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Obscures songes (Jade)

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Mar 9 Juin - 16:33
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obscures songes  ;
Charlie & Jade


Revoir Anastasia, ça l'a littéralement bouleversé, bien plus qu'il ne l'aurait pensé. Rien qu'en croisant son regard pour la première fois depuis deux ans, il a vécu une nouvelle fois le traumatisme infligé par l'accident. Il se souvient encore de ce jour-là comme si c'était hier. Il était perdu dans ses pensées, tentant de corriger une pile d'évaluations à la salle des profs sans y parvenir. La seule chose qu'il avait en tête, c'était l'anniversaire prochain de Maddie, qui arrivait à grand pas, et qu'il voulait rendre mémorable. C'est un coup de fil de la part de la mère de cette dernière qui l'a sorti de ses rêveries, pour l'obliger à enfoncer la main dans le fond de son sac afin d'y trouver son téléphone portable. Il a d'abord été étonné de voir le prénom de sa belle-mère s'afficher sur l'écran, ne se souvenant même plus de la fois où il l'a enregistré dans son répertoire. Mais comme elle n'était pas le genre de belle-mère à harceler son gendre pour des inepties, il s'est résolu à décrocher, se convaincant que ça devait être important. Il n'avait alors encore aucune idée que cet appel allait littéralement faire voler sa vie en éclats. Le pouce qui glisse sur l'écran pour accepter la communication alors qu'il répond allô ? d'une voix enjouée. Et là, Betty lui annonce que Maddie a eu un accident. Comment ça un accident ? Sa voix se brise alors que celle de sa belle-mère vibre d'émotions. Il entend qu'elle peine à contenir des larmes, des larmes qui ne trahissent pas une nervosité ou un simple chamboulement. Des larmes chargées d'un profond chagrin. Elle va bien ? Betty ne répond pas. Elle se contente de sangloter, peinant sans doute à trouver les mots pour annoncer une chose pareille au petit ami de sa fille. Betty, comment va Maddie ?! Les paroles se transforment en cris étouffés, suffoquant sous le poids de cette angoisse qui précède l'annonce d'un drame. Il se doute que ce qu'elle va lui dire va le dévaster, mais il ne veut pas y songer avant qu'elle le lui dise concrètement, avec des mots, aussi durs soient-ils. Quoi..? Maddie est... Cinq secondes de silence qui tombent, tous les regards de ses collègues tournés vers lui, alors qu'il s'effondre finalement, le corps secoués de soubresauts incontrôlables. Les profs présents dans la salle ce jour-là comprennent immédiatement qu'il est arrivé quelque chose de grave, se précipitent vers lui, le prennent dans leurs bras, l'entourent d'un réconfort qui, malheureusement, ne soulagera absolument pas sa peine. Je veux la voir... qu'il murmure au milieu de tous ces corps pressés contre lui, qui lui répètent que ce n'est pas une bonne idée, qu'il ne devrait garder que les bons souvenirs... Et en l'espace de quelques mots, le temps passé avec Maddie est réduit à des souvenirs lointains, sans plus aucune possibilité d'en créer de nouveaux, ou ne serait-ce que de la prendre une dernière fois dans ses bras pour lui dire adieu.

Il relève soudainement la tête quand il se rend compte qu'il se trouve devant la porte de l'appartement de Jade, en train de chialer comme une merde. Repenser à ce moment douloureux, ça lui fend le coeur à chaque fois, ça rouvre de vieilles plaies pas complétement guéries. Il sort un mouchoir de la poche de son jeans et éponge les larmes gravées dans ses chairs depuis bien trop d'années, tentent de les faire disparaitre alors qu'elles font partie intégrante de son être. Il pousse un lourd soupir, secoue vivement la tête pour se ressaisir puis frappe à la porte. L'attente l'amène à penser qu'il n'aurait peut-être pas dû venir ici, surtout deux ans plus tard. Ce n'est pas comme si ça allait changer quelque chose, comme si Jade allait pouvoir l'aider à faire son deuil. Elle ouvre enfin et le visage de Charlie se crispe, comme si c'était lui qui était étonné de la trouver là, alors que c'est lui qui est venu jusqu'ici. Salut. Tu... Tu vas bien ? Question posée par politesse, complètement inutile, juste pour qu'elle ne lui en veuille pas trop qu'il soit venu la déranger à une heure aussi tardive de la soirée. Je... Je te dérange pas ? Je sais qu'il est un peu tard, désolé. Mais j'passais dans le coin et... Comme ça fait super longtemps qu'on s'est pas vus, j'me suis dit que... Enfin, que ce serait l'occasion. L'entrée en matière est maladroite. En plus, ça se sent à dix kilomètres que Charlie ne passerait jamais dans ce quartier par hasard, surtout à une heure pareille. Jade va-t-elle lui refermer la porte au nez ?
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Dim 14 Juin - 21:25

obscures songes.-- @Charlie Moreno & @Jade Monroe

Deux ans qu’elle est partie.
Deux ans que la vie a décidé de lui enlever Maddie. Deux ans qu’Anastasia, son amie, leur amie à toutes les deux, a mis fin à sa vie. Et, par la même occasion, à l’amitié qui les liait toutes. Il ne passe pas un jour sans qu’elle ne songe à sa cousine, Jade. Tant de souvenirs gravés ressurgissent parfois sans qu’elle ne s’y attende d’un passé qu’elle serait incapable d’oublier. Mais elle ne peut pas se laisser hanter, elle ne peut même pas s’octroyer cette possibilité. Le travail surchargé, les responsabilités qui lui sont incombé. La femme d’affaires en elle prend le pas sur la cousine éplorée. Ou sur, plus généralement, toute forme de sentiments qui lui demanderaient beaucoup trop de temps. Alors elle est là, Jade, installée sur son canapé en cuir blanc, son ordinateur portable dernier cri sur les genoux. Plongée dans la lecture des propositions de collaboration qui lui sont offertes, elle supprime un à un les mails sans conviction. Il y en a bien un ou deux qui captent son attention. Mais elle a la sensation que ce n’est pas assez… un parfum, du maquillage, ou encore devenir l’égérie d’une grande marque. Tout cela, tous ces projets, ils ressemblent à ceux qu’elle a déjà pu faire. En vérité, lui trotte dans la tête de plus en plus souvenir, cette envie de se lier à l’art… ce désir encore inassouvi qu’elle n’ose pas risquer, par peur de ne pas y arriver. Par instinct, sans même s’en rendre réellement compte, la belle Turque ouvre une nouvelle page de son navigateur à la recherche des galeries d’art qui se trouvent dans la ville. Il y en a des dizaines, des centaines, peut-être même encore bien plus. Mais l’auto-entrepreneuse n’a pas le temps de s’y attarder davantage qu’elle entend taper devant la porte de son appartement. Un peu surprise, elle ferme aussitôt la dernière page de recherche de son navigateur avant d’en faire de même avec l’ordinateur. Elle pose l’objet sur la table de verre et se redresse. Tous les employés, de la maison comme de l’entreprise, sont partis depuis longtemps, si bien qu’elle n’a aucune idée de l’identité de son mystérieux visiteur. Elle glisse distraitement ses mains contre le tissu luxueux de son pantalon comme pour effacer des froissements inexistants. Elle part ouvrir la porte imposante de l’entrée pour se retrouver face à… Charlie. Tellement surprise, la millionnaire entrouvre ses lippes, sans tenter de cacher l’étonnement qui se lit dans ses iris. Elle le contemple, comme un revenant, comme si elle n’imaginait plus jamais le revoir. – Charlie… bonsoir. elle le salue, avec la courtoisie dont elle sait si bien faire preuve, mais toujours troublée par sa présence. Une présence qui la ramène à des instants difficiles, une souffrance inoubliée, et toujours ce vide. Mais elle n’a pas l’occasion de se laisser submerger par les souvenirs, par la dernière fois qu’elle l’a vu après… l’enterrement de Maddie. Elle se souvient la colère, la rage qui l’habitait, quand il n’était que détresse. Il paraît, Charlie, toujours empreint de cette tristesse. Il paraît toujours aussi malheureux alors qu’il lui demande, elle, comment elle va, comme si cela ne faisait pas deux ans. Comme si c’était vraiment important. Elle Il paraît toujours aussi malheureux alors qu’il s’inquiète de la déranger, alors qu’il s’excuse de son intrusion inopinée. Elle le contemple, quelques instants, de ses opales noires et intriguées, légèrement troublée. Elle sait qu’il ne passait pas dans le coin… il ne doit pas passer dans le quartier bien souvent. Il vient d’un monde… tellement différent. C’est ce qui les avait séparés d’emblée, ce qui l’avait empêchée, elle, de s’intéresser à l’homme qui rendait sa cousine si heureuse… elle sent une vague de regret la submerger chaque fois qu’il revient dans ses pensées, Jade. – Tu ne me déranges pas. Entre, je t’en prie. l’invite-t-elle alors qu’elle se décale d’un pas pour le laisser accéder à sa demeure. Elle ferme la porte derrière lui, avance de quelques pas pour l’entraîner dans la pièce à vivre. – Voudrais-tu quelque chose à boire ? Sa gouvernante n’est pas là, mais elle retrouvera bien le chemin de la cuisine ne serait-ce qu’une fois. Quelque chose lui dit qu’un verre ne lui ferait pas de mal. À elle non plus, cela dit. Les questions commencent à l’envahir, petit à petit. Elle voudrait surtout savoir, en vérité, ce qui a bien pu l’amener ici. Mais elle n’ose l’interroger, peut-être par crainte de l’embarrasser, ou juste… de la souffrance qui pourrait remonter. Elle a la sensation de s’apprêter à déterrer une douleur qui ne s’est jamais envolée, Jade, pour mieux la laisser la percuter de plein fouet.

(c) calaveras.

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Lun 22 Juin - 21:40
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obscures songes  ;
Charlie & Jade


Il lui suffit de laisser ses yeux glisser sur la silhouette de Jade pour qu’il se souvienne qu’ils ne viennent pas du même monde, lui et elle. Il l’a toujours su pourtant, car l’écart était déjà perceptible à l’époque où Maddie faisait encore partie de ce monde, mais il ne lui a jamais semblé aussi grand que maintenant qu’il se sent vraiment comme un moins que rien, un minable, dans ses vêtements achetés en friperie alors que Jade, elle, elle resplendit dans des tissus d’une grande noblesse. En deux années, Charlie avait presque oublié ce sentiment de misérabilité. Jusqu’à Adriana. C’est d’une manière très sobre que la jeune femme le salue, l’invite à entrer chez elle avec un sens de l’accueil un peu guindé, bien loin de ce dont il a l’habitude dans son milieu à lui. Elle élude - volontairement ? - sa première question, posée de manière purement rhétorique, dans l’unique but de ne pas avoir l’air trop suspect, même si c’est écrit au milieu de son front qu’il n’est pas venu ici avec, pour seule intention, de prendre de ses nouvelles. Mais Charlie, il sait pas mentir, il est incapable de faire semblant, de jouer la comédie. Il transpire la mauvaise foi à des kilomètres à la ronde, et tente pourtant d’avoir l’air des plus naturels, comme s’il avait pas recroisé la femme qui a brisé sa vie il y a quelques semaines à peine, qu’il s’était pas effondré à nouveau en repensant à tout ce que sa disparition avait impliqué dans sa vie. Il la suit en gardant les bras serrés contre son corps, croisé contre sa poitrine, comme s’il avait peur de laisser traîner trop de sa personne dans cet endroit bien trop luxueux pour lui. Ses prunelles traînent sur les meubles sans vraiment les contempler, son regard bien trop vide pour parvenir à capter quoi que ce soit. Sa question lui semble si lointaine qu’il l’entend à peine. Il lui répond un « Non merci, je n’ai pas soif. » particulièrement distrait. Tout c’que j’voudrais, c’est Maddie. Mais tu peux pas me la ramener, Jade. Personne le peut. Alors j’vais pas t’en vouloir pour ça. Mais c’est clairement pas un putain de verre d’eau qui va m’aider à m’sentir moins vide de l’intérieur, moins inachevé, moins prisonnier. « Sinon, qu’est-ce que tu deviens ? Ca fait un moment qu’on s’est pas vu. » Et il peut s’en vouloir qu’à lui que les liens aient été coupés brutalement, parce qu’il est l’instigateur de cette rupture soudaine. Il avait rien de personnel contre Jade, c’était juste trop dur à gérer pour lui, tout ça. Il a jamais eu les épaules pour affronter les épreuves de la vie, Charlie qui tombe à la renverse sous la force d’une simple bourrasque. « D’ailleurs, je voulais te présenter mes excuses de pas avoir cherché à te revoir plus tôt. C’est que… Ça a été assez compliqué, après l’accident… » qu’il tente pour essayer de crever l’abcès - si abcès il y a -, sans trop savoir si Jade lui en veut, ou si elle n’a tout simplement pas remarqué qu’il s’était évaporé pendant près de deux ans. Son visage reste relativement insondable, ses paroles le sont tout autant, et il n’y a pas le moindre geste qui puisse lui laisser entendre qu’il est le bienvenu ici ou, au contraire, que sa présence n’est pas désirable.
(c) SIAL ; icon kawaiinekoj

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Jeu 25 Juin - 20:44

obscures songes.-- @Charlie Moreno & @Jade Monroe

Il détonne dans sa maison ; contraste dans son univers, Charlie.
Pas du même monde, pas de la même vie. Ils n’ont jamais eu rien en commun, tous les deux, si ce n’est Maddie. C’est elle qui aurait dû les réunir, c’est elle qui aurait pu les réunir… si seulement Jade n’avait pas été aussi puérile. Elle en voulait, de manière totalement infondée, à sa cousine de s’être amourachée de cet homme infortuné. Elle lui en voulait, d’être tombée amoureuse, injuste et hautaine qu’elle était. Un aspect d’elle qui s’est quelque peu dissipé avec la maturité -ou la culpabilité peut-être bien – sans avoir totalement disparu ; et qui revient parfois la prendre au dépourvu. Mais, ce soir, face à Charlie, elle ne pense pas à tout ce qui peut les séparer. Elle pense, bien au contraire, à tout ce qui peut encore les lier. À cette souffrance partagée, différente mais similaire à la fois, car ils ont tous les deux connu cette personne incroyable qui leur a été trop brutalement attachée. C’est à elle qu’elle pense, Jade, quand elle l’observe de ses prunelles troublées.
Et c’est peut-être pour cette raison qu’il a l’air plus proche qu’il ne l’a jamais été.
Charlie, il ne semble clairement pas dans son élément. Elle ne sait pas s’il est embarrassé de cette intrusion dans son manoir, bouleversé et en plein désarroi, ou seulement troublé de la voir. Mais, tandis qu’elle essaie de paraître le plus polie possible (c’est-à-dire qu’elle évite de lui exprimer sa surprise),
il paraît à mille lieues de ses règles de bienséance et de courtoisie. Discret, perturbé, les bras repliés comme s’il voulait se protéger, il paraît bien mal aller. Mais Jade, elle n’ose pas lui demander. Comme elle n’ose pas davantage tenter de comprendre, les raisons de sa présence.
Elle le fera, sans doute, mais pas tout de suite.
Mais, en attendant, l’héritière tente comme elle peut de le mettre à l’aise. Lui ôter toute gêne.. – Assieds-toi, mets-toi à ton aise. elle l’invite alors qu’elle en fait de même. Elle s’installe, bien droite, sur le canapé, tournée vers l’homme à ses côtés. Les opales assombries posées sur lui, elle le contemple,  toujours intriguée, mais consent à répondre à ses questions qu’elle devine, simplement comme un frein pour retarder les raisons véritables qui l’ont amenées jusqu’ici. Jusqu’à elle.
Celle qui n’a jamais été tendre avec lui.
– Je vais bien, je te remercie. Mais elle n’a guère le temps de lui renvoyer sa question, l’âme en peine lui présente soudain des excuses qu’elle n’attendait pas. Mais il ne lui doit rien, bien au contraire, Jade n’a jamais été bien agréable avec lui. Il n’y a que… quand Maddie est décédée, qu’elle a tenté un pas vers lui. Mais elle ne lui en a pas voulu de le refuser, il était en droit de vivre son chagrin comme il le pouvait. Charlie, il devait être dévasté. – Je ne le sais que trop bien, Charlie… tu n’as pas à me présenter tes excuses. Chacun vit… le deuil, comme il le peut. confie-t-elle, la voix toujours posée. Elle ne laisse rien entrevoir, elle a appris à cacher ses émotions, même quand ce n’est pas nécessaire. Face à lui, elle le sait, elle n’en a pas besoin. – Comment… elle cherche ses mots. C’est loin d’être dans les habitudes de la femme d’affaires. – Tu n’as pas l’air d’aller bien, Charlie… et elle finit par se montrer directe. Sous ses airs de princesse, Jade, elle a toujours été sincère.
C’est peut-être une autre chose qu’ils ont en commun.

(c) calaveras.

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Ven 10 Juil - 0:31
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obscures songes  ;
Charlie & Jade


Dès l'instant où il a posé un pied sur le sol de cette immense demeure, Charlie a ressenti l'envie de prendre ses jambes à son cou, de s'enfuir et de ne plus jamais revenir. Il n'a jamais partagé quoi que ce soit avec Jade, rien à part la douleur vécue après la disparition brutale de Maddie. C'est la seule personne sur cette terre qui était capable de lier un Charlie à une Jade. Mais elle était capable de tout, Maddie, du meilleur comme du pire. Du probable comme de l'improbable. Et maintenant qu'elle n'est plus là, Charlie ne se sent pas en mesure de la remplacer, de faire tomber les barrières qui lui semblaient, à elle, si facile à franchir. Mais qui d'autre que Jade pourrait comprendre sa colère en découvrant à qui il a dû faire face au cours de ces derniers mois ? Cette femme qui lui a volé l'amour de sa vie et qui a, désormais, retrouvé une existence à peu près normale. Qui est en mesure de respirer, marcher, sourire, pleurer, embrasser, contrairement à celle qu'elle a envoyé six pieds sous terre.

Charlie prend place sur l'un des fauteuils, comme Jade l’y a invité. Il ose à peine s’y asseoir, comme s'il craignait de laisser traîner un peu trop de son être sur ce tissu trop délicat pour lui. Elle s'installe en face de lui, ne doit pas comprendre ce qui l'amène, bien qu'elle cache avec beaucoup de talent tout le malaise qu'il laisse se répandre sans le vouloir. Il a du mal à soutenir son regard, comme s'il était fautif de quelque chose, le responsable d'une faute impardonnable. Sauf qu'il n'a rien fait. Mais c'est peut-être bien ça le problème : il n'a rien fait. En l'espace de quatre mois, il a toujours pas été foutu de dire à Ana ses quatre vérités. Jade lui en voudra-t-elle pour ça ?

Les prémices de cette conversation sont froides, banales, sans relief. Elles sont la preuve, une fois de plus, qu'ils n'ont jamais été proches, d'une quelconque manière. Charlie hoche mollement la tête quand elle lui fait savoir qu'elle ne lui en veut pas de s'être volatilisé après la mort de Maddie, car le deuil peut être vécu de plusieurs manières différentes. Certes. Sauf que celui-ci n'est pas censé durer une éternité, il ne doit pas rendre son hôte prisonnier pendant des années. Mais Charlie souffre trop pour s'en rendre compte, il soigne trop les apparences pour éveiller les soupçons. Il lui suffit de poser les yeux sur Ana pour ressentir ce sentiment d'injustice qui le ronge depuis si longtemps qu’il ne se souvient pas de ce à quoi peut ressembler la vie sans lui.

- Non, en effet, ça ne va pas.

Sa voix se veut sèche, glaciale, tranchante, car il n'a pas l'habitude de formuler ce genre de constat à voix haute. Prononcer ces paroles, c'est admettre qu'il a un problème, un problème insoluble parce que personne ne pourra lui ramener Maddie, et qu'il est désormais obligé de vivre en voyant chaque jour le visage de celle qui a brisé ses perspectives d'avenir.

- Tu as eu des nouvelles d'Anastasia Shepherd après l'accident ?

Il imagine que non, parce qu'il ne voit pas pourquoi Jade aurait cherché à avoir de ses nouvelles. Il est souvent plus facile d'enterrer ses ennemis que de les savoir encore en vie.
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Mar 21 Juil - 19:11

obscures songes.-- @Charlie Moreno & @Jade Monroe

Tout, en lui, paraît vouloir s’échapper à tout prix ; partir au plus vite.
Des bras croisés, jusqu’aux prunelles fuyantes et emplies d’hésitation, à la manière dont il ose tout juste s’installer sur son immense canapé. L’héritière s’assoit à son tour, à ses côtés, sans pour autant trop s’en rapprocher. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle n’a jamais créé une quelconque relation avec cet homme que sa cousine aimait tant. Elle a refusé de le connaître, apprendre à le découvrir, quand elle était persuadée de l’avoir cernée en un seul regard. Elle n’a pas été très bienveillante à son égard, non, elle a fait beaucoup d’erreurs, Jade. Des erreurs qu’elle a fini irrémédiablement par regretter, lorsque Maddie est décédée. Elle vit, encore aujourd’hui, avec le regret de ne pas avoir su accepté, l’homme qu’elle aimait. C’est peut-être bien pour cette raison qu’elle a fait ce pas vers lui. Elle a essayé, sans doute trop tard, de réparer cette erreur, en voulant le soutenir, dans cette douloureuse épreuve. Il a refusé sa présence auprès de lui, ce dont la princesse ne pouvait guère lui en vouloir, après la manière dont elle s’était comportée tout ce temps qu’il a passé avec sa cousine.

Elle croyait que c’était trop tard, Jade,
et pourtant, ce soir, c’est lui qui est là.


Il est probablement l’une des dernières personnes qu’elle aurait attendus derrière sa porte. La distance, entre les deux âmes, est plus que palpable. Comme un monde entier qui les sépare. Mais l’influenceuse en fait abstraction, parce qu’elle se doute que la présence de Charlie est due à une raison. Une raison bien précise, une raison qui la préoccupe ; plus encore quand il avoue qu’il va mal. Étrangement, alors même qu’elle a émis toute seule cette hypothèse, la belle Turque ne s’attendait pas à l’entendre confirmer. Elle ne s’attendait pas à le voir faire tomber entre eux cette barrière qui a toujours été si fièrement dressée. Sa gorge se noue légèrement mais, le port altier, elle ne bouge pas ; elle ne cille pas.

Jusqu’à ce qu’elle entende le nom d’Ana.

Anastasia Shepherd, elle était… l’amie de Maddie. Et, indéniablement, la sienne aussi. Il n’était pas rare qu’elles se donnent rendez-vous, toutes les trois, pour rire et s’amuser ; pour discuter ; pour partager leurs vies, parfois colorées, parfois tourmentées. Elles formaient un trio, oui, jusqu’à ce qu’Anastasia ne tue Maddie ; et qu’elle se retrouve, elle, seule et démunie. La reine évite de laisser apparaître la fébrilité qui la submerge à l’évocation de ce nom tant de fois maudit. Mais tout son être paraît soudain plus crispé, ses prunelles aussi se remplissent d’obscurité. – Je suis allée la voir une fois, à l’hôpital. Le ton de sa voix est soudain différent. Il paraîtrait neutre si elle n’avait pas parlé auparavant, mais il y a cette froideur qui s’entend. Qui se devine, aussi, dans ses traits refermés. – Je voulais… lui dire combien je lui en voulais. elle confie, la voix bien plus calme, que les émotions qui la submergeaient vraiment ce jour-là ; cette période-là. Des émotions qui, peut-être, sont toujours bien enfouies en elle mais toujours là.   - Elle était dans le coma. elle conclue, la voix fataliste. Elle n’a jamais cherché à la revoir, après l’avoir vue allongée dans ce lit d’hôpital. Les premiers instincts de colère passés, Jade, elle voulait juste l’oublier. Oublier, même qu’elle continue d’exister.

(c) calaveras.

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Jeu 6 Aoû - 0:46
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obscures songes  ;
Charlie & Jade


Ce n'est en rien un exercice aisé que de s’asseoir face à Jade, face à une étrangère pratiquement, pour lui conter tout ce qu'il ressent, tout ce qui lui gonfle le cœur depuis si longtemps. Il ignore lui-même pourquoi il a choisi ce jour précis pour la retrouver, pour éroder une barrière forgée au fil des ans. Il n'y a pas de symbolique particulière, aucune volonté de faire passer un message subliminal. Il s'est contenté de suivre une impulsion sans trop s'interroger, sans se torturer davantage, lui qui place tant d'énergie à se flageller lui-même depuis que Maddie n'est plus là. Le dos raidi par l’appréhension, il trouve le courage d'évoquer ce nom qui le hante depuis des mois, qu'il avait tenté de chasser de son esprit et de ses songes après l'accident, mais qui n'avait eu de cesse de l'obséder depuis qu'il l'a recroisée, Ana.

Jade dispose de la prestance de ces femmes qui ne laissent rien transparaître, comme si son corps était un immense réceptacle servant à contenir toutes les émotions susceptibles d'étioler son charisme naturel. Charlie est étonné de constater qu'elle se montre aussi hermétique, bien que ses yeux trahissent un certain assombrissement, subtil, mais perceptible pour un œil observateur. Elle commence alors son récit. Court. Bref. Efficace. Comme d'habitude. Elle va droit à l'essentiel, sans arpenter de longs détours inutiles.

- Elle en est sortie, lance-t-il à la manière dont on plante un couteau aiguisé dans un morceau de chair.

- À moins que son clone travaille désormais dans le même lycée que moi, se plaît-il à ironiser.

Un sourire amer s'empare de ses lèvres car, au fil des jours écoulés, il n'a jamais su comment appréhender cette ironie du sort. Était-il censé s’en amusé ou, au contraire, s’en offenser ?

- Tu le savais ?

Contrairement aux apparences, la question n'est en rien accusatrice. Loin de lui l'idée de pointer Jade du doigt car elle aurait pu lui cacher volontairement une information qui aurait pu grandement le sortir de l'embarras s'il en avait eu connaissance plus tôt. Jade ne lui doit rien, et le deuil ne change absolument rien à ça. En réalité, il est même presque certain qu'elle ne soupçonne rien au sujet de ce qu'il est en train de lui révéler, et il pourrait même un peu s’en vouloir de laisser planer un certain suspense sur un sujet aussi sérieux et peu propice aux structures narratives farfelues, mais il est aimerait susciter en elle la même surprise que celle qu'il a ressentie quand Anastasia l'a percuté au beau milieu de son quotidien tranquille, dans l'un des couloirs du lycée, afin de créer un nouveau séisme dans sa vie, né sur les ruines du précédent.
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Ven 21 Aoû - 18:22

obscures songes.-- @Charlie Moreno & @Jade Monroe

Les souvenirs refoulés, chassés au plus profond d’un esprit qu’elle refuse de torturer. Pas avec elle, pas avec cette femme, celle qui lui a pris sa cousine. Celle qui a tué Maddie. Les souvenirs tourmentés, qu’elle a mis tant de mal à étouffer, viennent brutalement la submerger. Elle n’a aucune idée de l’évocation d’Ana. Elle ne veut pas entendre parler d’Ana. C’est le cœur serré qu’elle avoue la première, la seule fois où elle l’a vue, après le décès de Maddie. Elle ne sait pas pour quelle raison elle donne de telles informations à Charlie. Elle ne sait pas pourquoi elle se fait si précise. Peut-être que c’est le refus catégorique d’être assimilée à cette fille. Peut-être que c’est sa manière d’évacuer, le plus loin possible de son esprit, toute proximité avec Anastasia. Elle voudrait déjà voir le sujet s’échapper. Mais la conversation ne fait que commencer. L’héritière le comprend, subitement, quand elle entend les mots de son interlocuteur.

Elle en est sortie.

Quatre mots,
quatre petits mots,
qui lui provoquent un choc,
une décharge d’électricité en plein dans le cœur.


Anastasia est sortie du coma. Elle a retrouvé sa vie, ses joies, ses peines, tous ses aléas. Elle a retrouvé sa vie après avoir pris celle de Maddie. Les lèvres carmins de la princesse s’entrouvrent sous le choc d’une telle révélation. Il y a la colère qui la happe, qui l’attrape, qui ne fait d’elle qu’une bouchée. Jade, reine des glaces, elle sait cacher le feu qui bout en elle aux regards indiscrets. Elle est capable de tout intérioriser, tout, sauf quand ses émotions deviennent trop difficiles à canaliser. Les paroles sans écho, Charlie poursuit, il lui fait comprendre qu’il l’a revue. Qu’elle travaille dans le même établissement que lui. C’est la question posée par son interlocuteur qui, enfin, la sort de sa torpeur. – Avais-je l’air de le savoir ? elle lui rétorque, la voix acerbe ; contrôle à peine ses nerfs. Sans attendre la réponse du jeune homme, la reine se lève, dans une prestance dramatique presque trop parfaite. Si habituée à être au centre de l’attention, ses gestes sont étonnants de raffinement tandis qu’elle récupère dans le bar adjoint à la pièce à vivre une bouteille de vin à peine entamée. Elle verse le liquide vermeil, presque noir, dans une coupe qu’elle porte jusqu’à ses lèvres. Et de le boire d’une traite. Elle repose le cristal sur le comptoir, un brin trop violemment, alors qu’elle reprend brusquement. – Je n’arrive pas à y croire. elle se rapproche à nouveau de Charlie. Les traits assombris, les opales obscurcies. – Elle travaille ? Cette femme a tué quelqu’un et elle travaille dans une école en plus ? Comment est-ce qu’elle peut s’en être sortie ?! Comment. Pourquoi. Pourquoi est-elle toujours là, alors que celle qu’elle a tuée n’est plus de ce monde ? Et pourquoi Jade ne l’apprend-elle que maintenant ?
(c) calaveras.

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Jeu 10 Sep - 21:20
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obscures songes  ;
Charlie & Jade


La simple évocation d’Anastasia suffit à mettre Charlie dans tous ses états. Pourtant, c’est lui qui a cherché à faire d’elle le noyau de leur conversation, c’est lui qui a entamé cette impensable discussion avec Jade, ravivant par la même occasion de vieux souvenirs douloureux pour elle aussi. Il ne sait pas vraiment s’il est censé être étonné quand il constate qu’elle ignorait qu’Anastasia était sortie du coma. Étrangement, il s’était imaginé Jade plus rancunière. Naïvement, il avait cru que l’autoentrepreneuse avait suffisamment de temps à sa disposition pour garder la meurtrière à l’oeil. Mais sans doute n’avait-elle jamais envisagé la possibilité qu’Ana puisse un jour sortir du coma, qui l’avait frappée tel un châtiment divin pour la punir d’avoir arraché une autre personne innocente à la vie, impunément.

- J’imagine que non… Question stupide, se contente-t-il de marmonner en grimaçant, osant à peine soutenir le regard glacial qu’elle jette sur lui, comme pour lui faire regretter d’avoir osé penser qu’elle aurait pu savoir, qu’elle aurait pu laisser Anastasia mener sa vie comme si de rien n’était, comme si elle n’était pas la responsable d’un chagrin innommable autour d’elle.

D’un bond, Jade se lève, traverse gracieusement la pièce, bien que chacun de ses membres et de ses muscles semblent avoir été marqué par une colère sombre, qu’elle compte modérer dans le fond d’un verre d’alcool. Elle se remplit un verre, prend une gorgée du breuvage écarlate avant de se tourner de nouveau vers Charlie, la mine bien plus ténébreuse encore. Elle lui ferait presque un peu peur, mais il n’osera rien lui dire à voix haute. Lui, il reste immobile dans le canapé alors que tout son corps se raidit et qu’il craint à tout moment de la voir exploser sous chacun des constats qu’il profère.

- Je crois qu’elle a tout oublié.

L’amnésie qui tombe à pic, la perte de mémoire qui lui permet de se défaire d’un nombre de responsabilités bien trop lourd à porter pour ses frêles épaules. Une remise à zéro des compteurs accordée bien trop généreusement à une personne qui a pourtant commis un acte impardonnable.

- Du moins, c’est ce qu’elle prétend… croit-il bon d’ajouter, de peur de se faire traiter de naïf, de candide, car il croirait les paroles d’une femme qui n’est visiblement dotée que d’un coeur de pierre.

- C’est insupportable de la voir tous les jours parler, rayonner, rire, vivre,... Alors que Maddie, elle, est morte.

Il confesse sa douleur avec le maigre espoir que celle-ci s’atténue un peu, le ronge un peu moins, mais il sait aussi que ce désir est illusoire. Il aura beau tenter d’exorciser ses démons, Jade ne pourra rien changer à son chagrin. Elle ne pourra ni le faire disparaître, ni l’atténuer.
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Dim 4 Oct - 20:14

obscures songes.-- @Charlie Moreno & @Jade Monroe

C’est comme un étau qui se resserre,
un feu embrasé qui se met à brûler en elle,
la colère,
elle bout en elle,
elle palpite dans ses veines,
elle fait naître cette rage en elle. Prête à imploser, prête à céder, au moindre mot de travers. Il a suffi d’un nom prononcé, une vérité insoupçonnée. L’image de son amie d’autrefois sortie du coma, bien réveillée ; bien en vie, après l’avoir privée de sa cousine. Après les avoir tous les deux privés de Maddie. La riche héritière tente d’encaisser la nouvelle comme elle avale sa gorgée de vin. Mais elle a du mal à contenir ses nerfs, ses prunelles noires de colère fixent leurs homologues, les idées meurtrières en tête. Elle n’a pourtant pas entendu le pire.
Amnésique.
Anastasia est amnésique.

Le minois délicat rembruni, ses traits s’endurcissent, autant que ses iris s’assombrissent. Si elle était objective, Jade, elle se dirait qu’il est impossible que son ancienne amie puisse simuler une chose pareille. Mais elle n’est pas objective quand ses émotions la submergent. Ils prédominent la moindre de ses pensées, la moindre parcelle de son être. Elle se rend compte, en entendant la voix de Charlie, qu’il n’est pas plus dupe qu’elle. – Elle prétend avoir oublié l’accident ou… le reste de sa vie également  ? elle demande, la voix étrangement calme, le calme avant la tempête. Elle bouillonne de l’intérieur, Jade, elle se connaît. Elle sait qu’elle pourrait flancher à tout instant mais la reine mondaine parvient encore à maintenir un semblant de contrôle. Le cristal entre ses phalanges frêles, elle observe la liqueur sans un mot. Elle masque, comme elle peut, la haine qui bat dans ses veines. La douleur, aussi, qu’elle devine dans les paroles de son interlocuteur. Une légère inspiration suffit pour qu’elle relève ses opales vers lui. Elle se rend compte qu’elle n’a pas pris la peine de lui servir un verre, alors qu’il en a peut-être besoin autant qu’elle. Sans une parole, la belle orientale se relève pour récupérer la bouteille de vin. Elle lui ramène une coupe avant de s’asseoir, cette fois, un peu plus près de lui. – Je n’ose même pas imaginer combien ce doit être horrible pour toi. elle énonce, la voix légèrement adoucie. Pas pour Ana, seulement pour lui. Parce qu’il ne mérite pas une chose pareille, Charlie. Il l’aimait… il l’aimait trop pour subir une telle torture tous les jours. Elle le contemple plusieurs secondes durant, sans tenter de retenir la souffrance dans ses prunelles sombres. – Elle doit assumer ses actes. Qu’elle s’en souvienne ou non, je n’en ai absolument rien à faire. Non, tout ce qui compte, c’est que justice soit rendue.
Parce qu’elle ne peut pas supporter de l’imaginer,
continuer de vivre sa vie comme si de rien n’était,
elle ne peut pas l’accepter,
elle craquera avant, Jade, elle explosera,
fatalement.

(c) calaveras.

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Ven 6 Nov - 18:07
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Charlie & Jade


La froideur de la colère traverse son regard sombre. Charlie n’avait jamais vu tant de rage briller dans le fond des rétines de quelqu’un. En contemplant Jade, le corps enfoncé dans le sofa, comme s’il cherchait à faire corps avec le tissu et disparaître derrière celui-ci, il se demande quelles sombres pensées doivent alors lui traverser l’esprit. Les questions qu’elle lui pose, pour essayer d’y voir plus clair, lui martèlent la tête. Il n’en sait pas plus qu’elle, est aussi ignorant qu’elle à ce sujet, tente de comprendre comme il peut l’absurdité à laquelle il est confronté depuis qu’Anastasia a resurgi par surprise dans sa vie.

- Je n’en ai aucune idée… Je n’ai pas parlé de ça avec elle comme elle n’avait pas l’air de se souvenir de moi… J’ai du mal à imaginer qu’on puisse oublier toute une vie mais je n’y connais absolument rien. Tout ce que je sais, c’est qu’elle est très différente de l’image que j’avais d’elle dans mes souvenirs.

La femme froide et désinvolte soudainement devenue rayonnante et solaire en l’espace de deux années à peine, comme par enchantement. Charlie avait bien du mal à comprendre comment elle pouvait se montrer aussi sereine et épanouie alors qu’elle vit désormais avec un poids sur la conscience, celui de la mort de sa meilleure amie, dont elle est la seule responsable. Il était également rongé par ce sentiment d’injustice, ce sentiment qui lui laissait croire que les personnes malveillantes ne subiraient jamais les conséquences de leurs actes.

Jade s’éloigne un vague instant. Pour quelle raison ? Il se le demande. Va-t-elle exprimer sa colère en fracassant son poing dans un pan de mur ? Ca ne semble pas être son genre. Mais à force de contenir tant de colère au fond de soi, peut-on réellement rester serein éternellement ? Elle revient finalement avec un verre de vin, qu’elle lui tend. Il ignore si c’est une bonne idée de boire dans son état, mais ce serait impoli de refuser. Puis ce n’est pas comme s’il devait reprendre le volant juste après. Il se saisit du verre en cristal, et lui souffle un timide merci avant de tremper ses lèvres dans le liquide écarlate.

- Disons que ce n’était déjà pas simple de… De surmonter la disparition de Maddie alors clairement, revoir Anastasia, ça a… Rouvert d’anciennes plaies.

Des blessures qu’il savait pas entièrement cicatrisées, qui ne le seraient sans doute jamais, qui laisseraient certainement un trou béant dans son coeur meurtri à jamais par la mort de la femme qu’il aimait.

Les paroles que Jade profère ensuite devraient le réconforter, mais elles sont si dures, si glaciales, qu’elles lui collent des frissons tout le long de l’échine. Interdit, il relève ses prunelles vers elle, le pied de son verre posé contre ses genoux et les doigts crispés enroulés autour de la coupe en cristal.

- Tu m’fais peur, Jade… qu’il souffle en osant à peine soutenir son regard.

- T’as une idée précise en tête là ?

En venant jusqu’ici, Charlie avait espéré trouver un peu de réconfort auprès d’une personne qui vivait la même souffrance que lui, mais il craint désormais de découvrir ce que revêt exactement le mot vengeance aux yeux de Jade.
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Ven 27 Nov - 20:59

obscures songes.-- @Charlie Moreno & @Jade Monroe

Ils ne se connaissent pas très bien, tous les deux.
Ils ne se sont même pas côtoyés beaucoup en réalité. Il ignore sa chanson préférée, le déroulement habituel de ses journées, ou même les crises d’anorexie qu’elle cache au monde entier. Il ne sait rien d’elle, Charlie, ou presque. Car à cet instant, lui est offert une image de l’héritière que peu connaissent. Loin du masque lisse et parfait qu’elle tend à maintenir pour sa réputation et son prestige, elle se révèle. Elle se montre telle qu’elle est, Jade, sans fioriture ou faux-semblants. Sans voiler, ou si peu, tout ce qu’elle ressent. La colère visible sur le minois d’ordinaire angélique, elle détonne par l’ombre qui vient voiler un visage endurci. Finalement, Charlie, elle se dévoile à lui ; bien plus qu’elle ne l’aurait jamais crue. Comme si, une ennemie commune faisait d’eux des alliés dans cette épreuve. Comme si, elle le considérait soudain tout autrement, lui, le seul qui peut comprendre toute sa rancœur. Les émotions qu’elle masque habituellement car elle les considère comme autant de faiblesses, elle ne prend plus la peine de l’en épargner à cet instant ; comme si, subitement, ils faisaient partie du même camp.

Le camp de ceux qui souffrent,
les cœurs en détresse,
à cause d’Anastasia Shepherd.

Les doigts fébriles maintiennent le cristal alors que son attention est rivée sur ses opales. À la recherche de son regard, elle attend, Jade, ses mots et leur dénouement fatal. Son ancienne amie ne se souvient visiblement pas de Charlie. L’amnésie semble alors remonter, bien plus loin encore qu’elle ne le croyait. Et tu te demandes, toi, si t’es concernée. Si elle se souvient de toi ou si, toi aussi, elle t’a oubliée. Plus piquée, peut-être plus chamboulée, que tu n’oserais jamais l’avouer. Déstabilisée, l’héritière garde tout de même contenance alors qu’elle poursuit leur conversation. – Ou peut-être qu’elle fait semblant de ne pas se rappeler, semblant de ne pas avoir changé. Il y a la haine et la rancune, à cet instant, qui l’aveuglent. Il y a cette douleur béante à l’intérieur de son cœur. Il y a toute cette souffrance qui n’a jamais pu s’apaiser ; car la seule coupable n’a jamais payé. Pendant une fraction de seconde, la colère laisse place à la compassion inattendue, pas pour l’amie devenue ennemie, mais pour Charlie. Lui qui la voit tous les jours, lui qui subit la présence de celle qui l’a privé de son amour. Elle retrouve un brin d’humanité, à sa manière, en lui offrant un verre. Le sien qu’elle porte à ses lèvres, elle boit une nouvelle gorgée du breuvage carmin. Encore perdue dans ses songes obscurs, la belle Turque écoute avec attention le ressenti du presque-veuf à ses côtés, le cœur serré. – Je suis vraiment désolée pour toi Charlie… elle confie dans un murmure fébrile. Mais la compassion et la douceur ne lui ramèneront pas la femme qu’il aimait. La vengeance non plus, certainement, mais peut-être qu’elle pourra l’apaiser. L’éploré paraît lire dans ses pensées, les idées sombres qui commencent à s’animer. Ses prunelles soutiennent à peine celles de la princesse, comme s’il avait peur d’elle. C’est précisément ce qu’il lui confie. – Rassure-toi, je ne compte pas la faire tuer. elle croit nécessaire de prévenir, en remarquant l’inquiétude dans ses iris. Dans un soupir, elle finit par ajouter. – Je vais contacter mes avocats. Voir ce qu’il est possible ou non de faire contre elle. Le domaine juridique est loin d’être son fort, c’est bien pour cette raison qu’elle a une armée de requins autour d’elle. Mais elle ne peut pas rester sans rien faire, Jade, ce n’est pas dans son caractère. Ce n’est pas comme ça dans son univers ; dans le monde qui est le sien. – Tu veux continuer de la côtoyer tous les jours sans rien faire ? elle conclue, comme surprise qu’il ne saisisse pas tout de suite ses intentions. N’est-il pas venu pour remettre de l’ordre ? Ou peut-être que c’est elle qui préfère se laisser submerger par la colère et le ressentiment, qu’affronter la douleur de ses émotions.
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Lun 8 Fév - 22:19
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obscures songes  ;
Charlie & Jade


Il peine à croire qu'Anastasia ait pu faire preuve d'un tel machiavélisme. Pourtant, il aimerait la voir plus sombre qu'elle ne l'est réellement. Pour être tout à fait honnête avec lui-même, il est même très possible que ternir la personnalité d'Anastasia fasse ses affaires. Depuis qu'elle lui a arraché la personne qu'il a aimé plus que quiconque sur cette terre, il ne peut la percevoir que comme un funeste démon, une créature dépourvue d'âme et de tous ces éléments qui différencient les humains des machines. Il voudrait faire en sorte qu'elle soit aussi détestable que possible, aussi détestable que Jade peut l'imaginer, mais la réalité est bien différente de ses espérances. La réalité lui a fait découvrir une jeune femme joyeuse, transcendée par la joie, la passion, la ferveur, bien différente de celle qu'il avait connue. Comme si, finalement, une partie d'Anastasia était morte avec Maddie. La partie la moins éclatante, la plus redoutable.

- Tu penses vraiment qu'elle pourrait se montrer aussi sournoise ?

Il a du mal à le concevoir, Charlie. Comme il a eu du mal à accepter la mort de Maddie, le fait qu'elle ne reviendrait plus jamais, qu'il ne pourrait plus jamais l'embrasser, la prendre dans ses bras, humer son parfum délicat dans cette chevelure qui entourait harmonieusement son visage d'ange tombé du ciel. Il ne peut s'empêcher de se répéter qu'il faudrait qu'elle soit sacrément tordue pour simuler une amnésie, mais peut-être qu'il est encore trop naïf. Peut-être que la vie n'a pas encore été assez dure avec lui.

- Ne le sois pas, je ne suis pas le plus à plaindre, j'imagine. Moi, au moins, je suis encore vivant.

Rire cynique qui lui échappe alors qu'il pose cette abominable conclusion. Lui, au moins, il est encore en vie. Mais vivre pour passer le reste de son existence sans elle, est-ce que ça vaut vraiment la peine ? Non. Cette réponse lui a semblé évidente un nombre incalculable de fois, jusqu'à ce qu'il retrouve un semblant de raison de vivre grâce à ces mille et unes choses du quotidien qui parvenaient encore à faire palpiter son cœur, contre toute attente.

Il sonde alors le regard de Jade, à la recherche de réponses. À quoi pense-t-elle ? Qu'est-elle donc en train de mijoter ? Elle semble bien plus en colère que lui. Ou, en tout cas, moins résignée. Et cette énergie incandescente suffit à effrayer un peu l'italien, qui s'interroge sur ses intentions. Sont-elles définitivement mauvaises ? Souhaite-t-il vraiment tout le malheur du monde à Anastasia ? Lui souhaite-t-il réellement le pire ?

- Ah, lâche-t-il d'une voix insonore, en l'observant d'un air stoïque, sans ajouter une syllabe de plus, presque étonné qu'elle n'ait pas projeté de faire disparaître son corps dans le silence de cette colère qui gronde encore dans le fond de ses rétines.

- J'imagine que s'il avait été possible de faire quelque chose, ça aurait déjà été fait...

Un voile de pessimisme se pose sur son regard éteint, presque déçu à l'idée qu'Anastasia ne paie jamais pour tous les torts qu'elle a causés. Mais la vie reste profondément injuste, après tout.

- Non, bien sûr que non, souffle-t-il en secouant la tête, froissé à l'idée qu'elle puisse seulement imaginer que le retour d'Anastasia dans sa vie résonne comme une simple partie de plaisir.

- Mais je n'ai pas envie de me faire à nouveau de faux espoirs. Anastasia semble avoir une bonne étoile au-dessus de la tête, malgré tout ce qu'elle a pu faire par le passé. Espérer qu'elle soit enfin punie, pour la voir s'en sortir une fois de plus, me rendrait tout simplement malade.

Ses prunelles ambrées s'assombrissent de nouveau alors que la douleur qu'il se souvient avoir ressentie le jour où il a appris qu'Anastasia s'en était sortie s'immisce à nouveau dans son être comme un mal silencieux. Douleur sournoise et impétueuse qui se répand tel un poison dans les veines, dans le sang, et rejoint le cœur sans que sa toxicité ne faiblisse.
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Lun 22 Fév - 19:28

obscures songes.-- @Charlie Moreno & @Jade Monroe

C’est la colère, toujours, qui la protège. Elle la protège de la détresse, de toute forme de mal-être. De tout ce qui pourrait l’atteindre. Il lui est tellement plus facile, à Jade, de se laisser submerger par cette fureur noire, par ces envies macabres, plutôt qu’affronter tout ce qu’elle peut ressentir. Toutes ces émotions qu’elle réprime. Car, bien sûr, Anastaia n’a rien de la démone qu’elle veut voir en elle. Rien de cette créature des ténèbres. Elle était l’une de ses meilleures amies, celles de sa cousine, aussi. Elle était de ces personnes indispensables à sa vie. La princesse la connaît trop bien, pour prétendre que son amnésie est irréelle. Seulement c’est plus simple, assurément, de s’en convaincre, se convaincre qu’elle est cette femme cruelle. Dangereuse. Tueuse. Même, malgré elle. Alors, devant la question du presque-veuf de Maddie, l’héritière détourne un bref instant ses iris. Incapable de mentir. Mais plus incapable encore de s’admettre la vérité destructrice. – Pourquoi ne serait-elle pas venue me voir, si elle n’avait aucune raison de se sentir coupable ? Elle pointe l’incohérence pour mieux combler sa souffrance. Pour mieux oublier, surtout, l’éventualité qu’Anastasia puisse être déboussolée. Qu’elle puisse avoir oublié, le mal qu’elle a fait. Qu’elle soit même allée jusqu’à oublier, l’amie qui lui était dévouée. Passant d’un geste délicat, la fébrilité à peine perceptible, la main dans sa chevelure, l’influenceuse essaie de retrouver son empathie. Interrompre, provisoirement, le mur de protection qu’elle s’est bâti. C’est sur lui qu’elle se focalise, Charlie. Lui et ce qu’il peut ressentir. Un faible acquiescement en guise de réponse, elle sent son cœur se resserrer dans sa poitrine, sans pouvoir rien dire. La perte de sa cousine, elle a eu le temps de l’encaisser, mais pas celui de l’accepter. Maddie est partie en laissant à la place qu’elle occupait tout ce vide. Ce vide dans tant de vies. Et pour affronter la tristesse qui l’envahit, la rage une fois encore prime. Elle commence à imaginer ce qu’elle pourrait faire, déjà, à élaborer ses envies vengeresses. Au contraire du petit-ami esseulé, qui semble désappointé, comme s’il avait déjà abandonné. – Ce n’est clairement pas avec une telle attitude que ce sera possible. lui reproche-t-elle, presque d’un ton autoritaire. Et la femme d’affaires retrouve ses travers. Ce besoin de contrôle, de maîtrise absolue de la situation. Elle ne peut pas, Jade, rester impassible en imaginant son ancienne amie poursuivre paisiblement sa vie. Elle finit même par lui demander, à lui, si c’est réellement ce dont il a envie. Elle a conscience de la réponse à sa demande : sinon, pourquoi serait-il ici ? Pourquoi serait-il venu la retrouver, elle, la cousine de Maddie ? Attentive, l’Orientale écoute sans le quitter de ses prunelles son interlocuteur qui semble, surtout, avoir peur. Peur de se retrouver à nouveau avec une Anastasia plus forte que jamais, face à lui et son cœur endeuillé. – Mais la voir tous les jours, heureuse, sans même avoir à répondre de ses actes, tu crois que cela ne finira pas par te rendre malade? elle l’interroge, véritable question, pour le comprendre. Pour saisir, ce qu’il y aurait de pire, pour lui. Jade est décidée à obtenir la vengeance qu’elle mérite. Mais elle ne veut pas lui imposer son combat, s’il n’est pas prêt à le perdre. C’est ainsi dans chaque bataille, elle le sait bien, l’entrepreneuse. – Charlie, je… j’ai conscience de ne pas avoir toujours été agréable avec toi. Il faut dire la vérité, elle l’a même souvent méprisé. Ne comprenant pas ce que sa cousine lui trouvait. Elle a fait ce qu’elle fait trop facilement, Jade, elle l’a jugé sans le connaître véritablement. – Mais, crois-moi, je suis avec toi cette fois. Je ne te laisserais pas tomber, pour quoi que ce soit d’ailleurs. Qu’il s’agisse de remettre Anastasia face à ses crimes, ou bien, d’être là pour lui. Elle le dit sans doute avec maladresse, Jade, mais elle lui offre sa présence, pour la première fois depuis qu’ils se connaissent.

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Mer 31 Mar - 14:09
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obscures songes  ;
Charlie & Jade


Perdu, déboussolé, désarçonné par tout ce qu’il vient d’apprendre, par tout ce qu’il doit désormais accepter dans son quotidien déjà suffisamment bouleversé. Charlie ne sait plus qui croire, que penser. L’insoutenable lui semble à présent parfaitement envisageable, car il a déjà dû accepter, par le passé, des vérités encore bien plus douloureuses. Son regard ambré se perd un instant dans le vide, alors qu’une pensée insensée lui traverse alors l’esprit. Une pensée qu’il s’était refusé d’accepter jusque-là, parce que l’idée qu’Anastasia puisse désormais vivre sa vie comme si la mort de Maddie n’était jamais venue l’entacher, lui semble tout simplement impossible à tolérer.

- Et si ce qu’elle racontait était vrai ? Je veux dire… Et si elle n’avait véritablement plus aucun souvenir ? Ce serait l’échappatoire facile pour se défaire de ses responsabilités, certes, mais ce n’est pas complètement improbable, si ? Après tout, le choc a dû être terrible pour que Maddie ne… Enfin, tu vois ?

De la carcasse du véhicule, il ne restait d’ailleurs presque rien. Un énorme amas de tôle froissée, réduite en bouillie. Deux airbags éjectés de leur réceptacle, et qui s’étaient pourtant avérés bien inutiles. Il avait suffi d’un coup d’oeil sur les photographies de l’accident pour que Charlie comprenne pourquoi Maddie ne s’en était pas sortie, pourquoi le destin ne lui avait laissé absolument aucune chance.

- Enfin, je ne sais pas trop… Je t’avoue que je suis perdu…

Charlie a toujours été trop bon, a toujours préféré croire que les hommes n’étaient pas capables du pire, bien qu’il ait reçu la preuve du contraire à plusieurs reprises. C’est sans doute pour cette raison qu’il cherche désespérément à retirer un peu de froideur des épaules d’Anastasia. Sans doute que la mort de Maddie lui paraîtrait moins injuste ainsi, moins cruelle, même si elle n’en resterait pas moins douloureuse.

- J’imagine qu’il doit y avoir des traces de son dossier médical quelque part… Tu n’aurais pas des contacts qui pourraient y avoir accès ?

Quelqu’un comme Jade doit avoir le bras long. Elle doit être en mesure de vérifier l’invérifiable, d’inhumer les secrets les mieux gardés. Du moins, c’est ce qu’il a envie de croire.

Charlie a préféré laisser le chagrin et l’incompréhension prendre la place de la colère et de ce sentiment profond d’injustice. Sans doute un moyen désespéré de pouvoir un jour tourner la page, refaire sa vie, comme d’autres ont pu le faire avant lui. Il est presque prêt à renoncer à l’idée de justice afin de pouvoir poursuivre sa vie là où il l’avait laissée. Attitude qui ne semble pas plaire à Jade, bien plus combative, animée par ce désir de vengeance encore inassouvi. De ce fait, elle ne peut pas comprendre la résignation de Charlie et le lui fait aussitôt remarquer. Reproche qui le froisse immédiatement, le brusque, et le terre dans le silence. Il se contente alors de la fixer sans mot dire, battant des cils avec cet air désoeuvré de l’enfant qui vient d’être pris la main dans le sac.

- Depuis que je me suis habitué à l’absence de Maddie, j’ai l’impression qu’il est possible de s’habituer à tout.

Constat sinistre et funeste qu’il pose en lançant un regard vide et transparent dans la direction de son interlocutrice, bien plus vivante que lui alors qu’elle brûle de ce désir de rendre un jour la monnaie de sa pièce à celle qui a arraché une vie le plus cruellement du monde.

Jade semble alors exprimer ce qui ressemble à des espèces de remords, remords qu’elle avoue à demi-mot, du bout des lèvres, sans trop oser s’avancer. Des remords concernant son attitude passée vis-à-vis de lui, qui n’a jamais été des plus agréables. Jusqu’à il y a peu, il l’avait d’ailleurs toujours trouvée un peu méprisante et snob. Peut-être ne s’agissait-il, finalement, que d’une façade.

- Merci… ose-t-il lui répondre timidement, sans relever les yeux vers elle, intimidé par sa prestance de femme sans pitié.

- J’imagine que tu sais mieux que moi ce qui est juste alors… Je suivrai ton idée, soupire-t-il, haussant vaguement les épaules, laissant entendre à Jade qu’il se pliera à ses exigences, s’estimant bien trop embrumé et meurtri pour être en mesure de prendre la décision la plus adéquate face à l’injustice qu’il vit au quotidien. Après tout, peut-être que Jade sait mieux que lui ce que Maddie aurait souhaité ?
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Mer 14 Avr - 20:38

obscures songes.-- @Charlie Moreno & @Jade Monroe

Et si c’était vrai…
Si Anastasia avait réellement perdu la mémoire, si elle n’avait aucun souvenir de cette nuit-là. Si tout n’était qu’un accident, un regrettable accident, dont elle n’aurait plus aucune conscience. Tant de questions pour torturer la cousine endeuillée, tant de doutes qui subsistent même avec tout ce temps passé. Des interrogations qu’elle n’a pas envie d’avoir, Jade, préférant la colère au chagrin, la rancœur à la tristesse. Elle ne veut pas trouver des excuses à son ancienne acolyte. L’excuser, ce serait pardonner. Ce serait accepter. Ce serait trahir sa cousine, pour une amie qui n’en est plus une. Car Anastasia, depuis tout ce temps, n’est pas venue une fois la retrouver. À quel point compte-t-elle, leur amitié, pour qu’elle ne tente pas même un geste envers elle ? À quel point comptait-elle, Maddie, pour qu’elle n’essaie pas, au moins ? La princesse sent l’agacement la submerger, la rancune qui continue de la ronger. Elle n’apprécie pas d’entendre Charlie tenter de donner des circonstances atténuantes à Ana. Ses prunelles se détournent tandis qu’elle contient les mots qui viennent à son esprit. Elle ne veut pas s’en prendre à lui. Ce n’est pas contre lui qu’elle est en colère, mais bien contre elle. – Et même si elle avait perdu la mémoire, tu crois pour autant qu’elle ne doit pas assumer ce qui s’est passé ? Tu trouves ça normal qu’elle ne vienne même pas me voir, moi, alors que j’étais la cousine de Maddie et que nous étions toutes les deux ses amies ? Le timbre de sa voix paraît remonté, blessée en réalité qu’elle est, de voir Anastasia pratiquement tout excusée. Et elle commence à en vouloir à Charlie, d’être venu lui faire part de choses aussi terribles, pour finalement reculer. Elle a la sensation qu’il lui a balancé tout un poids qu’il ne veut plus porter.

Mais elle, qu’est-elle censée faire ?

Silencieuse, à nouveau, quand il admet être perdu, l’héritière repose ses iris sur lui. Elle ne dit rien, elle se retient. Elle ne peut pas s’en prendre à lui alors qu’il est encore plus déboussolé qu’elle ne l’est. C’est sa demande, inattendue, pourtant bien trouvée, qui fait sortir Jade de ses pensées tourmentées. – Hum… oui, peut-être. Peut-être que je peux essayer. qu’elle répond, l’air un peu lointain, songeuse. Elle a des contacts, beaucoup de contacts. Elle peut bien trouver quelqu’un, à l’hôpital, qui dira la vérité sur la situation d’Anastasia. Elle prend une profonde inspiration pour terminer la coupe servie. Remettre en place ses idées, oublier la douleur qui est venue étreindre sa poitrine. Oublier toute la souffrance qu’elle éprouve chaque fois qu’elle pense à Maddie. C’est sur lui qu’elle essaie de se focaliser, Charlie qui semble avoir déjà vécu le pire avec le décès de la femme qu’il aimait. – Je comprends… ou elle essaie, en tout cas. Car ils n’ont pas le même tempérament, tous les deux. Jade, sans doute qu’à sa place, elle aurait déjà voulu régler ses comptes avec Anastasia. Jade, elle se ferait dévorer par la vengeance alors que lui… lui, il essaie déjà difficilement de survivre. Mais elle ne peut pas le juger pour cela. Elle sait au fond d’elle que c’est ce qu’aurait voulu sa cousine… qu’il soit capable de poursuivre sa vie. Elle secoue la tête devant ses paroles suivantes, de gauche à droite, négativement. – Non, je… je ne sais pas mieux que toi, Charlie. Peut-être est-ce lui qui a raison. Peut-être essaie-t-elle seulement d’oublier la douleur du manque, dans ses désirs de vengeance. Peut-être qu’il est bien plus courageux qu’elle de vouloir laisser le bénéfice du doute à celle qui a brisé une vie, alors qu’elle fait tout, elle, pour noyer sa détresse dans ses envies vengeresses. – Je ne sais pas si on est censé accepter cette situation sans broncher, peut-être que c’est ce que Maddie aurait souhaité. Peut-être qu’elle voudrait qu’on soit capable de lui pardonner… Mais elle, n’y arrivera pas. N’essaiera même pas. C’est beaucoup trop difficile, beaucoup trop douloureux à vivre. – Mais je n’arrive pas à ne pas lui en vouloir, je… c’est comme si j’acceptais ce qu’elle avait fait. qu’elle finit par se confier, laissant entrevoir pour la première fois les plaies, derrière la colère exacerbée. La souffrance bien plus difficile à porter.

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Sam 24 Avr - 21:20
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Charlie & Jade


Charlie n’est pas en mesure de poser des explications claires sur les agissements d’Anastasia. Il essaye, pourtant, car ça le soulagerait, énormément. Ca lui retirerait un certain poids sur les épaules d’enfin pouvoir comprendre, de pouvoir se rattacher à une vérité, qui serait désormais établie et absolue. Pourtant, c’est impossible. Il n’est pas en mesure de lire dans l’esprit des gens. Il ne possède pas ce pouvoir. Et c’est précisément pour cette raison qu’il reste dans le flou le plus total, à son grand désarroi.

- Évidemment qu’idéalement, il faudrait qu’elle assume ses erreurs. Je suis entièrement d’accord avec toi sur ce point-là. Je n’ai jamais dit le contraire, d’ailleurs. Mais… Elle est tellement… Différente de la Anastasia que j’ai connue. Je t’assure. C’est son parfait opposé. À tel point que j’ai presque le sentiment de vouloir condamner une innocente, de la prendre en bouc émissaire. En plus, on dirait qu’elle m’a complètement oublié, parfaitement rayé de sa mémoire. Peut-être que c’est le cas pour toi aussi ? Et que ça explique son silence ?

Charlie n’aurait jamais pensé un jour revêtir le costume de l’avocat d’Anastasia. Si elle l’apprenait, sans doute n’y croirait-elle pas, d’ailleurs. A bien des reprises, il s’est montré si froid avec elle, si distant, sans qu’elle ne comprenne pourquoi. À la moindre occasion, il l’a repoussée ou éloignée de lui, sans justification vraisemblable à ses yeux, puisqu’elle avait complètement éjecté de sa mémoire toute trace de leur passé commun.

Et en prononçant ces paroles qui semblent complètement dédouaner Anastasia de la faute commise, Charlie craint de créer un nouveau fossé entre lui et Jade. Et si elle commençait à s’imaginer qu’il n’en voulait plus à Ana ? Et si elle croyait qu’il cherchait à la défendre, alors que c’est sans doute la dernière idée qui lui viendrait à l’esprit ? Tout ce qu’il veut, Charlie, c’est comprendre. Comprendre pour pouvoir enfin faire son deuil. Comprendre pour pouvoir avancer. Comprendre pour ne plus rester prisonnier d’un passé qui ne lui apportera plus rien.

- Si tu n’y arrives pas, c’est pas grave. C’est juste que je me dis que… Au moins, avec ça, on serait fixés.

Des preuves concrètes qui permettraient d’accorder, ou non, du crédit à Anastasia. De faire preuve de compréhension ou, au contraire, de la condamner définitivement. Tout ce dont Charlie aurait besoin pour se rallier à Jade, pour faire preuve d’autant de fermeté qu’elle.

D’un regard vide, privé de son éclat habituel, Charlie observe Jade alors qu’elle vide son verre dans le silence le plus total. Lui, il se sent incapable de tremper ses lèvres dans le liquide bordeaux, sa bouche devenue soudainement pâteuse à cause de ce sentiment de faiblesse qui l’envahit. La faiblesse de ne pas être en mesure de faire preuve d’autant de ténacité que Jade, qui défendrait la mémoire de sa cousine quoi qu’il lui en coûte. Lui, ça fait longtemps qu’il a baissé les bras, longtemps qu’il s’est résigné à obtenir un jour la justice, en laquelle il ne croit de toute façon plus.

- Peut-être… Mais tu as plus de sang froid en tout cas.

Jade semble s’être soudainement radoucie, comme si elle avait été touchée par cette part plus vulnérable de Charlie. Cette part blessée, meurtrie, indécise, perpétuellement confrontée au doute et à l’idée qu’Anastasia puisse dire la vérité.

- Tu diras sans doute que je suis certainement trop naïf mais…

Il s’arrête, marque une pause, alors que ses iris mordorés se perdent dans le vide, dans le néant, cherchant la suite de cette phrase qu’il vient de perdre, en suspens dans ses réflexions lointaines.

- Mais j’ai le sentiment que la vengeance n’arrangerait rien. Elle ne nous rendrait pas Maddie, elle ne nous rendrait pas moins tristes, elle ne nous procurerait qu’un soulagement passager…

Un soupir s’évade de ses poumons alors qu’il reprend une grande inspiration pour tenter d’articuler, tandis que sa gorge se noue douloureusement :

- Je voudrais juste… Qu’Anastasia disparaisse de mon existence. Qu’elle cesse de me rappeler, par ses éclats de rire quotidiens, qu’elle est toujours là, elle, alors que Maddie ne reviendra plus jamais…

Ses épaules s’affaissent et il doit se faire violence pour ne pas laisser échapper quelques sanglots contenus depuis trop longtemps.
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Mer 12 Mai - 11:26

obscures songes.-- @Charlie Moreno & @Jade Monroe

La détester.
La haïr pour ce qu’elle a fait.
C’est si facile, tellement facile de haïr. Peut-être pas pour tout le monde, peut-être que tout le monde ne supporterait pas cette énergie sombre, cette aura noire qui pèse sur son cœur, chaque fois qu’elle pense à Ana. Mais c’est différent pour la belle Orientale. Pour Jade, il est bien plus aisé d’en vouloir à ceux qui lui font du mal… que d’admettre son désespoir. Sa tristesse, son chagrin, l’influenceuse n’en parle jamais. Elle n’aime pas se confier, pas sur ce qui peut la blesser. Alors, se retrouver face aux mots si déchirants de Charlie, c’est laborieux pour elle. Cela a même un effet dévastateur. Car il la contraint, sans le vouloir, à se retrouver face à sa douleur. Les opales posées sur lui, elle l’écoute sans rien dire. Mutique, elle n’ajoute rien, se contente d’encaisser ses propos. Peut-être a-t-il raison, peut-être qu’Anastasia n’est plus du tout la même personne. Mais, alors… c’est encore bien plus difficile. De se dire qu’elle a une nouvelle chance octroyée par la vie. Sans culpabilité ni mauvais souvenir, sans rien pour entacher ce bonheur de vivre. Alors qu’eux… eux, doivent encore survivre, sans Maddie. L’héritière ne sort de sa léthargie qu’en entendant l’idée de Charlie, idée qu’elle accepte tout de suite. – J’y arriverai. qu’elle promet, avec cette assurance encore en demi-teinte, mais déjà en retrouvant la réalité. Ses prunelles posées sur le jeune homme, elle hésite un bref instant, avant de reprendre finalement. – Peut-être que je devrais aller la voir aussi… je… j’ai tellement du mal à imaginer ce que tu me décris d’elle. Je crois que j’y parviendrais mieux si je me retrouvais face à elle. La confronter. L’affronter. Jade, elle ne s’y est jamais risquée. Elle n’a pas la moindre idée de la manière dont leurs retrouvailles pourraient se dérouler. Elles pourraient être implosives ou dévastatrices, imprévisibles ou inutiles. Elles pourraient, surtout, faire remonter tous ces horribles souvenirs, ceux que la princesse n’a jamais su oublier, mais auxquels elle fait en sorte de ne pas penser.

Plus à l’abri que Charlie,
plus protégée que Charlie.

Évidemment, qu’elle a du sang-froid. Elle est loin d’Anastasia. Loin de celle qui leur fait tant de mal. Elle a le recul nécessaire, pour supporter l’insoutenable, quand le fiancé endeuillé se retrouve avec cette femme au quotidien. Elle n’imagine même pas, Jade, l’enfer que ce doit être. Elle ne saurait sûrement pas vivre avec, encore moins s’en défaire. À ses propos, elle secoue instinctivement la tête. De gauche à droite, en désaccord certain. – Tu dis cela parce que je suis loin d’elle… je n’en aurais peut-être pas si je me retrouvais tous les jours face à elle. Non, elle se connaît. Elle exploserait. Elle voudrait tout casser, tout fracasser. Elle se sentirait complètement anéantie, brisée face à cette ancienne amie, devenue ennemie. Loin de juger Charlie, elle le trouve pourtant effectivement trop naïf. Ou peut-être que c’est elle qui se méfie beaucoup trop, elle à qui l’on a appris toute sa vie, à se méfier des autres. Le pardon, c’est pour les faibles. C’est ce que lui a enseigné son père, notamment pour les affaires. Mais les Monroe l’appliquent autant pour la vie privée que dans leur sphère professionnelle. Le goût de vengeance, il est là, il palpite dans ses veines, alors que son interlocuteur a une réaction sans doute bien plus saine. – Et moi je crois que je serais un peu plus apaisée, je me dirais que, au moins… justice a été faite. Elle ne peut pas envisager qu’Ana continue le restant de sa vie, sans souci, sans aucune inquiétude, alors qu’elle l’a privée à jamais de sa cousine. De sa propre amie. De la femme qu’aimait Charlie. Bon sang, c’est trop facile. Ne le voit-il pas ? Mais les confessions deviennent plus intimes, et ainsi, de plus en plus difficiles. Elle sent l’émotion la gagner, et remarque en même temps les épaules de Charlie se mettre à trembler. Par instinct, elle se rapproche de lui. Elle ne sait pas si ce sont ses confidences qui la chamboulent le plus, ou bien de le voir prêt à craquer sans prévenir. Sa main se pose contre l’épaule de Charlie alors qu’elle reprend d’une voix adoucie. – Je sais, je suis tellement… désolée, Charlie. Ses doigts délicats glissent timidement contre le bras du jeune homme dans une tentative fébrile de le réconforter. Mais le découvrir dans cet état n’aide pas Jade à se calmer. Au contraire, elle est encore plus submergée par la rancœur et les regrets. Parce qu’ils continuent de souffrir, pendant qu’elle se met à rire. Ils continuent de souffrir, quand elle est si occupée à vivre.

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Sam 22 Mai - 12:05
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obscures songes  ;
Charlie & Jade


La vie est injuste. Profondément injuste. Charlie l’a appris suffisamment tôt. Son existence ne lui a jamais fait de cadeau. Parfois, quand il en remonte le fil, il a le sentiment de n’avoir connu que de brefs moments d’apaisement au milieu de la souffrance. De courts instants de répit dans une agonie presque quotidienne, face à laquelle il était impuissant. Charlie a toujours eu le défaut - ou peut-être est-ce une force ? - d’accepter ce qui lui arrivait sans jamais tenter de lutter. Il prenait son sort comme il venait, convaincu qu’il n’aurait pas pu changer le destin, de toute façon, et affrontait la fatalité avec une certaine passivité, certain que s’il essayait de se débattre, il se contenterait d’épuiser ses forces, et n’en aurait donc plus aucune au moment d’affronter la chute.

- Peut-être que tu devrais, oui… souffle-t-il en baissant les yeux, craignant que Jade ne puisse pas accepter cette nouvelle version d’Anastasia, si proche de la Maddie qu’ils ont perdue. Mais je t’assure que c’est la vérité. Je ne te mens pas, croit-il bon de rajouter, face aux doutes qui assaillent soudainement son interlocutrice.

Les doutes. Ceux qui l’ont traversé quand il a recroisé le visage d’Anastasia pour la première fois, après la mort de Maddie. Visage presque angélique, sur lequel ses rétines se sont posées au détour d’un couloir. D’abord, il a cru halluciner. D’abord, il a cru devenir fou. Cinglé. Finalement, cette hypothèse aurait été la plus probable. Résultat de tous les traumas qui ont fini par laisser une trace indélébile au fond de son être déjà meurtri. Ce n’était que la suite logique, l’évidence. Et pourtant, il s’était avéré que son esprit ne lui avait pas joué un mauvais tour, cette fois. Ses yeux s’étaient contentés de renvoyer une information véridique au cerveau, qui avait tenté de l’expliquer de la manière la plus probable qui soit.

- Peut-être… Je ne sais pas… Je n’ai jamais vraiment eu les épaules pour affronter ce genre de choses…

Il est bien dur avec lui-même, Charlie. Parce qu’après tout, il est toujours là, toujours debout. Peut-être un peu chancelant, mélancolique, se noyant dans le spleen le plus morose, mais il est là. Encore vivant.

- Oui, sûrement… Je n’ai jamais trop su ce que ça faisait d’avoir le sentiment que justice avait été rendue.

En tout cas, ce n’est certainement pas en balançant son oncle par-dessus la balustrade d’un balcon qu’il s’était senti plus léger. Ce n’était pas en se lavant le corps à plusieurs reprises, en se raclant la peau dans le but de ne plus avoir la sensation fantôme de ses doigts répugnants courant sur son épiderme, qu’il s’était senti apaisé. En fait, son âme n’avait jamais vraiment été réparée, soignée, soulagée. Il savait qu’il vivrait toute sa vie avec cette blessure au fond du cœur. Et la disparition brutale de son bourreau n’avait rien changé à ça. C’est pour cette raison qu’il ne pouvait pas se montrer particulièrement optimiste quand Jade évoquait la nécessité de cette vengeance.

Jade se rapproche un peu quand elle sent qu’il marche sur la corde raide, qu’il est à deux doigts de craquer. Sa main, se posant délicatement sur son épaule, le fait presque sursauter.

- C’est pas de ta faute, souffle-t-il dans un murmure.

Il repose alors son verre sur la table en face de lui. Il ne l’a même pas vidé, et il n’y parviendra pas. L’émotion est trop forte. Il ressent soudainement le besoin de s’isoler pour mieux pouvoir digérer toutes les informations qui viennent de se succéder au cours de cette soirée, tous ces questionnements qui sont venus bousculer des certitudes pourtant bien ancrées.

- Merci… Infiniment de m’avoir écouté, Jade. Je ne vais pas te déranger plus longtemps. En plus, j’ai encore des tas de choses à faire pour demain…

Un prétexte pour s’éclipser sans paraître complètement impoli. Il se lève doucement du canapé et avance d’un pas incertain vers la porte par laquelle il est entré, avant de se tourner une dernière fois vers Jade pour lui demander :

- Tu me tiendras au courant ?

Au courant de ses constats, ses observations, de cette envie tenace de rendre justice elle-même, alors qu’il espère connaître enfin le soulagement salvateur qu’elle lui a en quelque sorte promis et qu’il attend depuis si longtemps.
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Lun 21 Juin - 9:21

obscures songes.-- @Charlie Moreno & @Jade Monroe

L’injustice, Jade, elle ne connaît pas.
Elle a toujours eu de la chance, a toujours été du bon côté de la barrière dans ce monde. De celles qu’on enviait, de celles qu’on dit privilégiés, elle mène en apparence la vie rêvée. Alors cette ombre au tableau, cette obscurité dans son cœur, elle n’est pas habituelle, pas chez l’héritière. Elle a du mal, bien trop de mal à envisager de vivre avec. Elle ne peut pas admettre que c’est une situation à laquelle elle doit s’habituer ; elle ne peut pas croire que la vie pourrait ainsi continuer. Là où Charlie, lui, est déjà résigné. Tout son opposé, il semble avoir vécu tant de difficultés, des choses qui l’ont sûrement blessé, mais qui l’ont aussi aidé à accepter. À relativiser. Ou, au moins, à s’en persuader. Face à l’image qu’il donne d’une Anastasya si bien dans sa vie, l’influenceuse ne peut pas tolérer ses dires. Elle a, même, du mal à visualiser ce qu’il décrit.

Comment,
comment peut-elle encore continuer à vivre,
alors qu’elle a détruit des vies ?

Naïve, Jade, plus candide qu’on ne le croit. Elle a grandi dans ce château en cristal, loin de la réalité ; mais le cristal, il peut si facilement se briser. Devant la précision de Charlie, elle se met à acquiescer, plus distraitement qu’avec attention, jusqu’à ce qu’elle entende sa précision. – Oui, oui, je sais… enfin, je te crois. C’est juste si compliqué à concevoir pour moi. qu’elle avoue dans un faible soupir ; retient les envie assassines. La volonté de se venger, toujours bien ancrée dans son cœur blessé, il n’y a que comme ça qu’elle peut continuer. Avancer. Face à sa réaction, Charlie, soudain, paraît douter de ses propres émotions. Il lui affirme même qu’il ne sait pas affronter de telles situations ; de telles souffrances. La Turque n’a guère besoin de réfléchir, avant de surenchérir. – Hé, arrête, c’est faux… tu vis avec la disparition de Maddie, et puis maintenant l’intrusion d’Anastasya dans ta vie… ça n’a rien de facile et tu es encore là, pourtant. Plus fort qu’il le croit. Plus courageux, même, que Jade pouvait insinuer qu’il l’était à l’époque à sa cousine, quand elle disait qu’il n’avait pas les épaules solides, pour partager sa vie, quand elle se montrait odieuse avec lui. Une attitude qu’elle regrette, désormais, en voyant ce qu’il est en train de traverser.

La princesse s’en veut de l’avoir méprisé,
mais plus que tout,
elle se sent coupable de l’avoir si mal jugé.

Il est fort, Charlie,
il a survécu au pire.  

– Je crois que… chacun survit à sa façon. Et tu as la tienne. Peut-être différente de la sienne, l’héritière aux envies vengeresses. Peut-être plus saine, également, quand elle refuse d’accepter une vérité bien réelle. Elle s’en veut presque, Jade, quand elle le voit aussi atteint ; aussi blessé, à cause de cette conversation qui les a tous les deux remués. C’est le cœur serré, la gorge nouée, qu’elle hoche fébrilement la tête sans tenter de l’empêcher de s’en aller. La brune comprend qu’il a besoin de s’éloigner ; elle aussi, doit se calmer. Digérer tout ce qui vient d’être confessé. – Ne me remercie pas, je suis là. C’est normal. les mots qui surprennent, pourtant bien sincères. Il y a cette frontière qu’elle a toujours mis entre eux qui a disparu avec la perte de sa cousine ; plus encore en cette nuit.

Elle se sent proche de Charlie,
bien plus qu’elle ne l’aurait cru possible.

Elle se lève à sa suite pour le raccompagner, l’esprit encore bouleversé. – Oui, c’est promis. Je viendrais te parler dès que j’ai du nouveau. qu’elle assure juste avant d’ouvrir la porte pour le regarder partir. Elle hésite, puis finit par ajouter assez vite. – Et n’oublie pas, si tu as besoin de quoi que ce soit, il ne faut pas hésiter. C’est le cœur lourd qu’elle le regarde partir, avec cette impression qu’ils n’arriveront jamais à tourner cette page difficile ; qu’elle leur manquera toujours, Maddie.
Mais, qu’au moins, ils sont deux pour affronter ce vide.
(c) calaveras.

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