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It's better together (Leone)

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Dim 21 Juin - 13:47
Les jours qui défilent sous l’absence. Le manque. Les orbes sombres qui accrochent les derniers messages de la conversation. Dario le sait, le connait suffisamment pour savoir qu’une fois de plus, Leone s’est laissé ensevelir sous les responsabilités. Le travail, les diverses occupations, exutoires faciles. Pourtant, la vie personnelle souvent laissée en suspend. Il est de ceux qui n’hésitent pas à s’immiscer dans son monde, le perturber, jouer des coudes pour capturer son attention et admirer ses sourires. Ce soir encore, le sicilien ne tarde pas à décider d’agir, qu’importe l’heure de la journée avancée ou la perspective de, peut être, passer à côté de sa présence.

Délaissant son bureau, ses croquis pour les futures installations dans un hôtel de luxe, d’ici quelques jours, il laisse l’imagination couchée sur papier, pour rejoindre sa chambre, son vaste dressing trié par couleurs et par type de vêtement. Le cercle chromatique dans l’oeil et l’art dans les veines et ce depuis toujours. Jusqu’au rangement de cet appartement, aux tâches de vie, décorations soignée, entre blanc et crème majoritaires brisés de touches colorées. Appartement aussi luxueux que bohème. Il n’est pas dans l’ostentatoire, même s’il savoure le confort matériel acquis au fil des succès et des réussites.
S’il ne sait à quoi il se destine pour la suite de cette soirée, où Leone acceptera d’être guidé, il prévoit le coup. Le t-shirt est délaissé pour faire place à une chemise claire, un blouson de cuir enfilé par dessus, un jean sombre et des chaussures de ville. L’allure élégante et décontracté à la fois, puisque Dario ne parvient jamais à être pleinement formel. Ses lunettes de lecture sont rangées dans la poche intérieure de son blouson, même si généralement, il ne s’en sert pas dans ce genre de contexte, elles l’accompagnent partout. Le pas rapide le guide jusqu’à la cuisine où il glane une bouteille de cette limonade bio dont Leone raffole, capture un paquet de friandises sucrées et récupère les clés de sa sportive.

Victuailles jetées en pagaille sur le siège passager où s’entasse quelques papiers et dossiers qu’il abandonne sur place, transporte de rendez-vous en rendez-vous, lorsqu’il ne prend pas les transports en commun. Amateur de conduite et de sensations. Caprice de trentaine que ce véhicule rutilant au félin reconnaissable et à la couleur sombre. Jamais tape à l’oeil, mais pas moins affirmé. Il ne compte pas les minutes, perdu dans les mélodies de ces musiques motivantes qui bercent sa conduite rapide, jusqu’à le guider dans le Bronx. Dans ce quartier italien qui ne parle que trop à son âme comme à ses origines. À toutes celles qu’il a abandonné mais qu’il embrasse un peu, ici. Incapable de renier son identité, tant elle lui colle à la peau. Dans son accent lorsqu’il s’emporte, italien qui pointe le bout de son nez, déforme les intonations de ses mots. Dans cette façon de parler avec les mains, de s’exciter de quelques gestes. Lorsqu’il se gare, sort de sa voiture qu’il verrouille rapidement, victuailles entre les mains, il ne peut s’empêcher de sourire en coin sous les bribes d’italien qu’il capte ici et là, des protagonistes qu’il croise.
Il ne s’attarde cependant pas, prend la direction de l’appartement du chirurgien, dévale les escaliers pour s’immobiliser face à la porte. Trois coups, laissés contre la porte de bois sombre, sans savoir s’il va réellement le trouver là. Les réseaux sociaux semblaient dire que oui, mais Leone est un imprévisible lorsqu’il s’agit de répondre présent à une urgence professionnelle. Aussi, Dario patiente, positivant quant au fait de le trouver là, jusqu’à ce que la porte s’ouvre sur le visage familier, affichant une mine surprise. Cette même expression qui étire les traits du sicilien d’un large sourire amusé. Les yeux pétillant de cette fierté malicieuse de s’être pointé là, de manière totalement inopinée. « Ciao Leone » Lance t-il d’abord, le visage brillant d’amusement. « Tu sais très bien que j’aime me pointer sans prévenir. Il faut dire que si tu répondais un peu à tes SMS, aussi… » Evasif et taquin. « Je ne te laisse pas le choix, cette soirée, tu me l’accordes ! » Déclare t-il en s’approchant, avalant la distance qui les sépare alors qu’il dépose un léger baiser sur sa joue et lui passe à côté pour s’incruster dans son appartement sans lui laisser le choix.  

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Mar 23 Juin - 19:34
De retour dans ses pénates, Leone poussa un soupir bienheureux alors qu’il se déchaussait et enlevait son pardessus. Rentré chez lui à une heure décente, sans devoir repartir pour une activité quelconque, depuis quand cela ne lui était pas arrivé ? A vrai dire, il l’ignorait. Sirius l’avait prévenu qu’il était pris par Crowley ce soir-là, sa grand-mère avait été invitée à dîner chez une de ses amies, bref, il était tranquille pour la soirée. Se dirigeant vers l’espace cuisine, il mit la bouilloire en route et se prépara un thé vert léger, puis une fois la boisson versée dans une de ses tasses fétiches – celle qui déclarait à la face du monde « You’re a badass unicorn », qu’Ezra lui avait offerte durant leur première année de relation et qu’il avait conservée avec affection, le chirurgien emmena la bête vers le salon juste en face, la déposa sur la table basse, avant d’aller récupérer dans sa chambre la dernière revue de gynécologie qu’il avait commencée à annoter. C’est donc armée de cette dernière qu’il s’affala dans son canapé, afin de prendre des notes sur les articles qui l’intéressaient. Au bout d’un moment, satisfait, il se leva pour récupérer son ordinateur et commença une présentation pour le colloque auquel il devait se rendre le mois suivant à Atlanta, au Center for Disease Control and Prevention, CDC pour les intimes et principal organe de régulation des maladies infectieuses sur le sol américain.

La présentation s’écrivait toute seule, et les slides s’enchaînaient à mesure que le niveau de sa tasse de thé descendait. Puis, voulant vérifier des informations sur l’antibiorésistance, Leone s’arrêta pour se replonger dans de nouvelles revues, faisant disparaître la table basse sous leur nombre. Au fur et à mesure, ces dernières se recouvrirent de post-ils et autres surlignages intensifs, ainsi que de commentaires en marge. Au moins, il avançait bien. Certes, il s’y prenait tôt, mais avec l’arrivée des vacances, le travail allait redoubler aux associations avec l’ouverture des traditionnelles sessions de prévention pour l’été, vu que la chaleur avait tendance à faire monter un tout autre genre de température, il allait avoir ses soirées bien occupées. Sans parler du fait qu’il prenait généralement ses vacances en dehors du temps scolaire, et qu’il allait donc combler les trous dans son service pour juillet. Autant dire qu’il fallait profiter de chaque petit instant de calme pour avancer, l’esprit au clair et avant d’arriver à un surmenage délétère. Songeant que l’heure avançait, Leone réfléchit à ce qu’il allait se faire à manger, tout en continuant à taper quelques chiffres supplémentaires. Une petite polenta maison, peut-être ? Avec … oh, une ratatouille tiens, ce serait bien. Allez, encore quelques minutes, et il y irait se mettre aux fourneaux.

Le fait qu’on sonne à sa porte interrompit néanmoins ses pensées à ce sujet. Qui donc cela pouvait-il être ? Pas Sirius, il en était certain, et ce serait bien le diable si Anna Castelli, en redoutable bavarde et commère de quartier confirmée qu’elle était, revienne aussitôt d’une soirée avec des amies. Peut-être un voisin qui avait besoin de quelque chose. Sa revue à la main et un stylo dans l’autre, il se dirigea donc vers son entrée, s’extirpant à regret de son moelleux et si confortable canapé, donc la faiblesse des ressorts avait tendance à faire ressortir le côté très … « je m’enfonce dedans et je n’en sors plus ». Ce qui, selon ses critères était l’apanage de tout bon canapé. Mais bref, il fallait pour le moment se séparer. Quelle ne fut pas sa surprise, néanmoins, en voyant Dario s’encadrer devant lui. Puis un peu de rougeur colora ses joues alors qu’il se rendait compte, confus, qu’il avait laissé son téléphone sur le comptoir de la cuisine et qu’il avait été bien trop absorbé par ses travaux pour l’entendre vibrer. Après la bise de l’autre italien et après s’être effacé pour le laisser entrer, il se gratta la tête, un peu gêné :

« Je suis désolé, j’étais tellement absorbé par ce que j’écrivais que je n’ai pas entendu mon téléphone vibrer …

Je dois faire une présentation à un colloque dans un mois au CDC, sur l’antibiorésistance pour le traitement de la gonorrhée chez la femme. On a amassé pas mal de statistiques ces dernières années et il y a une étude parue récemment dans le Mensuel de Gynécologie et … »


Leone qui parlait de son travail … On n’aurait pu ne pas l’arrêter s’il n’avait pas eu la décence de recroiser le regard de son invité et de se rendre compte, confus, que ce dernier n’avait probablement pas envie d’une conférence improvisée sur le sujet. La passion l’avait emportée, une fois de plus. Ce n’était un secret pour personne que le chirurgien adorait son métier, et qu’il était, pour des raisons personnelles évidentes, très engagé dans la prévention et le traitement des infections sexuellement transmissibles, aussi Dario ne devait guère être étonné, à travers sa rapide diatribe, qu’il soit aussi excité par son sujet.

« Eeeeeet, je vais m’arrêter là, avant que tu ne m’assommes avec toutes tes courses, je crois. Vu que tu as l’air d’être très décidé à envahir mon appartement qui est lui très mal rangé.

Mon meilleur pote vient souvent dormir à la maison en ce moment, et ma grand-mère a encore du mal à rester seule chez elle, donc on fait un peu du camping. Mais tu as choisi ton moment, les deux sont de sortie ce soir. »

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Jeu 25 Juin - 20:27
Capturer Leone en plein travail, au creux de ses réflexions et de cette passion qu’il tient encore en main et dont il ne peut s’empêcher de partager les détails, les yeux brillants d’intérêt. Dario sourit face à cet engagement, cette vocation embrassée qui ne l’arrête jamais, jour comme nuit. Leone est un accro, un bourreau de travail incapable de s'imposer des limites, mais c’est aussi cet altruisme passionné qui le rend attachant. Gorgé de qualités qu’il masque sous les engagements qui l’incombent chaque jour un peu plus. Qui le prive relation ou l'éloigne de plaisirs simples. Au point de s’oublier lui même dans le processus. C’est exactement pour ça que le fleuriste vient bousculer son univers comme sa soirée, le sort de ses pensées et d’une énième nuit à plonger toute son énergie dans ses recherches. Il en oublie de sortir et s’arrête parfois de vivre mais depuis qu’ils se sont rencontrés et ont accrochés, le sicilien se sent presque du devoir de lui offrir autre chose. Le faire vibrer autrement que par les engagements professionnels. Bouffée d’air que de rire d’une insouciance sous quelques verres de cette limonade dont il raffole. De refaire le monde de sujets insignifiants et de banalités faciles.

Un léger rire, qui résonne de sa voix rauque alors que Leone réalise lui même qu’il se perd dans une tirade enflammée sur la gynécologie, alors que Dario n’y connait absolument rien, tout autant qu’il ne s’y intéresse pas vraiment. S’il est friand d’en apprendre davantage sur la vie de l'italien, les méandres complexes de la médecine gynécologique ne sont pas réellement sa tasse de thé. Les femmes, s’il les côtoient, restent bien abstraites pour lui, éternel amoureux des hommes et de leurs corps plus bruts tout comme de leurs poignes appuyés. « J’ai hésité à te lancer ce paquet de bonbons, j’avoue » Lance t-il en haussant les épaules, alors qu’il se dirige vers l’ilot de la cuisine pour y déposer ses victuailles non sans sourire, toujours amusé par la situation. « Après je reconnais ta passion, elle est admirable » Souligne t-il, retirant sa veste pour la laisser nonchalamment trôner à côté de ses courses.
Connaissant déjà l’appartement pour y être passé à de multiples reprises, il se tourne, fouine un placard dont il connait le contenu pour en sortir deux bols. De quoi disposer les friandises qu’il a amené avec lui, élégamment, avant de débouchonner la bouteille de limonade. « Tu veux dire que sans le savoir j’ai choisi le timing parfait ? » Demande t-il, haussant les sourcils, un sourire taquin flirtant sur son visage. « Je suis plutôt fier de moi » Conclut-il, gonflant presque le torse avant de rire. Dario n’apprécie que bien trop la relation douce qu’il entretient avec Leone. Il ne sait réellement l’expliquer, mais les deux hommes rythment leurs échanges par une complicité évidente, qu’aucun des deux n’a forcé. Si la rencontre en a été sur les bancs du LGBT Center, à lutter pour les mêmes droits et à partager les mêmes valeurs, le tout s’est mué en un autre chose, qui les mène à cet instant précis. Qui évolue encore, à mesure qu'ils se rapprochent, sans attendre quoi que ce soit. C'est probablement le fait d'être dénué de toute attentes, qui les pousse à se livrer un peu plus, comme à apprivoiser l'autre.

« Ton appartement est très bien, tu sais que je ne suis pas regardant » Car le sien aussi, arbore souvent des vêtements et autres affaires trainant ici et là. Si Dario n’en est pas bordélique, il n’est pas non plus le plus maniaque qui soit. Conserve une atmosphère un minimum soignée, sans en devenir impersonnelle. « Je te laisse prendre des verres ? » Lui demande t-il alors que déjà, sans lui laisser le choix, il capture les deux bols de friandises et gagne le canapé, déposant les douceurs sur la table basse, se frayant un chemin au milieu des recherches et autres articles de gynécologie, auxquels il lance un regard curieux. « Rappelle moi la dernière fois que tu es sorti ? Ou que tu as reçu quelqu’un pour « te détendre » ? » Demande t-il en levant les yeux vers lui. Entre ces guillemets qu’il mime de ses doigts en souriant, alors que déjà, le chirurgien, le rejoint et que leurs regards se parlent, brillent de cette complicité qui reprend ses pleins droits.

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Lun 6 Juil - 14:11
« Tout à fait. Enfin, ça peut dépendre du point de vue. Tu rates la cuisine de ma grand-mère, ce qui est une perte culinaire déplorable. »

Qui avait été chez Leone plus de deux soirs de suite sans tomber sur sa légendaire grand-mère, tablier accroché autour de la taille et petits plats dans le four ? Presque personne, à sa connaissance. Et le pire, c’est que tous avaient succombé. Bon, parfois, il y avait eu quelques erreurs d’aiguillage suivant les restrictions de chacun, mais cela l’arrêtait rarement, puisqu’adapter ses recettes fétiches constituait l’un des grands plaisirs d’Anna Castelli. Il se souvenait avec affection des soirées où elle laissait à manger pour Ezra et lui, lorsqu’ils étaient ensemble, après avoir fait l’effort d’apprendre à cuisiner casher juste pour que son petit ami de l’époque se sente libre de déguster ses préparations sans problème. La première fois qu’elle leur avait la surprise, Leone avait été à deux doigts de l’embrasser d’officie, même s’il s’est retenu devant son compagnon par pudeur, parce que cela comptait énormément à ses yeux, que sa seule famille soit non seulement si accueillante envers celui qu’il aimait, mais pas seulement, qu’elle l’adopte comme son beau-petit-fils, en quelque sorte, et qu’elle essaye vraiment de respecter des choses auxquelles, sincèrement, elle ne comprenait pas grand-chose. Mais c’était ainsi qu’elle était faite : souvent, elle l’admettait, elle avait du mal à suivre, avec son éducation fruste de paysanne du Mezzogiorno, et d’un temps révolu. Cependant, elle avait coutume de dire qu’à la fin, elle comprendrait, et que comme la fin arrivait de plus en plus vite, elle pouvait bien attendre encore un peu. Cette philosophie pétrie de bon sens, et impitoyablement réaliste, l’avait menée à être ce pilier de communautés complètement différentes, sans que cela ne paraisse étrange. Et le petit-fils espérait simplement être à la hauteur d’une telle femme, parce qu’en dépit des études, de tout ce qui les séparait aux yeux de beaucoup, il avait depuis longtemps acquis la conviction que le plus sage des deux était bel et bien sa grand-mère. Tiré de ses pensées par la question de Dario, il hocha la tête, attrapant deux verres dans les placards au-dessus de la cuisinière avant de les disposer pour que son invité impromptu ne verse de quoi les désaltérer, ses yeux se collant presque immédiatement à la marque de la limonade, pétillants autant que le liquide convoité. Suivant l’autre italien qui déposait les bols sur la table basse déjà bien chargée, Leone essaya de pousser les journaux annotés dans un coin, histoire de faire un brin de place. Avant de relever la tête, un peu surpris par la question posée. Son expression se contorsionna pour mirer l’effort de remémoration, puis il répondit finalement :

« La semaine dernière, on est allé en boîte avec des copains d’Act Up pour faire de la prévention. »

Bon, ça c’était pour la sortie. Et ça comptait, parce que honnêtement, passé une heure du matin, la plupart des bénévoles s’étaient égayés un peu partout pour eux aussi faire quelques rencontres, le laissant seul pour ranger le matériel, puis revenir siroter un verre ou deux de softs, discuter gentiment avec d’autres clients présents, avant de rentrer chez lui, fatigué et heureux de retrouver son lit pour une grasse matinée du samedi amplement méritée, et trop rarement accordée. Et après … son visage se fit plus interrogatif, alors qu’il se demandait de quel type de détente Dario parlait-il … Est-ce que c’était la version interdite aux enfants ou … ? Parce que sinon, la réponse risquait de le faire grimacer, vu que la détente n’avait vraiment pas été au rendez-vous. Pour une vraie rencontre du genre, il fallait remonter … loin. Largement plus d’un an, en fait. Et il avait bien conscience que pour certaines personnes, cela faisait vraiment beaucoup. Pour lui aussi, d’une certaine façon, même si l’intimité lui manquait davantage que le plaisir physique à proprement parler. Cependant, la solitude lui allait mieux que quelques mois auparavant. Peut-être qu’il avait fait son deuil d’une relation comme il la voulait, après Jan. Ou juste qu’il prenait bien son temps pour que son cœur achève de cicatriser, et qu’il désirait à tout prix éviter de le malmener de nouveau. Il avait trouvé un équilibre, avec tout. Sans parler des récents événements qui en lui laissaient pas une minute de répits, semblait-il. C’était difficile de songer à soi quand sa grand-mère avait encore des cauchemars à propos de son cambriolage, quand lui-même, parfois, repensait aux quarante-huit heures d’angoisse face à la porte du bureau de Sirius. Le timing ne semblait jamais être le bon, son humeur ne jamais être à la galanterie. Tant pis. Il vivait sans. Il y avait les amis, les activités, le travail … c’était suffisant pour avoir son équilibre. Leone n’avait jamais eu besoin de grand-chose pour être heureux, après tout.

« Sinon … si on parle d’une détente qui n’est pas horizontale, avant-hier, on a passé la soirée à étrenner The Last Of Us 2 avec Sirius. Impossible de manquer ça, j’ai commandé le jeu depuis des mois …

Il est top, même si je ne sais pas trop où le scénario veut aller pour le moment. Mais alors les graphismes … Une tuerie. Sans mauvais jeu de mots vu tous les cadavres qu’on a laissés derrière nous en une soirée de jeu. »


En geek consommé, Leone était un passionné de jeux vidéos, passion partagée avec Sirius, son meilleur ami, depuis leur enfance. A l’époque, lui-même n’avait pas les moyens d’avoir une console, aussi découvrir le monde merveilleux des pixels animés dans la chambre de l’autre garçon avait constitué une source de bonheur sans pareille. C’était leur jardin secret, leurs invectives et fous rires partagés. Maintenant, c’était à son tour d’acheter les consoles et les jeux allant avec, de les découvrir avec son vieux copain d’enfance, et de continuer à partager ce plaisir avec des yeux d’adultes. Les jeux, ainsi, avaient changé. Mais les délices qu’ils procuraient, eux, demeuraient éternels. Ils se retrouvaient, avec leurs manettes et du popcorn, sur ce même canapé, pour des sessions endiablées quand ils le pouvaient, parce que c’était moins fatigant que de sortir après une longue journée, certes, mais aussi tout simplement parce que c’était leur univers, leur petite bulle de tranquillité, où l’on aurait pu humer, presque, le parfum de l’enfance et de l’adolescence ayant continué de grandir.

« Pour le reste … ça fait longtemps. Mais ça ne manque pas vraiment. »

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Mar 21 Juil - 22:52
« C’est vrai que ça, c’est un sacrilège » Plaisante t-il, le visage s’illuminant d’un sourire amusé qui se meut dans un rire léger avant qu’il ne se laisse choir dans le canapé. Les deux hommes se connaissent suffisamment, depuis le temps, pour que Leone lui ait vanté les mérites de la cuisine de sa grand-mère, cuisine typique et savamment réussie. Dario a déjà eu la chance de gouter un de ses petits plats qui possède toutes les saveurs de cette Italie lointaine, presque oubliée et pourtant, qui vibre encore dans son accent chantant qu’il n’a jamais vraiment perdu, dans ses souvenirs, comme dans ces plats qu’il connait si bien. Déraciné en quittant les siens sous les affres des drames, il n’en garde pas moins une grande fierté de sa culture et de tout le bagage qu’elle transporte avec elle. Il ne renie pas qui il est vraiment, cette façon de parler avec les mains, ses attitudes et tout ce qui le compose. « Fais moi penser à m’inviter un soir où elle est là, la prochaine fois. Je ne veux pas manquer ça. Puis je crois qu’elle m’aime bien » Avoue t-il dans un sourire, rictus de fierté. Forcément, la matriarche Castelli a bien apprécié de tomber sur un rital tel que lui pour faire honneur à ses origines, à sa langue natale mais surtout, de le voir graviter autour de son petit-fils. Même s’il vient de Sicile et non du continent à proprement parler, il n’en reste pas moins un ressortissant de cette Europe ensoleillé qu’il a visité à de multiples reprises, durant sa jeunesse. Un souvenir impérissable, avec lequel il a en partie renoué lors de voyages, bien que fuyant Palerme, depuis son exil New Yorkais.

Entamant de leur servir deux verres de ce breuvage sucré tant convoité par le chirurgien, il écoute sagement sa réponse. Une mine diablement surprise s’imprime sur ses traits alors qu’il lève les yeux vers lui, prêt à l'interroger. Mais rapidement, la fin de sa déclaration le fait sourire en coin, incrédule. « Ah je me disais aussi, toi en boîte de nuit sans moi c’était invraisemblable » Plaisante t-il à demi mot. Lui, fêtard occasionnel qui aime s’abandonner complètement l’espace d’une soirée. Se déconnecter de toute forme de réalité pour ne reposer pied à terre que le lendemain. Il essaye tant bien que mal d’attirer Leone dans ses filets d’insouciance, mais l’italien s’avère encore farouche, presque timide, lorsqu’il s’agit de terminer dans un club aux néons colorés et aux cocktails sucrés. Tout ce que Dario adore, fier de ce besoin de se vider de tout. Loin des voyages et des affaires, loin de l’engagement et du sérieux. Loin des responsabilités et du poids des souvenirs.

Toujours aussi taquin, il ne peut s’empêcher de renchérir d’une nouvelle question implicite et gorgée de sous entendus, alors que déjà, il lui tend un verre du breuvage pétillant et sucré. La limonade laisse son gout citronné sur ses lèvres, tandis que ses prunelles sombres accrochent le visage charmant de Leone. Il s’apprête à renchérir, mais laisse finalement le chirurgien lui répondre et lui parler de ce jeu video dont il a lui même entendu quelques bonnes critiques. S’il a déjà tenté de convertir Dario aux méandres des consoles de jeux, ce dernier n’est pas tellement en adéquation avec ce loisir qu’il apprécie mais dans lequel il ne brille pas franchement. Manque d’habitude certainement. « J’en ai entendu parler oué. Bon même si tu connais mon talent pour les jeux video, mais je n’ai aucun doute que vous vous êtes éclatés, espèce de geek » Lance t-il taquin, en l’affublant d’un léger coup de coude amusé, un large sourire ne délaissant les traits de son visage, bien plus lumineux lorsqu’il se trouve en compagne de Castelli. « Bon même si oui, je parlais plutôt d’une détente horizontale j’avoue tout, je m’inquiète pour toi » Tout aussi taquin que joueur, alors qu’une main faussement inquiète se dépose sur son avant bras laissé nu par la présence d’un simple t-shirt à manches courtes. Capturant un bonbon qu’il avale aussitôt, Dario s’empresse de continuer, d’un air plus sérieux cette fois. « Tu le penses réellement ou tu dis ça pour me rassurer ? » Ose t-il demander, un air incrédule sur le visage, un sourcil arqué, interrogateur. « Plus sérieusement, tu t’es empêtré dans ta routine Leone alors que franchement, tu pourrais séduire n’importe quel type sans même faire le moindre effort. La preuve, ça marche avec moi » Dit-il avant de rire légèrement, entre plaisanterie et flirt. Est-il pleinement sérieux ? À dire vrai, Dario n’en a probablement pas conscience lui même, mais malgré ce train de vie d’ermite focalisé sur sa carrière et les méandres de cette passion professionnelle qui le tient en haleine, Leone dégage ce quelque chose d’indéfinissable. Cette étincelle de douceur qui a toujours fait défaut à sa vie mouvementée de sicilien en fuite. En proie à ses propres doutes comme à ses peurs, trop grosses. Traumatismes latents qui restent là, gravés en lui, sous l’évidente nonchalance et le besoin de s’évader.

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Jeu 23 Juil - 21:57
« Tu regretteras tes paroles après une soirée à finir plus farci qu’un cannelloni et à subir un interrogatoire en règle sur trois générations. »

Leone ne put s’empêcher de ricaner en imaginant sa grand-mère tirer des plants sur la comète immédiatement, comme souvent quand il entretenait une amitié proche avec un autre homme les aimant autant que lui … voir parfois, sans même que ce soit le cas. S’il avait conscience que certains auraient trouvé cette attitude de marieuse en herbe agaçante, lui ne s’en formalisait jamais, parce qu’il savait pleinement que la plupart du temps, déjà, elle se contentait de s’intéresser sincèrement à la personne, tout en la gavant de produits cuisinés avec amour. Il y avait épreuve plus difficile à passer. Et bien sûr, qu’elle aurait voulu avoir un beau-petit-fils, mais pas seulement pour elle. Anna Castelli ne pouvait que constater son vieillissement inexorable. Quand elle ne serait plus, Leone resterait seul. Nul doute que cette perspective peinait l’octogénaire. Elle avait espéré, du temps où il était sorti avec Ezra. Le courant de la vie l’avait détrompé, et elle ne voyait, depuis, que des histoires qui se finissaient trop vite à son goût, voire ne commençaient pas. Depuis qu’elle l’avait trouvée, après le fiasco de sa tentative avec Jan, elle avait bien compris qu’il n’y avait eu personne, et désirait simplement qu’il aille de l’avant. Plus facile à dire qu’à faire, cependant.

Roulant des yeux aux propos de Dario sur son manque d’appétence pour les boîtes de nuit dans d’autres circonstances que les activités d’Act Up, Leone préféra s’installer sur le canapé également, considérant que nier ne servirait à rien. Que pouvait-il dire ? Même étudiant, ses sorties se résumaient à des soirées préventions, comme s’il s’agissait d’un devoir, plus fort que lui … et aussi parce que, tout simplement, en ne buvant pas, ne fumant pas, et n’ayant pas envie de sauter sur le premier qui bougeait, ça réduisait considérablement l’intérêt de ce type de lieu. Sincèrement, siroter une limonade trois heures durant au comptoir, c’était vraiment très long. Cela ne l’empêchait pas, parfois, d’y accompagner des amis, il l’avait fait avec Alej et Nat’, par exemple, même si au bout d’un moment, il finissait invariablement au bar avec sa boisson car tous les deux avaient oublié son existence – et en même temps, à leur place, il en aurait fait tout autant. A vrai dire, il préférait les bars : au moins, il y avait toujours du monde assis, et un plus grand choix de consommation. En plus, la musique avait tendance à être meilleure, bref, quoi de plus agréable pour passer une bonne soirée ? Probablement ce qu’il avait chez lui, en fait : un bon canapé, un copain, et un jeu vidéo. Autant l’avouer, ce qu’il ne manque pas de faire après avoir esquivé comme il le pouvait le coup de coude vilement décoché :

« Geek, et fier de l’être. Surtout quand on peut jouer un personnage de la communauté dans un jeu mainstream. Ça n’a pas de prix. »

Inutile de préciser son mince sourire quand il avait parlé de fierté, propos appuyé par la suite de ses mots, puisque le trentenaire avait bien évidemment joué sur la double consonnance du terme, qui ne pouvait manquer d’être comprise par son compère. Oui, la représentation était importante et en plus, cela lui faisait plaisir que la place soit prise, pour une fois, par une femme. Alors, il avait pris ce jeu parce que le premier était un monument du panthéon vidéoludique, tout simplement, mais aussi car c’était un moyen de soutenir un développeur qui avait pris un risque, même si le dire ainsi avait tendance à le peiner. Certains constats n’étaient jamais agréables. Militant, jusque dans la sphère privée, dans ses amusements, on ne changerait pas Leone : c’était bien trop ancré en lui. C’était son oxygène, sa manière de mener sa vie, et de l’oublier aussi, au cœur de ses associations, des manifestations, des discours, de tout ce maelstrom qui ne laissait que peu de place au reste, ce qui finissait par lui convenir. Même si cela pouvait paraître étrange. La preuve, Dario avait la tête de quelqu’un qui avait avalé son bonbon de travers. Était-ce si bizarre, que la sexualité ne lui manque pas tant que cela ? Il n’en avait pas l’impression. Il vivait bien sans, ayant à vrai dire du mal avec cette idée qu’il s’agirait d’un besoin absolument irrépressible. Manger, boire, c’en était. Mais le reste ? Peut-être avait-il une âme de stoïcien, à se détacher des plaisirs non nécessaires. A moins qu’il ne s’arrange ainsi pour soigner ses traumatismes et ne pas raviver ses blessures. Sans doute que la réponse se trouvait à mi-chemin de ces deux propositions. Il n’eut néanmoins guère le temps d’élaborer là-dessus, car Dario continua à parler, et ses paroles troublèrent Leone légèrement, lui qui avait tendance à esquiver ce genre de situations par une plaisanterie ou un constat gentil et trop sérieux pour conserver l’atmosphère de séduction douce initialement instaurée. Là encore était-ce un moyen de se protéger, ou une gaucherie un peu drôle, un peu touchante, de quelqu’un qui avait finalement l’habitude de ne pas croire qu’il pouvait intéresser, engoncé dans ses appréhensions et dans sa solitude paisible ? Les deux, toujours et encore. Et cette fois n’échappa pas à la règle, alors qu’il se tournait vers son ami et déclarait d’une voix aussi douce que pétillante :

« Qu’est-ce qui ne marche pas sur toi, du moment qu’on n’est pas bossu, borgne et boiteux ? »

Parce que si Leone en était quasiment à faire vœu de chasteté, on ne pouvait pas en dire autant de Dario et de son tableau de chasse qui était plus rempli en un mois que celui du chirurgien dans … probablement toute sa vie. Mais en soit, il était probable qu’ils ne cherchent pas la même chose, et qu’ils n’aient pas les mêmes problématiques : d’un côté, il y avait un homme qui profitaient pleinement de la liberté sexuelle offerte par la Grosse Pomme, sans chercher à se poser, de l’autre, un qui cherchait un compagnon plutôt qu’un partenaire éphémère, pour avoir trop subi le rejet de la part de ces papillons de nuit, et qui n’avait, en vérité, que peu de goût pour ces rencontres entre deux draps, et parfois, entre deux portes.

« Et je le pense, oui. Ce qui me manque, c’est peut-être l’intimité, le fait de partager avec quelqu’un ses soirées, ses pensées, de s’organiser des choses, mais …

Je crois que je préfère être seul que mal accompagné, ou ne pas l’être assez. »


Un très bref instant, il se revit, sur le même canapé, dans les bras de … avec ses baisers, ses caresses, son goût, son odeur, et puis … la porte qui claque. Ses doigts se crispèrent sur son verre, et il se rendit compte qu’il le serrait beaucoup trop fort, aussi le reposa-t-il un peu brusquement sur la table basse, avant de replier sa main contre lui.

« Ma routine me laisse en paix. Je n’en demande pas davantage. »


Désireux de détourner la conversation, Leone tenta une approche classique, à savoir de renvoyer l’objectif sur son interrogateur, affichant une expression enjouée avant de s’exclamer :

« Parlons plutôt de ta propre routine horizontale, je crois qu’il y a largement plus croustillant que dans la mienne.

Combien de victimes ont fini dans tes filets ? Je veux tout savoir ! »


C’était plus facile d’écouter les autres que de parler de soi, surtout quand il n’y avait rien à dire. Leone avait toujours préféré écouter que parler. Cela se voyait dans sa profession, et ses relations privées ne dépareillait pas. Et il aimait ça, conseiller, aider, se réjouir pour les autres. Il était heureux qu’ils soient heureux, peu importe ce qu’ils aimaient comparé à lui. En quelque sorte, il ne les en aimait que davantage, à les entendre parler, à lui donner des étoiles dans les yeux. Oui, c’était bien ainsi.

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Lun 27 Juil - 19:32
La réflexion lui arrache un rire, puisqu’il se souvient du personnage qu’est Anna Castelli. Si son passage a été bref, ce jour là, le portrait déjà dépeint par Leone ne s’en était vu que confirmé lorsque les deux italiens s’étaient retrouvés face à face. Les deux hommes ont beau se connaitre depuis moins d’un an, la complicité qui s’est installé entre eux chemine avec naturel. Dario se sent plus proche de Leone que de bien d’autres qu’il connait depuis de nombreuses années. Incapable de l’expliquer et pourtant, la vérité s’impose à lui avec facilité. Evidence même, jamais questionnée. Aussi, il ne s’étonnerait même pas des potentielles questions sur eux, capables de naître dans l’esprit de l’octogénaire, rien qu’à les voir évoluer cote à cote. S’ils ne sortent pas souvent ensemble, Leone étant bien trop pris pour savourer l’oisiveté de cette métropole, ils n’en restent pas moins proches, tout aussi complices, dans l’intimité de leurs appartements respectifs ou d’un petit café à côté de l’hôpital où officie l’italien.

Il ne relève pas la réflexion sur le jeu video, bien trop conscient qu’il y perdrait de son compagnon de soirée et qu’il est trop ignorant dans le domaine pour tenir pleinement une conversation à ce sujet. Il se contente de sourire. Pourtant, il admire la façon dont le chirurgien en parle, des étoiles dans les yeux. Il ressent cette même passion pour d’autres domaines, tel que le dessin ou encore le jardinage. Incollable avec les années mais de quoi perdre en route tous ceux ne possédant que des notions vagues.
Non, Dario se contente d’aller au coeur du sujet, de piquer au vif l’aspect plus relationnel de la vie de son ami et d’en apprendre davantage. De se désoler un peu plus encore de le savoir seul. Un rire lui échappe à la réflexion. « Eh oh ! Je ne te permet pas ! J’ai mes gouts quand même ! » Vocifère t-il, un large sourire étirant ses lèvres. Leone connait ses frasques. Celles de ses sorties comme de ses aventures. Son mode de vie qui n’est en rien un secret. S’il le garde sous silence lorsqu’il doit faire bonne impression, il a depuis longtemps offert ses vérités au chirurgien qui sourit à son tour. Là où leurs yeux savent se parler, sans mot aucun.

Pourtant, ses réflexions plus sérieuses en font cheminer d’autres. D’autres qui éveillent celles que Dario repoussent souvent. Celles là même qui lui ont brisé le coeur, quelques années plus tôt. Le sourire se fane et l’esprit se torture. Il fixe son verre de limonade, entre ses doigts. « Je comprend » Lance t-il d’abord, à ses premiers mots, alors que le sérieux s’imprime sur son visage. S’il connait l’aspect plus léger du fleuriste, Leone ignore bien des pérégrinations de sa vie sentimentale chaotique, qui ne l’a pas laissé intact. Si aujourd’hui il se contente de l’éphémère et des plaisirs physiques qui n’apportent rien d’autre qu’une satisfaction primaire et légère, c’est pour une bonne raison.
Perdu dans les bulles de son verre, puis dans les contenus colorés des deux bols posés sur la table, il ne sort de sa léthargie que lorsque Leone renchérit, d’un ton plus joyeux. Un sourire en coin, entre amusé et amer, étire ses lèvres. « Tu sais, je suis sérieux. Tu as ce truc Leone. Ce petit quelque chose qui donne envie de plus qu’une simple histoire de cul » Il insiste d’un regard qui se perd dans le sien. Sa franchise presque tranchante, ne laisse pas de place aux doutes. Un soupire lui échappe alors qu’il se recule, s’affale dans le canapé. « Mes victimes tsss, beaucoup trop mais… » Il marque une pause, tourne le visage vers lui. « Je suis un peu comme toi dans le fond. Je n’en parle jamais vraiment mais si j’en suis arrivé à cet extrême là, c’est parce que j’ai un peu trop de fois eut le coeur brisé » Froncement de nez lorsqu’il prononce cet « un peu trop ». Les souvenirs l’assaillent et ne sont en rien plaisant. « J’ai trouvé un exutoire là dedans, une façon d’avoir de l’affection sans la possibilité de souffrir derrière. C’est juste plus… facile comme ça » Avoue t-il, fronçant légèrement les sourcils. « Mais moi aussi ça me manque, parfois, cette intimité dont tu parles. Le fait d’avoir quelqu’un qui t’attend, le soir, lorsque tu rentres. Les soirées, les marques d’affection sans direct finir au lit » Il hausse les épaules, lancé dans ses confessions. « Sauf que contrairement à toi, je décide d’être « mal accompagné » en quelque sorte » Avoue t-il en mimant des guillemets, un sourire fleurissant au coin de ses lèvres.

« Chacun sa technique » Il renchérit, de ce même sourire qui ne le quitte pas. « Puis je suis sur que toi aussi, tu es un romantique dans le fond » Comme lui et son romantisme parfois dégoulinant. Celui là même qu’il conserve avec pudeur. Homme aux multiples attentions, parfois légères, parfois au contraire, plus grandioses. Dario possède un coeur énorme, bien trop malmené par les errances sentimentales de sa vie, mais qui ne demande rien qu’autre que de s’offrir pleinement, dans une confiance totale.

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Dim 9 Aoû - 22:56
Leone n’avait jamais su comment discerner les intentions, faire la part des choses entre l’envie et la simple sollicitude, parce qu’il ne voyait pas la première et bien trop la seconde. Son charisme ordinaire s’évaporait toujours, dans ces moments où le temps se suspendait, entre un mot au sens double et un regard qui lui, retournait les siens de sens. Surtout, il cherchait la lumière dans ce dernier, celle qui allumerait la mèche, qui serait ce point rose sur le « i » du verbe aimer, pour une nuit ou toute la vie, et n’avait jamais su la trouver du premier coup, réellement. Se rendait-il compte que, parfois, il la provoquait sans le vouloir ? Peut-être. Il ne savait si, avec le temps, il avait appris à ignorer pour ne pas souffrir, pour ne pas se perdre, pour ne pas avoir peur, ou s’il n’était tout simplement pas inepte à ces jeux de l’amour qui ne devait rien au hasard. Souvent, il avait le choix entre l’amitié tout en recherchant autre chose, ou l’amitié qui empêchait autre chose. Condamné à n’être qu’un ami ou à préférer le rester, il en prenait son parti. Mais ces situations de trouble incertitude, ces secondes interminables, il ne savait pas les saisir. Il les laissait passer, voguer, au gré des semi-confidences qui n’iraient pas plus loin, des peut-être, sûrement, jamais qui parsemaient une vie. Plus rarement, il s’imposait, un peu gauche, à l’ancienne, de cette manière de gentleman usée par les clichés des films en noir et blanc qui témoignait plus que tout sans doute qu’il restait un homme élevé par une dame dont l’idéal était quelque peu éloigné des standards modernes. Quand il avait fallu parler d’amour, Anna Castelli avait éduqué son petit-fils avec ces manies désuètes qui auraient été ridicules si elle ne faisait pas sourire, doucement, en humant leur parfum d’antan et de malaise. Généralement, dans ces cas-là, il avait plutôt du succès. Pourquoi, alors, hésiter ? Parce que c’était la suite, qui pêchait. Celle où il fallait s’aimer autrement qu’en se regardant, où les souffles se perdaient et les lèvres, elles se trouvaient. Et, plus souvent qu’il ne l’aurait voulu, ces lèvres rougies par des promesses avaient fui. Donc il avait décidé de ne plus les voir.

Pourtant, là, Leone le sentait, il y avait ces deux secondes d’éternité, au milieu du canapé, entre Dario et lui. Il n’en était pas certain, non plus. On pouvait se complimenter, entre amis. Certes. C’était courant, aussi, parfois, de se flatter entre hommes qui les aimaient. Ou qui ne les aimaient pas. De se regarder, ainsi, en l’affirmant. Mais il y avait cet ensemble, ce doute brutal qui s’était allumé dans son esprit. La mèche venait de s’allumer, à l’insu de son plein gré. Il sentit ses yeux, malgré lui, se poser sur les lèvres de Dario. Il sentit que le point derrière leur relation s’arrondissait, devenait un point d’interrogation. Et puis, aussi brusquement qu’il était venu, l’instant se brisa. L’autre italien se recula, et continua à parler. Le chirurgien l’écoutait, constatant ce que, parfois, il finissait par subodorer en voyant ses amis s’adonner à la « hook-up culture », comme cela s’appelait. Il n’avait jamais réussi à concevoir qu’une étreinte furtive puisse apporter la chaleur demandée, et n’était pas certain que les multiplier allumait tous les feux nécessaires à cette envie démoniaque de brasier qui prenait au bas-ventre pour ne pas s’éteindre. Il n’était pas mieux, loin de là. Juste … qu’il y avait sans doute une voie qui convenait mieux que celle-là, pour quelques-uns, en tout cas. Mais pour une fois, il écoutait, et était ailleurs. Fixé sur cet échange muet qui ne s’effaçait pas, dans son esprit. Qui enflait. Et il se surprit, doucement, à poser son regard sur le canapé, et à superposer les dernières images enflammées qu’il en avait avec d’autres, qu’il n’avait pas envisagé, et qui soudainement venaient envahir sa cornée. Pour la première fois depuis presque un an, son imagination s’était emballée, comme un éclair survenu au cours d’une longue nuit. Essayant de revenir à la conversation pour cacher son trouble, il repensa à d’autres amours, lointaines, mais au souvenir toujours doux.

« Tu sais, tu parles à un gars qui a déclaré sa flamme une fois en chantant Dancing Queen au type qui lui plaisait, à grand renfort de geste du doigt au milieu de la foule dans un bar-karaoké.

En matière de romantisme, je suis difficile à battre. »


En même temps, vu sa collection de DVD, il n’allait pas mentir là-dessus. Il adorait les comédies romantiques, en connaissait certaines absolument par cœur, et continuait à avoir des larmes aux yeux devant les grandes déclarations ou à gigoter comme un fou au moment des premiers baisers, si possible sous la pluie. Il aimait les beaux gestes, les attentions, les fleurs sur la table en rentrant, les restaurants surprises, les paniers repas gentiment laissés sur le pas de la porte avec un mot simple, les petits post-its sur le frigidaire emplis de mots tendres. Et ceux murmurés au creux des draps, des bras, inlassablement, dans la plus douce des litanies.

Il n’arrivait pas à s’enlever ces mots de la tête. Ceux de toute à l’heure, sur ce maudit canapé qui occupait trop sa tête, enflait à l’intérieur, pour ne plus offrir aucune échappatoire. Il sentit sa main trembler et, pour le cacher, se leva soudainement. Le dos tourné, il demanda :

« Tu le pensais vraiment, tout à l’heure ? »

Tu le voulais vraiment, aurait-il pu demander. D’un geste vif, il arracha son haut et le marcel du dessous, pour révéler ce qui se cachait en-dessous, la poitrine marquée, les trous au cœur des poils qui y germaient, blanchâtres, gercés, repliés dans des recoins brûlés par des produits mal dosés, pas suffisamment adaptés à un petit garçon de sept ans qui subissait des protocoles expérimentaux. Le petit garçon avait grandi. Il avait survécu, il vivait, maintenant. Mais ça, c’était resté. Ça, ce n’était plus actif, dans son corps. Mais c’était toujours présent, au fond, tapi, ne demandant qu’à ressurgir en cas de coupure de traitement. Ça, ça n’empêchait pas de mener une vie normale, heureuse, pleine. Mais ça, ça se voyait, ça rappelait que ça existait, et c’était insupportable, dans le regard des autres, ça.

« Le dernier garçon qui est venu ici, qui disait la même chose, qui était sur ce canapé …

Il est parti en courant. Pour des raisons que j’ai comprises après, qui s’expliquaient entièrement par des choses qu’il avait vécues.

Mais ce n’était pas le premier. En fait, le premier, ça aurait dû être le premier. Mais il m’a dit qu’il ne pouvait pas. Comme les mecs sur les applis de rencontre, qui mettent directement dans leur bio qu’ils sont cleans, comme si nous, on était ... Ceux qui te plantent en bas, parce que finalement, ils ont réfléchi, et ça ne va pas le faire.

Et moi, je ne sais pas faire autrement que de regarder ailleurs, parce qu’à la fin, même ceux qui veulent de moi finissent par s’en aller, puisque je ne sais pas les garder, vu que ma vie, je la passe à aider les autres à vivre la leur, comme je n’y arrive pas. »


Onze mois de frustration venaient de sortir d’un coup de sa bouche, et il n’arrivait pas à s’arrêter de parler. Dario avait ouvert une vanne, et c’était un fleuve déchaîné de sentiments mêlés, incandescents, qui se déversaient entre eux, et sur les joues de Leone, qui se mouillaient dangereusement alors qu’il contemplait une vérité trop difficile à avouer, jusqu’à présent : qu’à force, lui qui était si fier, finissait par se laisser dévorer par la peur, et était trop couard pour l’admettre, se complaisant dans cet entre-deux si doux, si plaisant, qui était celui de ne jamais espérer, pour ne pas être déçu, encore. L’optimisme doux et tranquille qui l’animait pour les autres s’était éteint, peu à peu. Il avait laissé les cendres refroidir, pendant tous ces mois, se convainquant que c’était mieux ainsi.

Ça ne l’était pas. Et s’en rendre compte, c’était plonger dans une eau brûlante pour en ressortir frigorifié.

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Lun 10 Aoû - 0:09
Il y a des fêlures qui restent et traversent les années. De ces blessures qui marquent, de stigmates affichées. Si Dario offre toute la profondeur de ses pensées comme de son ressenti, il élude aussi un passé douloureux. Les abandons ont été multiples, certains l’ont marqués plus que d’autres, pour le faire parvenir à cette finalité. Le coeur brisé à de trop nombreuses reprises pour en ressortir indemne. Il transporte avec lui un bagage lourd de déceptions qu’il a noyé sous les projets professionnels et le détachement. Mais la vérité est bien plus glorieuse que ce que transporte son expérience. Dario est un rêveur, un de ces romantiques exacerbés qui adore manger une glace devant une comédie romantique cliché. Un de ceux qui rêvent de l’inaccessible avant de se marteler sa propre réalité. Être avec Leone, c’est effleurer la douceur d’espoirs qu’il croyaient depuis longtemps perdus. C’est imaginer autre chose, dans un élan de fabulations, pour secouer la tête et chasser ses propres élucubrations ensuite. C’est se laisser porter sans songer au reste. Ce reste qui le rattrape, dans cette conversation à la tournure  brutalement sérieuse. Sous les aveux et les confessions, le fleuriste entrevoit de nouveau ses blessures. Il les sent se réveiller, comme un membre fantôme que l’on se surprend à ressentir de nouveau.

Il se livre pourtant, sans chercher à trop enjoliver sa vérité. S’il ne lui offre pas d’intimes détails non demandés, il n’en reste pas moins sincère. Il reconnait que ses incartades sont une fuite facile, une forme de lâcheté. Disparaitre au petit matin ou inciter l’autre à le faire, dans des draps parfois encore chauds et humides des ébats achevés. Au creux de la nuit comme aux premières lumières du jour, qu’importe. Embrasser ensuite sa solitude, câliner le félin qui apporte la douceur de la stabilité dans son vaste appartement et se repaitre d’une forme d’exil volontaire. Celui du coeur. Celui des sentiments, désirés et évités tout à la fois. Le regard léger, celui qui se perd dans les yeux clairs de Leone, celui qui dérive parfois, puis qui s’abandonne à une contemplation vide de l’appartement. Le rire pourtant, à sa réflexion sur le romantisme. L’amusement de l’instant et l’esprit qui s’agite à imaginer ce scénario. Il s’y voit presque.
Rieur et touché.

Pourtant, il y a cette ombre qui plane brutalement, qui le fait se redresser. L’italien bondit presque du canapé sous les prunelles ébènes d’un Dario surpris, qui suit sa silhouette du regard. Yeux sombres qui caressent la silhouette un instant puis se fige à ses mots, avant de sourire en coin. « Oui, je ne suis pas du genre à mentir sur ces choses là » Sur ce qu’il pense réellement. Le sicilien a toujours été un homme plutôt franc, parfois brutalement. Un paradoxe au vu du passé qu’il dissimule, de son identité changé, de sa fuite orchestrée. Et pourtant, une honnêteté pleine qu’il n’a jamais cherché à enjoliver. Alors oui, il était sincère à le clamer être l’homme à avoir. Celui dont on fier, qu’on chérit d’attention et de tendresse. Celui qu’on aime et pire, qu’on veut épouser. Oui, Leone semble correspondre à cette forme d’idéal, sous les aléas de son altruisme poussé qui lui fait plus défaut qu’autre chose. Prêt à tout abandonner. Syndrome du sauveur, de celui qui ne s’estime pas assez bien pour vivre pleinement. De cette peur de culpabiliser, s’il ne se porte pas volontaire, s’il ne se sacrifie pas, en un sens. Si Dario admire le but louable de ses attentions, il les déplore aussi. Souvent.
Bien trop conscient de ce qu’elles transportent avec elle. Un exil, là aussi.

Le geste du chirurgien le prend de cours, les vêtements arrachés le fige complètement dans une surprise qui s’affiche franchement sur son visage. Lorsque Leone se tourne vers lui et lui offre le spectacle de son torse meurtri, que les yeux de Dario effleure, il peut soudain palper toute sa douleur. Tout son trouble. Mais les prunelles sombres du sicilien ne cherche pas à se défiler et reviennent s’ancrer dans les siennes, alors qu’il lui avoue, maladroitement et pourtant, diablement franchement, ses vérités à lui. Celles qu’il dissimulent à son tour, qu’il calfeutre sous un altruisme béant. Sous des sujets détournés. Il peut sentir son désespoir, ses douleurs. Pas juste physique, pas juste marquées, mais bien là, au fond de lui. Elles explosent et les débris l’atteignent, mais Dario ne compte pas prendre pas fuite. Pas aujourd’hui, pas comme ça.
Pas maintenant.
Certainement pas face à Leone.

Ni face à sa peine, à sa douleur, à tout son désarroi.

Alors il se redresse à son tour du canapé, rejoint l’italien d’un pas rapide et capture son visage entre ses mains. Leurs corps se touchent presque et le regard du sicilien se gorge d’une immense douceur. Ses pouces chassent les perles de peine qui passent à son niveau et sa voix, déjà grave, se veut bien plus suave encore. « Calmes toi, je ne vais nulle part, tu sais » Le rassure t-il d’abord, alors que son front se pose contre le sien. « Tu ne m’effraies pas et les mecs qui t’ont dit des conneries pareilles ne te méritent absolument pas. Ils ne savent pas ce qu’ils ratent ! » S’exclame t-il dans une forme d’amusement pour renchérir sur la portée de ses mots alors qu’un fin sourire étire le coin de ses lèvres et qu’il ne redresse ensuite le visage. « Ce n’est pas parce que tu n’as jamais réussi à passer outre ton foutu altruisme maladif, que tu n’en es pas capable. Tu peux trouver un juste milieu » Dario renchérit, lui accorde toute la tendresse dont il est capable, pour ceux qui comptent franchement pour lui.
Ceux comme Leone.
Même si Leone est à part. Il sera toujours à part. Avec ses yeux trop bleus et son sourire à se damner. Crush timide. Inavoué. « Tu le mérites Leone. Franchement moi je m’en fous, que t’aies des putains de cicatrices ou une maladie à la con. Tout ça ne définit pas celui que tu es, là » Et sa main droite délaisse la joue pour se caler contre son coeur. Leurs souffles se touchent presque dans ce rapprochement sous le lâcher prise de l’instant. Mais Dario ne voudrait être nulle part ailleurs.
« Crois un peu en toi »

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Sam 22 Aoû - 18:56
Perdu dans les yeux de Dario, Leone ferma brièvement les yeux, sa joue se perdant imperceptiblement entre les doigts du sicilien, tandis qu’il se laissait bercer par les mots qu’il avait déjà entendu dans la bouche de Sirius, à la syllabe près. Mais ils étaient différents, entre ces lèvres-là, parce qu’ils ne venaient pas d’un meilleur ami qui se révoltait de le voir souffrir, désireux de l’aider tout en ne pouvant que lui apporter des paroles de réconfort qui faisaient du bien, sans convaincre réellement. Et l’autre homme continuait, disant ce que d’autres, encore, avait déclaré un jour devant lui. Il voulait y croire, sincèrement. Parfois, il se prenait à le faire. Puis quelqu’un rouvrait les failles, et il recommençait à se fermer, à se convaincre qu’il était mieux avec ses amis, et juste des amis, à rester seul plutôt que mal accompagné. A vrai dire, il était convaincu que, souvent, c’était le cas. Il avait eu besoin de ce long hiver sentimental pour oublier sa peine, mais aussi son cœur brisé, et reconstruire une relation saine avec Jan, dénuée d’ambiguïté – du moins s’y était-il employé, une fois qu’ils avaient discuté, tout mis à plat. Il y avait travaillé dur, et peu à peu, l’envie d’être ensemble s’en était allée, même si une pointe de désir existerait toujours dans son cœur. En même temps, on n’arrêtait pas d’être attiré parce qu’on l’avait décidé. Il trouvait toujours Ezra séduisant, des années après leur rupture, et ne pouvait pas dire que ce dernier ne lui faisait pas d’effet. Simplement, le besoin d’être autre chose qu’un ami s’en était allé, comme celui d’un avenir commun. Et ainsi, son désir n’était plus qu’un pâle reflet d’antan, le souvenir d’un temps où il le dévorait des yeux, dans un bar trop plein, avant de prendre son courage à deux mains pour un karaoké endiablé et éminemment transparent, ainsi qu’il l’avait expliqué. Il avait pris son temps, cette fois encore, s’était concentré sur son travail, ses associations, ses passions en somme, mettant de l’ordre dans sa vie et dans son cœur. Oui, il avait tardé à reprendre goût, cependant, à ses plaisirs. Y était-il prêt ? Maintenant, oui. Du moins, il sentait son myocarde s’éveiller, ses sens palpiter, son imagination galoper comme elle ne l’avait plus fait depuis onze mois. En d’autres circonstances, avec une autre personne, il serait resté éteint. Cependant, là, il était vivant, et il écoutait ces paroles qu’il avait tellement eu envie d’entendre dans une autre bouche, dans un autre temps. Il s’en gorgeait, s’en repaissait presque. Elles formaient une symphonie dans son esprit, ne se tarissaient pas. Mais avec cette félicité vinrent les regrets, parce que l’une, hélas, n’allait pas sans l’autre.

Leone savait ce qu’il voulait. Ses yeux qui papillonnaient, maintenant qu’ils étaient rouverts, passant des lèvres au torse, aux mains, à la taille de Dario, ne mentaient pas, encore moins ses mains moites et le battement sourd à ses tempes, qui lui hurlaient de commettre l’irréparable, de franchir le Rubicon de leur amitié pour conquérir Rome et ses délices, ou plutôt les saveurs du sud de l’Italie. Pour autant, une vague de culpabilité le prit brutalement et il s’en voulut. Il avait envie, oui. Mais pour lui, et pas pour Dario. Pour ses paroles, pour le désir qu’il avait provoqué. Pas pour construire. Du moins, pas pour le moment. Et lui qui, in fine, n’avait pratiquement eu que des relations fondées sur ce motif, s’en trouvait honteux. Il avait l’impression de salir et leur amitié, et cette atmosphère de douce franchise qu’il y avait entre eux. S’il avançait, il aurait l’impression d’utiliser son ami – son amant ? Il commençait à ne plus savoir. Tout s’embrouillait dans sa tête à mesure qu’il sentait le souffle de Dario qui se mêlait au sien, la chaleur de son corps contre le sien, et sa voix qui continuait de résonner à ses oreilles, qui lui fouettait les sangs et qui transformait son envie en désir, et son désir en besoin. Cela enfle en lui, de ruisseau ayant enfin trouvé le chemin du pied de la montagne devient un fleuve tourbillonnant, qui échoue dans une mer à la houle tournoyante. Leone perdait pied, ses bonnes résolutions s’en allant rejoindre l’écume de ses pensées déposées au pied de Dario, à côté de sa réserve percée, brisée, abandonnée.

« Crois un peu en toi ». La phrase le sonna tout à fait et il se détourna un instant. Il croyait en lui, parfois. Il savait qu’il était un excellent praticien, un homme bien. Enfin, il l’espérait. Il essayait. Et quand le doute l’assaillait, il savait qu’une bonne âme se chargerait de le dissuader de se morfondre. Il savait être un garçon dévoué, pour ceux qu’il aimait. Mais il avait aussi conscience que ce juste milieu, il aurait du mal à le trouver, parce que sa vie, c’était son métier, Act Up, le PP, et qu’il n’arriverait pas à s’en détacher. Il n’était jamais aussi heureux qu’au milieu d’une permanence animée, dans un bloc, au cœur d’une réunion militante. Il se sentait vibrer, utile, il était vivant, il avait triomphé de ses chances de départ pour passer la ligne d’arrivée avec brio. Ce sentiment-là resterait inatteignable. La douceur de l’amour, la chaleur du plaisir, n’étaient que des étincelles, parfois un feu ardent, mais rien comparé à ce bonheur semblable à un âtre ronflant continuellement dans une maison trop pleine, où les rires qui résonnaient étaient une victoire en soi sur le monde extérieur. Il en avait conscience. Peut-être qu’il y avait quelqu’un qui saurait accepter cette part de lui, qui aurait un besoin d’indépendance tout aussi vite et avec qui il saurait, pourtant, que tout était bien. Néanmoins, cela ne signifiait pas pour autant qu’il devait renoncer à chercher.

Relevant la tête, il observa, une nouvelle fois, Dario. L’hésitation tordait son visage, rendant presque son expression douloureuse. Il souffrait sincèrement de ses affects comme de ses retenues futiles, ne voulant pas faire de mal, pas alors qu’il lui avait confié chercher autre chose que ce que, à ce moment, il pouvait offrir et, pire, dont il avait envie. Cela lui paraissait injuste, cruel presque. Mais Leone, malgré toute sa bonne volonté, restait un homme, avec ses défauts et ses faiblesses, qui se révélaient béantes. Le sang affluait dans tout son corps, le mettant au supplice alors qu’il n’était qu’à un geste, quelques centimètres de l’objet de son désir brutal, violent, indomptable. Ses dents s’enfoncèrent dans sa lèvre inférieure, la malmenant presque autant qu’il détruisait ses pensées inavouables à mesure qu’elles envahissaient son cerveau. Alors comme souvent, il se décida pour une troisième voie. Ses lèvres s’avancèrent et bifurquèrent vers l’oreille de Dario, tandis qu’il comblait encore quelques centimètres entre eux, aussi inconvenants que bienvenus, et il murmura, plein d’espoir et de regrets :

« Si je crois réellement en moi, là, maintenant, je vais faire quelque chose que nous allons regretter demain tous les deux, parce que je ne sais pas si je peux te donner ce que tu désires en te perdant au milieu de tous ceux qui traverses ta vie.

J’en ai envie, mais je crois trop en toi pour me perdre simplement parce que tu as dit ce que j’avais besoin d’entendre, de sentir, de toucher du doigt.

Je ne veux pas te faire de mal. »

Nous faire de mal. Et pourtant, ses lèvres, en partant, effleurèrent la joue du sicilien, pour y déposer l’ombre d’un baiser de remord, dont la chaleur ne laissait que peu de doute au conflit qui l’habitait, et à la destination qu’elles auraient aimé emprunter. Mais Leone n’avait jamais imposé son désir à qui que ce soit, encore moins pour de mauvaises raisons car, à cet instant, il en était pétri. Cela ne l’empêchait pas de vouloir, au plus profond des abîmes de son être, dans sa partie la plus noire, que Dario ne soit pas aussi raisonnable, et qu’il fasse taire les hurlements sourds qui tambourinaient dans sa poitrine, et lui intimaient de prendre son visage dans ses mains, d’en dévorer la bouche, d’agripper son corps pour l’amener à lui, de le soulever pour le transporter sur son lit, et de céder à ce souvenir qu’il était vivant, et qu’il y avait, dans cette pièce, un homme qu’il estimait et qui avait envie de lui.

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Lun 31 Aoû - 20:00
S’il s’abandonne à ses pulsions bienveillantes et enflammées, pour faire sortir à Leone la tête de l’eau, leur soudaine proximité réveille bien autre chose. Le coeur de Dario ressent les affres d’un désir mal contenu qui petit à petit, trouble les limites, tente de les balayer. Il y a cet instant de flottement, cette possibilité que tout dérape. Le coeur et la raison du sicilien s’affrontent dans un duel à l’épée dont il ne connait pas l’issue. Lui, qui lui tient tête, qui se perd dans ses yeux. Lui qui laisse ses prunelles chavirer jusqu’aux lèvres de l'italien, qu’il se permet de mordiller sous l'ébène de son regard. Cette hésitation latente, palpable et que pourtant, aucun des deux n’osent briser.
Les mots qui sortent de la bouche de Leone sont teintés de toute sa jugeote et de toute sa raison. Dario le sait lui même, céder serait ouvrir la porte à l’inconnu et à la possibilité de se perdre en chemin, tous les deux. Eux et cette complicité née au cours des soirées et des moments partagés. Pourtant, il y a cette envie qui lui grignote les entrailles, qui agite son désir et trouble son palpitant. Parce que le chirurgien n’est pas juste la gentille amitié platonique et placide, il est devenu bien plus que ça. Parfois, le sicilien se maudit d’avoir ce coeur d’artichaut qui s’amourache trop vite en sachant pertinemment qu’il finira par souffrir. Il l’a vécu avec Sheru, avec Paul, avec Antonio, et est, certainement, sur le point de le vivre avec Leone à son tour.

La main de Dario vient caresser la joue de l’autre homme, alors que ses prunelles sombre accrochent les siennes, gorgées de sa sincérité et à la fois, de tout ce qu’il peine à garder pour lui. Il hésite à lui dire que de toute façon, il lui fera du mal, lorsqu’il choisira ses occupations plutôt que lui. Lorsqu’il choisira sa vie de solitaire, plutôt que lui. Lorsque toute cette soirée s’effacera, comme une illusion, un à côté, une dimension parallèle. Mais c’est aussi ce qui pousse Dario à vouloir de cet instant là. À se dire qu’il sera le premier et le dernier tout à la fois mais qu’il n’aura pas à regretter d’avoir franchit ce cap. De l’avoir encouragé à s’abandonner à cette pulsion première de désirer l’autre. Même si entre eux, et le sicilien le sait, il n’est pas juste question d’un quelque chose de purement physique et d’aussi aléatoire que toutes ses aventures nocturnes et éphémères. Les choses vont plus loin. Qu’elles soient silencieuses ou au contraire, criées sur les toits, son coeur le lui murmure. S'il voudrait croire à un après, il ne préfère pas se gorger d'illusions qui ne feront que le decevoir un peu plus. L'espoir demeure, bien cacher au creux de son coeur, mais il préfère l'ignorer.

« Tous ceux qui traversent ma vie ne sont pas toi » Avoue t-il d’abord, bercé par sa propre franchise. Dario estime qu’il n’a rien à perdre, là, tout de suite, avec l’électricité les entourant, à lui avouer le fond de sa pensée. Ou tout du moins, une bonne partie. « Je ne veux pas regretter en me disant que je suis passé à côté » À côté de lui, à côté d’eux, à côté de cette possible unique chance de l’avoir effleuré du bout des doigts, un peu plus qu’au cours du platonique de leur amitié. C’est ce sentiment qui domine le sicilien, qui lui donne envie de lâcher prise et de laisser sa raison s’éteindre pour que son coeur prédomine. Son coeur et son corps, agités par l’envie de l’autre. Il sait que ce moment ne ressemblera à aucun, certainement pas à ceux auxquels il s’adonne, dans toutes ces sorties qui n’ont d’échos que la même verve de débauche et de besoin de s’oublier. Lui, son coeur, ses démons, son passé, ses échecs. Cette vie sentimentale gorgée de rejets qu’il panse avec l’amour éphémère d’étreintes d’une nuit. Le plaisir qui le grimpe sur un piédestal, pour disparaitre ensuite.

Alors, tandis que l’instant s’étire, les lèvres de Leone s’échouent sur sa joue, dans une tentative de rester chaste et qui, pourtant, électrise le sicilien. Il sent cette pointe de désir le piquer à nouveau, alors que sa raison s’éteint, noyée sous les cris de son coeur, alors que les yeux s’accrochent et que le besoin de l’autre se fait irrépressible. Ils sont trop proches pour reculer maintenant. Leurs yeux se parlent, au delà des mots qu’ils sont capables de prononcer et il n’en faut pas plus à Dario pour se sentir pousser des ailes.
S’abandonner.
Bruler les limites une bonne fois pour toute.
Sa senestre rejoint sa dextre contre l’autre jour de Leone, alors que ses lèvres se plaquent, sans douceur, contre les siennes. Toute la passion ressenti l’emporte, dans un torrent trop puissant pour lui résister. Il peut le sentir, répondre à son baiser, alors qu’il poursuit, s’anime d’une passion dévorante et d’un besoin viscéral de plus. De plus de lui, d’eux. Il ne sait où ils vont, il ne sait de quoi demain sera fait, ni même dans quel état il récupérera son myocarde fatigué mais Dario ne pense plus. Il en est incapable. Ses passions se réveillent et l’emporte avec elle, alors qu’il fait perdurer ce baiser, laisse sa langue se montrer aventureuse jusqu’à venir danser avec celle de Leone. S’emporter sous la chaleur qui vient petit à petit le consumer, brasier qui gagne en intensité.
Puisse t-il tous deux bruler, jusqu’aux dernières cendres.
Corps contre corps, coeur coeur contre et ce monde qui s’efface pour ne laisser qu’une bulle dans laquelle rien ne peut les troubler, rien ne peut les séparer. Tout les pousse à lâcher prise et s’abandonner. Coute que coute.

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Lun 31 Aoû - 22:45
Leone était un homme raisonnable. Il était celui vers qui on se tournait pour se confier, oreille attentive, qui se targuait d’être de bons conseils, à force d’écouter les autres et d’animer les associations depuis l’adolescence, et désormais comme médecin, fidèle tombeau des inquiétudes de ses patientes et des vicissitudes de la vie. Il était celui qui rassurait face à l’adversité, qui accompagnait aussi, parfois, sereinement, vers la mort, comme il l’avait fait, enfant, quand les autres, à Act Up, tombaient, et cessaient de lui rendre visite, parce que leur corps avait lâché, et que le sien continuait à avancer. A l’époque, il était le petit frère, et désormais, trop souvent, le grand, peu importe l’âge, en tant que survivant d’une époque heureusement révolue, témoin particulier de vies gâchées, d’une génération fauchée, et observateur un peu solitaire des progrès parcourus, du chemin accompli. Il voyait de loin les sourires, les mains qui se touchaient discrètement, au gré des couloirs. Ces amours, il les avait rarement connus, essentiellement cantonné à l’ami, rarement l’amant, sans non plus qu’il le cherche, n’aimant pas les complications, et toujours pétri de ses doutes. Il aimait voir les autres heureux, cela avait toujours suffi, essentiellement à son bonheur. Il savait arrêter les plus jeunes quand, un peu enivrés par la proximité, ils confondaient l’affection d’un mentor avec autre chose, et arrivait à ne pas se perdre dans les méandres de ces amitiés amoureuses qui, pour l’avoir vécu comme témoin, avaient tendance à laisser regrets et cicatrices, amertume et remords. Il doutait que cette nuit fasse exception. Mais tout être raisonnable avait ses faiblesses. Tout saint, ses vices, car la pureté n’avait jamais été qu’une vue de l’esprit. Et, réveillé de sa longue hibernation des sens, le chirurgien avait conscience qu’il ne résisterait pas, si Dario ne le repoussait pas. Parce qu’il en avait envie, il le sentait par tous les pores de sa peau qui exsudaient ce désir bruyant, enveloppant, insoutenable presque. Car cela en devenait douloureux, d’avoir cette brève ouverture vers le bonheur se dérober à ses doigts, à son souffle, alors qu’il aurait fallu si peu, oh, juste un effleurement pour tout embraser. Il ne voulait pas lui faire de mal, leur faire du mal. Mais le mal était déjà fait, en vérité. Dès qu’il avait compris qu’il pouvait, pour quelques heures, être beau dans les yeux d’autre, il s’était su perdu. Il l’avait attendu si longtemps, ce moment, sans le provoquer, sans le chercher, qu’à présent qu’il s’offrait, comme le repousser ? Pourquoi ne pouvait-il pas être égoïste, une fois dans sa vie ? Est-ce qu’il n’avait pas droit, lui aussi, à sentir cette passion, à avoir une parcelle de ces instants où il n’y avait rien, si ce n’est l’unique besoin de combler un vide et de savoir que, au moins maintenant, on était au centre du nécessaire de quelqu’un là, sous ses doigts ? Il savait que ce n’étaient pas de bonnes raisons. Mais c’étaient les siennes, et ce soir, elles lui suffiraient. Parce que si Leone était un homme raisonnable, il savait quand il ne pouvait être raisonné.

Les lèvres de Dario avaient un parfum d’agonie, alors qu’il écrasait ses principes et faisaient taire sa conscience en dévorant cette respiration qui mourrait dans la sienne, alors qu’il attirait l’autre homme contre lui d’un geste brusque du bras, comme s’il désirait déjà qu’ils se fondent en une unique entité. Ce n’était pas un beau baiser, doux et sensuel : c’était une faim dévorante, absolue, qui ne souffrait aucun répit, une bataille pour s’imposer, pour dominer, pour prendre. Le trentenaire resserra sa prise sur le bassin de son amant, d’une poigne qu’il avait oubliée posséder, alors qu’il attaquait ses lèvres avec toujours plus de vivacité, s’y perdant absolument. Il avait l’impression d’être un pèlerin assoiffé, dans le désert, qui se perdait soudainement dans une oasis. L’odeur le submergeait, celle du désir qui existait entre eux, inimitable, d’un corps contre le sien, d’une envie contre la sienne. Elle sentait la défaite de la pensée, et l’arrivée de l’acmée. Elle avait cette flagrance inimitable de perte. Parce que Leone perdait pied, lèvre à lèvre, enchaîné dans ce corps à corps à défaut d’un cœur à cœur, ivre et en voulant toujours plus. Le manque, compte tenu de sa chasteté forcée depuis autant de temps, était encore plus vivace, tambourinant à ses tempes en même temps que le sang affluait et que ses instincts revenaient.

Ses mains se glissèrent plus bas, caressant doucement sans s’attarder, avant de s’agripper aux cuisses. Interrompant un instant le baiser, Leone plongea un instant ses yeux dans ceux de Dario, et sachant pertinemment qu’il n’y avait nulle hésitation à avoir, tant le désir qu’il y lisait, qui le flattait, était limpide, il le souleva de terre, forçant ses jambes à s’enrouler autour de sa taille, avant de se ruer à nouveau vers ses lèvres, le maintenant contre lui, presque pour l’empêcher de s’échapper, pour ne pas être abandonné, à nouveau. Le chemin jusqu’au bout du couloir fut hasardeux, un peu gauche. Sa vision, après tout, était absente, tout occupé qu’il était à s’enfouir le visage dans le cou de Dario et à y imposer sa marque, à susurrer des mots de désir, comme seul un homme aussi fou, à cet instant, que lui pouvait en offrir. Qu’il était beau, ainsi, dans ses bras. Qu’il l’avait toujours su, qu’il l’était, qu’il s’était dit qu’il ne l’intéressait pas. Mais que ce soir, il allait l’aimer, comme jamais il ne l’avait été. Qu’il allait entendre son prénom s’échapper des lèvres de Dario aussi sûrement que les gémissements qu’il lui arrachait, à jouer de ses dents, doucement, contre la tempe, puis la clavicule. Il lui promettait ce qu’il pouvait. Et Leone était un homme de parole.

Ses mains se perdirent sur la poignée, qui résistait. Il poussa un juron en italien, interrompant momentanément la transe sensuelle dans laquelle ils étaient plongé. Après tout, l’amour, cela passait aussi par ces impondérables qui se glissaient entre les amants, cailloux dans la chaussure pour les coureurs sur le chemin du plaisir, et qui, bien souvent, n’avaient point la patience des marathoniens, mais recherchaient davantage le frisson des cent premiers mètres. Finalement, la récalcitrante céda, et Leone entra, un sourire un peu confus sur le visage, redevenant pour quelques secondes cet homme timide qui avait tendance à avoir ses élans de maladresse. Puis il se reprit, alors que ses jambes touchaient le matelas, et qu’il allongea son ami sur le lit. Un bref instant, il hésita, se perdant dans d’autres souvenirs, avec un autre homme, qui le regardait et qui partait, dans la même pièce. Mais c’était différent. Il n’y avait pas de révélation, pas de haut à enlever et d’attente insupportable du verdict, pas d’interminables secondes à se demander s’il serait suffisamment bien, ou pas. Peut-être était-ce pour cela qu’il avait été incapable de résister : parce que cette étape cruciale qui le terrifiait tellement, cette fois, n’aurait pas lieu. Dario avait déjà vu ce qui se cachait sous ses vêtements, et il était resté. Il était resté. Il resterait. Cette phrase, il se la répétait comme un mantra alors qu’il restait, paralysé, incapable d’avancer, de continuer, perdu dans ses doutes silencieux et ses fêlures d’antan. Ses yeux allaient du lit à Dario, et de Dario à son passé qui tremblotaient derrière eux, ombre imposante, écrasante, qui ne le laissait pas en paix. A nouveau, son regard se perdit dans celui de l’autre italien, et il se gorgea de l’envie qu’il y lisait, s’y plongeant, s’y noyant. Il le voulait, il le voulait, il le voulait, se répétait-il. Il était beau, dans les yeux de Dario, et Dario était beau, ainsi, dans son lit.

La dernière digue de ses peurs céda. Grimpant à sa suite, Leone l’enveloppa de sa forme longiligne, ses jambes se perdant entre celles de celui qui le réveillait de sa léthargie sensuelle, et ses mains l’enveloppèrent, dans une étreinte qui, à première vue, était presque trop tendre pour une telle nuit d’amour. Mais c’était ainsi qu’il aimait, l’italien, avec la fragilité des premiers instants, et ce besoin de dire, à travers ses gestes, qu’il se souviendrait de tout, que tout comptait. Qu’à sa manière, oui, il l’aimait, à cet instant, parce qu’il ne savait pas faire autrement. Son souffle, à nouveau, se perdit dans celui de Dario, et il l’embrassa, d’abord délicatement, contraste saisissant avec leur précédent échange, puis langoureusement, prenant son temps, délibérément, car s’ils n’avaient pas la vie devant eux, ils avaient au moins toute l’éternité contenue dans cette chambre noire, et c’était bien assez, parfois, pour s’adorer. Ses mains quémandèrent un passage sous le haut, et s’y faufilèrent, caressant la peau, découverte centimètre à centimètre à l’aveugle, et déjà, le toucher le rendait ivre, à défaut de pouvoir y goûter. A la place, il explorait la bouche de Dario, ses soupirs, son désir. Sans s’en lasser, sans se presser. Et avec pourtant cette urgence au creux des reins qu’il maîtrisait, pour mieux savourer chaque seconde, chaque geste, chaque parcelle de lui-même que le sicilien lui offrait, maintenant, et qui n’appartiendrait qu’à lui. Il y avait des trésors à recueillir avec révérence. Le désir d’un autre homme en était un.

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Mar 1 Sep - 0:02
Lorsque Dario appose ses lèvres sur celles de Leone, il a cette sensation d’être une allumette et les quelques étincelles démarrant le brasier. Il ne faut que quelques secondes pour que la passion de l’un fasse échos à celle de l’autre et ne les emporte dans un torrent de sensations qu’aucun des deux ne parvient à canaliser. Le sicilien s’abandonne mais ce soir, l’instant n’a pas des allures de frivolité fugace qui s’évade rapidement, qui consume puis disparait. Non, tout prend une autre dimension parce que le myocarde de Dario s’en mêle. S’emballe. Il s’emporte sous les baisers, les souffles qui s’enlacent et les langues qui se cherchent. Il s’intensifie, lorsque les mains du chirurgien s’accrochent à sa silhouette avec cette soif possessive. Ce besoin. Si le désir physique prend le pas sur la raison et sur la tendresse des émois, il n’ne reste pas moins saupoudré d’un gout particulier. D’une note différente, qui tranche avec la chasteté forcée de l’un et la versatilité abusive de l’autre. Leurs divergences communient et se retrouvent dans un équilibre parfait, qui les emporte dans son sillage.

Tout en muscle et en souplesse, c’est avec aisance qu’il se hisse contre la silhouette pour le moins dessinée d’un Leone le soulevant de terre, le plaquant contre son corps, alors que les deux reprennent à peine leur souffle entre deux baisers. Boucles brunes qui tombent de chaque côté de son visage, leur offre l’intimité d’une bulle supplémentaire, alors que, hissé contre lui, ses bras s’enroulent autour de son cou et ses jambes se referment contre sa taille. Il le sent, là, tout contre lui, désir latent sous les vêtements, envie de plus. Gourmandise certaine, pas d’appréhension, juste une forme d’excitation, tantôt maladroite durant leur périple, qui lui arrache quelques sourires amusés, tantôt intense et enflammée. Légèreté qui les porte comme s’ils n’avaient que vingt ans, découvrant leurs premiers émois, alors qu’ici, la trentaine est déjà embrassée et remplie de responsabilités. Mais tout disparait ce soir. Les engagements de Leone, les sorties comme les voyages professionnels de Dario, la perspective du lendemain incertain et pourtant. Le sicilien se refuse d’imaginer le pire, de les voir se déchirer ou encore de se perdre. Si l’instant est régit par une envie physique et intense de l’autre, son myocarde lui murmure d’autres secrets.

Les regards s’accrochent, lorsque la poignée résiste et que finalement, Dario tend une main pour lui venir en aide. Les rires, qui bercent l’instant maladroit avant qu’enfin, la chambre leur soit dévoilé. Il est ailleurs, le fleuriste, il plane bien trop haut. Docile lorsque son dos vient s’échouer contre le matelas et que son regard ébène, brillant d’admiration et de désir, accroche celui trop clair de Leone. Dario tend les bras pour l’accueillir contre lui, écarte les cuisses pour le faire embrasser sa plus proche proximité, alors que là encore, leurs vêtements, entraves déplaisantes, se hissent entre eux. Mais le sicilien est trop hypnotisé par la soudaine douceur prenant le pas sur la passion partagé, pour réagir vivement. Il se laisse couler dans cette bulle plus tendre, se perdant dans les baisers dont l’affublent le chirurgien, y répondant avec la même verve. La sensation de ne pas avoir à enfermer son coeur à double tours ce soir, mais de pouvoir au contraire le libérer. C’est l’aimer, d’une certaine forme, comme il ne l’a pas fait depuis longtemps. Depuis ses derniers déboires et les souvenirs douloureux allant de pair. Cette sensation de ne suffire à l’autre. Stigmates qui s’étalent encore au creux de sa chair, mais que la seule présence de Leone panse. Pour ce soir ? Pour d’autres soirs ? Il n’y pense pas.
Il n’y pense plus.
La réalité n’a plus sa place alors qu’il laisse ses mains vagabondes se frayer un chemin à leur tour contre le torse nu de son amant, gambadant jusqu'à son dos. Découvrant les muscles de son dos comme jamais auparavant. Serpentant entre les vertèbres, avec douceur et possessivité. Se l’approprier. Chemin d’ombre, tracé de carbone qu’il inscrit dans ses souvenirs.
Ses abdos se compriment légèrement, sous le frisson des doigts d’un Leone qui se dévoile. De cette facette de lui qu’il n’a jamais connu et qui lui plait bien trop. Dario embrasse tout son être, toute sa personne, toutes ses qualités comme tous ses défauts. C’est lui qu’il veut dans son intégralité. Dans cette complicité tendre qui se dévoile progressivement, alors que chacun profite de prendre le temps. Les lèvres rougissent sous l’intensité des baisers alors que bientôt, le sicilien se redresse légèrement pour faire glisser son t-shirt par dessus ses épaules et l’envoyer valser sur le sol, loin du lit, loin d’eux. S’offrir sans retenue aucune, à son tour. Dans l’intermittence des baisers, s’offrent les regards qui se passent de mots. Les flammes de l’envie de l’autre danse au creux des pupilles larges de la semi obscurité. Elles scintillent et ne laisse aucunement place au doute.

Se mordant la lèvre inférieure, Dario vient ensuite glisser une de ses mains le long de la mâchoire de Leone, la laisse remonter jusqu’à son oreiller, se perdre dans ses cheveux, le découvrir encore, inlassablement, yeux dans les yeux, alors que ses lèvres capture à nouveau les siennes. Imprimer son gout, se souvenir de sa chaleur, la chérir dans la distance et la solitude.
Son coeur tambourine trop fort dans sa poitrine, tandis que son dos épouse à nouveau le matelas, que sa senestre glisse jusqu’à la ceinture du jean du chirurgien, pour entamer de s’y intéresser, la défaire. Son bassin languissant du sien, se cambre pour venir à sa rencontre, rafle la proximité, la capture sans la quémander. Il peut sentir son corps, réagir déjà à ces premiers émois. S’il attends presque impatiemment la suite, cette tendresse de savourer chaque seconde comme chaque caresse, le berce bien plus que l’urgence de sentir le bouillant de ses veines contre sa peau nu. Tout prend une autre dimension, bien moins rationnelle, bien plus sentimentale et Dario s’y noie complètement. Parce qu’au fond, il a toujours aspiré à cela avec un homme. Mais d'autant plus avec Leone. Parce qu’au fond, il a toujours eu un fantasme dissimulé, un crush timide sur sa personne, pourtant persuadé qu’il ne pourrait jamais tenter sa chance. Cette chance là, inopinée, dont il se glorifie ce soir, alors qu’il l’embrasse encore, qu’il laisse ensuite ses lèvres descendre contre sa mâchoire, se perdre dans son cou alors que ses mains cheminent contre son torse, en caressent les pleins et les déliés, les cicatrices et les marques. Jusqu’à revenir s’accrocher à cette ceinture ouverte. Laisser ses doigts habiles défaire le pantalon, une main aventureuse braver les couches de tissu pour s’attarder là, contre le brulant de son envie. Le caresser de ses doigts, de mouvements lascifs, lents mais appuyés. Rester contre ses lèvres, leurs souffles s’enlacer, sans pour autant l’embrasser. Se repaitre de ses râles murmurés et continuer encore.
Sceller finalement leurs lèvres de nouveau, de cette passion lascive et langoureuse. Prendre le temps, se perdre en érotisme lent et faire monter la pression, petit à petit.

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Mar 1 Sep - 0:59
Les yeux de Leone parcoururent le torse de Dario dévoilé face à lui, et leur chaleur, malgré la demi-pénombre, caressa chaque parcelle de peau qu’ils observaient, affamés et nonchalants, n’ayant pas honte d’apprécier, et toujours dans le contrôle, dans ce jeu avec soi-même de se demander jusqu’où il pourrait aller, avant de succomber entièrement. Et l’italien avait souvent gagné contre lui-même. L’abandon, chez lui n’était jamais aussi parfait que dans ses moments où, précisément, il testait sa résistance à l’envie jusqu’à son extrême limite. En un sens, la neutralité absolue qu’il s’imposait dans sa vie, une fois jetée aux orties, en même temps que les vêtements, lorsqu’il était certain de pouvoir s’adonner au plaisir simple de contempler la beauté, constituait la moitié de l’ivresse dont il avait besoin. Il avait toujours pris soin de considérer tout un chacun, y compris le sexe qui l’attirait, comme une amitié potentielle, n’aimant pas les obscurcir par d’autres considérations, ou ne s’y risquant pas, par peur d’être rejeté, tout simplement. Alors, avec le temps, c’était devenu une habitude qui, il en avait conscience, avait sans doute découragé de courageux prétendants. Peut-être aussi qu’il était, aux yeux de certains, trop fade, avec sa gentillesse et sa douceur, insensible aux évolutions de son temps, détestant les rencontres éphémères des applications de rencontre, autant par caractère que par détestation de ce qu’il pouvait y lire, de ces mots qui le blessaient, qui insinuaient ce qu’on disait à voix basse, au sein de la communauté. Ou qui, à l’inverse, lui donnaient envie de s’étrangler, en voyant des hommes afficher aussi fièrement leur désir de prendre des risques. Perdu dans ces milliers de profils qui lui hurlaient qu’il n’arriverait jamais à endiguer les fléaux contre lesquels il se battait, et qu’il resterait toujours, aux yeux de quelques-uns, indésirable, dans tous les sens du terme, il avait abandonné très rapidement cette option, installée un soir de solitude intense, et vite refermée. Les rares aventures éphémères qui avaient peuplé ses draps, alors, rimaient souvent avec des accès de souffrances intimes qui se finissaient dans les ombres d’une boîte peu recommandable, un soir. Il n’avait pas pris d’alcool. Il n’en avait pas besoin, il savait pourquoi il était là. Il n’en avait jamais parlé, de cette unique nuit d’abandon, où il avait laissé aux placards tous ses principes, pour juste se donner l’illusion qu’il était semblable aux autres, pour n’avoir que les sens pour s’étourdir, pour se répéter qu’il pouvait vivre. Le matin, il était resté deux heures sous la douche, à essayer de décrasser l’odeur entêtante qui lui collait à la peau, et à effacer ces flashs qui dansaient devant ses yeux, d’étreintes qui n’en étaient pratiquement pas, parce qu’il n’y avait rien eu d’autre que du vide, au milieu des corps qui s’agitaient, se prenaient, s’entrechoquaient. La nausée l’avait pris. Il n’y avait pas eu d’après à cette chevauchée sans gloire, sans but, sans intérêt.

Leone l’admettait, il avait peur, au fond de lui, parce qu’il ne savait pas exactement ce qu’il faisait. Cela faisait tellement longtemps, qu’il n’avait pas aimé sans une relation clairement définie. Il essayait de taire ce doute sourd qui tambourinait dans sa poitrine, mais son regard le trahissait, avec cette gentillesse dont il ne parvenait pas à se défaire, avec ses gestes lents, profonds, et l’appréciation sincère qu’il éprouvait. Il se gorgeait de cette vue, la savourait, avait presque peine à comprendre pourquoi un homme comme Dario pouvait avoir tellement envie de lui. Il résista à l’envie de porter sa main à sa poitrine, conscient que cela ne servirait à rien. Il savait qu’il n’était pas laid. Sans être un grand séducteur, il avait eu de belles amours, et des bouches pour lui murmurer qu’il était beau, des caresses pour le lui montrer. Et il y en avait d’autres qui s’étaient dérobées, effaçant les certitudes. A chaque fois, il fallait tout reconstruire, péniblement. C’était cela qu’il voulait, ce soir : ne plus être l’esclave du blocage de trop, arrêter de tergiverser sans cesse, recommencer à s’aimer, à travers les yeux d’un autre. Il guettait encore le moment où tout s’arrêterait, où Dario se rendrait compte de son erreur, des erreurs. Il y avait presque de la révérence, alors, dans sa façon de l’observer, de le détailler, de la gratitude aussi. Trop. Elle le submergea, alors que le sicilien était là, contre lui, à approfondir leur étreinte, à en abandonner la tendresse suffocante pour glisser ses mains plus bas. Sa respiration s’arrêta lorsqu’il sentit les doigts effleurer ses cicatrices. Instinctivement, cette fois, il sentit ses muscles se contracter, et sa main parut hésiter à chasser celle de son amant. Il se détestait pour ce qu’il allait faire, demander, mais il en avait besoin :

« Recommence. S’il te plaît. »

Il avait besoin de savoir que Dario ne restait pas malgré, mais en raison de. Enfin, non, bien sûr. C’était laid, ça le serait toujours, c’était pétri de souvenirs douloureux, de couloirs d’hôpitaux froids, de matinées trop longues pour un petit garçon, de pieds qui ne touchaient pas par terre, sur la chaise métallique dans cette longue allée blanche où les blouses immaculées passaient, l’air apitoyées, face aux condamnés. Mais cela faisait partie de lui. C’était lui. Son histoire, sa vie, son combat. Le vouloir, c’était vouloir tout cela. Voilà pourquoi il lui serait impossible d’aimer quelqu’un qui ne comprendrait pas sa dévotion à ses causes, parce que lui demander de ralentir, c’était lui demander de se renier, tout simplement. Curieux paradoxe, que de vouloir que les autres aiment ce qu’il détestait lui-même. Hélas, la raison humaine avait ses failles, y compris chez les hommes raisonnables. Et la main descendait, toujours plus bas. Les larmes qui étaient presque montées furent brutalement ravalées, tandis que ses pupilles se dilataient légèrement sous l’effet de l’anticipation, de l’excitation, de cette attente presque plus délicieuse que la réalité du toucher. Oui, il y avait infiniment plus de plaisir à voir les événements coïncider avec les folies qui peuplaient son esprit et embuaient son souffle qu’à leur réalisation. Presque. La chair, après tout, avait autant ses amours que l’esprit. Le désir commandé par le cerveau, à présent, était palpable, et il savait que Dario en conviendrait. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres quand il le sentit se dérober à ses baisers et compter le rythme erratique de sa respiration qui montait, descendait, comme sa poitrine. Ses expirations se firent plus profondes, et ses yeux se fermèrent, savourant les inflexions, le moindre mouvement. Il se perdait tout à fait dans les sensations perdues, qui lui revenaient peu à peu. Son corps entier s’éveillait, définitivement. Il glissait, insensiblement, sur cette pente qu’il ne connaissait que trop bien, celle qui, arrivé au point final, le ferait se déhancher pour emprisonner son amant dans une étreinte de fer et lui imposer son propre rythme, dans une toute autre danse. Mais ce n’était pas encore le moment. Il viendrait bien assez tôt. A la place, il saisit l’opportunité, et ses yeux flambèrent doucement alors qu’il prit la main de Dario dans la sienne, l’empêchant de continuer, avant de s’allonger, avec une lenteur calculée, son regard ne quittant jamais celui du sicilien, lui faisant passer mille promesses, mille envolées, à tel point que bientôt, il y en aurait trop pour compter, l’attirant avec lui à mesure qu’il restait, finalement, appuyé sur son coude, ses effets toujours en bataille, et qu’il guidait à nouveau l’exploratrice vers ces mondes à portée de désir. Son expression, animée par un défi amusée, disait ce qu’il n’aurait pas osé proposer. Le langage du corps était plus aisé à manier pour vaincre sa timidité. Il se serait senti ridicule, à ordonner. Alors, il suggérait, tentait. Et avait aussi l’envie secrète et peu avouable de voir, encore et encore, que Dario serait avec lui comme avec les autres hommes qui peuplaient ses nuits. Ils en avaient parlé, parfois, comme des amis pouvait avoir des conversations sérieuses sur la sexualité, leurs attentes, leurs déconvenues. Là encore, ses paradoxes sautaient aux yeux, à vouloir ne pas être un parmi d’autres, mais à vouloir s’y fondre pourtant, pour ne pas être à part, pour se convaincre qu’il était aussi séduisant que tous ceux sur lesquels Dario avait un jour posé ses yeux. Ses yeux qui, là, étaient sur lui, comme ses mains, et Leone se surprit à penser qu’il aurait aimé passer l’éternité à être aimé par de telles pupilles.

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Dim 6 Sep - 23:20
La supplique de Leone est gorgé d’un mélange de détresse et à la fois d’envie. Sous ses doigts, Dario le sent fébrile et finit par s’exécuter, alors que sa senestre continue de descendre dangereusement vers son but ultime. Lui, se contente de savourer de nouveau la douceur des caresses qu’il déroule sur ses cicatrices. Sur toutes ces marques qui composent l’italien et que le sicilien accepte sans chercher à les fuir. Il pourrait les éviter, mais il n’en est rien. Au contraire, il embrasse chaque imperfection du bout des doigts et se l’approprie, d’une façon bien plus douce. Ici, il n’est pas question d’un besoin urgent et d’un plaisir faussé. La tension monte, lancinante, les berce de son rythme lascif alors que déjà, ses doigts aventureux trouvent leur but et que la pression grimpe d’un cran.
Caresses qu’il connait par coeur, dont il maîtrise la lenteur du rythme ou au contraire, la rapidité du précipice vers lequel guider son partenaire. Les affres des incartades ne semblent plus avoir de secrets pour un Dario qui pourtant, vit l’instant d’une toute autre manière. Peut être parce que pour une fois depuis bien longtemps, son partenaire compte pour lui. Il n’est pas ici question de l’abandon pur et simple de la chair, du péché consommé et si vite évaporé. Tout prends une autre dimension, bien plus intense, sous la complicité.

Avalant les soupirs de Leone à chacune de ses impulsion, il laisse un sourire flotter sur ses lèvres. Là, le gardant tout près de lui, alors qu’il en profite pour se débarrasser de ses chaussures de quelques mouvements de pieds, tandis que son propre désir grimpe encore, gagne en ardeur. Etroitesse sous le tissu.
Regard interrogatif lorsque la main est stoppé en plein élan, que les yeux se cherchent et se parlent et que le chirurgien inverse leurs positions, se recule pour s’allonger à son tour, choir sur le dos et l’inviter à revenir vers lui, d’une simple oeillade capturée. Le sicilien n’attend rien de plus pour s’approcher, s’installer à califourchon sur ses cuisses, alors que sa main retrouve son chemin tant désiré. L’autre quant à elle, sénestre aventureuse, glisse de nouveau contre l’aine, puis le torse, remonte pour s’approprier la chair claire, imprimer contre sa peau les pleins et les déliés. Graver l’instant dans sa mémoire, aussi éphémère ou durable soit-il. Et les caresses reprennent, là, comme ça, alors que ses yeux savourent le spectacle de ses muscles se contractant, de ses lèvres s’entrouvrant pour laisser échapper quelques suppliques soufflées murmurés. Juste des souffles, sous le corps qui se crispe et la raison qui tangue.
Il n’a peur de rien, Dario. Tête brulée qui ici, ce soir, est en confiance totale avec son partenaire. Connaître Leone, ses forces comme ses faiblesses. Avoir appréhendé le sujet de sa maladie et être lui même. S’il est toujours cet amant brulant ici, il n'en est que plus attentionné encore que lors de toutes ses aventures généralement insignifiantes. Un moment arraché à la nuit, qui s’évapore, aussitôt les derniers soupirs expiés. Contrairement à cet instant là, qu’il veut faire durer, encore et encore.

Ralentissant ses mouvements, Dario finit par se pencher, laissant leurs peaux s’épouser, communiant avec la chaleur de l’autre. Ses lèvres capturent de nouveau celles de son amant dans un baiser brulant, qu’il a aussitôt fait de faire durer, alors que d’une main hasardeuse, il capture le tiroir de la table de chevet, l’ouvre pour laisser ses doigts trouver un salvateur morceau de latex, alors qu’il reprend son souffle, dans un sourire bien trop large. Baisers qui reprennent, dérivent, le long de sa mâchoire, jusqu’à son cou, alors que progressivement, il descend. Gagne ses clavicules, puis son torse, n'évite pas les marques, alors que ses dents s’arrêtent sur un de ses tétons, le mordille légèrement, font grimper sa sensibilité, alors que sa main gauche accompagne de caresses, s’approprie une nouvelle fois le laiteux de sa peau. Dario dérive encore, descend, laisse ses lippes charnues savourer chaque centimètre de l'albâtre de son torse, qui tressaille sous le sillons de ses baisers. Jusqu’à ce que ses yeux sombres se redressent, affrontent les siens et qu’un sourire s’ourle au coin de ses lèvres. Son corps lui, est descendu à mesure de sa quête, alors qu’il ne se redresse que légèrement, pour défaire l’emballage, en capturer le plastique et venir délicatement, non sans l’affubler de quelques nouvelles caresses juste avant, l’en protéger. Les confidences ont fait acquérir un certain savoir à Dario, sur la condition de celui dont il s’apprête à partager la nuit. Sur ses insécurités comme au contraire, ses vérités. Il ne craint rien. Certainement pas lui. Plus rien ne peut l’arrêter et s’il s’avère attentionné pour que chacun des deux savoure le moment sans gêne ni crainte, cela ne réfrène en rien ses ardeurs.
Mine provocante dont ses traits se parent, alors que déjà, ses lèvres se veulent joueuses, descendent entre ses cuisses, embrassent et titillent, jusqu’à finalement, capturer en leur sein cette envie dressée. Expérience forgée par l’abandon et le manque cruel de barrières, qui le pousse à aller chercher toujours plus loin. Les mouvements sont lents, saupoudrés des caresses de ses mains capturant ses hanches, de ses doigts se voulant possessifs alors qu’il s’abandonne à le vouloir toujours plus profondément, sans jamais tressaillir.
Le sentir lui, défaillir. Se repaitre de ses râles, de son corps se cambrant, de ses doigts cherchant refuge dans quelque chose de tangible. Cette toute puissance de l’avoir à sa merci, alors que ses prunelles ébènes ne ratent rien du spectacle. Maître de ces caresses.
Bourreau de ses soupirs.

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Lun 7 Sep - 0:53
Chaque fois que la main de Dario se perdait sur le torse de Leone, qu’elle touchait la chair grumeleuse, noueuse, de ce blanc légèrement boursouflé qui trouait sa pilosité, de ça de là, ce dernier retenait son souffle, avant d’émettre un son rauque qui n’aurait pas dépareillé avec une réaction à de toutes autres caresses, comme s’il lui était presque plus agréable d’être touché à cet endroit qu’à certains au caractère érogène plus universel. Il avait déjà eu des partenaires qui s’étaient attardés, pour lui montrer que cela ne les dérangeait pas, qu’ils comprenaient ce que cela pouvait représenter pour lui, que de se montrer de la sorte. D’une certaine façon, cet empressement à le rassurer ou, au contraire, à éviter de s’y attarder avait tendance à lui indiquer si la relation serait éphémère ou pas. Pourtant, il comprenait qu’il y ait une réticence : ce n’était ni beau à regarder, ni doux à toucher. Il y avait plus intéressant à explorer, à n’en pas douter. Mais … il aimait pouvoir transformer l’amertume du miroir, le matin, en un souffle rauque, en une sensation délicieuse, en une buée sensuelle qu’il exhalait et permettait d’effacer entièrement l’image dans ce fameux miroir, qui avait tendance à déformer ses peurs jusqu’à l’engloutir, comme un monstre sorti de l’imaginaire d’un enfant et qui restait, sournoisement, à l’attendre, non pas tapi sous le lit mais trônant dans la salle de bain. Pour autant, cela ne l’avait jamais empêché d’apprécier son physique, de se savoir raisonnablement désirable, d’avoir confiance en lui dans la vie. Cependant, le savoir et le ressentir ainsi n’empêchait pas la crainte du rejet de s’insinuer, sournoisement, lorsqu’il se demandait si tel ou tel homme l’aimerait. Et il n’avait pas besoin d’avouer qu’après sa précédente déconvenue, se retrouver dans ce même lit, avec quelqu’un qui, non seulement ne partait pas, mais qui plus est prenait son temps pour explorer en détails l’objet de ses angoisses … C’était réconfortant. Et puissamment érotique. Les mauvais souvenirs s’effaçaient, remplacés par le plaisir simple d’une respiration proche de la sienne, et d’une main ferme qui s’accrochait, cheminait, et ne le quittait pas. Egoistement, il aurait voulu que ce moment ne s’arrête jamais. Qu’il continue à l’infini. Qu’il n’y ait jamais d’après. Que Dario continue d’aimer ses meurtrissures, pour qu’il se souvienne qu’elles faisaient partie de lui, et qu’il les aimait pour ce qu’elles représentaient : le fait d’être un battant, un survivant, de ne pas avoir abandonné, et le chemin parcouru, si long et sinueux, mais fou, en un sens. Le Leone enfant aurait-il cru, si on le lui avait dit qu’un jour, il serait dans cette position, à susciter l’envie chez une autre personne, et que cette dernière le voudrait pour tout cela ? Sans doute pas. Sûrement pas. Il n’y avait pas d’horizon, au dehors, seulement la main de sa grand-mère qu’il pouvait toucher, à travers la bulle. Déjà, la main l’emportait loin, et il avait besoin de l’arrêter, de changer.

Allongé, il pouvait offrir à Dario tout le loisir de le découvrir, autant qu’il le voulait. Il se rendit compte, distraitement, qu’il en avait rarement laissé l’opportunité, avant, et sûrement pas aussi vite. Leone se sentait néanmoins en confiance, et plus à l’aise aussi pour se montrer dans sa globalité, amusé malgré lui par les réactions sur le visage du sicilien qu’il guettait, ses yeux se perdant un bref instant plus bas non sans s’étirer en un sourire satisfait, presque goguenard, tandis que ses pupilles s’étrécissaient sous le plaisir de voir le désir provoqué. Il l’observait, ne voulant pas perdre une miette, déjà, du spectacle, pas un instant, car chaque seconde était trop importante. Son propre souffle suivait les mouvements erratiques, savourant la sensation d’une peau contre la sienne, à nouveau, la chaleur des doigts qui progressaient. En vérité, en sentant son corps sur ses jambes, il luttait déjà contre l’impatience de cesser cette torture si appréciable et d’emporter Dario, de le plaquer contre le mur, et de se laisser aller à des tendresses qui n’en avaient que le nom, tant la sauvagerie de la pensée le brûlait, l’irradiait, le rendait presque plus fou que ses baisers, alors que … Il aurait pu passer des heures à l’embrasser. Des jours même. Est-ce qu’il y avait une limite au nombre de baisers qu’on pouvait donner ? Il allait se faire arrêter pour excès d’envie, et cela ne l’empêcherait même pas de continuer.

Un instant, le cours de ses pensées s’arrêta alors qu’il entendait son partenaire farfouiller pour trouver un préservatif et il se releva légèrement, pour lui indiquer où chercher, avant de se repositionner en constatant qu’il n’y en avait pas besoin. Il savait ce que cela voulait dire, et l’anticipation se disputa à l’appréhension. Il savait que l’usage était assez rare, pour la gourmandise. Et qu’il était idiot de ne pas réussir à y renoncer, même pour ça. Enfin, non, il y avait d’autres dangers que le VIH mais … il travaillait depuis suffisamment longtemps dans le domaine de la santé sexuelle pour admettre que le reste n’avait que peu d’emprise sur l’urgence du plaisir. Sauf que cela induisait l’angoisse stupide de ne pas être assez aventureux, de ne pas être assez bien. Brusquement, la différence d’expérience entre Dario et lui le saisit, et il se sentit moins sûr, gauche. Maudites insécurités qui revenaient sans cesse le hanter. Il en venait à se dire que ce dernier devait à moitié regretter, avec toutes les contraintes qu’il imposait, qui étaient de rigueur normalement, et qui étaient pourtant si souvent délaissées, parce que cela n’arrivait qu’aux autres.

Toutes ces circonvolutions furent instantanément oubliées quand les baisers délaissèrent ses lèvres pour s’adonner à d’autres vénérations. Son souffle se coupa. Il avait oublié la sensation, cette mort lente où le monde se refermait sur un centre unique, ou plus rien n’avait d’importance que les promesses susurrées de ce bouche à peau enivrant. L’onanisme solitaire n’aurait jamais la même douceur que celle qui l’emportait à cet instant présent. La moiteur de la chambre, écho de la tension qui y régnait, rendait hommage à celle qui le submergeait de caresses, à cet instant précis. Aucune pensée cohérente ne parvenait à se former dans son esprit. Ou plutôt, si, des éclairs, entrecoupés de tempêtes à l’intensité trop folles pour son myocarde qui ratait des battements à chaque mouvement nouveau. Ses reins s’agitèrent, mécaniquement, happés déjà par ce qui retenait son envie. Enfin, était-ce seulement possible, alors qu’il exsudait littéralement le plaisir par tous les pores de sa peau. Ivre, il l’était. Et comme tout bateau ivre, il tanguait, désireux d’en connaître davantage, de se perdre. Il rouvrit les yeux, et manqua s’abîmer définitivement en voyant son amant sur lui, sous lui, tout dépendait du point de vue avec lequel il le regardait. Leone ne connaissait pas expérience plus extrême que de baisser le regard vers un homme qui l’adorait. Le spectacle, néanmoins, ralluma le feu de ses ardeurs, et il sentit son bassin accélérer silencieusement ses admonestations. S’étant redressé légèrement, il vérifiait toujours que Dario n’avait pas atteint sa limite, sa main finissant par quitter le bord du drap auquel elle était précédemment fiévreusement agrippée pour venir caresser la chevelure brune. Les lèvres trop audacieuses, cependant, lui arrachèrent un nouveau frisson, et sa main se referma instinctivement, comme pour intimer de continuer, de ne surtout pas s’arrêter, de l’emmener … où il voudrait. Mais pas tout seul.

« Je me sens égoïste à profiter ainsi de toi … On devrait être un peu plus … flexible ? »

Un clin d’œil taquin fut adressé, tandis que Leone écartait doucement Dario. Avant de déclarer, sa voix grave rendue de bronze par le désir qui l’animait :

« Enlève ton pantalon. Je veux te voir. Que je vois à quel point tu me désires. A quel point tu as besoin de moi. »

La douceur ordinaire de son expression était morte, oubliée, remisée, pour afficher un visage éclairé par la lueur prédatrice de son regard. Il savait que le vibrato de sa pomme d’Adam n’avait émis que des graves, dans les basses, comme un grondement de loup affamé. Il ne cachait pas ce qu’il voulait, ce qu’il aimait aussi : le contrôle, souvent, le jeu d’imposer ce que l’autre voulait, surtout, la passion des mots qui caressaient autant qu’ils ordonnaient. Ses yeux ne quittaient pas le sicilien, brûlants, inquisiteurs, épousant chaque centimètre de peau dévoilé, avant de se caler, sans honte aucune, vers l’objet de sa convoitise, constatant à nouveau le supplice causé par l’emprisonnement dans le textile. La brûlure dans son corps s’accentua, alors qu’il constatait l’effet de ces moments passés ensemble, de ce que cela avait provoqué chez son partenaire. Contrairement à ses précédentes paroles, en réalité, Leone était égoïste. Autant l’admettre : il cherchait son contentement, à observer ainsi le corps offert, à se gorger de sa vue, et de ce qu’elle disait de lui, aussi. L’amour était un jeu à deux, mais à vrai dire, il était aussi plaisir solitaire, que d’aimer offrir, plaire, donner, recevoir, prendre. Se détendant pour récupérer à son tour une protection nécessaire, il s’approcha, remontant la couture d’un doigt lent, puis redescendant, découvrant à son tour. Il fit glisser la barrière, ne quittant pas Dario des yeux, le couvant, l’enveloppant dans la chaleur de ses prunelles qui ne s’abaissait pas, bien au contraire. Et une fois le désir libéré, pleinement libre de s’exprimer, il déchira le papier du préservatif avec ses dents, avant de l’y porter avec les mêmes outils tranchants, soufflant avec cruauté sur le cône offert, s’amusant de ses vibrations sous l’effet du plaisir. Il l’enfila, toujours avec les dents, avec lenteur, centimètre de latex par centimètre de peau, sa respiration préparant sa conquête, dans ce chaud et froid ardent qu’il avait pris l’habitude de maîtriser. On pouvait s’amuser, après tout, avec cette barrière. Nul besoin de n’y voir qu’une contrainte. Et quand, enfin, l’entièreté fut enveloppée, sa langue préféra vérifier l’acuité de son travail, remontant le long de son œuvre avec volupté. Finalement, il traça le chemin vers sa bouche, avant de s’y arrêter, et de la mordiller, pour exhaler finalement entre ses lèvres :

« J’ai l’âme d’un compétiteur … »

Délaissant Dario brièvement, il s’éloigna pour s’allonger, dans l’autre sens, pour l’inviter à se positionner au-dessus de lui. Il y eut quelques moments d’ajustement, mais sa nuque légèrement redressée put enfin être à porter de son objectif, et cette fois, les deux hommes commencèrent à cheminer de concert sur le sentier de leur folie sensuelle, se perdant dans le double des sensations, alors que les mains de Leone se perdait, agrippant ce qui pouvait l’être, pour en obtenir toujours davantage. Affamé il l’était, de Dario et de son odeur, de son désir, de lui, de tout ce qu’il représentait, maintenant, entre ses mains et ses lèvres, dans ses draps, au creux de ses envies et de son cœur.

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Mar 8 Sep - 18:11
Il s’applique dans ses gestes et s’emporte sous ses attentions. Le temps s’est arrêté depuis le moment où ils ont franchit maladroitement le seuil de cette chambre, dont la porte restée entrouverte témoigne de l’urgence de dévorer l’autre, de le gouter. De s'en repaitre. Alors oui, Dario se perd dans cette danse fiévreuse, sous le gout sucré du plastique à thème, de la chaleur de l’instant qui lui monte au joue, sous son épaissie tignasse brune que Leone vient caresser. Son sang bout, d’impatience et à la fois, du plaisir de le rendre fou. Se repaitre de ses soupirs, de ses doigts s’accrochant aux draps qu’il délaisse finalement, l’incitant à poursuivre, d'un geste léger et pourtant explicite. Là, comme il sait si bien le faire, profondément, passionnément. L’ombre d’un sourire passe dans ses yeux, alors qu’il redouble d’ardeur, jusqu’à ce que la voix du chirurgien s’immisce entre eux. Yeux sombres qui se lèvent vers son visage, alors qu’il l’écarte finalement, doucement, et que Dario le délaisse, intrigué, docile. Sourcils haussés sous le vague des mots, alors que Leone se veut joueur.
Sourire qui se greffe au coin des lèvres du sicilien, des nouveaux mots lâchés, alors qu’il s’exécute. Se redresse, face à Leone, pour défaire son pantalon et le retirer, accompagné de son boxer sombre, les laissant tous les deux s’échouer sur le sol. Se révéler à son regard avide. Sourire bien plus taquin, bien plus provocant, qui étire à son tour ses lippes, alors que ses doigts vagabonds, se greffent sur son propre désir pour le caresser sous son regard brulant. « Je ne suis pas sur d’être le seul à avoir besoin » Il insiste sur ce nouveau mot, sans lâcher son sourire, laissant ses yeux joueurs s’ancrer dans les siens. « Méfies toi, je pourrai te faire languir » Lance t-il de sa voix suave, grave, qui se perd dans un murmure rauque.
Tout devient érotique et lascif, soudainement, alors que sous les premières caresses, naissent pourtant l’envie de plus. L’envie de l’autre. Encore et encore.

Leone se révèle, différent, bien plus dominant, presque autoritaire. Terriblement brulant. Et cette seule découverte ne fait que ragaillardir l’envie et le désir d’un Dario tout autant à sa merci que décidé à le torturer à son tour, sous l’expertise de ses caresses appuyées. Cette autre facette de lui l'intrigue tout autant qu'elle le fascine et parle à ses envies.
Il le laisse faire, s’approcher, s’imposer. Offert à ses gestes, désireux de le voir faire. Curieux de faire tomber la pudeur. Dario délaisse son corps pour observer le spectacle tentateur qui s’exhibe sous ses yeux. La façon terriblement érotique dont il sent la caresse des dents, le plastique s’enfilant sous la tension palpable, alors qu’il tressaille sous les sensations. Il jure. Il jure en italien, dans un murmure, les yeux se fermant un instant, lèvres entrouvertes, en sentant sa langue remonter là, traitresse qui n’a de cesse de le titiller, jusqu’à ce que la proposition soit lancée, sous forme de jeu. Sourire qui s’ourle sur le visage du brun qui s’empresse de le rejoindre. Là, sur ce lit aux draps déjà altérés de leur présence. Il comprend, sans avoir besoin d’explications. Amant emporté, avide d’expérience et de nouveautés. Fasciné et ici, plus brulant que jamais.
Reprendre son oeuvre, dés lors qu’au dessus de l’italien, il s’installe, tête abaissée, langue rebelle qui vient déjà reprendre son dû. S’adonner à le rendre fou, faire grimper la fièvre alors que les premières caresses dont il l’affuble à son tour, le font frissonner. Le plaisir s’insinue dans ses veines, son bassin se cambre légèrement, va à la rencontre de chacun de ses gestes, alors que lui même l’emporte dans la profondeur de sa gorge. Il tourbillonne, immobile pourtant. Sous les tambourinements violents de son coeur, sous cette envie qui grimpe, toujours plus haut, atteint des sommets. Les secondes sont des heures, entre supplique de continuer et torture inlassable. Il en perd la tête. Se voudrait céder. Et pourtant, il lutte, savoure.

Jusqu’à se sentir là, cheminer vers la falaise, s’approcher du bord du gouffre et refuser de céder si vite. De chuter de si haut. Il s’écarte, doucement, non sans parsemer la peau laiteuse de son amant de baisers laissant sur leur passage, un sillon brulant.
S’il se laisse ensuite choir sur le dos, juste à ses côtés, c’est pour mieux l’attirer à lui ensuite. Guider de ses mains son corps jusqu’au sien. Capturer ses lèvres, savourer leur gout sucré et fruité, alors qu’il l’embrasse, d’une pulsion passionnée. Danse langoureuses de celles qui se retrouvent, alors que sur leurs corps, luit déjà cette pellicule de l’effort. Alors là même qu’ils n’en sont qu’aux prémisses. Il demande, par ses bras qui s’accrochent, par ses mains qui caressent, par celle, joueuse, qui descend jusqu’au bas de son dos, alors qu’en reprenant leur souffle, c’est un sourire qui illumine son visage.
Le laisser dominer, s’imposer, lui appartenir, dans une forme de possession des soupirs et du plaisir de l’autre. Mélodie à deux. Lui faire une place, au creux de ses cuisses. L’accueillir contre sa chaleur, volcan en ébullition, peau-lave-en-fusion. Souffle brulant qui enlace le sien, alors qu’il se cambre, amplifie le contact de leurs bassins, le chercher et le provoquer. « Montres moi toi aussi, comme tu me désires » Murmure t-il, au creux de son oreille, avant que ses lèvres ne viennent s’échouer dans son cou, qu’il le marque, de sa présence, de cette nuit, de cette découverte mutuelle, au creux de ses draps. La lune comme témoin et leurs propres coeur, qui pulsent à l’unisson.

Aucune peur, aucune hésitation. Aucun refus, aucune appréhension. Son esprit s’est déconnecté de tout, pour s’abandonner seulement aux sensations. À tout ce qui pulse trop fort en lui, à cette envie furieuse qui ne le délaisse pas. Endurant. Insatiable. D’autant plus quand les affres du coeur s’en mêlent et font briller dans ses yeux, l’intérêt véritable. Celui là même qui décuple chaque caresse, chaque baiser comme chaque soupir. Connaître le partenaire et découvrir l'amant.

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Lun 14 Sep - 19:55
Lorsque Dario se retira de leur étreinte parallèle, Leone émit un léger grognement de manque, bien qu’il ne manquât pas de comprendre que, loin d’être fatigué, son partenaire préférait arrêter leurs réjouissances pour préparer d’autres agapes. Est-ce que cela l’aurait contrarié que de conclure ainsi, à l’unisson, en donnant tout en recevant, en profitant de ses mains, des yeux, de tout son corps qui s’arc-boutait sur sa mission : tout ressentir, tout voir, tout enregistrer, et en même temps, tout abdiquer ? Peut-être pas, en y réfléchissant. Cela aurait été beau, à ses yeux, que d’atteindre l’acmée avec ses mains entremêlées sur le dos de son amant, et son souffle autour de son désir brûlant, tandis que lui-même l’adorait à sa façon, suave et lente, tentatrice et languide. Alors que le sicilien avait presque réussi à le faire défaillir plusieurs fois en l’aspirant dans un monde qui l’accueillait bras ouverts et bouche moite, il avait préféré déployer sa propre science du mélange entre l’attente et le don, son souffle rendu rauque par la souffrance ressentie à contenir l’explosion de ses envies torturant presque l’offrande dont il s’occupait, avant de donner, encore et encore, centimètre à centimètre, pour finalement prendre et dévorer. Même ainsi, dans cette position, le trentenaire semblait aimer imposer son rythme, se repaître des soupirs qui tapissaient sa chambre, l’envahissaient, et la décoraient de souvenirs autrement plus doux que certains qui l’avaient peuplé quelques minutes à peine avant. C’était cela qu’il avait voulu : balayer les soucis, les douleurs, les regrets, les appréhensions, et s’autoriser enfin à laisser son corps palpiter de nouveau, sans peur. En un sens, il était heureux que cela se soit passé avec Dario. Parce qu’il voyait bien que son ami avait tout fait pour le mettre à l’aise, s’était accommodé de ses difficultés et n’avait pas rechigné à utiliser certaines confessions sur ses préférences pour que tout se déroule au mieux. Grâce à ces précautions, au soin qu’il prenait à le faire sentir vivant, là, entre ses cuisses et au milieu de ses lèvres, sans qu’il ne sache plus très bien à qui appartenait quoi, tant tout se mélangeait dans son esprit, pour le meilleur et pour le plaisir, Leone avait oublié qu’il avait été seul si longtemps, qu’il crevait de peur de le rester, et qu’en même temps, il ne savait pas s’empêcher de le redevenir. Il ne se posait pas ces questions sempiternelles qui l’assaillaient sans cesse lorsqu’il aimait un homme pour la première fois. Il ne se demandait pas si ce dernier fuirait, s’il était à la hauteur des attentes, et surtout, il n’anticiperait pas la rupture qui viendrait forcément. Parce qu’on se lassait de ses craintes. De ses manies. De ses limites, aussi. Lui-même s’en voulait, de ne pas passer outre. Quelle ironie, s’était-il souvent répété, que d’aider les autres et d’être incapable de résoudre ses propres soucis. Là … Dario partirait s’il le voulait, parce qu’ils ne s’étaient rien promis, et il ne lui en voudrait pas. Pour une fois, lui-même pourrait le faire, parce qu’il n’avait rien engagé d’autre que son envie désespérée d’être à nouveau heureux, au moins un peu. Et le plus drôle ? Il s’en moquait entièrement, de savoir ce qu’il se passerait après. Il n’y pensait plus, englouti par ses sens avides et quémandeurs qui, alors que son amant roulait à ses côtés, grondaient, sevrés et déjà en manque de son odeur, de sa peau, de ses râles, de lui.

Le chirurgien laissa le fleuriste l’attirer à lui à nouveau, répondant à son baiser avec la même ardeur, n’hésitant point à se faire conquérant, alors que ses lèvres dévoraient et que ses dents, brièvement, avaient mordillé la lippe adverse comme pour montrer leurs déplaisirs à être séparés de l’objet de leur précédente flamme, avant qu’une moue joueuse ne prenne place, dessinant l’espace d’une seconde une figure plus douce de leurs bouches. Ses mains vinrent encadrer le visage de Dario pour l’attirer à lui, tandis que leurs corps s’épousaient sur le matelas en désordre et désormais bien malmené, pour un baiser plus sensuel, plus doux, aussi, quelque part. Leone remerciait, à défaut de paroles, en actes, décidé à offrir aussi ce que son amant lui avait dit chercher, même un peu, cette intimité tant désirée. Pour encore quelques temps, il voulait aussi tracer sur sa peau les mots d’un poème qui dirait tout son désir non pour son corps, non pour ce qu’il représentait, mais aussi pour lui. Maintenant qu’ils étaient déshabillés, qu’ils étaient enlacés, que leurs jambes étaient perdues dans un labyrinthe inextricable, Leone se rendait compte que non seulement, il était heureux que ce soit avec Dario, mais qu’il était en mesure de lui donner au moins un peu. Ce changement aurait dû lui faire peur. Ce ne fut pas le cas. A la place, il laissa ses doigts tracer la mâchoire, ses lèvres parcourir le cou et ses dents en tracer la jugulaire avec application. Dario jouait aussi à ce jeu, traçant son sillon et y apposant sa propre marque. Leone frissonna, alors qu’il l’écoutait murmurer au creux de son oreille. Sa langue goûta le lobe opposé, comme une réponse directe, la goûtant doucement, avant de remonter plus haut et d’y chuchoter en italien :

« Ti voglio così tanto che voglio divorarti. »


J’ai tellement envie de toi que je veux te dévorer.

« Ti voglio così tanto che sto impazzendo. »

J’ai tellement envie de toi que j’en deviens fou.

« Ti voglio così tanto che voglio che dimentichi anche il tuo nome, in modo che tu dica solo il mio. »

J'ai tellement envie de toi que je veux te faire oublier jusqu'à ton prénom, pour que tu ne dises plus que le mien. Que tu ne saches plus qui tu es, où tu es, seulement que tu es à moi, pour cette nuit, que je ne te lâcherai pas, que tu resteras dans mes bras et que je te rendrai aussi fou que moi. Tous ces mots, Leone les murmurait, en une litanie lancinante, dans leur langue maternelle, entrecoupant chaque anaphore d’un nouveau baiser plus bas, d’une main qui se perdait à titiller, à découvrir, ressasser, se refermer sur chaque mont trop dressé, trop galbé, tout ce qu’il pouvait s’amuser à torturer. Un mince sourire, d’une rare luminosité, éclaira ses traits alors qu’il se retirait du cou de Dario. Ils échangèrent un baiser d’une rare délicatesse, presque incongru après de telles paroles, de telles admonestations, tandis que la main du chirurgien se perdait dans un tiroir. Et la tête de Leone descendit à nouveau, traçant un sillon brûlant vers le bassin du sicilien, contournant ses envies pour picorer les muscles fermes, s’attaquer au haut des cuisses, avant de placer sa langue sur les jumelles trop souvent délaissées, pour descendre vers un point précis sur lequel il appuya, avant de caler rapidement contre ses dents le filtre protecteur, agrémentant chaque progression du latex avec un nouveau souffle entre les cuisses de son amant. Enfin, quelques centimètres à peine plus bas, il se trouva face à face avec l’objet de son désir. Ses mains s’accrochèrent au bassin de Dario, et sa langue commença à explorer son nouvel environnement, goulue et tentatrice, veillant à aimer la moindre aspérité. Tout en caressant la longueur du désir de Dario, Leone laissa sa langue se faufiler plus loin, plus profondément, toujours, sa chaleur traçant un chemin vers ce qu’il voulait posséder. En un sens, il prenait déjà, et son nez humait toutes les flagrances du corps de son partenaire, dans ce qu’elles avaient de plus brutes, de plus érotiques aussi, en un sens. Il sentait sa sueur et les palpitations de son désir, il s’enivrait de le voir se cambrer sous les caresses avides de ses lèvres. Il se repassait de ses tressaillements, des sensations qui le rendaient fou, plaqué contre lui, son propre corps tendu vers son objectif. D’un mouvement autoritaire, il souleva les jambes du sicilien pour leur faire entourer sa nuque, pour qu’il le sente déjà se contracter autour de lui, en miroir des assauts qu’il subissait de sa langue et des réactions qu’elles engendraient. Son voyage l’emmenait vers de nouveaux territoires à conquérir, et il avait soudainement l’âme d’un pionnier qui cartographiait une terre vierge. Sa main droite se mêla à sa langue alors qu’il désirait faciliter son accès à cette fontaine à laquelle il se ressourçait, à cette oasis qui lui faisait oublier sa longue traversée du désert. Désormais entièrement pris par la gourmandise, il ne s’interdisait plus rien, dévorant, avalant, ravageant, désirant aller à la limite de ce qui était possible, de ce qu’il avait deviné et n’avait pu atteindre. Ses doigts étaient les hérauts de sa victoire, leurs tourbillons murmurant en creux tout ce qu’il promettait. Attentif, il veillait à ce que chaque contraction, à ce que le moindre tressaillement soit accompagné par l’action bienfaitrice de sa langue, pour que jamais son amant ne ressente le moindre inconfort, et pour qu’il s’habitue à sa présence, pour qu’il l’apprécie. Pour qu’il l’aime autant que Leone, à cet instant, l’aimait.

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Lun 21 Sep - 1:00
Pourrait il user d’autres mots pour le séduire un peu plus encore ? Certainement que non. Sous les baisers qui cheminent et les dents qui effleurent, se coulent les vers d’une poésie d’un ailleurs, sous leurs accents chantants. Dario en comprend chaque mot et les laisse vibrer en lui, glisser le long de son coeur, jusqu’à s’infiltrer dans son âme, effleurer ce romantisme qu’il calfeutre au fond de son être mais que Leone titille aujourd’hui. Comment ne pas se perdre dans le clair de ses yeux et le brulant de ses soupirs, lorsqu’il s’efforce ainsi de le séduire ? Le faire basculer. Ployer les résistances. Jamais aucune de ses aventures ne s’est mué dans un instant aussi intense et brulant.
Les mots réveillent le coeur là où les baisers bercent le corps.
Et lui, victime de ses attentions comme de ses caresses, se laisse corrompre volontiers. Cette intimité tout aussi douce que brulante, à laquelle il aspire secrètement, mais qu’il noie sous l’éphémère et les moments volés. Le plaisir brut, qui frappe et cogne, avant de terrasser. Mais qui disparaît et s’évade, comme un rêve éveillé. Ici, tout prend une autre dimension. Sous les jeux de corps et les soupirs qui s’échappent, se glissent les méandres des coeurs emportés, tambourinants trop fort.

« Leone… » Et le prénom, comme une supplique en réponse à son vers précédent, lui échappe en le sentant parcourir sa peau de caresses, juste avant que leurs lèvres ne se scellent d’un baiser bien plus doux. Gorgé de la tendresse des mots murmurés. Les doigts de Dario s’évertuent eux aussi, de découvrir un peu plus encore son dos, ses muscles, ses pleins et ses déliés, tout ce qui le compose. Imprimer sa saveur, là, sous sa paume brulante, sous ses doigts possessifs qui capturent la chair pour se l’approprier.
Le laisser descendre, excitation qui grimpe alors que son souffle chaud le rend plus fou encore. De lui, de tout ce qu’il pressent, de tout ce qui l’excite et le pousse à planter ses dents dans sa lèvre inférieure, alors qu’il ferme les yeux pour se repaitre de chaque ressenti. Corps qui tressaille, frisson esquissé. D’autant plus lorsqu’il le sent descendre plus encore, dangereusement. Corps qui se cambre, doigts qui capturent les draps défaits de ce lit malmené. Soumis au rythme de ses caresses, docile et pourtant. Pourtant, le corps de Dario se tend, cherche un peu plus le contact, savoure chacun de ses coups de langue à mesure qu’il en frissonne. Véritable extase qui ne renforce qu’un peu plus son envie de lui. Sceller l’étreinte de leurs corps, mais savourer chacun de ces prémisses.

Léger rictus, froncement de sourcils, sous l’invasion de ses doigts qui rapidement, s’avèrent être une caresse terriblement lascive. Caresses langoureuses qui ne cessent de le torturer, s’alliant au rythme de sa gourmandise et de chacune de ses attentions. Il jure. Encore.
Il jure en italien, de cette langue natale qui prend le dessus, dans ses moments d’abandon. Lorsque ses barrières cèdent, lorsqu’il se perd dans les tréfonds de lui même. Jambes qui s’enrouent autour de sa nuque, bassin qui se cambre un peu plus.
Avide et gourmand.
De lui, de chacune de ses caresses, de cette façon langoureuse qu’il a de le torturer comme de le faire sien. Plus aucun secret, juste les corps qui s’exprime d’un même refrain. Dario soupire, extatique. L’une de ses mains vient capturer la chevelure claire, s’y accroche comme à une bouée. Son ancre, pour garder pied à terre, pour ne pas sombrer. Et pourtant, à chaque nouvelle caresse, le chirurgien le pousse vers le précipice fatal. Celui d’une délivrance saugrenue qu’il ne saurait tolérer aussi vite.
Il le veut.
Entier et sans entrave.
Contre lui.
Souffles contre souffles, peau contre peau. Coeur battant à l’unisson.

Si les incartades de Dario ont été multiples, aucune n’a cette saveur là. Toute particulière. Cette façon de l’aimer, de le chérir de caresses, de l’emporter un peu plus loin encore. De l’apprêter, au confort de l’instant, n’en savourer que chaque seconde, sans aucun regret. Sens aucune gêne. Juste le plaisir, physique et ici, rehaussé des sentiments interdits et des coeurs maladroits. S’il ne se dit pas transit d’amour, l’affection qu’il ressent pour Leone ne rend le moment que plus intense encore. Il le grave dans ses souvenirs, l’inscrit déjà dans les caresses qu’il se remémorera, en laissant ses propres doigts sillonner sa peau. Ses pensées se dissiper et fabuler.

Ses paupières ne se rouvrent que lorsqu’il sent son amant le délaisser de quelques unes de ses attentions pour revenir le dominer de toute sa stature. Draps lâchés pour venir se raccrocher à sa peau, en caresser les épaules, glisser le long de son dos, s’accrocher au galbe de ses fesses dans un sourire taquin et conquis. L’envie, brillante au creux de ses prunelles ébènes alors qu’il reprend ses lèvres, les scellent d’un baiser qui les emporte tous les deux. Passionné et brulant, désireux de plus encore. Véritable brasier incontrôlable. Coup de bassin qui lui échappe. Aller à la rencontre de son propre désir, l’affliger de son envie.
Se donner, alors qu’il lui offre une place de choix là, au creux de ses jambes venant encercler sa silhouette. Le presser contre lui.
Abaisser les dernières barrières jusqu’à le sentir là, progressivement, le posséder. Corps qui se détend, tensions qui s’évadent, froncement de sourcils qui disparait pour ne laisser place qu’à la sensation terriblement grisante, de le sentir là, ne faire plus qu’un avec lui. Communion de soupirs qui parlent, là où les mots sont muets.

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Lun 21 Sep - 2:31
Chaque cambrure de Dario appelait Leone, comme une supplique destinée à la délivrance commune, qui ne lui échappait pas, tant parce qu’il la ressentait dans ce lèvre à lèvre si particulier auquel il se livrait, à ce doigt au cœur et au corps qui s’accrochait, inquisiteur, suivant les ondulations pour mieux les sublimer. Cet appel, le chirurgien le ressentait presque douloureusement, tant le désir le submergeait aussi sûrement que le plaisir qu’il ressentait à en donner. Était-ce étrange que d’être autant comblé, psychologiquement, par les soupirs qui s’échappaient que par l’ivresse plus physique qui avait précédé ? Il n’en avait pas l’impression, mais se le demandait parfois. Il avait toujours aimé donner, ce qui avait étonné certains amants, peut-être plus habitués à des manières plus rustiques, plus brutales. L’amour entre hommes n’était pas exempt d’attendus et de stéréotypes, comme en souffraient les étreintes hétérosexuelles. Pourquoi se restreindre, néanmoins, à certaines pratiques, positions ? Parce que l’on s’y attendait ? Oh, mais c’était des plus ennuyeux ! Alors il se contentait de tracer son propre chemin, au gré de ses envies, des découvertes qu’il avait pu faire sur ses préférences. Maintenant, il les assumait, et il n’en dévierait pas. Oui, peut-être que son amant avait connu des partenaires plus fougueux, plus directifs. Il ne les égalerait pas, et n’en éprouvait pas le besoin. Il avait toujours aimé montrer à ceux qu’il chérissait au creux des draps qu’ils étaient uniques à ses yeux, tous. Qu’ils avaient chacun leur beauté, leurs aspérités. Qu’ils le rendaient fou, tous. Et Dario … oh, il le rendait ivre, même. Il ne savait si c’était le temps passé depuis sa dernière étreinte, ou une évidente alchimie qui traduisait aussi des confidences échangées en toute amitié, mais il n’avait qu’une certitude dans le brouillard qu’étaient devenues ses pensées : un seul mot y existait, s’y trouvait martelé, autant que celui qui expirait sur les lèvres de son amant. Il aimait le sentir réceptif à ses caresses, à ses élans, le voir poussé aussi loin que lui-même l’était, tant il se trouvait à ignorer un impératif qui en devenait presque douloureux. C’en devenait insoutenable, et par extension, exquis. Son propre corps vibrait presque de la tension accumulée et il s’excitait à régner en maître sans partage sur ce dernier, se vengeant en continuant ses admonestations érotiques. Alors que son doigt se perdait à nouveau dans des méandres désormais familiers, il se déhancha pour ouvrir son tiroir et en sortir de quoi continuer ses sévices. Le contact froid de cette aide précieuse le fit doucement frissonner, avant qu’il ne revienne à l’attaque. Cette fois, l’opportun explorateur fut accompagné par un frère curieux. Attentif, Leone traçait son sillon, tout en embrassant tout ce qu’il pouvait, veillant à respecter le langage corporel, les petites crispations puis les belles détentes qui lui signifiaient que tout était bien. Et il sentait que Dario le désirait autant que lui. Pourquoi résister davantage ? Parce qu’il voulait que tout soit aussi doux que possible. Que leur symbiose ne soit pas parasitée par ces scories appelées inconfort et douleur, trop courantes, souvent balayées, oubliées, mais qu’il se refusait à causer. Il voulait leur étreinte douce, passionnée, enflammée, entière aussi. Que l’esprit de Dario soit uniquement focalisé sur lui, sur son plaisir, leur envie. Que rien ne vienne entraver leur union. Surtout pas ce qu’il pourrait éviter. Il le voulait emporté et brûlant de bout en bout, heureux et soupirant de la sorte contre son oreille. A nouveau, ses doigts libres se perdirent au fond de sa commode, pour en ressortir une protection plus adaptée, ultime précaution. Et tandis qu’il se perdait en ultime préparatifs, Leone continuait de son autre main à aimer Dario, sa langue délivrant ses dernières prières informulées : il fallait lui pardonner ses péchés, qui consistaient à trop le désirer, car il se moquait de ses transgressions, entièrement guidé par sa passion. Doucement, il retira la digue dentaire puis releva la tête, encadrant son partenaire avant de fondre contre lui, de l’embrasser encore et encore, de lui murmurer au creux de l’oreille à quel point il le convoitait. Il lui disait qu’il était beau, si beau, avec son cœur qui cognait dans sa poitrine autant que son propre myocarde s’affolait. Ensemble, ils décrivaient leur symphonie, et de cette écriture à quatre mains et deux baisers, il savait qu’il en ressortirait une œuvre digne de les emporter dans le plus insensé des tourbillons de minuit. Et il finit par murmurer :

« Surtout si tu ressens la moindre gêne … dis-le moi. Guide-moi. Aide-moi à t’aimer comme tu le veux, ce soir. »

Lentement, tel un sapeur d’autrefois, Leone se faufila dans la forteresse entièrement défaite. Il enjamba le pont-levis à pas doux, centimètre après centimètre, millimètre après millimètre presque, tant il était précautionneux, peut-être à l’excès. Mais il s’en moquait, parce qu’il restait fidèle à sa ligne de conduite : ce moment, il l’offrait à Dario, et il voulait qu’il le savoure, du début jusqu’à la fin, que ses jolies lèvres ne forment que son prénom, que sa félicité. Un tressaillement l’arrêta dans sa progression, et il se contenta d’onduler, sa main se perdant entre leurs bassins pour venir titiller son amant et l’aider à s’accommoder de sa présence importune. Il le sentit se détendre, et continua sa progression, ainsi que ses privautés, en un équilibre précaire qu’il maintenait grâce à d’excellents appuis au niveau des jambes et de son autre bras. Et chaque avancée était une victoire, un défi. Il se sentait happé, irrémédiablement. Dario était tout autour de lui, contre lui, et ses sens perdaient toute mesure. Lutter pour se restreindre devenait une torture atroce, le feu brûlant au creux de ses reins l’irradiant douloureusement. Il était affamé, et pourtant, comme mû par les derniers recoins de sa volonté, qui se refusait à céder aux élans d’animalité qui pourtant menaçaient de l’emporter, il continuait avec la même délicatesse, la même attention. Il avait entendu ce que le sicilien lui avait confié, qu’il cherchait cette intimité qui lui échappait. Il était décidé à la lui offrir. Et à ce qu’il la voit dans ses yeux, dans ses gestes. C’était important à ses yeux, cette étreinte. Cela comptait, qu’il lui fasse une telle confiance, une telle obole, qu’il lui permette ainsi de le posséder tout entier. Et il comptait. Parce qu’il était beau, intelligent, doux, un ami précieux, un amant qui avait su le mettre en confiance, lui donner envie de se dépasser, de tout lui donner. Il voulait qu’il le sache, par ses caresses, par ses regards, par ses hanches qui commençaient à se démener, à présent qu’ils étaient si perdus l’un en l’autre qu’il eut été impossible de savoir à qui appartenait quoi, que leurs corps se confondaient en un seul, et qu’ils étaient enfin réunis pleinement, entièrement passionnément.

N’y tenant plus, à présent qu’il était certain que Dario n’était plus concentré que sur le plaisir qui montait, Leone céda. Il prit possession de ses lèvres avec voracité, tandis que son bassin sonnait l’halali. Son déhanché puissant manqua le faire vaciller, et il se mordit la lèvre inférieure pour ne pas hurler sous l’effet du ravissement que le mouvement avait provoqué. L’onde d’euphorie s’était propagée jusqu’à ses orteils. Il en laissa échapper un grognement bestial, avant de recommencer. Cette fois, ce fut plus intense encore, et son âme en chavira presque. Aveuglé par la béatitude ressentie, il continua, chaque parcelle de son être hurlant son besoin avide d’être comblée, enfin. C’était un roulement, une houle, une vague qui menaçait de s’écraser, et à l’image de cette dernière, il s’enroulait autour de Dario pour l’éclabousser tout entier, le perdre dans ses abysses. Heureusement, un mouvement imperceptible du drap sous ses doigts le ramena à la raison. Il avait failli se perdre tout à fait. Dans un immense déchirement, il ralentit son rythme, désireux de prolonger leur exquise agonie. Pis, il s’efforcerait de la rendre encore plus infernale. Se redressant sur ses genoux, il mit les jambes de Dario contre son corps, jusqu’à ses épaules et, le dominant de toute sa hauteur, le toisant presque de son sourire momentanément conquérant, il repartit à l’assaut, soldat déterminé à abaisser toute résistance, à obtenir tout ce qu’il désirait. Justement, ce qu’il cherchait fut trouvé, et la perle cachée connut un sort funeste, alors que le bélier tonnait, sourd à ses suppliques éventuelles. Tout entier surplombant son amant, il s’attelait à le perdre autant que lui-même se noyait dans le déluge de sensations qui l’envahissait. Qui à présent, se rendait ? Il ne savait pas, il ne savait plus. Il n’y avait plus que …

« Dario … »

Le prénom lui échappa en un murmure fervent. Avant d’être répété avec plus de force, à l’unisson de ses reins qui s’égaraient dans une danse exubérante. Il n’y avait plus de barrière, plus d’appréhension, juste la délivrance qui arrivait, bercée par les gémissements et les jurons qui se mêlaient, prières et vices mélangés en un limon sensuel qui les emportait sur la pente âcre de la lascivité la plus extrême. Rapidement et sûrement, Leone arrivait au bout de ses forces. Pourtant, désespérément, il cherchait à retarder l’inévitable tout en sachant pertinemment qu’il renforçait la puissance de ce qui le traversait alors qu’il accélérait ses mouvements, espérant trouver l’angle qui ravirait le mieux son amant et heurtant avec une régularité de métronome son réceptacle de plaisir le plus secret. Lui-même était au comble de la fureur. Sa respiration était erratique, ses yeux fermés, ses muscles entièrement tendus vers le mystère qui l’engloutissait. C’est alors qu’il le vit, ce déluge qui l’attendait. Il entendit Dario expirer les foudroiements du plaisir qui l’emportait, et il abdiqua. Son bassin s’arqua et il le laissa entièrement le mener jusqu’aux portes de l’enfer ou du paradis, il n’aurait su dire. A nouveau, le prénom de l’amant mourut sur ses lèvres, au moment où l’explosion le submergea. L’acmé le faucha.

Il fallut de longues secondes avant que les étoiles ne cessent de danser dans ses yeux. Tout son être avait été parcouru d’un intense frisson, et il remarqua qu’il s’était presque affalé contre Dario au moment de l’extase. Tentant de retirer son poids de ce dernier, il ne put s’empêcher pour autant de l’admirer, à cet instant si particulier qui était celui du retour à la réalité, au milieu de la douceur enivrante du souvenir qui restait, et de déposer un ultime baiser sur ses lèvres, contre lesquelles il murmura simplement :

« Merci. »

Une part de lui, égoïstement, avait envie de rester ainsi à jamais, dans cette chaleur qui l’enserrait, le tenaillait. Mais il fallait être raisonnable, hélas. Alors, avec moult précautions, il se retira, avant de s’affaler aux côtés de son amant sur le matelas et de laisser échapper un soupir bienheureux, en contemplant le plafond sans le voir, parce que Dario était encore imprimé sur sa rétine, et qu’il n’avait aucune envie de se défaire de l’image de ses gémissements rauques, de son corps luisant d’une sueur qu’il avait provoquée, et désireux de les rapprocher sans cesse un peu plus. Appel des sens, bien sûr. Mais aussi, éventuellement, demande d’un peut-être qui, brusquement, le laissa sans voix. Plutôt que d’y penser, furtivement, il glissa sa main dans la sienne, avant qu’ils ne se séparent pour entamer un long et nécessaire pèlerinage jusqu’à la salle de bain. En attendant, il n’y avait pas de mal à vouloir profiter encore un peu de sa chaleur, du son de sa respiration, de sa présence. Et après … Il n’avait pas envie qu’il y en ait un. Ou plus exactement, là tout de suite, il n’avait pas envie de se poser la question, tant il avait envie de rester confiné dans son petit bout d’éternité. La séparation lui paraissait impossible. Il ne voulait pas retrouver la froideur des draps froissés.

« Reste dormir. Si tu veux. »

Avec moi. Contre moi. Pour moi. Ensemble.

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Lun 21 Sep - 20:12
Supplique silencieuse, sous l’absence de mots. Seuls les baisers et son corps se pressant contre le sien, témoigne de son souhait. De tout ce qu’il désire ardemment. Ne faire plus qu’un, envie de conclure, par l’apothéose des attentions et des caresses. Fusion des corps là où les murmures et compliments de l’italien, touchent le coeur. Visent juste. Dario se laisser bercer, en savoure chaque intonation, chaque nouveau compliment, alors qu’il laisse un sourire flotter sur ses lèvres, qu’il le serre davantage contre lui. Tout cet instant lui semble presque trop beau pour être vrai. La conclusion de fantasmes inavoués et de souhaits calfeutrés au creux d’un myocarde carapacé derrière la peur de souffrir, encore, du rejet. Il abat ses barrières, abaisse le pont levis de ses sentiments, pour les laisser fleurir. Se sentir important. Là, au creux de son regard, dans chacun de ses gestes. Dans cette façon si bienveillante qu’il a de prendre soin de lui, d’écouter son corps et ses soubresaut. Ses muscles qui tressaillent ou son visage qui s’exprime. « Ne t’inquiète pas pour moi » Murmure t-il en réponse, les yeux dans les yeux et la main qui glisse contre sa joue. Pouce qui en caresse la barbe naissante. « Mais oui, je te le dirais » Le rassure t-il ensuite, conscient que Leone fait preuve d’une attention et d’une tendresse qui dépasse tout ce à quoi il a pu rêver aspirer. Cette étreinte là restera gravée dans ses souvenirs, avec une saveur toute particulière, il le sait. Il le sent. Son coeur le lui murmure.

Baiser qui scelle son affirmation, là pour le rassurer, alors que déjà il le sent s’approcher, s’immiscer, lentement. La légère gêne se dissipe bien vite, sous toute la prudence et la douceur de Leone. Les caresses dont il l’affuble et les secondes qui s’étirent, alors qu’il se fait progressivement une place au creux de ses chairs, ne font que le détendre un peu plus. Si Dario est coutumier des étreintes, celle-ci ne ressemble à aucune autre. Toutefois, il parvient, possiblement plus facilement que d’autres, à contrôler son corps et son plaisir. La fine douleur disparait bien vite pour laisser place à la félicité de le sentir là, contre lui, en lui. De lui offrir sa chaleur et le brulant de ses baisers. Sous les souffles courts, suspendus à celui de l’autre. Le coeur qui s’emporte de chaque sensation alors que bientôt, il lui offre le loisir d’un rythme plus intense, plus soutenu. Il accueille chacun de ses mouvements avec délectation, laisse son bassin aller à la rencontre du sien. Bras qui l’entourent, doigts qui cheminent et pressent la peau d’une marque possessive.
Il s’offre, sans retenu aucune. Sans pudeur et faux semblants. Aussi, bientôt, il laisse l’espace se gorger de ses premiers soupirs, plus rauques, de ses gémissements, alors qu’entre ses doigts, il se veut docile, il se laisse manipuler. Chaque mouvement, profond, frôle ce point sensible et le fait grimper plus haut encore. Dario se cambre, Dario lutte contre lui même, cultive son endurance et ce besoin de faire durer, plus longtemps encore, les précieuses minutes de cette étreinte. Corps enroulés dans une symbiose parfaite, accrochés l’un à l’autre avec la force d’un désespéré. Le besoin, vital, viscéral, de plus. Encore et toujours plus de plaisir, plus de suppliques, plus d’endorphines.

Sourires qui se répondent, miroir de l’expression de l’autre, alors qu’il le domine et que le sicilien se mord la lèvre inférieure, dans un ultime geste provocant. Là, le souffle court et le corps dévoué. Il y a cette dextre, qui s’accroche à la hanche de son amant. Cette sénestre qui elle, empoigne les draps avec force. Le plaisir pulse et pulse encore, plus fort, à chaque assaut de son bassin, de sa peau contre la sienne. Tête penchée en arrière, crinière brune dans les draps clairs, corps crispé de chaque sensation nouvelle alors qu'il s'apprête à sombrer. Luisant de la sueur de l’effort alors que dans un dernier supplice, le plaisir éclate au creux de son bassin, de ses doigts venus lui apporter l’ultime délivrance. Paroxysme de l’instant qui se meurt dans un râle plus rauque, dans un gémissement plus intense, alors que l’italien en tarde pas à le rejoindre. Basculer dans le même gouffre, main dans la main. Lui aussi, ne peut se réprimer quant au fait de laisser son prénom lui échapper.
Souplesse du sicilien qui accueille la stature du chirurgien contre lui, sans aucune forme de gêne. Au contraire, danse sur ses lèvres un sourire conquis, tandis que ses mains effleurent sa peau humide.
Leurs yeux s’accrochent et danse les sentiments murmurés, les relents du plaisirs qui s’égrènent encore en eux. Qui les dévore tout entier pour les laisser planer, voltiger, sur ce nuage cotonneux et doux. Un rire lui échappe au remerciement. Un rire franc, naturel, alors qu’il l’observe se retirer pour s’échouer à ses côtés. Ses jambes viennent s’abattent contre le matelas, alors qu’il passe une main dans ses cheveux humides avant de tourner le visage vers le sien. Accrocher son regard. Voix rauque, encore empreinte des relents du plaisir l'ayant ravagé « C’est toi que je devrais remercier » Avoue t-il, du comble de son amusement et de cette sensation de plénitude. Dario se sent bien. Immensément bien et épanouie comme il l’a rarement été. Pas juste pour le plaisir qui terrasse et abat, mais pour tout ce que cette étreinte a réveillé en lui. Tout ce que Leone a nourrit sans possiblement en avoir conscience. Des espoirs qui peut être, mourront dans l’oeuf, mais qui aujourd’hui le berce et le font rêver.

Il se redresse alors que le chirurgien fait de même, se laisse docilement guider, main dans la main, jusqu’à la salle de bain. Le contact n’est rompu que pour allumer la douche et laisser à l’eau le temps de chauffer. Ce n’est qu’en se retrouvant ensuite, que la proposition est jetée à la volée et arrache à Dario un sourire tendre et conquis. « Oui, j’en ai bien envie » Avoue t-il, de cette joie communicative, de cette euphorie qui s’imprime sur ses traits, alors qu’il s’approche de nouveau de Leone, capture sa nuque et l’affuble d’un baiser pour clôturer ses mots comme sa décision. Il ne lui en faut pas plus pour le convaincre de s’éterniser dans cette bulle qu’ils se sont eux même créée ce soir. Contre toutes attentes. Loin de la réalité platonique et amicale de leur relation. Bien plus intense, bien plus trouble. Mais tellement excitante.  
C'est après s'être débarrassé des plastiques divers, protections salutaires, savourant pourtant leur contact, qu'il prend les devants, récupère sa main dans la sienne et l'attire sous cette vaste douche à l'italienne et les premiers jets d'eau brulante, qui n'ont de fait que de les détendre un peu plus. Dario laisse ses mains devenir baladeuses, son désir de contact reprendre le dessus. Ne pas s'arrêter en si bon chemin.
Profiter encore.
Jusqu'au bout de cette nuit.
« Laisses moi faire » De ce sourire mutin et de cette mine lumineuse, alors qu'il se saisit d'un peu de gel douche, laissant ensuite ses mains vagabonder le long de sa peau.

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Mar 22 Sep - 1:06
Leone aimait prévoir. Il avait l’habitude de soirées rythmées par un calendrier plutôt fixe, dont la flexibilité due aux contraintes de son travail ou de ses engagements divers n’enlevait pas une certaine régularité rassurante. Et cela comblait sa vie, autant que le vide qu’il pouvait y avoir parfois à l’intérieur de celle-ci. Il y avait les dîners avec sa grand-mère, les soirées jeux avec Sirius, les permanences associatives, les sorties entre collègues et, bien plus rares, ses échappées à Broadway, prévues très longtemps à l’avance et presque sanctuarisées. Même dans ses relations, il se rendait compte qu’il avait souvent été celui qui proposait, et qui posait certaines règles. C’était le plus simple : on se plaisait, on sortait, on cherchait à avoir un cadre pour éviter les malentendus, et après, on s’aimait. Là, il se sentait en terre inconnue. Parce qu’il n’aurait jamais pu anticiper de se retrouver à cette heure, dans sa salle de bain, à nettoyer les scories de la passion, encore moins avec Dario. Parce que c’était son ami, et qu’il n’avait jamais pensé qu’il puisse l’intéresser d’une part, et aussi tout simplement qu’il n’avait pas voulu gâcher leur amitié comme avec Jan. Et puis il n’était pas prêt aussi, tout simplement. Quand ils s’étaient connus, il voulait un autre homme, et après, tout était installé, et lui pansait son cœur brisé et ses espoirs déçus en se noyant dans le travail. Comment est-ce qu’on faisait, quand précisément, on ne savait pas quoi faire ? Ce qu’il avait ressenti était du domaine de la tornade sensuelle, il n’allait pas le nier, et il doutait que tout soit entièrement dû au fait qu’il avait été chaste pendant plus d’un an avant cette nuit. Les paroles de Dario lui revenaient en mémoire, celles qu’il avait prononcées avant qu’ils ne cèdent, qu’il ne soit lui-même emporté par cette envie impérieuse d’être égoïste, pour une fois, par sa volonté de ressentir quelque chose, à nouveau, de se voir être désiré. Maintenant, qu’est-ce qu’il en faisait, de ces confidences ? Est-ce que … enfin, est-ce qu’il devait y voir autre chose que de simples assurances hypothétiques ? Et surtout, qu’est-ce qu’il avait envie d’en faire ? Il lui avait proposé impulsivement de rester dormir. Il avait beau repousser les interrogations, elles revenaient sans cesse. C’est donc tout naturellement, et un peu lâchement, qu’il décida de les faire taire alors que les lèvres de son amant venaient se poser sur les siennes tandis qu’il acceptait sa proposition, et momentanément, Leone en oublia complètement qu’il était complètement perdu, pour se replonger dans la saveur de sa bouche, de son souffle contre le sien, de la douceur de son corps contre le sien, sous ses doigts, alors qu’il y répondait presque instinctivement, fiévreusement. Déjà, il fallait se séparer, pour procéder à quelques éléments hygiéniques élémentaires, à son grand désarroi. Il s’y contraignit pourtant, avant de se laisser mener sous la douche. Le jet d’eau chaude lui arracha un léger gémissement, qui fut mêlé à un soupir d’une autre teneur en sentant les doigts de Dario à nouveau sur lui. Pis, il sentait son corps répondre presque instinctivement, et si la période de rétractation n’avait pas existé, il était certain que son désir aurait été plus apparent encore. Il réprima un frisson à grand peine, se mordant la lèvre inférieure pour tenter de garder le contrôle de lui-même, alors que la bête grondait dans sa poitrine, réveillée encore, affamée toujours. Lentement, il se pencha pour récupérer du savon, et sentit la main de Dario suivre son mouvement, arrêtant entièrement sa respiration. Il se redressa vaillamment, tenta de déboucher le bouchon du gel, et l’ivresse de ses lèvres sur son épaule lui fit rater tout à fait un battement de cœur. Leone ferma les yeux.

Brusquement, il lâcha l’objet qui échut par terre et se retourna. Ses bras plaquèrent Dario contre lui alors qu’il l’embrassa avec férocité, comme s’il était incapable de le lâcher. Le feu avait repris. Il ne se contrôlait plus, ou plus exactement, n’en avait aucune envie. A quoi bon se retenir ? Peut-être que … peut-être qu’il n’y aurait pas d’autre fois. Et il en voulait plus. Là, maintenant, tout de suite. C’était une urgence, un besoin, une folie, une souffrance. Il fallait que Dario soit contre lui, qu’il le sente collé à son torse, qu’il hume son odeur, qu’il … soit partout à la fois. Il le mena contre le mur de la douche, avant de le dévorer de baisers, en quittant ses lèvres pour explorer la mâchoire, puis le cou, la clavicule, l’épaule, traçant son sillon et apposant de nouvelles marques. Puis il remonta, murmurant finalement au creux de l’oreille, après en avoir mordillé le lobe :

« Une part de moi n’a pas du tout envie que tu dormes, en fait. »

Mais une autre, plus rationnelle, lui rappela qu’ils n’avaient pas de quoi continuer ces élans, et que cela n’aurait pas été raisonnable, autant par fatigue que par l’inconfort que cela aurait pu susciter chez son partenaire. Aussi Leone savait qu’il devait redevenir sage. A son grand regret. Il n’allait pas le cacher : s’ils avaient pu, il l’aurait emmené au bout du point du jour. Leur intimité lui manquait déjà, surtout cette sensation qu’il pouvait réussir à plaire, et être libre de tout tenter. C’était si agréable, de ne pas avoir peur d’être rejeté, de se sentir libre, vivant. Depuis combien de temps n’avait-il pas été ainsi ? Trop sans doute. Et bien entendu, cela jouait dans son incapacité à contrôler ses élans, comme un adolescent qui découvre toutes les félicités apportées par le contact sensuel. Le monde était brutalement passé du gris à la couleur. Comment revenir en arrière, après cela ? Oh, il y arriverait. Il y était toujours arrivé. Heureusement, ses accès de rage amoureuse ne duraient qu’un temps. Non qu’il se lassât, mais il était suffisamment pris par sa vie professionnelle pour avoir davantage envie, le soir, de s’affaler sur son lit et d’y dormir pendant douze heures plutôt que d’être un véritable athlète du plaisir. Mais là, ce n’était pas le cas. Quoique. A défaut … il pouvait faire durer un peu l’instant. Un léger clin d’œil adressé à son prisonnier, puis il susurra :

« Je vais être magnanime … mais je compte bien t’empêcher de rejoindre les bras de Morphée encore un peu … »

Ramenant du bout du pied la bouteille de gel douche lâchement abandonnée, Leone se pencha pour la récupérer quand elle fut à porter, avant de déposer une généreuse portion de savon sur ses mains, et de s’approcher de Dario pour commencer à le frictionner. Les bras, précédés de légers baisers, puis le torse, dont il malmena avec un peu de perversité les mamelons au gré de son savonnage, puis descendant plus bas pour envelopper les jambes, avant de tendre le reste de la bouteille pour une toilette plus intime. Pendant ce temps, il en profita pour s’éloigner un peu et se positionner sous le jet d’eau, en profitant pour se débarrasser de la sueur, ce filet d’amour qui avait maculé son corps sous l’effort intense provoqué par leur étreinte. Il observait Dario à travers les gouttelettes, sans pudeur, car après tout, il n’y avait plus grand à cacher. Encore que, c’était différent, en un sens, que de le voir ainsi à travers la lumière de la salle de bain, dans cette douche si naturelle, si … normale. C’était tout aussi beau, en un sens. On parlait toujours du plaisir d’avoir un homme dans son lit. Oui. Mais il y avait aussi celui d’avoir un homme dans sa baignoire, dans sa cuisine, près de soi. De le voir dans la passion et dans la tranquillité qui lui succédait. Cette toilette de la sensualité n’était pas une contrainte : elle était, à bien des égards, l’extension de l’intimité partagée, dans toute sa superbe trivialité. Et, taquin, il ne put s’empêcher, lorsque ce fut fini, de demander :

« Tu partages ? »

Son savon, sa nuit, et ses envies aussi. Mais cela, il se garda bien de le dire. Après tout, la question ne se posait pas, surtout quand il la posait.

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Dim 27 Sep - 23:44
Si l’instant se gorge d’une douceur presque lascive, cette dernière ne dure pas. L’attraction de l’autre est bien trop forte pour leur permettre de s’assagir aussi facilement. Aussi, même si Dario pare ses gestes d’une forme de prévenance, ne cherchant pas spécifiquement à réveiller de nouveau cette flamme brulante d’une passion consumée quelques instants plus tôt, la réalité de l’envie de l’autre le rattrape bien vite. Cette soirée, synonyme de surprise et de monde boulversé, se voit renversé par un Leone soudain bien plus possessif, bien plus entreprenant encore, alors qu’il vient le plaquer contre lui. Les lèvres de Dario capturent les siennes alors que ses bras s’enroulent machinalement autour de sa silhouette. Les lèvres du chirurgien venant glisser contre sa peau sont une bénédiction autant qu’une malédiction pour lui tentant de freiner ses ardeurs. Pourquoi, d’ailleurs ? L’envie de ne pas être trop demandeur et pourtant, lorsque Leone s’enflamme de cette façon, Dario ne peut faire autrement que de lui rendre sa passion avec la même verve. Lui dont le bassin vient caresser le sien, dont les doigts s’impriment dans la peau. Dont le sourire s’élargit sous les premiers mots.

Il ne leur faut qu’un regard pour que déjà, l’étreinte en devienne plus passionnelle encore. Entreprenante, sous leurs envies entremêlées. Le dos du fleuriste heurte le carrelage, sans douceur, alors que les lèvres ne parviennent pas à se détacher des siennes. Il s’emporte, véritable tourbillon de sensations qui le prend de cours une nouvelle fois. Il ne peut lui résister, perdu dans les méandres des jeux de corps et de désir. Il le veut. Encore.
Il pourrait le désirer toute la nuit et s’empresse d’ailleurs de le lui avouer. « Je pourrai faire ça toute la nuit » Dans un sourire, dans un air provocant, dans une oeillade tout aussi enflammée que ses sens. Découvrir cette facette de Leone, le découvrir lui, de cette façon, va bien au delà de ses espérances et de ses fantasmes. C’est un tout autre maelström de sensations et d’envie qui joutent en lui dans l’espoir de le terrasser. Elles le torturent, délicates. S’il refuse de se questionner, bien trop conscient que le rêve laissera place à la réalité, il se permet d’en savourer chaque seconde. Retarder l’inévitable. Rester encore dans cette bulle fragile, construite à deux, qui disparaitra bien trop vite. Il le sait, il s’en persuade, pour masquer la vertigineuse désillusion qu’il devra encaisser s’il laisse son myocarde s’emballer trop fort, pulser d’envie d’un jour suivant.
D’un lendemain.
Non en règle générale, Dario laisse aux autres les demains.

« Je compte bien en profiter » Réplique t-il ensuite, car lui non plus ne désire pas laisser le sommeil les prendre en otage aussi vite. Demain, rien ne l’attend. Tout peut attendre. Le monde peut bien se passer de lui encore quelques longues heures, pour lui permettre d’abreuver son coeur assoiffé de plus. Effleurer les peut être, avant d’accepter les certitudes qui viendront bien trop tôt. S’il n’est pas fataliste dans la vie de tous les jours, les méandres du coeur sont un domaine qu’il a appris à ne plus abreuver d’espoirs.
Aussi, s’il n’est que trop conscient, lui aussi, de ne pouvoir continuer sur cette pente abrupte de remettre le couvert sous le jet d’eau brulante de cette vaste douche, il compte profiter encore de leur proximité. Passant ses deux mains dans ses cheveux trempés, il laisse les doigts de Leone parcourir son épiderme et lui arracher quelques frissons, alors que ses yeux viennent de nouveau capturer les siens. Ce contact l’électrise, réveille un désir latent qu’il s’efforce de contenir et pourtant. Pourtant, lorsque le chirurgien réclame lui aussi ses attentions, il ne peut faire autrement que sourire. Largement.
« Avec plaisir » Gel douche capturé dont il vient le badigeonner, alors que ses mains suivent les pleins et les déliés de chaque muscle. S’attardent sur son fessier, sourire aux lèvres et provocation mal dissimulée. Il flirte avec son sourire, capture quelques fois ses lippes, alors que ses doigts s’affairent à le décrasser. Chasser la sueur de l’effort et les effluves du plaisir. Il fait durer l’instant alors que la mousse du savon disparait sous les gouttelettes brulantes. Qu’il caresse pourtant encore le corps de son amant, savoure sa peau, capture sa mâchoire de ses lèvres avant de finalement se décider à quitter le confort de l’eau pour celui de la chambre.

Glanant une serviette il en tend une à Leone alors que chacun se sèche sommairement. Il ne peut s’empêcher de laisser ses yeux vagabonder contre le corps de son amant, sa peau pâle et son charme évident. « Tu es quand même canon, j’espère que tu le sais » Mutin, alors qu’un sourire entre amusé et taquin étire ses lèvres. Serviette essorant ses boucles brunes, alors qu’il laisse finalement le tissu de bain trôner sur le porte manteau de la porte, avant de s’approcher de Leone, glissant ses doigts contre sa taille, ses lèvres proches des siennes. « J’ai juste besoin d’une clope, je reviens » Lance t-il alors qu’il lui arrache un baiser léger et quitte la salle de bain pour le salon, fouiller dans sa veste et regagner la chambre, une cibiche entre les lèvres et un briquet entre les doigts. Il ne fait fi de sa nudité, totalement à l’aise avec sa plastique sculptée par le sport et plus largement, sa désinvolture affichée. Ici, auprès de lui, Dario se sent bien. Bien dans sa peau comme dans son environnement. Beaucoup trop bien pour rêver d’un ailleurs.
Avisant Leone du regard, qui a regagné le lit aux draps défaits ayant soufferts de la passion de leurs ébats, il ne peut s’empêcher de sourire en coin, rejoignant la fenêtre tout à côté du lit qu’il ouvre pour laisser entrer un peu de fraicheur nocturne et surtout, ne pas embaumer l’air des effluves de tabac. Flamme qui brise la faible lumière d’ambiance les berçant tous les deux, alors que ses yeux se perdent un instant dans la nuit, tandis que les premiers volutes de fumées ne s’évadent à l’extérieur. Coudes appuyés sur le rebord de la fenêtre alors qu’ici et là, son regard se tourne pour accrocher le visage d’un Leone probablement en joue des même questions que lui. Briser les tabous, parler de la suite, ou tout ignorer ?

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Lun 28 Sep - 19:06
Sentir les mains de Dario sur lui sans chercher immédiatement le plaisir, même s’il ne niait pas le caractère sensuel du contact, ce que les frissons de son corps attestaient pleinement au demeurant était une expérience particulière pour Leone, qui réfréna son envie brutale de se dérober alors que les doigts passaient sur son torse et que le savon brillait au creux de sa pilosité. La pulsion demeurait vivace, mais il était capable de la dompter, comme cela avait toujours été le cas avec ses compagnons, une fois la barrière de la crainte primaire franchie. Et il voulait la tester, continuer à la sentir refluer, pour ne plus être qu’un mauvais souvenir enterré dans les tréfonds de sa mémoire. Surtout, il se surprit à repenser aux mots de son amant, quand il l’avait assailli, à nouveau, de baisers, quelques instants plus tôt. Oui, lui aussi aurait pu faire cela toute la nuit, mais à vrai dire, il ignorait s’il se référait à l’alchimie charnelle indéniable qui existait entre eux, à ce fil invisible qui paraissait les lier l’un à l’autre et qu’il était impossible de trancher, qui les attirait comme deux amants-aimants dont le seul but paraissait être de se rencontrer, encore et encore, de voir leurs lèvres se posséder et leurs mains se chercher passionnément, ou bien à cette douce fièvre d’entretenir un contact intime sans forcément qu’il y ait une espérance de plus. L’italien savait seulement qu’il appréciait à la fois le désir visible sur le visage de son partenaire, dans ses gestes, à chaque attention qu’il lui offrait tandis qu’il traçait ses muscles et s’attardait sur les rondeurs sous son bassin, ce qui l’obligea à prendre derechef possession de ses lèvres, l’électricité le parcourant ayant été trop intense pour qu’il ne succombe à la nécessité de l’envelopper tout entier contre lui, de le sentir au creux de ses lèvres, autant que la chaleur se développait à l’intérieur de ses reins, et dans les abysses de son cœur en pleine agitation, qui réclamait à grands cris cette intimité qui lui avait été si longtemps refusée. Parce qu’au-delà du désir, puissant et visible, il y avait aussi l’espoir d’une étreinte chaste, purement tournée par la volonté de partager quelque chose d’impossible à définir, un morceau de vie, un moment, une seconde, où il aurait eu l’impression qu’une âme le comprenait, et qu’il la comprenait en retour. Il y avait, oui, cette soif à étancher d’une familiarité partagée, de celle qui se lisait dans les petites attentions journalières, dans le trivial et non le sublime, et qui, paradoxalement, confinait au sublime là où l’extase du plaisir pouvait aisément tomber dans le trivial des sentiments volés et des corps dévorés, abandonnés, consommés puis jetés sur le bas-côté. Il n’avait jamais su faire cela. Voilà pourquoi le chirurgien avait toujours cherché des compagnons avant de trouver des amants. Cette fois, ce n’était pas le cas. Mais il ne pouvait accepter de tels comportements, et pis, il retombait dans ses travers ordinaires, à vouloir la tendresse et la passion, et non uniquement le désir sans attaches qui aurait dû être présent. C’était … en fait, il ne savait pas exactement ce qu’ils avaient conclu comme pacte, lorsque les lèvres de Dario s’étaient écrasées sur les siennes, scellant ce passage d’une amitié platonique à une relation entre adultes consentants. Dario avait parlé, bien sûr, d’une optique plus … longue, mais c’était dans la conversation, dans la projection, non ? Et lui … il avait simplement été heureux d’entendre ces mots, de se sentir voulu, alors qu’il se sentait seul et tout sauf désirable. Le sicilien savait le rassurer, et il était beau, agréable, il sentait bon et il correspondait finalement en tout point aux hommes qui plaisaient à Leone, puisqu’à défaut de type physique, il avait fini par comprendre que son attention allait vers certains profils plutôt que d’autres. Il aimait les hommes solaires, qu’ils soient extravertis ou avec une forme de lumière intérieure, qui étaient capables de l’aider à passer outre ses difficultés personnelles, de le faire se dépasser pour maintenir la relation et lui éviter ainsi de céder à ses tendances d’éloignement forcé par le travail, qu’il soit professionnel ou associatif. Peut-être que … s’il n’avait pas été obnubilé par Jan au moment de leur rencontre, puis trop occupé à soigner sa déception et engoncé dans sa solitude, aurait-il pu le remarquer. Maintenant, cela lui sautait aux yeux, pendant que la vapeur se dissipait alors que l’eau avait arrêté de couler, finalement, et que ses propres coulaient sur Dario, sur son sourire. Il le fixait, en sortant, en récupérant une serviette, en se séchant, silencieux et pensif, absorbé par l’ourlet des lèvres et la blancheur des dents, et l’expression sincère qui s’y affichait.

Sa réflexion, lâchée à voix haute, amusé, le ramena sur terre. Un instant, il arrêta de s’essuyer et s’observa. Touché, trop presque, il n’osa pas répondre que non, il n’en avait aucune idée. Il lui avait toujours semblé étrange de se considérer comme séduisant alors qu’il avait parfois l’impression d’être un véritable repoussoir. A force, l’ennemi invisible et à présent inoffensif qui se reflétait dans les yeux accusateurs et craintifs avait fini par influencer, sans qu’il ne le veuille, et alors qu’il répétait à longueur de journée à tous les autres que cela ne devait pas être le cas, avait façonné sa manière de se voir. Pourtant, il savait objectivement qu’il avait certains atouts. On l’avait souvent complimenté sur son sourire, et son rythme de vie très occupé ainsi qu’un régime calorique mais espacé lui permettait pour le moment de conserver une bonne forme physique. Et de son géniteur inconnu, il avait hérité ses yeux bleus, expressifs et lumineux, qui se voyaient aisément, qui enveloppaient de leur regard pénétrant et tranquille. Il n’était pas laid. Pour le reste … A défaut de l’accepter, il ne détestait pas l’entendre, au contraire. La rougeur légère qui colorait ses traits en attestait, visible malgré la barbe et il finit par déclarer, avec une sincérité qui transpirait par tous les pores de sa peau :

« Je suis juste heureux que tu le penses. Parce que de nous deux, celui qui attire les regards, ce n’est pas moi. »

Et il se comptait dans ce nuage de papillons de nuit qui voletait souvent auprès de Dario. Leone n’était pas aveugle : il avait remarqué ceux qui, au LGBT Center, le suivaient des yeux, et s’en approchaient aussi. Il avait eu vent des commentaires sur sa plastique, parfois explicites. Et il s’était contenté de rire, un peu gêné, ou de baisser la tête vers ses dossiers. La franchise masculine sur la beauté l’avait toujours un peu désarçonné, dans ces moments. Surtout quand on parlait d’une personne qu’il appréciait, et qu’il avait du mal à dissocier de ses sentiments amicaux. A moins que ce ne soit parce qu’il se sentait honteux, brutalement, de se rendre compte qu’il était d’accord et s’en voulait d’avoir ces pensées à l’encontre de quelqu’un qui ne le voyait pas ainsi, et alors même qu’il n’était pas prêt à sortir de sa léthargie amoureuse ? La vérité, comme souvent, devait se trouver entre les deux options. Il le laissa l’embrasser avant de s’enfuir pour retrouver la compagnie d’une cigarette, et quand le vide se fit, il se retrouva seul, en profitant pour respirer et chasser ce tombereau de pensées qui l’envahissait. Il rangea machinalement les serviettes, les étendant, enleva l’eau condensée sous forme de buée des vitres de la douche, puis regagna la chambre, accueilli par la vue d’un Dario à la nudité splendide de nonchalance à sa fenêtre, la cigarette au coin des lèvres qui l’avaient quitté plus tôt pour lui préférer cet emballage à l’odeur âcre. Il ne chercha pas à cacher la façon dont il le détaillait, alors qu’il refaisait un peu le lit, ou du moins ce qu’il était possible de sauver en défroissant les draps et en les retendant correctement, avant de s’y étendre, sur le côté, son coude contre le matelas et servant d’appui à sa tête alors qu’il se perdait dans sa contemplation, caressant en pensée chaque aspérité qu’il avait pourtant déjà pleinement exploré de ses mains, de son corps. Mais là, au cœur de la nuit silencieuse, sans le désir brûlant qui obscurcissait les pensées, il pouvait simplement observer, savourer, goûter là encore à ce plaisir simple que d’avoir un homme à sa fenêtre, qu’il regardait avec affection, qui allait le rejoindre pour rejoindre les bras de Morphée et qui se réveillerait avec lui le lendemain, pendant que sa grand-mère …

Sa grand-mère.

« Porca puttana troia ! »

Le juron lui avait échappé brutalement pendant qu’il se relevait en trombe et attrapait son boxer abandonné avant de l’enfiler à toute vitesse, mettant fin à cette bulle de quiétude avec brutalité, pour se ruer à l’extérieur de la chambre et courir jusqu’à l’entrée, scanner le salon du retard pour vérifier qu’il n’y avait personne, et surtout pas sur le canapé, avant d’entrouvrir la porte et d’y découvrir le vieux ruban rouge qui servait de code pour indiquer à sa grand-mère qu’il voulait être laissé seul. Etouffant une nouvelle bordée d’insultes colorées, à sa destination, Leone se sentit rougir de la tête aux pieds, horrifié à l’idée que la pauvre vieille dame avait dû rentrer de son dîner avec son amie pour l’entendre … distinctement en galante compagnie, et avait probablement battu en retraite très vite dans son propre appartement après avoir noué elle-même le ruban pour lui faire signe qu’il ne fallait pas s’en faire. Comment avait-il pu être aussi … Oh, le lendemain allait être atroce. Elle allait l’interroger suavement, par une foultitude de questions détournées comme elle savait si bien le faire, et lui ne saurait plus où se mettre. Certes, ce n’était – hélas – pas la première fois, il avait en mémoire cette douloureuse après-midi où elle l’avait trouvé dans le canapé avec Ezra, dans une session particulièrement intense de bouche-à-bouche. Evidemment, il était adulte, et elle savait qu’il avait une vie privée. Cependant, là particulièrement, il aurait apprécié qu’elle l’apprenne autrement. En plus, il n’avait aucune idée de ce qu’il pourrait répondre, puisque lui et Dario …

Dario. Leone était à deux doigts de se cogner la tête contre la porte tellement il avait l’impression d’enchaîner les idioties. Le malheureux devait se poser tout un tas de questions. Aussi, piteux, il revint vers lui et déclara, se grattant l’arrière de la nuque comme à chaque fois qu’il était gêné et cherchait ses mots :

« Je suis désolé … J’ai … oublié que si ma grand-mère était sortie, elle allait bien revenir dormir ici à un moment …

Et comme je n’ai pas mis le signe que je place sur la poignée d’habitude pour la prévenir que je veux être seul …

Bon. Demain, je ne vais pas échapper à un interrogatoire en règle, mais ce n’est pas bien grave. Je lui dirai que j’étais avec un homme charmant … »


Un baiser.

« Séduisant … »

Un autre baiser.

« Et qui m’a ensorcelé au point de tout oublier. »

Un ultime baiser, doux, qui sentait la cigarette de Dario. Et Dario. Qui avait la flagrance de la maladresse, et le parfum d’une demande de pardon. Pour avoir été négligent, et pour lui avoir fait peur, aussi. Pour être idiot, parce que sous le feu de son regard, son cerveau avait cessé de fonctionner normalement. Et il n’avait pas du tout envie qu’il recommence à tout analyser. Il voulait le sentir contre lui, encore un peu, juste eux, au cœur de la nuit et dans ses creux silencieux.

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Mar 29 Sep - 0:23
Perdu dans sa contemplation nocturne, oscillant entre le quartier qui s’étend à perte de vue et le visage d’un Leone semblant tout aussi absorbé que lui par une autre vision, Dario s’évade. Il savoure la fraicheur de cette nuit comme la douceur du moment. L’air New Yorkais qui glisse contre sa peau nue et pourtant, aucunement l’envie de se rhabiller, de se couvrir. Si le sicilien n’est en rien pudique, il l’est encore moins en cet instant, désireux de s’offrir pleinement au regard de Leone. C’est stupide, en un sens, de le savoir l’admirer et d’en vouloir davantage, mais Dario se repait de savoir ses yeux clairs parcourant sa silhouette. Ne le délaissant pas.
Pas aussi vite.
Exister dans son regard, autrement.

Expirant les volutes grisâtres du tabac, tassant la centre dans le cendrier glané dans la cuisine, probablement là pour les amis de l’italien plus que pour lui même, il laisse ses muscles se délier, se détendre un peu plus encore, alors que vibre en lui une délicieuse sensation de plénitude. Il n’ose dire un mot, briser l’instant. Simplement parce que, par où est-il censé commencer ? Quoi se dire, lorsque le désir s’est tassé et les soupirs apaisés ? Doivent-ils avoir cette conversation maintenant ou attendront-il le petit matin, tandis les dernières caresses auront disparu sous le calme du sommeil ? Tout se bouscule dans sa tête, silencieusement. L’impression d’entendre des milliers de voix, mais ce n’en est qu’une, qui le sort de sa transe.

Il sursaute presque lorsque brutalement, Leone s’exclame d’un juron italien qu’il connait bien et qui attire immédiatement son attention. Dario se tourne, mais déjà, le chirurgien capture son boxer, enfilé à la va vite et décampe en direction du salon. Lui, en reste surpris, immobile, alors qu’entre ses doigts, la cigarette se consume lentement. Pris d’une forme de mal-être à ne pas savoir quoi faire, le fleuriste écrase la fin de sa cibiche dans le cendrier, les sourcils froncés et l’impression brutale de déranger. Est-il véritablement à sa place ? Doit-il rester ?
Aussi, il expire la dernière bouffée de tabac avant de refermer la fenêtre et de se mettre en quête de ses vêtements. Ceux là même disséminés au fil de leur pérégrinations de désir brulant de l’autre, s’éparpillant au fil des envies et des caresses. Capturant son boxer sombre, il l’enfile rapidement, avant d’aviser son jean du regard. Mais il n’a pas le temps de rejoindre ce dernier que déjà, Leone revient sur ses pas et fait irruption dans la chambre, vraisemblablement emplis de trouble. « Ah, exact » Réalise t-il soudain en se souvenant des premiers mots, lorsqu’il a fait irruption de façon inopinée dans l’appartement du chirurgien. Pincement de lèvres alors qu’il cherche quoi faire, quelle posture adopter. Si habitué aux étreintes éphémères et aux fuites orchestrées, qu’il ne sait plus comment réagir.

Mais Leone répond pour lui, tandis qu’il s’approche, se glisse contre son corps, le gratifie d’un baiser qui fait naître un large sourire satisfait sur ses lèvres. Dario brillant soudain de la perspective de rester. « Au moins ! » S’amuse t-il à répliquer quant au fait qu’il soit charmant comme séduisant. Jouant de taquineries bienvenues. Bien plus léger. Soulagé. Il répond à son dernier baiser, le prolonge avec envie, tout en lui attribuant un quelque chose de tendre sans en être enflammé. Et portant, il fond complètement pour Leone. Sa bienséance le pousse à rester sage, alors qu’au fond, il se meurt de lui appartenir toute la nuit durant, jusqu'à en tomber d’épuisement « J’en devine que je peux rester ? » Oui parce que l’espace d’un instant, il a douté. Douté d’être le bienvenue. Douté d’avoir sa place.
Douté de ne pas être, finalement, un poids supplémentaire, une curiosité mal placée. Mais même s’il sait désormais que la grand-mère de l’italien le questionnera à son sujet, il ressent aussi l’évidence qu’il n’y a pas de honte, de remords ou d’envie que tout cela n’ait été qu’un instant éphémère si peu assumé.
Bien au contraire.
Et cette évidence le ravi.

Ses mains glissent contre la taille du chirurgien, tandis qu’il le maintient contre lui, tout en reculant en direction du lit. « Et si on se mettait au lit ? » Demande t-il sans demander vraiment, à la réthorique, alors qu’un sourire flirte avec ses lèvres. Que ses prunelles sombres se parent d’amusement et de provocation. Il se laisse tomber en arrière et l’entraine dans sa chute, accueille son corps s’échouant sur le sien dans un léger rire bienvenu. Léger, oui, porté par l’allégresse de son palpitant. Sa dextre gagne la joue de son amant, la caresse de son pouce alors qu’il abandonne son regard au sien. Contemplation silencieuse qui se passe de mots. Il ne veut plus bouger, ni se détacher de lui.
Penser à demain, c’est accepter l’incertitude et Dario s’y refuse.
Alors, ses lèvres capturent une nouvelle fois les siennes, ses doigts se perdent dans ses cheveux clairs, son corps réagit à son contact et tout son être s’embrase.
Encore.

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