i'm ready to dig into all of it, abandonnement issues, dissociative episodes, my dad...tw : mention de maltraitance infantile, mention de feu

Assis sur le trottoir face à ta maison qui tombe en ruine, les mains sur les oreilles, tu te balances lentement en ignorant les « grands » qui traînent dans le quartier et qui font tu-ne-sais-quoi. Tu ne supportes plus les cris ni les coups à chaque fois que tu passes le pas de ta porte. Alors tu as décidé de rester dehors et tes parents n’en n’ont que faire. Ce n’est pas plus mal, n’est-ce pas ? Tant pis si tu dois passer la nuit dehors, à la belle étoile. Ce ne serait pas la première fois… ni la dernière. Ton estomac gronde lourdement, signe que tu commences à avoir faim. Tu n’as rien avalé depuis ce matin, à part ce pauvre gâteau périmé que tu as trouvé en fouillant dans les placards – ce qui n’a pas plu à ton père et il te l’a bien fait comprendre. La nuit tombe et tu ne bouges pas d’un centimètre. Les grands te demandent ce que tu fous là, tu ne réponds pas. Tu commences maintenant à avoir froid et tes petits bras ne t’aident pas à te réchauffer. C’est ce soir là que tu fais la rencontre de celle que tu nommeras plus tard affectueusement mamie Abi. Mamie Abi, elle te tend la main et tu finis par la suivre jusqu’à chez elle – la vieille caravane sur le terrain juste à côté de ta maison. Il y a des rumeurs sur cette vieille dame, comme quoi ce serait une sorcière. Toi, tu t’en fiches. Personne ne peut être pire que tes parents. Et eux, ce ne sont même pas des sorciers. Mamie Abi, elle te cuisine des plats de chez elle comme elle dit, elle te laisse dormir dans sa caravane et de temps en temps, tu rentres tout de même chez toi lorsque tes parents décident qu’il est temps pour toi de passer du temps dans ce qui est censé être ta maison. C’est surtout pour éviter de se faire trop remarquer, d’avoir les services sociaux sur le dos. C’est pratique quand tout le monde s’en fiche, que personne ne semble remarquer quoi que ce soit – ou plutôt fait semblant. Toi, cela te permets d’être chez Mamie Abi et c’est tout ce qui compte.


Mais Mamie Abi, elle n’est pas immortelle. Tu as seize ans lorsqu’elle s’éteint dans la nuit. Et tu pleures durant des jours. Car la seule personne de ta famille vient de partir définitivement. Alors tu commences à traîner dans la rue, Ash. A faire comme tu peux pour survivre. C’est à ce moment-là qu tu commences à faire des spectacles dans la rue avec du feu. L’héritage de Mamie Abi, ancienne artiste de cirque qui t’a beaucoup appris. C’est pourtant le feu qui t’a immédiatement attiré. Peut-être parce que tu as toujours rêvé d’être un super-héros et justement, de pouvoir contrôler le feu. C’est peut-être étrange mais… C’est ce qui te plaît au plus profond de toi. Alors tu joues, tu t’améliores de spectacle en spectacle même si ce que tu gagnes est minable. Pas assez pour vivre. De squat en squat, tu finis par faire des rencontres et à accepter des jobs pas forcément très légaux tout en continuant tes spectacles dans la rue. Tu n’espères pas te faire remarquer de cette manière, c’est juste une manière d’allier l’héritage de Mamie Abi et la survie dans la rue. Tu es pourtant doué, Ash. Même si tu ne t’en rends pas compte. Car tu n’as jamais su de quoi ton destin serait fait. Tu n’as jamais cru pouvoir vivre assez longtemps pour décider de ta vie et en faire quelque chose de bien.


Puis un jour, tu décides de voler une voiture. Pas la plus belles des voitures, un truc assez pourri qui ne te servira certainement pas très longtemps mais c’est juste pour avoir de quoi te déplacer et surtout dormir. Seulement voilà, tu n’es visiblement pas le seul à avoir eu cette idée-là. Car une semaine à peine après avoir volé cette voiture, voilà que tu surprends une jeune femme essayer de la forcer. C’est elle. Celle qui finira par devenir ton premier amour, celle qui te promettra de rester à tes côtés peu importe ce qui peut se passer. Un mensonge, que tu crois mais dont tu te rendras compte plus tard que tout n’était que de la connerie. Elle aussi, elle vit à la rue. Mais elle, elle ne parle jamais de son passé. Tu ne sais pas ce qui l’a amené jusqu’ici et tu respectes son avis de ne rien te dire à ce sujet. A vous deux, vous formez un beau duo. Tu continues les spectacles dans la rue, tandis qu’elle en profite pour voler les quelques spectateurs s’agglutinant dans la foule. C’est votre moyen pour survivre, sans savoir de quoi peut être fait demain. Fini les squats miteux, tu trouves le moyen de t’introduire dans un vieux théâtre de New-York la nuit dans lequel vous passez énormément de temps. Cela devient votre seconde maison. Elle joue sur scène, fait l’actrice, tandis que toi tu t’amuses avec les lumières. Elle est belle et tu lui répètes souvent. Tu l’aimes, aussi. Il n’y a qu’elle à tes yeux. Alors peut-être que votre situation n’est pas idyllique mais avec elle à tes côtés, tu te sens capable de tout.


Il faut croire que toutes les bonnes choses ont une fin. Trois ans plus tard, voilà que tu te réveilles seul dans ce théâtre. En quittant les lieux ce jour-là, tu passes les prochaines semaines à errer les rues de New-York à la recherche de celle que tu aimes. Mais elle a disparu. Tu n’as jamais accepté réellement cela et pourtant, tu as dû apprendre de nouveau à vivre sans elle. Pourtant étrangement habitué à être seul, la solitude te pèse énormément. Alors tu reprends les spectacles de rue, pour avoir la sensation d’être entouré le temps de quelques instants même si cela ne dure pas éternellement. Et il y a cet homme qui finit par t’aborder en février 2010. Il te parle de sa troupe, du fait qu’un cracheur de feu serait le bienvenu. Tu as accepté de le suivre sans trop savoir dans quoi tu t’embarquais, Ash. Mais c’est un peu l’histoire de ta vie, de suivre l’inconnu quitte à te casser la gueule après. Pourtant, cela fait maintenant dix années que tu es dans la troupe. Dix années que tu as l’impression d’avoir enfin trouvé une véritable famille. Bien sûr, mamie Abi est toujours présente. Mais comme elle te l’a toujours dit, les liens du sang ne veulent rien dire. Même si tu ne sais toujours pas où est véritablement ta place dans ce monde, tu as au moins trouvé des personnes sur qui tu peux compter.