Le Provocateur est un endroit luxueux. Les fauteuils, les espaces, la piste de danse, les célébrités qui viennent animer les soirées et fréquenter l’endroit ; toute la recette est là pour attiser la convoitise des gens qui n’y sont jamais entrés, la fascination des envieux. Sans oublier le fait que personne n’entre ici sans y aller de sa poche. Un billet pour entrer, plusieurs billets pour boire. Boire pour avoir une table. Boire beaucoup pour avoir un espace réservé. C’est une chance, pour bon nombre de personnes, qu’ils ont, eux, de pouvoir rentrer ici. Tristan et ses amis, les gens qui sont moins ses amis et plus ceux de Bloom ou d’Esteban. Tous riches – ou presque – sans n’avoir rien eu d’autre à faire que de naître sous la bonne étoile d’une famille. Il ne viendrait pas si souvent s’il ne connaissait pas ces gens, mais ils ont fait de la fréquentation de ce lieu une habitude bien assortie à leurs fringues chères et à leurs discussions quotidiennes. Quand ils débarquent, après un coup de fil passé dans l’après-midi, on leur prépare quelques fauteuils dans un coin tranquille, on leur met quelques bouteilles au frais. Et eux ils viennent, dépenser leur argent, boire, danser, discuter.

Ce soir est une de ces soirées. Tristan a joué la veille devant 1500 personnes, il est fatigué ; mais Esteban a dit qu’il serait là, ce qui est visiblement une raison suffisante pour le sortir de sa torpeur. Il a pris une douche, enfilé un jean noir et une chemise bleue, une veste, et a attrapé un taxi pour se diriger vers la boîte de nuit qui n’est pas si loin de chez lui, après avoir rapidement avalé un dîner frugal proposé par sa mère qui piochait dans les restes. Il ne sait pas s’il va tenir toute la nuit au rythme insolent de la musique du Provocateur, mais il ne peut pas dire qu’il n’est pas content d’y faire le déplacement. Il aime bien sortir de temps en temps. Il aime bien danser. Et puis, sa mère étant déjà déchaînée chez eux, il lui semble que fuir la maison n’a rien de mauvais pour l’instant.

Quand il arrive, certains autres sont déjà là, mais pas de trace d’Este, ni de Bloom. Il s’approche du bar pour commander une bouteille de gin et va s’installer dans le coin en retirant sa veste. Il fait déjà une chaleur à crever, les gens se dirigent lentement mais surement vers la piste de danse. Dans quelques minutes, la musique montera d’un cran et les corps iront se déhancher sur la piste sans pudeur. Il attrape son téléphone, non sans avoir salué les autres d’un regard, pour demander à Este où il est. Il ne manquerait plus qu’il ne vienne pas finalement.

Comme d'habitude, obtenir de quoi suivre ses amis dans les lieux qu'ils souhaitent fréquenter relève de la croix et la bannière. Pas parce que sa famille manque d'argent, mais parce qu'ils pensent qu'Esteban doit le gagner et en connaître la valeur. Inutile de dire que dans les cercles qu'il fréquente, ces restrictions sont problématiques voire taquinées. Aussi, c'est à l'issue d'une discussion d'un bilinguisme transcendant, que ses parents finissent par accepter de lui donner suffisamment pour sortir et rembourser Tristan qui se trouve parfois obligé de l'avancer pour qu'il puisse les accompagner. Son père grommelle, Nate sur ses talons à essayer de calmer un Alejandro qui ne comprend pas pourquoi il faudrait donner tant pour des dépenses si vaines, mais Esteban obtient gain de cause (c'est le cas de le dire). C'est une scène qui est régulière chez les Gardner-Paredes mais qui ne manque pas d'épuiser Esteban qui aimerait parfois que sa famille soit moins tatillonne sur certaines valeurs. Dans les faits, Este comprend bien le point de vue de son père, mais dans la pratique, il n'en faut pas moins pour activer la drama queen qui sommeille en lui. Et après cette longue entracte, il finit par s'engouffrer dans un taxi qui l’amène jusqu'au Provocateur.

Il ne doute pas qu'un bon soixante pourcent de ses amis le juge déjà pour cette soirée en bonne compagnie, mais au vu du message de Candace, il n'a pas l'impression de perdre grand-chose. Quitte à être jugé, il n'a pas l'intention de s'exclure d'un groupe qui l'accepte. Il montre donc patte blanche et retrouve Tristan à qui il tend une liasse de billets. Autant réglé ça maintenant. Este déteste devoir de l'argent à son meilleur ami.

- Désolé d'avoir traîné, et merci encore. Ça va ?

Bloom enfile sa plus belle robe, ou plutôt l’une d’elle. Elle remonte ses cheveux en chignons, laissant dépasser volontairement quelques mèches et ses chaussures à talons à la main, elle descend les marches de l’escalier qui mène de sa chambre au rez-de-chaussée, en tentant de faire le moins de bruit possible. Aucun son ne se fait entendre, laissant penser à la jeune femme que son père n’est pas dans son bureau. Elle retient sa respiration un instant mais le soulagement l’amène bientôt à pousser un soupir silencieux. Elle porte l’oreille à la porte fermée du bureau de son père et la crainte s’efface enfin. Elle s’active alors à enfiler ses chaussures quand c’est sa mère qui débarque devant elle. Bloom sursaute, avant d’émettre un sourire en direction de sa mère. « Je vais rejoindre des amis au provocateur. » laisse-t-elle échapper en faisant une bise à sa mère. « Je ne sais pas quand je vais rentrer. Ne m’attends pas. » Ce n’est pas comme si sa mère avait réellement l’habitude de l’attendre de toute façon. La femme émet un rictus qui ne laisse rien présager de bon. « Ton père… » Elle marque un silence avant d’ajouter. « Allez, file t’amuser. » Bloom déglutit difficilement. Ces dernières semaines ont été particulièrement compliquées pour elle dès qu’elle rentre à la maison, au point où elle ferait tout pour vivre seule, loin de son paternel et des affaires familiales. Si elle a réussi à maintenir les faux-semblants pour ne pas s’attirer les foudres de son paternel, elle se demande bien combien de temps elle va pouvoir continuer ainsi, avec la menace constante sur la tête et les craintes qu’il ne fasse quelque chose d’irréparable.

Arrivée à destination, le videur ne met pas de temps à laisser entrer Bloom. Son visage lui est assez familier désormais pour qu’il ne fasse aucun chichi quand elle arrive, lui ouvrant même les portes en grand. L’argent des Walton n’est un secret pour personne dans la population huppée, et ça aide, parfois. La musique dynamique donne le sourire à la blondinette dès qu’elle met le pas dans le club et elle regarde autour d’elle pour voir ses amis. Rapidement, elle repère Tristan et Esteban qu’elle ne tarde pas à rejoindre. « Mes deux New-Yorkais préférés. » dit-elle dans un large sourire, forçant un peu le truc. Mais bon, elle les adore, alors c’est franchement pas un mensonge. « Vous m’avez l’air bien calme, heureusement que je suis arrivée. » ajoute-t-elle pour les taquiner. « Vous veniez d’arriver ? »

Il commande une bouteille qu'on lui apporte à leur table. Les autres sont un peu plus loin, en train de discuter - ce ne sont pas vraiment ses amis, il se contente de quelques signes de tête ci et là pour ne pas avoir l'air d'être mal-aimable, mais la vérité, c'est qu'en l'absence de Bloom ou d'Este, il se sent principalement mal à l'aise. Alors il se sert un verre en regardant distraitement son téléphone portable - il ne joue pas avant dix jours, ce qui veut dire qu'il a le droit de s'autoriser une soirée off et une journée à ne rien faire demain, dans sa chambre devant Netflix. Ce n'est pas comme si qui que ce soit allait l'arrêter de toute façon, sa mère étant la première à faire en sorte qu'il profite un peu de la vie plutôt que d'être si sage.

Quand Esteban arrive enfin, Tris se lève pour le saluer d'une bise et repousse sa main.

- C'est bon, t'en fais pas, tu sais bien. Ca va et toi ?

Il secoue la tête et montre la bouteille pour qu'il se serve un verre. Esteban déteste que Tristan paie. Mais Tristan se fiche pas mal de payer les entrées, les sorties, les verres, les restaurants et tout le reste ; il ne le fait pas pour tout le monde, mais pour ses quelques amis, il ne voit pas le problème. Sa mère possède une fortune qui suffirait sans doute à faire vivre cinq générations après lui, son père gagne un salaire qui leur permettrait largement de vivre tous les trois sans qu'ils ne fassent rien d'autre, et en plus de ça, Tris gagne sa vie en donnant des concerts. On le paie assez cher pour ses représentations au piano. L'argent n'est pas un problème - en réalité, chez les Hastings, ce n'est même pas une considération. Pas qu'il en soit devenu moins humble pour autant, il ne dilapiderait pas son argent pour n'importe qui. Mais payer de temps en temps pour Este, ça lui fait plaisir.

Heureusement, Bloom arrive pour interrompre leur échange, et il offre un sourire à la jeune femme qui a l'air un peu fatiguée - ce qu'il ne fera remarquer pour rien au monde.

- Si ce n'est pas la plus belle femme de New-York...

Tristan ricane un peu et avale une gorgée de son verre. Son amie attire les regards dès qu'elle apparait ; c'est un peu comme si elle était magnétique.

- On est des gens très calmes, c'est toi qui nous dévergondes. Este vient d'arriver, je suis là depuis un peu plus de dix minutes. Il était temps que vous arriviez, cela-dit, j'ai presque cru que j'allais devoir faire la conversation à des gens qui n'ont aucune envie d'avoir de conversation avec moi.

Certaines personnes de leur "groupe" d'amis ne l'apprécient pas franchement, rapport à ses parents extravagants, sans doute.

Tristan a beau ne pas prendre très au sérieux les remboursements d'Este, le brun se fait un point d'honneur à toujours lui rendre l'argent qu'il lui doit. Aussi tête de mule que son père là-dessus, il aura au moins réussi à lui inculquer cette valeur là. D'ailleurs, ça l'agace quand certaines personnes profitent de son meilleur ami sur ce point. Le pianiste n'y prête peut-être pas pas la moindre attention, mais ce n'est pas rare que les gens abusent de sa générosité. Pour autant, obtenir de l'argent pour financer des soirées comme celle-ci n'est pas aussi aisé pour Este que pour d'autres. Loin d'avoir envie de se justifier là-dessus, il apprécie donc l'aide de Tristan, qui l'a sauvé plus d'une fois de conversations houleuses.

- Ça va, content de pouvoir sortir un peu avec vous tous !

Lorsque Bloom fait son entrée, théâtrale comme d'habitude, Esteban lui offre un sourire. Elle en fait toujours trois tonnes, mais c'est ce qui fait son charme à cette jolie blonde. Quoi qu'en disent ses amis du lycée, Bloom et Tristan se sont avéré d'un soutien sans faille, argentés ou pas. Chacun à leur manière c'est vrai, mais suffisamment sincèrement pour que le bouclé puisse noter l'ironie dans les propos de Candace qui l'a simplement jeté comme une vielle chaussette et sans se retourner. Alors même s'ils ne font pas exactement parti du même monde, le compromis n'est pas si terrible que ça. Avec eux, ils se sent bien.

- La plus belle femme de New York devait faire une entrée remarquée, on la connaît à force...

Este ricane avec affection, il est d'ailleurs assez soulagé qu'elle soit maintenant parmi eux. Bloom est suffisamment lumineuse et sa présence suffisamment remarquée pour anéantir les ondes négatives qui pourraient se développer avec Tristan & Athenais dans la même pièce. Dans certains groupe, il est nécessaire que certains éléments ne manquent pas à l'appel. Inutile que les choses auraient été compliquées si Tristan et Este avaient dû entretenir une conversation badine avec Athe et Harrison.

@Bloom Walton & @Tristan Hastings

Bloom feint facilement l’amitié dans le cercle privé des enfants de riches ou même du Gotha, mais ce soir, le cœur n’y est pas vraiment alors que les propos que sa mère a tenté de lui transmettre avant le départ de chez elle lui trotte en tête. Elle préfère se concentrer sur Esteban et Tristan. Elle sait que parmi toute la clique, ils sont les plus terre à terre et ceux qui jugent le moins. Elle les admire pour ça et des fois, elle aimerait être davantage comme eux, mais ses émotions l’amènent vers d’autres horizons et elle les laisse faire sans broncher, sa conscience la rattrapant plus tard la plupart du temps.

Les compliments fusent et évidemment, Bloom s’en nourrit comme jamais, jamais lasse d’entendre de telles paroles, surtout quand elle les sait sincères. Tristan laisse échapper un ricanement mais elle ne s’en offusque pas. « Dis pas ça, il y en a qui t’apprécient dans le lot ! » Tente-t-elle de défendre les autres membres des rich kids. En vérité, elle aborde rarement Tristan avec les autres, ou même n’importe qui d’ailleurs car la plupart de ses prétendus amis sont tellement nombrilistes que les discussions tournent inlassablement autour des mêmes sujets. Leurs études, leurs perspectives d’avenir, qui a couché avec qui, qui est amoureux de qui… Il y en a bien qu’elle aime bien dans le lot quand même, elle va pas se mentir, et particulièrement des personnes avec qui elle avait une amitié plus poussée dans le passé. S’ils se sont éloignés avec le temps, ça n’enlève pas les liens qui étaient là, bien que Bloom soit du genre à se concentrer sur un nombre très défini de vraies amitiés à la fois… « Vous êtes conscients que je pourrais finir par me vexer avec vos bêtises, à force ? » Elle leur sourit de toutes ses dents. Il n’en est rien, évidemment.

Elle leur fait un signe rapide comme quoi elle va dire bonjour au reste du groupe et s’absente aussitôt. Elle dépose une bise sur chacune des jours des rich kids, échange les politesses d’usage et leur dit qu’elle revient plus tard – ce qu’elle n’a pas vraiment l’intention de faire dans l’immédiat, il faut bien le dire. La présence d’Athénaïs la refroidi quelques peu. Depuis que celle-ci est la nouvelle « copine » de Hope… Jalousie ? Non, friction usuelle entre jeunes femmes… Et Harrisson… Depuis qu’elle sait la vérité pour son père, elle ne peut s’empêcher de se demander s’il n’est pas au courant de quelque chose pour que ses parents ne cessent de les pousser l’un vers l’autre. Heureusement, depuis qu’elle a informé tout le monde de sa « relation » avec Esteban, on la laisse un peu plus tranquille.

Revenant vers les garçons, elle s’affale sur une chaise et boit dans le premier verre qu’elle trouve sur la table, que ce soit le sien ou non lui importe peu. Elle se demande si elle doit entretenir l’illusion de son faux couple avec Esteban devant les autres, mais en présence de Tristan, cela la met mal à l’aise. Elle soupçonne beaucoup trop de choses, sans pouvoir être catégorique là-dessus. Finalement, elle lâche, repensant à ce que Tristan lui a dit quand elle est arrivée : « Vous savez que je sais que vous êtes pas si sage que ça ! Parce que – détrompez-moi si j’ai tort – certes le jenga est un jeu tout ce qu’il y a de plus sage… voir ennuyeux en fait pour beaucoup, mais jenga alcoolisé… » Elle laisse sa phrase en suspens. Elle ne sait même plus lequel de ses deux amis avaient évoqué cela, ou si elle l’avait appris encore autrement mais peu importe, ça l’avait fait rire que les garçons aient transformé un jeu de société en soirée moderne à leur image.

@Esteban Gardner @Tristan Hastings

Spoiler:

Tristan est rassuré, quelque part, qu’un léger écart se creuse entre le reste du groupe et eux trois ; même si certains viennent se servir de temps en temps dans la bouteille qu’on lui a apporté tout à l’heure. Tristan s’en fiche. Les gens ont toujours profité de son argent et il en a bien conscience, mais en même temps, le fait que l’argent ne soit jamais une préoccupation est un luxe qu’il peut bien partager avec les autres. Pour Este, cela va sans dire - ses parents sont fortunés mais obtenir de l’argent pour sortir au Provocateur est un débat houleux qui provoque souvent des disputes. Il faut dire qu’ici, tout est hors de prix, de l’entrée aux consommations en passant par les vestiaires ou le simple bénéfice d’une table et de quelques chaises. Ils ne s’en sortent jamais pour moins de plusieurs centaines de dollars, et Tristan comprend tout à fait qu’il ne soit pas de la priorité de tous de dépenser son argent ainsi.

- Te vexer, toi ? Ca m’étonnerait, une si grande dame...

Tristan rit et la taquine un peu, lui adressant un clin d’oeil avant de se laisser tomber à côté d’elle en attrapant un verre. Il aperçoit Athénaïs et toute la clique au loin, et cette vision le tend.

- Jouer au Jenga alcoolisé ne veut pas dire qu’on est dévergondés, simplement qu’on a bu un verre en tentant de s’occuper avec un jeu auquel on a misérablement échoué...

Tristan rit un peu et avale une nouvelle gorgée de son verre.

- Il est extrêmement difficile de jouer à ce jeu en ayant bu, d’ailleurs, tu devrais essayer tu verras.

Este n'est pas aussi à l'aise que Tristan avec la situation. Bloom fait des sous entendus qui font parfaitement écho au problèmes d'Esteban avec la façon dont s'est terminé la partie de Jenga en question, et ce n'est pas très encourageant pour la discrétion dont il aimerait faire preuve à ce sujet. Pas qu'il se soit passé grand-chose, c'est vrai, mais il n'empêche qu'ils se sont retrouvés nez à nez, à quelques centimètres l'un de l'autre en ramassant les vestiges de la tour. Tristan n'a pas l'air plus perturbé que ça, mais Tristan n'a jamais l'air perturbé. Esteban on the other hand, est un peu secoué par toutes ces choses qui viennent compliquer son quotidien en ce moment, les remous qui agitent son cœur quand il repense à tout ça. Tristan et lui sont ami, et peut-être que le fait qu'il ne voit absolument pas le mal dans la question de Bloom, lui prouve qu'il est bien le seul idiot à se faire des film et en faire trois tonnes. Ça ne serait pas la première fois. Quand on y pense, il est curieux que le bouclé ne se soit pas dirigé vers les arts dramatiques.

Effectivement, et contre toute attente, c'est Tristan qui a tout fait tomber, qui l'eut cru.

Este se sentait obligé de le noter, surtout après s'être fait complètement exploser à Mario Kart. Bloom n'a très probablement pas envie d'entendre parler de leur geekeries arrosées de bière cela dit. D'ailleurs ce serait bien mieux s'ils arrêtaient de discuter de cette soirée qui était incontestablement déroutante pour Esteban.

Je suis très sage moi, et à mon avis de nous trois, c'est toi la plus dévergondée. So dis nous tout. Tu as revu la fille de la dernière fois ou c'est old news ça aussi ?

Recentrer la conversation sur Bloom est une bien meilleure idée. Ils sont tous les trois amis et pourtant il est de plus en plus évident qu'il faudra plus qu'une bouteille de champagne pour obtenir d'eux quelques confessions croustillantes. Plus pudiques qu'on ne pourrait le croire, force est d'admettre qu'ils vont passer une bonne partie de la soirée à se cuisiner au lieu d'avoir une conversation franche. Where's the fun otherwise ?

@Bloom Walton & @Tristan Hastings

Et les taquineries continuent, pour ne pas déplaire à l’héritière Walton. Elle aime cette complicité avec ses amis. Elle fait un signe de la main quand Tristan lui propose d’essayer le jenga. « Très peu pour moi. » Non pas qu’elle soit au-dessus de toutes ces choses car au fond d’elle, elle adorerait pouvoir s’adonner à une soirée jeux de société sans que cela ne nuise à « sa réputation », mais elle se l’interdit. C’est idiot, même elle en a conscience. Elle jalouse d’ailleurs ses deux amis, de pouvoir faire ce qui leur plait sans se soucier des conséquences de leurs actes car pour sa part, elle a parfois beaucoup de mal à le faire, surtout dans certains domaines. Il est donc plus facile de faire croire que ça ne l’intéresse pas, un tel jeu. « J’aurais pourtant crû que c’était toi qui tenais le moins l’alcool. » Lance-t-elle à Esteban alors qu’il semble fier de n’avoir pas perdu sur ce coup-là. Elle aurait bien aimé avoir plus de détails croustillants sur cette soirée, car on ne lui enlèvera pas de la tête qu’on ne lui a pas tout dit. C’est bien le problème des amitiés dans leur milieu, on a beau être proche de quelqu’un, on garde toujours son jardin secret de peur que la personne se retourne contre nous. Bloom a bien trop de mal à faire confiance depuis toujours, même à ses supposés vrais amis. Elle aimerait tellement, pourtant, ne plus se poser de questions. Elle entend encore son père lui murmurer aux oreilles qu’on ne peut se fier à personne en ce monde, si ce n’est à sa famille. Elle en frissonne, tout à coup, ces paroles semblant prendre un sens différent maintenant qu’elle sait certaines choses sur son père. « Il est possible qu’il y ait un petit train de retard. » Se permet-elle d’annoncer dans un sourire coupable. Même s’il n’avait pas été aisé d’oublier Lumi, maintenant qu’elle a la certitude que son père pourrait s’en prendre à elle, Bloom s’est mis en tête qu’elle ne pourrait plus jamais la revoir, pour leur bien à toutes les deux, mais Bloom ne serait pas une Walton digne de ce nom si elle n’était pas capable de rebondir. « Il se pourrait bien que j’ai une autre proie en vue. » Elle pense au bel homme mystérieux qui dirige le Scarlet. « Mais vous n’approuveriez pas… » Elle grimace, bien trop consciente que de base, ce n’est pas un homme pour elle. C’est peut-être justement l’interdit qui l’intéresse autant dans cet homme, qui sait. « Il est un peu plus vieux… et d’une famille… puissante de la ville disons. » C’est tout ce qu’elle peut dire sans qu’on ne la juge, bien que s’il y a des personnes en ville qui sauraient la soutenir, ce sont bien ces deux amis-là. « Mais tu sais bien qu’officiellement, il n’y a que toi que j’aime. » Dit-elle dans un grand sourire, qui se veut complice, à Esteban. « Et vous alors ? Toujours éternels célibataires ? Ou bien vous allez vous déclarer bientôt ? » A qui ? Tel est la question… Son regard se glisse vers Tristan afin de jauger de sa réaction. Si son regard se tourne vers Esteban, c’est qu’elle aura raison sur ce qu’elle pense.

Tristan apprécie la compagnie de Bloom, presque autant que celle d'Este - même si les choses sont un peu différentes au regard notamment des sentiments qui l'animent vis à vis d'Esteban. Mais toujours est-il que de tout le groupe, ce sont les deux personnes qu'il préfère. Il n'imagine pas tellement sa vie sans eux, même si Bloom semble appartenir, parfois, à un monde encore plus différent du leur que lui. D'ailleurs, quand elle raconte avoir une nouvelle proie en vue, la description qu'elle en donne ne fait que confirmer Tristan dans ses impressions. Son amie est libre, indépendante. Forte et bornée. Elle pourrait très bien ajouter le prénom et le nom de celui qu'elle convoite, de toute façon, ni lui ni Este ne parviendraient à l'en détacher. Et puis, Esteban a fréquenté longtemps un homme plus vieux - qui seraient-ils pour juger ? Tristan hausse une épaule en avalant une gorgée de son verre et se tend légèrement quand le sujet s'oriente sur leurs vies sentimentales à eux. On ne peut pas dire qu'il y ait grand chose à dire sur le sujet, comme toujours.

Il tourne son regard vers Este quelques instants furtifs, puisse baisse les yeux vers son verre. Il aimerait tellement que son ami partage ses sentiments. Il peine à imagine le bonheur qu'une telle chose lui ferait ressentir. Mais il sait bien que s'il avait dû se passer quelque chose entre eux, ça aurait déjà été le cas depuis longtemps, sans doute.

- Rien de mon côté, comme d'habitude. Vous savez bien.

Il rit un peu et hausse une épaule, conscient que son état d'éternel célibataire pose question parmi leurs amis. Il essaye d'avoir l'air détendu, en réalité, un tourbillon agite son esprit.

- Ton inconnu m'intrigue, cela dit... On ne peut pas en savoir plus ?

Comme souvent, la vie personnelle de Bloom est faite de mystère. Quand il l'entend parler, Esteban réalise d'ailleurs une fois de plus que s'ils fréquentent les mêmes cercles, ils ne font pas non plus complètement partie du même monde. Un peu de distraction ne lui fait pas de mal cela dit et tout comme Tristan, Esteban est piqué par la curiosité en songeant à cet inconnu qui fait partie d'une famille influente. La seule chose qu'il espère pour sa meilleure amie, c'est qu'elle ne laisse pas aveugler par l'argent et les considérations d'influence qui s'y rapportent. La vie sentimentale d'Esteban est peut-être chaotique, mais s'il y a une chose dont il est certain, c'est que ce n'est pas le plus important dans une relation qui a pour ambition de fonctionner. Tout le drame qu'il a vécu dernièrement l'aura au moins fait gagner en maturité sur ce point, maturité qu'il se sent obligé de partager ce soir.

- Moi aussi je suis curieux, j'espère tu ne le fréquentes pas uniquement parce qu'il est riche, influent et mystérieux d'ailleurs ! Ce serait cliché même pour toi !

Este taquine son amie, mais il est vrai qu'il s'inquiète surtout pour elle sur ce point très précis. Bloom est jeune et impétueuse, mais aussi pas toujours consciente de ce qui est bon pour elle. Leur dernière conversation le lui a prouvé, alors qu'elle s'apprêtait à avoir une relation sincère, elle a paniqué et choisi de retourner dans sa zone de confort. Este ne souhaite pas juger, ce qui l'importe c'est qu'elle soit heureuse, pas la jeune fille que son père voudrait qu'elle soit.

- Quant à moi, je ne suis malheureusement pas un éternel célibataire, plutôt un type qui devrait faire une pause dans les relations amoureuses. Visiblement c'est pas une réussite. Enfin bref, t'as une photo ?

Comme elle s’y attendait, le regard de Tristan glisse vers Esteban. Quelques microsecondes, presque indéfinissable, mais quand on sait quoi chercher, on peut le trouver. Alors, quand Tristan avoue être un éternel célibataire, elle sourit, mais pas pour les raisons qu’il croit. Elle se met en tête d’essayer de jouer les entremetteuses, un de ces jours, de questionner Esteban discrètement sans éveiller de soupçons…Bouche cousue car Tristan refusera sans doute catégoriquement qu’elle se mêle de sa vie privée, voir il niera tout en bloc, elle le connait… En même temps, elle est la première à ne pas aimer qu’on se mêle de ses affaires donc difficile de blâmer son ami…

Les deux s’interrogent sur ce qu’elle vient de lâcher, et elle se demande si elle a bien fait de leur en dire autant. Mais c’est plus fort qu’elle, elle est bien trop heureuse de cette rencontre, d’avoir cet homme dans la tête. Elle pourrait aussi bien changer de proie dès le lendemain si elle fait une nouvelle rencontre encore plus merveilleuse, mais quand Bloom « aime » quelqu’un, elle ne le fait pas à moitié. Elle virevolte avec l’insouciance de la jeunesse, se plongeant dans des idylles le plus souvent impossible et quand ça ne mène à rien, elle se tourne vers autre chose. Mais pour les rares fois où ça mène quelque part, elle peut se donner à corps perdu, le plus sérieusement du monde, quitte à finir le cœur en miettes. Bref, elle est entière.

« Que veux-tu que je fasse de la richesse d’un homme ? Si je voudrais échapper à celle de mon père, ce ne serait certainement pas pour me retrouver pieds et poings liés à celle de quelqu’un d’autre. » On peut lire dans son ton déterminé toute la sincérité de ces paroles. La richesse des Walton, elle l’a acquise de naissance, hors de question de quitter cette prison dorée familière pour une autre ! « Et je le fréquente pas vraiment… Je pense même pas qu’il s’intéresse à moi dans ce sens… » ajoute-t-elle dans une moue, avant de reprendre plus triomphante : « pour l’instant ! » Bloom la conquérante, elle ne compte tout de même pas perdre la face aussi simplement, même si c’est perdu d’avance. « Mais je vous jure… Vous le verriez, vous tomberiez sous le charme direct ! » Elle plisse les yeux. Prendre ses amis par les sentiments pour qu’ils aillent dans son sens, tout un art. Par contre, elle n’a pas de photos, et même si elle sait pertinemment qu’elle pourrait en trouver en ligne, elle n’a pas envie d’en montrer en réalité, préférant garder certaines choses secrètes.

« Ou bien suffirait que tu trouves la bonne personne… » Elle lance en guise de suggestion à Esteban. La vie sentimentale du jeune homme est aussi chaotique que la sienne, voir pire de son point de vue. Pourtant, elle n’irait pas se mettre en tête de chercher la bonne personne pour elle-même… Fais ce que je dis mais pas ce que je fais… « Quelqu’un qui t’accepte comme tu es… Qui saura te connaitre par cœur… Et qui te donnera tout le plaisir du monde parce que c’est toujours mieux… » La langue, faudrait qu’elle retourne dans ta poche, Bloom, ça t’éviterait de balancer des âneries pareilles. Elle regarde de nouveau Tristan et des images se créent dans sa tête qu’elle n’a pas vraiment envie d’imaginer. Ahlala, sacrée Bloom… « C’est ce qu’il lui faut, non ? » interroge-t-elle le troisième de la bande. La chipie.

Tris ne sait pas dans quelle mesure Bloom a envie de se séparer de la richesse parentale. Lui, par exemple, qui ne se considère pas particulièrement matérialiste - sauf quand il s'agit d'acheter un piano à plusieurs centaines de milliers d'euros - il sait qu'il souffrirait si, du jour au lendemain, il venait à vivre avec des moyens bien inférieurs à ceux qui sont les siens aujourd'hui. Il n'y a pas forcément de mal à admettre qu'on aime profiter de l'argent qu'on possède. Tristan le donne beaucoup, cet argent, aux œuvres de charité, pour aider les autres. Mais dire qu'il s'imaginerait aussi bien dans une vie plus austère serait sans doute faux. Il trouverait son compte, peut-être, mais il s'est habitué à son confort personnel. Isolde est bien plus riche que nécessaire cela-dit - toujours est-il qu'il imagine difficilement que son ami puisse soudainement se contenter de vivre avec un homme aux revenus modestes. Il tait cette observation qu'il estime déplacée cependant, et penche un peu la tête quand elle décrit son mystérieux chevalier.

- Nul doute que ce type va finir par s'intéresser à toi, avec ta détermination... Le pauvre. Il va se faire manger, si mystérieux soit-il.

Tristan rit un peu et avale une gorgée de son cocktail - avec laquelle il manque ensuite de s'étouffer tant le sous-entendu de Bloom semble approprié à la situation. Il se demande ce qu'elle sait, de quoi elle est informée, et son cœur s'accélère gravement dans sa cage thoracique. Un instant, il la regarde en biais, mal à l'aise, presque terrifié. Il déglutit et prend une inspiration avant de répondre, remerciant le cadre de la boîte de nuit de leur offrir un peu d'obscurité pour qu'il ne rougisse pas insensiblement devant tout le monde.

- Oui, sans doute. Mais ce n'est pas si simple à trouver j'imagine. Qu'est-ce que j'en sais, après tout ? Tout le monde sait que je suis le moins apte à aborder ce sujet.

Il a répondu avec humeur, un peu vexé, un peu inquiet. Il ignore si les paroles de Bloom sont le fruit du hasard ou une pique dissimulée ; en tout cas, la perspective ne le réjouit pas, et il espère que Tristan ne décèlera là-dessous rien d'étrange.

Bloom tente de le rassurer ce qui ne fonctionne qu’à moitié, mais Esteban la voit sans doute plus sensible qu’elle ne l’est réellement. Il ne va pas l’importuner avec tout ça cela dit, ce serait bien hypocrite de sa part sachant qu’il est sorti avec un homme bien plus vieux que lui pendant des mois. Il se méfie de cet homme néanmoins, riche et mystérieux ne sont pas des termes qui s’harmonisent sans drame en général. Et jusqu’à présent, Bloom n’a pas brillé par son choix de « proie », détail qu’il est tout de même important de noter dans un tel contexte. Esteban tient suffisamment à elle pour rester sobre sur l’enthousiasme cela dit, il préfère avoir plus d’information sur ce nouveau crush avant de s’y intéresser de plus près. S’il n’est plus d’actualité d’ici deux semaines, alors il se sera pris la tête pour pas grand chose et il a suffisamment de raisons de se prendre la tête en ce moment. Peut être est-il aussi juge que ses amis qui ont leur avis sur Bloom sans même la connaître dans l’instant, et rapidement cette idée suffit à éclipser son envie de jouer les moralisateurs du dimanche. En réalité, il est surtout ravi de pouvoir y échapper pour une soirée, ce n’est pas pour leur servir de doublure.

- Mais tu veux pas nous le montrer alors on risque pas de tomber sous son charme ce soir !

S’il avait pensé que la vie amoureuse de Bloom lui laisserait du répit pendant au moins quelques heures, c’était sans contenter sur le talent de la blonde pour ramener la conversation à ce qui l’intéresse vraiment. Et pour l’heure, il s’agit probablement d’emmerder Tristan, ce à quoi le pianiste réagit vivement contre toute attente. Esteban ne comprend pas trop pourquoi, mais le commentaire de Bloom l’a fait tiquer c’est certain. Dans un élan chevaleresque, Este cherche le regard de son ami.

- Personne n’a dit ça Tristan, tu es de très bon conseil en plus... Et aussi tu as vu suffisamment de mes relations se terminer pour savoir ce qui marche et ce qui marche pas je crois.

Este rit légèrement, il espère détendre l’atmosphere, ce qui devrait fonctionner. Les deux s’adorent et rien que le fait que Harrison et sa bande ne soient pas présents suffit probablement à les mettre de bonne humeur.

- Mais oui, le sexe c’est aussi important, ne l’oublions pas. J’imagine que tu n’en es pas là encore avec le riche mystérieux ?

Le voilà renommé puisqu’il n’a ni de nom, ni de visage. Il faut bien faire ce qu’il faut pour s’y retrouver avec aussi peu d’informations.

« J’espère bien ! » dit-elle d’un ton déterminé en réponse à Tristan. Qu’on tombe dans ses filets et qu’on arrive à ses fins. Pour le reste, elle n’est pas si sure qu’il se fasse manger car malgré le caractère de la miss, elle décèle chez la mystérieuse proie une sacrée concurrence caractérielle, sans quoi ça serait déjà dans la poche depuis longtemps entre eux. Qui résiste à Bloom Walton ? Mais ce n’est pas pour lui déplaire, dans le fond, que ce ne soit pas aussi simple que d’habitude et qu’elle doive batailler un peu. « Promis, s’il y a une évolution, vous serez les premiers au courant. » Pas trop difficile à tenir comme promesse vu qu’elle compte en parler à personne d’autre. Une Walton trouve toujours la faille.

Sa réplique fait mouche ensuite, pour sa plus grande satisfaction, bien qu’elle note une certaine amertume dans le ton de Tristan, qui n’était aucunement le but recherché. Elle ne laisse rien paraitre mais elle s’en veut légèrement. Heureusement, Esteban reprend la parole pour apaiser les choses. Rien de bien grave de toute façon. Avant qu’elle n’ait le temps d’enchainer, le brun lui demande déjà si elle en est là avec son crush. Elle balance la question d’un revers de la main. Dire qu’ils ne se sont même pas encore embrassés nuirait à sa réputation. « Tu sais à quel point j’aime me faire désirer… Je veux être certaine qu’on ne me prend pas pour mon corps de rêve. J’ai bien plus à offrir ! » Ça va de soi… Sa confiance en elle, on lui ferait bien avaler par les narines… En réalité, la question l’a quelque peu déstabilisée. Dexter Sciarra n’avait pas dit non, le premier soir, pour qu’ils couchent ensemble, si elle se souvient bien, mais elle avait refusé, ayant d’autres plans en tête. Si elle a déjà eu des plans d’un soir, la blondinette ne mélange pas le sexe sans lendemain avec le reste.

Elle retourne son attention vers Tristan. Il est temps qu’on arrête de parler d’elle car elle pourrait bien se trahir à force, ce qui ne la met pas à elle. « Tu sais, Tristan, moi je pense que tu ferais le petit ami idéal. Pas le mien évidemment, parce qu’on serait pas vraiment compatibles… Et si les gens de notre âge étaient moins occupés à papillonner de fleurs en fleurs, je suis certaine qu’ils le remarqueraient. » Son regard se pose bientôt sur Esteban. Elle les shippe bien tous les deux, même si elle ne voudrait pas devenir la cinquième roue du carrosse. « T’es un mec bien, un vrai ! » Elle sourit de toutes ses dents à Tristan, tout en posant une main sur son genou qu’elle enlève rapidement. Si elle fait souvent la fière, elle sait aussi dire les choses quand elle veut. « Maintenant, faut que l’élu.e s’en rende compte. » dit-elle d’un ton encourageant. Elle aimerait tellement pouvoir être une femme aussi bien, mais c’est plus fort qu’elle.

Le sujet de conversation le rend mal à l’aise, et il sait pertinemment qu’il s’est trahi tout seul. Bloom est perspicace, c’est une jeune femme intelligente, et il n’a pas entendu cette soirée pour se dire qu’elle était suffisamment sensible, sous ses airs, pour comprendre les autres. Il ne sait pas vraiment de qui elle parle, ni si elle est en train de maîtriser à la perfection des sous entendus dirigés vers un Esteban complètement à côté de la plaque, mais elle semble assez proche du but pour faire paniquer le brun. Si l’amour secret qu’il entretient pour Esteban n’a pas brisé leur amitié avant, c’est parce qu’il est justement resté secret. Il n’y a absolument aucune chance pour qu’Esteban partage les sentiments du pianiste, même s’il semblerait qu’il apprécie désormais les hommes autant que les femmes. Il doit avoir un style bien déterminé - et en tout cas, certainement pas lui. Il espère donc que l’humour de Bloom cessera aussitôt la soirée passée.

Au delà des sous-entendus de toute façon, le sujet le met mal à l’aise en général. L’importance de la sexualité dans un couple le rend fébrile parce qu’il est sans doute le seul, au milieu de tous ses amis, à n’avoir jamais franchi le pas avec qui que ce soit du haut de ses 22 ans ; quant aux compliments qui passent la bouche de ses amis, il ne sait pas comment les accueillir, se contente donc de rougir en essayant désespérément d’orienter le sujet sur autre chose, ce qui n’a pas l’air gagné.

- Mais oui bien sûr, il lance à l’attention de Bloom qui dépeint un tableau un peu trop optimiste de sa personne. En attendant, je suis le seul ici qui ne fait pas fondre les coeurs... il ajoute dans un sourire. Vous en revanche, vous n’êtes pas vraiment en reste dans cette matière.

@Tristan Hastings, @Bloom Walton & @Esteban Gardner

Une soirée au Provocateur est généralement une excellente façon de te mettre de bonne humeur. C’est autant pour le club et l’ambiance qui s’y trouve que pour la compagnie de tes amis que tu apprécies ce genre de soirées. C’est donc avec enthousiasme que tu te prépares à partir, jusqu’à ce que l’arrivée de ton père vienne briser ta bonne humeur en revenant de diner avec sa nouvelle conquête du moment. Tu dois retenir ton premier réflexe qui est de passer des commentaires, un plan pour que tu te fasses retenir plus longtemps au domicile, voire que ton père t’interdise de sorties - une chose aberrante pour ton âge - si jamais tu te montrais désobligeante ou simplement déplaisante à l’égard de la situation. Tu dois donc tenter de maintenir la paix - ce qui n’est pas ta plus grande force autant le dire - et te contenter d’un simple : « Je vais au provocateur avec des amis. » Plus une affirmation qu’une demande de permission, mais évidemment ton père se doit de s’y opposer. Tu ne sais pas s’il le fait pour une véritable ou juste parce qu’il a vu le roulement des yeux quand il est rentré.

Il te faut un certain moment pour obtenir la permission que tu as jamais demandé. Mais au-delà du retard que tu dois avoir pris, t’es surtout de moins bonne humeur lorsque tu embarques dans une voiture et indique au chauffeur de te mener à bon port. Le court trajet te permet au moins de te calmer un peu, assez pour qu’un fin sourire se dessine sur tes lèvres lorsque tu entres à l’intérieur du club. Tu te laisses guider jusqu’à la place qu’occupent tes amis. Tu arrives juste au bon moment pour entendre la fin d’une discussion sur - tu supposes - leurs vies sentimentales. Un sujet sur lequel tu ne comptes absolument te lancer, sauf pour faire un petit commentaire à l’intention de Tristan alors que tu t’installes le plus près de lui possible. « Ce n’est qu’une question de temps dans ton cas. » Même que c’est déjà fait, mais c’est un détail à ne pas mentionner. À la place, tu fais preuve d’un peu plus de bonne manière en poursuivant : « Désolée pour le retard. J’ai été retenue avant de partir. » Et vu la légère grimace qui étire tes traits la source de ce retard ne laisse aucun doute. T’as beau en parlé avec toute la politesse du monde, tes amis doivent connaitre ton opinion sur ton père depuis le temps, la mauvaise entente qu’il y a entre vous aussi.  

Spoiler:

Tu observes l'heure sur ton portable qui défile en te demandant si c'est bien raisonnable de sortir ce soir... Ce serait enfin l'occasion de retrouver la petite bande, sans même savoir qui vient ou pas, après ton semestre à l'étranger – à Stockholm, en Suède, plus précisément. Mais avec le décalage horaire, disons que tu as du mal à rester éveillé. Fuck it. Tu soupires lorsque tu reçois un autre message te demandant d'un de tes potes te demandant avec courtoisie de te « bouger le cul » et tu te prépares en vitesse avant de prendre un Uber pour te rendre dans la fameuse boîte que tu connais si bien. Tes parents dorment déjà et de toute façon, ils s'en fichent totalement de ce que tu peux bien faire dehors. Tu as vingt-quatre ans, encore heureux que tu aies la liberté de sortir quand tu le souhaites. Tu n'as aucune idée de qui tu vas retrouver là-bas. Certainement les mêmes têtes. Il y a bien sûr que tu préférerais revoir, d'autres dont tu t'abstiendrais. Mais tu vas jouer l'hypocrite avec ces personnes-là, Noah. Comme à ton habitude. Fidèle habitué de la boîte, tu n'as pas besoin de faire la queue contrairement à d'autres pour rentrer, ni même de moyenner un billet avec les videurs. Et lorsque la musique retentit à tes oreilles, un bref sourire vient prendre place sur tes lèvres. Ah, le retour à New-York te fait plaisir finalement... Tu salues les quelques personnes qui te sont familières avant de tomber sur le petit groupe qui t'intéresse. Bloom, Esteban, Tristan et... Sameen qui te dépasse et ne te voit même pas parmi la foule. « Sameen ! ». Tu essayes de l'interpeller mais c'est peine perdue. Il y a un sentiment d’appréhension qui te prend aux tripes lorsque tu t'approches du groupe et que ton regard se pose sur Esteban en particulier. Bordel. Pas le moment de penser à votre dernière discussion. Est-ce que la bande va être heureuse de te revoir ? Tu n'en sais rien, au final. « C'est une excuse pour m'avoir délibérément ignoré ? » que tu balances à Sameen lorsqu'elle s'excuse de son retard. Tu passes un bras autour de ses épaules sans aucune gêne, ayant toujours été plutôt tactile avec... n'importe qui. « Hey ! » ajoutes-tu à l'égard du petit groupe, les observant tour à tour avec un sourire en coin. Personne n'a changé en quelques mois, c'est plutôt rassurant. Mais ton regard se fait plus insistant avec Esteban. « Toujours la même tête d'hipster, à ce que je vois. ». Tu lui lances un clin d’œil sans aucune discrétion. Il faut croire que c'est plus fort que toi avec lui. Tu lui as plu, il t'a plu. Et toi, tu es persuadé que tu peux lui plaire encore. Pourtant, c'est toi qui a flippé... comme à ton habitude. A croire que tu as oublié ce léger détail. « Bon, qui se porte volontaire pour me raconter ce que j'ai manqué ces derniers mois ? ». C'est les feux de l'amour tous les jours chez les rich kids, il est donc évident que tu as raté de nombreux dramas et potins. Tu te tournes alors vers Bloom avec un regard interrogateur. Bloom et sa tête faussement angélique, elle est toujours au courant de tout.

Tristan déteste que l’attention soit ainsi tournée vers lui. Il se sent affreusement mal à l’aise, et ses pensées se bousculent malgré lui dans sa tête. Il tente d’y mettre de l’ordre, mais faire le tri entre les paroles de Bloom, la présence d’Este, et la sollicitude de Sameen qui vient d’arriver n’est pas chose aisée. Là tout de suite, il voudrait être loin d’ici, dans sa chambre, dans son espace, avec son piano, pour faire partir toutes ces émotions qui se bousculent d’une gamme ou des premières notes d’un morceau. Il ne sait pas pourquoi il a tellement tenu à venir, l’idée lui semble désormais bien ridicule. Il répond à Sameen par un sourire qui se fige instantanément quand il aperçoit Noah. Un revenant dans le paysage. Un instant, il imagine naïvement que peut-être, son esprit est en train de lui jouer un mauvais tour. Mais il sait bien qu’il n’essaye que d’échapper à l’intransigeante réalité qui est en train de se dessiner. Il a soudainement l’impression que l’air lui manque et qu’il va étouffer ; il serre son verre dans sa main et se mord l’intérieur de la joue pour ne pas céder à la panique. Noah, c’est celui qui a fait comprendre à Este qu’il était bisexuel. Tristan ferme les yeux un instant et finit par regarder son verre en entendant la pique lancée à son meilleur ami par le revenant, détournant le regard vers Bloom qui lui semble être la seule issue de secours en cet instant ; la seule à laquelle il peut accepter de se confier, aussi. Il en oublie la politesse et l’arrivée de la douce Chloé, il en oublie le lieu dans lequel il se trouve ; son esprit s’échappe de la conversation qui est en cours et ne se concentre plus que sur une seule chose, la douleur qui est en train de s’éveiller dans son coeur. Il se maudit de s’être laissé entraîner dans la douceur des dernières semaines. Il aurait dû s’en tenir à tout ce qu’il a toujours fait, il le sait. Au bout de secondes qui lui semblent des heures, il parvient à lever son verre jusqu’à ses lèvres pour essayer de se redonner de la consistance, pour tenter de revenir parmi eux ; en réalité, il est déjà parti. La seule raison qui le pousse à rester cloué sur son siège, c’est la réalité vacillante de ses jambes qui tremblent, c’est la peur d’éveiller les soupçons ou de devoir rendre des comptes sur sa soudaine humeur. Alors il reste planté là, termine son verre et presse sa main sur le bras de Bloom, à côté de lui.

- Tu me redonnes un peu à boire ? il demande d’une voix calme, en ignorant Noah avec lequel il n’a de toute façon pas grande relation.

Il attend que son verre se remplisse et tente de concentrer son esprit sur autre chose. Les yeux de Chloé, le sourire de Sameen, les jolis cheveux blonds de Bloom. N’importe quoi pour le distraire de l’évidence qui vient de se jouer sous ses yeux.

Il est battu d’avance.

priya est déjà en retard. elle ne s'attendait pas à devoir aider sa tante si tard. incapable de dire non, de refuser son appel à l'aide, priya à donc naturellement acceptée sans poser de questions. ignorant les messages de ses amies, ignorant que son absence risque peut-être de faire tomber cette couverture pourtant si parfaite. priya aurait aimée passer une soirée calme dans sa chambre, à lire des comics ou encore continuer sa fanfiction. mais, le bruit à déjà fait tout le tour des réseaux sociaux en l'espace seulement de quelques minutes. noah mason le grand retour. une nouvelle qui ne fait ni chaud ni froid pour la petite priya mais, qui affolent bon nombres de ses amies. après avoir terminée avec sa tante, elle pose ses lèvres sur sa joue avant d'attraper les clés de la voiture. priya n'aime pas conduire, bien plus à l'aise sur un vélo ou dans les transports en communs. véritable tortue de la route, elle se fait souvent insultée ou encore klaxonner, une situation qui la met plus que souvent mal à l'aise. mais, priya est censée retrouver son groupe d'amis de l'université pour une réunion.. affirmation pas complètement fausse, ce qui ne lui donne pas vraiment l'impression de mentir à sa famille. pour expliquer sa longue absence, elle invente donc à sa tante qu'elle risque de dormir chez une amie ce soir. alors, qu'elle va certainement passer sa soirée à gérer ses amies complètement bourrées et les ramener une à une chez elles pour rentrer comme si de rien n'était au petit matin, comme priya le fait souvent.

elle arrive rapidement devant le provocateur, attrapant un haut bien plus adaptée à la soirée dans son sac pour l'enfiler dans sa voiture et de mettre un peu de rouge à lèvres et une dernière touche de mascara. l'avantage de ne pas devoir en faire trop sur le maquillage. priya la jeune geek solitaire qu'elle laisse au placard avant d'entrer à son tour un large sourire sur les lèvres. comme d'habitude elle se demande ce qu'elle vient faire à ce genre de soirée, pourquoi est-ce qu'elle continue de venir après tout ce temps ? alors, que cette ambiance n'est clairement pas faite pour elle. priya aime ses amis, c'est peut-être ce qui la raccroche le plus dans cette bande. terrifiée à l'idée d'être seule, d'être abandonner si les gens découvrent qui elle est réellement. autant ne pas penser à cette idée, autant attraper son unique verre d'alcool de la soirée qu'elle va boire en essayant de faire le moins de grimaces possible avant de commander des thés glacés, n'importe quoi ne contenant pas d'alcool. son groupe d'amis qu'elle repère au loin et qu'elle rejoint comme si son retard n'avait pas la moindre importance, saluant tout le monde d'un signe de main. les derniers potins ? priya n'a jamais été intéressée par ce genre de sujet et vu la tête de tristan.. elle ne doit pas être la seule. son regard se pose rapidement sur esteban, juste assez pour ne pas s'imaginer ce qu'elle pourrait bien écrire prochainement sur ses parents avant de replonger son regard dans ce verre qui semble interminable pour la jeune indienne.

Tout le monde semble s’intéresser un peu trop à la vie sentimentale de Tristan et connaissant son meilleur ami comme sa poche, les chances pour que celui-ci se braque sont élevées. Tristan n’a effectivement jamais apprecie que les conversations dérivent ainsi, et il serait bien surpris de le voir y participer activement aujourd’hui. D’autres se joignent à la bande et ce qui n’était alors qu’une conversation assez privée semble prendre des proportions plus importantes a mesure que des têtes s’ajoutent à leur table. Quand Esteban voit Chloé arriver, il appréhende les réactions que pourraient avoir les autres. La population qui se trouve à la soirée n’est pas la plus juge du lot, mais vu les circonstances, la prudence reste de mise. Il espère que tout se passera sans encombre en tout cas, même si Tristan n’est déjà plus de très bonne humeur.

Une nouvelle personne fait son apparition et Este manque de s’étrangler avec sa consommation. Ses yeux se posent sur le nouvel arrivant qui le remarque bien vite et ne manque pas de lui asséner un petit commentaire taquin au passage. Noah est donc de retour lui aussi, soit, Este n’avait clairement pas prévu cette variable là. Il hausse une épaule en feignant la désinvolture, mais dans sa tête, c’est loin d’être aussi tranquille qu’il aimerait le faire croire.

- T’es pas parti si longtemps que ça tu sais... Mais non j’ai pas changé de coiffeur entre temps, toi non plus d’ailleurs.

Pour un peu il nous la jouerait à la Serena Van Der Woodsen avec son retour en fanfare. Le fait qu’il débarque ici en grandes pompes ne lui fait par ailleurs ni chaud ni froid... Lies. L’effet recherché est tout à fait en adéquation avec l’effet produit pour le coup. Par chance Priya arrive elle aussi et Este en profite pour la saluer et reporter son regard ailleurs que sur le nouvel arrivant.

- Hey, salut Priya !

Le ton est enjoué, mais le reste du groupe semble être fasciné par le retour de monsieur Mason que l’on questionne déjà sur son retour fracassant. Este soupire et jette un regard à Tristan qui semble encore plus fermé qu’il ne l’était lorsqu’ils discutaient sa vie amoureuse.

C’est vrai qu’elle en fait fondre des cœurs. Ça a toujours été ainsi et elle ne compte pas s’arrêter de sitôt – tout du moins avec son mystérieux. Juste le temps de faire un sourire en guise de réponse que le trio est rejoint par le reste de la bande d’amis, à croire qu’ils se sont tous donnés rendez-vous pour arriver à la même heure. Ça ne manque pas de faire rire Bloom, qui adore ce genre de coïncidences. Restant silencieuse lors des premiers échanges, elle est bientôt prise à partie par le regard insistant de Mason qui semble croire qu’elle est la mieux placée pour raconter les potins. Bon, c’est pas faux ceci dit… « Ah non, pas moi ! Après, on va encore dire que je me mêle de tout ce qui ne me regarde pas et que je ne sais pas tenir ma langue. » Un sourire se lit sur ses lèvres. En réalité, elle ne se ferait pas prier, mais balancer les rumeurs comme ça devant tout le monde, ce serait quand même mal vu. Et puis, Chloé débarque et avec tout ce qui lui arrive en ce moment, c’est sans doute pas le moment d’en rajouter ou de remuer le couteau dans la plaie. « On est contente de revoir Noah mais nous, on passe à la trappe ? » lui lance Bloom dans une boutade que son amie devrait comprendre. Faut dire qu’il y a quand même un fond de vérité, la blondinette ne supportant que rarement d’être reléguée au second plan ou qu’on ne s’intéresse pas à elle, en petite princesse de New-York qu’elle est.

Elle hausse les épaules pour répondre à la question posée par l’autre blondinette, et sent bientôt une pression sur sa main, émanant de Tristan. Elle pose alors ses yeux sur lui et y lit quelque chose qu’elle n’y voit pas forcément souvent. Son instinct de future journaliste s’éveille et elle sent que quelque chose ne va pas. Quoi ? Elle ne peut décemment pas lui demander devant tout le monde. L’arrivée de Sameen ? De Mason ? De Chloé ? Toutes les infos se recoupent dans sa tête. Mason / Esteban… Et si elle ne se trompait vraiment pas quant à ses suppositions sur les sentiments de Tristan pour le bouclé de la bande ? Elle lui sert à boire et à son tour prend sa main pour la serrer en guise de ‘ne t’en fais pas, ça va aller.’ C’est désormais au tour de Priya de les rejoindre. Bloom lui adresse un sourire et un petit signe. « J’irais bien prendre l’air. » Et fumer une clope, même si elle ne fume pas. Lançant la perche à qui veut de la rejoindre, notamment à un.e certain.e qui pourrait en ressentir le besoin.

T'es surprise par la voix qui s'élève près de toi, une voix qui n'appartient pas à un membre du trio. Tu mets un moment avant de reconnaitre le propriétaire. T'esquisses un sourire désolé lorsque tu sens le bras de Noah passer autour de tes épaules. « Non, ça c'était juste pour t'embêter. » Ou plutôt parce que tu avais la tête prise par d'autres histoires, mais c'est un détail sur lequel tu ne comptes pas t'attarder. D'où le sourire désolé et le petit coup de coude amical que tu lui donnes en guise d'excuse. C'est déjà bien, on ne peut pas t'en vouloir de ne rien avoir entendu dans un bar. Et visiblement tes excuses pour ton retard n'étaient pas si nécessaires vu que tu es loin d'être la seule retardataire. Ton sourire s'étire un peu plus lorsque Chloé s'approche du groupe. Tu tends la main dans l'espoir de l'attirer vers Noah et toi. « Chloé ! T'en fais pas, on vient d'arriver. » Enfin, Noah et toi, mais ça veut dire que la moitié des gens présents étaient en retard donc bon. T'observes silencieusement le reste de la bande,  jugeant ne pas être la personne toute désignée pour aider Noah à rattraper les potins.

Tu gardes aussi un oeil sur Tristan qui ne semble pas d'excellente humeur. Tu voudrais bien lui prêter main forte, mais tu supposes que c'est inutile. Autant te concentrer sur la nouvelle arrivante, une autre dans le club des retardataires décidément. « Salut Priya ! Tu vas bien ? » Écho aux mots d'Esteban, te retrouver avec des amis ayant tôt fait de te faire retrouver la bonne humeur. Il ne te manque qu'un verre dans les mains et ça ira encore mieux. C'est là-dessus que tu décides de rebondir lorsque Bloom évoque le fait qu'elle veut sortir. « Moi je vais aller me chercher un cocktail si quelqu'un a besoin de quelque chose. » Serait-ce un concours de qui m'aime me suive avec la Walton ? Quand même pas (quoi que), juste une question de profiter que tout le monde est en mouvement. Puis tu poses surtout la question au cas où quelqu'un voudrait que tu lui ramènes quelque chose. Il t'arrive bien d'être serviable par moment, surtout avec des gens que tu apprécies. Cela dit, autant dire que tu préfèrerais y aller accompagnée ne serait-ce parce que ce sera plus simple de ramener d'éventuels commandes et c'est tout de suite plus agréable.

Visiblement, personne n'a envie de te raconter les derniers potins. Pas même Bloom. « J'espère que ta langue finira par se délier après quelques verres. » que tu lui lances avec un sourire en coin. Tu as quand même raté tout un semestre à Columbia et tu connais assez bien tes amis pour savoir qu'il a dû se passer de nombreuses choses. Chloé finit alors par vous rejoindre et tu la salues. « Je voulais attendre de me remettre du décalage horaire avant de venir vous voir mais... Il faut croire que vous me manquiez. » dis-tu à la réflexion de la blonde qui ne s'attendait visiblement pas à te voir ici. C'est surtout que tu n'avais pas envie de prévenir qui que ce soit et de faire ton petit effet de surprise même si ta présence n'a pas l'air de plaire à tout le monde. Ton regard se pose quelques secondes sur Tristan, juste le temps de lever les yeux au ciel face à son impolitesse. C'est trop demandé à son altesse d'au moins prendre la peine de te saluer ? C'est quoi son problème ? Bon, il est clair que ton avis est biaisé sur lui vu qu'il est tout le temps collé aux fesses d'Esteban. En parlant de lui, tes yeux détournent rapidement de Tristan pour observer celui beaucoup plus à ton goût suite aux mots qu'il vient de te lancer. Et alors que tu t'apprêtes à répliquer, voilà que Priya débarque. Il a de la chance. Tu la salues d'un signe de la main, pas plus intéressé que cela par sa présence. Elle est bien gentille, Priya, mais elle est tout sauf synonyme de fun. Parfois, tu te demandes comment elle a réussi à se frayer un chemin jusqu'à votre bande tant elle est insipide. « Je te suis. » annonces-tu à Sameen. Tu pourrais tout aussi aller fumer une clope dehors avec Bloom – car tu penses qu'Esteban va la suivre, elle. Mais c'est seul que tu as envie de te retrouver avec lui et tu trouveras une autre occasion dans la soirée pour cela. Après tout, elle ne fait que commencer. « Tu veux autre chose à boire, Hastings ? T'as l'air d'avoir besoin d'un remontant. ». Une provocation à peine voilée et pourtant, tu gardes un air faussement sympathique sur ton visage. Tu pourrais très bien l'ignorer à ton tour, faire comme s'il n'était pas là mais... Tu ne peux pas t'en empêcher. Si Monsieur l'altesse a décidé de t'ignorer, tu veux voir s'il est capable de l'assumer jusqu'au bout face aux autres. Certes, vous n'avez jamais été proches ni même amis. Mais tu ne vois pas ce qui l'empêchait de te saluer un minimum. Et puis il faut dire que tu ne sais pas rester objectif lorsqu'il est question de ce cher Tristan. Par la même occasion, en lui adressant la parole, tu lui rappelles que tu es de retour à présent et que tu ne comptes pas te faire tout petit.