Les songes sont rarement cohérents et si l’imagination de Malina n’est pas forcément très productive en journée, autant dire que ses nuits sont souvent bien plus mouvementées. Le souci, c’est qu’elle ne se souvient jamais de rien au réveil, ce qui a tendance à la frustrer quelque peu, même si avouons qu’on peut difficilement regretter quelque chose dont on ignore l’existence. Cette nuit, Malina dort seule dans la chambre d’amis, ou la chambre de Maddi, désormais plutôt. Trop difficile de vraiment qualifier la chambre, mais elle dort seule, ayant laissé Maddi et Cian passer la nuit ensemble. Elle avait eu un peu de mal à supporter la solitude au début, mais avec le temps, elle avait appris à l’apprécier.

Heure inconnue. Lieu pas plus connu. Inexistant de la surface de la Terre, peut-être.

La pièce est noire. La coréenne se déplace à tâtons, un sentiment étrange de terreur au fond des tripes. Normalement, elle n’a pas peur du noir mais endormie, elle n’est pas elle-même. Une éternité semble s’écouler avant qu’on ne tombe enfin sur quelque chose, qu’elle accroche immédiatement. Et là, la lumière s’allume. Elle se retrouve face à un miroir ovale, aussi grand qu’elle. Elle s’approche encore un peu et regarde au travers. Ses traits ne sont plus les mêmes. Pire, ce n’est pas elle dont elle perçoit le reflet, bien que les gestes de l’autre personne soit les mêmes que les siens. Elle se touche le visage par réflexe. « Depuis quand je suis indienne, moi ? » Une forme de panique la gagne.

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