Depuis sa plus tendre enfance, Sirius a comme qui dirait deux familles : celle qui lui a donné naissance et dans laquelle il a grandi, et celle qui l’a accueilli à bras grands ouverts dans les bons comme dans les mauvais moments. Plus tard, il a également eu sa propre famille avec Nyla, famille bien trop éphémère qui n’a malheureusement pas eu le temps de grandir comme elle l’aurait dû. Alors, le psychiatre s’est raccroché aux branches, ou plus exactement aux vivants. Il a pris l’habitude d’aller manger chaque dimanche chez sa grand-mère de cœur, Mamie Castelli, la mamie de son meilleur ami Leone qu’il connait donc depuis l’enfance. Sa fameuse deuxième famille.

C’est du fait que Sirius soit aussi proche des Castelli qu’il s’est senti aussi bouleversé quand la grand-mère s’est fait cambrioler une bonne semaine plus tôt. Un appartement totalement retourné, des objets dérobés. On croit toujours que ça n’arrive qu’aux autres, jusqu’à ce que finalement, ça nous touche de plein fouet. Avec un petit groupe de personnes, ils avaient remis l’appartement en ordre en moins de deux et si ce n’est le traumatisme, la vie avait pu rapidement reprendre son court mais malgré tout, le brun se sent toujours aussi perturbé par cette histoire.

Trouver les responsables, il ne pense plus qu’à ça, nuit et jour, dès que son esprit n’est pas occupé à autre chose. Il en veut aux personnes qui auraient pu couter la vie à la vieille femme qu’il aime tant. C’est ainsi qu’il se rend une fois de plus au commissariat, espérant entendre de bonnes nouvelles. Malheureusement, c’est à un mur qu’il se heurte.

« Monsieur, nous n’avons pas plus de nouvelles qu’il y a deux jours. Il faut savoir que nous retrouvons rarement les personnes responsables de cambriolage. » Ils sont deux à perdre patience : la policière de l’accueil et Sirius. « A quoi ça sert qu’on paye autant d’impôts si vous êtes pas foutus de retrouver ces connards ? » Sirius a pourtant un sang froid à toute épreuve, d’ordinaire, mais dès qu’il s’agit de ses proches, il devient rapidement très sensible et passablement irritable. En temps normal, jamais il n’aurait eu de tels propos et bientôt, il parle encore un peu plus fort. « Vous vous rendez compte, s’ils reviennent ? »

Jaden se trouvait déjà au boulot depuis deux heures aujourd’hui. Il était au poste et non sur le terrain ce matin. Il avait des dossiers et des choses à régler pour le moment. Il avait envie de prendre un café pour se donner davantage de courage. Il prit d’abords son portable pour envoyer quelques messages à Arya. Leur relation avait un peu changé ces temps-ci. Ils s’étaient rapprochés, non pas qu’ils n’étaient pas proches d’ordinaire mais, ils avaient couché ensemble. Elle avait aussi dormi chez lui. Il n’en avait parlé à personne pour le moment parce que ce n’était pas comme s’ils étaient ensembles. Néanmoins, il appréciait ce secret qu’il avait avec elle.

Il rangeait son téléphone dans sa poche avant de se lever pour aller dans la salle de pause. Il se fit un café et attrapait une viennoiserie déposée sur la table. Il avait un petit creux aussi. Il se posait un moment pour boire son café, discutant avec quelques collègues. Il se levait car il était l’heure d’y retourner. Seulement, il passait non loin de l’accueil où il entendit du bruit. Il fronçait les sourcils en se demandant ce qui se passait. Il décidait d’aller voir ce qui se passait et s’il pouvait se rendre utile. La personne à l’accueil semblait avoir un peu de mal à gérer. Il remarquait en arrivant une personne qu’il connaissait déjà. Tiens donc, Sirius ? « Bonjour. » Il lançait en venant se placer près du bureau. Oh il se doutait bien que le jeune homme ne venait pas le voir car Jaden n’avait jamais été très sympathique avec lui. « Il y a un problème par ici ? » Il demandait donc à l’attention des deux personnes se trouvant face à lui.

Sirius était déjà bien excédé, bien plus que d’ordinaire, mais voilà qu’il aperçoit le seul policier de tout New York qu’il aurait mieux valu qu’il ne voit pas, un homme inefficace qui n’a d’autres occupations de prendre le psychiatre pour un parfait abruti. En même temps, il faut dire que le brun a le don pour se décomposer face à lui et sortir les pires inepties ce qui n’arrange en rien les relations entre les deux hommes. Le professionnel de santé le toise et manque de se décomposer. Mais en quelques secondes seulement, il se souvient de pourquoi il est là, ce qui suffit à le remettre d’aplomb. « Un problème, c’est peu dire, officier Summers. » Il a pris soin de ne pas écorcher son nom, parce que c’est pas comme ça qu’il obtiendra quelque chose de l’homme qui semble plus tétu qu’autre chose, aux yeux du praticien. « Il s’avère que ma grand-mère s’est fait cambrioler et violenté il y a quelques jours et personne ne semble s’en soucier dans ce commissariat… » Son ton est froid mais il tente d’être le moins agressif possible, bien qu’on puisse largement comprendre dans son ton, tout le bien qu’il pense des forces de police à ce moment-là, lui qui n’a rien contre eux d’habitude. « Ça semble venir à l’esprit de personne qu’ils pourraient revenir… devait bien y avoir des empreintes dans l’appartement… Vous en avez fait quoi ? » Au final, il est surtout désespéré et inquiet pour sa grand-mère de cœur, le pauvre Sirius. Tout ce qu’il veut, c’est qu’on lui dise que ça va avancer, qu’ils vont retrouver les coupables, ou quelque chose du genre… Mais pas cette impression que ce n’est pas pris au sérieux et que ce n’est qu’un délit mineur…

Jaden n’avait jamais vraiment apprécié Sirius. Il ne le portait pas dans son cœur c’était le cas de le dire, il ne le sentait pas et puis de toute façon, on ne pouvait pas apprécier chaque personne. C’était ainsi. Il y avait comme quelque chose de physique. En revanche il tenait à bien faire son travail alors il se demandait s’il y avait un quelconque soucis. Il fronçait les sourcils quand le jeune homme semblait avoir des soucis. Il attendait que celui-ci lui en dise plus car il n’allait sûrement pas tarder à le faire. En effet il avait entendu parler de cette histoire de cambriolage et s’en occupait mais bon, leur travail ne semblait pas correspondre à Sirius. Le policier soupira, s’excusant auprès de la personne à l’accueil. « Bon, on va aller discuter de cela tranquillement dans mon bureau vous voulez bien. » Ce n’était pas trop le lieu pour discuter et ainsi il pourrait reprendre le dossier sur son bureau. « Venez. » Il lui lançait tout en passant devant pour rejoindre son bureau. Il le laissait passer pour prendre place en face de lui. Il s’installait sur son fauteuil récupérant le dossier. « Alors oui, des tests sont en train d’être faits mais il semblerait que ce soit des professionnels puisqu’ils n’ont pas l’air d’avoir laissé de traces d’ADN. » Des personnes qui effectuaient beaucoup de cambriolages, il était parfois difficile de retrouver sans empreintes. Il fallait donc essayer de trouver d’autres choses, d’autres indices qui pourraient les mettre sur une piste. « Des policiers sont actuellement sur place pour essayer de trouver d’autres indices mais si vous auriez appelé votre grand-mère vous le sauriez n’est-ce pas ? » Non le policier n’avait pas vraiment apprécié la supposition qu’ils ne faisaient rien pour trouver une solution, résoudre l’enquête.

Pourquoi est-ce que ça devait être le policier Summers en particulier, en charge de cette enquête ? Est-ce que le sort s’acharne sur la famille Castelli ? Sirius soupire, c’est plus fort que lui mais il se retient d’ouvrir plus la bouche, ce qui ne servirait à rien dans l’état actuel des choses, si ce n’est à obtenir encore moins d’informations. Être diplomate, lui qui sait si bien le faire d’habitude… Il suit l’officier jusqu’à son bureau, tentant de faire redescendre ses nerfs sur le chemin. Il apprend bientôt qu’aucune trace d’ADN n’a été trouvé, ce qui n’est pas de bonne augure, tout le monde le sait. Puis, une nouvelle pique qui ne manque pas d’énerver notre psychiatre intérieurement. C’est dingue comme ce flic peut être con et surtout le prendre pour un idiot fini. « Elle est encore à l’hôpital et tellement choquée par toute cette histoire qu’elle ne tient aucun propos rationnel depuis l’accident. » dit-il, se montrant le plus neutre possible. « Et quand je suis passé à l’appart’ il y a deux heures, il n’y avait personne, donc comment voulez-vous que je le sache. » Pas possible d’autant remettre en doute la bonne foi d’un citoyen à chaque fois qu’il le voit quand même. « Est-ce que vous pouvez mettre en sourdine deux minutes les préjugés que vous avez sur moi que l’on puisse avancer comme deux adultes ? Vous pouvez comprendre que l’on s’inquiète, non ? » Ou alors c’est que l’homme n’est vraiment pas humain… Et Sirius n’a pas encore écarté complétement cette possibilité. « Est-ce qu’on a des chances de retrouver les coupables concrètement ? Et plus important, comment assurer la sécurité de ma grand-mère quand elle va rentrer ? »

Jaden se doutait bien que Sirius n’appréciait pas le fait qu’il s’occupe de lui et de son affaire. A vrai dire, ils ne s’appréciaient pas tous les deux mais bon le flic n’avait pas choisi lui de s’en occuper. Il avait autre chose à faire que de faire chier Sirius, bien qu’il appréciait quelque part. En revanche, là, c’était le boulot et il tenait à le faire correctement et laisser le fait qu’il ne l’apprécie pas de côté. Il prenait donc en charge l’histoire. « Ok, ça se tient mais avant d’embêter ma collègue vous auriez du attendre de connaître les choses. » Qu’il lance en soupirant, avant de boire une gorgée de son café. Il pose sa tasse avant de lever les yeux au ciel. Carrément ? Il comprenait oui que le jeune homme s’inquiète, il se serait inquiété également pour sa famille lui qui en était assez proche. Mais Sirius devait également comprendre qu’il ne pouvait pas venir embêter les flics et les laisser faire leur boulot. « Je n’ai pas de préjugés, hormis que je en comprends pas comment vous pouvez être psychiatre mais peu importe. Oui je le comprends et je vous ai dit qu’on travaille à ce sujet. » Il avait tout de même un cœur Jaden en revanche, lorsqu’il n’aimait pas quelqu’un alors, il ne se le cachait pas. Il n’était pas hypocrite alors bon, à quoi bon faire semblant. « On continue de faire des recherches pour le moment il est encore tôt. On va aussi voir s’il y aurait des caméras par hasard. » Oui car cela pouvait aider également mais il fallait voir si c’était possible d’en récupérer. « Pour sa sécurité il va falloir changer les serrures déjà et peut être installer des fenêtres plus efficaces. Puis il pourra y avoir quelqu’un pour surveiller à l’extérieur. » Il lançait en croisant les bras.

Sirius se retient de baragouiner des choses qui ne l’aiderait pas à faire avancer les choses. S’il veut que le policier lui accorde du crédit et s’en tienne à un professionnalisme respectable, encore faut-il que le psychiatre montre le bon exemple. Donc il fulmine intérieurement quand l’autre lui dit qu’il se demande comment il peut bien être psychiatre, mais tente de ne rien laisser paraitre. Il peut au moins accorder à l’homme qu’il n’a pas peur des mots et de dire ce qu’il pense en face, ce qui peut être une qualité suivant les circonstances. « Le pharmacien en a. » Dit-il tout à coup, se souvenant des menaces prodiguées par Mamie Castelli quand il n’avait que 12 ans et qu’il était encore assez crédule pour qu’elle lui fasse gober que s’il touchait à tout chez le pharmacien, il appellerait la police et Sirius passerait alors la nuit en prison. Elle lui montrait même de l’index lesdites caméras à l’époque, ce qui ne manquait pas de faire frissonner Sirius, pas très hardi pour son âge. « C’est à une cinquantaine de mètres, mais ça peut toujours valoir le coup d’essayer, j’imagine. »

Le brun finit par hocher la tête quand le Jaden lui conseille de changer les serrures et les fenêtres. Pour les serrures, c’était obligé, le gong étant complétement bousillé suite au cambriolage. Ils avaient même dû changer la porte. Pour les fenêtres en revanche, ils ne se sont pas encore penchés sur la question. Mamie refusera sans doute, n’ayant pas les moyens, mais s’il devait lui-même débourser les sommes, il le ferait sans problème avec l’aide de Leone. Il se hasarde à demander : « Quelqu’un de chez vous ? » Il fronce les sourcils. Puis, il cherche dans sa veste et en sort une de ses cartes professionnelles. L’autre allait certainement lui rire au nez mais tant pis. « Je sais que je vous en demande beaucoup… » dit-il pour le brosser un peu dans le sens du poil afin qu’il accède plus facilement à sa requête. « ... mais vous pourriez me contacter personnellement si vous avez des nouvelles ? Même un simple sms… » Vu qu’il n’est pas de la famille directe, c’est le numéro de Leone qui a dû être mis en premier contact mais celui-ci étant souvent au bloc opératoire, le psychiatre a peur qu’ils ne loupent de précieuses informations.

Jaden pouvait se montrer cash en général. Il savait que cela pouvait déranger et ne pas forcément plaire à tout le monde mais il s’en moque en réalité. Il n’allait pas se cacher et se taire. Sirius sait déjà ce que Jaden pense de lui. Du moins, il sait que le flic ne l’apprécie pas vraiment. Il ne saura jamais pourquoi et comment il est devenu psychiatre mais en tout cas il n’irait jamais le voir. Ceci dit, il n’en avait pas besoin. Il devait voir si des caméras de vidéosurveillances existaient. Il ne savait pas si cela pouvait donner quelque chose mais bon, ils pourraient peut être voir quelque chose dessus ou bien un indice. « Merci, je m’occuperai d’aller voir ça dans ce cas. » Il se le note sur son bloc note et s’en occupera dans la journée. Le flic conseille à Sirius de changer les serrures des portes et peut être même les fenêtres on ne savait jamais. Bon, une fenêtre pouvait se briser facilement mais certaines étaient plus compliquées que d’autres. Il fronce les sourcils à la question de l’homme en face de lui. « Oui quelqu’un de chez moi, ça pose un problème ? » Il demande alors. En tout cas, il a l’impression mais Jaden a confiance en ses collègues et bien qu’il ne soit pas le chef. Il espérait pouvoir atteindre cela un jour mais une chose à la fois. En tout cas, il se chargeait de l’affaire de la grand-mère de Sirius donc il n’allait pas demander à un autre commissariat de mettre des hommes pour cette affaire, à quoi bon. Cela ne ferait que compliqué les choses. Il le regardait sortir un papier de sa poche avec ses coordonnées. Jaden le prit et ouvrit le tiroir de son bureau pour déposer la carte dedans. « Ouais bien sûr, je vous tiens au courant lorsque j’ai du nouveau. » Il pouvait très bien le faire, il tenait à son boulot peu importe ce qu'il pensait du mec devant lui.

« Non. » réplique Sirius, gêné qu’il se soit encore mal exprimé devant cet homme. Décidément, ils ne parviendront jamais à se comprendre. Le psychiatre tente de se justifier comme il peut. « C’était histoire de s’organiser si jamais on devait le faire nous-même. » Le pire, c’est que c’était la vérité. Il avait juste peur de devoir tenir la garde lui-même, ce qui n’est pas vraiment possible avec son emploi du temps. Ils auraient peut-être pu s’arranger pour concorder des plages horaires avec tous leurs amis qui étaient venus aider à remettre l’appartement en état, mais ça en aurait peut-être dérangé quelques uns.
Sirius tend sa carte au professionnel des forces de police, qui lui dit qu’il le tiendra au courant. Étonné, le brun se contente de hocher la tête. « Merci. » dit-il dans un sourire qui se veut poli. « Je vais vous laisser faire votre travail alors. » Maintenant qu’il est un brin rassuré qu’on prend bien l’affaire au sérieux, bien qu’il n’y a que peu de chance qu’on trouve les coupables, il n’a rien de plus à faire ici. Il salue l’homme de la tête avant de faire demi-tour pour quitter le poste de police.

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