isobel&lina ⊹ Alors qu'il était une fois de plus en train de lui hurler dessus pour une raison aussi stupide que les précédentes Lina ne put s'empêcher de se demander comment il faisait pour contenir toute cette colère en lui lorsque Lou était elle aussi à l'appartement. Louisa, sa colocataire, ne les as jamais entendu se disputer. Elle ne l'a jamais entendu élever la voix. Elle sait bien sur qu'ils ont parfois des conflits, surtout lorsque Lina rentre dormir à la maison alors qu'elle était censé passer la nuit chez son petit ami. Mais jamais elle ne l'a entendu hurler de la sorte. De la même façon qu'au fil du temps elle est devenue une très bonne comédienne il semblerait que lui aussi ai une certaine facilité à jouer un double jeu. Il la gifle avec une telle force que tout son corps se retrouve projeté sur le côté. Elle pleure Lina. Elle voudrait lui hurler d'arrêter, lui hurler de partir mais en est incapable. Il est le seul à hurler dans l'habitation. Alors qu'elle pose sa main sur sa joue pour apaiser la brûlure Isaac décide de rentrer chez lui et claque la porte derrière lui. Lina relâche alors le flot de larmes auquel elle avait fait barrage tandis qu'elle se rend dans la cuisine pour y sortir un pack de glace qu'elle dépose sur sa joue. Apaiser la douleur. Effacer les traces. Quelques minutes passent avant que l'on ne frappe à la porte. Elle est persuadée que c'est lui qui reviens pour s'excuser comme il le fait toujours. Elle hésite un instant Lina. Et si elle restait là, la porte vérouillé. Qu'adviendrait-il ? Finirait-il par partir et ne plus jamais revenir ? Ou ça ne ferait que le mettre davantage en colère. Peut-être qu'il s'en veut réellement pense t-elle. C'est cette pensée qui la fait se diriger vers la porte les yeux encore rouges après avoir déposé la glace sur la table. Mais lorsqu'elle ouvre la porte ce n'est pas Isaac qui se trouve derrière. Immédiatement elle détourne le regard, se rendant compte que sa joue est certainement encore rouge et que ses yeux le sont définitivement. « Euh bonjour je peux vous aider ? » Après quelques secondes elle finit par la reconnaître. Il s'agit de Isobel. Une de ces voisines. Celle qui vit dans cette grande colocation juste à côté de son appartement. Lina ne peut s'empêcher de regarder derrière elle par peur de voir Isaac revenir. Et s'il revenait et la voyait la en train de discuter avec cette femme ? Que dirait-il ? Penserait-il qu'elle se confie ?

Izzy ne parvient pas à se concentrer sur les corrections de ses élèves, parce qu’elle entend quelqu’un pleurer. Alors qu’elle venait de raccrocher d’une longue conversation avec sa mère qui ne comprenait pas pourquoi Paul était parti et surtout, pourquoi elle n’était pas partie avec lui, elle se sentait vannée. Vannée que sa mère ne comprenait pas, vannée que sa mère n’accepte pas sa décision de rester à New York. Paul ne régit pas son monde à Izzy, ils n’ont échangé qu’un stupide baiser qui lui a certes retourné le coeur et le cerveau, mais elle ne voulait pas s’apitoyer trop sur son sort, même si, depuis qu’il est parti, elle a du mal à dormir et personne n’est là pour l’aider à s’endormir, à lui raconter des histoires rocambolesques pour lui changer les idées. Mais elle s’habituera Izzy, parce qu’on s’habitue à l’absence de quelqu’un, ça fait mal sur le moment, comme quand on retire un pansement et puis, la douleur finit par passer parce qu’on s’y habitue. Alors qu’elle se sert une tasse de thé, les pleurs restent dans son esprit et elle fronce un peu les sourcils. Et si la personne qui pleure était en danger et qu’elle ne faisait rien ? Est-ce que ça allait lui retomber sur le coin du nez ? Non, elle ne voulait pas. Alors elle attrapait une Thermos et deux tasses qu’elle mettait dans son panier avant de sortir de son appartement, lissant les pans de sa robe et passant une main dans ses cheveux. Peut-être qu’on va lui dire qu’elle se mêle de ce qui ne la regarde pas. Comme d’habitude. Elle toque doucement à la porte, et elle attend, elle se dit qu’elle doit partir, ne pas attendre. Parce qu’elle ne doit pas être ici, parce qu’elle s’en veut de se mêler de la vie des autres, petite commère. Quand la porte s’ouvre finalement, Izzy sourit. Son sourire qui veut dire désolée de déranger, sourire mi-gêné, mi franc. Elle passe une main derrière sa nuque. « Euh oui, en fait, je suis votre voisine et je vous ai entendu pleurer… Alors j’ai apporté une Thermos et deux tasses parce que je me dis que vous ne devez pas rester toute seule si vous pleurez. » Elle parle trop Izzy, moulin à paroles incessants. « Vous allez bien ? » Elle se doute qu’elle va répondre non, mais Izzy ne veut pas. Elle veut qu’elle lui dise la vérité, mais les yeux rougis et la marque sur la joue, Izzy sent son coeur qui se compresse. Elle sait reconnaître ce que c’est, elle se doute, mais elle aimerait fermer les yeux, sauf qu’elle ne le peut pas. « Est-ce que vous voulez venir chez moi ? Peut-être que ça vous fera du bien ? Y’a mon chien qui ne demande qu’à voir du monde… Et j’ai des cookies que ma colocataire a fait… » Mais elle ne la forçait en rien, elle s’en voudrait de le faire. Alors elle attend sa réponse, patiemment ou non.

isobel&lina ⊹ Lina qui sait pourtant si bien jouer la comédie n’avait jamais pensé qu’on pourrait un jour entendre les cris, les pleurs. Elle n’a jamais pensé que l’on finirait certainement par se poser des questions. Peut-être espérait-elle au fond que toute personne s’abstiendrait de s’en mêler. Faisant comme si cela n’avait rien d’anormal comme elle semble le faire elle aussi. Mais cette voisine ne semble pas prête à laisser faire et se taire. Elle aurait pu prétendre être venu chercher de la farine ou n’importe quoi d’autre et pourtant non. Elle est honnête. Bien plus honnête que la plupart des gens. « Euh oui, en fait, je suis votre voisine et je vous ai entendu pleurer… Alors j’ai apporté une Thermos et deux tasses parce que je me dis que vous ne devez pas rester toute seule si vous pleurez. » Y a-t-il réellement encore des gens aussi bienveillants dans ce monde ? Lina oublie pendant un instant sa joue rouge, ses yeux qui le sont tout autant. Elle regarde la jeune femme avec tant de reconnaissance. « Je suis désolée pour… pour le bruit » Finit-elle par murmurer. « Vous allez bien ? » Lina détourne le regard une demi-seconde avant de répondre en se voulant le plus rassurante possible. « Ca va ce n’est rien. Mon copain et moi n’étions pas d’accord et on s’est disputé » Ou plutôt il a crié et elle elle a encaissé les coups. Qu’ils soient physiques ou verbaux. « Tous les couples se disputent de temps en temps c’est normal » Finit-elle par dire plus pour se convaincre elle-même que pour convaincre la jeune femme qui lui fait face. « Est-ce que vous voulez venir chez moi ? Peut-être que ça vous fera du bien ? Y’a mon chien qui ne demande qu’à voir du monde… Et j’ai des cookies que ma colocataire a fait… » Venir chez elle ? Dans cette coloc ou ils sont bien trop ? Voir d’autres personnes ? Hors de question. Lina s’en veut déjà bien assez qu’une personne l’ai vu ainsi. « Euh je… Je préfère rester ici… » Et si Isaac finissait par revenir et la voyait avec cette inconnue chez elle en train de pleurer. Parce que Lina elle est encore aux bords des larmes. Il vaudrait peut-être mieux qu’elle ne soit pas là quand il rentre. Il penserait qu’elle est partie travailler ou que sais-je. Lina est partagé entre ses émotions. Entre la peur de retrouver Isaac et la peur de se livrer à cette fille et ses colocataires. « Votre chien il est tout seul ? » Demande t-elle alors innocemment.

« Je suis désolée pour… pour le bruit » Izzy fronçait les sourcils en secouant la tête négativement « Mais vous n'avez pas à vous excuser ! » Izzy ne voulait pas que sa voisine s'excuse et s'en veuille, ce n'était pas le but, et ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle ne voulait pas la mettre mal à l'aise. Après tout, Izzy était persuadée que ce n'était pas de sa faute.« Ca va ce n’est rien. Mon copain et moi n’étions pas d’accord et on s’est disputé » Un nouveau froncement de sourcil, elle se gratte la nuque en grimaçant. « Oh ... d'accord.. » Elle était sceptique mais elle ne jugeait jamais personne sans connaître, elle n'avait pas envie de le faire, parce que peut-être que la brune avait besoin d'aide. Et si Isobel jugeait, elle n'aurait pas d'occasions de l'aider un peu plus, si le besoin se présentait. Alors elle ne disait rien mais elle sentait son coeur qui se serrait un peu plus. « Tous les couples se disputent de temps en temps c’est normal » Oui c'était normal, mais ce n'était pas la vérité, on se disputait, mais elle avait bien vu la joue rouge de la demoiselle et elle n'avait pas envie que son imagination parte un peu trop n'importe où et qu'elle imagine des choses qu'elle n'espère pas qu'elles sont arrivées. Ele déglutit et sourit un peu en coin. « Oui ça doit être normal. » Après tout, elle n'avait eu qu'une relation sérieuse il y a longtemps. Alors elle ne pouvait pas juger. On ne sait jamais ce qu'il se passe derrière la porte de toutes façons. « Euh je… Je préfère rester ici… » Izzy acquiesce silencieusement, elle ne voulait juste pas la laisser seule, alors elle acceptait tout. « Votre chien il est tout seul ? » Izzy comprenait, elle aurait voulu dire que non, pour qu'elle ne fuit pas. Elle déglutissait et secouait la tête de haut en bas. « Oui ! » Un peu trop d'entrain et elle la regardait « Vous savez, je ne vous séquestrerais pas. Si vous voulez juste partager une tasse de thé, on peut et vous pouvez rentrer chez vous après. Mais je ne vous force en rien. On fait comme vous voulez, on peut même aller sur le toit si vous voulez prendre un peu l'air. » Et Izzy lui souriait avec une tendresse dans le sourire «« Mais je ne veux pas que vous vous sentiez obligés. Je ne veux juste pas que vous soyez seule... Vous semblez être triste et je n'aime pas que les gens tristes soit tout seuls. » Elle était comme ça Izzy, vouloir que tout le monde aille bien, que tout le monde se sente bien et elle voyait le regard de la demoiselle en face d'elle qui semblait tout sauf heureuse. Et Izzy avait peur de ce qu'elle pourrait entendre, mais elle était prête. Prête à aider, comme elle le faisait toujours. Parce que même si elle, elle est infiniment triste, elle veut que les autres aillent bien, juste pour que son coeur se sente un peu mieux. On fait comme vous voulez. »