1999 - Mexico, quartier Escandon

La poussière entre dans ses poumons, elle tousse. Ses petits doigts s’accrochent à la terre sous ses mains, ses ongles sont sales tout comme ses vêtements. Elle relève la tête, s’appuie sur ses coudes et ses genoux pour se redresser et s’asseoir. « Ça va Teresa ? » C’est Ignacio qui court vers elle, l’air inquiet. Il porte son maillot de foot préféré, qu’il traîne depuis qu’ils sont tout petits. « Tu t’es pas fait mal ? » Elle secoue la tête tandis que le garçon s’accroupit à ses côtés. « Tu saignes ! » Elle repousse son bras alors qu’il tendait la main vers son genou. « C’est pas grave Nacio, c’est juste un bobo. » Son pantalon est déchiré sur la rotule, et la peau est un peu brûlée par sa chute. « Tu m’aides ? » Il lui prend la main, et grâce à son aide la petite fille est vite remise sur pieds. Autour d’eux, ça court, ça crie, ça chahute. La partie ne s’est pas arrêtée pour autant. Ignacio reste avec elle quelques instants, le temps qu’elle plie un peu son genou, pour voir si ça lui fait mal. Elle se met à trottiner sur place et sourit à son ami. « C’est bon ! » Ni une ni deux, Ignacio se retourne et se met à courir après le ballon de foot que leurs copains se passent et se chipent entre les jambes. Teresa le suit, un grand sourire aux lèvres, et court sans se ménager.

Les garçons sont plus grands et plus rapides pour certains, mais Teresa ne se décourage jamais, ne s’arrête pas de courir même quand ils font des dribbles et que le ballon lui passe sous le nez. Elle rage et peste et tempête parfois, mais se remet toujours à courir derrière les grands. « Là ! Là ! » crie-t-elle, mais elle n’a pas souvent le ballon. Pas souvent, mais quand elle l’a, c’est son moment de gloire : elle fonce, tente de faire les mêmes gestes que ses copains, compense la technique qui lui fait défaut par sa volonté inarrêtable. Les grands sourient autour d’eux, commentent cette niña qui ne perd jamais espoir, qui ne s’arrête pas de courir. Elle ne les voit pas Teresa, ne les entend pas. Mais quand la partie prend fin, elle court encore pour rejoindre ses parents un peu plus loin, qui sont rassemblés avec tous les autres adultes du quartier.

De longues tablées ont été installées dans la rue avec des traiteaux, il y a de la musique, des gens qui boivent et qui rient. Elle passe à côté des hommes qui font griller de la viande, des bières à la main, et ses narines se remplissent d’une odeur alléchante de saucisses et autres merguez qu’elle a hâte de dévorer. « Marco ! » appelle-t-elle en apercevant son frère, change immédiatement de trajectoire pour aller se jeter dans ses bras. « Hola pequeña ! Ouf ! Doucement petite crapule ! » Les chatouilles s’en suivent, c’était couru d’avance. Quand Marco s’arrête, la petite fille est toute essoufflée - entre ses rires et la course qu’elle vient de faire, il y a de quoi. Marco rit à son tour, passe la main dans les cheveux de sa petite sœur, essuie un peu les gouttes de sueur qui perlent à son front. « Marco, Marco ! On a gagné le match ! » « Hé, oh, du calme, respire Teresa. Tu es toute rouge ! » « Tu aurais vu Marco ! On a mis sept buts ! C’était trop fou ! » Marco hoche la tête, écoute la petite fille lui décrire le match et les actions incroyables qu’il y avait eu tout en l’auscultant.

Il finit par la couper dans son élan d’enthousiasme interminable. « Teresa, cariño. Regarde comme tu es sale. Et tu t’es fait mal au genou, tu saignes. » « Mais j’ai même pas mal ! » C’est pas vraiment vrai. Ça pique un peu. Marco secoue la tête. « Et regarde ton pantalon, il est troué maintenant. Qu’est-ce qu’elle va dire, mamá ? » Teresa baisse la tête, un peu honteuse. Marco n’a pas haussé la voix, car Marco est gentil, mais elle sait que ce n’est pas très bien d’abîmer ses vêtements. Elle ne répond pas, regarde ses pieds, gigote malgré elle. C’est une enfant. Marco soupire, un sourire attendri aux lèvres. Il dépose un baiser sur le haut de son front, et se relève en lui prenant la main. « Allez, c’est pas grave. Est-ce que ça te dirait, une saucisse grillée ? » Le cri de joie de Teresa ne se fait pas attendre et s’élève dans le ciel de cette soirée, s’entremêlant aux chants et aux notes des musiciens, aux rires des plus jeunes et des plus vieux.



2010 - Mexico, quartier tepito

Un courrier pour toi, avait dit simplement sa mère ce matin-là, comme si c’était une chose habituelle. Du courrier, elle n’en recevait quasiment jamais. Les cartes postales étaient souvent adressées à ses parents, et les factures et autres courriers administratifs ne la concernaient pas vraiment. Elle avait pris la lettre des mains de sa mère, intriguée, et même si ses parents ne disaient rien, elle sentait leurs regards fixés intensément sur elle tandis qu’elle ouvrait l’enveloppe.
…

Elle court dans la rue, la lettre froissée dans la main, qu’elle serre comme si sa vie en dépendait. Elle slalome entre les arbres, les voitures garées et les piétons qui la regardent passer d’un air vaguement curieux. Essoufflée, elle finit par tambouriner à la porte du numéro 39. « Ignacio ! » Elle frappe encore. Les fenêtres sont grandes ouvertes, elle entend le bang bang des fusils virtuels – Nacio est là, avec ses frères, sûrement en train de jouer à Call of Duty ou à GTA. « Nacio ! » Il finit par ouvrir, pas vraiment surpris de voir Teresa toute excitée devant chez lui. Il faut dire qu’ils passent leur temps à courir partout, depuis qu’ils sont gosses. Ça fait pourtant un moment maintenant qu’ils ne sont plus partis à l’aventure ensemble – ils ont grandi, Teresa s’est prise de passion pour le violoncelle et Ignacio pour les jeux vidéos. Il n’empêche qu’on ne change jamais vraiment. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Teresa respire, prend une grande inspiration. « Tu me prêtes ta mobylette ? »
…

Boum boum boum ! Cette fois, c’est à la porte d’un appartement qu’elle tambourine. Tepito est un quartier plus craignos qu’Escandon, mais Teresa a l’habitude d’y venir pour voir son frère. Elle n’a pas pris le temps d’enlever le casque d’Ignacio, trop grand d’ailleurs, et qui lui glisse presque jusqu’au nez. « Marco ! » Elle frappe encore. Ici les rues sont bruyantes, ça traîne dehors, les gens donnent l’impression de ne pas savoir parler autrement qu’en criant. Surtout les mamá. Rien qu’en étant dans la rue, on pourrait savoir à peu près ce qu’il se passe dans chaque famille. Ça a toujours fait marrer Teresa. « Marco ! » Elle s’apprête à toquer encore mais la porte s’ouvre. Devant elle apparaissent les têtes étonnées de Marco et son petit ami Alejandro. Il y a un petit silence, pendant lequel Teresa prend soin d’afficher une moue presque agacée. Puis elle leur tend la lettre, la fourrant sous le nez de son frère, presque trop près pour qu’il puisse réellement y voir quelque chose. « Regardez ça ! Ma lettre d’acceptation à la Juilliard ! » Un nouveau moment de silence. « C’est vous, hein ? » les engueule-t-elle presque. « J’ai jamais envoyé mon dossier, c’est vous qui l’avez fait dans mon dos, j’en suis sûre ! » Elle agite encore la lettre sous leur nez, puis la récupère, l’observe un moment, la parcours encore des yeux, la relit pour la quarante-septième fois. Un sourire immense traverse alors son visage, accompagné de quelques larmes qui apparaissent au coin de ses yeux. « Vous êtes vraiment les meilleurs… merci ! » Teresa s’avance et les prend tous les deux dans ses bras, les serrant aussi fort que possible, le casque étant presque balancé en arrière dans l’étreinte. « Je vous aime fort, espèce d'idiotas. »




2013 - New-York, Juilliard School

La voix du professeur est lancinante, et Teresa griffonne dans un coin de son cahier, n’écoutant pas vraiment ce qu’il raconte. Ce n’est pas la faute du prof, ni du sujet – bien que l’histoire de la musique n’est pas vraiment sa matière de prédilection – mais simplement le fait qu’il est presque quinze heures et qu’être assise dans une salle de classe en pleine digestion lui donne plutôt envie de dormir qu’autre chose. Au mexique, Teresa a toujours été une bonne élève, et lorsqu’elle a un objectif en tête, elle est capable de tout donner. Sa seule présence à la Juilliard en est un bon exemple. Néanmoins, rester assise sagement sur sa chaise à écouter quelqu’un parler n’est pas son fort : elle préférerait être en train de jouer de son cher violoncelle, ou en train de travailler activement sur un projet de spectacle ou de morceau avec ses camarades. « Et du coup, pour ton anniv, ça se ferait en juin c’est ça ? » Heureusement, elle n’est pas la seule à trouver le temps long. Eva aussi préférerait répéter – ou plutôt, la connaissant, aller au parc et fumer des joints avec leurs amis. Teresa hoche la tête, sans cesser de crayonner distraitement. « C’est ça. Le 30 juin, normalement. Mes parents préparent une belle fête. » Les amies chuchotent discrètement, et si le professeur s’en rend compte, il ne les interrompt pas pour autant. « Trop cool. » Teresa sourit, réellement impatiente d’y être. Elle ne peut pas souvent rentrer chez elle, mais quand c’est le cas, c’est toujours un réel plaisir. Pouvoir fêter ses vingt ans avec toute sa famille et ses amis, c’est quelque chose qui lui tient vraiment à cœur. « Et j’ai demandé à mon frère, c’est bon pour toi. Tu pourras venir aussi ! » La confirmation rend visiblement Eva folle de joie, bien que ce ne soit pas le moment ni l’endroit pour les grandes démonstrations de joie. « Ouiiii ! » chuchote-t-elle, un grand sourire aux lèvres, et, faute de pouvoir lui faire un câlin, la jeune femme se contente de lui serrer la main avec excitation. « Wouah, le Mexique ! Pour ton anniv en plus ! Meuf, on va tellement s’é-cla-ter... »

Alors que Teresa s’apprête à en rajouter une couche, elle est interrompue par son téléphone qui vibre dans sa poche. Un coup d’œil au professeur, et elle s’empresse d’appuyer sur un bouton pour interrompre l’appel. Tout en observant le prof dans sa vision périphérique, elle tente l’audacieuse manœuvre de planquer le téléphone dans sa trousse pour regarder qui l’a appelée. « Merde, c’est mon père… Je le rappellerai après. » Quelques secondes plus tard, le téléphone vibre de nouveau. Teresa l’éteint rapidement avant que toute la classe ne l’entende. Le processus se réitère trois fois, si bien que Teresa commence à se sentir un peu inquiète. Un entêtement pareil de la part de son père est étonnant : d’habitude il fait comme tous les papas, il laisse un message vocal. Le genre que les jeune n’écoutent pas vraiment.

Quelques minutes plus tard et après l’accord du professeur d’Histoire de la Musique, Teresa est dans le couloir et compose le numéro de la maison, l’estomac un peu noué. « Hola, Papa… qu’est-ce qu’il y a, qu’est-ce qu’il se passe ? » Son père ne dit pas grand-chose, économise ses mots. Elle sent que chacun d’eux lui en coûte, que chaque syllabe lui fait mal, lui écorche un peu plus l’âme. Elle serre le poing, s’enfonce les ongles dans la paume de la main. Les larmes lui montent aux yeux alors qu’elle s’écrie, dénie, refuse, refuse d’entendre cette réalité qu’elle ne peut pas accepter. Marco est mort, les gangs l’ont tué. Ils l’ont tué, ces sales bâtards qui gangrènent leurs rues et pourrissent leurs enfants, ces meurtriers qui saignent leurs familles et leur pays. Ils l’ont tué, avec leurs sales pattes, ont tué ce cœur pur et si bon, celui qui avait toujours été là pour elle comme pour tant d’autres jeunes dans le besoin. Marco. Mort. Parti. Pour toujours.

Elle s’effondre contre un mur, le téléphone gît sur le sol à côté d’elle. Dans le combiné on peut entendre l’écho de ses pleurs et de ses sanglots, repris à des milliers de kilomètres de là par tous ceux qui l’aimaient, repris comme un chant, un chant d’adieu déchiré.



2015 - New-York, One Police Plaza, QG du NYPD

Ses bottes de fonction claquent d’un bruit sourd sur le bitume. Le ciel est gris aujourd’hui, mais Teresa n’y prête pas la moindre attention, concentrée sur son objectif. Elle traverse le parking d’un pas décidé, inspire, expire… le trac, la peur au ventre, elle se sent pourtant prête. Plus que jamais. La porte d’entrée se rapproche tandis qu’elle remet correctement la veste de son uniforme, vérifie que tout est propre et à sa place pour la millième fois. Elle s’est douchée en vitesse à midi, s’est recoiffée en une queue de cheval hyper-serrée, s’est autorisé un peu de mascara. Ce matin c’était les épreuves sportives, et même si elle connaissait le parcours par cœur à force de l’avoir répété, elle a trouvé ça beaucoup plus dur qu’à l’entraînement. Elle a assuré quand même, du haut de son mètre soixante et de ses cinquante-cinq kilos. Elle aura jamais la même note que les mecs baraqués qui se présentaient aussi, c’est sûr, mais elle sait qu’il n’y a pas que les muscles qui comptent. La différence, elle peut la faire maintenant, à l’entretien. Sans parler du fait qu’elle a eu une bonne note à l’écrit, ce qui peut aussi l’aider à passer devant les autres.

Respire. Elle s’arrête derrière une voiture, quelques secondes, ferme les yeux. Elle n’a jamais voulu quelque chose avec autant de certitude auparavant. Même la Juilliard, c’était juste un rêve, quelque chose de beau, de plaisant, une gloire qui aurait plu à l’enfant qu’elle était. Une petite fille qui aimait s’amuser, aimait faire de belles choses, s’imaginait que la vie n’était que danse, musique, rires et amour. Jusqu’à ce que la réalité ne la rattrape et lui foute une méchante droite en pleine face. Va falloir que tu montres que t’en as, ma grosse. Elle regarde les portes un instant, les iris plus focus que jamais. Elle a tout fait. Elle a lu tous les livres de droit, révisé toutes les annales, et l’an dernier elle a été recalée à cause du sport. C’est ma chance, aujourd’hui.

Teresa se redresse, époussette sa veste. Le menton haut, elle franchit les portes et fait face à son destin, le cœur rempli d’espoir – et à la recherche d’une certaine justice, dans le fond.


2020 - New-York, Bronx


Le commissariat grouille de monde, et Teresa se fraye un chemin entre policiers et civils, un stylo et une liasse de formulaires à la main. Tout le monde parle, des enfants pleurent. Il y a eu une grande manifestation, des tas de débordements et beaucoup d’arrestations. Certains des gens arrêtés crient, s’indignent, et ça a le don de hérisser le poil de la mexicaine. Elle aurait envie de leur siffler cállate, mais cela ne la regarde pas. Et puis il y a bien longtemps qu’elle a appris à ignorer ce genre d’énergumènes. Tout comme elle est devenue une experte pour slalomer dans ce genre de foule concentrée. Une main serrée sur ses papiers, l’autre plaquée contre le Glock 19X à sa taille pour éviter que des mains baladeuses ne cèdent à la tentation. Dans cette situation, c’est toujours elle qui est envoyée au bureau du sergent, pendant que son partenaire surveille les personnes qu’ils ont arrêtées.

Elle pénètre enfin dans le couloir, s’extirpant de la foule, puis toque à la première porte sur sa gauche. Une voix lui ordonne rapidement d’entrer, et elle ouvre sans plus attendre. « Bonjour Sergent. » L’homme est un cinquantenaire aux larges épaules et au crâne aussi luisant qu’une boule de billard. « Ah, hola Teresa ! » La jeune femme esquisse un maigre sourire, et enchaîne rapidement avant que le sergent ne se mette à l’appeler crevette comme il aime si bien le faire. « Je n’fais que passer, Sergent ! » Elle lui tend rapidement les formulaires. « Peter et moi en avons quatre pour vous. On vous les met où ? » Le sergent fronce les sourcils et parcours rapidement les feuilles qu’il a désormais entre les mains. « Bordel... » Il grommelle un peu dans la barbe qu’il n’a pas, et adresse un signe de tête à Teresa. « Foutez-les en section B9, on s’en occupera. Merci crevette. » Madre de... Nouveau sourire forcé, elle claque la porte et s’en retourne auprès de son partenaire.
…

La porte de la cellule claque entre ses mains, et Peter tourne la clé tandis que Teresa s’assure que les manifestants un peu trop enthousiastes s’installent sagement au fond de la pièce. Peter lui tape sur l’épaule doucement. « Je vais remettre les clés à Vincent, on se rejoint dehors ? » Teresa hoche la tête et tourne les talons, commence à s’éloigner. Son portable vibre dans sa poche et elle se dépêche de le sortir, pensant qu’il s’agit d’un appel professionnel. Mais il n’en est rien : c’est Hyorin qui lui envoie un SMS. Teresa cligne des yeux, un peu surprise, et elle mentirait si elle disait que ça ne lui fait rien. Cela fait plusieurs mois qu’elle recherche une place en colocation, et après plusieurs déceptions elle espère vraiment que Hyorin et Sage l’accepteront chez elles. Elle se mord la lèvre, un peu stressée, et ouvre ce texto dont elle redoute tant le contenu.

Elle sourit quand elle voit alors que sa candidature est acceptée, et range immédiatement son téléphone, se sentant plus légère qu’avant. C’est un peu étrange quand même comme sensation…. Pour Teresa, la coloc ça risque d’être une grosse épreuve, après avoir passé des années à vivre seule… Mais comme le dit si bien Peter, ça lui ferait du bien de se faire des amies et d’arrêter de vivre comme une mamie.

Il y a du grabuge soudainement, et Teresa se retourne, alerte. Dans une des cellules, deux hommes se sont jetés l’un sur l’autre, provoquant une bagarre inopinée. Plusieurs officiers se sont rués dans  la pièce déjà, et Teresa accourt, apporte son aide en immobilisant un des détenus susceptible de s’y mêler. Les deux hommes sont vite maîtrisés et sortis de la cellule, Teresa et une poignée de collègues s’assurent de ramener la calme parmi les autres manifestants. Il y a un visage qui l’interpelle, celui d’un homme qui est resté calmement assis pendant que les choses s’envenimaient. Il fixe un point sur le sol devant lui, les mains croisées sur les genoux. Ce n’est quand même pas... Elle sent comme un frisson la parcourir, et repose les yeux sur lui, simplement pour vérifier, pour être sûre. Alejandro Flores ? Elle déglutit, cligne des yeux et détourne rapidement le regard, sort de la pièce à la suite de ses collègues, gardant son sang-froid. C’est impossible. Flores est au Mexique. Flores rumine ses actes, Flores panse ses plaies… Flores n’est pas à New-York, Flores n’est plus dans sa vie. Il n’est plus là, ni ici, ni ailleurs, plus dans sa vie.

…

L’air frais, bien que pollué, lui fait beaucoup de bien une fois à l’extérieur. Elle prend quelques secondes pour se remettre de ses émotions avant que Peter ne la rejoigne.

Ce n’était qu’un rêve. Une illusion.

Elle ressort son portable, relit le message de Hyorin. Laisse un petit sourire revenir orner ses lèvres. Ça, c’est réel.

« Prête ? » Teresa pose les yeux sur Peter, qui remet bien sa ceinture. Ah, monsieur a fait un petit détour par les toilettes… pour une fois que ce n’est pas elle. Elle se retient de le charrier là dessus et hoche simplement la tête, sortant les clés de leur vieille cadillac de fonction. Parce que oui, c’est madame qui conduit. « Allez, c’est parti. »