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every Tuesday night for dinner and a glass of wine | lenny

@ Invité

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Mer 1 Déc - 22:00
Jessica n'est pas vraiment une femme de routine. Son métier rend cela difficile, d'une part. Il y a toujours des détails à régler au dernier moment, des gens qui font faux bond, un problème d'impression, de codage, du personnel absent, un truc qui ne se passe pas comme prévu, un rendez-vous pris à la dernière minute. Et puis, elle aime vivre dans l'instant, saisir les opportunités qui viennent comme elles viennent, profiter de la vie. Carpe diem, tout ça, tout ça.

Mais, il y a quand même des petits rituels qu'elle apprécie. Commencer à regarder des films de Noël niais dès que Thanksgiving est terminé et ne pas s'arrêter avant le 6 janvier, par exemple. C'est pourquoi, sur l'écran de la salle de conférence actuellement déserte du magazine, un film bien connu défile et la brune ne peut qu'anticiper les répliques de la fabuleuse Emma Thompson, avec l'accent pas tout à fait au point qui va avec bien sûr « There was more than one lobster at the birth of Jesus? »

Se rendant finalement compte qu'elle perd en attention et que l'heure tourne, la rédactrice en cheffe abandonne la rédaction de son mail pour aujourd'hui et rabat l'écran de son ordinateur. Ca suffit pour aujourd'hui et puis, elle ne peut pas se permettre d'être en retard. Un autre petit rituel, c'est ses sushis avec Lenny, pas très loin de l'immeuble où ils se trouvent vivre tous les deux. Elle doit donc passer près de 45 minutes dans les transports et partir maintenant pour s'assurer de sa ponctualité. Là encore, pas une de ses qualités innées, mais, pour son ami, la jeune femme fait un effort. Car elle sait que lui, sera là exactement à la même heure que mardi dernier et le suivant et c'est la moindre des politesses d'en faire de même.

Distraitement, elle pianote sur son téléphone et se fait donc bousculer alors qu'elle entre dans la bouche de métro. Encore influencée par son visionnage intensif de films festifs, Jess s'emporte et crie « Yeah and merry Christmas, you filthy animal! » L'individu ne se retourne même pas, après tout, nous sommes à New-York, mais deux ou trois personnes dans la foule de gens en transit laissent échapper un petit sourire. La brune leur rend au centuple, toujours un peu excessive dans ses humeurs.

Finalement, elle parvient jusqu'au Queens et marche d'un bon pas vers le Mira. Elle voit Lenny à travers la vitre, installé à leur table habituelle et entre sans grande discrétion ou délicatesse. Jessica se dirige vers son ami, son écharpe déjà défaite et son manteau à moitié enlevé. « Coucou toiii! Ca va? J'espère que je ne suis pas en retard hein, je suis partie tôt exprès, normalement j'étais large, mais tu sais comment c'est le métro l'hiver! » Elle parle un peu trop vite et un peu trop fort, bien entendu et ce n'est qu'en s'asseyant enfin qu'elle baisse d'un ton. « Pardon, pardon, je m'emballe. Reprenons. Tu vas bien? » La jeune femme adresse un sourire franc au bibliothécaire, qui fait briller ses yeux bruns et saillir ses pommettes.

Le serveur apporte les menus, déposant au passage un petit bol de cacahuètes pimentées. Jess pioche dedans avec entrain et ne contient pas des bruits de satisfaction que leurs voisins de table entendent tout aussi bien que Lenny. « Hmmm, c'est bon ce truc! C'est fin, c'est très fin, ça se mange sans faim! » Elle rit légèrement, puis reprend une cacahuète, portant désormais son attention pleine et entière sur son ami.

@ Invité

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Ven 3 Déc - 22:10

Par bien des aspects, l'amitié qu'entretenait Lenny Cooper avec @Jessica Doyle avait quelque chose d'absurde. Il était difficile d'imaginer deux personnes plus différentes l'une de l'autre, Lenny réservé et timide, Jessica ouverte et extravertie, et pourtant, c'était ce qui faisait fonctionner leur relation, ce qui les opposait.

Lenny avait besoin de ce petit grain de folie dans sa folie, et il offrait un peu de calme à Jessica quand celle-ci en avait le besoin. Lenny appréciait chaque moment qu'il pouvait passer avec la rédactrice, même si, il devait l'avouer, il tendait à brûler l'entièreté de son énergie dans leurs rencontres.

Comme à son habitude, Lenny était arrivé un peu en avance, jouant distraitement avec ses baguettes, installé dans le restaurant de sushi qui était leur lieu de rendez-vous de prédilection. Toujours la même table, la même commande pour Lenny, une familiarité qui le rassurait et qui lui permettait d'économiser ses forces, ce dont il avait bien besoin, avec la tornade Doyle.

Lenny eut un sursaut lorsque Jessica fit son entrée, à l'heure, cette fois. Il lui fallut un instant pour s'ouvrir à elle, assimiler ce qu'elle venait de lui dire, et trouver les mots pour lui répondre, continuant à jouer avec ses baguettes dans un mouvement automatique :

"Tu n'es pas en retard, et je vais bien. Ma petite soeur est chez moi temporairement, et cela me fait de la compagnie."

Avoir Madison à domicile était une grosse brèche de sa routine, mais Lenny était dévoué à sa famille, et présent lorsqu'ils étaient dans le besoin. Avec son divorce, Maddie avait bien besoin de se changer les idées et d'oublier un peu les procédures et les complications...

Se saisissant du menu aussitôt qu'il lui fut proposé, quand bien même il savait déjà ce qu'il allait prendre, Lenny se crispa visiblement lorsque Jessica commença à s'emparer des cacahuètes, ses bruits de satisfaction lui tirant un frisson incontrôlé. Sa misophonie n'appréciait guère l'expérience, même s'il avait appris tant bien que mal à s'habituer à ce genre de choses en présence de son amie. Sa tolérance s'était agrandie, mais la chose n'en restait pas moins désagréable à expérimenter...

Lenny resta à l'écart des cacahuètes pimentées, palais trop délicat pour supporter le goût fort, et se balança légèrement sur sa chaise, une manière pour lui de mieux supporter les agressions du monde extérieur :

"Tu peux avoir le bol, je n'aime pas tout ce qui est pimenté. Et c'est beaucoup trop bruyant à manger."

Sans s'attarder sur le sujet, Lenny passa immédiatement à autre chose, s'intéressant sincèrement à ce que son amie pouvait bien avoir à lui dire :

"Le travail se passe bien ? Un sujet en cours ?"

Il réalisa alors que, une fois encore, il avait complètement oublié les règles de politesse les plus élémentaires et, en vue de réparer cela, esquissa un geste maladroit de la main, un sourire aux lèvres :

"Bonjour, Jessica."

Son expression était heureuse, témoignant sans l'ombre d'un doute de la joie qu'il éprouvait à voir son amie. C'était une drôle de paire qu'ils formaient tous deux, et, pourtant, cela fonctionnait...

@ Invité

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Dim 5 Déc - 14:46
tw: évocation de Roe v. Wade et de la fin possible de l'IVG légalisée aux USA.

Les conversations avec Lenny ne suivent pas toujours un cours très linéaire, parce qu'il oublie parfois certaines conventions sociales, parce que Jessica parle un peu trop et part dans des tangentes difficiles à suivre. Et c'est ce qui fait tout leur charme, il n'y aurait aucun intérêt à avoir la même conversation toutes les semaines ou à savoir exactement ce que pense l'autre à tout instant. C'est beaucoup plus divertissant ainsi! Son ami lui fait d'ailleurs part d'une visite surprise qui lui fait brièvement froncer les sourcils. Puis cela lui revient et elle fait un grand sourire. « Aaah oui ta sœur, hum, j'ai envie de dire Mary? Non… Maddie! C'est ça? » Attendant à peine une confirmation, elle poursuit « C'est sympa en tout cas, elle reste longtemps? Pas trop dur de partager ton appart? » Au delà de la vie bien réglée de Lenny, il n'est pas toujours facile de partager son espace, même avec des membres de sa famille. Surtout, en fait. Autant, Jessica a eu des tonnes de colocataires à travers tous le pays, autant elle ne pourrait jamais partager à nouveau un appartement avec ses frères et sœurs. Mais évidemment, chaque situation familiale est différente, loin d'elle l'idée de projeter sa petite vie sur son ami.

La brune picore ensuite avec tant d'enthousiasme qu'elle en oublie les efforts les plus élémentaires. Mettant une main devant sa bouche et prenant bien le temps de finir sa bouchée - le plus discrètement possible - elle répond d'une voix contrite « Han babe, pardon, j'ai pas fait attention! Je vais tâcher de mâcher doucement et loin de toi. » Plus facile à dire qu'à faire, elle va surtout éviter de s'enfiler tout le bol de cacahuète avant que le serveur ne repasse pour prendre les commandes. Sans pour autant se priver bien sûr, tout es question de compromis, en amitié comme dans la vie en général. Et celui-ci est bien plus facile à faire que d'autres.

Toujours intéressé et à l'écoute, Lenny l'interroge alors sur le magazine. Un sourire aux lèvres, la rédactrice en chef répond avec enthousiasme. « Oh, tu sais comment c'est les fins d'année! On fait des récap pop-culture, les meilleurs shows, les meilleurs albums, les artistes à suivre en 2022... » Brièvement, son visage s'assombrit un peu et elle reprend d'un ton plus grave. « Et puis bon, au vu de l'actualité du moment, on va aussi essayer de boucler un article sur Planned Parenthood et les répercussions de la suspension de Roe v. Wade qui nous pend au nez avec cette Cour Suprême de mes deux… » Elle contient sa colère, ne voulant pas s'emporte face à son ami, qui n'y est pour rien du tout dans tout ça. « Ca ne fera pas bouger grand chose, mais c'est une obligation citoyenne d'en parler à ce stade. »

Essayant de ne pas plomber complètement l'ambiance avant que le premier sushi arrive, Jessica ajoute. « Et toi, ça se passe bien au lycée? Les jeunes ne vous font pas trop la misère? » En éternelle ado rebelle, la jeune femme a toujours tendance à être du côté des gosses dans les histoires de ses ami.e.s prof, mais elle sait aussi reconnaître la difficulté de leur métier. Il est de plus en plus difficile d'essayer d'éduquer la jeunesse, surtout avec les coupes budgétaires à foison et l'état actuel du monde. Encore une fois, un sujet un peu dark pour ce dîner entre amis. Aussi, elle sourit largement quand Lenny la salue, après avoir déjà bien entamé la conversation. « Bonjour Lenny ! Ca me fait plaisir de manger avec toi, comme toujours. Tu es prêt à commander j'imagine? » Elle pourrait le faire à sa place à ce stade, mais ça ne serait pas très poli et elle préfère donc attendre qu'il confirme pour héler le serveur.

@ Invité

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Sam 1 Jan - 13:48
"Maddie, oui. Madison. Ma petite soeur."

Lenny avait hoché la tête tout en prononçant ces mots, une douce chaleur se propageant dans tout son être à la mention de sa sœur d'adoption. Il n'y avait pas assez de mots pour décrire à quel point Lenny aimait sa famille, la place et l'importance qu'il leur accordait dans chaque instant de sa vie.

Madison, Roman, leur père, tous trois l'avaient sauvé d'un enfer dont il n'était même pas conscient qu'il pourrait un jour s'échapper. Ils l'avaient comblé d'affection, fait les pas nécessaires pour le comprendre, et lui avaient donné toutes les clés pour pouvoir s'aventurer dans le monde extérieur et mener sa propre vie. Lenny ne les remercierait jamais assez pour cela.

Alors, oui, partager son appartement et sa vie n'étaient pas chose aisée. Mais Lenny le referait dix fois, cent fois, mille fois si nécessaire, pour les gens qu'il aimait tant. Il révéla le fond de sa pensée à @Jessica Doyle, se balançant légèrement sur sa chaise :

"Elle restera aussi longtemps qu'elle le souhaite. Ma porte lui sera toujours ouverte. Et... Et non, ce n'est pas toujours facile, mais c'est une bonne chose. Et Maddie est très gentille et compréhensive."

Hésitant un peu, il finit par ajouter, se grattant la nuque d'un geste nerveux :

"A dire vrai, je songe de plus en plus à trouver un colocataire. J'en avais un, quand je suis arrivé dans cet appartement pour la première fois, mais il s'agissait plus d'une aide pour me permettre d'apprendre à vivre indépendamment. Payer une part moins importante du loyer m'aiderait au quotidien et... et devoir faire des concessions et des efforts sur mon espace de vie, ma sociabilité, je pense que cela pourrait m'être bénéfique. Peut-être."

Lenny reprit son souffle après son petit monologue, un petit rire lui échappant lorsque Jessica réalisa à quel point elle pouvait être bruyante en mangeant. Elle s'en excusa, et Lenny haussa les épaules. Il était habitué aux excentricités de son amie, qui lui pardonnait également les siennes. C'était ainsi qu'ils parvenaient à faire fonctionner leur relation aussi inattendue que complémentaire.

"Merci pour l'effort. J'apporterai un casque anti-bruit la prochaine fois, pour que tu puisses t'en prendre au bol de cacahuètes sans crainte ni remords."

Lenny avait évoque le magazine de Jessica, sincèrement intéressé par son travail et ce qui tenait tant à coeur à son amie. Lui-même n'était pas forcément des plus informés, passant le plus clair de son temps le nez dans des ouvrages de fiction plutôt qu'à observer ce qui se déroulait autour de lui, mais il travaillait dessus, tant bien que mal.

Il hocha la tête, regrettant de ne pas être en mesure de relancer davantage de le sujet avec Jessica. Il était sans cesse fasciné par l'ouverture de son amie au reste du monde, tout ce qu'elle pouvait savoir et ce qu'elle faisait des connaissances qu'elle possédait.

Jessica avait des choses à dire, et elle les exprimait avec force et conviction, là où Lenny tendait à garder ses pensées pour lui-même, avec l'idée que cela n'intéresserait pas grand-monde, de toute manière...

"Peut-être que ça permettra à certaines personnes de prendre davantage conscience de la situation. Je lirai l'article, je pense qu'il y a beaucoup de choses que j'ignore moi-même, et que je devrais savoir."

Jessica l'interrogea à son tour sur son travail, et, une nouvelle fois, Lenny haussa les épaules. Les jeunes du lycée ne lui faisaient pas la "misère", comme son amie le disait si bien, mais il était vrai qu'ils n'étaient pas tous très chaleureux à son égard. Lenny était différent et, en tant que tel, il attirait la curiosité mal placée et les moqueries. Il s'y était résigné, tant bien que mal.

"Comme d'habitude, ça ne bouge pas beaucoup. Toujours les mêmes élèves qui viennent se réfugier dans ma bibliothèque, toujours les mêmes qui ricanent sur mon passage. Il y a du bon et du mauvais. J'essaie de voir pour des projets pédagogiques, pour encourager la lecture, mais c'est difficile de trouver le temps et de motiver tout le monde pour cela. Et c'est fatiguant pour moi aussi. Je préfère rester derrière mon bureau et ne pas être le centre de l'attention."

Lenny avait tout fait dans le désordre, comme d'habitude, et c'était seulement maintenant qu'ils se saluaient, après avoir entamé une conversation entière. Embarrassé par la chose, il hocha la tête quand Jessica lui demanda s'il était prêt à commander, marmonnant d'une petite voix :

"Oui. Toujours la même chose. C'est... C'est rassurant. Pas de mauvaises surprises."

Pas vraiment l'occasion de découvrir de nouvelles choses non plus, mais Lenny avait des goûts et des tolérances restreintes, et tenter des saveurs différentes était toujours un risque pour lui. Le bibliothécaire pouvait avoir des réactions quelque peu extrêmes face à des textures qui ne lui seyaient pas...

"Je... Je suis heureux de manger avec toi aussi. J'aime passer du temps avec toi. Avec une amie."

Franc et vulnérable, Lenny l'était, souvent. Cela ne rendait pas pour autant les choses plus faciles à dire...
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@ Invité

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Dim 16 Jan - 14:17
Lenny parle de sa petite sœur - qui s'appelle bel et bien Maddie, la rédactrice pouvait continuer à se vanter de sa bonne mémoire - avec un air si visiblement attendri que Jess ne pu que sourire jusqu'aux oreilles. Bien qu'ils soient plutôt bons amis, ils n'étaient jamais entré dans les détails du passé de Lenny, mais ils avaient suffisamment parlé pour que la brune sache à quel point sa famille était importante pour lui. Sa vraie famille, du cœur.

Il se montre donc étonnamment conciliant, prêt à partager son espace de vie pour une durée indéterminée, à la convenance de sa sœur. La jeune femme admire sa gentillesse et les efforts qu'il fournit pour les siens, là où des gens bien plus à l'aise avec la compagnie d'autrui n'en feraient pas tant. Il va même plus loin, révélant qu'il se sent prêt à prendre un colocataire. Jessica ne cache pas sa surprise, n'ayant jamais vraiment imaginé son ami vivre autrement que dans le calme de son petit appart rempli de livres. Bien qu'ils soient voisins, elle ne lui a elle-même pas rendu visite si souvent et elle ne se rappelle pas s'y être rendue pour une soirée, même de jeux de société. Il est aussi possible qu'elle n'ai pas été invitée ou qu'elle n'ai pas pu venir, force est de constater que son rythme de vie peut être frénétique. Mais, elle ne doute pas que Lenny puisse trouver une étudiante sérieuse ou un nerd qui ne sort pas trop de sa chambre avec qui vivre en harmonie.

« C'est super chouette ça, c'est sûr que partager les dépenses, ça soulage le portefeuille! Et si tu penses être prêt, je suis sûre que tu trouveras quelqu'un avec de bonnes vibes. Tu n'es pas pressé en plus, donc tu peux prendre le temps de discuter avec les gens, te faire une idée de comment ils sont. Et puis, parfois, ça fait du bien de ne pas être seul. » De son côté, Jessica profite du luxe d'un petit appartement rien qu'à elle, avec une vraie cuisine et une baignoire. C'est sans doute la première fois qu'elle a un appartement d'adulte rien qu'à elle - pas un studio miteux ou une maison décrépie à partager à six - alors elle compte bien s'y prélasser tant que ses finances le lui permettront. Ce qui, à New-York, dans l'industrie des médias, risque de ne pas être pour bien longtemps.

Son rire complète alors celui de Lenny, quand il propose d'apporter un casque anti-bruit lors de leur prochain dîner. « Je crois que je vais juste demander au serveur où ils les ont achetées, je suis sûre que ça coûte que dalle à l'épicerie asiatique! » Le commerçant voudra-t-il révéler les petits secrets de son business, ça, c'est une autre affaire. Mais nul doute que Jessica saura lui tirer les vers du nez, après tout, il faut bien quelques privilèges à être des clients fidèles.

La conversation suit son cours sur le travail et son ami, comme toujours, se montre sincère et encourageant, promettant de lire l'article pour en apprendre plus sur le sujet. La rédactrice lui adresse un sourire tendre, touchée même après tout ce temps du soutien de ses proches dans son travail. « Je te passerai une copie du magazine quand il sera sorti. Tu pourras aussi lire l'article sur le site, il sera disponible pour tout le monde, sinon ça n'a pas un grand intérêt éducatif. » Le complexe équilibre entre la volonté d'informer le plus grand nombre et la nécessité de payer ses facteurs et ses employées. Mais pour le coup, le sujet mérite une perte de revenus et un lien vers le site de dons de Planned Parenthood.

Lenny lui raconte alors sa routine au lycée, provoquant un petit serrage de dents chez Jessica. L'idée que des sales gosses puissent ricaner de quelqu'un d'aussi profondément gentil que le bibliothécaire la met hors d'elle. Quel genre d'éducation ont-ils pu recevoir? Que fait cet établissement pour encourager la bienveillance et le vivre ensemble? Et par dessus le marché, son ami veut mettre en place des projets pour eux. Vraiment, ils ne le méritent pas. « Je suis désolée qu'il y ai encore des gamins qui se moquent de toi, c'est franchement inacceptable, la direction devrait faire quelque chose. » Elle sent la colère monter, mais sait aussi que ce ne serait pas productif de partir dans un monologue sur l'éducation à la différence dans ce restaurant de sushis, aussi elle prend une inspiration et décide de passer outre. « Mais, c'est cool ce que tu essaie de faire, mais ne te tues pas à la tâche, prends le temps de faire ça petit à petit. Et tu peux peut-être solliciter des profs pour le côté animation si ça t'épuises trop, ils ont l'habitude de se mettre en scène pour les marmots après tout! » Jess rit un peu, plus pour ne pas trop s'attarder sur ce qui l'agace et détendre un peu l'atmosphère que parce qu'elle se trouve particulièrement drôle.

Ils rembobinent alors la discussion au début, Lenny avouant d'un ton penaud qu'il prendra la même chose que d'habitude. Et en profites au passage pour se montrer absolument adorable. La brune lui sourit tendrement, ne pouvant retenir une exclamation d'affection « Aw, Lenny! Tu sais que je t'adore, je te ferais un câlin même, mais ça ne ferait plaisir qu'à moi, alors on va éviter. » Elle rit à nouveau, sachant que malgré toute sa douceur, son ami n'est pas forcément des plus tactiles, contrairement à elle. Un ajustement minime pour profiter de leur belle amitié.

Le serveur refait son apparition et elle le soupçonne de faire semblant de noter la commande de son ami, sachant lui aussi exactement ce qu'il veut. La jeune femme adresse un petit clin d'oeil à Lenny, commentant avec un sourire. « Tu sais ce qu'on dit, on change pas une équipe qui gagne! Moi, je vais prendre le menu B7, j'avais testé il y a quelques temps et c'est une tuerie, le sashimi est parfait. Ah et un verre de Pinot Grigio s'il vous plaît. » Le serveur la remercie vaguement du compliment et ne fait pas de commentaire sur ce choix de vin des plus trashy. You can take the girl out of New Jersey but you can't take New Jersey out of the girl.

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@ Invité

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Jeu 21 Avr - 22:18
En toute sincérité, Lenny ne savait pas s'il était prêt pour un colocataire. Il ne savait pas s'il était prêt pour beaucoup des choses qu'il avait pourtant accompli au cours de sa vie. Certaines avaient été des échecs retentissants, quand d'autres avaient beaucoup mieux fonctionné.

Parfois, il n'y avait pas d'autre choix que de se lancer dans le vide, et espérer le mieux... Quand bien même l'idée était horriblement stressante pour Lenny, qui se complaisait dans sa routine bien ancrée et ses rituels rassurants. Le moindre pas hors de chez lui était déjà une excursion hors de sa zone de confort. Amener quelqu'un dans sa zone, après Madison, pourrait-il le supporter ?

"Hmm, j'ai le temps, oui. Je n'accueillerai personne tant que ma soeur sera là, de toute façon, et elle peut rester aussi longtemps que nécessaire. Il faut que je trouve quelqu'un avec qui je puisse établir un terrain d'entente. Je suis assez rigide, je risque d'être un mauvais colocataire avec les personnes non appropriées."

C'était un euphémisme. Lenny avait sa façon de faire les choses, et il lui était plus que difficile de faire des concessions sur ce point. S'il tombait sur un colocataire qui refusait d'adopter son système de rangement pour ses livres, par exemple, cela risquait de mal tourner...

Il hocha la tête quand Jessica lui fit savoir qu'elle essaierait de trouver d'où viennent ces cacahuètes grillées qu'elle appréciait tant, afin de ne pas avoir à l'importuner en les mangeant à sa présence. Il appréciait sa sollicitude, lui qui était habitué à devoir faire des efforts pour l'autre plutôt que l'inverse...

Lenny secoua la tête quand Jessica lui fit savoir qu'elle lui passerait une copie de son magazine. Il ne voulait pas avoir cela gratuitement, pas s'il pouvait payer pour ce contenu important. Lenny souhaitait contribuer, à son modeste niveau, au magazine de son amie. Ce n'était pas grand chose, mais c'était déjà ça...

"Je paierai pour le magazine. Je verrai si je peux partager l'article avec mes collègues ou des amis. Je n'ai pas le cercle le plus grand, mais je connais quelques personnes. Et on me fait généralement confiance, lorsqu'il s'agit de recommander une lecture..."

Lenny eut un sourire en prononçant ces mots, sourire qui faiblit lorsqu'il évoqua son travail et que Jessica s'attarda sur la manière dont les élèves le traitaient. Il n'avait pas réfléchi avant de parler, n'aimant pas évoquer ce sujet.

Parfois, il ne pouvait s'empêcher de se sentir fautif vis-à-vis de la manière dont il était traité. S'il trouvait les bons mots, le bon discours, peut-être pourrait-il mettre fin à cela... Ou s'il était moins... S'il était plus... Lenny secoua la tête à cette pensée. Du validisme internalisé, lui dirait son thérapeute. Il pensait que cela était globalement derrière lui, ce genre de pensées, mais visiblement, elles pouvaient revenir bien trop facilement.

"Ils n'ont pas su gérer ce genre de choses quand j'étais élève, ils sauront encore moins le faire maintenant que je suis adulte et supposément en position d'autorité. De toute manière, c'est à moi d'arranger mes problèmes. Je n'ai plus l'âge de me réfugier derrière qui que ce soit à tout bout de champ."

Lenny étira un sourire maladroit, qui se voulait rassurant, lorsque Jessica lui conseilla de prendre le temps de faire les choses et de ne pas s'épuiser :

"Je ferai attention, promis. Et si c'est un projet qui prend de l'ampleur, je demanderai de l'aide. Enfin, pour cela, il faut d'abord que je mette au point des projets viables et concrets. Une bonne planification, c'est l'essentiel."

Lenny n'avait pas pu s'empêcher de grimacer devant la commande de Jessica, en particulier le verre d'alcool. Il savait qu'il ne pouvait pas demander à son amie de se priver pour lui, mais il était toujours mal à l'aise quand quelqu'un avec qui il interagissait buvait devant lui. Il avait appris tant bien que mal à affronter cette peur, mais le sentiment de malaise demeurait...

Triturant nerveusement sa serviette, il avait passé sa propre commande, la même que d'habitude, jusqu'à la boisson, toujours un sirop de litchi (qui, selon lui, s'accordait le mieux avec son menu). Il ne put s'empêcher de marmonner, le regard rivé sur ses genoux :

"Evite de trop boire."

Réalisant ce qu'il venait de dire à voix haute, il releva la tête vers Jessica, crispant ses doigts sur sa serviette :

"Je... Euh... Pardon. C'était déplacé de ma part."

Est-ce qu'elle lui en voudrait ? Est-ce qu'elle pensait qu'il venait de la traiter d'alcoolique, ou que savait-il encore ? Lenny avait tendance à dramatiser très vite, mais il lui était aussi difficile de savoir lorsque que quelqu'un était réellement fâché. Ce qui le poussa à demander, d'une voix penaude :

"Tu... hmm... Est-ce que tu veux bien me pardonner ?"

Il ne voulait pas lui laisser croire qu'il pensait ce genre de choses à son égard. Lenny avait simplement du mal avec l'alcool, un traumatisme qu'il gérait tant bien que mal dans une société si naturellement consommatrice...
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@ Invité

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Jeu 28 Avr - 22:04
Attentive, Jess hoche la tête en écoutant son ami lui expliquer ses contraintes pour trouver un ou une colocataire, bien qu'il ne soit évidemment pas pressé de mettre sa sœur dehors. Ce qui est tout à son honneur, si l'une de ses frangines venaient toquer chez elle, elle ferait tout pour l'en chasser au plus vite, malgré tout l'amour qu'elle leur porte. Pour éviter ce scénario catastrophe, peut-être devrait elle arrêter d'ignorer les lettres de relance du Oak Complex, lui rappelant qu'elle est engagée à payer les charges du deuxième colocataire tant qu'elle n'a pas trouvé de remplacement… Mais c'est un problème pour un autre jour, ce soir, elle sourit à la remarque de Lenny sur sa rigidité, répliquant tendrement. « Il y a plein de gens compréhensifs dans ce monde et je suis sûre que vivre avec une bonne routine et un coloc aussi gentil que toi, ça pourrait faire du bien à beaucoup de gens. » Elle la première sans doute, mais la brune est un peu trop ancrée dans ses mauvaises habitudes pour a) l'admettre à voix haute et b) faire les efforts nécessaires pour se plier à ce genre de vie. Que voulez-vous, elle a parfois besoin de se lever à 3h du matin et écouter de la pop triste pour écrire son édito, c'est comme ça.

La conversation en vient alors au prochain numéro du magazine, que Lenny insiste bien entendu pour payer, comme tout le monde. Un sourire un peu ému traverse le visage de la rédactrice en cheffe, qu'elle transforme tant bien que mal en une expression chaleureuse. Elle reste touchée que ses proches continuent à la soutenir, à croire en son travail et ses valeurs. « Je confirme, je crois que j'ai lu tout ce que tu m'as conseillé et tu as toujours visé juste! Et merci, ça me fait plaisir que tu veuilles nous soutenir financièrement. » Après tout, chaque dollar dépensé en adhésion ou en achat est un dollar qui sert à payer ses factures, ses employées, les journalistes freelance, les bagels du vendredi matin. Et c'est un dollar de moins qu'elle doit glaner auprès de financeurs et de publicitaires.

Ils en viennent alors à discuter de la situation au lycée, ce qui fait évidemment bouillir le sang chaud de la native du New Jersey. Si elle avait été à l'école avec Lenny, elle aurait enlevé ses boucles d'oreilles et fait comprendre par tous les moyens nécessaires à ces petites brutes que leur comportement été inacceptable. Malheureusement, ce qui était déjà mal vu à l'adolescence, n'est apparemment pas du tout acceptable parmi les adultes. Elle fronce tout de même les sourcils quand il affirme devoir gérer ça lui-même, craignant qu'il ne se mette dans une situation dangereuse au pire, émotionnellement violente au mieux. Mais, après tout, ce ne sont pas ses affaires. Aussi, la brune opte pour la voie de l'encouragement. « Fais ce qui te semble le mieux, après tout, tu connais mieux ce monde que moi. Mais bon, tu n'es pas seul, donc n'hésite pas si tu as besoin de quoique ce soit, même juste du soutien moral. » La route jusqu'à Staten Island est longue, mais avec la magie d'internet, Jessica a l'avantage de pouvoir travailler n'importe où.

« En tout cas, je te souhaite une bonne préparation et j'espère que ton projet va se passer comme tu veux ! » répond-elle ensuite, avant que le serveur ne revienne pour prendre les commandes. La nervosité du bibliothécaire semble alors s'accroitre et avant qu'elle n'ai le temps de lui demander quoique ce soit, il lui demande à demi-mots de ne pas boire. « Pardon?! » L'exclamation est un peu plus bruyante que prévu, sous le coup de la surprise. Jamais jusqu'alors son ami n'avait été du genre à vouloir fliquer sa consommation de nourriture ou d'alcool. Et le connaissant, elle doute que ce soit dans une logique misogyne de "les filles ne devraient pas boire." Lenny et elle n'ont jamais trop échangé sur leur passé respectif, mais il y a eu assez de remarques, d'anecdotes en passant pour qu'elle comprenne que sa vie n'a pas été rose. Même pas un petit violette.

Lenny se confond presque aussitôt en excuses, ce qui n'aide en rien la confusion de Jessica. Visiblement perplexe, elle répond aussitôt « Evidemment que je te pardonne. Et si ça peut te rassurer, je comptais juste boire un verre en mangeant parce que c'est un combo idéal avec les sushis. Je pense pas que ça soit la première fois que je commande ça ici d'ailleurs… » Hésitant à creuser ce qui ressemble fort à un trigger, la jeune femme ajoute toutefois. « Mais, si tu te sens de m'en parler, ne serait-ce que dans les grandes lignes, j'aimerais bien comprendre ce qu'il s'est passé. Tu n'es pas obligé hein, mais ça m'aiderait pour de prochaines fois. »

@ Invité

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Dim 5 Juin - 13:37
Lenny esquissa un sourire maladroit lorsque Jessica lui laissa savoir qu'elle le pensait gentil et qu'il pourrait réussir à faire du bien à d'autres gens. C'était tout ce qu'il souhaitait, au fond. Rendre heureux les gens qui l'entouraient, qu'ils soient un pilier dans son existence ou qu'ils ne soient que de passage, il ne pouvait pas espérer davantage.

@Jessica Doyle faisait partie de ces personnes, loin d'être de passage, dont il voulait le bonheur, aussi maladroitement l'exprimait-il. C'était aussi pour cela qu'il tenait à financer son magazine, au-delà de son intérêt pour le sujet et l'écriture de son amie. Parce que c'était quelque chose qui lui tenait à coeur et que Lenny tenait à encourager cela, avec ses maigres moyens.

"J'aimerais faire plus que ça. Si j'avais davantage que ma paie de bibliothécaire, je pourrais..."

Lenny laissa échapper un soupir, sincèrement désolé de ne pouvoir en faire davantage pour supporter le travail et la passion de Jessica. Il savait que, s'il venait à en avoir l'opportunité, il ferait un investissement dans son magazine, dans tout ce que ses amis avaient besoin pour leur permettre de continuer à apprécier cela au quotidien, sans inquiétude du lendemain. Mais ce n'était probablement pas prêt d'arriver, à moins d'un ticket de loto gagnant...

Il avait hoché la tête doucement lorsque Jessica lui fit savoir qu'elle était disponible pour lui, y compris du soutien moral. Lenny devait apprendre à se reposer davantage sur autrui, à ne pas se sentir comme un fardeau dès lors qu'il avait besoin d'aide. Cela viendrait, petit à petit...

En attendant, Lenny était fidèle à lui-même, prononçant malgré lui les mots de trop, gâchant ce qui aurait dû être un sympathique moment avec son amie. Il crispa davantage ses doigts sur sa serviette alors que Jessica lui parlait de cette voix douce et compréhensive dont elle savait faire usage dans les moments critiques.

Il n'aurait pas dû laisser échapper ces propos... Ce n'était pas la première fois qu'elle buvait devant lui, que d'autres buvaient devant lui, et Lenny s'était habitué à ravaler ses paroles, à dissimuler son inconfort, à enfouir au plus profond de lui-même ce traumatisme dont il ne s'était jamais complètement relevé. Mais, cette fois-ci, les mots avaient échappés son esprit et avaient été prononcé à voix haute, irrémédiablement.

Lenny se mordilla la lèvre. Il n'était pas obligé de tout lui dire, dans les détails. Il l'avait appris très vite, personne n'était confortable à l'idée d'entendre parler d'une enfance abusive et de ce père qui était aujourd'hui en prison (pour toujours, il l'espérait). Le coeur battant, le regard fuyant, Lenny commença à marmonner, les mots se bousculant sur ses lèvres par nervosité :

"Tu sais... Ma soeur, elle... elle n'est pas vraiment ma soeur. Pas biologiquement. C'est ma cousine."

Même s'il ne l'appelait jamais ainsi. Les liens du coeur avant les liens du sang. Elle était sa soeur avant toute chose.

"Mon oncle m'a adopté, parce que je vivais dans un environnement... difficile. Principalement à cause de l'alcool. Alors, je ne bois pas. Et je travaille à être plus confortable au contact de gens qui boivent. C'est juste... compliqué."

Il n'était pas prêt à en dire plus. A détailler ce qui se cachait derrière le mot "difficile". Un jour, peut-être. Mais, pour l'instant, il réservait ce passé à sa famille et à son psy, ce passé et tout ce qu'il impliquait.

"Je suis vraiment désolé pour ma réaction. Je sais que tu ne consommes pas de cette façon. C'est juste... Ces mots sont sortis tout seul. Cela ne se reproduira plus."

Jessica n'avait rien à voir avec son passé et ses traumatismes. Elle n'avait pas à subir cela.

@ Invité

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Dim 12 Juin - 18:15
Jessica ne peut que sourire tendrement en voyant son ami regretter de ne pas pouvoir la soutenir plus dans son projet professionnel. Le fait qu'il soit là tous les mardis, qu'il l'écoute, qu'il achète le magazine, qu'il l'aide à se calmer quand ce monde patriarcal l'oppresse un peu trop, c'est déjà énorme. Plus que ce qu'elle n'arrive à communiquer avec des mots, prise d'une certaine émotion. Elle aurait voulu lui prendre la main ou l'enlacer, mais la journaliste le connait depuis assez longtemps pour savoir que ça ne ferait plaisir qu'à elle. Et là n'est pas le but d'une amitié saine. Aussi, elle se contente de répondre, après un léger toussotement. « Tu en fais déjà beaucoup, merci Lenny. »

La conversation suit son cours et Jessica s'efforce d'être là pour son ami, elle aussi, même si elle ne s'y prend pas toujours bien, même s'il a du mal à exprimer ce dont il a besoin. C'est donc avec surprise qu'elle vit le tournant un peu brutal que prend leur petit rituel de sushis, d'ordinaire très détendu. Jamais auparavant Lenny n'avait fait des commentaires sur ses habitudes alimentaires et elle se doute bien que ça n'a rien d'une réflexion misogyne ou mesquine. Mais elle n'en est pas moins un peu abasourdie.

Et même s'il ne lui doit rien, le bibliothécaire entreprend une explication, qui démarre là encore de façon inattendue. Jess se contente de hocher la tête, assimilant le fait que sa sœur était en fait sa cousine. Ok, soit, plein de gens appellent leur parrain papa ou autre recomposition familiale. Généralement pas pour les meilleures raisons, sujet auquel son ami finit par en venir. Il n'entre pas dans les détails, ce qu'elle peut comprendre, mais les éléments qu'il lui donne et ce que la brune a pu glané de son enfance au fil des années lui suffisent à assembler les pièces du puzzle. Elle sent son cœur se serrer un peu, imaginant à quel point naviguer une vie sociale d'adulte largement concentrée dans les bars et autour de l'alcool et la nourriture peut être compliqué. Il y a bien Arthur, dans leur bande, avec qui les gens font des efforts pour ne pas mettre en danger sa sobriété. Mais il est si sociable et conciliant qu'ils en oublieraient presque ce qu'il a traversé.

Résistant à grand peine la tentation de faire le tour de la table pour serrer son ami contre elle, Jess répond enfin. « Oh Lenny… C'est moi qui suis désolée, j'ai été surprise et j'ai élevé la voix, alors que c'était pas la peine. » Elle lui offre un petit sourire triste, essayant de véhiculer bien trop d'émotions pour un seul visage. « Je suis désolée que tu ai traversé tout ça, merci d'avoir partagé ça avec moi. Je ne peux pas faire comme si je comprenais ce que tu vis, mais je peux te promettre que tu seras toujours en sécurité avec moi. Et, je peux aussi éviter de boire de l'alcool devant toi. J'aime bien ça, mais ça n'est pas indispensable pour que je passe un bon moment et je préfère que tu sois à l'aise plutôt que de boire du vin. Vraiment, n'hésite pas à me dire ce dont tu as besoin Lenny. » Plus facile à dire qu'à faire, elle en a bien conscience, mais ça n'en est pas moins sincère.

@ Invité

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Dim 19 Juin - 18:18
Lenny n'était pas certain de la réaction que @Jessica Doyle pourrait avoir, face à ses déclarations et révélations. Il n'était pas encore prêt à parler davantage de son enfance, encore moins dans un lieu public comme celui-ci, et il ne voulait pas se montrer d'avantage désagréable avec elle si elle désirait réellement en savoir plus à son sujet.

A sa grande surprise, Jessica s'excusa à son tour, alors qu'il était celui qui avait commis l'offense. Elle était tout à fait en droit de consommer ce qu'elle voulait, y compris en sa présence. Il n'avait pas la légitimité de policer cela, ou le moindre choix qu'elle pouvait effectuer. Les mots étaient sortis trop vite, et Lenny était entièrement en tort dans cette affaire.

Ce qu'il tenta de faire comprendre, se balançant légèrement sur son siège, commençant à souffler d'une petite voix :

"Non, non, tu..."

Avant qu'il n'ait le temps d'en dire davantage, le serveur apporta leurs commandes respectives, le coupant dans son élan. Lenny se referma brièvement, peinant à retrouver le fil de ses pensées face à cette interruption.

Jouant distraitement avec ses baguettes, il parvint tant bien que mal à organiser ses idées et reprit, le regard fixé résolument sur son assiette :

"Tu n'as pas à t'excuser. Tu as haussé la voix parce que j'ai dit quelque chose de déplacé, ce qui est une réaction humaine et compréhensible. Tu n'as pas à te sentir coupable à ce sujet."

Lenny se mordilla la lèvre nerveusement. Du bout de sa baguette, il éloigna prudemment de ses sushis le wasabi qui l'accompagnait, veillant autant que faire se peut à ce que le condiment n'effleure pas ce qu'il avait l'intention de manger. Lenny avait le palais aussi délicat que sélectif, ce qui rendait ce genre de sorties compliquées, mais il avait appris à faire avec. Si seulement il pouvait en faire de même avec l'alcool...

"Il faut que j'apprenne à gérer ça. J'y travaille. Si j'y parviens, cela voudra dire que le passé n'a pas gagné, et que j'ai avancé. Je... Je sais que tu ne me feras pas du mal. En buvant. Ce n'est pas pareil."

L'alcool ne faisait qu'amplifier ce qui était déjà là, d'après Lenny. Avec ou sans le verre de trop, son père n'avait jamais été particulièrement attentionné avec lui, et encore moins prévenant. Lui-même ne boirait jamais, car il ne voulait pas risquer d'avoir hérité de son paternel ses tendances.

Lenny était foncièrement anti-violent, au point de se mettre parfois en danger par respect pour ses principes. Il ne briserait pas la promesse qu'il s'était faite, des années auparavant, et ne se risquerait pas à goûter la moindre gorgée d'alcool. Néanmoins, cela ne voulait pas dire qu'il était en droit de contrôler le comportement d'autrui. Surtout lorsqu'il n'était pas chez lui.

"Tu es quelqu'un de bien. L'alcool ne changera pas cela, je le sais. Il faut juste que ça..."

Lenny pointa du doigt sa boîte crânienne, avant de reprendre de sa voix naturellement atone :

"Que ma cervelle retienne ce fait. Des fois, j'y parviens, mais d'autres fois, les souvenirs remontent, et je parle avant de réfléchir. Et je ne devrais pas."

Il força un sourire sur ses lèvres :

"Tu peux boire. Cela va bien avec ton plat, d'après ce que tu m'as dit. Ce serait dommage de gâcher ta commande. Tu n'as pas à m'accommoder à ce sujet, je vais gérer."

Il devait apprendre à le faire. Il ne pouvait pas continuellement laisser son passé et ses traumas contrôler sa vie. Il était largement temps pour lui de commencer à progresser réellement. De cette manière, ses souvenirs n'auraient plus le moindre pouvoir sur lui. Il n'aurait plus le moindre pouvoir sur lui. Ce père encore incarcéré à ce jour...

"Je n'ai pas ruiné le repas, j'espère ? Je suis désolé, si c'est le cas. Je... euh..."

Lenny nettoya ses baguettes consciencieusement pour enlever toute trace de wasabi, réfléchissant à une manière d'alléger l'atmosphère. Il devait bien se rappeler d'une leçon ou deux qu'il avait suivi pour supposément "améliorer" ses capacités sociales. Hmm...

"Qu'est-ce qui te plaît dans la combinaison du vin et de ton plat ? Un... Un arôme particulier ?"

Le naturel manquait clairement dans ses propos, alors qu'il retrouvait à "masquer" et à essayer de jouer les neurotypiques pour mettre son amie à l'aise. Bravo, Lenny. Vraiment, il avait tout réussi...

@ Invité

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Mar 12 Juil - 21:47
@Lenny Cooper tente de se lancer dans une réponse plus aboutie, mais est interrompu par le serveur avec le pire timing de l'univers. Mais la brune n'en est pas moins polie et le remercie donc, fixant le verre de vin qui a instigué toute cette histoire d'un air un rien absent. Elle se rend compte qu'elle ne s'est jamais disputée avec son ami. Pas que ça en soit réellement une, mais disons qu'ils n'ont jamais eu de quiproquos, elle n'a jamais utilisé un ton aussi sec qu'il y a quelques instants. Et pourtant, ils sont diamétralement opposés sur bien des points. Mais ils ont aussi en commun leur amour de la littérature et une capacité à parler des heures des sujets qui les passionnent. Paradoxalement, elle n'a jamais eu l'impression d'être extra avec lui, comme d'autres ont pu le lui reprocher. Il comprend ses élans d'enthousiasme et son franc parler, même si lui exprime ses passions différemment. Ils se sont toujours étonnamment bien compris.

Mais cela passe aussi par une communication ouverte, aussi, quand le bibliothécaire trouve ses mots après un court silence, Jess l'écoute avec attention. Il prend le temps de la rassurer, ce à quoi elle ne peut s'empêcher de sourire. Evidemment, toujours prévenant. Il lui fait aussi comprendre qu'il a entendu et compris ses mots, qu'il a confiance en elle, qu'elle boive ou non. La brune se doute qu'il préférerait qu'elle reste sobre, mais qu'il n'osera pas lui dire. Parce qu'il veut surmonter ce trigger, parce qu'il ne veut pas lui imposer de restrictions, plein de raisons compréhensibles, qu'elle utiliserait sans doute à sa place. Mais Jessica est bien plus intéressée par le bien être de son ami qu'un verre de blanc pas cher.

Quand il lui demande s'il a ruiné le repas, la jeune femme ne peut s'empêcher de tendre la main vers lui, la laissant stupidement s'étaler sur la table entre eux en signe de soutien. « Tu n'as rien gâché du tout! Les repas, c'est juste de bonnes excuses pour se réunir une heure ou deux et parler, et pour le coup, on parle! » Elle lui sourit tendrement et ajoute. « Vraiment, j'apprécie que tu m'expliques ce que tu ressens, ça m'aide à mieux comprendre. Et honnêtement, tu t'accommodes beaucoup pour entrer dans les clous de la société, de temps en temps, les autres peuvent bien s'accommoder pour toi, ça ne les tuera pas. » Joignant le geste à la parole, elle fait un petit signe au serveur qui repasses par là et demande. « En fait j'ai changé d'avis, je pourrais avoir une eau pétillante à la place? Merci! »

A peine interloqué par la requête - le pauvre gars a dû en entendre des biens pires - il prend le verre à vin qu'elle lui tend et disparaît en direction du bar. « Je ne dis pas qu'à l'avenir je ne boirais pas de l'alcool en ta présence, mais je pense que pour ce soir, je vais m'en passer. Vraiment, je préfère te savoir un peu soulagé, ça m'importe bien plus que ma commande. » Le prompt serveur revient avec un grand verre composé majoritairement de glaçons et de quelques bulles d'eau et la brune le remercie rapidement. Elle prend une gorgée et poursuit, pensive. « Et pour répondre à ta question, en vrai, il n'y pas d'arôme particulier ou quoi. C'est juste un combo qui me rappelle l'époque de ma vie où bougeais un peu dans tout le pays. Du vin de qualité moyenne et de plutôt bons sushis, ça se trouve dans toutes les villes, je sais pas, ça a un côté rassurant? Mais la bonne compagnie ça, ça se trouve pas partout et c'est autrement plus important! » Avec un large sourire, Jess lève son verre comme pour trinquer, puis ajoute. « Mais sérieusement, je sais que c'est pas aussi facile que ça, mais tu peux me parler de tout. Je ne me vexerai pas, tant que tu m'expliques ce qui se passe et ce dont tu as besoin. Ca sert à ça les amis! »

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