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no harm done

@ Invité

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Lun 7 Sep - 13:23
- Ça va ? J'ai entendu dire que le vieux Kowalski t'a donné du fil à retordre.
- Oui ça va, rien de méchant.

Elle ne ment pas. Ou du moins, elle ne croit pas – pour ne pas avoir pris le temps d'y penser vraiment, à enchaîner les visites auprès d'autres patients. Sarah n'a pas (ou plutôt n'a plus) le tempérament pour se confronter à des violences de quelque nature que ce soit, seulement là c'est différent. Là, entre ces murs, ce sont leurs petits vieux dont il est question : alors oui, ils n'ont plus toute leur tête, et parfois la confusion leur fait perdre leurs moyens, mais elle le leur pardonne bien aisément. Comment leur reprocher ce dont ils se rendent rarement compte ? En définitif, difficile d'avoir autre chose que de l'affection quand elle attarde son œil sur ces peaux plissées, ridées, creusées. Si pour d'autres ce sont les enfants qui trouvent instantanément grâce à leurs yeux, pour elle, ça a toujours été les personnages âgées. N'est-ce pas pour ça que, lorsqu'il a été question de faire de grands projets professionnels, elle a jeté son dévolu sur le métier d'infirmière ? Pas de noble aspiration de contribuer à sauver des vies, mais plutôt d'accompagner les plus âgés en fin de vie. Elle en a fait des stages dans d'autres services, quand elle n'avait pas encore son diplôme, seulement c'est en gériatrie qu'elle a vraiment eu le sentiment de trouver sa place. De vouloir sa place. Trente ans, et déjà en maison de retraite, donc.

- C'est quand même triste de les voir comme ça.
- Tu t'habitueras, ça devient vite le quotidien. Et puis c'est pas toujours comme ça.

C'est vrai. Souvent, leurs vieux, ils sont surtout bavards, et c'est justement ce qu'elle apprécie le plus (peut-être). Les écouter parler d'eux, plutôt que parler d'elle. Elle n'a pas à feindre, de s'intéresser à leurs égarements verbaux, pour mieux relancer la conversation tout en faisant leurs soins. C'est qu'ils en ont des choses à raconter, avec toutes leurs années de vie, quand bien même ils ne s'y retrouvent plus forcément dans leurs souvenirs. Comme Monsieur Kowalski aujourd'hui. Un mauvais jour pour lui, peut-être que demain ça ira mieux. Un peu. C'est aussi le quotidien d'une maison de retraite, la maladie et la mort. Mais il reste toujours la vie avant ça.

- Allez j'y vais, à demain !

Son service approche de sa fin en effet, et c'est la porte réservée au personnel qu'elle ne tarde pas à passer, pour aller se changer et récupérer ses effets personnels. Cinq minutes plus tard, c'est par la sortie de service qu'elle s'échappe, à l'arrière de l'établissement : son attention s'attarde déjà sur son vélo à quelques mètres de là, pour remarquer qu'elle n'est pas seule.

@ Invité

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Sam 19 Sep - 18:57
Sasha venait tout juste de déposer sa fille chez son ex-femme quand son portable se mit à sonner. Jetant un coup d'œil à l'identifiant de l'interlocuteur, il décrocha vite en lisant sur l'écran digital le nom de la maison de retraite où son père avait été enregistré récemment. "Allo ?" Dit-il, un voile d'appréhension marquant le ton de sa voix. La décision de placer le patriarche Kowalski dans un établissement plus adapté à son état avait été prise tardivement au gout de Sasha. Bien que le diagnostic ait été annoncé plus de trois ans auparavant, ses parents — à l'époque tous les deux sains d'esprit — avaient refusé catégoriquement toute tentative de traitement et d'aide à domicile. La fierté, très certainement, ou par connaissance de cause. Il n'y avait rien à faire. Alzheimer courait dans la génétique de la famille, insidieuse maladie aux effets difficiles à anticiper. Celle de son père avait dégénéré très rapidement. Six mois avait suffi pour qu'il se perde dans le voisinage, appelant le nom de son épouse en plein milieu de la circulation, manquant de se faire renverser. Ses moments de lucidité n'apportait pas non plus de repos à la mère de Sasha, qui redoutait sans cesse la rechute. Alors après plusieurs discussions houleuses avec l'ensemble de la fratrie Kowalski, elle avait finalement cédé et commencer les recherches pour une maison de retraite adaptée. Sasha avait apporté son aide en aidant à la sélection d'un établissement dans le Queens, ainsi qu'en offrant de prendre en charge les coûts de résidence, ce à quoi sa mère avait protesté avant de finalement laisser tomber l'affaire.

Son nom devait être le deuxième sur la liste des contacts d'urgence (maman Kowalski allait jouer au poker à cette heure de la semaine), aussi Sasha ne fut pas surpris de recevoir un appel de la part de la maison de retraite. Mais alors qu'il écoutait la réceptionniste parler au bout du fil, ses sourcils se fronçaient à mesure qu'on lui contait l'histoire. "Attendez, il a quoi ?" Répéta Sasha dans le téléphone. "Menacer une infirmière, il l'a aussi un peu bousculé, rien de grave mais on aimerait quand même que vous passiez pour parler de la situation, signer une décharge..." "J'arrive." Il raccrocha aussi vite, faisant démarrer le moteur de la Mini Cooper, direction le Queens. Lorsqu'il arriva sur le parking de l'établissement, vingt minutes plus tard, une silhouette familière venait à peine de sortir de la porte de service. Sasha arrêta la voiture pour scanner le visage de la jeune femme. Il était à peu près certain de son identité, mais ne l'ayant jamais vu en habit civil, il l'interpella avec hésitation. "Sarah ...?" Demanda-t-il. "Sarah Gingerish, c'est ça ?" Un nom aux odeurs de gingembre et de thé vert, difficile à oublier. "Sasha Kowalski." Se présenta-t-il, au cas où elle ne le remettait pas. "Vous vous occupez de mon père, Janusz Kowalki ?"

@Sarah Gingerich

@ Invité

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Lun 28 Sep - 12:45
C'est toujours son premier réflexe, lorsqu'elle sort à l'extérieur pour s'apprêter à monter son vélo : un coup d'œil à ce ciel là-haut, pour savoir si des nuages menaceraient de la tremper d'ici à ce qu'elle arrive à destination (chez elle, en l'occurrence). Aujourd'hui, il y a bien à proximité ces quelques nuages un peu plus gris et menaçants, mais pour l'heure ça ne lui vaut pas encore des gouttes de pluie. Non pas que ça serait un drame pour autant, car il faut bien s'y faire quand elle choisit de préférer son deux roues à une voiture. Ça valait le coup de passer son permis il y a de ça quelques mois ! Tout ça pour qu'elle continue de se déplacer en vélo, plutôt que de chercher à acheter une voiture. Est-ce qu'elle se verrait venir tous les jours au travail au volant d'une Mini Cooper, comme celle qui passe présentement à quelques mètres d'elle ? Pas vraiment, et cela vaut pour toute autre marque de voiture : elle continue de se sentir plus en confiance sur son vélo, là où elle n'a qu'à tendre le pied pour toucher terre.
Par terre, ce sont les clés de son antivol qui s'échouent, celles-là même qu'elle cherchait dans sa poche, alors que dans un même temps elle s'est faite surprendre par une voix l'interpellant. Le conducteur de cette Mini Cooper justement, tandis que tout en se baissant pour ramasser ses clés dans la foulée, elle tourne la tête pour savoir de quoi il s'agit. De qui il s'agit. Cet homme, elle ne croit pas le reconnaître, et pourtant il a un petit quelque chose de familier, juste de quoi la faire brièvement froncer les sourcils en cherchant à le replacer.
- Gingerich, oui. Par réflexe elle le reprend, bien qu'à une lettre près il ne doit pas y avoir de méprise : c'est bien elle qu'il doit chercher. Et à présent que ses clés sont à nouveau dans sa main, elle se redresse et s'approche en quelques pas de sa voiture, pour mieux l'entendre décliner son identité. Kowalski. Il ne lui en faut pas plus pour se souvenir de lui, mais aussi pour troquer ses sourcils froncés contre un sourire.
- Je me souviens de vous. Maintenant qu'elle y pense, elle croit même se souvenir du visage de sa mère, quand elle est effectivement parmi celles qui peuvent s'occuper de son père.
- Oui, il y a un problème ? On vous a appelé peut-être ? Car les évènements de la journée reviennent à la charge dans son esprit, et elle soupçonne que c'est de ça dont il s'agit : cette altercation avec son patient, où sa confusion s'est momentanément retournée contre elle. Elle en revient alors à ce que lui a appris sa formation du contact avec les proches, et elle tente aussitôt de le rassurer.
- Il y a eu un incident, mais tout va bien. Mes collègues ont pris le relai. Votre père se repose. On vous a fait déplacer jusqu'ici ? Sarah pourrait presque paraître en confiance, mais en vérité elle a le cœur battant – cette crainte d'avoir mal géré ledit incident, quand elle reste qu'une jeune infirmière que l'expérience n'a pas encore rendue sûre d'elle.

@ Invité

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Sam 17 Oct - 15:07
A force de parcourir les couloirs de la maison de retraite, il avait fini par digérer leurs visages, de toutes ces femmes et ces hommes qui gravitaient autour de la vieille génération. Il avait aperçu Sarah plus d'une fois, l'uniforme propre et repassé, aller de l'un à l'autre des résidents un sourire tendre sur les lèvres. On l'avait présenté comme l'infirmière préférée de son père et en scannant les traits de son visage, Sasha en avait conclu de les yeux de biche de la jeune femme devait rappeler des souvenirs de jeunesse enfoui au daron Kowalski. "Gingerich, pardon." Répète Sasha pour assimiler la prononciation du nom de famille de l'infirmière, une technique qu'il avait adopté sur les circuits face au nombre disproportionné de mains qu'il pouvait serrer en une journée. Il répond à son sourire, bien que le sien se charge d'inquiétude. Frêle, petite, Sarah se tient devant lui dans toute sa fragilité et pourtant, au détour de regards qui se croisent, Sasha ressent une certaine résilience, une force de conviction émanant des pupilles bleutés qui le fixent à deux mètres de là. Si l'incident d'aujourd'hui l'a bousculé, elle ne le laisse pas paraitre. "On ne m'a pas expliqué grand-chose pour être honnête, si ce n'est qu'il y avait eu un problème avec mon père dans l'après-midi. J'attendais d'aller voir la directrice pour en savoir plus." Dit Sasha en indiquant l'entrée de la maison de retraite d'un vague mouvement de main. La femme qui gérait l'établissement avait cet air sévère et imbus que l'on retrouve chez ceux qui ont perdu la passion pour leur métier depuis longtemps. Elle semblait diriger l'endroit d'une main de fer, un œil sur les profits, l'autre sur les investisseurs, dans une logique rappelant plus un casino que de l'aide à la personne.

Sasha lui même redoutait de la voir à nouveau, aussi retardait-il le moment, s'approchant un peu plus de Sarah, avec l'intention de prolonger leur conversation. "Je voulais surtout m'excuser auprès de vous. J'espère qu'il ne vous a pas fait mal, ou peur. Mon père peut être terrifiant quand il s'y met..." Sasha avait l'expérience de son enfance pour le prouver. Janusz Kowalski n'était pas un tendre. Gros buveur de vodka et grognon invétéré, il était le stéréotype parfait de l'immigrant polonais, ce qui avait toujours fait grincer des dents ses enfants. S'il y avait une chose auquel le père Kowalski ne s'était jamais abaissé cependant, c'était bien la violence. Et même si leur relation n'avait pas toujours été au beau fixe, Sasha était persuadé que cet écart de caractère était lié à sa maladie. "Pendant que je vous tiens, je voulais aussi vous poser une question... J'imagine que vous êtes au courant de la maladie de mon père." Plus si rare de nos jours dans une maison de retraite. "Et avec l'incident d'aujourd'hui, je me demandais... est ce qu'il ne bénéficierait pas de meilleurs soins dans un environnement plus... plus adapté pour lui ?" Avec un personnel capable de gérer ses excès de caractère.

@Sarah Gingerich

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