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have i seen you before ? + Wesley & Benjamin

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Lun 23 Nov - 18:02
Une journée de travail terminée, et pas des moindres. C'est qu'elle avait été particulièrement chargée, celle-là. Fallait bien s'en douter. Tu prends des libertés ces derniers temps, Benjamin. Tu te permets de finir un peu plus tôt, tu fais semblant d'aller en voyages d'affaires au lieu de mettre un dernier point sur tes contrats chez toi. Et tout ça pour quoi ? Aller nager dans tes vices, Benjamin. Je n'étais pas particulièrement fier de ce que je faisais de mon temps libre quand ce n'était pas un match de tennis ou un cours à la saberist academy. Non, je n'étais pas fier de vivre dans le mensonge, et devoir faire semblant face à ma femme qui me connaissait si bien. Mais elle ne soupçonnait tellement rien que j'aurais pu venir à en douter d'elle, justement. De toute façon, c'était à double tranchant. Soit elle n'avait vraiment rien remarqué et croyait simplement éperdument en ma loyauté, soit elle aussi avait une double vie ? Elle aurait le temps de s'adonner dans les bras du voisin ou du jardinier pendant que j'étais au travail. Si c'était le cas, je ne saurais même pas comment réagir. Tant mieux, se dirait une partie de mon cerveau. Elle ne pourrait pas faire de scandale, pas m'en vouloir. Mais d'un autre côté, je sais que l'autre partie de mon être serait probablement profondément vexé d'avoir été mené en bateau. Je pense être quelqu'un d'assez intelligent et observateur, je pense donc être capable de savoir quand les gens autour de moi jouent la comédie ou non.
J'attendais, comme tous les soirs, mon Uber dans le hall du bâtiment lorsque je vis à travers la fenêtre, un homme fumer une cigarette devant un bar qui se trouvait près du building. Qu'est ce que ça changeait, si je fumais une cigarette, juste une fois ? Histoire de ma vider l'esprit et de me détendre un peu avant de retrouver ma petite famille, de devoir leur mentir, encore ? Cela faisait des années que je n'avais pas acheté l'un de ces paquets plein de poison. Est-ce que j'allais vraiment, moi, demander à un étranger de m'en donner une ? Trop tard. Je marchais déjà vers lui, et je ne pouvais plus revenir en arrière.  « Bonsoir. Excusez-moi de vous déranger, » j'aborde l'homme, qui est loin d'avoir la même allure que moi.  « j'aurais simplement aimé savoir si vous en auriez une à me passer. » Non, ça n'était pas bien, mais très franchement, je m'en fichais. J'avais vraiment besoin de relâcher un peu la pression avant de rentrer.  « Est-ce qu'on ne s'est pas déjà vu quelque part ? » je fronce les sourcils, maintenant que j'étais plus près, le visage de cet homme ne m'était absolument pas inconnu.

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Ven 27 Nov - 18:19
Wes était adossé, un pied contre le mur. Il fumait, comme très souvent en ce moment. Trop souvent. Seules des basses étouffées lui parvenaient depuis l’intérieur du bar. Il profitait de l’air frais de la nuit et se laissait bercer par la rumeur de la ville. Il ignorait comment il était arrivé jusqu’ici. Impossible de se souvenir qui de sa coloc Anneke ou de lui avait entraîné l’autre à cette soirée. Soirée qui, d’ailleurs, se révélait décevante. À tel point qu’Ann avait décidé de rentrer, tandis que lui, pour une raison qu’il ne s’expliquait pas, avait préféré rester. Voilà comment il se retrouvait là, désœuvré, pas spécialement diverti, à essayer de repousser le lendemain.

« Bonsoir. Excusez-moi de vous déranger, j'aurais simplement aimé savoir si vous en auriez une à me passer. » Wes baissa les yeux sur le paquet de clopes qu’il tenait dans sa main. Silencieux, il en tendit une à l’homme qui l’avait abordé. Puis, relevant le regard vers lui, il détailla son allure avec suspicion. Chemise, cravate, propre sur lui. Pompes cirées. Le look typique du trader de Wall Street. Quelle angoisse, songea-t-il. Wes estima qu’ils avaient à peu près le même âge. Mais le visage de Benjamin ne lui disait absolument rien et ça lui paraissait hautement improbable qu’ils se connaissent, puisque, manifestement, ils ne venaient pas du même monde. Il eut un sourire en coin. « Pour être parfaitement honnête, ça m’étonnerait qu’on se soit déjà rencontrés. » Son ton était presque narquois. Ça aurait pu paraître désagréable si Wesley n’émanait cette aura de sympathie qui le caractérisait. Il maîtrisait l’art délicat de se moquer sans que ce soit vexant.

Wesley lui proposa son briquet. Il resta muet en le regardant allumer sa cigarette. Benjamin lui parut stressé, nerveux. Sa journée de travail avait dû être exténuante. Alors pourquoi s’arrêtait-il pour demander du feu à un inconnu devant un bar alors qu’il était tard et qu’il ne devait avoir qu’une hâte : rentrer chez lui ? Un silence de quelques secondes s’installa, avant que Wes ne le brise en lâchant : « Enfin… Sauf si vous écoutez du heavy metal. No offence, mais j’ai pas l’impression que ce soit votre genre. » Son sourire s’agrandit. Il s’amusa à imaginer ce que faisait le trader de son temps libre. Sans doute du golf le week-end. Ou du tennis. Oui, du tennis. C’était probable. Plus probable que des concerts de metal, en tout cas.

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Lun 30 Nov - 12:40
Que dirait ma femme si elle me voyait fumer une nouvelle fois ? Une partie de moi se posait la question, l'autre, n'en avait rien à faire. C'était comme ça que je vivais ma vie ces derniers temps, tiraillé dans deux directions totalement opposées, d'un côté où se trouvait ma femme, la raison, la logique, la sûreté, et de l'autre où se trouvaient mes quelques escapades nocturnes avec le couturier, l'inconnu, l'aventure, le soulagement. Mais à ce moment précis, je ne voulais pas y penser. Je voulais simplement profiter, profiter de ce bâtonnet de poison que l'homme venait m'offrir, qui allait m'aider à m'évader quelques petites minutes avant de rentrer dans la prison qu'était devenue ma propre maison.
Un silence avait suivit mon interrogation, je jouais avec la fameuse cigarette, entre mon index et mon majeur, avant qu'il me propose son briquet, je la plaçai donc entre mes lèvres et allumais la bête, avant de rendre le briquet à son propriétaire. J'inspirais une fois, une longue inspiration qui me rappelait ma jeunesse passée si vite, une jeunesse durant laquelle j'étais encore si innocent, une époque où je n'aurais pas pu deviner les problèmes au centres desquelles je me trouvais aujourd'hui.  « En effet, ça n'est pas mon genre, » que je répondais après avoir expiré la fumée, comme pour recracher toute la pression que j'avais sur les épaules. C'est à ce moment-là que je compris, non, je n'écoutais pas du heavy metal, mais Flora oui.  « Vous faites partie d'un groupe, non ? » Je souriais un peu, content d'avoir résolu ce mystère, voilà où j'avais vu le visage de cet homme. Peut-être sur un poster ou un magasine de ma fille, si cet homme faisait vraiment de la musique, il devait faire partie de ces personnes qui pensaient révolutionner le monde avec leurs chansons qui hurlent au scandale sur notre société. Je n'ai rien contre ces gens, je pense juste qu'ils se fatiguent à rien, si ils pensent vraiment qu'ils vont changer quoi que ce soit. D'ailleurs, contrairement à ce que certains pourraient penser, je ne suis pas en désaccord avec tout ce que ce genre de musique peut dénoncer, la situation avec Shaheen, par exemple, m'avait ouvert les yeux sur les inégalités des classes sociales. Bon, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dis, je n'irai jamais jusqu'à écouter ce genre de titres.

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Ven 4 Déc - 15:06
« Vous faites partie d'un groupe, non ? » Il s’empressa de corriger. « Faisais partie. » Il était surpris, la situation lui paraissait absurde. Il était tombé dans l’oubli, c’était devenu extrêmement rare qu’on remette qui il était, mis à part dans des cercles ultra-underground. De toute façon, même au summum de leur succès, ça n’était pas lui qui occupait le devant de la scène. Alors qu’un homme d’affaires (c’est-à-dire l’exact inverse de son public) le reconnaisse, c’était plus qu’étonnant.

Wes observa Benjamin tandis qu’il fumait. Il fronça les sourcils. « Vous êtes vachement bien renseigné pour quelqu’un qui n’écoute pas ce genre de musique. » Spleen Code n’avait jamais vraiment réussi à élargir son audience, c’était d’ailleurs l’un des grands regrets de Wes, à l’inverse des autres membres du groupe. Il aurait aimé ne pas jouer uniquement pour des initiés. Toucher d’autres gens, quitte à prendre des risques. Atteindre, pourquoi pas, ceux qui n’avaient jamais eu d’attrait pour le heavy metal. Il eut un haussement d’épaules flegmatique. « Je veux dire, on était pas si connus que ça. »

Il y eut un nouveau silence, qu’encore une fois Wes brisa en premier. « Vous, votre truc, c’est plutôt Wall Street, NASDAQ et tout le baratin, je me trompe ? The top 1% of the top 1% » Il n’y avait pas tellement de jugement dans la voix de Wes – ou plutôt si, il y en avait, mais sans agressivité, sans méchanceté. Il s’agissait juste d’un constat détaché. Le monde de la finance lui paraissait vertigineux. C’était un ballet de chiffres autrement plus importants que ceux qu’il manipulait lorsqu’il faisait la compta de l’Overkill. Dans ce milieu là, dans cette mare aux requins, aucune erreur ne devait être tolérée. Wes était angoissé rien que de l’imaginer.

Plus la discussion progressait et plus il lui semblait avoir été catapulté au beau milieu d’un film d’action de bas étage. « Tout les oppose mais ils vont être forcés de collaborer. » L’idée le fit rire. Mais il ravala aussitôt son sourire, espérant que Benjamin ne l’interpréterait pas comme de la moquerie.

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Dim 20 Déc - 20:35
Je suppose que je n'ai pas besoin de préciser que si je connaissais le groupe de musique de cet homme, enfin, l'ancien groupe, ce n'était pas parce que j'étais un grand fan. Au contraire, je me demandais même comment Flora faisait pour écouter ce genre de musique, qui fait beaucoup de bruit pour simplement exprimer des idées que ces gens pensent révolutionnaires, comme si leurs chansons allaient changer le monde. Mais je me souvenais à présent très bien de cette fois, où ma chère fille m'avait coincé dans un de leur concerts. "Tu vas aimer, papa, j'en suis sûre !", qu'elle m'avait dit. "Ils sont géniaux papa, tu vas voir !" Hélas, je l'avais écoutée, j'avais voulu lui faire plaisir. Oh, qu'est-ce que je ne ferais pas pour elle. « Bien renseigné, je ne sais pas, » je répondis, un léger sourire sur le coin de mes lèvres. « mais j'ai eu... l'honneur d'assister à un de vos concerts, je crois. » Vous auriez dû me voir, en fausse, à côté de ma fille, en costume cravate, au milieu de tous ces métalleux qui hurlaient et sautaient à tout va. On peut dire que ça avait été une expérience hors du commun. Je soupirai, et après avoir pris une bouffée de la fumée toxique, je poursuivais, un peu comme pour me défendre, comme si c'était une mauvaise chose. « Oh ce n'était pas pour moi. J'accompagnais ma fille. » Il allait peut-être se moquer de moi, et très franchement, quand je le vis rire un peu, je ne lui en tenu pas rigueur. La situation avait été, en effet, très gênante pour moi. Je crois d'ailleurs que j'avais passé la pire soirée de ma vie jusque là. Mais malgré sa dégaine "j'men foutiste", l'homme en face de moi semblait... sympathique. Je n'étais certainement pas le genre d'homme qu'il côtoyait régulièrement, et inversement. C'était plutôt rafraichissant, car si on oublie Axel, toutes les personnes de mon entourage étaient plutôt comme moi.

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Lun 28 Déc - 23:59
Cette fois-ci, Wes ne chercha pas à cacher son sourire, encouragé par celui de Benjamin. L’auto-dérision qui transparaissait derrière les mots du trader lui plaisait. Il n’avait pas l’air si désagréable que ça, en définitive… Même s’il doutait quand même qu’ils soient du même bord politique. « Ça a dû être… Comment dire… Un grand moment. Vous vous souvenez de quel concert c'était ? »

Lorsqu’il évoqua sa fille, Wes crut qu’il allait lui demander un autographe. Ça faisait longtemps que ça ne lui était pas arrivé. Ce genre de situation l’avait toujours mis un peu mal à l’aise, d’ailleurs. « Je comprends mieux. Elle a quel âge, votre fille ? » N'empêche, ça foutait un petit coup de vieux. Ce type avait aux alentours de quarante ans, comme lui. Sauf qu’il avait une fille, qui, selon ses estimations, devait être adolescente. Voire plus âgée encore. L’idée le déprima un peu. Il ne lui enviait pas sa paternité : Wes se savait trop peu équilibré pour cela, que ce soit professionnellement ou émotionnellement parlant. Seulement, l’homme en face de lui semblait avoir une vie bien installée. Des repères. Impeccable dans son costume sur mesure, il paraissait absolument certain de la direction qu’il souhaitait donner à son existence. Cette stabilité, oui, Wes la lui enviait. S’il avait su à quel point les doutes n’épargnaient pas Benjamin…

« Alors au final, vous en avez pensé quoi, de ce concert ? » Wesley eut un sourire malicieux, un sourire qui mettait à l’aise, de ceux qu’il réservait aux gens quand il souhaitait être bien perçu. « Vous cassez pas la tête à inventer un mensonge, pas la peine de prendre des pincettes, je me vexe pas facilement. » Il n'avait jamais eu l’occasion de mettre toute son âme dans l'œuvre de Spleen Code – sauf à la naissance du groupe, alors qu’il sortait tout juste de l’adolescence, et encore. De fait, les mauvaises critiques ne l'atteignaient qu'à moitié, surtout maintenant que le groupe n’existait plus. Il avait pris du recul. Les défauts de leur musique, il les connaissait déjà.

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Mar 5 Jan - 12:10
Un grand moment, oui, on peut l'appeler comme ça. L'une des rares fois où Benjamin Hampton est sortie de sa zone de confort. Oh je ne sors pas de cette fameuse zone de confort où je me sens si bien très souvent, et pas pour n'importe qui. J'en suis sorti pour la première fois depuis des années ce fameux soir où j'ai accepté d'assister à un concert pour accompagner ma fille. Mais récemment, cette zone de confort se trouve perturbée. Je l'abandonne ce confort, je l'abandonne pour les beaux yeux d'un doux couturier, auquel je ne peux pas penser. Auquel je ne dois pas penser. Mais j'y pense trop, beaucoup trop. « Oh, un événement à marquer sur ma pierre tombale, » que réponds à l'homme, toujours le sourire au coin de mes lèvres. « Flora a dix sept ans. » et clairement vos musiques sont plus de son âge que des miennes, mais ça, je m'abstiens de le dire à haute voix parce que je me rends bien compte que l'homme ne semble pas être beaucoup plus jeune que moi, et c'est assez étonnant. Même si au final, chaque génération a ses groupes de rockeux qui hurlent à l'injustice, ce ne sont pas que les jeunes d'aujourd'hui. Il y a des années, les Beatles le faisaient déjà avec nos parents, et ils n'étaient pas les premiers. La musique a évoluée, mais les messages sont restés les mêmes, au final.
« Intéressant, » je suis sincère dans mes mots, et entre deux bouffées de cigarettes, je réponds à l'homme sans inventer quoi que ce soit. « c'est loin d'être mon genre de musique, je ne vais pas dire que j'ai beaucoup apprécié, » je lui avoue, « mais au moins, vous n'êtes pas du genre à faire du boum boum sans signification. Il y a de la volonté derrière. » S'il y a bien un genre de musique que je ne comprends pas, c'est bien l'électro. Là  par contre, même Flora ne pourrait pas me traîner dans un concert. C'est plus du bruit, il n'y a pas de paroles et quand il y en a... bref. Au moins, dans ce que le groupe que ma fille aimait, il y avait de la recherche, un travail quelque part. Je ne peux pas dire le contraire.

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Jeu 28 Jan - 18:25
Décidément, Wes aimait bien le second degré de Benjamin, ce recul qu’il avait sur lui-même. Il bousculait un peu ses préjugés. Sans aucune délicatesse, Wes lâcha : « Vous êtes marrant, pour un businessman. C’est vous le boute-en-train de l’open space ? »

Benjamin évoqua sa fille et Wes fut flatté qu’un public de dix-sept ans écoute encore ce qu’il avait pu faire. Il aurait été curieux de connaître l’avis de Flora sur Spleen Code. Leur style de musique était-il toujours aussi underground, ou bien était-il passé au stade du old school ? « Ça me rajeunit pas. Vous lui passerez le bonjour de ma part, elle a l’air d’être une fille cool. »

Le musicien apprécia l’honnêteté de Benjamin, le fait qu’il ne prenne pas de pincettes. Il fut agréablement surpris, lui qui croyait que les traders étaient un ramassis de faux-culs en puissance. Lorsque Benjamin qualifia l’électro de « boum boum sans signification », Wes ricana intérieurement. C’était bien une expression de père de famille, ça. D’ailleurs, c’était en substance ce que pensaient ses propres parents du heavy metal. Ils ne s’en étaient jamais cachés, mais Wes aurait préféré qu’ils fassent semblant. Un « c’est super ce que tu fais, mon fils », même factice, lui aurait fait beaucoup de bien. « Ouais, quand j’avais vingt ans il y avait de la volonté, c’était du pur concentré de sincérité. Aujourd’hui j’avoue que je suis un peu moins en accord avec tout ce qu’on a pu raconter. » Ça devait faire drôle à Benjamin de découvrir un gars placide, mesuré, l’inverse du cliché du métalleux communément admis. « Enfin allez pas croire que je me suis mis à voter Républicains, faut pas déconner non plus. » Wes avait changé, d’accord, mais ses convictions politiques demeuraient les mêmes. Elles étaient seulement un peu plus nuancées.

« On était trop dans la provoc’ et au final je suis pas certain que ça soit le meilleur moyen de faire passer un message. » Si quelques heures plus tôt, on avait dit à Wesley qu’il passerait le reste de sa soirée à discuter aspirations artistiques avec un trader, parfaitement sobre de surcroît, ça l’aurait sans doute fait beaucoup rire.

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Jeu 11 Fév - 18:33
On m'a qualifié de beaucoup de choses dans ma vie, attaché beaucoup d'étiquettes différentes. "Froid", "fier" ou encore "arrogant'. Mais s'il y a bien une une expression qui n'a jamais été prononcée en parlant de moi, une seule qualité qui n'a jamais été énoncée sur ma personne, c'est bien "boute-en-train". Je ne peux m'empêcher de rire un peu, surpris par le choix de mots que l'homme en face de moi a fait. « Alors ça, loin de là. » Je bascule un peu ma tête en arrière, toujours ce sourire amusé qui danse sur le coin de mes lèvres. « Vous pouvez vous moquer comme vous voulez, » je redresse la tête, ma main libre agrippée à ma mallette, et j'observe l'homme, les sourcils légèrement froncés. « vous n'avez rien de ce qu'on s'imagine quand on pense à un métalleux. »
Et on parle de Riley, sans qui je n'aurais jamais entendu les musiques du brun en face de moi. « Je veux bien, mais c'est à dire que je ne connais pas votre nom. » je lui avoue, alors qu'il me dit de passer le bonjour à ma fille, qui, j'en suis sûr, sera contente quand je trouve le temps de lui passer le message. Il me demande son avis sur sa musique, et je n'ai pu lui répondre qu'avec sincérité. Contrairement aux apparences, je ne suis (d'ordinaire) pas un homme de mensonges, je dis ce que je pense aux personnes autour de moi, sans trop lisser mon avis à la guise du récepteur. En règle général, ça passe, ou ça casse. Mais dans ce cas précis, il semblerait bien que ça passe plutôt bien, et le musicien m'avoue même qu'il n'est plus en accord avec tout ce qu'ils ont dit dans le passé. Alors, tirant une dernière fois sur ma cigarette qui se termine, je lui demande, intéressé. « Ah oui ? Sur quoi avez vous changé d'avis, par exemple ? » Et je vais tenter d'en prendre de la graine, car je suis quelqu'un de très arrêté sur ses opinions et ses préjugés, que je veuille l'admettre ou non. Je regarde à droite, à gauche, et aperçois un cendrier près de l'entrée du bar qui se trouve derrière nous. J'y écrase mon mégot, et hoche la tête à son dernier commentaire, car pour le coup, je suis d'accord avec ce qu'il vient d'admettre. Violence, provocation, rien de tout ça n'est un bon moyen de se faire entendre. « Vous avez raison, mais la vraie question est, quel est le moyen de faire passer un message ? » Je soupire un peu, repensant à l'histoire que m'avait raconté Samuel à propos de la phrase homophobe qu'un enfant avait répété à sa fille. L'homophobie, un gros problème sur lequel tant de personnes tentent de fermer les yeux. Un de ces problèmes, parmi tant d'autres. « Parce que vous allez certainement être d'accord avec moi, bien souvent, quand on veut parler de certaines choses, les gens ne nous écoutent pas. Ou pas tous, en tout cas. »

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Dim 21 Fév - 21:03
Après Benjamin, ce fut au tour de Wes de rire doucement. Avec une mine faussement offensée, il rétorqua : «  Oh come on, même pas un peu ? Regardez, j’ai pourtant un t-shirt approprié ! » Wes écarta les pans de sa chemise à carreaux pour révéler le t-shirt qu’il portait en dessous. Un squelette difforme, des flammes, le nom d’un groupe obscur inscrit dans une police irrégulière… Le vêtement était d’un goût douteux mais Wes en avait l’air parfaitement conscient. « Si ça c’est pas un look de métalleux… Allez-y, moquez-vous, moi-même je le trouve ridicule. » Et en même temps il l’aimait bien, ce t-shirt, parce qu’il lui rappelait de bons souvenirs – Wes vivait un peu dans le passé, ça n’était pas nouveau.

Ah oui, se présenter, il aurait peut-être dû commencer par ça. « Wes. » Il se rappela une fraction de seconde plus tard que fournir un nom de famille avec son prénom pourrait se révéler utile. « Takagi. » La plus élémentaire des politesses voulait qu’il lui retourne la question. « Et vous ? »

Sur quoi avait-il changé d’avis ? Excellente question. « Je suis moins en colère qu’avant, je crois. Et puis j’ai arrêté de mépriser les gens qui ont des opinions différentes des miennes. C’était pas très malin de ma part. » À vingt ans, il aurait été impossible pour Wes de discuter aussi paisiblement avec un trader. Il se serait amusé à le provoquer, aurait cherché la confrontation. Peut-être parce que les traders (tout comme les analystes, mathématiciens, et tutti quanti) représentaient cette autorité parentale avec qui il avait toujours eu un rapport compliqué. Mais au-delà de tout ça, c’était surtout sa vision de la musique et de son industrie qui avait changé. Ce qui rejoignait la seconde question de Benjamin. « Si je devais tout recommencer, je pense que ferais quelque chose de brut, qui ne s’embarrasse de rien d’autre que de mon propos. Quelque chose d’organique. » Il ne l’avait jamais verbalisé, mais maintenant qu’il mettait des mots sur ses aspirations, ça lui semblait évident. Organique, c’était exactement le terme, c’était ce qu’il aurait aimé faire de sa musique. Mais Wes parlait au passé, comme si plus aucune opportunité n’allait s’offrir à lui. « Et j’arrêterais de faire des compromis. » Des compromis, Wes en avait trop acceptés, persuadé que le monde de la musique fonctionnait ainsi, qu’il lui fallait se plier aux exigences des labels, de son groupe, du public.

Le commentaire de Benjamin l’intrigua. Il se demanda ce qui pouvait bien se cacher derrière. Mais Wes comprit ce qu’il voulait dire, il faisait bien la différence entre « être entendu » et « être écouté ». « Je ne sais pas trop à quoi vous faites allusion mais… J’ai envie de croire que quand on est 100% sincère, les gens finissent toujours par écouter. » Il eut ce sourire calme, posé, le sourire d’un type qui assume la part utopiste de ses convictions. « Vous trouvez ça naïf, j’suis sûr. Ça l’est un peu. »

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Mer 3 Mar - 14:40
Je ne peux m'empêcher de rire un peu à la réaction du musicien en face de moi, car il a l'air totalement conscient de l'horreur qu'il porte sous sa chemise. C'est quelque chose que je trouve assez sympathique, et plutôt, hors du commun chez cet homme: il n'a pas l'air de se prendre au sérieux, contrairement à moi qui ne sort que rarement de chez moi sans une chemise sur le dos et des chaussures parfaitement cirées. Ca me change de mes habitudes, et je l'apprécie. « Je ne me serais pas gêné de me moquer, parce que là, pour le coup, même si je ne connais pas grand chose à la mode, je sais au moins que ce t shirt est hideux. » Mes lèvres affichent toujours un sourire, car je suis amusé de la situation. En observant ce vêtement, il semble qu'Axel est toujours quelque part dans mes pensées, puisque je ne peux m'empêcher d'imaginer sa réaction face à un accoutrement aussi ridicule.
« Benjamin Hampton, et je suis ravi de faire votre connaissance Monsieur Takagi. » A première vue, on pourrait croire que ce que je dis là, c'est ironique, du second degré, mais c'est pourtant sincère. Ce n'est pas habituel pour moi de discuter avec un homme comme lui, et c'est bien dommage, si vous voulez mon avis. Puis, j'écoute Takagi me parler de ce qui a changé dans sa manière de penser et ce qu'il ferait différemment. C'est intéressant de voir quelqu'un se remettre en question comme il semble savoir le faire, et je sais que tout le monde n'en serait pas capable aussi bien que lui. Moi le premier, j'ai parfois du mal à comprendre mes propres torts. « Je crois que c'est ça qui est intéressant dans la musique, » je réagis à ses propos, comme si je m'y connaissais un peu en musique. Loin de là. « lorsqu'elle est organique, comme vous le dites si bien. » Et c'est vrai, si on veut faire passer un message, autant le faire sans artifice, sans prendre en compte les avis qui diffèrent, sinon, à quoi est-ce que cela ça sert, de seulement ouvrir le débat ?
Sa réponse à mon commentaire me fait sourire du coin des lèvres. Un rictus amusé du taux de naïveté qui se trouvait dans ce que Takagi venait de dire. « Très, naïf même. » Un soupire, et je poursuis. « Je pense que la Nature Humaine fait que certains seront toujours d'un avis opposé aux autres, même si c'est simplement pour faire chier le monde. » Je hausse les épaules, mes yeux se baissent rapidement vers le trottoir avant de se reposer sur le bassiste. Je me  fais toujours trahir par mor subconscient, par le mouvement de mes yeux, par mes petits gestes. « Vous croyez que les homophobes vont écouter les homosexuels un jour ? Et pourtant, ne sont-ils pas sincères quand ils demandent à être traité comme tous les autres êtres humains ? » Prenons par exemple ma chère famille, mes parents géniaux, croyez vous qu'ils m'écouteraient si je décidais un jour de rendre ma sexualité publique ? Bon, pas que cela soit dans mes plans, non, ce que je vis est déjà assez compliqué et confus pour moi, je ne tiens pas à en rajouter une couche.

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Sam 6 Mar - 13:24
Wes plissa le nez, faussement offensé. « Hideux, comme vous y allez... » Un ribambelle de gens surgit du bar au même moment, noyant le reste de sa phrase dans le bruit. Quelle que soit la substance à laquelle ils tournaient, ils paraissaient complètement déchirés. Wes se demanda ce qu’il foutait là, et pourquoi il se sentait obligé de traîner dans des endroits qui l’indifféraient (au mieux) ou l’agaçaient (au pire). Il observa le petit groupe s’éloigner, l’air désabusé.

Benjamin se présenta, l’extirpant de ses pensées. « De même. » Le trader avait une façon très formelle de se présenter, Wes se demanda même s’il attendait qu’il lui serre la main. C’était quoi, les codes mondains, déjà ? Dans le doute, il garda sa main dans sa poche. Et puis, tiens, Benjamin avait l’air de s’intéresser à ce qu’il racontait à propos de musique. Mieux, il avait l’air d’accord avec lui. « L’industrie musicale étant ce qu’elle est, c’est pas toujours facile de ne rien édulcorer. » Hélas, souvent, le produit fini ne ressemblait en rien à l’idée initiale. Parfois c’était pour le mieux, mais la plupart du temps c’était horriblement frustrant. Wes scruta Benjamin aussi discrètement que possible. « C’est quoi votre domaine, à vous ? L’immobilier, la banque ? La finance ? Au moins avec les chiffres les trucs sont carrés. Enfin non, je retire, c’est pas si difficile de faire mentir les statistiques. » Il parlait trop, non ? Wes n’avait aucun idée de la raison qui le poussait à entretenir la discussion. Il était justement sorti du bar pour profiter du silence et voilà qu’il se retrouvait à bavasser avec un inconnu comme s’ils étaient les meilleurs amis du monde.

Il écouta attentivement Benjamin le contredire. Ça n’avait pas l’air de le déranger plus que ça, la contestation n’effrayait pas le musicien. « faire chier le monde » ? Wes réprima un sourire espiègle. Oh, Monsieur Hampton se délure dites donc. Mais le sujet ne prêtait pas à rire, d’ailleurs Wes se demanda comment ils en étaient arrivés jusque là, sachant que quelques minutes auparavant ils plaisantaient sur son look vestimentaire. Sa cigarette toujours au coin du bec, il pencha un peu la tête sur le côté, comme un enfant qui réfléchit. « Ouais, vous avez raison, peut-être qu’il y a des gens, des homophobes par exemple, qui ont un manque fondamental d’empathie. Mais j’en suis pas sûr. Je préfère croire que ça tient à l’éducation. C’est difficile de se défaire des principes dans lesquels on a été élevé. Surtout quand ceux-ci sont merdiques. » Il passa une main dans ses cheveux. « C’est pas une réflexion très poussée, je suis désolé Benjamin. Vous savez, je suis qu’un musicien, et pas le plus futé, je vais pas pouvoir apporter de réponses à vos questions existentielles. » Comme d’habitude, il avait un recul immédiat sur ce qu’il venait de dire. Et comme d’habitude, il frisait l’autodépréciation. Il se mit à rire. « La prochaine fois, essayez plutôt d’aborder un philosophe ou un scientifique, c’est pas difficile de les reconnaître, ils ressemblent à tout sauf à moi. »

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Dim 21 Mar - 15:46
L'homme qui se trouve en face de moi est bien plus cultivé qu'il n'en a l'air, et je le vois à sa façon de parler, sa manière d'aborder les choses. Je me surprends à apprécier la discussion que nous entretenons, alors que ce n'est pas dans mon habitude de converser avec le personnes que je croise. Il cherche à savoir dans quelle branche je travaille, et je le regarde, amusé de la situation. Surtout qu'il a visé juste, et je lève la main droite pour montrer une certaine sincérité. « La finance, en effet, et non, je ne mens pas sur les statistiques. » Pas trop. Enfin, juste quand c'est nécessaire. Ca doit être cette partie de mon travail qui m'a entraîné aux mensonges à répétitions, même si d'ordinaire, ce n'est pas un exercice que je pratique au sein de ma famille. Enfin, ça c'était avant. Takagi semble bien plus bavard que moi, et une pensée soudaine me vient à l'esprit. Que se sont dit les personnes, qui sont ressorti du bar, et nous ont vu discuter, lui et moi ? Il faut bien avouer qu'on ne voit pas tous les jours un homme au style vestimentaire s'apparentant aux groupes de rock des années quatre vingt dix fumant une cigarette en compagnie d'un homme d'affaire, costume cravate et mallette en cuir à la main.
La discussion prend un tournant que je n'avais pas vu venir, et il faut dire que je je ne m'attendais pas à aborder ce sujet lorsque je venais demander une cigarette au musicien quelques minutes plus tôt. Un sujet qui me tient étrangement de plus en plus à cœur, d'ailleurs. D'ailleurs, je me mets à employer des mots vulgaires, et toute personne me connaissant un minimum sait que si j'emploie ce genre de tournures, c'est que je me sens réellement concerné. Heureusement, d'ailleurs, que personne autour de nous me connait, sinon, cette personne pourrait se poser des questions. « Ca ne vient pas forcément de l'éducation, » je m'empresse presque de répondre, un poil plus sec. « Mes parents sont homophobes, ils m'ont éduqué en essayant de me faire penser que deux hommes ensemble, c'est immoral. Et pourtant, quand je vois un couple du même sexe se tenir par la main, j'en ai rien à faire. » Mais je tente de ne pas refroidir la conversation, je ne veux pas redevenir l'homme hautain que j'ai tendance à être face aux inconnus. Alors je tente un sourire, qui, j'espère, est crédible. « Je pense que vous avez plus de jugeote que vous le pensez. Vous ne devriez pas vous dévaloriser comme ça, il faut savoir accepter ses propres qualités. » Je le pointe brièvement du doigt, comme pour appuyer mon propos. « Et vous avez l'air de quelqu'un d'intelligent. » Croyez-moi, je sais reconnaître quelqu'un qui n'a rien dans la cervelle, et c'est loin d'être le cas de Takagi.

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Sam 3 Avr - 22:19
Wesley se détourna une seconde, le temps d’écraser sa cigarette. « Je vous accusais pas directement, rassurez-vous. Enfin, peut-être que si, allez savoir. » Impossible de mesurer le degré d’ironie de cette dernière phrase, d’autant plus que Wes avait dévié son regard. Typiquement le genre pince-sans-rire qui pouvait mettre plutôt mal à l’aise.

Alors maintenant, ils se mettaient à parler de leurs parents ? Ok, pourquoi pas, Wes suivit le mouvement. Homophobes, les Takagi seniors ? « Je saurais même pas vous dire si les miens le sont, tellement on est pas proches, eux et moi. » Il n’avait aucune idée de leurs convictions, si ce n’est qu’ils n’étaient pas du même bord politique que lui. En plus, il n’avait pas pour habitude d’aborder le sujet de ses parents, même avec Ann. Non pas qu’il s’agisse d’un point sensible, mais il n’y avait pas grand-chose à dire. Au moins les Takagi avaient été suffisamment absents pour ne pas inculquer à leur fils de potentiels idéaux flingués, et ça, c’était plutôt une bonne nouvelle.

Le ton un tantinet plus sec de Benjamin le surprit, bien qu’il n’en laissa rien paraître. Avait-il fait un faux-pas ? Fallait-il qu’il s’excuse ? Wes retissa mentalement le fil de la discussion sans réussir à mettre le doigt sur ce qu’il avait dit de vexant. Il ignorait qu’il venait en réalité de toucher un point sensible. Comme pour contrebalancer la légère froideur de Benjamin, son attitude se fit encore plus nonchalante. « Bah, je respecte ça, ça a pas dû être évident pour vous de remettre toute une éducation en question. » Il se laissa convaincre par le sourire de Benjamin, qui le rassura : ouf, il n’avait pas fait de gaffe. Pas encore, du moins. « Puis la finance, vous avez pas choisi le milieu le plus safe, dans le genre panier de crabes, ça se pose là. Et puis des crabes très, très intolérants, en plus. » Sa propre image le fit sourire. Wesley étaient de ces gens (très désagréables) qui n’ont aucune honte à rire de leurs propres blagues.  

Le compliment de Benjamin l’embarrassa, alors qu’il aurait dû le flatter. Il ricana, moqueur comme un adolescent : « On dirait pas à première vue mais vous êtes plutôt sympa, en fait. Allez-y, je vous ai coupé, hésitez pas à continuer à me complimenter. » Faire le pitre pour esquiver un compliment, voilà une réaction très weslienne. Il chercha très vite à changer de sujet. Et puis au même instant, une évidence le frappa. Benjamin lui avait parlé d’une fille, il avait donc une vie de famille. Alors que faisait-il ici, à s’éterniser avec lui, au lieu de rentrer au chaud, auprès de ses proches ? « Personne ne vous attend ? » Dans la catégorie des « questions maladroites », celle-ci tenait une bonne place.

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Mar 13 Avr - 11:46
Plus la conversation avance, moins je me sens à l’aise. On parle d’homophobie, de tolérance, et je me raidis petit à petit sur le trottoir de l’avenue. Mon regard se refroidit, et je me sens devenir de moins en moins bavard, l’envie de discuter s’envole rapidement de mon esprit. On taquine ma corde sensible, et je hoche simplement la tête aux paroles du musicien. Je ne peux pas être démasqué pour autant, pas comme ça, pas par un simple inconnu qui m’a laissé fumer une cigarette en sa compagnie.
Puis il vint. Le coup de grâce. Ce moment où je n’ai plus qu’une envie, que le sol s’ouvre sous mes pieds et m’engouffre, jusqu’au centre de la terre, pour ne plus avoir à continuer cette discussion. « des crabes très, très intolérants, en plus. » ajouta Takagi, alors que je sens toute la couleur de mon visage disparaître, d’un coup, d’un seul. La tournure étrange de cette conversation ne fait que de me rappeler ce qui m’attend, si jamais ça se sait. Une réputation, qui se brisera en mille morceaux. Une famille, qui s’éloignera, me détestera, pire encore, me coupera les vivres. Une femme déshonorée, une fille déçue et atristée. Tout ce qu’il me restera, seront les économies que j’ai pu mettre de côté toutes ces années, mais à quoi sert l’argent si ce n’est pas pour gâter sa famille et les gens qu’on aime ? Dans ce scénario, je me retrouve seul, désemparée, sans aucun but dans ma misérable vie. « Quelle idée, hein. » les seuls mots que j’arrive à prononcer, plongé dans le vertige que la remarque de Takagi a causé. A ce moment précis, je me rends compte que je ne suis qu’un funambule, et que le moindre vent un peu trop violent pourrait me faire tomber dans le vide. Une longue chute, effrayante, douloureuse et sans amortisseur à la fin.

Heureusement, Wesley détend l’atmosphère grâce à une réponse légère suivant le compliment que je lui ai fait. Je souris, bien que je n’ai plus vraiment l’impression d’être en compagnie d’un adulte mais plutôt d’un adolescent. « ’On ne dirait pas à première vue.’ J’apprécie votre honnêteté. » La légèreté fut de courte durée, car la question qu’il me pose ensuite me renvoie sur le fil, à essayer de trouver mon équilibre pour ne pas tomber. Mais je ne peux pas me laisser distraire comme quelques minutes avant. Je ne peux pas laisser mes émotions reprendre le dessus, ce n’est pas comme cela que je fonctionne. Il faut que je me batte. « Si… il faudrait d’ailleurs que je ne tarde pas trop, ma femme finira par s’inquiéter. » Je regarde à gauche, à droite, me demandant ce qu’à fait mon Uber pour mettre tout ce temps à enfin pointer le bout de son nez. Je vois la voiture qui m’est indiquée sur l’application arrêtée à un feu rouge, à quelques mètres de nous. Dans quelques minutes, elle viendra se garer en face de moi, afin de me sauver du malaise que je ressens désormais. « C’est mon Uber là-bas, d’ailleurs. » J’indique la voiture au musicien d’un vague signe de tête. « Merci pour la cigarette. Ce fut un plaisir, Wesley Takagi. »

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