- Tu es sûr que tu ne veux pas venir chez moi pour partager un petit verre... de sang ?

Andrea manque littéralement de s'étouffer, enfonce ses ongles dans sa cuisse pour s'empêcher de rire. Cette soirée est en train de tourner au cauchemar - à un cauchemar dont il aimerait pouvoir rire librement, ce qui n'est pas simple vu le sérieux affiché par son interlocuteur. Alors il résiste, mais brandit sa carte bleue pour régler l'addition et s'échapper aussi vite que possible de ce rendez-vous improbable.

Quand enfin il gagne l'air frais de l'extérieur, il ne peut retenir une crise de rire retenue trop longtemps pendant la soirée - en réalité, il rit tellement qu'il est obligé de marquer un temps d'arrêt, de prendre appui sur le mur pour reprendre son souffle, de légères larmes bordant ses yeux fatigués. Ca, on l'avait bien prévenu que certaines personnes sur Tinder pouvaient être étranges - mais s'il s'était attendu à se retrouver assis face à un vampire, ça...

Il rit tellement qu'il en pleure, et se rend compte qu'il est installé juste à côté d'un homme en train de fumer, sans doute en train de savourer le spectacle étrange qu'il offre lui-même en cet instant.

- Désolé... il s'excuse faiblement en reprenant son souffle, et ses esprits. La porte du restaurant s'ouvre à ce moment là, laissant sortir son vampire, et Andrea se tourne pour faire face au mur et éviter l'étrange personnage, ne se retournant qu'une fois qu'il est sûr qu'il a disparu.

Adrian n’aime pas vraiment Tinder, même s’il faut le dire, c’est quand même sacrément pratique pour lui qui aime juste tirer un coup. C’est donc tout naturellement que ce soir, il a profité d’avoir un excellent feeling avec la demoiselle avec qui il parle, pour l’inviter au restaurant, loin de lui l’idée de mettre les petits plats dans les grands pour la séduire, il veut simplement lui faire plaisir. Mais qu’elle ne fût pas sa surprise de voir que la demoiselle ne ressemble en rien à sa photo de profil tinder. Il se demande s’il n’est pas devenu compliqué avec le temps le Dawkins, mais visiblement non, elle est vraiment laide. Et lui, il est déprimé. Il sait qu’il ne faut pas compter que sur le physique, mais il sait aussi que pour qu’il puisse se passer quelque chose, il fallait qu’il soit un minimum attiré, ce qui n’était définitivement pas le cas ce soir. Alors il fait la conversation, puis prétexte un appel de sa petite soeur pour écourter le rendez-vous, il sort sa carte bancaire, paye le repas de la demoiselle et le sien, avant de sortir, tout en lui tenant la porte, la laissant regagner le métro, et se permettant de se fumer une cigarette, de toutes façons, il est seul ce soir et il n’a pas vraiment envie de rentrer chez lui. Alors qu’il s’en grille une, un oeil sur son téléphone, l’autre sur le monde extérieur, il regarde autour de lui et il sourit quand il voit un couple qui passe. Lui qui n’a pas vraiment envie de s’engager, il est quand même heureux de voir que des personnes le sont. Et puis, il y a cet homme hilare qui vient de sortir. Le Dawkins fronce les sourcils et rit même avec lui, jusqu’à ce qu’il s’excuse « Ce n’est rien, vous avez le mérite de me faire… » et il voit l’homme qui se retourne contre le mur, ce qui le fait une nouvelle fois hausser les sourcils, il regarde alors l’homme qui passe et comprend quand son interlocuteur se retourne quand l’Homme est passé « Rien. » conclut-il finalement avant de tirer encore sur sa cigarette. « Un date qui s’est mal passé ? » S’enquit-il, au moins il n’est pas tout seul. « Ça me rassure de voir que je ne suis pas le seul à me faire avoir par les applications de rencontre… Si application de rencontre vous avez utilisé. » Puis qu’est-ce que ça peut bien lui faire à Adrian ? « C’était si hilarant que ça ? » Demande t-il tout de même, la curiosité piquée au vif.

Andrea peine franchement à reprendre ses esprits, même si la sortie soudaine de son rendez-vous du soir le force un instant à contenir son hilarité - il ne veut blesser ou vexer personne, ce serait déplacé. Ce n'est pas un méchant garçon, simplement, son esprit rationnel a du mal à se faire à l'idée que certaines personnes puissent passer une soirée entière à expliquer à un inconnu qu'elles sont une créature imaginaire assoiffée de sang. Il aurait pu être effrayé, après-tout ; quand il y pense, cette attitude est vraiment étrange. Il reprend son souffle, et l'homme qui fume à côté de lui finit par lui adresser la parole, excusant son comportement de goujat, ce qui lui arrache un sourire. D'ailleurs, il est assez perspicace. Apparemment, ce restaurant est un endroit de choix pour organiser de premiers rendez-vous.

- Un date, oui. Tinder, il explique en montrant son téléphone portable.

Il a appris à ne plus avoir honte. Il a appris à passer outre les visages étonnés. Aujourd'hui, les applications de rencontre sont tellement plébiscitées qu'elles sont presque devenues normales - et lui, il a définitivement besoin de rencontrer des gens.

- Ce type, qui se fait appeler Edward, mais que je soupçonne de s'appeler autrement, a passé tout le dîner à m'expliquer qu'il était un...

Nouvelle crise de rire, Andrea parvient difficilement à retenir les larmes qui perlent au coin de ses yeux.

- ... un vampire. Dont le régime habituel serait du sang de vaches, mais qui aurait fait une exception ce soir pour venir à ma rencontre. Un vampire.

Il secoue la tête et repart d'une légère crise de rire qu'il tâche d'étouffer pour porter un peu d'attention à son nouvel interlocuteur.

- Vous aussi vous avez passé la soirée avec une créature obscure ?

Adrian pourrait le prendre pour un fou, mais il n'en avait pas l'envie. Après tout, tout le monde ne peut pas tomber sur un rendez-vous tinder parfait, lui même en est la preuve, ce soir il est tombé sur le stéréotype de la blonde de base, et il avait plus eu l'impression de perdre son temps que de se dire qu'il pourrait se passer quelque chose avec cette demoiselle. Il n'y a aucune honte à aller sur des applications de rencontre, Adrian lui y est pour trouver quelqu'un avec qui passer sa soirée, il sait pertinemment qu'il ne trouvera pas la femme de sa vie sur une application de la sorte de toutes façons, et puis il n'en a pas envie. Alors qu'il demande des explications à l'inconnu, ce dernier se remet à rire et Adrian attend patiemment en tirant sur sa cigarette avant de se mettre à rire à son tour quand l'inconnu lui donne une explication « Mais pardon ? Il avait une passion pour les films Twilight ? Il se rend compte de l'absurdité de ses propos ? » Il tire une nouvelle fois sur sa cigarette avant de lever les yeux au ciel et se remettre à rire, une crampe lui tordant le ventre, tellement il est prit dans son fou-rire. Puis le brun se préoccupe du date du barista et Adrian hausse les épaules « Créature obscure non, mais une fille qui n'avait pas de cerveau oui. » Toujours a vouloir se montrer prétentieuse et compagnie, Adrian n'aimait réellement pas ça. Un haussement d'épaules et il a une idée « Je vous paye un verre ? En tout bien tout honneur, quitte à être ici, autant boire un verre avec quelqu'un d'autre qu'un vampire et qu'une pimbêche prétentieuse ? Ici ou ailleurs c'est comme vous voulez. » Après tout, il n'avait pas vraiment envie de rentrer.

Andrea peine à se remettre du fou-rire qui le menace à tout instant quand il repense à la soirée qu'il vient de vivre. Pour sûr, quand il est chez lui, face à son téléphone portable, à aucun moment il ne peut imaginer qu'il tombera sur un homme qui se prétendra être un vampire. Ça ne lui est jamais arrivé, en réalité, de tomber sur un type aussi bizarre. Il ne sait pas s'il parviendra à oublier un jour - et à arrêter de trouver ça drôle. Cela dit, il fait le malin, mais heureusement que la nature vampirique de son interlocuteur ne s'est pas révélée quand ils étaient tous les deux dans un cadre plus intimiste, parce qu'il aurait sans doute craint pour sa vie à ce moment-là.

- Je ne crois pas qu'il s'en rende compte. Soit il était très bon acteur, soit il était réellement persuadé qu'il était un vampire. Il m'a expliqué que ça lui coûtait de manger des aliments d'humains.

Andrea grimace un peu ; énoncés à voix haute, ces faits font quand même peur. Il aurait sans doute dû mettre un terme au dîner plus tôt, mais la situation était à ce point surréaliste qu'il n'a pas su comment réagir.

- Les filles qui n'ont pas de cerveau sont parfois plus difficiles à supporter que les créatures obscures, j'imagine.

Même si on ne peut pas dire qu'il soit le plus doué pour juger de la gente féminine. Quoi que si l'on aborde la simple question de l'intelligence, il a sans doute les capacités requises pour le faire.

- Avec plaisir, pour le verre. On peut rester ici, cet endroit est sympathique - en dehors du fait qu'il regorge apparemment d'individus pour le moins singuliers.

Adrian sait que ce soir, il ne repartira pas avec quelqu’un, parce que la fille pense mal et puis même, elle n’a pas un caractère qui plaît au brun. Elle avait l’air très à l’ouest ou alors très conne et Adrian n’avait pas envie de se prendre la tête à devoir lui expliquer le pourquoi du comment, ils ne peuvent pas être ensemble, que c’est impossible. Et heureusement qu’il l’a fait parce que s’il avait eu envie de donner suite à ce rendez-vous, il n’aurait pas rencontré son interlocuteur et n’aurait pas rigolé autant.

« Mais vous pensez sincèrement que quelqu’un le croit ? » Adrian s’interroge tout de même « Parce que si quelqu’un le croit, il faut que cette personne se fasse enfermée. Tout comme votre vampire. » Enfin, il n’en savait rien, au fond.

Adrian se demande bien si la personne en face de lui a vraiment réagit de la sorte, à savoir rigoler ou s’il était dans l’impossibilité de faire quelque chose parce que c’était trop impressionnant, il veut bien lui demander mais il n’ose pas.

« Je préférerais encore supporter une créature obscure, tant que ce n’est pas une succube évidemment ! » Oui, Adrian avait un peu de connaissances et il n’avait pas envie d’avoir à faire à une créature de la sorte.

A défaut de pouvoir finir une soirée avec une fille, il se dit que boire un verre — sans alcool — lui permettra de ne pas rentrer trop tôt chez lui. Parce que sa soeur est chez sa petite amie et il n’a pas vraiment envie de faire face à la solitude.

« Oui, c’est un bon endroit. » lui confirme t-il, avant d’écraser sa cigarette et de se demander s’il a envie d’en fumer une autre. Oui, non ? Il n’en sait rien, mais il garde son paquet au chaud dans sa poche avant d’entrer dans l’endroit, tenant la porte à sa compagnie du soir. Il s’installe au bar avant de se tourner vers l’homme « Promis, je ne vous annoncerais pas que je bois du sang, et que je m’amuse avec les jugulaires de mes compagnes d’un soir. » rit-il un peu. « En revanche je ne bois pas d’alcool. » Il a mit du temps avant de l’avouer, avant de le dire. Avant il refusait poliment et se contenter de mourir de soif. Mais là, il assume. « Mais je vous paye un verre tout de même. Alcool ou non. » Oui, il n’était pas rustre. Loin de là. « Vous faites quoi dans la vie ? » Est-ce qu’il s’enfonçait dans une conversation bateau pour fuir la solitude ? Absolument, est-ce qu’il s’en voulait ? Absolument pas. « Vous pouvez ne pas répondre. Ou me dire que vous êtes une chauve-souris pour me faire fuir, il n’y a pas de soucis. » blague t-il un peu avant de commander et payer leurs consommations.

Quand il y repense, Andrea est vraiment mal à l'aise. Il est plutôt terre à terre, lui. Il n'a jamais été élevé dans la religion, ni dans quelque croyance que ce soit, et s'il est bien le dernier à vouloir juger les gens qui croient au surnaturel, en revanche, l'idée de dîner avec un vampire ne l'emballe pas particulièrement. Le type était lourd, autocentré, et clairement à côté de la plaque. Il a la sensation étrange d'avoir perdu son temps, et même s'il n'est pas de ceux qui font de l'optimisation de leurs journées une question de principe, il aurait préféré rester chez lui plutôt que de subir ça. Il n'est pas très à l'aise en société, de manière générale, et les soirées improvisées sur fond de rencontre internet ne sont pas une démarches faciles pour lui. Il tâche de chasser ces souvenirs de son esprit et hausse une épaule défaitiste.

- J'espère que personne ne le croit. Ou alors c'était une blague parce que je ne lui ai pas plu et qu'il a voulu se débarrasser de moi ; allez savoir. C'est difficile, nan ? Ces rencontres qu'on essaye de faire pour courir derrière un peu de compagnie.

Il trouve ça difficile, lui, en tout cas.

- Un coca, ça m'ira très bien. Merci.

Il offre un sourire et ne pose pas plus de question ; il lui semble que ce sujet - l'abstinence - quelqu'en soit la raison, est un sujet intime.

- Je suis soigneur dans un refuge. Et je ne me suis jamais encore occupé de chauve-souris.

Il rit un peu et retire sa veste qu'il suspend soigneusement au dossier de sa chaise.

- Et vous, qu'est-ce que vous faites ?

Le monde ne tourne pas rond, c’est ce qu’il se dit le barista, que les gens sont idiots et que s’ils pensent stupidement qu’on les croira quand ils disent qu’ils sont des vampires, ils se mettent un doigt dans l’oeil. Loin dans l’oeil. Heureusement pour Adrian, la personne en face de lui n’est pas un vampire et il semble même avoir les pieds sur terre, les deux pieds même. Ça le rassure. « Eh bien c’est idiot si vous ne lui plaisiez pas, il aurait pu être un peu moins… imaginatif. Enfin je ne me serais pas fait passer pour un vampire auprès d’une femme qui ne me plaisait pas. » Quand il lui demande un coca, Adrian passe la commande et il laisse le barman faire son travail avant de se tourner vers son interlocuteur. Il l’écoute lui dire qu’il est soigneur dans un refuge et il pense du tac au tac que c’est un métier plus qu’honorable. Il n’aurait jamais pu faire cela. Enfin si, mais il aurait dû faire de longues études et c’était absolument impossible. Il pourrait reprendre ses études, mais il se trouve bien trop vieux. Il rit quand il parle de chauve souris. « En même temps ça vit la nuit ça, non ? » Enfin, il ne s’y connaît pas mais il sait que Batman est censé être une chauve souris, et il vit la nuit. « Moi je suis barista au Think Coffee, il paraît que je fais le café mieux que personne, surtout le latte. » Il récupère les boissons et boit une gorgée avant de reposer son verre et pour ironiser il dit « On ne m’a jamais demandé de remplacer du lait par du sang, je pense que j’aurais bien ri en tout cas, avant de demander à la personne de sortir. » Et il ne peut s’empêcher de rire, encore. « Ça vous plaît ? De vous occuper des animaux ? » Après tout, Adrian est persuadé que c’est une vocation de s’occuper des animaux. Tout comme être médecin. « Il faudrait que je vienne faire un tour un jour. Vous avez besoin de bénévoles ? » Peut-être que ça l’occuperait. Qui sait ?

Andrea s’imagine en train de s’inventer une vie pour faire fuir la personne avec laquelle il a un rendez-vous. Décidément, non, ce n’est vraiment pas son genre. Lui serait plutôt du style à passer la soirée et à en tirer le positif. Ensuite, il ferait comprendre à la personne qu’il n’est pas opportun qu’ils se revoient. Mais effrayer les gens - ça, il n’en serait très certainement pas capable. Surtout si le seul objectif est de les éconduire... Ca lui semble assez risible.

Andrea ne peut pas retenir un rire léger à la blague d’Adrian, et hausse une épaule.

- Il faudra que je passe goûter, alors. Je ne bois pas beaucoup de café, mais en général, je le prends toujours en version latte.

Détails peu importants sur lui-même ; il se retient d’ajouter encore à cette histoire qui n’intéressera sans doute pas son interlocuteur. Parfois, il trouve qu’il parle trop. Trop pour donner des détails insignifiants qui ne lui parlent qu’à lui. Et pendant qu’il raconte ces détails qui font de sa vie ce qu’elle est et de sa personnalité ce qu’elle est également, il y a une petite voix dans sa tête qui lui intime de se taire.

- J’adore, oui. Les animaux sont très reconnaissants, et parfois bien plus agréables et bien moins fous que les humains, si vous voulez mon avis. J’ai un chien et un chat, du coup, je les ai recueillis.

Encore des détails. Il secoue la tête, et passe à autre chose puisqu’il ne peut pas reprendre les mots déjà prononcés.

- On manque toujours de bénévoles, honnêtement. Il y a tellement de gens qui abandonnent ou maltraitent leurs animaux... Je peux vous donner une carte, si ça vous tente.

Adrian essaye d’imprimer le visage de l’homme en face de lui pour la prochaine fois, quand il passera au café histoire de lui offrir une pâtisserie, peut-être qu’il pourra se fendre d’une blague en souvenir de cette soirée, il verrait bien sur le moment.

— « Je vous ferais un des meilleurs latte de votre vie alors. » répond t-il en riant.

C’est vrai qu’Adrian a une petite préférence pour le latte aussi, bien qu’il ne commence sa journée sans une bonne tasse de café corsé, sans sucre histoire que ça le mette d’attaque pour le reste de la journée, après il s’apaise en buvant un latte pour ne pas être une grosse pile électrique. Quand il entend parler d’animaux, Adrian ne peut s’empêcher de sourire, il n’a jamais eu la vocation de travailler avec des animaux mais pourtant, il avait souvent eu dans l’idée de donner de son temps dans un refuge, quand il était enfermé dans le centre, ils parlaient souvent de ce qu’ils feraient quand ils sortiraient et Adrian, il avait toujours dit qu’il irait dans un refuge. Mais il n’en a jamais eu le temps, au fond, parce qu’il se préoccupait plus de réparer les pots cassés avec sa soeur.

— « Je n’ai pas d’animaux, mais je pense que je vais finir par prendre un chien. Enfin je n’en sais rien, j’ai peur de ne pas pouvoir lui donner l’amour qu’il mérite. »

Après tout, il travaille bien trop Adrian, il sait qu’un chien a besoin de reconnaissance, a besoin d’amour et surtout besoin d’une présence. Alors peut-être qu’un chat ferait plus l’affaire. Il verra bien.

— « Oui je veux bien une carte ! Je passerais quand je pourrais, quand j’aurais un jour de repos, mais comme j’ai un collègue de malade, je fais des heures supplémentaires. »

Loin de lui l’idée de se plaindre, mais il préférait ne pas faire de faux espoirs au brun.

— « Mais promis, quand je dépasserais la porte du refuge, vous ne pourrez plus vous débarrasser de moi. »

Et il hausse les épaules avant de prendre une gorgée de sa boisson.

— « J’ai eu une idée. Vous organisez des portes ouvertes ? Peut-être que je pourrais me charger des boissons ? Et que je pourrais voir avec mes patrons si on peut s’allier à vous pour proposer des pâtisseries ? Et tout les bénéfices seront reversés au refuge ? »

- C’est une promesse dont je me souviendrai.

Andrea rit un peu et se demande s’il aurait l’occasion d’y aller pour de vrai. Demain, quand il fera le bilan de sa soirée, il se dira sans doute que c’était n’importe quoi - et en y repensant, il ressentira sans doute une forme de gêne à l’idée de croiser le chemin du jeune homme à nouveau. Le sujet dérive doucement de son date complètement jeté vers les animaux, et Andy se sent immédiatement plus à l’aise, ce qui n’est pas vraiment surprenant.

- Ce que les animaux du refuge réclament, c’est avant tout un peu d’attention. En général, ils le rendent bien d’ailleurs. Après, c’est vrai que si le chien a vocation à rester toute la journée tout seul, il risque d’être malheureux ; encore qu’il sera moins malheureux qu’entre les grilles d’un box au refuge. Certains animaux sont suffisamment indépendants pour supporter l’appartement. D’autres suffisamment dociles pour accompagner leurs maîtres au travail ; c’est le cas du mien, par exemple. Même si c’est différent parce que je travaille principalement dehors.

Il donne sa carte sans se départir de son sourire et acquiesce.

- Venez quand vous voulez. Faites au mieux, c’est déjà énorme.

Ils n’ont pas beaucoup de bénévoles, au refuge. Surtout pendant l’hiver - l’été, les gens viennent plus facilement. Mais le travail ne manque pas, et surtout, certains animaux manquent cruellement d’affection car ils ne peuvent pas passer des journées entières avec chacun d’entre eux. Le sourire d’Andrea s’agrandit quand Adrian lui propose de s’occuper des boissons pour leurs prochaines portes ouvertes.

- On en fait au début du mois prochain. J’en toucherai un mot à ma patronne mais je l’imagine difficilement refuser une offre pareille. Ca pourrait attirer du monde.

« Eh bien je viendrais pour voir si un petit chien n’a pas envie de moi comme maître, il paraît que les animaux vous adoptent plus que vous ne les adoptez, en tout cas, je sais que si un jour ça se concrétise, je viendrais dans votre refuge. » Parce qu’Adrian il aimerait bien rendre tout les animaux heureux mais il n’a pas vraiment le temps, il pourrait le prendre le temps cependant. Il verra bien, il récupère la carte avant de la mettre dans sa poche, se promettant d’aller y faire un tour incessamment sous peu. « Je verrais, je travaille pas souvent le dimanche, enfin j’ai souvent mon après-midi, donc ça peut être là. Je vous contacterais. » Et puis Adrian a l’idée de venir poser sa pierre à l’édifice en proposant des boissons pour les prochaines portes ouvertes, son patron n’est jamais contre un peu de pub et s’il peut aider à faire connaître le café, c’est assez bénéfique. « Je viendrais voir et on en parlera un peu plus en détail si vous le souhaitez. » Adrian finit sa boisson et regarde son téléphone, ses yeux s’écarquillent quand il voit l’heure « Oh bon sang, je devrais y aller je me lève tôt demain je suis d’ouverture. » Il récupère sa veste et l’enfile avant de saluer Andrea « Je vous contacte dès que possible ! Et faites attention on ne sait jamais quel vampire traîne dans le coin. » prononce t-il en riant avant de s’éclipser pour rentrer chez lui après cette soirée bien mouvementée.