il s’interrogea sur ce qui avait bien pu la pousser dans ses bras tout d’un coup, Ann grimaça. « Aïe, euh, alors peut-être que si je te le dis, tu me verras plus tout à fait pareil. Mais j’imagine que c’est le thème de la soirée, alors bon… » Elle haussa les épaules. Elle ne pouvait décemment pas lui donner des explications mais ignorer ses questions, aussi elle s’hasarda d’une voix gênée : « Il se peut que j’aie pas tout à fait kiffé la manière dont une meuf t’a regardé ? Tu sais, celle qui a cru que tu la draguais ? » En cet instant, si Ann avait pu s’enterrer six pieds sous terre avec sa honte et sa gêne, elle n’aurait pas hésité. Pourtant pas du genre jalouse, elle ne chercha pas à se trouver des excuses. A la place, elle blâma silencieusement – et à nouveau – les quantités industrielles de bière qu’elle avait sifflées durant la soirée, et pensa qu’une part d’elle refoulait son attirance depuis si longtemps qu’agir de façon impulsive, sans réfléchir, avait dû être la seule solution que son subconscient avait trouvée pour lui ouvrir les yeux une bonne fois pour toutes. Elle s’abstint de partager sa théorie, cependant. A la place, Anneke bredouilla : « Et puis c’est allé très vite et j’avoue j’ai pas tout compris moi-même mais en tout cas j’ai un peu oublié son existence après ça. » Etait-il nécessaire de le rassurer sur la confiance qu’elle lui portait, sur le fait qu’elle n’était d’habitude pas si jalouse et qu’il n’avait rien à craindre ? Peut-être pas tout de suite. Après tout, son accès de possessivité ne s’était manifesté qu’en un baiser langoureux, pas de quoi se plaindre, et ils auraient tout le temps d’avoir cette discussion une fois sobres, maintenant qu’ils s’étaient trouvés.

Ann releva la tête pour le charrier – pourquoi changer une dynamique qui fonctionnait depuis si longtemps, après tout ? – et pour la première fois de sa vie, peut-être, elle observa le rouge monter aux joues de son meilleur ami. Une part d’elle se gorgea de fierté (I made him blush, it’s because of me), l’autre en fut automatiquement touchée et un sourire se dessina sur son visage tandis qu’elle posa sur lui un regard empli de tendresse. Quand il bredouilla, Ann éclata de rire : « Ouh, je savais pas que t’avais déjà embrassé Michael B. Jordan, c’était bien au moins ? Je demande ça pour une amie, évidemment. » Elle haussa les épaules et lui adressa un clin d’œil complice. La brune vit cela dit dans ce compliment maladroit une ouverture intéressante, aussi, elle glissa, l’air de rien : « Et si jamais c’était vraiment cool et que tu voulais, disons, recommencer pour vérifier, mon amie serait bien sûr partante. »

Sur ces bonnes paroles, elle retourna se lover dans les bras de Wes qui s’appliquait à nouveau à la rassurer. Le cœur d’Ann se serra lorsqu’elle réalisa qu’elle était supposée inverser les rôles quand elle avait ouvert la bouche pour briser leur quiétude. Pourtant, il était là, à lui susurrer des paroles apaisantes avec toute la patience du monde. Elle hocha la tête : « Yeah, I know that now. » puis se tut à nouveau, profitant de l’instant. Une part d’elle ne voulait pas bouger de ce toit. Mais elle était blottie au chaud contre son meilleur ami, et lui n’avait même plus de veste sur le dos. Alors, plutôt que de briser leur étreinte une fois de plus, elle s’accrocha un peu plus fort. « What about you, how are you feeling ? », s’inquiéta-t-elle tout doucement. Elle leva les yeux et dégagea une main, soudain inspirée. Elle laissa courir deux doigts le long de la mâchoire du musicien, puis continua, comme pour lui faire comprendre qu’il n’avait pas à s’épancher sur ses sentiments s’il n’en avait pas envie : « You’re not cold, are you ? »

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Mar 28 Fév - 20:39
Wes avait l’impression de redécouvrir Anneke, comme si elle n’était plus tout à fait la même personne. Pourtant, elle n’avait pas changé d’un iota, elle restait sa meilleure complice lorsqu’il s’agissait de faire des crasses à leur voisine, son indéfectible partenaire de ragots, la seule et unique personne avec qui il avait envie de rager sur les carrières un peu trop brillantes de ses rivaux, celle qu’il appelait en premier en cas de bonnes nouvelles. Jamais quelqu’un n’avait occupé autant de place dans sa vie, car personne n’avait su le comprendre aussi bien, le faire rire aussi facilement, l’apaiser aussi vite. Ann occupait un rôle de premier plan dans son existence, et ce soir, il réalisait enfin qu’il ne pouvait pas se passer d’elle, qu’elle représentait pour lui bien plus que ce qu’il croyait. Si Wes était pour l’heure incapable de poser un mot ce phénomène, il comprenait maintenant que cette boule de trac dans son ventre, celle qu’il ressentait en présence d’Ann, n’avait rien d’innocent.

Les bras de la jeune femme s’enroulèrent autour de lui et la petite boule dans son estomac sembla exploser. Fébrile, il s’efforça de ne pas bouger d’un pouce, pour ne pas déranger Ann qui semblait parfaitement installée. It feels safe. Like going home after a long night. Wes garda le silence mais Ann put sentir son sourire contre sa joue, qu’il embrassa doucement. L’image lui plaisait, on aurait dit qu’elle sortait tout droit des paroles d’une chanson. Le brun n’aurait pas dit mieux, il ressentait cette même impression de sécurité, comme si Ann était un talisman et qu’elle le protégeait de ses propres angoisses.

À sa question – Pourquoi ? Pourquoi ici, pourquoi ce soir ? – Wes sentit qu’Ann s’agitait légèrement contre lui. Il haussa un sourcil tandis qu’elle déroulait ses explications. « Ah, that's why. » Un petit rire s’échappa d’entre ses lèvres. Dire que son ego n’était pas un peu flatté aurait été mentir, mais il ne fit pas grand cas de ces révélations. Elles ne l’effrayaient pas : il connaissait suffisamment Ann pour savoir que sa jalousie n’était rien de plus qu’une réaction humaine et passagère. En revanche, Wes ne laissa pas passer l’occasion de sortir sa plus belle phrase de séducteur, on ne peut plus sincère : « She seemed nice, but you’re the one I've been waiting for all night. I only had one girl in my mind tonight. » Il aurait mieux fait de s’arrêter là, car son compliment suivant, qu’il bredouilla maladroitement, récolta un ricanement d’Ann. Bon, pour la drague, c’était mal barré, mais au moins il la faisait rire, c’était déjà pas mal. Pas vexé pour un sou, il rétorqua : « Crois-moi, Michael B. Jordan est déceptif. Too many muscles to be honest. Et je dis pas ça parce qu'il est honteusement beau et que je suis jaloux. » Il rit avec elle, puis baissa les yeux vers ses propres bras. Une moue dubitative apparut sur son visage. « Par contre, si je veux être à niveau, va falloir que je remette – bon ok, que je mette – les pieds dans une salle de sport. » Il gloussa, sachant pertinemment qu’il n’en ferait rien, la flemme et le désintérêt pour l’effort physique étant bien trop ancrés chez lui. Ann allait devoir composer avec son corps gringalet, mais à en juger par la façon dont elle lui avait sauté au cou une heure plus tôt, ça n’avait pas l’air de beaucoup la déranger.

Et si Wesley conservait encore quelques doutes, ils s’évaporèrent avec la proposition de sa coloc/amie/crush/?. Évidemment qu’il brûlait d’envie de recommencer. Comme si Ann allait se laisser duper, il emprunta un air détaché : « Oh ? Si ça peut rendre service à ton amie, alors… » Il recueillit le visage d’Ann entre ses mains en coupe et, fermant les paupières, se pencha doucement pour l’embrasser pendant de longues secondes. En rouvrant les yeux, il souffla, un peu hébété : « Okay, it's even better to kiss you sober. » Sobre était un bien grand mot – disons dans un état plus digne que celui dans lequel ils se trouvaient une heure auparavant. Ann enfouit à nouveau son visage contre sa poitrine, s’accrocha à lui, avant de s’inquiéter de son ressenti. Sans hésiter une seule seconde, il répondit : « Good. So good. I feel like nothing can make me anxious as long as you're in my arms. » Il soupira d’aise en sentant les caresses de la jeune femme sur sa mâchoire, ses doigts dessinant un sourire sur leur passage. « I'm not cold. I'm really not. » S’il ne mentait pas, la question lui permit quand même de se rendre compte que l’endroit n’était pas des plus agréables – ce toit humide, sombre et disons-le, carrément moche. Wes ressentit soudain l’envie de regagner l’appartement d’Ann, leur chez-eux. « On rentre ? » Puis il ajouta, soucieux de bien faire : « Si t'as pas envie de voir les autres, on a qu'à passer par la porte de service. » Le musicien, pour sa part, préférait ne pas croiser de têtes connues. Non pas qu’il ait honte, loin de là, mais il n’avait pas envie de s’expliquer. Leurs potes avaient dû les voir s’embrasser, ils piaffaient sans doute d’impatience de leur poser des questions – et on les comprend : les deux meilleurs amis du monde surpris en train de galocher passionnément, voilà une excellente matière pour cancaner. Mais Wesley ne voulait pas de tout ça, les événements de ce soir n’appartenaient qu’à Ann et lui, ce qu’ils s’étaient dit sur ce toit ne regardait personne d’autre qu’eux, du moins jusqu’à ce que le jour se lève. Après, ils aviseraient.

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Sam 4 Mar - 10:20
A bien des égards, la situation semblait incroyable à Anneke pour qui il était parfaitement clair qu’elle aurait besoin de se pincer quelques fois d’ici le lendemain matin pour y croire. Deux heures auparavant, l’idée même de ressentir la moindre attirance pour Wes aurait suffi à provoquer un fou rire incontrôlable chez la brune. En toute franchise, Ann jouait parfaitement bien la comédie, et pourtant rien chez elle ne transpirait la mauvaise foi lorsqu’elle mentionnait le musicien comme étant juste son meilleur ami. Pourtant, à présent lovée dans ses bras, loin du monde entier et hors du temps, elle s’autorisait à accepter ce qu’elle ressentait. Quant à Wes, lui aussi y semblait disposé, suffisamment pour verbaliser un I only had one girl in my mind tonight qui eut le mérite d’arracher un souffle amusé à Ann qui, cependant, n’avait rien d’une moquerie. Si lui avait le courage de l’avouer, même maladroitement, elle n’en pensait pas moins. Car finalement, dès l’instant où elle l’avait quitté pour s’occuper des artistes et celui où elle l’avait retrouvé au milieu de la foule ce soir, il n’avait eu de cesse d’occuper ses pensées. Parfois, ce n’étaient que de petites choses : Oh, je suis sûre que ce morceau plaît à Wes, faudra que je lui demande. ou encore Merde, j’avais une bonne vanne à lui raconter, ça sera pas pareil hors contexte. Mais à d’autres instants, quelques pensées intrusives avaient fait leur apparition, lui rappelant qu’elle avait hâte d’aller le rejoindre, entre autres, sans même qu’elle conscientise qu’elles n’étaient pas si innocentes. Elle aurait été bien vilaine de se moquer de sa maladresse, donc, quand elle-même était encore incapable de formuler cette évidence.

La suite, cependant, la fit éclater de rire. Pourtant, Wes n’en sembla pas vexé. Après tout, ils avaient passé les deux dernières années ou presque l’un avec l’autres. Il n’y avait rien de malveillant, au contraire, et Anneke entra d’ailleurs dans son jeu, complice. « Riiiiight. », ricana-t-elle à sa première remarque. Mais lorsqu’il évalua son besoin de se mettre au sport, la brune retrouva son air doux. Elle ne quitta pas son sourire, mais en posant une main sur son bras, elle glissa : « Nah, you don’t need that. Unless you absolutely want to, in that case, please enjoy. » Ann en doutait sévèrement. En plusieurs années d’amitié, dont quelques-unes en colocation, Wes n’avait jamais montré le moindre intérêt dans la question sportive, si on en retirait cette fois où il l’avait accompagnée au gala du Lift sans broncher la moindre seconde – encore un autre indice qui aurait dû leur mettre la puce à l’oreille et qu’elle se nota mentalement d’explorer plus tard. Elle détourna alors le sujet vers une issue plus agréable et son ami y plongea la tête la première, sans la moindre seconde de réflexion. Son visage se rapprocha dangereusement du sien et les mains qu’il avait posées sur ses joues provoquèrent en Anneke une explosion de chaleur partant de son estomac et qui résonna dans tout son corps. Le commentaire de Wes lui arracha un rire, pour ne rien arranger au sourire béat qu’elle arborait déjà. « I don’t know about the sober part, but yeah, that was... » La brune rit contre ses lèvres, dans un souffle. « Yeah. », conclut-elle simplement, à court de mots, avant de retourner se blottir dans les bras de Wes.

Elle réalisa petit à petit l’inconfort de leur situation. Si elle était équipée, emmitouflée dans la veste du musicien, elle s’enquit de son bien-être : « Good. », soupira-t-elle une fois rassurée, oubliant au passage d’ajouter à quel point elle ressentait elle aussi chacune de ses paroles. Son confort à elle n’avait d’égal que son incrédulité. Pourtant, maintenant qu’elle était blottie contre Wes, témoin des soubresauts agréables de son cœur dans sa poitrine et incapable de détacher le regard de son visage aux traits apaisés, tout lui semblait parfaitement à sa place. Elle aurait tout le temps de paniquer quant à la suite des évènements le lendemain. Ils auraient cette discussion une fois sobres, à tête reposée. Pour l’heure, elle se contenterait de profiter du réconfort qu’elle ressentait en pensant qu’elle n’avait pas tout foiré, et que son ami ne l’avait pas abandonnée. Au contraire.

On rentre ?, proposa ce dernier et Ann acquiesça vigoureusement. Il suggéra l’idée de sortir par derrière pour éviter les questions de leurs amis et cette solution lui sembla adaptée. Ils auraient tout le temps de leur expliquer les choses quand ils les auraient eux-mêmes comprises. Aussi, elle confirma : « Ouais, ça me va. » et dans le même élan, se redressa sur ses deux jambes puis tendit la main vers son ami pour l’aider à en faire de même. Une seconde s’écoula où le temps sembla en suspension, avant qu’Anneke se sente soudain inspirée. Elle détourna le regard de la porte ouverte vers laquelle quelque chose l’empêchait de se diriger et reposa les yeux sur le musicien. « Wait, before we leave… » Anneke parcourut les quelques pas qui les séparaient, se dressa sur la pointe des pieds et enroula ses deux bras autour du cou de Wes qu’elle attira vers elle dans une étreinte presque digne d’un film. D’aucuns auraient trouvé puéril qu’elle se sente incapable d’attendre une heure supplémentaire pour retrouver ses lèvres. De son côté, elle réalisait qu’elle ne comprenait pas comment diable elle avait pu passer la moindre seconde sans en rêver avant cela. Alors, lorsqu’elle rompit leur étreinte quelques longues secondes plus tard, elle s’attarda contre ses lèvres quelques instants, incapable de se débarrasser de son sourire incrédule. « Désolée. », gloussa-t-elle d’un air malicieux. Il était parfaitement clair qu’elle ne regrettait rien, certainement pas cet élan fougueux. Elle redescendit cependant d’un étage, ses talons retrouvant le sol, et glissa sa main dans celle de son complice. Après un dernier regard dans sa direction, enfin prête à rentrer chez eux, elle souffla : « Ok. Allons-y. »

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