Le lundi soir n’est pas le jour le plus chargé de la semaine. Quelques habitués viennent boire une pinte en sortant du boulot, écoutent un peu de musique et demandent quelques titres – souvent les mêmes -, mais on ne croule jamais sous le travail. Certains soirs, comme aujourd’hui, Eryn fait cependant appel à Illuminada, qui bosse normalement dans une boîte de strip tease, en intérim. Plutôt solaire, la brune apprécie beaucoup la présence de cette dernière. Elle travaille bien, rembarre les crétins avec beaucoup d’adresse, et est de bonne compagnie.
Deux heures du matin. O’Hare ferme la porte sur les derniers piliers de comptoirs. Ils ne sont pas bien nombreux, à l’Overkill. Elle voit le fait d’accueillir si peu de boulets comme une réussite personnelle. Il y en a toujours, bien sûr. Personne ne peut refuser un verre à un alcoolique, encore moins quand l’alcoolique en question est poli et ne fait pas d’histoires. Ceux qui en font sont bien vite accompagnés vers la porte, de toute façon. On n’aime pas les gens toxiques, à l’Overkill. Une jolie pancarte placardée derrière le bar annonce la couleur : on ne veut pas de xénophobie, d’homophobie, de validisme, de grossophobie, de transphobie, on ne veut pas de tout cela ici. Eryn en a fait un point d’honneur.
La brune souffle, soulagée. Une fin de service fait toujours plaisir. Elle salue les cuistos qui s’en vont à leur tour et passe derrière le bar où Illuminada fait la dernière vaisselle avant de fermer. « Whisky ? », questionne Eryn en se servant elle-même un grand verre, puis un second pour sa collègue sans même attendre sa réponse. « Je crois qu’on l’a mérité. » Joueuse, elle enchaîne : « T’es sûre que tu veux pas quitter ton autre taf et venir ici à temps plein ? C’est agréable de t’avoir dans le coin ! »