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Bad Dream ◘ Ascy (TW)

@ Invité

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Lun 16 Mar - 19:40
Revoir Stacy après tout ce temps était étrange et un peu effrayant. Si ça n'avait tenu qu'à lui, en vérité, Asher ne serait pas venu ; seulement il en avait parlé à ses parents qui s'étaient du coup assurés qu'il irait. Le conduisant jusqu'au parc, sa mère le regarda s'éloigner alors qu'il avançait d'un pas lent et hésitant, jetant parfois des coups d'oeil derrière lui pour confirmer que sa mère n'était pas encore partie. C'était terrible de se sentir ainsi surveillé, comme un gamin de cinq ans. Il comprenait néanmoins pourquoi sa mère le faisait, alors il ne désobéissait pas.

Arrivé non loin du lac, Asher se stoppa et observa les alentours. Stacy n'était pas encore là. Un long soupir lui échappa et il enfonça ses mains dans ses poches alors que son regard se posait sur le lac ; se noyer. La vision subite d'une noyade et la question du comment ça fait de se noyer ? lui traversa l'esprit. Il se souvenait avoir lu quelque part que c'était une longue bataille mais qu'au moment où le corps s'arrêtait et que la personne buvait subitement de l'eau et se noyait, c'était un sentiment de soulagement. Enfin, il n'avait pas cherché à vérifier et n'avait pas non plus été lire si c'était vrai ou un mensonge. Son visage se détourna du lac et se posa sur un banc, un peu plus loin. Vérifiant encore une fois si Stacy arrivait, Asher opta pour le banc au lieu de l'attendre planté comme un piquet.


@Stacy Kim

@ Invité

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Mer 18 Mar - 10:52
C'est avec une pointe d'appréhension que tu quittes ton appartement pour effectuer le trajet familier jusqu'à Manhattan. Cette fois-ci pourtant tu t'arrêtes une station plus tôt que d'ordinaire, empruntant un chemin que tu n'avais plus effectué depuis un long moment. A vrai dire tu ne te rappelles plus de la dernière fois que tu es venue à cet endroit précis dans Central Park. Il y a quelques années probablement, avec lui, parce que c'était l'un de vos spots favoris dans la ville. Le genre d'enclave qui vous faisait oublier où vous vous trouviez, oublier les gratte-ciels et les millions de personnes autour de vous, oublier l'effervescence d'une ville qui vous a vus grandir et vous épanouir. Lien rompu depuis qu'il s'est perdu, et ce matin signe vos retrouvailles. T'as aucune idée de la tournure que va prendre ce rendez-vous, ni même de ce à quoi il ressemble désormais, mais t'es bien déterminée à avancer, quitte à tâtonner et te planter. T'approches du lac, guettant les alentours en espérant apercevoir sa silhouette à tout moment. Tu longes le bord brièvement, avant de finalement poser ton regard sur lui, assis quelques mètres devant toi sur un banc. Il n'a pas tant changé que ça d'un point de vue physique mais tu sais que le combat à mener se déroule dans sa tête. Tu le rejoins alors que vos opales se croisent dans un silence assourdissant. Sans hésiter une seule seconde, tu viens l'enlacer avec douceur mais fermeté. « Tu m'as manqué. » Des mots que tu n'as pas l'habitude de prononcer, une proximité physique que vous n'avez que très rarement eue dans votre histoire.

@ Invité

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Mer 18 Mar - 14:35
Le bruit de pas qui se rapprochaient attirèrent l'attention d'Asher qui releva les yeux pour croiser les siens ; ces iris bruns, ce regard de chat qu'il reconnaîtrait entre mille. Il se figea un instant, réalisant au même instant qu'en dépit de sa mémoire vive, cela faisait une éternité qu'il ne l'avait pas vue, elle. En silence elle se rapprochait et lui sentait comme un tourbillon d'émotions confuses le prendre ; la honte, la joie, la douleur, la rancune, la peur, l'appréhension, la solitude, le désespoir et l'espoir. Il la suivit du regard, incapable de faire le tri dans ses pensées. Ce ne fut que lorsqu'elle vint l'enlacer que le regard d'Asher s'écarquilla. Ces mots eurent un violent effet également. C'était elle, c'était Stacy, c'était sa meilleure amie, sa confidente, celle qui l'avait protégé, défendu bec et ongles, celle qui avait su apprécier leurs différences et similitudes comme s'ils partageaient le même sang. La sentir contre lui affola le coeur d'Asher qui sortait d'une léthargie temporaire, et après un moment d'hésitation, il esquissa un mouvement de réponse ; ses bras bougèrent, s'arrêtèrent un instant, puis finirent le mouvement pour répondre à son étreinte. Timide, hésitant, confus, il ne la serrait pas fort contre lui mais ses doigts s'agrippaient un peu à ses vêtements, s'assurant qu'elle était bien là. Son visage se baissa alors qu'il déglutissait et s'il ne répondit pas, il espérait communiquer sans les mots de manière suffisamment claire. A dire vrai, il ne savait pas s'il pouvait parler ; tout était encore trop confus. Ses paupières se baissèrent et il eu un léger soupir saccadé, preuve du poids des émotions invisibles qui pesaient sur sa conscience.

@ Invité

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Mer 18 Mar - 17:04
Le geste est spontané, inattendu, dicté par un instinct impérieux auquel tu ne songes pas une seconde à résister. Tu n'as jamais été très tactile avec les autres mais cette fois-ci tu as besoin de le toucher, besoin d'avoir ce contact physique comme pour te confirmer qu'il est enfin là avec toi. Qu'après tous ces mois, ces années, de séparation, vos chemins s'entrelacent à nouveau. Ça faisait longtemps. Si longtemps, trop longtemps. Ce n'est qu'en sentant la pression de ses bras autour de tes épaules, d'abord hésitante puis un peu plus assurée, que tu réalises à quel point le vide qu'il a laissé dans ta vie n'est pas qu'un grand fossé mais bien un gouffre béant que tu ne peux plus laisser s'agrandir. T'as aussi besoin de lui adresser un premier message, bien plus fort que n'importe quel sms tu aurais pu lui envoyer. Les choses n'ont pas changé. Tu es là pour lui, tu te battras pour lui, et tu le feras jusqu'à ton dernier souffle. Les mots prononcés sont d'une simplicité authentique, sentiment brut qui vient renforcer une scène que tu n'aurais pas imaginée il y a encore quelques jours. Tu y avais pourtant beaucoup pensé autrefois, à ce jour, ces retrouvailles, ce que tu pourrais lui dire et ce que tu pourrais faire. Pas plus tard que ce matin tu envisageais encore des dizaines de scénarios dans ta tête, tous désormais supplantés par une réalité qui s'est imposée naturellement, tout comme s'impose le sourire qui apparaît lentement sur ton visage lorsque tu finis par t'écarter légèrement pour mieux l'observer. Affection, bienveillance, confiance, soutien, espoir. Autant de sentiments que tu veux lui transmettre dans cet échange, sans doute le plus perturbant que vous ayez jamais eu. « Qu'est-ce qu'il te passe par la tête là tout de suite ? » Tu devines aisément qu'il est perdu, confus, alors t'essayes de faire ce que t'as toujours fait avec lui. Le prendre par la main pour lui montrer le chemin.

@ Invité

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Mer 18 Mar - 17:21
Les étreintes affectueuses qu'il avait reçues ces dernières années avaient été emplies de crainte et de douleur ; les étreintes d'une mère paniquée qui se raccrochait à lui pour l'empêcher de sauter dans un vide psychologique qui l'attirait depuis trop longtemps, étreintes d'infirmiers et personnel soignant qui le retenaient de se blesser davantage alors qu'il se débattait, étreintes froides et morbides de pensées sombres. Alors, aussi surprenant cela était-il, une étreinte de retrouvailles restait une nouvelle expérience. Le soulagement de le savoir là, le bonheur de le retrouver, il sentait combien Stacy pouvait l'aimer et ce sentiment, il l'avait presque oublié. Elle s'écartait légèrement de lui alors que le regard d'Asher demeurait baissé, pensif, tentant de lui indiquer un chemin vers lequel diriger ses pensées. Le jeune homme pris une profonde inspiration, ses sourcils légèrement froncés pour mieux organiser ses pensées.

Je... sais pas trop.

Et c'était vrai. C'était encore trop brouillon dans sa tête pour qu'il n'arrive à trouver un fil directeur à ses pensées. Était-il heureux ? Soulagé ? Inquiet ? Apeuré ? Il papillonna des yeux pour chasser ses pensées et secoua légèrement la tête avant de se passer une main sur le front.

Désolé c'est encore trop... confus. J'ai plus l'habitude. J'ai revu personne sauf mes parents depuis... depuis tout ce temps.

Les mots étaient encore tabous : depuis que j'ai été interné.

@ Invité

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Mer 18 Mar - 18:45
S'il y a bien une chose que tu as retenue de toutes vos années d'amitié, c'est que vous fonctionnez complètement différemment. Des personnalités presque à l'opposé l'une de l'autre, et pourtant vous avez su avec le temps trouver un équilibre, apprendre à jouer avec vos divergences pour mieux vous compléter et nouer un lien des plus solides. Malgré votre séparation encore cinglante, tu parviens toujours à déchiffrer certaines de ses émotions et n'as donc aucun doute sur le brouillard qui a pris ses aises dans son esprit. Phénomène que tu détestes, toi qui ne jures que par la clarté et les certitudes, et que tu entends dissiper dès que possible pour qu'il te revienne enfin pleinement car la réalité te crève les yeux: son corps a beau être présent devant toi, son esprit est loin, à mille lieux de toi, coincé dans un monde que tu ne peux atteindre. Il doit pourtant s'en échapper pour pouvoir avancer et se reconstruire. T'en es convaincue depuis toujours, il est amené à faire de grandes choses, mais pour y arriver il a besoin de ton aide. Une détresse qui s'exprime dans ses paroles, son intonation, les traits de son visage, alors que ta question semble lui demander un effort conséquent. Des excuses dont tu n'as que faire et que tu n'hésites pas à balayer pour te concentrer sur l'essentiel. « C'est normal. Tu vas retrouver l'habitude, tout doucement. On va y aller étape par étape. » Tu t'inclues bien évidemment dans le processus. Maintenant que vous êtes à nouveau réunis, tu ne comptes plus le lâcher. « Comment tu me trouves ? J'ai changé ? T'as le droit de dire que je fais beaucoup plus vieille. » Changement de tactique radical, plutôt que de l'interroger sur ce qu'il ressent, tu tentes de le faire parler sur d'autres sujets, en l'occurrence toi.

@ Invité

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Mer 18 Mar - 19:01
Stacy avait cette faculté d'être un exemple, une source de motivation comme une soeur pouvait l'être en dépit d'être plus jeune que lui. Il avait toujours éprouvé un sentiment d'infériorité par rapport à Zane, mais un peu vis à vis d'elle également. Tellement déterminée, forte, au caractère détonnant et à la personnalité flamboyante. Pourtant il savait également qu'elle avait ses instants de fragilité ; elle n'avait juste pas les mêmes besoins que chacun. Tellement plus indépendante que lui !
Pour elle, il voulait faire un effort. Maintenant qu'ils étaient là ensemble, il ne voulait pas refaire les mêmes erreurs et la repousser, encore. A regarder ses yeux, il savait qu'elle le cherchait inlassablement depuis tout ce temps et s'il se disait qu'elle avait sûrement de la rancune contre lui, une partie de lui savait que ce n'était pas le cas. Asher l'observa un instant en silence puis, expira lentement en la détaillant du regard.

Pas tellement... on dirait juste que tes cheveux ont un peu poussé...

Il inspira, essayant de mieux voir les détails qu'il aurait pu avoir manqués.

Tu m'as l'air en bonne santé. Silence ; le regard qui s'adoucit légèrement. Et plutôt contente aussi.

De manière générale ou dans l'instant présent, il ne savait pas trop ; mais elle ne respirait pas le désespoir comme lui encore moins la honte. Stacy était ambitieuse et fière, elle ne se laissait pas marcher sur les pieds et ne s'avouait pas vaincue, alors il espérait que la lueur positive qu'il voyait était bien le signe qu'elle était heureuse dans sa vie. Même si cette simple pensée, égoïstement, le rendait un peu jaloux.

@ Invité

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Jeu 19 Mar - 21:47
T'as un peu l'impression de revenir aux prémices de votre amitié, à cette époque où vous commenciez tout juste à vous parler et où tu prenais systématiquement l'initiative dans vos interactions. Tu savais que si tu ne le faisais pas, il aurait été capable de rester muet pendant des heures malgré ta présence. La situation aujourd'hui est assez semblable et tu vois à quel point il lui est difficile d'organiser ses pensées. Alors tu te relances dans cette mission qui a toujours été la tienne de le pousser à sortir de sa coquille. Les questions fusent, première idée qui te passe par la tête, et tu l'observes attentivement alors qu'il te détaille pour mieux te répondre. Un bilan assez juste sur lequel tu rebondis aussitôt pour clarifier un point important. « Je vais plutôt bien oui mais je vais encore mieux depuis quelques minutes. » Un nouveau sourire apaisant apparaît sur tes lèvres. Celui-là même que tu avais esquissé chaque fois que tu lui avais apporté réconfort, chaque fois que tu l'avais rassuré, chaque fois que tu l'avais encouragé. « Je suis contente de te voir. » Message que tu martèles une nouvelle fois pour qu'il s'imprime bien dans sa tête. « Il n'y a pas grand chose qui a changé de mon côté en vérité. Je passe mon temps entre l'école et le travail, je suis toujours aussi fauchée et je n'ai pas encore trouvé la motivation d'apprendre à cuisiner autre chose que des pâtes ou du riz. » Le ton est léger pour dédramatiser un peu le moment et tu enchaînes sur une invitation. « J'ai déménagé, mais toujours dans le Queens. Il faudra que tu viennes à l'appart, on a des séries à binge watch sur Netflix. » Tu te rappelles encore de ces soirées que vous passiez à regarder la télévision, de ces nuits où tu n'arrivais pas à dormir à cause d'un film d'horreur que vous aviez vu juste avant de vous coucher. Tout ça te manque. Il te manque.

@ Invité

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Dim 22 Mar - 17:43
L'insistance de Stacy pour lui faire comprendre qu'elle était heureuse de le voir était bien comprise, mais le maigre sourire en coin qu'il affichait était partiellement forcé et un peu triste. L'horreur de sa situation était de constater que des mots rendant habituellement les gens heureux lui renvoyaient de manière incontrôlable ce sentiment d'infériorité et de tristesse ; et l'idée de se dire qu'il devrait être heureux et qu'il devrait apprécier ces confessions faisait naître un sentiment de culpabilité qui l'accablait encore plus. Alors oui, discuter d'autre chose l'aidait à ne pas se focaliser sur ses sentiments négatifs. En dépit du temps qui s'était écoulé, elle ne semblait pas avoir changé. Elle était la même personne, probablement, que celle qu'il avait abandonnée des années auparavant.

Je suis plus du tout à jour sur ce qu'il y a à voir...

Une confession qui pouvait tant sonner comme une invitation mais également un refus ; avait-il toujours un intérêt quelconque à regarder ces séries ? C'était certainement un bon moyen de tuer le temps et ne pas avoir à penser à la réalité. Après tout, à bien y réfléchir, ce n'était pas tant différent d'être spectateur de la vie des autres, fussent-elles des personnes réelles ou des personnages fictifs.
Prenant une légère inspiration, Asher leva le nez un court instant pour regarder le ciel clair et les branches qui voyaient à peine les premières pousses de feuilles se manifester.

Cet endroit n'a pas changé.

Pas de signe du temps qui passe en dépit des saisons qui s’enchaînent. Le paysage demeurait le même. Faisant face au lac devant eux, s'asseyant normalement sur le banc, Asher laissa ses iris sombres glisser sur la surface lisse.

Il fait quand même toujours froid.

Vide. Pas intéressant. Parler pour parler, commenter pour dire quelque chose. Il tourna la tête vers Stacy.

Non ?

Parce que lui, de son côté, n'avait pas la sensation d'avoir quoique ce soit à dire. Il pouvait la questionner sur son nouvel appartement, sur les raisons de son déménagement, sur sa situation familiale qui avait peut-être changé un peu, il pouvait s'excuser de l'avoir ignorée tout ce temps, mais non. Non. Juste des commentaires sur le paysage et la météo.

@ Invité

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Dim 22 Mar - 21:54
T'as pas l'habitude d'exprimer aussi ouvertement tes sentiments, même avec Asher. Ce n'est pas une chose avec laquelle tu es à l'aise et en temps normal tu fais tout pour l'éviter, quitte à passer une personne insensible et froide aux yeux de certains. Difficultés qui trouvent probablement leur origine dans le conditionnement familial, dans un foyer où certains mots étaient tabous. Tu n'y avais pas tellement manqué d'amour pourtant, mais il n'avait jamais été nécessaire de le verbaliser. Il en allait de même avec Asher, et c'est par ton attitude au quotidien que tu lui montrais ton affection. Aujourd'hui cependant, tu penses qu'il en a peut-être besoin. Sans que ce soit la solution miracle à ses problèmes, loin de là, mais peut-être que ça peut aider. T'estimes en tout cas que c'est mieux que rien, et t'es surtout prête à tout pour combler au plus vite le fossé virtuel qu'a créé votre séparation. Tu tentes de le distraire en changeant de sujet, en parlant de toi, de ce que vous pourriez faire, mais sa réaction n'est guère plus encourageante. Aucun enthousiasme, aucune curiosité, aucun intérêt, aucune vie, ni dans ses propos, ni dans son expression. Et ça te fait mal, mal de le voir dans cet état, mais aussi mal de le voir aussi indifférent à ton égard. C'était comme parler à un fantôme. Tu t'assoies à côté de lui et l'écoutes aligner deux phrases pour la forme mais sa passivité te blesse de manière irrationnelle. Tu aurais pu tout aussi bien ne pas être présente que cela n'aurait rien changé. Peut-être que c'est ce qu'il aurait préféré. La pensée t'écorche mais tu refuses de la laisser s'immiscer davantage dans ton esprit. Devinant la colère sourde qui se répand également petit à petit en toi, tu l'utilises en guise de barrage et pour repartir à l'assaut. De façon plus brusque cette fois, plus naturelle, plus authentique, plus toi. « Ce qui est froid c'est ce qu'il y a là dedans. » Tu pointes du doigt sa cage thoracique, toute trace de sourire ayant disparu de ton visage. «  T'as encore toute la vie devant toi, alors fais-en quelque chose. Bas-toi comme Zane l'aurait fait à ta place. » Le prénom est lâché et tu sais que c'est quitte ou double. Tu redoutes fortement le faux pas mais tu ne peux plus continuer sur du simple blabla.

@ Invité

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Dim 22 Mar - 22:40
L'accusation est nette, claire, mais très Stacy finalement. S'il n'aurait pas dû être surpris, c'était pourtant inattendu et il avait perdu l'habitude d'être confronté de manière aussi directe. Pas besoin de regarder son visage pour savoir quelle expression sérieuse elle affichait, Asher fixait son doigt en silence ; mais ses traits s'étaient crispés et l'évocation du prénom de Zane le percuta comme une tempête glacée s'abattant sur un bateau pêcheur. Malmené par les souvenirs, les sentiments, les battements d'un coeur qui encaisse toujours mal l'absence et panique à l'idée d'être dans la réalité, Asher sent sa mâchoire se serrer et son regard nerveux incapable de se poser sur un point bien défini. Il le sait. Il a conscience de sa propre froideur, du vide, il est totalement à même de faire une liste de toutes les conséquences négatives de chacune de ses actions. Il inspire, expire presque bruyamment ; il regarde le lac. C'est si facile de se laisser couler, il n'aurait que quelques pas à faire et se laisser fondre dans les abysses, remplir ses poumons d'eau et flotter dans sa noirceur ; mais il détourna le regard, chassant ces pensées vertigineuses pour regarder un arbre ; et l'idée d'une ceinture ou d'une corde pour s'y balancer. Sa battre ? Se battre pour quoi ? Pour qui ? Comment ? Contre quoi ? N'était-il justement pas toujours en train de se battre, aussi sombre sa méthode était-elle ?
La silence qui retombait ne rendait pas justice au vacarme assourdissant qu'étaient ses pensées, similaire à des hurlements stridents de banshee le poussant vers les abîmes. Asher déglutit, repoussa sèchement sa main au doigt pointé et se leva brusquement avant de lui faire face, le timbre de voix tremblant déjà. Faible qu'il était, enseveli sous ses propres émotions.

Pour qui tu te prends encore ? Pourquoi me dire de me battre ? Est-ce que tu as seulement la moindre idée de ce que je dois affronter, de mon quotidien ? J'ai toute la vie devant moi en plus ? J'en veux pas ! Le ton montait légèrement, la panique de se voir perdre pied. Lève la tête, bats toi, marche droit, arrête ci, arrête ça, perds pas espoir, t'as de la chance, fais-ci, fais-ça marche avance arrête continue BATS TOI ENCORE ET ENCORE !!

Presque un cri, une émotion vive, non contrôlée. Il n'entendait plus ses propres pensées tant les battements de son coeur tambourinaient violement et sa voix tremblait, presque étranglée, luttant pour ne pas s'éteindre. Ses yeux passaient de l'oeil droit à l'oeil gauche de Stacy frénétiquement, toujours incapable d'apaiser son angoisse.

Vous me prenez pour qui à me donner constamment des ordres sur comment je dois satisfaire vos attentes ?

La voix plus basse, Asher essayait de ne pas succomber à la panique et la détresse. En l'espace de quelques secondes, ses mains étaient devenues moites, sa respiration saccadée et son expression faciale avait laissé l'indifférence pour afficher une peur indéchiffrable.

@ Invité

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Lun 23 Mar - 9:40
T'as toujours été consciente du gouffre qu'il existe entre vos deux personnalités. Que votre manière de fonctionner n'est pas la même, que vous ressentez les choses différemment et que vous les gérez différemment. Des divergences qui ont émaillé votre relation d'incompréhensions et de disputes, sans que vous ne parveniez jamais à vous comprendre l'un l'autre. Avec le temps t'as appris à les tolérer, tout en restant intimement persuadée d'être celle qui a raison. Et même si tu n'as pas connu de deuil similaire au sien, tu tiens la situation actuelle comme une preuve incontestable. Alors tu tentes de l'aider à ta manière, en utilisant des mots bruts qui résonnent fortement pour le sortir de la torpeur dans laquelle il est plongé. Stratégie à double tranchant mais t'en assumeras les conséquences. Mieux vaut prendre ce risque que de rester dans l'inaction. Tu vois immédiatement les effets de cette attaque sur son visage. T'observes le choc, la colère, le repli instantané et la distance entre vous se renforcer. Il se lève brusquement et te répond avec véhémence mais tu ne te laisses pas déstabiliser ni même impressionner. Au contraire, tu y trouves une profonde satisfaction à le voir enfin exprimer ses émotions, à avoir un bref aperçu de ce qu'il se passe dans sa tête. Alors tu poursuis en appuyant plus fort encore, sans te retenir. Toujours assise sur le banc, les yeux levés vers Asher, tu réponds avec un calme cinglant. « Pour quelqu'un qui est incapable de prendre une décision, quelqu'un qui s'est laissé capturer par ses démons et qui ne sait plus comment s'en sortir, quelqu'un qui se noie dans la rivière et appelle à l'aide tout en refusant les bouées qu'on lui tend. » Froideur volontaire dans ta voix et ton regard pour obtenir la confrontation la plus violente possible. « T'as juste peur. Peur de tes émotions, peur de la réalité, alors tu t'es enfermé dans ton monde et rejetant tout ce qui est autour de toi.  » Tu marques une brève pause avant d'enfoncer une nouvelle fois le couteau dans la plaie. « Zane est mort. Accepte-le. T'es pas responsable de sa mort alors arrête de te punir pour ça. Et surtout arrête de fuir. » Peu importe que ses parents, les professionnels ou les médicaments n'aient pas réussi à le ramener. Toi tu finiras par y arriver, coûte que coûte.

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Mar 24 Mar - 18:55
Elle le brûlait avec son regard et plantait des pieux glacés dans son être avec ses mots. Stacy lui renvoyait bien des choses à la figure qu'il ne voulait ni voir ni entendre. La colère bourdonnait, les pulsions destructrices fermant son poing en un espoir de ne pas succomber. S'il avait peur ? Bien sûr qu'il avait peur ! Il était terrifié, tétanisé, il le savait et se blâmait lui-même pour ça. Il avait conscience de l'image qu'il renvoyait, pitoyable et dramatique. Un jeune homme incapable de prendre son courage à deux mains, incapable ni de vivre, ni de mourir. La panique de ses émotions percute chaque parcelle de sa peau et pourtant il se sent comme anesthésié, écrasé par un poids si lourd qu'il a cessé d'avoir physiquement mal. Son corps galère mais il ne sent plus ses propres faiblesses. Le tremblement de sa voix, de son souffle, de ses mains ; une angoisse incontrôlable secouait son être entier alors qu'il luttait ; mais luttait contre quoi ?

LA FERME ! J'ai pas besoin de ça ! J'ai pas besoin qu'on vienne me le renvoyer à la tronche ! J'ai pas besoin de toi pour me dire ce que je sais déjà !

Le son de sa voix portait bien plus qu'il ne le voulait. Être bruyant pour ne pas entendre le reste, pour ne pas avoir à écouter des mots qu'il pensait déjà lui-même.

Tu crois que j'en ai pas conscience ? Tu crois que je suis pas foutu de réfléchir et me tirer des balles dans le pied tout seul ? Tu crois que je suis comme ça pour le plaisir de détester ma situation et ce que je suis ?

Son poing vint frapper l'emplacement de son coeur avec force alors qu'il lâchait avec rage des mots violents.

Je SAIS quelle merde je suis ! Je sais quel lâche, quel ingrat et pleurnicheur je suis ! J'ai parfaitement conscience d'être cette merde collée sous la chaussure qui chouine et n'arrive pas à aller de l'avant ! Et quoi ? Si la douceur marche pas, tirons lui dessus avec un tank pour voir si ça a plus d'impact ? T'espères qu'en étant comme ça t'arriveras là où tous les autres ont échoué ? Le ton baissa, la douleur toujours sur le visage. J'ai envie d'en finir, Stacy.

@ Invité

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Mer 25 Mar - 0:57
Les confrontations, disputes et conflits ne t'ont jamais fait peur. Au contraire, tu y vois souvent des challenges intéressants si tant est que l'enjeu en vaille la peine. T'es souvent celle qui initie le débat, attaque et fait valoir ses arguments de manière claire et concise, n'hésitant pas à user d'un peu de provocation si cela peut servir ta cause. Et c'est exactement ce que tu es en train de faire ici. Prête à le pousser dans ses retranchements afin d'en tirer ses confessions profondes, tu choisis sciemment tes mots pour lui faire le plus de mal possible. Tu connais Asher depuis suffisamment longtemps pour savoir que tes paroles ont un impact considérable, lui qui a toujours été le plus sensible et le plus vulnérable aux attaques. Si tu ne le fais pas de gaieté de coeur, tu penses cependant que c'est un virage nécessaire à emprunter, les autres voies testées ayant vite montré leur inutilité. Une méthode à la dure mais qui finira par porter ses fruits, t'en es convaincue. Plongée dans ses opales, tu cherches à le mettre à nu dans un duel de regards qui n'a jamais été aussi féroce. Le ton monte mais tu ne bronches pas, toujours assise sur ton banc face à un être tourmenté, torturé par ses propres pensées. Quelques mètres plus loin plusieurs paires d'yeux se braquent sur vous mais tu ne les remarques même pas, ton attention toute entière concentrée sur ton ami. T'encaisses sa violence sans ciller, comme si elle ne t'atteignait pas alors qu'au fond de toi tu sens ton coeur se craqueler. Tu souffres de le voir ainsi, comme une marque au fer rouge qu'il vient imprimer sur ta peau et ta rétine. Malgré toi tu ne peux t'empêcher d'aggraver cette douleur en repensant furtivement à tous les bons moments que vous avez partagés, à l'ancien garçon curieux et enthousiaste avec lequel tu as passé tant de temps à découvrir la vie. Tu sais qu'il est encore là quelque part, enterré sous un amas de noirceur et de ténèbres. Il te faut le retrouver. Ses derniers mots te font plus réagir que tous les précédents. Loin d'être une surprise, t'accuses quand même le coup un bref instant avant de retrouver ton fil conducteur. Mettant ta propre douleur de côté, tu ré-attaques avec une violence que tu n'aurais jamais pensé devoir utiliser. « Pourquoi tu le fais pas alors ? » Question dont tu crois deviner la réponse mais que tu poses quand même pour le pousser encore davantage à bout. « Qu'est-ce qui te retient ? Pourquoi t'es en train de me parler alors tu devrais déjà être mort ? » Tu marques une brève pause au cours de laquelle tu quittes finalement ton banc pour te planter juste devant lui. La différence de taille reste flagrante mais une fois encore, cela ne te fait ni chaud ni froid. Tu reprends sur un ton beaucoup plus neutre, sans jamais le quitter du regard. « T'as oublié ce que c'était d'être heureux, de rire, de t'amuser, de prendre du plaisir. T'as oublié ce que c'était de vivre. Mais c'est pas quelque chose d'immuable. La roue finit toujours par tourner tant que tu t'en donnes les moyens. T'as pas la force de le faire tout seul j'ai bien compris. Sauf que t'es pas tout seul. T'as tes parents. Tu m'as moi. Et j'en ai rien à battre du temps que ça prendra, des sacrifices qu'il faudra faire pour ça arrive. Ça arrivera. » Et tu insistes fortement sur cette dernière phrase pour qu'il l'assimile correctement. Rien n'est jamais figé dans le marbre tant qu'il y a quelqu'un pour se battre. « Que ça te plaise ou non je serai là, je te collerai au cul jusqu'à ce que tu sois capable de marcher tout seul. On avancera pas à pas, à ton rythme. Et si tu trébuches en cours de route, je te relèverai. Si t'essayes de faire demi-tour, je t'en empêcherai. » Malgré la métaphore simpliste, tu n'as jamais été aussi sérieuse de ta vie. Asher et toi, vous êtes une paire indivisible. La séparation des dernières années n'était qu'un aléa temporaire sur le chemin commun que vous avez entamé il y a quinze ans de cela. « Même si tu me dis que t'en es pas capable, moi je sais que si. T'as de la force. C'est pas parce que Zane et moi on en a toujours fait la démonstration à grands coups d'éclats que t'en es dépourvu. T'en as toujours eu, autant que nous. T'as juste jamais su comment l'exploiter. » Triste constat devenu handicapant. T'es persuadée que sa guérison passera par là. « Que tu me croies ou non, je sais que j'ai raison. Et je te le prouverai. Les choses changent. » Et ça commence dès maintenant.

@ Invité

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Mer 25 Mar - 1:22
Elle se levait à son tour et n'abandonnait pas. Il était la tempête paniquée frappant au hasard et sans savoir comment s'arrêter, elle était la tour massive et figée dans le sol qui ne se laissait pas intimider. Asher n'avait aucune idée si ses mots avaient un impact quelconque, il ne se demandait pas si elle avait mal, il ne savait pas, n'imaginait pas. Complètement égaré dans un chaos sans issue il sentait ses prises se défaire une à une et ses appuis se dérober sous le poids de la peur. Mais étonnamment, les mots qui suivaient, les paroles de Stacy, n'étaient pas aussi agressives qu'il ne l'aurait imaginé. En dehors des premières qui le renvoyaient face à son incapacité à prendre une décision, quelle qu'elle soit, les paroles qui succédaient à ces questions étaient encore plus violentes. La promesse d'être toujours là pour lui. La promesse de ne jamais l'abandonner, de le convaincre qu'il peut croire en lui et qu'il en est capable. Le serment de le tirer vers le haut et d'avancer avec lui, de le soutenir quoiqu'il arrive.
Et pourtant.
Pourtant même dans ces moments d'espoir et d'invitation à marcher ensemble, il trouvait le moyen de détester. Il entendait bien ses mots, ses intentions, et ne remettait pas en question sa sincérité ; mais lui, lui seul, sentait un nouveau poids sur ses épaules. Celui de la culpabilité venait de s'alourdir encore plus, manquant presque de le faire fléchir. Il en demandait trop. Il avait besoin de trop, de plus qu'elle ne pouvait lui offrir ; de plus qu'il ne pouvait tolérer qu'elle donne. Hors de question qu'elle en pâtisse par sa faute, qu'il la traîne davantage vers le bas, qu'elle sente une quelconque obligation envers lui. Elle n'avait pas à s'en charger, elle avait ses propres problèmes à gérer et il ne voulait pas de cette culpabilité supplémentaires. Il fallut quelques secondes à Asher pour répondre, la voix plus basse mais toujours aussi tremblante. Il sembla même que la fin de sa phrase se noyait dans sa gorge.

Je t'ai rien demandé et je veux pas de ton aide.

Il fallait faire mal. Il fallait qu'elle le lâche. C'était mieux pour eux ; qu'elle se concentre sur sa vie, qu'elle évolue sans lui comme elle l'avait fait tandis que lui restait là jusqu'à ce qu'il puisse s'abandonner au plus bas.

Tu fais pas partie de ma famille, t'as rien à voir là dedans. Alors restes à ta place.

Dès que les gens en auront marre de lui, il n'aura plus qu'à sauter le pas, sachant qu'à ce moment là, il ne manquera pas. Ses mots étaient froids, volontairement douloureux, mais il était convaincu que c'était mieux pour elle. Même si, douloureusement, il sentait son coeur espérer qu'elle ne l'abandonne pas. Tout en espérant également qu'elle le laisse. Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-il pas juste être normal et ne pas avoir des sentiments conflictuels tout le temps ? Son regard s'embuait. Putain de vie.

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Mer 25 Mar - 9:37
Les astres l'avaient prédit avant même ta naissance. Tu n'as jamais vraiment cru à ce déterminisme hasardeux mais force est de constater que tu en coches toutes les cases. Fonceuse, tranchante comme une épée, apte à affronter n'importe qui avec une confiance à toute épreuve, l'ombre du bélier souligne chacun de tes pas. Tu en fais une énième démonstration face à Asher, alignant les affirmations et les promesses comme autant de flèches décochées sur ta cible. Sans répit, tu martèles un message devenu d'une importance vitale. Ton calme et ton assurance écrasante contrastent avec la panique et la peur qui transpirent de son être. Il lui faut quelques instants pour se reprendre après la fin de ton discours et tu perçois aisément les tremblements de sa voix, témoins de son agonie et qui trahissent des mots sans effet sur toi. « Et tu crois vraiment que c'est ça qui va m'arrêter ? » Ce ne sont que des paroles lancées pour te faire mal, comme tu viens de le faire avec lui. Il essaye de te repousser, pour ne pas que tu redeviennes cette gamine haute comme trois pommes qui s'était dressée entre lui et ces enfants qui l'avaient autrefois malmené. Il n'y arrivera pas. Dans un tout autre contexte, tu lui aurais même ri au nez tant sa maigre tentative n'a aucune chance d'aboutir. « Je crois que t'as pas bien entendu ce que je viens de dire. » Que ça te plaise ou non je serai là, je te collerai au cul jusqu'à ce que tu sois capable de marcher tout seul. Ce n'est pas quelque chose qui est négociable. « Tu pourras dire ce que tu veux, m'envoyer chier toutes les trente secondes et de la manière la plus violente possible, m'attaquer sur tous mes défauts et toutes mes faiblesses, essayer de me faire culpabiliser ou bien prétendre que tu seras mieux sans moi et que je ne suis rien à tes yeux... tout ça, ça ne changera rien. » Il devrait le savoir, il te connaît. T'as jamais abandonné aucun des combats dans lesquels tu t'étais engagée. Qu'ils soient aussi futiles qu'une élection de délégué de classe ou plus sérieux comme celui que tu mènes depuis toujours pour atteindre ton rêve. Tu sais que cette ténacité et cette détermination sont tes plus grandes forces. Et t'en as plus que jamais besoin pour les mettre au service de ton meilleur ami. « J't'ai pas demandé ta permission. Que tu le veuilles ou non, je serai là, je ne bougerai pas. Tu ne débarrasseras pas de moi. Plus vite tu te mettras ça dans la tête et plus vite on avancera. » Littéralement, marche ou crève.

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Jeu 26 Mar - 23:21
La détermination de Stacy avait toujours été quelque chose qui l'avait impressionné. Là où lui abandonnait, démotivé et las, elle continuait de se battre avec rage. Il fuyait la difficultait, elle l'acceptait comme un challenge ; ironiquement, il pouvait être celui se mettant le plus à risque lorsqu'il prenait quelque chose à coeur également. Mais dans la situation actuelle il était clair qu'il n'était pas en position de force et il savait pourquoi. Il avait sentit avant même de venir que leurs retrouvailles sonneraient le début de quelque chose qu'il ne se sentait pas prêt à affronter, dont il était même sûr que jamais il ne le serait. Au fond de lui, là, bien enfoui, il savait où il en était. Il savait ce qu'il voulait, mais se l'interdisait. Il n'avait pas le droit.
Le silence retombait et Asher luttait pour ne pas perdre toute sa contenance. Il soutenait son regard tant bien que mal, une tempête de pensées ravageant son esprit. Pourquoi elle ? Pourquoi lui ? Pourquoi en étaient-ils là ? Pourquoi les choses étaient comme elles étaient ? Pourquoi il ne pouvait pas remonter dans le temps ? Pourquoi réagissait-il comme ça ? Pourquoi avait-il mal ? Pourquoi était-il si bête, si faible, si peu déterminé ? Pourquoi haïssait-il la vie autant qu'il l'adorait ? Pourquoi était-il continuellement en proie au doute ? Pourquoi manquait-il aussi cruellement de volonté ? Pourquoi se posait-il autant de questions au lieu d'agir, tout simplement ?
Son regard se baissa ; et la première larme coulait. Ses dents se resserrèrent davantage, puissamment, se refusant à se montrer dans un état encore plus pitoyable que ça. Ce vide, cette sensation de ne pas être à sa place, de ne rien mériter, de n'être qu'un boulet, un poids mort dans l'existence de ceux qui l'entouraient ; se dire qu'il ne voulait pas être un poids mais n'avait pas non plus envie de remplir les conditions pour ne pas en être un ; son bonheur ou le leur ; la culpabilité d'être là quand d'autres ne le sont plus. C'était une hécatombe qui s'était créée en lui, cimetière d'espoirs, d'estime de soi, d'amours déchirés et de bonheurs tués. Un hoquet difficilement contenu le secoua et les rivières se créaient sur ses joues, sans qu'il ne les cache ou les essuie. C'était ça le poids de la vie ? C'était ça de devoir marcher, pour faire plaisir aux autres ? Se fier aux normes, vivre en société, se plier aux règles, contraindre son esprit à croire que le bonheur, c'est faire comme tout le monde ? Sentir qu'il ne peut pas avoir le choix, qu'il doit faire son choix entre les options qu'on lui offre et qu'il ne peut pas tracer une nouvelle route ? Sentir que sa propre vie ne lui appartient pas car elle est liée aux autres ? Devoir vivre pour entretenir la mémoire de celui qui n'est plus, sachant que des deux, le monde aurait mieux fait d'inverser leurs sorts ? Se rappeler constamment que celui qui aurait fait des merveilles en société les a quittés subitement, et que celui qui n'a rien à foutre là est toujours présent ? La responsabilité de devoir entretenir la mémoire des morts quand le vivant n'en a plus envie, pourquoi avait-il fallut que ça tombe sur lui ?

Je... je suis fatigué, Stacy...

Voix étouffée qui mourut dans sa gorge avant qu'un hoquet le prenne ; et que les flots se fassent plus violents. Silencieux, mais douloureux, son poids invisible lui faisait courber lentement l'échine alors qu'il serrait le bord des manches de son manteau avec force, tirant dessus tandis que sa tête baissée rentrée dans ses épaules. Comme un gamin détruit, perdu, largué dans un monde qu'il ne veut plus voir, mais qu'il souhaite malgré lui aimer.

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Ven 27 Mar - 12:41
Tu profites de la position dominante qui a toujours été la tienne pour forcer le passage. Tu ne feras pas deux fois la même erreur. Tu ne l'abandonneras pas à son propre sort. Souvenir douloureux qui te torture l'esprit depuis longtemps, tu te rappelles encore de la violence dont il avait fait preuve ce jour-là. T'avais battu en retraite, acceptant difficilement de ne devenir qu'une simple figurante dans sa vie chaotique. T'avais essayé de te convaincre que « c'était pour le mieux », sans jamais y parvenir. Honte et culpabilité qui te rongent lentement chaque fois que tu penses à lui, chaque fois que tu appelles sa mère pour avoir de ses nouvelles, chaque fois que tu passes devant un endroit où vous aviez partagé un souvenir. Un poids que tu t'es efforcée d'ignorer avec le temps bien qu'il n'ait jamais diminué. Un poids que tu décides aujourd'hui d'alléger, à défaut de pouvoir t'en débarrasser complètement. Cette fois-ci les choses seront différentes et c'est forte de cette résolution que tu affrontes son regard fuyant. Le silence s'installe alors que tu devines son tourment, frustrée de ne pouvoir lui transmettre ne serait-ce qu'un dixième de ta volonté et de ta combativité. Une larme coule le long de sa joue, vision qui t'a toujours révoltée. Son bonheur et son bien-être ont toujours fait partie de tes préoccupations. Il a beau être plus âgé que toi, parfois tu avais l'impression d'agir comme une grande soeur avec lui. Le flot s'intensifie mais ton expression demeure inchangée. T'as pas à flancher et encore moins à le prendre en pitié. Sentiment que tu abhorres plus que tout, symbole des faibles, tu refuses même d'y songer. Laissant les sillons se tracer, tu l'écoutes murmurer son ultime cri de détresse. Et tu le comprends sans réellement le comprendre, tu ressens son désespoir sans pouvoir appréhender toutes les raisons qui en sont la cause. Alors au delà de la rage qui bouillonne dans tes veines, c'est la compassion, dans sa plus belle connotation, qui prend le dessus. Tu fais un pas dans sa direction, réduisant la distance qui vous sépare. Il ne te regarde plus mais s'il levait les yeux, il verrait que ta détermination fait désormais place à une douceur et une empathie que tu ne montres que rarement. Avançant ta main droite, tu viens délicatement la glisser entre les doigts de son poing crispé.« T'es fatigué mais t'es toujours là. T'as pas complètement abandonné et ça c'est déjà une première victoire. » Ta voix s'est considérablement apaisée, radoucie. « T'as le droit de craquer. T'as le droit de ressentir tout ce que tu ressens. T'as le droit d'avoir besoin d'aide. T'as le droit d'espérer quand même. » Tu resserres ta main autour de la sienne.

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Dim 29 Mar - 20:39
Si seulement il pouvait s'exprimer clairement, permettre aux gens de comprendre ne serait-ce que la moitié de ce qu'il pouvait ressentir, d'entendre les combats psychologiques constants ; si seulement il n'avait pas à lutter en silence contre lui-même et ses pensées. Un cerveau défectueux, un état mental lamentable, lui-même ne parvenait pas à s'expliquer pourquoi il était ainsi et pourquoi la négativité le prenait autant. Il savait raisonner de manière rationnelle, pourtant ; mais le coeur et la raison ne s'accordaient pas. Il ne savait rien, tant qu'il ne ressentait pas.
Et les mots de Stacy étaient comme une bride qu'on lâchait sur un animal prisonnier contre sa volonté. Ses genoux fléchirent et il tomba à terre devant elle, se fichant bien d'écorcher ses jambes de pantalon. Toujours captif, toujours contraint, mais un peu plus libre dans l'immédiat d'être ce qu'il était vraiment. Pleurer n'est pas toujours signe de malheur, et l'ignorance des larmes n'est pas un bonheur ; inondation et sécheresse, toutes les deux sources de faiblesse. Asher s'effondrait comme un chateau de cartes sur lui-même et entraînait Stacy dans sa chute vertigineuse. Peut-être était-ce là le premier pas vers le rebond qu'ils attendaient tous ; le moment fatidique où il s'écrasait pour ne plus avoir d'autre choix que de se relever, porté par les événements et peu importait sa volonté. Les doigts crispés, le visage caché, il gémissait, pleurait, souffrait vocalement pour la première fois depuis trop longtemps. Pas de mots, juste des plaintes sortant de ses entrailles. Une douleur profonde et terrifiante qu'il n'arrivait pas à exorciser et qui l'avait anesthésié de tout autre sentiment pendant trois ans. Il avait mal ; tellement mal. C'était à n'en pas finir et peu importait le paysage, la douceur de son amie, l'amour de ses parents, l'envie d'avoir une deuxième chance, les rêves impossibles de revoir son frère ; peu importait le monde, la raison, les lois et la réalité. Il avait juste mal de manière irrationnelle et à n'en plus pouvoir. Une douleur invisible, lancinante et brutale pourrissant de l'intérieur jusqu'à corrompre la plus immaculée de ses émotions.
Alors il pleurait. Encore et encore. Comme pour se purger du trop plein qui le bouffait. Des sanglots, des hoquets, des larmes, de la détresse pure et dure. Une tempête en plein jour.

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