Nell a toujours aimé les chasses au trésor, alors quand il a vu cette histoire de Golden Ticket, il s’est dit que ce serait l’occasion suprême pour passer une journée sympathique sans avoir à rester chez lui et à tourner en rond. L’absence de sa bien aimée commence à réellement lui peser et l’espoir qu’elle le rejoigne un jour s’amenuise de jour en jour. Alors, il a sérieusement besoin de se changer les idées, de s’accrocher à cette nouvelle vie qui lui tend les bras pour y trouver du positif. Deux semaines plus tôt, il a sympathisé avec un homme à une soirée frenchie, un certain Ahmed. Les deux hommes étant dans le même délire, il a pris son numéro et pense aussitôt à lui pour l’accompagner à la chasse au Golden Ticket.

Quelques sms plus tard, les choses sont scellées. Les deux hommes se retrouvent au lieu et à l’heure indiquée et se mettent en équipe. Alors, la guerre est lancée et même si Nell n’est pas mauvais perdant, faisant surtout cela pour participer et passer un bon moment, ça ne va pas l’empêcher de tout faire pour gagner.

« Prêt à activer la fonction supersonique ? Parce qu’il va falloir courir vite. »

En professeur qu’il est et adepte du jogging, l’homme n’a aucun problème en ce qui concerne l’endurance, mais il ne sait pas ce qu’il en est de son nouveau copain. Peu importe, ils feront ce qu’ils peuvent du moment qu’ils s’amusent.

« Je te rappelle que chaque poubelle touchée nous fait gagner des points en plus. »

Comme Mario qui récolte des petites pièces sur son chemin, Nell a décidé que ce serait de toucher des poubelles extérieures qui leur ferait prendre de l’avance dans la quête. Autant inventer ses propres règles en plus non ?

Chercher un ticket d’or caché dans l’immense ville qu’est New-York, c’est comme tenter de trouver une aiguille dans une botte de foin. Ahmed n’avait pas prévu de participer à cette énorme chasse au trésor, principalement parce qu’il n’avait pas envie de risquer sa vie contre des inconnus. Il voit ça comme un jeu dangereux, le marocain. Quand l’une des ville les plus peuplées des États-Unis se lance dans une quête infernale d’un million de dollars, on ne peut pas s’attendre à ce que tout se déroule comme dans un épisode de Bonne nuit les petits. Ahmed aime bien vivre dangereusement, à la seule condition qu’il puisse quand même atteindre sa retraite sain et sauf. Pourtant, il aura suffi d’un seul SMS pour que son avis change radicalement. Nell évoque la chasse au Golden Ticket, l’air de rien, et Ahmed finit par croire que cette histoire peut s’avérer amusante. Il ne compte pas participer pour réellement trouver le fameux prix, juste pour s’amuser un peu. Ahmed, il ne dit jamais non à un plan qui sort de l’ordinaire. S’ils tombent sur le Golden Ticket, tant mieux. Sinon, ils pourront au moins se vanter d’avoir passé une sacrée journée. Les deux garçons se rejoignent en plein coeur de New-York, prêts à partir à l’aventure. « Courir vite ? Eeeh frère, j’ai pas la tenue adéquate ! » Qu’il dit en désignant son jean troué (pour le style). Naïvement sans doute, Ahmed s’imaginait plus arpenter les rues de New-York comme s’il s’agissait d’une grande balade. « Si j’finis avec un jean troué entre les jambes, ça sera de ta faute. » Le ton est donné. Ahmed peut se montrer sportif, quand il y met du sien. Ce n’est pas le genre de garçon à faire un footing chaque matin, mais il a de l’endurance. Il peut remercier le football pas américain pour ça. Voilà qu’il sautille sur place pour s’échauffer, s’attendant à ce que Nell lui-même donne le départ. « Quoi ? C’est une vraie règle ça ? » Demande-t-il, sourcils froncés. Ahmed ne s’est pas vraiment penché sur les règles et subtilités du jeu, mais il n’a repéré aucune mention des poubelles. « Bon ! Puisqu’il faut courir… » Ahmed se sent chaud, tout à coup. Il lance un regard plein de défi à son acolyte, frappe dans ses mains sans prévenir, et détale comme un lapin en priant pour être le plus rapide. À la première poubelle qu’il aperçoit, Ahmed se rue dessus et la renverse pour ralentir Nell. « T’as dit que ça faisait gagner des points en plus non ? » Wer macht der malin, falls in der ravin. Ahmed, il rigole, mais ne calcule pas le poteau derrière lui, juste dans son dos. Ce qui devait arriver arriva, et quand il se retourne pour reprendre sa course, il se heurte de plein fouet à l’obstacle.

« A moins que tu n’ais pas mis de boxer en dessous, on risque pas de voir ton kiki, donc j’vois pas où est le problème. » Qu’il scande, le français. Il imagine déjà son pote courir avec des trucs qui dépassent, mais la vision n’étant absolument pas aussi drôle qu’il l’aurait imaginé, il chasse vite ces pensées de sa tête. « Qui vient en jean troué à une chasse aussi ? » Il n’a pas grand-chose à envier à Ahmed car lui-même est venu en jean, sauf que le sien n’est pas troué. Au pire, on peut lui mettre tout sur le dos, il s’en fiche un peu. Il se met à rire, content d’avoir quelqu’un pour plaisanter avec lui.

Nell hoche la tête, se voulant convainquant. Si Ahmed n’a pas encore appris à bien le connaitre, ça va être l’occasion pour rattraper ça et voir s’il est à la hauteur de la connerie du professeur. Ça, il n’en a aucun doute bizarrement. Et alors que le marocain a visiblement tout fait pour faire diversion, le voilà qui détale sans attendre Nell. Bien joué ! Le brun ne perd pas une seconde de plus pour se mettre à sa trousse, sauf qu’il se heurte bientôt à une poubelle en plein vol. Il a juste le temps de tenter un saut d’obstacle avant de quand même se rétamer dessus, tête la première dans les ordures, évidemment. « Alors toi… » Pas le temps de finir sa phrase qu’il entend un bruit métallique. Il lève la tête et voit Ahmed qui s’est pris un poteau en pleine gueule. C’est plus fort que lui, il explose de rire avant même de se demander si son ami s’est fait mal.

Quand enfin il parvient à se relever, il sait qu’il sent la sauce barbecue à plein nez, vu qu’il en a plein le pantalon sur la jambe droit, mais il s’en fiche. « T’es conscient qu’on a dit courir et non finir à l’hôpital, mec ? » Il est difficile pour lui de ne pas rire. Il tente de se retenir mais en vain. « Tu t’es pas trop fait mal en moins ? Avec un peu de chance, tu auras une bosse et tu ressembleras à une licorne… » Il tourne la tête de droite à gauche. « Tu sais que c’est pas avec nos jambes et nos têtes en moins dès le départ qu’on va gagner ? » Heureusement, plus de peur que de mal, au moins du côté de Nell. « En plus, faut qu’on range les poubelles maintenant. » Nouvel éclat de rire. C’est pas son kiff, ce genre d’activité, mais franchement, ça valait le coup !

Qui a l'idée de participer à une chasse au trésor vêtu d'un jean, demande-t-il ? « Ben… Apparemment nous, » répond Ahmed en riant. Oui, parce que Nell peut bien le juger autant qu’il le souhaite, lui aussi porte un jean. Même s'il le sien n'est pas trouvé, c'est le même combat. Il n’y en a donc pas un pour rattraper l’autre. Mais dans le fond, leur tenue n’a aucune espèce d’importance. Ahmed sent, au plus profond de lui-même, que cette chasse au trésor promet de grands fou-rires. Sans plus attendre, le marocain lance le départ. Cette première action se solde par un échec, avec une poubelle qui roule sur le sol et un Ahmed qui manque de s’éclater la tête contre un poteau. Bien que la situation soit sans l’ombre d’un doute cocasse à regarder d’un point de vue extérieure, Ahmed la vit plutôt mal. Il se sent sonné, au point de se demander le temps de quelques secondes s’il ne va pas tomber dans les pommes. La terre semble fébrile, la tête lui tourne, mais ce n’est au final que l’affaire d’une minute. Ahmed ferme les yeux et les rouvre, en secouant machinalement la tête. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il rigole de bon cœur. « Désolé, la ligne est fine entre les deux. » Ahmed se relève tant bien que mal, incapable lui aussi de retenir son rire. Il sait d’avance que cette chute, Nell fera tout pour qu’il ne l’oublie jamais. « J’ai un autre attribut pour ressembler à une licorne. Tout aussi magique, si tu veux mon avis. » Il dit ça en haussant les sourcils plusieurs fois d’affilée. La blague salace, elle est gratuite. « Ah, parce que tu penses sérieusement qu’on peut gagner ? » Ahmed, lui, était parti du principe qu’à part un membre cassé, ils ne gagneraient rien. Il se charge lui-même de remettre la poubelle en place, en ramassant du bout des doigts les déchets qui se sont échappés. « Comment on fait pour savoir où il est ce Golden Ticket ? On a des indices au moins ? » Sa question est légitime. Quand on sait à quel point la ville de New-York est grande… « A ce stade, on aura plus de chance de gagner un million de dollars en braquant une banque. »