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shamia / feels the same but complicated

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Dim 5 Juil - 21:43
FEELS THE SAME BUT COMPLICATED
feat @SAMIA LAKHANI



« Arrête avec ton téléphone ! » Son frère continue ensuite de déblatérer sur la grossièreté des américains, et Shea est toujours en train de faire défiler les photos sur Facebook. Elle lève les sourcils parce qu'elle n'a pas l'impression d'être plus polie, surtout en cet instant. Elle répond par intervalles, et toujours vaguement : « Tu l’as un peu cherché. ». De temps en temps elle lève les yeux au ciel, échange un regard complice avec la serveuse, et boit une gorgée brûlante en attendant le Chai Latte de son frère. Quand elle se retourne, qu'elle lève la tête, fait un rapide tour d'horizon, elle met bien cinq secondes à se faire à la scène, et à la reconnaître. Puis tout son environnement se fige. Elle n’enregistre plus rien autour d’elle. Le café paraît se rétrécir, la foule s’épaissir, les lumières se tamiser, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’elles deux dans la salle. « Hé ! Tu m’écoutes ? » Il lui donne un coup de coude, mais il n’y a pas de réponse cinglante de la part de Shea, aucune réaction du tout. Elle ignore combien de temps elle reste plantée là, mais elle sait qu'elle se fait de nouveau interrompre, par les clients assoiffés cette fois, pour qui elle est contrainte de se déplacer. Et Shea est certaine d'entendre son frère lui demander si ça va avant de ricaner brièvement. Shea déglutit et acquiesce silencieusement, ses yeux en quête de la porte, seul échappatoire. Comme pour se redonner du courage, elle raffermit ses mains autour de son mug. Elle regarde dans vers le fond de la salle une dernière fois alors qu'elle suit lentement son frère vers la sortie. Shea sent alors la panique la gagner. Et si elle était passée à côté de l'histoire de sa vie une fois ? Il s'arrête au niveau de la porte, va la réprimander pour sa lenteur. « Je... j'ai un truc à faire. » Elle n'est pas particulièrement convaincante, alors elle prend une profonde inspiration et poursuit, sans plus d'explications : « Je t'appelle. » Il n'est sans doute pas dupe, parce qu'il jète un coup d'oeil derrière elle avant de froncer les sourcils, mais parce qu'il ne l'a jamais vue aussi sérieuse, il préfère attendre pour lui poser des questions.

Puis elle pense que les choses ne seront plus jamais simples, même si elle suivait son frère, même si elle sortait sans se retourner, parce qu’elle la voit maintenant et elle se sent perdue. Alors ses pieds la trainent d'eux-mêmes vers la direction opposée. Par sa simple présence, Samia ressuscite quelque chose qu’elle a enfoui au plus profond d’elle sans rien résoudre pour autant. Elle a le temps de repenser à ce qu'elles ont échangé. Et leur dernier matin. Elle s’était saoulée ce soir-là. Elle avait bu une grande quantité de rhum, et était rentrée avec pas une, mais deux filles, peu avant de s’écrouler, ivre morte sur le canapé du salon. Cela avait contribué à chasser Samia de son esprit, mais pas pour longtemps. Puis Instagram a pris de l’ampleur dans le monde, et elle pouvait désormais la voir vivre sa vie, vieillir, à distance. Shea ne comptait plus les fois où elle s'arrêtait sur les stories de Samia. Au bout d’un moment, elle a préféré ne plus la suivre plutôt que d’avoir à gérer le fait que oui, elle aurait très bien pu lui écrire, lui demander des nouvelles, proposer qu’elles se revoient pendant une escale, mais ça aurait été admettre qu’elle a eu tort.

Elle se tient au niveau de sa table désormais, les doigts entortillés contre son mug. Elle est bien trop obnubilée par sa beauté pour savoir si son cœur s'est arrêté de battre ou si elle a simplement oublié de respirer. « Samia... » Elle ignore si elle a pu l'entendre parce que c'est à peine plus qu'un murmure, craignant que sa voix ne se mette à la trahir - parce qu'elle ne sait pas à quoi elle s'attend, ni même si elle va la reconnaître. Shea supporte encore moins l'idée que Samia l'a peut-être reconnue à son arrivée et qu'elle a choisi de l'ignorer. Elle se mord les lèvres et se met à sourire. Et son sourire s'agrandit, tant elle pense que pour une fois dévoué et sincère, il est teinté d'un espoir sans précédent. Sans doute s'imagine-t-elle qu'il l'immunise contre toutes ses erreurs passées.

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Lun 6 Juil - 12:22
Assise dans le métro, Samia regarde les passagers monter et descendre. En face d’elle, se succèdent des travailleurs avec une mallette, un jeune couple occupé à se prendre en photo, des touristes dont la langue lui parait être l’espagnol, une mère avec trois jeunes enfants et un promeneur de chiens. Elle les observe chacun leur tour en silence, et sans doute que certains l’observent aussi. Elle finit par se demander ce qu’ils peuvent penser d’elle. Une femme de couleur en robe longue, assise à côté de son fiancé, qui est occupé par son téléphone. En soi, ça ne la dérange pas. Elle a l’habitude de faire le trajet seule. Nash avait proposé qu’ils le fassent ensemble aujourd’hui, mais elle n’a pas l’impression qu’ils soient vraiment ensemble. C’est étrange. En soi, ça ne dérange pas Samia, qui peut penser en silence, mais lorsqu’elle se demande ce qu’on pense d’eux, ça la dérange un peu plus. Alors elle quitte ses pensées pour poser sa tête sur l’épaule de Nash. Et aussitôt, il range son téléphone pour passer son bras autour d’elle. Elle ne voit pas l’expression sur son visage, mais elle l’imagine facilement réconfortante. Avec lui, elle s’était toujours sentie en sécurité. Maintenant, ce n’est plus exactement le cas. Mais ça va revenir. Il leur faut juste un peu plus de temps.
Le temps que le métro atteigne la station qu’ils attendent, ils discutent de quelques petites choses, principalement du travail de Nash, du prochain rendez-vous médical de Samia. Et ils se disent au revoir avec un baiser une fois sortis à l’air libre. Un baiser auquel ils ont l’habitude, mais qui ne donne pas la même impression à Samia. Elle est impatiente que les choses redeviennent plus naturelles. Avec le temps, elle en est certaine. Elle l’observe s’éloigner, jusqu’à ce qu’il tourne au coin de la rue, avant de partir dans la direction opposée. Elle soupire, replace son sac sur son épaule et entre dans un café où elle avait déjà été la semaine dernière. Depuis une dizaine de jours, elle essaye différents lieux, pour changer de la maison. Elle aussi a besoin de voir autre chose, et elle trouve qu’elle est plus concentrée sur ses dessins quand elle est dans un café, avec une boisson fraîche et un petit gâteau. Alors elle essaye de trouver un endroit sympa, où elle se sente à l’aise et où les pâtisseries sont bonnes. Celui-ci n’est pas mal, elle prévoit d’essayer un autre thé aujourd’hui. Elle s’assied à une table au fond et sort ses affaires avant d’accrocher son sac à la chaise. Elle observe la carte un instant, avant de décider ce dont elle a envie, et elle griffonne quelques dessins en attendant l’arrivée d’un serveur. Et son crayon se balade sur la feuille, alors qu’elle se concentre sur les traits qu’elle dessine. Ce déménagement a ce point positif. Ne plus avoir de travail pour l’instant lui permet de se concentrer sur ses dessins, ce qu’elle n’a pas pris le temps de faire réellement depuis l’adolescence. Et elle se concentre peut-être un peu trop, quand elle sent une présence auprès d’elle. Croit entendre son prénom. Mais comment une serveuse connaîtrait-elle son prénom ? Elle replace ses cheveux, tombés, derrière son oreille en se tournant. Et quand son regard se pose sur Shea, elle ne peut cacher sa surprise. Sans doute son cœur manque-t-il un battement. Elle n’y fait même plus attention, occupée à détailler son ex. Elle a changé, mais pas tant que cela. Il faut dire qu’il lui était arrivé d’aller voir son Instagram, alors son visage était loin de s’être effacé de son esprit. Si ç’avait été seulement possible. Elle reste quelques secondes sans rien dire, avant de réaliser qu’elle doit se ressaisir. « Shea… » Un début comme un autre. Elle ne sait pas ce qu’elle devrait lui dire. La dernière fois qu’elles se sont vues lui revient en mémoire. Un goût amer envahit son esprit, comme à chaque fois. Mais elle n’en laisse rien paraître. « Je… Comment tu vas ? Tu veux t’asseoir avec moi ? Enfin si tu as un peu de temps, bien sûr. » Elle enchaîne les mots et les questions sans y réfléchir, gênée mais elle sourit tout de même.

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Lun 6 Juil - 13:58
Shea sent le doute et l’inquiétude l’envahir alors qu’elle regarde Samia la dévisager, puis elle est soulagée de la voir sourire et se dit que, de tout ce qui fait sa personne, c’est sans doute ce qui lui a manqué le plus. Ce n’est pas totalement vrai et c’est probablement l’adrénaline ou quelque réaction hormonale, mais elle imagine qu’elle serait capable de lui dire que tout lui manque et qu'elle n’a jamais réussi à l’oublier. Avant, elle savait cultiver ce manque pour en faire quelque chose de puissant lorsqu’elles se retrouvaient. Depuis, il n’y eut plus que le manque. Insatiable et omniprésent. Elle acquiesce, prétexte qu'elle a tout son temps, et attrape une chaise pour s'asseoir près d’elle. Elle la détaille de haut en bas, puis sa robe, ses courbes, et ne se félicite pas de son manque de subtilité. Elle souffle un léger waouh à l’attention de personne, c’est plus une observation qu'autre chose. « Tu… tu es encore plus belle qu’avant. » Shea pose son mug sur la table, devant elles, réalise seulement maintenant qu’il lui brûlait les mains, et baisse les yeux vers ses dessins. Elle ne veut pas paraître indiscrète alors elle relève presque immédiatement la tête. Pour ce qu’elle a pu voir sur les réseaux, elle les trouve magnifiques. Mais difficile de se mesurer au reste de Samia. « Je te l'ai jamais dis mais... j'adore ce que tu fais. Et tes yeux aussi... J'adore tes yeux. » Elle affiche un léger sourire nerveux. Elle ne s’empêcher de se maudire intérieurement pour ses compliments, tellement bateaux et inconsistants par rapport à la réalité. Sans doute aurait-elle du commencer par des mondanités, répondre à sa question, aussi, mais comment le pourrait-elle alors qu'elle ne rêve que d'une chose ?

Bien sûr, elle repense à la dernière fois qu’elles se sont vues. Elle n’est pas surprise de la vivacité de ce souvenir, parce qu’il lui est arrivé tellement de fois de repenser à ce matin-là, ou même les fois d’avant, seule, à essayer de retrouver toutes les sensations qui ont fait de Samia quelqu’un de si spécial. Et si leurs ébats étaient aussi intenses à vingt et un ans, forcément elle se demande ce que ça pourrait donner, maintenant qu’elles ont vieilli, mûri et qu’elles ne se sont pas vues pendant sept ans. Il lui semble bientôt qu'une éternité s'est écoulée depuis leur dernière rencontre. Pourquoi Samia n'était-elle pas revenue sur ses pas dans cette chambre qui avait absorbé toute leur passion ? Une seule manifestation, un seul pas en arrière vers une Shea désorientée au pied du lit aurait peut-être intégralement changé la donne. Que serait-il advenu de cette décision rationnelle ? Et si Shea avait couru après Samia, si elle avait saisi son visage entre ses mains pour embrasser ses lèvres et revenir sur ses mots. Elle avait voulu se retourner, ne pas aller s'enfermer dans la salle de bain, embrasser Samia, la serrer contre elle, enfouir son visage dans le creux de son cou et l'écouter parler de son prochain vol. Pour Shea, ce nouveau face à face bouleverse intégralement le cours des choses. Alors elle s’approche encore un peu et se tourne complètement vers elle. Elle a l’impression de la voir pour la première fois. Ainsi, de tous les choix qui s’offraient à elle il y a sept ans, c’est celui de ne plus jamais la revoir que Shea avait fait. Ce qui entraîne une question évidente : pourquoi ? Et en la voyant là, devant elle, plus belle, plus femme que jamais, Shea ne se souvient plus. Elle n’ose pas la regarder alors, et c’est présomptueux de sa part mais elle s’en moque, elle pose sa main sur la sienne. « Et j’ai toujours autant envie de t’embrasser.... » Elle trace distraitement des lignes sur son poignet, puis ses doigts cherchent à enlacer les siens. Et c'est vrai, elle voudrait tellement l’embrasser, la tenir par la taille pour l’allonger sur une banquette, sentir de nouveau son corps brûlant sous ses mains. Elle effleure son pouce sur sa main droite, parce que, peut-être qu’elle a envie de voir si elle est toujours attirée par elle. Voir si sept ans après, Shea est capable de raviver une ancienne flamme - qui n’a jamais totalement disparue.

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Lun 6 Juil - 16:28
Combien y a-t-il de temps qu’elles ne se sont pas vues ? Trop longtemps, c’est certain. Samia se souvient parfaitement de la dernière fois. La dernière fois qu’elle avait embrassé ses lèvres, de la dernière fois que Shea l’avait touchée. Elle se souvient aussi, avec moins de plaisir, de la façon dont ça s’était terminé. Pourtant, poser à nouveau ses yeux sur Shea lui fait plaisir. Elle sourit, l’invite à s’installer avec elle. Peut-être un peu nostalgique. Ou en tout cas curieuse. Après tant d’années sans se parler, Samia a envie de passer un peu de temps avec elle. Aussitôt assise, Shea la détaille, sans s’en cacher, ce qui gêne un peu Samia. Elle glisse une main dans ses cheveux, les pousse un peu de derrière son oreille. Fut un temps où elle avait l’habitude des regards appuyés de l’anglaise, quand elle savait comment ça allait se terminer. Le compliment qu’elle lui fait n’arrange rien, surtout qu’il est suivi par un autre. Sur ses dessins. Sur ses yeux. Samia ne s’y attendait pas. Ou plutôt, ne s’y attendait plus. Il y a trop longtemps que Shea ne l’a pas regardée ainsi. Que personne ne l’a regardée ainsi. Sans doute que ça lui manque. « Merci… merci beaucoup. » Elle n’est pas forcément à l’aise, mais elle n’est pas complètement dérangée non plus. Une sensation étrange.
Et forcément, Samia ne peut s’empêcher d’imaginer, ou plutôt de rejouer le passé. De se demander ce qui pourrait arriver. Ce qui aurait pu se passer. Si Shea avait proposé de tenter une véritable relation au lieu de couper court à leur aventure. Serait-ce à Shea qu’elle serait fiancée aujourd’hui ? Samia n’a aucun moyen de le savoir. Elles n’ont jamais essayé, alors ça n’a jamais marché. Et aujourd’hui, tout a changé. Elle n’est plus la jeune hôtesse de l’air sans attaches et parfaitement libre. Elle approche de la fin de la vingtaine et a une vie beaucoup plus stable. Shea a sans doute changé aussi, même si Samia aime à s’imaginer qu’elle est toujours la même. En tout cas, ce qu’elle lui montre aujourd’hui le lui fait penser. Mais, si elle reste celle qui la faisait fondre, elle reste aussi celle qui avait coupé ses espoirs en plein vol, qui avait sans doute brisé une partie de son cœur. Parce que, même si elle s’est toujours convaincue du contraire, son cœur avait battu pour Shea. Et celui-ci manque d’ailleurs de dérailler quand l’anglaise pose sa main sur la sienne. Un courant électrique. Comme à l’époque. Et ce qu’elle lui dit… Samia a l’impression d’être suspendue à ces fameuses lèvres qui veulent l’embrasser. Il est sans doute trop tôt pour blâmer les hormones pour sa réaction. Les hormones. Ah oui… Elle sort de sa rêverie, se redresse sur sa chaise. « Tu ne peux pas dire ça. » Elle secoue la tête, avant de reculer sa main. Geste qui semble lui coûter beaucoup. D’ailleurs, à quoi Shea joue-t-elle ? C’est elle qui avait voulu arrêter. Et maintenant, elle reprend comme si rien ne s’était arrêté. Comme si sept ans n’avaient pas passé. Comme si leurs vies n’avaient pas changées depuis. « Ça me fait plaisir de te revoir mais… » C’est le moment de le dire. Elle n’a pas vraiment le choix. « Je suis… » Au lieu de prononcer le mot, elle montre sa main gauche et la bague à son doigt. Comme si c’était le seul obstacle. Enfin ça l’est sans doute. Même s’il devrait y en avoir un autre, moins évident. « Et puis c’est terminé. » Elle détourne les yeux, pour regarder la table à côté, sans vraiment la regarder. « C’était ce que tu voulais. »

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Lun 6 Juil - 17:37
C’est peut-être parce qu’elle est toujours sous l’effet de la surprise, ou qu’elle est obnubilée par la joie de la revoir, qu’elle ne fait pas attention à la gêne de Samia, ou qu’elle ne la ressent pas dans ses remerciements sobres. Ce n'est pas comme ça qu'elle recevait un compliment avant, mais Shea décide de ne pas y voir une quelconque signification. Même si, en étant si proche d’elle qu’elle peut sentir son parfum, elle retrouve ce bonheur et ce plaisir sans précédent qui la faisait vibrer avant, il est aujourd’hui teinté d’une anxiété, peut-être celle de la perdre une nouvelle fois, ou bien qu’elle ne veuille plus d’elle, et d’en être la seule responsable. Et comme pour illustrer ses réflexions, Samia retire sa main et même si elle s’y était un peu attendue, Shea se fige intégralement. Elle se sent capable d’affronter certaines émotions ; le désespoir immédiat, le désespoir durable, l’incrédulité et la colère. Même l’amour, à la rigueur. Mais le rejet et la froide vérité sont moins supportables.

Samia lui montre ensuite son autre main, et alors Shea sourit franchement à ses paroles : « Mais je ne t’ai pas encore fait la demande ? ». C’est tout ce qu’elle trouve à dire, et sa plaisanterie est brève, car presque aussitôt elle se redresse aussi. « Oh…  » Elle ne réalise pas qu’elle continue à reculer, et bientôt elle se retrouve plaquée contre le dossier de sa chaise. « Oh ! Euh... félicitations ! » C’est un mensonge. Elles doivent le savoir toutes les deux. Elle déglutit et frotte ses mains sur son pantalon, passe une main dans ses cheveux, en essayant de chasser son expression de franche panique pendant qu’elle réfléchit un moment. La révélation pèse sur ses épaules et jusque dans ses jambes, l'étouffe, mais Shea continue de lui sourire quand même, et elle espère que Samia sait que ce sourire lui offre le meilleur d'elle-même, ce qu'elle a de plus profond, et qu'elle n’attend rien en échange, ou si peu, l'assurance qu’elle lui a aussi manqué. Le souvenir du départ de Samia n'était qu'une lave brûlante qui, tombant goutte à goutte sur le coeur de Shea, lui arrachait des cris intérieurs, sans pouvoir pour autant lui arracher un désaveu. Parce qu'elle l’avait sans doute aimée plus qu’elle n’avait jamais aimé ; tout son corps avait été entièrement consumé par et pour elle, elle avait été à la fois fière d'être son amante, et effrayée par la menace qu'elle représentait. Elle sait que c’est égoïste et sans doute irréaliste, mais elle digère mal l’idée que Samia ait pu être avec quelqu’un d’autre qu’elle. Shea s’imagine que ne pas la regarder, ou éviter toute forme de conversation va lui permettre de ralentir l’ardeur nouvellement recouvrée qu’elle a pour elle, mais tout l’inverse se produit, car en sept ans elle est devenue l’incarnation du mystère et donc par la même occasion, le désir de sa résolution. Mais elle approche la trentaine, et elle ne peut plus se comporter comme si tout lui était dû, alors elle décroise ses bras et : « Tu dois être heureuse… ? » Ce qu’elle voulait comme une supposition se décline davantage comme une question, comme si elle voulait malgré elle s’en assurer. Sans préavis, Samia lui rappelle sa décision et Shea fronce les sourcils parce qu’elle regarde à côté, et Shea ne comprend pas pourquoi elle a besoin de détourner le regard. Quand elle se remet à parler, Shea acquiesce en silence. Touché. Elle ne lui dit pas que c’est justement parce qu’elle avait tout le temps envie de la voir qu’elle a préféré arrêter. Peut-être qu’elle devrait ? « C’est pas ce que tu voulais… ? », puis comme si envisager que Samia ait voulu autre chose la redorait d'un nouvel espoir : « Tu restes combien de temps à New-York ? »

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Mar 7 Juil - 11:16
Samia ignore pourquoi elle se sent coupable d’annoncer à Shea qu’elle est fiancée. Ça ne devrait pas être le cas. Si Shea avait effectivement voulu être celle qui lui faisait une demande, elle aurait pu. Dans un autre monde, ç’aurait pu être possible. Sauf que ce n’était pas ce que Shea avait voulu. Alors qu’elles auraient pu devenir quelque chose, elle avait coupé court à toute relation entre elles. C’était normal que Samia passe à autre chose, même si elle avait dans un premier temps espéré que Shea change d’avis et la recontacte. Ce n’était pas arrivé. Alors elle n’a pas de raison de se sentir coupable. Mais quand Shea la félicite, Samia n’est pas du tout à l’aise. Elle ne le pense pas. Pas après avoir tout juste confessé qu’elle voulait l’embrasser. La vérité, c’est qu’elle aurait voulu qu’elle soit toujours disponible. Et peut-être que Samia l’a souhaité aussi, un instant. Un court instant. Mais à quoi bon ? De toute façon, ça n’aurait jamais mené nulle part, comme quand elles avaient une vingtaine d’années. Ça n’aurait jamais fonctionné. Elles ne voulaient pas les mêmes choses. Aujourd’hui, Samia a un avenir avec quelqu’un. Une famille en construction. Même si tout n’est pas si simple, c’est le cas. Et même si Samia avait espéré, elle sait que ça n’aurait pas pu fonctionner avec Shea. Elles n’étaient pas compatibles ailleurs que dans une chambre, aussi compatibles étaient-elles. Shea ne voulait pas plus, et au bout d’un moment, ça n’aurait forcément plus suffi. Peut-être avait-elle bien fait de rompre les choses entre elles ainsi, même si Samia n’avait pas ressenti les choses ainsi à l’époque.
« Oui… très heureuse. » Elle aurait aimé le penser davantage, mais Samia se surprend à être capable de prétendre assez bien. Il y a à peine un mois, c’était vrai. Et ça le redeviendra. C’est la raison pour laquelle elle n’a pas trop de mal à mentir. En revanche, elle ne sait pas vraiment quoi répondre quand Shea lui demande si elle ne voulait pas, elle aussi, que ça s’arrête entre elles. Quelle importance ? Shea avait décidé pour elles. Samia n’allait pas lui avouer qu’elle espérait plus après qu’elle l’ait repoussée si vivement. « Peu importe. » Ce n’est plus maintenant que ça fera une différence. Même si Samia se demande tout de même pourquoi Shea pense que c’était ce qu’elle voulait aussi. Elle n’a jamais rien dit dans ce sens. Enfin il ne lui semble pas. « On a acheté une maison à Staten Island, donc normalement, c’est définitif. » Samia l’espère, mais elle sait aussi que les choses peuvent changer sans qu’on s’y attende. Si elle avait choisi, elle n’aurait jamais quitté New York. Et sa vie aurait été très différente. « Qu’est-ce que tu deviens alors ? » Elle imagine que Shea doit avoir envie de partir maintenant. Elle le comprendrait. Pour autant, elle n’a pas envie de la quitter, pas tout de suite.

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Mar 7 Juil - 12:23
Shea ne cherche pas à en savoir davantage. Pour elle c'est clair : c'était une décision commune, et peut-être que Shea a précipité les choses mais Samia avait été explicite : c'était "impossible" qu'elle tombe amoureuse. Mais alors, pourquoi Samia avait-elle quitté la chambre si précipitamment ? Et pourquoi le mettre sur son dos ? De toute façon, se rassure-t-elle, la distance, le timing, n’ont jamais été de leur côté.
De toutes les villes que Samia a visité, elle a choisi d’habiter à New-York, et si elle décide d'y rester, ça change tout : Shea peut la voir plus souvent. Elle sait qu'elle pourrait passer la journée entière à la regarder. « On pourrait se voir de temps en temps, pour prendre un café, ou aller se promener. On n'a jamais vraiment appris à se connaître... en dehors de... en dehors du… » Elle a l'impression d’être sur le point de rougir et c'est insoutenable, d’habitude elle n’a aucun problème à entretenir ce genre de discussion. Alors elle préfère porter son attention sur autre chose. La serveuse par exemple, qu'elle regarder passer distraitement. Elle se demande si elle ne devrait pas plutôt retourner au comptoir et discuter avec elle, ou retrouver son frère qui ne doit pas être parti trop loin. Elle ne croit pas trop à ce qu’elle vient d’insinuer : devenir amies ? Non seulement elle n’a pas d’amies au féminin pour des raisons évidentes, mais il faudrait en plus que ça soit elle ? Elle regarde l’intégralité du café, observe chaque client, comme s'ils étaient susceptibles de lui offrir un échappatoire. Elle s’apprête à lui demander si elle veut que Shea parte, mais Samia lui demande des nouvelles. Alors elle baisse le visage, observe ses pieds. C’est exactement le genre de phrase que Shea déteste entendre, qui ne font pas avancer les choses et qui ne l’aident pas à oublier le passé. Elle se demande si elle devrait évoquer Kiara, puis décide que non. Et puis, qu’est-ce qu’il y aurait à dire ? Elle regrette un peu d’avoir approché Samia, pas la première fois, mais aujourd’hui, comme si sa vie n’était pas déjà assez compliquée. Elle ne sait pas quoi lui répondre, non seulement parce qu’elle est restée la même, mais parce qu’elle ne trouve rien de plus embarrassant que d’avoir à raconter sa vie à une ex alors qu’elle vient tout juste de lui faire comprendre qu’elle aimerait bien qu’elles recommencent à se voir. Shea hausse alors les épaules avec un sourire évasif, et repense à ce que Samia lui a dit : qu’elle avait acheté une maison à Staten Island avec quelqu'un et qu'elle était très heureuse. « Comment on sait... » Elle devrait sans doute dû poser la question à quelqu’un d'autre, mais elle est là, à ses côtés, Shea a un peu mal au coeur et ressasse les différentes étapes de ce matin-là avec Samia. Puis elle relève la tête vers elle : « ...quand on est amoureux ? »

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Mar 7 Juil - 17:24
L’idée émise par Shea de se voir de temps à autres étonne forcément son ancienne amante. Elle n’aurait pas pensé que ça pourrait l’intéresser. Pas après qu’elle ait plutôt donné l’impression qu’elle voudrait reprendre là où elles s’étaient arrêtées. Et c’est vrai, elles n’ont jamais été amies. N’ont jamais connu de détails sur la vie l’une de l’autre. Elles ne sont jamais allées beaucoup plus loin que le corps l’une de l’autre. Mais ça, elles se connaissaient par cœur. Des souvenirs encore vifs dans l’esprit de Samia. Mais elle ne doit pas y penser. Même si la fin de la phrase de Shea ne l’y aide pas exactement. « Ça serait avec plaisir. » Mais, tout comme elle n’est pas certaine que Shea pensait sa proposition, Samia n’est pas certaine de penser sa réponse. Bien sûr, ça lui fait plaisir de la revoir, et ça lui ferait sans doute plaisir à nouveau, si ça devait se reproduire. Mais elle n’est pas sûre que ça soit pour les bonnes raisons. Ou en tout cas, pas pour des raisons appropriées pour une femme fiancée, et enceinte. Elle voit bien que Shea n’est pas à l’aise. Elle devait penser, en venant à sa table, qu’elles allaient discuter un peu, et puis aller dans une chambre d’hôtel comme elles en avaient l’habitude. Elle ne s’était pas assise pour prendre de ses nouvelles, ou pour apprendre qu’elle était fiancée. Alors elle ne répond pas à sa question. Pourtant, Samia voudrait réellement le savoir. Au lieu de ça, elle regarde autour d’elles, cherchant sans doute une raison de partir. Pourquoi est-ce que ça l’intéressait de parler, quand tout ce qu’elle souhaitait faire avec Samia, c’était s’envoyer en l’air ? Et maintenant qu’elle réalise qu’elle ne peut plus le faire, elle va partir. Et Samia se dit que ça ne devrait pas l’étonner, mais elle ne peut s’empêcher d’être déçue, à nouveau. Alors elle observe son bloc de papier, son crayon abandonné sur la feuille, attendant le moment où elle va dire qu’elle a quelque chose à faire et doit partir. Ou peut-être qu’elle devrait prendre les devants et partir d’elle-même. Elle n’a pas le temps de s’y résoudre, que Shea reprend la parole. Samia relève les yeux vers elle, se demandant ce qu’elle veut dire. Et la fin de sa question arrive. Ça, Samia ne s’y attendait pas. Tellement qu’elle ne sait pas quoi répondre. Pourquoi cette question ? Est-ce pour lui demander si elle avait été amoureuse d’elle ? Pour lui faire passer un message ? Même sept ans après Samia peine toujours à comprendre Shea. Son corps, ses envies, elle savait les comprendre. Sa logique, toujours pas. « Je ne sais pas trop… C’est une combinaison de beaucoup de petites choses. » Elle n’a jamais cherché à répondre à cette question. Parce qu’à chaque fois, elle avait juste… su. Sauf peut-être avec Shea mais, en apparence simple, leur relation ne l’était absolument pas finalement. « Mais je suppose qu’on le sait quand on est tellement bien avec quelqu’un qu’on voudrait passer tout son temps avec lui, ou elle. En fait, on le sait quand la question ne se pose même plus. » Samia saurait dire le moment exact où elle a su qu’elle était amoureuse de Nash. Depuis quelques semaines, elle repense régulièrement à ce moment, s’y accroche. « Mais je suis sûre que tu trouveras ça un jour. Tu le mérites. » Elle sourit tendrement. Pourtant, son ton n’implique aucune pitié. Elle espère simplement cela pour Shea, comme pour tout le monde.

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Mar 7 Juil - 18:08
Elle l’écoute lui donner sa définition et Shea pense que quelque part, Samia doit ressentir la même chose qu’elle, qu’elle doit se retrouver en pleine détresse, et elle persiste à croire que sa distance et sa froideur ont un quelconque rapport avec la décision qu'elle a prise il y a sept ans. Si Samia affiche une certaine indifférence envers elle, c’est en partie de sa faute. Elle persiste à y croire, mais elle sait pourtant ce que signifie prendre ses désirs pour des réalités. Elle a dû s’imaginer que si elles ne pouvaient être ensemble, Samia ne pouvait être avec personne, et qu’elles étaient destinées à se retrouver un jour. Elle tique légèrement quand Samia évoque le pronom qui lui correspond, puis elle fronce les sourcils, et elle sourit, décidant d’ignorer sa dernière phrase qui lui est particulièrement blessante. « C’est tout ? J’ai entendu parler de papillons dans le ventre et du coeur qui bat la chamade. » La vérité, c’est qu’elle en a non seulement entendu parler mais elle les a ressenti. Elle les ressent en ce moment même, en la dévisageant, en se remémorant leur conversation ce matin-là, puis en se rappelant du corps de Samia contre le sien, son prénom lâché entre deux soupirs. Et Shea sait que si elle continue à la regarder, son visage va la trahir, alors elle soupire : « Je suis tellement contente de te voir. » et baisse la tête, vaincue, parce que même si c'est vrai, elle ne peut pas s’empêcher d’être déçue. Avant, Samia aurait indiscutablement trouvé ses références au sexe aguichantes. Ou peut-être pas. Mais peut-être que si. Peut-être qu’elle aurait essayé de l’embrasser. Peut-être que Samia se serait rapprochée d’elle et qu’elle l’aurait regardé intensément comme seule elle sait le faire, et Shea l’aurait attirée vers elle avant qu’elles ne trouvent un endroit plus calme. Shea n’a pas seulement envie de son corps, c’est simplement qu’elle a fait de son mieux pendant tout ce temps pour ignorer des sentiments qui l’ont prise de court et qui ressemblent énormément à la description que Samia vient d’en faire, et qu’elle ne saurait pas comment les exprimer autrement. Parce que ses mains ne savent pas où se mettre et qu'elles ne peuvent définitivement pas se placer sur celles de Samia, ses doigts jouent avec le rebord de la table de manière nerveuse avant de s’arrêter brusquement lorsqu’elle s’en rend compte. Devrait-elle lui dire qu’il lui a fallu la perdre pour qu’elle prenne conscience et accepte un sentiment incomparable, déchirant et oppressant, alors qu’elle s’imaginait incapable de le ressentir ? Qu’elle est peut-être, ou peut-être pas, folle amoureuse d’elle et qu’elle voudrait passer sa vie à la regarder, à lui parler. Elle continue de la regarder, suspendue à ses lèvres, espérant qu’elle lui envoie un signe, qu’un seul de ses gestes ne lui montrent qu’elle n’a pas imaginé ou inventé cette chose entres elles, que Samia estime aussi que ça avait toujours été bien plus fort qu’un besoin charnel. Elle ne réalise pas qu’elle est toujours en train de la regarder avant qu’elle n’arrête brusquement. C’est à mille lieux de la façon dont elle avait imaginé la revoir. Parce qu’elle a imaginé des retrouvailles, de nombreuses fois, et à chaque fois ça se terminait de la même manière : leurs deux corps entortillés l’un contre l’autre. « Il y a une immense fête de prévue dans le bar où je travaille le mois prochain. J’aim… enfin, ça serait bien si tu venais. En tout cas j’y serais, si tu veux qu’on discute, qu’on rattrape le temps perdu. » Comme pour lui laisser le temps de se souvenir du passé et de réfléchir à ce qu’elles auraient pu avoir fait pendant tout ce temps, Shea marque une pause. Et même si c’est moins clair dans son esprit, elle le dit sans arrière pensée, parce qu’elle aurait vraisemblablement invité tout New-York si toutefois elle le pouvait. « Et j’ai des collègues de Staten Island qui adoreraient sûrement te conseiller sur les meilleurs spots de l’île. »  Elle sourit à cette idée en buvant une gorgée de son café, et se remet à regarder - ou plutôt dévisager - Samia.

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Dim 12 Juil - 11:27
Etaient-elles davantage capables de se comprendre, de se parler à l’époque ? Ou bien la question n’avait même pas besoin de se poser. Leurs corps se comprenaient, et ça suffisait. Même si, finalement, elles n’étaient pas autant sur la même longueur d’ondes que Samia l’aurait pensé. Sinon ça ne serait pas arrêté ainsi. Mais aujourd’hui, Samia peine à la comprendre. A savoir ce qu’elle veut. Après lui avoir dit qu’elle voulait l’embrasser, elle lui demande comment on sait qu’on est amoureux. Mais elle répond tout de même. Parce que, même si elle ne sait plus où se placer avec Shea, elle a envie de rester un peu avec elle. Peut-être même de la revoir, même si elle ne sait pas si ça serait une bonne idée, ou si ça serait pour les bonnes raisons. « C’est la réponse plus imagée, ça. Mais les deux vont ensemble, oui. » Elle sourit, un peu gênée d’avoir cette conversation avec une ex. Enfin si elle peut réellement qualifier Shea d’ex. Il n’y a jamais rien eu de romantique entre elles. Samia avait bien cherché les signes, sans en trouver. Pourtant, elle semble en trouver davantage aujourd’hui, qu’à l’époque. Impossible. Et pourtant, elle ne peut pas s’empêcher d’y penser quand elle lui dit à nouveau être heureuse de la voir. Et à nouveau, elle ne sait pas ce qu’elle devrait répondre. Shea ne semble pas très à l’aise non plus, alors elle ne dit rien. Au lieu de ça, elle regarde son crayon posé sur la table, et vient le toucher du bout du pouce. Elle va partir, c’est certain. Shea n’a répondu à aucune de ses questions pour prendre des nouvelles. Des questions normales si elles doivent être amies, ou au moins passer un peu de temps ensemble. Mais sans doute que ce n’est pas ce qu’elle veut. Elle voulait l’embrasser. Et peut-être qu’au fond, Samia le voudrait aussi. Mais peut-être que cette idée lui traverse l’esprit seulement parce que tout n’est pas parfait dans sa vie en ce moment. Ce n’est pas une raison pour tout plaquer et faire quelque chose qu’elle regrettera. Elle va partir, et elles ne vont plus se revoir. Samia en est certaine. Pourtant, elle évite de la regarder, de peur d’essayer de la retenir. De peur de lire dans ses yeux ce qu’elle aurait voulu voir, il y a six ans. Finalement, quand Shea reprend la parole, elle est étonnée de ce qu’elle lui propose. Enfin quelque chose qui va dans le sens de son envie de devenir amies. Et ça fait sourire Samia. « Avec plaisir. Mon emploi du temps n’est pas très rempli en ce moment, ça devrait être possible. » En soi, une soirée dans un bar, avec Shea, dans un endroit plein d’alcool qu’elle ne pourra pas boire… ça ne parait pas être une si bonne idée. Mais elle s’en fiche bien pour l’instant. Ce que Shea ajoute pousse un peu plus Samia à penser que ça pourrait fonctionner. De toute façon, à moins d’essayer, elles ne sauront pas. Et si elles n’ont jamais essayé d’être réellement ensemble, elles peuvent cette fois essayer d’être amies. « Oh oui, ça serait bien. Je n’ai pas tellement eu le temps de découvrir encore, je suis surtout occupée à déballer les cartons. » Elle trouve ça ridicule à raconter, mais en même temps, si elle veut engager une conversation avec Shea, peut-être que c’est plutôt à elle de faire le premier pas. « Comment il s’appelle ? Le bar où tu travailles ? »

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Dim 12 Juil - 13:48
Plus imagé ? Shea voudrait lui saisir de nouveau la main, la poser contre elle et lui demander si elle trouve que la sensation de son coeur qui tambourine contre sa cage thoracique et qui affaiblit ses jambes, ses mains moites, et sa sensation de fièvre sont imagées. Parce que Shea sent que c’est bien réel, et que ça la rend malade, parce qu’elle ne peut rien faire pour y remédier. Samia lui sourit, et même si elle est vraisemblablement gênée et qu’elle évite de la regarder dans les yeux, c’est déjà ça. Sa réponse prend Shea par surprise. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’elle accepte de la revoir dans ces circonstances, alors elle avait préparé une plaisanterie toute faite comme quoi elle aussi préférerait la revoir en tête à tête plutôt que dans un bar surchargé. Mais la perspective la ravit, sûrement plus que ce qu’elle ne devrait, et elle sourit sans modération. Sa référence à son emploi du temps l’interpelle ensuite, et elle réalise qu’elle devrait sans doute commencer par lui poser des questions banales. Des questions qui ne pourraient pas être interprétées pour du flirt. Elle se mord la lèvre parce qu’elle a peur que ça sonne faux, que sa mascarade soit mise à jour et que Samia décide de quitter le café subitement, ou qu'elle lui demande finalement de disparaître de sa vie pour toujours. « Tu ne travailles plus ? », demande-t-elle alors qu’elle pose sa main sur le crayon, frôlant le pouce de Samia au passage, peut-être plus intentionnellement et plus longtemps qu’elle l’aurait voulu. Peut-être aussi qu’inconsciemment elle rapproche davantage sa chaise, puis commence à écrire le nom du bar et l’adresse sur une serviette. « Si tu as besoin d’un coup de main, je suis en vacances... » poursuit-elle distraitement. Elle s’arrête un moment pour observer le papier, elle hésite, manque d’ajouter un coeur ou un smiley, puis se dit que pour quelqu’un qui est censé avoir passé la majorité de sa vie à éviter de ressentir quoi que ce soit, elle a potentiellement un problème, alors elle s’abstient. Même si l’idée de signer par un mot d’amour lui traverse clairement l’esprit. Elle ajoute son numéro tout en bas, parce qu’elle ne sait pas si Samia l’a gardé, et que ça peut l’encourager à lui écrire. Eventuellement lui faire aussi comprendre qu’elle est emballée par l’idée de reprendre contact, et peut-être faire comme si les sept dernières années n’avaient pas eu lieu. Après tout, n’est-ce pas dans un bar qu’elles se sont embrassées pour la première fois ? Est-ce que Samia s’en souvient seulement ? Shea se racle la gorge, pour forcer son esprit à reprendre le fil d’une perspective amicale. Elle se sent de nouveau tiraillée entre deux forces contraires. Elle pousse alors la serviette vers elle, voudrait laisser sa main là, à disposition, comme une invitation, comme pour lui dire qu’elle lui appartenait déjà avant et qu’elle voudrait à nouveau sentir la main de Samia dans la sienne. Elle avait été constamment avide de la toucher, même quand elle avait prétexté partir pour aller chercher à manger, elle n’avait pu s’empêcher de revenir sur ses pas et de poser ses lèvres dans son cou. Sans doute que si Samia n'avait pas disparu de la chambre, tout aurait été différent. Peut-être que Shea serait revenue sur sa décision. Sans doute qu’en cet instant, elle pourrait la prendre contre elle, lui demander de tout oublier. Mais elle repense à cette bague, et bien que la perspective de briser des couples ne l’a jamais arrêtée avant, elle ne peut se résoudre à l’idée de faire souffrir Samia. Sans parler du fait qu’elle vient de lui dire qu’elle était très heureuse et qu’elle n’a visiblement plus aucun intérêt pour elle. Shea arrive à se convaincre que si la situation devenait insupportable, elle aurait toujours la possibilité de ce qu’elle sait faire de mieux : fuir. « Par contre il faut que je te prévienne... il y a un dress code. » Shea relève alors la tête vers elle, va lui offrir un sourire malicieux, mais elle est frappée de plein fouet par une constatation effarante. Pourquoi faut-il qu’elle soit restée aussi belle ? Elle déglutit : « J’espère que tu as une robe de soirée dans tes cartons… »

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Jeu 16 Juil - 15:56
Samia est tout sauf certaine que cela puisse fonctionner. Etre amies, parler de choses banales et se voir de temps en temps. Elle est déjà devenue amie avec des ex pourtant. Mais si elle est tout à fait honnête, ça a souvent dérapé. Sauf que maintenant, ça ne peut plus arriver. Et avec Shea, elle se dit que ça peut être compliqué. Après tout, elle semblait en avoir envie. Et Samia n’a pas besoin de réfléchir longtemps pour se souvenir de ce qu’elle ressentait avec l’anglaise. Ce qui est plus difficile, c’est d’éviter d’y penser. Alors oui, Samia a ses doutes. Mais elle a aussi cette petite voix qui la fait rester. Qui fait qu'elle a envie d’essayer. Parce que Shea lui a manqué, malgré tout. Malgré la façon dont ça s’était terminé entre elles. « Non, je viens d’arrêter. Je me laisse encore un peu de temps pour savoir ce que je ferais après. » Après l’arrivée du bébé, qui est la première raison pour laquelle elle a quitté son travail d’hôtesse de l’air. Et puis il était sans doute temps pour elle de se poser un peu plus. Même si elle a adoré ce travail, il n’était pas fait pour qu’elle y reste toute sa vie. La prochaine étape, elle ne sait pas encore de quoi elle sera faite, mais elle l’attend avec impatience. Mais elle ne parle pas de ce détail avec Shea. Seuls ses amis proches sont au courant. La tradition veut d’attendre que le premier trimestre soit passé, et sans doute que ça arrange Samia. Elle n’est pas forcément prête à l’avouer à une ex. « Oh non, je ne vais pas t’imposer ça. Les choses vont à leur rythme, c’est bien comme ça. Je ne me stresse pas pour ça. » Si c’était le cas, elle serait une véritable boule de nerfs. Certes, de l’aide pourrait lui être utile, mais elle ne préfère pas demander à Shea. Qu’elles soient chez elle, seules… elle ne sait pas si elle se fait confiance. Un bar, c’est sans doute mieux. « Et qu’est-ce que tu as de prévu pour tes vacances ? » Elle l’interroge, pour changer de sujet et éviter qu’elle n’insiste. Même si elle ne pense pas qu’elle le fera. Samia a déjà dit qu’elle viendrait à la grande soirée du bar où elle travaille. En théorie, elle aura le temps d’hésiter mille-et-une fois, mais ça, Shea ne le sait pas. Tout comme elle ne sait pas tout ce qui se passe dans la tête de Samia à cet instant. Ou même dans son cœur. Samia se surprend même à réussir à tenir. Surprise que Shea ne le devine pas, comme elle était capable de le voir aussitôt à l’époque. Mais à cette époque qui parait si lointaine, Samia ne cachait rien. Ne cherchait absolument pas à résister. Que ce temps lui parait simple vu d’ici. Elle hausse un sourcil quand Shea évoque un dress-code. C’est vrai qu’elle est loin d’être en robe de soirée aujourd’hui. Sans doute qu’on ne la laisserait pas rentrer dans un bar un peu sélect, même si elle ne pense pas être mal habillée non plus. Simplement pas habillée pour une soirée. « Je devrais pouvoir trouver ça. » A condition qu’elle rentre encore dedans d’ici-là. Ça, elle n’y avait pas pensé. « Sinon, ça me fera une excuse pour faire les magasins. »

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Jeu 16 Juil - 19:35
Shea aurait voulu garder sa main sur celle de Samia, ou à défaut, tout près de la sienne. Tout comme elle voudrait rester assise là, les yeux plongés dans les siens. Elle doit se faire à l’idée que ça risque de devenir gênant, alors elle baisse les yeux en se demandant ce qui serait arrivé si Samia n’avait pas retiré sa main un peu plus tôt. Elle se demande aussi les choses auraient escaladé. Et si elle avait avoué à Samia qu’elle avait trop peur de ce qu’elle lui faisait ressentir, il y a bien longtemps, sa vie aurait-elle prit un tournant différent, ou bien auraient-elles continué de se fréquenter de manière régulière et non exclusive ? Elle a tellement de questions qui n’auront pas de réponses. Shea la voit discuter normalement, si peu affectée par sa présence, par sa façon excessivement meurtrie de la regarder, par son envie folle de l’embrasser qui ne disparaît pas, et qui risque de s’accroître si elles sont amenées à se voir. Les circonstances qui les tenaient éloignées l'une de l'autre n'étaient pas apparue par hasard, elles ne s'étaient jamais dissipées, depuis leur rencontre. Et pourtant, comment un être dont elle ne connaissait finalement pas grand chose, qu’elle ne voyait qu’assez peu, avait-elle pu attirer autant l'attention de Shea, comment avait-elle pu transpercer, et inconsciemment, le mur de glace que celle-ci avait dressé dans son cœur, comment Samia avait-elle dérogé à ce au nom de quoi elle s’était forgée ? Elle avait passé du temps à essayer de réparer ce qu'elle croyait s'être brisé en elle depuis leur dernière séparation. Elle pouvait prétendre autant qu'elle voulait s'être perdue en chemin, d'avoir commis des erreurs de jeunesse, d’avoir uniquement cherché à vivre de nouvelles expériences, rien n'était jamais assez convainquant. Et elle lui en veut un peu, à cet instant, de ne pas avoir cherché à la revoir, parce qu'elle est responsable d'une partie des maux dont Shea s’est sentie victime. Elle cesse immédiatement de la rendre coupable lorsqu'elle repense à ses lèvres, à l'univers qui semblait trouver son équilibre dans ses bras. Elle jette un coup d’œil autour d'elles et Shea amorce, un peu plus lascivement que prévu, avec un sourire en coin : « Ca veut dire que je ne te verrais plus en uniforme d’hôtesse de l’air… ? » Elle évite toutefois de lui parler de l’effet que cet uniforme avait sur elle, et pas uniquement parce qu’elle aimait par dessus tout le lui enlever précipitamment - ou à l’inverse très lentement. De nouveau Samia lui pose des questions tout à fait banales, et Shea hésite. A un moment donné de leur prétendue amitié, elle sera bien forcée de fonctionner et de lui parler normalement. Habituellement, elle aurait coupé court à la conversation, elle serait partie sans demander son reste. Cette idée de jouer les amies avec quelqu’un dont elle a envie lui est inconcevable, et les efforts qu’elle devra fournir pour lui résister, ou plutôt, résister à l’envie d’essayer de la reconquérir la fatiguent d’avance. Sauf qu’avec Samia les choses ont toujours été différentes. « Depuis le temps que je suis ici, j’ai jamais mis les pieds à Staten Island. » Evidemment pour y remédier il faudrait que Samia l’invite, et elle se demande si ce sera ça leur relation désormais : des phrases à demi-mots, qui évoquent quelque chose de plus, beaucoup de questions, et jamais de réponses. « Oh à part sortir, pas grand chose. Tu viens souvent ici ? » Shea use de tout son pouvoir de séduction pour lui sourire. Le regard inlassablement accroché à ses lèvres, elle s’abandonne aux seules pensées qui lui traversent l'esprit et qui sont exactement celles qu'elle devrait à tout prix éviter. Parce qu'après quoi ? Samia l'arrêterait parce qu'il faut bien que l'une des deux soit raisonnable, et Shea disparaîtrait, honteuse, ou bien ferait comme si de rien n’était, comme toujours. De leur manière d'interagir, sans le silence pesant couvrant leurs réflexions intimes, on peut presque avoir l'impression d'avoir affaire à des amies authentiques et légitimes. Sauf que c'est Shea Cavendish et Samia Lakhani, sept ans après, qu'elles connaissaient le corps de l'autre à la perfection, à ressasser le passé alors qu’elles ne devaient plus se revoir. Il faut à Shea plusieurs secondes pour se concentrer à nouveau sur ce qu'elle va dire. « Tu peux... » murmure-t-elle indistinctement. Consciente de l'incertitude dans laquelle elle la plonge, elle ne veut pas poursuivre immédiatement. Elle peut quoi ? S'interroge-t-elle elle-même. Le silence redevient tension et la tension devient insurmontable pour Shea. Elle avale à nouveau une goutte de café. Cette intimité la fait rougir légèrement, et ce qu’elle va lui dire a certainement sa part de responsabilité. « Tu peux venir accompagnée… si tu veux. » Puis elle baisse le visage, en ignorant son coeur qui se décompose à nouveau.

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