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Intergenerational friendship [PV Malina]

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Mar 10 Déc - 19:23
Malgré l’heure particulièrement matinale, une odeur particulièrement délicieuse et légèrement sucrée régnait dans la cuisine où Zivia s’affairait, chantonnant elle ne savait trop quel nouveau hit en vogue qui passait à la radio en ce moment. Réveillée comme souvent très tôt, bien trop tôt par rapport à ce qu’elle aurait apprécié quelques décennies auparavant, elle avait décidé de se préparer de quoi manger pour le déjeuner avec un petit extra en prime. En plus de sa purée de brocolis maison et de son bagel fourré, elle avait donc décidé de faire une fournée de cookies, qui finiraient pour la plupart dans l’estomac de ses petits-enfants quand ils viendraient plus tard. Retirant sa préparation du four, elle huma l’ensemble, les observant avec un regard critique, avant de les remettre pour quelques minutes supplémentaires, le temps qu’ils soient bien dorés. Pendant ce temps, elle enleva son attirail de cuisinière hors-pair et entreprit de se changer pour sa journée de travail. Armée d’un col roulé, car il faisait froid, d’un pull, car il faisait vraiment froid, et déterminée à y ajouter bonnet, écharpe, gants et manteau car il faisait vraiment très froid, l’inépuisable vieille dame revint bientôt et entreprit d’emballer toute sa nourriture le temps que les cookies refroidissent un peu, puis en fit deux petits balluchons, un pour elle, et un pour son conducteur du jour.

Lorsqu’elle avait découvert que sa charmante jeune voisine se rendait également parfois à l'université, Zivia n’avait que peu hésité avant de proposer un co-voiturage qui l’arrangeait bien, ne serait-ce que parce que, au vu de sa conduite qualifiée par les plus polis de nerveuse et par les plus honnêtes de dangereusement erratique, il valait mieux qu’elle ne prenne pas le volant constamment, au moins pour rassurer ses enfants. Qui d’ailleurs étaient d’odieux petits ingrats vu tous les allers-retours qu’elle avait pu faire pour les déposer ici et là quand ils n’étaient que de vils morpions à élever, mais c’était là un menu détail … qu’elle ne se gardait pas de leur rappeler de temps en temps. Néanmoins, histoire d’avoir un peu la paix, et accessoirement pour le plaisir d’avoir un peu de compagnie durant le trajet entre leur quartier tranquille du Queens et la folie de Manhattan, la native de Varsovie avait accepté l’idée. Et puis, que c’était drôle de voir les têtes des petits jeunes quand elle débarquait au bras de cette somptueuse fille ! Une demoiselle en avait lâché ses livres sur son pied. Voilà qui devait être douloureux …

Emmitouflée de pied en cap, Zivia fourra ses affaires dans son sac, prenant garde à ne pas oublier ses notes de cours, même si, objectivement, elle les répétait depuis tellement d’années qu’elle les connaissait absolument par cœur. Elle ferma la porte à clé derrière elle et se dirigea donc vers leur point de rendez-vous. Lorsqu’elle aperçut Malina arriver, elle lui fit un signe de la main, avant d’ouvrir la portière et de s’installer sans façon sur le siège passager, et de lui tendre donc le balluchon qui lui était destiné :

« Bonjour Malina ! Tiens, avant qu’on n’y aille, j’ai un surplus de cookie tous chauds de ce matin. Les petits-enfants viennent alors … il faut bien nourrir les monstres. Mais je me suis dit que ce serait mon paiement pour le trajet ? »

Le léger clin d’œil indiquait qu’il n’en était rien, mais c’était plus amusant présenté ainsi non ?

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Mar 17 Déc - 19:39
Malina s’était réveillée en retard. Une panne de courant dans la nuit – sûrement – avait fait sauter son radio-réveil et comme par hasard, les piles étaient à plat, alors elles n’avaient pas pu prendre le relais de l’électricité. Heureusement, Maddi avait fini par venir voir dans sa chambre s’il était normal que la coréenne dorme encore, ce qui a permis à Malina de se rendre compte de l’heure défilante. Un regard d’horreur s’affiche sur son visage quand elle se rend compte qu’il ne reste qu’une quinzaine de minutes avant son rendez-vous de covoiturage avec Zivia, une voisine et ‘collègue’. Sortant en bond de son lit après un bisou rapide à Maddi, la sexologue attrape ses vêtements de la veille et les enfile en quatrième vitesse, prenant tout de même soin de changer ses sous-vêtements – la base quoi.

« Oh merci, t’es un amour ! »
Dit-elle à Maddi alors que celle-ci, anticipant le départ précipité de sa colocataire, avait déjà préparé une tasse de café pour cette dernière. Malina note mentalement qu’elle devra se racheter avec une petite attention un de ces jours, dès qu’elle en aura l’occasion. Elle attrape la tasse et la porte à ses lèvres, l’emmenant avec elle alors qu’elle se dirige vers le hall d’entrée. Le problème de l’hiver, c’est qu’il faut enfiler manteau, écharpe, et tout le tralala. Alors, forcément, ça prend plus de temps. Une botte. Une gorgée de café. Une manche. Une gorgée de café… Au bout de quelques minutes, la brune est fin prête. Elle attrape son sac à main, un dernier au revoir verbal et la voilà qui fonce appeler l’ascenseur en direction du garage sous-terrain.

Encore quelques minutes plus tard, Zivia monte dans la voiture. « Oh des cookies ! Ça tombe vraiment bien, je n’ai pas eu le temps d’avaler quoi que ce soit ce matin, en dehors d’un café ! » Elle plonge déjà la main dans le paquet, ne perdant pas de temps en gourmande qu’elle est. « Merci beaucoup, Zivia ! » ajoute-t-elle la bouche déjà pleine. « Tu sais très bien que tu n’as pas à payer quoi que ce soit ! Je suis très heureuse que quelqu’un fasse la route avec moi. Tu sais à quel point je déteste être seule et j’adore bavarder. » Elle se met à rire. S’il y a bien une chose qu’on n’a pas de mal à discerner chez Malina, c’est sa sociabilité. La jeune femme tourne le contact et les voilà en route. « Alors, quelles bêtises ils ont encore fait tes garnements ? »

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Sam 4 Jan - 15:18
« De rien ! »

Amusée par la faconde de sa conductrice, Zivia n’eut que le temps de répondre à ses remerciements avant de l’écouter lui assurer qu’elle partageait sa voiture avec plaisir, parce qu’il était plus agréable d’être en bonne compagnie que seule. Là-dessus, l’octogénaire n’allait pas la contredire, encore que : curieusement, elle s’était vite habituée à la solitude, mais choisie. Cela ne la dérangeait pas de rester sans personne, souvent, avec un bon livre lorsqu’elle était chez elle, ou simplement sa musique préférée dans les transports. C’était apaisant, en quelque sorte, de se retrouver uniquement avec ses pensées, de les laisser vagabonder, de songer à d’autres temps, des personnes disparues ou perdues de vue. Au fond, était-on jamais vraiment seul, à son âge ? Elle en doutait, parce qu’il y avait les fantômes et les souvenirs qui se mêlaient en permanence. Elle se les figurait souvent accrochées à son épaule, ces figures du passé, à contempler ce présent qu’elles ne pouvaient pas connaître. Cela, néanmoins, il valait mieux le garder pour elle : c’étaient là, sans doute, des réflexions de vieilles dames, dont le crépuscule approchait alors qu’une jeune femme comme Malina en était à peine au zénith, et avait encore une longue course solaire à vivre, pour irradier le monde de sa joie de vivre éminemment contagieuse. Comme présentement, à sourire et à parler des petits-enfants de Zivia. Se calant dans son fauteuil, et attendant de démarrer pour reprendre, la native de Varsovie déclara, un air perplexe sur le visage :

« Honnêtement, j’ai du mal à suivre … Il y en a une qui s’est mise à … Twix ? Un nom comme la marque de gâteaux, mais apparemment, on peut faire des vidéos dessus ? Bref, elle fait donc des vidéos sur sa collection de legos, au moins, je n’aurai pas dépensé une fortune là-dedans pour rien quand elle était petite.

Sans parler des lumbagos pour les monter parce que bien entendu, le piège avec les enfants, c’est que les trucs à monter, ça leur fait plaisir, mais ce sont toujours les mêmes qui passent des heures accroupis à regarder des plans que n’auraient pas renié Ikéa en termes de complexité sadique. »


Que quiconque n’ayant pas passé quatre heures à construire un vaisseau à l’aide d’un plan incompréhensible et ayant encore une trentaine de pièces en trop dans la main à la fin lui jette la pierre !

« Bref, tout va bien donc ! Enfin, si on omet Esther qui a rompu avec son quatrième petit-ami, mais je me dis qu’à six ans, ce chagrin d’amour ne devrait pas laisser trop de traces indélébiles. »

Bon, ce n’était pas elle la spécialiste dans cette voiture, mais tout de même !

« Et toi, tout va bien ? Hormis ta relation complexe avec ton oreiller, je veux dire. »

Cette fois, les yeux de Zivia pétillaient de malice, et on aurait presque pensé que, sous les rides de l’âge se cachait encore la même adolescente que dans les années cinquante, qui tirait la langue en riant à ses amies. Il y avait des choses, heureusement, qui ne changeaient pas.

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Dim 12 Jan - 13:50
« Twix ? Ouais, ça me fait juste penser au chocolat… » Elle fronce les sourcils, essayant de se souvenir d’autre chose, d’un nom qui pourrait être similaire, utilisé par les ados qu’elle reçoit en clientèle parfois, mais rien ne lui vient. Elle a beau être encore assez jeune, depuis qu’elle a dépassé la trentaine, elle se prend souvent des coups de vieux dans la face avec toutes les nouvelles modes des millenials. Elle s’y est faite depuis longtemps, et a appris à en rire.

« Pour le coup, je n’ai jamais eu à monter des jouets ou autres, enfin sauf peut-être il y a plus de 20 ans, quand j’avais encore mes cousins plus petits, mais étant une habituée des meubles IKEA qu’on se fait un plaisir de changer tous les cinq ans – parce que soyons réalistes, c’est pas cher, et y’a une raison : la solidité… Je ne peux que compatir ! »

Elle rit, Malina. Elle n’a jamais eu d’enfants. Elle aurait pu mais ils ont toujours eu trop de projets avec Cian, jamais le bon moment pour en discuter. C’était pas une priorité, tout simplement. Et puis, les 35 ans sont arrivés, l’âge où ça commence à être la fin des haricots pour ce genre de projets, même si oui, c’est toujours possible. Maddi est entrée dans leur vie avec sa douceur, sa jeunesse et ils ont repoussé encore ce type de conversation. Et puis, elle n’a pas de neveux non plus. Les enfants, dans sa famille, sont inexistants, même si elle adore ces petites bêtes à quatre pattes comme à deux pieds.

« Elle est précoce, la petite Esther. » Elle voit tout à fait le tableau, la petite qui pleure à chaudes larmes, croyant être au bout de sa vie alors qu’en réalité, cinq minutes plus tard, elle aura tout oublié. « Elle va en briser des cœurs plus tard ! » Malina se concentre sur la route tout en continuant la conversation. Si son réveil lui avait joué un mauvais tour, au moins, cette discussion a le don de bien lui faire commencer la journée et de lui donner la pêche nécessaire pour. « Je suis certaine qu’après un petit bonbon de Mamie, tout était oublié ?! » Les grand-mères, elles ont vraiment un don pour ces choses-là, Malina le sait parfaitement puisqu’enfant, elle était très proche de la sienne, désormais décédée depuis un petit moment.

« S’il n’y avait qu’avec mon oreiller que j’ai une relation complexe. » Elle aime son lit, ça a toujours été le cas. Pour autant, elle préfère tout de même profiter de ses journées au grand air, ou à faire toute sorte d’activités plus usantes les unes que les autres. « A vrai dire, je suis dans une période de ma vie où tout va bien, ce qui pourrait presque en être déstabilisant. » Elle jette un coup d’œil à la passagère avant de reposer son regard sur la route. « On a enfin réussi à trouver notre stabilité avec Cian et Maddi, enfin je crois… Au niveau boulot, j’arrive de plus en plus à intervenir dans des lycées, etc. Enfin, tu sais à quel point la prévention des jeunes compte pour moi… Il n’y a que la place vide dans le cabinet médical qui demande à être remplie pour que ça revienne moins cher par tête… Mais bon, difficile de trouver des praticiens… »

@ Invité

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Sam 1 Fév - 22:07
Malina était de ces personnes qui avaient généralement la pêche dès le matin, et le sourire qui allait avec, joyeuse et avec un beau rire qui résonnait agréablement dans la voiture. En toute honnêteté, ce n’était pas entièrement étranger au fait que Zivia adorait leur covoiturage : elle avait tendance à se sentir très revigorée après leurs conversations qui partaient souvent dans tous les sens, parlant des petits riens comme des grands touts, autant que pouvaient le faire deux femmes de deux avec environ cinquante ans de différence d’âge, et des religions et origines opposées, des modes de vie qui n’étaient pas la même. Pour autant, il n’y avait jamais eu de tensions : chacune écoutait l’autre raconter ses petites tranches de vie, justement, et commentait, essayant de comprendre, ou simplement d’apporter un autre éclairage. Et c’était si doux, ce pétillement, quand on approchait de l’hiver de l’existence. Parfois, la vieille dame avait l’impression de réchauffer ses vieux os à la chaleur de cette jeunesse pétulante qui osait des choses qui, si elles se faisaient de son temps, étaient souvent l’apanage des amateurs de scandales … ou des hommes, toujours des hommes. Mais tant avait changé. Il suffisait de penser à l’aîné de ses petits-enfants pour s’en convaincre. De son temps, il aurait été très difficile pour Ezra de vivre ouvertement. Et maintenant, il pouvait emmener son mari aux repas de famille. Sa petite-fille avait connu beaucoup moins de difficultés qu’elle-même sur son chemin pour devenir avocate, du moins, socialement parlant. Ainsi allaient les choses. Ses autres petites-filles, les plus petites, repousseraient encore plus loin les limites. Et le monde ne s’en porterait que mieux. Son sourire se fit plus lointain alors qu’elle pensait à Esther et ses joues rondes, puis finit par dire :

« Pas exactement … Elle m’a demandé comment j’avais rencontré son grand-père. Du coup, nous avons fait une petite exploration des photos de famille. Et elle a donc découvert qu’à notre époque, on prenait les photos en noir et blanc … Elle a fait une de ces têtes … Honnêtement, elle devait être à deux doigts de me demander si on n’avait pas connu les dinosaures ! »

La figure d’Asher était celle du grand-père mystérieux pour tous ses petits-enfants, et même pour les plus jeunes de ses enfants qui n’avaient que très peu connu leur père. Et elle se trouvait à jouer les gardiennes du temple, à essayer d’évoquer le souvenir de son mari cinquante ans après sa disparition, à faire comprendre à ces petites têtes bien pleines quelles étaient leurs racines, quel homme était le monsieur qui riait d’un rire tonitruant sur la photographie dans l’entrée, que mamie aimait regarder avec nostalgie. C’était sa photo préférée d’Asher, prise à l’été 1963, quand ils étaient partis avec les enfants faire un voyage en Floride, invités par des amis. Il y avait une insouciance réelle dans ce cadre défraîchi, celle de l’Amérique triomphante des années soixante et de la société de consommation, sûre de sa force, qui voyait l’avenir comme un immense gâteau dans lequel croquer. Asher était déjà une étoile montante de sa profession, un jeune ténor dont on appréciait les réparties spirituelles autant que l’inépuisable sourire. Et Zivia, elle, aimait sa joie de vivre, qui pansait les plaies de son cœur et lui faisait croire que oui, le futur lui sourirait. Il avait l’œil rieur et légèrement amoureux, sur cette photographie, alors qu’il regardait sa femme essayer de manier leur appareil photographique. Oui, il y avait beaucoup, sur quelques centimètres carrés, et il était toujours difficile de rendre justice à l’homme qu’elle avait épousé, tant de temps après sa disparition. Elle s’y employait pourtant, tout comme elle parlait, même aux plus jeunes, en des termes adéquats évidemment, de sa propre famille, de ces gens si éloignés d’eux et emprisonnés également dans un cadre, plus discret cette fois, mais bien réel. Et avec l’âge, les questions devenaient plus douloureuses. Elle avait néanmoins pris la résolution de ne pas s’y dérober, pour témoigner, à sa façon, de ce qu’était, bien malgré eux, leur héritage. Peut-être était-ce pour cela qu’elle répondit, un brin mélancolique à Malina, ne reconnaissant que trop bien cette période bénie, des phrases un peu moins légères :

« Ces périodes-là … Il faut les chérir. La vie m’a appris qu’elles partent trop vite, et sans prévenir, pour ne laisser que des photographies dans des cadres soudain bien vide alors qu’ils sont si remplis de souvenirs.

Faites des voyages, des fêtes endiablées, des projets professionnels à n’en plus finir … L’amour est trop précieux pour, parfois, ne pas fuir sans qu’on le veuille, comme la réussite. »


Se rendant compte de la gravité soudaine de ses propos, Zivia éclata d’un léger rire tout en agitant la main comme pour chasser un moucheron, et poursuivit :

« Allons, voilà que je t’assomme avec mes conseils de vieille dame grincheuse ! Au moins, si tu pouvais apprendre à mes jeunes étudiants à ne pas forniquer dans les toilettes des dames de Columbia, ce serait fort agréable.

Parce que j’ai cru que les deux demoiselles qui sont sorties alors que je me lavais les mains allaient disparaître sous terre à force de se faire toute petites en sortant de la cabine.

Et en plus, nom d’un chien, c’est terriblement inconfortable ! »

Non, elle ne parlait pas d’expérience. Ou pas, qui sait ! Zivia aussi avait été jeune, amoureuse et légèrement mutine, après tout. C’était juste difficile à deviner derrière les rides.

@ Invité

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Lun 17 Fév - 15:09
Malina ne peut s’empêcher de rire une nouvelle fois, imaginant parfaitement la tête de la petite Esther, en voyant les photos de ses grands-parents jeunes. Puis, Zivia en vient à lui expliquer l’importance de chérir les moments de bonheur. Même si la jeune coréenne le fait systématiquement, cela faisant partie de sa philosophie de vie, elle est comme tout le monde avec des petits moments de mou de temps à autres et du pessimiste qui traverse sa vie. Ce qu’elle entend dans la voix de son amie, c’est une forme de souffrance, qui bien qu’atténuée avec les années, reste toujours présente. Elle s’imagine un instant perdre Cian. Le monde s’arrêterait de tourner. Certes, son amour ne se limite pas à lui et son cœur est depuis toujours, divisé entre plusieurs partenaires, dont Maddi, mais Cian reste tout de même à part. Il partage sa vie depuis tellement d’années qu’il fait partie des meubles. Il est devenu plus que son époux. C’est son meilleur ami, son confident, son tout. Un jour, il en sera peut-être autant avec un.e autre, peut-être… Mais elle a bien du mal à se dire que c’est possible. C’est ce que doit ressentir Zivia, au moins en partie.

« Tu n’as rien d’une vieille dame grincheuse, Zivia, et tu sais à quel point je chéris tes conseils. Tu es toujours là pour me rappeler que je dois prendre soin des miens, et dans les moments difficiles, c’est ta voix que j’entends, parfois. »

Elle les aime ses conseils, qu’ils soient utiles ou non. Les ainés ont la sagesse de l’âge et le recul nécessaire à l’analyse de la vie. Rien que pour ça, Malina les respectera toujours.

« L’appel du sexe n’attend pas. » Lâche-t-elle, très peu sérieuse pour le coup. Si son métier fait qu’elle est très ouverte sur la chose et qu’elle tente de ne jamais émettre des jugements, il n’en reste pas moins vrai qu’elle n’est pas de ceux qui feraient ça n’importe où, n’importe quand, sauf peut-être pour mettre un peu de piment ici et là. L’hygiène, surtout, est primordial pour la brune. « Inconfortable et pas des plus recommandable en terme d’hygiène… Et puis, quitte à vouloir éprouver le frisson de la peur de se faire prendre, faut assumer derrière… Ou attendre que tu sortes des toilettes pour elles-mêmes sortir… » Oui, Malina aurait attendu qu’il n’y ait vraiment plus personne dans les toilettes, si vraiment elle s’était adonnée à une telle chose. « Elles ont eu le droit à une réflexion de ta part, ou tu n’as pas osé les taquiner sur ce coup-là ? » Finit par s’en amuser la sexologue.

« N’empêche que ça me rappelle un homme que je fréquentais fut un temps. Enfin, ça n’a pas été plus loin que trois rencards pour le coup… Il voyait le poly-amour comme une manière d’avoir à la fois un harem, et se s’adonner à tous les vices. Le mec avait pas compris que c’est pas parce qu’on est capable d’offrir notre cœur à plusieurs personnes en même temps, que ça ne fait pas de nous des pervers… Comme quoi, y’a pas que pour les étudiants qu’il y a encore de l’éducation à faire ! »

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Dim 8 Mar - 19:45
« Toi aussi ? Mais je suis pire qu’un transistor géant, ma parole, à résonner dans la tête des gens. Mes enfants, mes petits-enfants et mes neveux et nièces disent la même chose … Même mon meilleur ami ! »

Zivia était partie dans un léger rire, en entendant Malina lui confier qu’elle entendait sa voix dans les moments difficiles, comme un peu sa conscience, ou son ange gardien, au choix. Peut-être pour ne pas s’appesantir davantage sur ces confidences bien sérieuses pour leurs échanges ordinaires du matin, ou pour masquer la chaleur qu’elle éprouvait à cette confidence, car il était toujours agréable de savoir qu’on comptait pour son entourage … et qu’on ne parlait pas dans le vide, aussi. Certes, sa référence était un peu datée, mais sinon, c’est vrai qu’à force … Entre Levi et sa propre famille, elle avait parfois l’impression réelle d’être de ces matriarches redoutées qui délivraient de longs monologues sentencieux de temps et temps et qu’on venait consulter en cas de problèmes, pour quémander la prétendue sagesse du grand âge … quand ce n’était pas elle-même qui décidait de son propre chef de taper du poing sur la table. A vrai dire, la vieille dame se demandait s’il s’agissait d’un privilège dû aux cheveux blancs, que d’être ainsi écoutés, ou bien une sorte de qualité personnelle. Après tout, de son plein gré ou pas, elle avait souvent été la confidente des uns et des autres, au cours de son existence. Peut-être que les épreuves vécues très jeunes lui avaient offert une vision très rapidement mature de la vie, et des attentes autour de cette dernière. Peut-être qu’elle avait toujours été ainsi. Et sans doute, en vérité, qu’il s’agissait d’un mélange de tout cela. Et si, parfois, être cette espèce de boussole morale, qu’on regardait de plus en plus avec révérence à mesure que l’âge passait et que les rides apparaissaient, l’avait agacée, aujourd’hui, elle assumait cette position auprès de ceux qui en éprouvaient le désir, et parfois en dehors, également, et dans d’autres circonstances, lorsqu’il fallait rappeler, par la bouche des ultimes témoins, quels furent les errements humains.

Ici, bien entendu, le compliment était différent, et Zivia était sincèrement touchée. Elle n’avait peut-être pas forcément eu conscience, jusqu’ici, que cette amitié un peu étrange avec sa voisine, du moins, aussi étrange que cela soit aux yeux de certains compte tenu de tout ce qui pouvait les séparer, et pas uniquement l’âge, pouvait compter autant aux yeux de Malina. Et cela lui fit plaisir, immensément. Ce qu’elle essaya de communiquer, in fine, quoique toujours avec cette sorte de légèreté qui lui était propre, dans cet entre-deux constant de sa personnalité entre la mélancolie douce et la volonté farouche d’aller de l’avant, de ne jamais s’appesantir : s’il était indispensable de regarder en arrière, le plus important demeurait de fixer la route devant soi, peu importe les ornières sur cette dernière. Alors elle ajouta, doucement :

« Merci. »

Il ne lui semblait pas utile de dire autre chose. Fixant son regard à nouveau sur la route, elle se laissa aller à des discussions plus actuelles, plus drôles aussi, à savoir celles qu’avaient lancé sa petite anecdote sur ses étudiantes folâtrant dans les toilettes de Columbia. Laissant Malina digérer l’information, et s’en amuser, la vieille dame répondit à sa question avec un immense sourire machiavélique :

« Oh, je n’en ai pas eu besoin. Je me suis contentée de ce sourire si particulier … tu sais, mon sourire de Grinch. Des années de pratique à mon actif, il est rôdé. Je crois qu’elles sont vaccinées pour un petit moment des escapades galantes dans les toilettes. Parce que le sexe n’attend pas, mais les infections urinaires non plus. »


Zivia, ou le pragmatisme mâtiné d’une ironie à toute épreuve … En même temps, à force de jouer les potiches dans les dîners mondains, elle était devenue experte du célèbre sourire du Grinch, ce sourire tellement forcé et tellement déformé qu’il en devenait parfaitement inconfortable, sans obliger à dire quoi que ce soit. Généralement, le message avait tendance à passer très bien, et ce, sans aucun mot. Pas besoin d’embêter ces demoiselles, après tout : mais cela dit, elle espérait que sa méthode personnelle d’avertissement porterait ses fruits. Normalement, ce serait le cas, de son expérience.

Ecoutant Malina se confier sur une de ses expériences à son tour, Zivia laissa passer un feu de signalisation avant de répondre, réfléchissant à ce qu’elle venait d’entendre avec les yeux de quelqu’un qui, de ce point de vue, admettait sincèrement que la société avait évolué en une forme assez amusante de « les mêmes, mais en différent », pour paraphraser et retourner les mots d’un philosophe connu pour son pessimisme. Comme quoi, tout n’était pas à jeter dans les diverses itérations d’une même situation que les mœurs pouvaient produire. Seulement, évidemment, le poids du passé avait des conséquences sur le présent, ce que cet exemple traduisait très largement.

« Ce jeune homme devait vivre à mon époque, manifestement, c’est retour vers le futur. Parce que, de mon temps, on en parlait discrètement, des ménages à trois, pour reprendre les termes. Et c’était souvent … comment dire … un monsieur d’un certain âge qui se trouvait une jeunesse et qui l’installait chez lui, au nez et à la barbe de sa femme, sommée de se faire à la situation ou d’encourir le divorce, et qu’il finissait par acheter en lui laissant joyeusement dépenser l’argent du ménage. Du moins dans les années cinquante. Parce qu’après Woodstock … Oh, mon dieu, j’en aie de belles à te raconter, si tu as le temps, un jour ! »

Rien que d’y penser, elle en riait encore. Cela dit, parler d’éducation lui faisait penser …

« Au fait … Est-ce que tu prends des patients … d’un certain âge ? Parce que j’ai une amie qui a rencontré un charmant monsieur mais euh … je crois qu’elle aurait besoin d’un peu d’aide. Et à nos âges, on ne parle pas forcément de toutes ces choses. On n’a pas trop l’habitude, tu sais. »

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Lun 13 Avr - 11:38
Malina imagine parfaitement Zivia faire son petit sourire de Grinch et les jeunes femmes s’en aller en quatrième vitesse, histoire de ne pas avoir à faire plus longtemps à la vieille femme. La scène lui décoche un large sourire. Si seulement elle avait pu être une petite souris pour voir tout cela de ses propres yeux. « Ça leur fera pas de mal d’avoir un petit coup de flip, en effet ! » Les infections urinaires, qu’est-ce que ça peut faire mal en plus… Trop victime de ces choses-là durant son adolescence, bien qu’elle ne manquait pas d’une bonne hygiène et qu’elle n’était pas du genre à batifoler à droite ou à gauche, la coréenne ne peut s’empêcher de frissonner en y repensant. Heureusement, ça s’était calmé avec le temps, sans qu’elle ne comprenne pourquoi.

La sexologue aborde bientôt un homme qu’elle a connu, ce qui ne manque pas de délier la langue de son amie. « La seule différence est qu’il n’avait pas un certain âge. » Se met-elle alors à rire. « En tout cas, j’avoue que je n’aurais pas vraiment aimé vivre à cette époque ! Il devait y avoir des trucs sympas, c’est sûr, mais dans l’ensemble, j’aime trop l’ère dans laquelle je vis. » Ça aurait pu être sympa de connaitre les années hippies, les années disco, ce genre de choses, bien que soyons honnête, ce ne soit pas vraiment la came de la coréenne. Elle s’imagine d’un coup, Zivia avec une perruque disco sur la tête et un pantalon pattes d’éph… Fou rire assuré au volant, alors qu’elle tourne sur le parking de l’université en même temps. « Pardon… Je me suis perdue à t’imaginer dans les années disco ! » avoue-elle à la juriste.

La jeune femme trouve une place, sa place habituelle, un peu à l’écart dans le but de faire un tout petit peu d’exercice physique jusqu’à l’entrée de l’université. Elle récupère son sac à main sur la banquette arrière, tout en écoutant Zivia et en silence, avec un hochement de tête, elle fouille dans ce dernier, avant d’en retirer une carte. « Tu n’auras qu’à lui donner ça et lui dire de m’appeler pour prendre rendez-vous. » dit-elle en tendant sa carte à la septuagénaire. « Personne n’a la même faculté à parler de son vécu en terme sexuel, ou de se libérer sur les sujets, mais il parait que je sais faire des petits miracles, donc je pense que je pourrais l’aider. » Son sourire est bienveillant. Elle a toujours eu une clientèle de tout âge, des gens plus libérés que d’autres, certains complétements fermés. Mais avec de la discussion, tout passe et on finit par en sortir plus grand. Malina sort de la voiture et ferme la portière. « Et tu peux la rassurer, il y a bien plus de retraités qui viennent me voir que ce que vous pourriez penser ! Les gens qui ont un peu de temps libre ont parfois envie de remettre leur couple au goût du jour, même si vous ne vous l’avouez pas entre vous. » Un petit clin d’œil. Malina aime plus que tout voir un couple marié depuis trente ou quarante ans, encore ensemble et plus amoureux que jamais. Elle trouve ça si mignon. « Allez, au boulot maintenant ! » Lance-t-elle en avançant vers l’entrée de la fac.

@ Invité

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Ven 24 Avr - 22:19
« J’avais un swing de tous les diables sur le dancefloor, jeune fille. Et encore, ça n’avait rien à voir avec mes années glam rock. »

Et encore, Zivia n’évoquait pas les années grunge, qui … étaient un souvenir à remiser au plus vite dans le musée des pires coupes de cheveux, de son humble avis. Objectivement, il fallait l’admettre : ses albums de photographies faisaient parfois rire aux éclats ses petits-enfants, au vu des tenues parfois … bigarrées des temps anciens. Elle-même, parfois, devait admettre qu’elle se demandait comment elle avait pu porter certains ensembles. Comme cette formidable salopette qui avait l’air sortie d’un champ agricole, il ne lui manquait plus que le tracteur derrière pour foncer s’installer en Arizona. Ou alors cette espèce de haut en flanelles orange fluo qui … oui, non. Mieux valait qu’il reste au fond de sa mémoire, celui-là. En même temps, c’était le propre du temps qui passe, que d’avancer et de trouver les anciens un peu étranges. Regrettait-elle ces moments ? Evidemment, à son âge, la nostalgie arrivait souvent, car ils étaient concomitants avec le flamboiement des plus belles années de son existence, et aussi des plus douloureuses, bien qu’elle restât toujours pudique sur son veuvage. Et tout n’était pas à jeter, loin de là : d’abord, parce que c’était des temps du possible, ou tout semblait à porter de main, pourvu qu’on y croie suffisamment fort. Au fond, il était possible, oui, à cette époque, de croire aux batailles à mener, et à remporter, malgré les difficultés. Les grandes utopies étaient encore debout. On vivait incontestablement mieux que les générations précédentes. On rêvait grand, si grand qu’un jour, le monde s’était effondré. Et le gris avait commencé à prédominer. Cette foi en l’avenir, cette infinie liberté, ces revendications à vivre sans entraves, on les retrouvait. Et en même temps, on ne les retrouvait plus. Là encore, les mœurs avaient évolué. Pour le meilleur, sans doute. Mais peut-être qu’on y avait perdu un peu de folie.

Cela ne l’empêchait pas d’apprécier le temps présent pour tout ce qu’il permettait, comme déjà le fait de vivre aussi âgée en bonne santé, avec sa grande famille qui croissait joyeusement. Ses petits-enfants les plus grands représentaient à eux seuls le passage de génération. A une époque, Ezra aurait eu toutes les difficultés du monde à vivre son existence tranquillement, comme sa sœur Leah. A eux deux, ils représentaient peut-être le meilleur de ce que ce monde présent avait à offrir. Et en les voyant, Zivia mesurait le chemin parcouru depuis le jour où elle avait débarqué, serrant convulsivement son maigre paquetage contre elle, à New York, aussi émerveillée qu’impressionnée par ce monde inconnu et toutes ses possibilités. Il avait tenu ses promesses. Alors bien sûr, tout n’était pas parfait et de temps en temps, il lui semblait que le visage hideux des démons du passé ressurgissait, avec leur cortège d’insultes et d’humiliations – même de morts, hélas. Et cela lui brisait le cœur, de voir que l’humanité n’apprenait pas de son passé. Et pourtant, elle ne désespérait pas. Parce qu’en dépit de tout, vaille que vaille, il lui semblait que les choses finissaient par aller mieux, même si l’histoire avait ses soubresauts. Elle continuerait à porter sa mémoire, aussi longtemps qu’elle vivrait. Et après elle, les siens raconteraient aussi son histoire, leur histoire. Et ce serait à eux d’écrire les années futures, pour que leurs propres enfants se retournent un jour vers eux, dans un parking, et se mettent à rire en imaginant leur propre jeunesse, avant d’avouer que vraiment, ils étaient mieux dans leur présent – elle-même regrettait ardemment de ne jamais connaître ce futur fantasmé. Là était, hélas, le cycle de la vie, puissance ultime contre laquelle la science n’avait pas trouvé la solution. Sans doute valait-il mieux que ce ne soit pas le cas : la vie, sans la mort, n’aurait point cette finalité qui en faisait la douleur comme la richesse. Mais cela était une pensée qu’on ne pouvait avoir qu’à quatre-vingt-quatre ans et une existence bien remplie. Récupérant la carte que lui tendait Malina, Zivia répondit doucement, avec gratitude :

« Merci, je transmettrai. »

Une journée de cours les attendait. Avec malice, alors qu’elles allaient se séparer, maintenant qu’elles sortaient de la voiture et que la journée leur tendait les bras, Zivia conclut :

« Cette fois, je vais siffloter en entrant dans les toilettes, on ne sait jamais ! »

Avant de dire, hilare également :

« A ce soir ! »

La journée, vraiment, commençait bien. Oui, décidément, le passé avait ses joies, le futur ses attentes, mais le présent recelait quelques joyaux en son sein. Elle aussi, finalement, l’appréciait pleinement. Et Malina était de ces personnes qui reluisaient dans l’écrin de sa propre vieillesse.

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