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and in the middle of my chaos, there was you

@ Invité

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Ven 18 Déc - 8:08
( ) Jingle bells, jingle bells, jingle all the way ! Oh, what fun it is to ride in a one horse open sleigh ! Hey ! Jingle bells, jingle... Si Bianca pouvait le leur faire avaler, leurs clochettes. Certainement que le regard noir qu'elle attarde sur cette chorale ne laisse aucun doute sur l'animosité qu'ils lui inspirent. Tant d'entre eux peuvent être en adoration à la perspective de Noël, mais ce n'est évidemment pas son cas. Pourquoi le serait-elle ? Sa famille n'a jamais vraiment donné dans la magie de Noël, pour plutôt en faire un jour comme les autres, où chacun reste dans son coin. Et c'est peut-être pas plus mal, car si la jeune fille avait quelques bons souvenirs en la matière, elle n'en serait que plus amère aujourd'hui de ne plus connaître ces réjouissances.
Seulement amère, elle l'est quand même, en passant à côté de cette chorale dans les rues new-yorkaises – un quartier en particulier, le Bronx. L'orgueilleuse ne l'admettra jamais, mais elle est jalouse, au fond. Jalouse de ceux qu'elle voit se ravir de cet esprit de Noël, qui se laissent être heureux tout simplement. Alors oui, elle tire la tronche en regardant cette chorale faire du porte-à-porte, au point même où la sale gosse serait presque tentée d'attendre son heure pour faire un croche-patte à l'un d'entre eux. Mais non, elle continue son chemin.

Autant dire que lorsque Bianca arrive à destination – l'association El Hálito – elle n'est pas de la meilleure humeur qui soit, parce qu'en plus de ça, son amie (celle qui lui sert de prétexte pour s'attarder dans les locaux) n'est pas encore arrivée. Seulement est-ce vraiment pour elle qu'elle est ici ? Puisque son premier réflexe n'a pas été de chercher la silhouette familière de cette dernière, mais plutôt celle d'un bénévole barbu qui a le double de son âge. Et en l'occurrence, elle l'a déjà repéré, Wesley, à discuter là-bas au fond avec un petit groupe de jeunes. Elle, elle reste dans son coin, pas loin de l'entrée. Elle attend son amie bien sûr ! Pourtant c'est toujours le même qu'elle guette du coin de l'œil, comme s'il finirait forcément par venir la voir dès qu'il s'apercevrait de sa présence.
Ce n'est pas ce qu'il s'est passé la dernière fois qu'elle est venue. Non, la dernière fois, elle a ruminé tout le long durant de le voir faire des apartés avec d'autres qu'elle. Elle le rumine encore à vrai dire. Elle se désespère d'être comme ça, vraiment. Elle n'a pourtant eu l'occasion d'échanger avec lui que quelques fois, et avec une (fausse) mauvaise volonté de sa part. Sans aucun doute qu'il fait ça avec d'autres jeunes tous les jours, alors pourquoi elle s'accroche autant au peu qu'il lui a déjà donné ? Un bref instant, elle le voit justement redresser la tête dans sa direction et elle pourrait presque jurer qu'il l'a vu... pas de quoi avoir un seul signe de reconnaissance pour autant. Sa mâchoire se crispe. Elle se retourne brusquement, prête à prendre la direction de la sortie ; seulement dans sa précipitation, sa main heurte un verre au bord de la table voisine, qui vient s'écraser au sol. Elle aurait pu l'avoir fait exprès, mais non. Elle, s'excuser dans la foulée ? Faut pas rêver non plus. Mais quand même, elle se décide finalement à faire l'effort de ramasser les pots cassés de sa maladresse : elle se baisse et commence par collecter les plus gros morceaux de verre dans ses mains. Non sans tirer la gueule, évidemment. Après tout, faudrait pas que ceux dont elle a momentanément attiré l'attention, croient qu'elle le fait de bon cœur non plus !

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Lun 21 Déc - 0:11
Enseigner était bien plus difficile que ce que Wesley avait imaginé. Pour l’instant, n’avait donné que quelques cours à l’association, mais il s’était déjà heurté à tout un tas de difficultés. Bien que sa maîtrise des divers instruments soit impeccable, il n’en allait pas de même pour sa didactique. Si Alejandro ne l’attendait pas au tournant, il aurait même pu laisser tomber, décrétant que la pédagogie n’était pas faite pour lui. De toute façon, Wes n’avait pas la prétention d’apprendre quoi que ce soit aux jeunes. Les cours de solfège, honnêtement, il n’y avait rien de plus rébarbatif. Très peu pour lui. Son ambition était plutôt de leur offrir un défouloir, de leur donner quelques techniques ludiques pour pouvoir frimer avec une guitare entre les mains. En bref, il essayait de faire quelque chose de valorisant pour eux. Avec un peu de chance, s’en suivrait l’envie d’en savoir plus, de s’intéresser à la technique. Mais chaque chose en son temps.

« T’inquiète Ben, les accords que t’as appris, tu peux les recaser partout, ils font toujours leur petit effet. À partir de maintenant, en soirée, tout le monde croira que tu joues de la guitare depuis dix ans. » L’ado eut un sourire timide que Wes considéra comme une victoire. « Tu vas briller au Nouvel an. » Le Nouvel an, d’ailleurs, parlons-en. Le réveillon, le repas de Noël, tout ça n’enchantait pas particulièrement le musicien. Avec les festivités venaient les obligations familiales. Il n’y avait rien qui l’agaçait plus que devoir faire bonne figure. Écouter poliment des cousins lointains, très fiers d’avoir monté leur business – alors qu’il s’en fichait royalement et qu’il était infoutu de comprendre leur dialecte d’auto-entrepreneurs. Si ça ne tenait qu’à lui, les réjouissances se dérouleraient devant une énième rediffusion des Gremlins, avec pour seule compagnie un verre de vin chaud. Ou plusieurs, jusqu’à ce qu’il soit superflu de les compter.

Le bruit du verre éclatant contre le carrelage l'extirpa de ses pensées maussades. Il s’excusa auprès dudit Ben. « Je vais aller voir ce qu’il se passe, apparemment il y a eu un petit cataclysme là-bas. » En quelques enjambées, Wes fut auprès de la tornade blonde. Et lorsqu’il reconnut la coupable des faits, un sourire narquois naquit sur ses lèvres. « La reine de la discrétion, mh ? » Wes avait toujours eu une affection particulière pour les tempéraments volcaniques. Peut-être parce que souvent, ils cachaient des combats difficiles et des faiblesses bouleversantes. Alors la première fois qu’il avait aperçu Bianca, en retrait, les bras croisés et l’air orageux, il était tout naturellement venu lui faire la causette. Depuis, ils s’étaient souvent recroisés. À chaque cours qu’il donnait, en fait. Sauf la semaine passée, Wes ne se rappelait pas avoir vu la jeune fille. Il ignorait qu’en réalité, si, elle était bien là. Et qu’elle avait très mal pris le fait qu’il ne l’ait pas remarquée. Alors il enfonça le clou. « T’es pas venue, la dernière fois ? »

D’un mouvement de menton, Wesley désigna les débris de verre qui gisaient au sol. « Laisse, tu vas te tailler. » Il s’éclipsa une poignée de secondes, le temps d’aller chercher une balayette et la poubelle. Pour faire la conversation, tandis qu’il ramassait les derniers éclats de verre, il lâcha : « Elle est pas là, ta pote ? » La question, innocente, laissait tout de même entendre qu’il n’était pas dupe. L’excuse « ce n’est pas moi, c’est une amie », Wes l’avait utilisée avant Bianca, il était donc capable de débusquer la supercherie.

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Mar 29 Déc - 13:44
Si Bianca avait voulu attirer l'attention, peut-être bien que c'est ainsi qu'elle s'y serait pris : casser un verre. Gueuler, ça marche bien aussi. Toute forme d'éclats aurait pu faire l'affaire à vrai dire. Et à présent qu'elle a ces éclats de verre à ses pieds, il suffirait d'un rien pour qu'elle fasse entendre des éclats de voix, si seulement d'autres ont la mauvaise idée de se moquer de sa maladresse. Mais puisqu'ils n'en font rien, elle se décide à s'accroupir, elle et son orgueil embarrassé, pour ramasser des dégâts qu'elle aurait aussi bien pu laisser plantés là.
Seulement ne l'a-t-elle vraiment pas fait exprès ? Sûr de sûr ? Parce que cela lui vaut finalement d'obtenir ce qu'elle attendait (malgré elle) : il est là, elle l'entend, si elle n'a pas encore redressé la tête pour le voir. Forcément, il faut qu'elle ait fait une connerie pour qu'il se pointe ! Et c'est les lèvres pincées, qu'elle daigne enfin le regarder.
- Tu sais ce qu'elle te dit, la reine de la discrétion ? Certainement rien d'autre qu'un mot aimable évidemment. Bonjour peut-être, ou bien comment ça va ? Elle ne s'attarde pas plus à le regarder en tout cas, pour plutôt en revenir aux morceaux de verre qu'elle ramasse. Ainsi, il ne peut pas voir l'expression amère qui lui tord le visage lorsqu'il pose une malheureuse question : pas là, la dernière fois ? La bonne blague. Un mauvais sourire vient justement étirer ses lèvres, tandis que sa mâchoire se crispe. Est-ce qu'il le fait exprès ? Elle se fige un instant, avant de marmonner (vexée).
- Qu'est-ce que ça peut te foutre. Bianca, ou l'art de la mauvaise foi : elle a de toute évidence mal pris de ne pas avoir eu l'occasion d'échanger avec lui, mais elle n'irait pas jusqu'à l'admettre, ça non ! Bien qu'elle reprend tout de même un peu d'aplomb, en relevant la tête dans sa direction.
- Si, j'étais là. Mais monsieur était très occupé, c'est le sous-entendu qu'elle manque d'échapper, avant de se mordre la langue. Dans un même temps, Wesley semble se soucier qu'elle finisse par se couper, et l'ingrate ne pouvait pas accueillir cette bienveillance autrement qu'avec mauvaise volonté.
- Ça va, je suis pas débile non plus. Ou peut-être bien que si, puisque dans son inattention, elle finit effectivement par se couper le bout du doigt alors qu'il est parti chercher la poubelle. Aussitôt, elle s'empresse de se relever et de fourrer sa main dans la poche de sa veste – il ne faudrait pas qu'il puisse voir qu'il avait raison non plus. Et lorsqu'il revient en s'enquérant de son amie, c'est à son tour de laisser voir un sourire narquois.
- Si, bien sûr que si, tu vois bien qu'elle est là. Dis bonjour à Jess, suggère-t-elle tout en désignant le vide à ses côtés. Ou comment chercher à éviter le sujet de son amie. Et lui, comment pourrait-il avoir envie de s'attarder après tout ça ? Elle qui n'attendait que de lui parler, elle lui donne finalement toutes les raisons de repartir d'où il vient. Quel foutu paradoxe.
- C'est bon, t'as fait ta B.A. de la journée ? On t'attend, qu'elle remarque tout en désignant d'un regard l'autre gamin avec qui il échangeait avant ça.

Reste. Ça, elle ne le dit pas.

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Mar 5 Jan - 16:27
L’accueil glacial de Bianca ne sembla pas le perturber outre mesure. Il adopta un ton exagérément niais pour lui répondre. « Oui je vais bien, merci Bianca, c'est gentil de t'en inquiéter. » Puis il leva les yeux au ciel et railla : « Ton amabilité m'avait manqué. »

Wes accueillit le « qu'est-ce que ça peut te foutre » avec un ricanement, comme si c’était une bonne blague. Pas exactement la réaction que Bianca attendait, sans doute. Mais des gens avec un caractère de cochon, Wes en avait côtoyé beaucoup. Il avait appris que la meilleure des réactions était de laisser glisser les remarques cinglantes. Il ne se formalisait plus des sautes d’humeur, au contraire, il les prenait à la légère. Parce qu’au final, l’orage finissait toujours par passer.

« Si, j'étais là » « Ah, my bad. Bah, pourquoi t’es pas venue me voir ? Ça fait toujours plaisir d'avoir de tes nouvelles. » Ou comment glisser (discrètement mais sincèrement) qu’il l’appréciait et qu’il lui importait de savoir comment elle allait. Ça ressemblait beaucoup à du favoritisme, à vrai dire. Wes aimait bien les jeunes d’El Halito, mais avec certains d’entre eux, le courant passait mieux qu’avec d’autres. Rien de plus humain. Bianca, c’était l’exception. Elle faisait partie de ceux avec qui il préférait échanger, alors qu’elle le jetait une fois sur trois. Une fois sur deux, même. Il était incapable d’expliquer pourquoi il s’obstinait, mais il avait cette espèce d’intuition. Cette conviction qu’une brèche se trouvait quelque part.

Wes fixa une seconde le vide qu’elle lui désignait. Puis il haussa un sourcil. « Ok, Jess est pas très bavarde, par contre elle est vachement plus chill que toi. » Bianca ne l’avait pas habitué à une affabilité hors du commun, certes. Mais tout de même, d’ordinaire, elle ne se montrait pas aussi agressive. Wes comprit qu’il avait commis un impair. Il ne se rappelait pourtant pas avoir été maladroit lors de leur dernière discussion. En même temps, il faisait tellement de gaffes qu’il ne s’en rendait même plus compte. Bon sang, Wes, qu’est-ce que t’as encore raconté comme connerie ? Il était loin d’imaginer que l’animosité de Bianca était liée à une petite crise de jalousie. Comment aurait-il pu deviner qu’elle s’était attachée à lui ? Lui, le quarantenaire à l’ouest ; lui, le bénévole qui inspirait le moins confiance parmi tous ceux de l’association.

Il balaya le « On t’attend » d’un geste de la main. « Faut que je te parle d’un truc avant. » Wes se faisait un défi personnel de réussir à arracher un sourire à Bianca – c’était plutôt mal engagé, à en juger par sa tronche de six pieds de long. Mais le musicien était fier de son idée, il était donc confiant… Un peu trop sans doute. « Tu cherches un appart en ce moment, c’est ça ? » Wes fit mine de ne pas trop en savoir, pour ne pas la froisser. En réalité, il connaissait la situation exacte de la jeune fille. Évidemment, ça n’était pas elle qui lui en avait parlé. Il en avait eu vent par les autres jeunes de l’asso. « J’ai un bon plan à te proposer. Mon locataire m’a lâché et j’aime pas avoir un appart vide sur les bras. Ça te dirait de t’y installer le temps que je trouve quelqu’un pour le remplacer ? C’est l’histoire de deux, trois mois à tout casser. » Comme s’il fallait trois mois pour refourguer un appartement en plein cœur de Manhattan. Wes n’était définitivement pas un très bon menteur. « Bon, c’est pas très grand et pas super bien décoré, mais c’est confortable. »

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Lun 11 Jan - 13:58
Alors, qu'est-ce qu'elle lui dit, la reine de la discrétion ? Faut croire que Wesley ne pense pas que ça puisse être des salutations ou des politesses, et elle ne sait vraiment pas ce qui lui fait dire ça. Au hasard, la gueule qu'elle tire ? Doublé de son sous-entendu grossier. En tout cas, il ne se formalise pas de l'expression de sa mauvaise humeur (ou c'est ainsi qu'elle le perçoit) et c'est en redressant la tête, pour laisser voir un sourire forcé, qu'elle lui répond – ce qui revient à montrer les crocs dans son cas.
Aimable, oui, c'est le mot. Aimable et chaleureuse. Et juste avant d'en revenir à ces morceaux de verre, ce sont ses sourcils froncés qui démontrent sa contrariété, à l'entendre ricaner de sa vulgarité. Mieux vaut se pincer les lèvres oui, pour se retenir de partir au quart de tour, surtout lorsqu'il tombe là où ça fait mal sans le savoir : la dernière fois qu'elle est venue. Et il est obligé de remuer le couteau dans la plaie en plus ? Là voilà qui serre la mâchoire pour se retenir un peu plus de l'ouvrir. Mais en même temps c'est vrai ça, pourquoi elle n'est pas venue le voir ? Il laisse entendre le plaisir que ça aurait été de lui parler, seulement comme trop souvent, l'idiote n'est pas à l'écoute du positif pour mieux s'obnubiler du négatif. De quoi échapper un sarcasme, encore.
- C'est vrai que c'est à s'y perdre ici, impossible de suivre qui rentre et qui sort. Elle balaye la pièce d'un regard pour illustrer son reproche. Mais faut croire qu'elle laisse un peu trop facilement deviner ce qui la contrarie à son goût, car elle ne tarde pas plus pour prétendre son j'm'en foutisme habituel.
- J'étais pas d'humeur. La gosse ne peut pas dire, qu'à l'inverse de ce qu'elle laisse entendre, il est la première raison qui la pousse à revenir ici. Qu'elle ne se l'explique pas, mais qu'elle n'attend que ça, de lui parler à chaque fois. Non, elle tait tout ça.
En attendant, il s'est occupé de ramasser les dégâts éclatés au sol, et elle ne le remercie pas non plus pour ça. Pire, elle le prend pour un con en s'inventant une amie imaginaire – bien qu'elle ne fait plus autant la maline quand il la prend à son propre jeu. De quoi réussir à perdre son sourire en une demi-seconde.
- Je peux vous laisser tous les deux si tu préfères. Ou en l'occurrence, le planter là... mais elle n'en a pas l'envie, puisqu'elle est encore là. Et lui, faut qu'il lui parle d'un truc, qu'il dit. Aussitôt son cœur bat un peu plus vite – non pas qu'elle craint des remontrances à venir, mais qu'elle s'emballe un peu trop de cet intérêt manifeste. Enfin non, elle ne peut pas se risquer à croire ça : il y a forcément anguille sous roche. Alors à l'écouter lui proposer un logement, elle reste effectivement sur ses gardes, surtout lorsque son orgueil se déplaît de l'entendre savoir qu'elle n'a pas de logement. Elle réagit même au quart de tour.
- Qui est-ce qui t'a dit ça ? Pas elle en tout cas. Forcément, là voilà qui jette des coups d'œil suspicieux aux autres jeunes présents dans les locaux. Si seulement elle pouvait lâcher sa défensive un seul instant, tandis que son attention revient finalement à Wesley.
- Tu voudrais vraiment la reine de la discrétion comme locataire ? Je te crois pas. C'est quoi le plan ? Je sais pas ce qu'on t'a raconté, mais j'ai pas besoin de tes plans foireux. Faux. Archi faux. Non seulement elle en a besoin, mais elle en aurait l'envie (si seulement elle s'écoutait). Mais non, Bianca, elle peut pas juste dire merci, saisir cette main tendue et se taire. À la place de ça, elle cherche à nouveau la provocation pour s'y cacher.
- D'ailleurs j'habite avec Jess. Hein, Jess ? Nouveau coup d'œil en direction de son amie, non sans un sourire trop travaillé pour être vrai. On a un super loft avec vue sur Manhattan ! Mais je suis sûr que tu trouveras une autre âme en peine à qui refourguer ton appart. C'est pour ça que t'es ici alors, jouer les bons samaritains ? Mauvaise nouvelle pour lui : elle n'est pas prête à admettre qu'elle a besoin d'aide. Et pourtant... elle est là.

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Dim 24 Jan - 22:51
Alors comme ça, la dernière fois, Bianca n’était pas d’humeur. Wes ricana à nouveau, se moquant ouvertement. « T’as pas l’air d’être tellement plus d’humeur aujourd’hui. » Sourcils froncés, sourire crispé, l’œil assassin, oui, vraiment, Bianca respirait la joie de vivre. Et même si elle dissimulait mal sa petite crise de jalousie, Wes était incapable de lire entre les lignes. De fait, il avait l’impression que sa présence dérangeait profondément la jeune femme. Il se demanda si, finalement, il ne serait pas plus judicieux de la laisser tranquille. Après tout, depuis qu’il s’était approché, elle ne l’avait pas vraiment incité à rester. Au contraire. Il allait encore passer pour le quarantenaire lourd, celui qui essaye en vain de se la jouer cool auprès des jeunes. Celui qui fait des blagues gênantes et à qui on adresse un sourire poli en priant pour qu’il dégage vite le plancher.

Il fallait tout de même qu’il lui parle de cette histoire d’appart. C’est ce qui le poussa à rester... Il ne fut pas déçu du voyage. La réaction de Bianca le déstabilisa complètement. Son « Qui est-ce qui t'a dit ça ? » ébranla l’air confiant qu’il arborait une seconde auparavant. Qui lui en avait parlé ? C’était Ben, le blondinet à la tête de premier de la classe avec lequel il discutait quelques minutes plus tôt. Le musicien soupçonnait le petit gars d’entretenir un léger crush envers Bianca. À moins qu’il ne se fasse des films. « Je me souviens plus qui m’en a parlé. » Pas fou, il avait menti : il ne tenait pas à ce que la jeune femme punisse Ben d’avoir cafté en lui faisant un croche-patte à la sortie... Il l’en croyait parfaitement capable.

Wesley ne comprenait pas pourquoi Bianca prenait sa proposition comme une agression. Ça ne ressemblait pas à un piège, pourtant. Il n’y avait aucune contrepartie, aucune condition obscure inscrite en tout petit au bas du contrat. Il avait même essayé de faire passer ça pour un service qu’elle lui rendrait, si d’aventure elle acceptait. Lui qui était tout fier de son idée se sentit coupable, alors qu'il n'avait rien à se reprocher. Il essaya de se justifier. « C'est pas un plan foireux. Ça me rendrait service, je me disais que ça pouvait te dépanner aussi, maintenant si ça t'intéresse pas c'est pas mon problème, je t'oblige à rien. Si t’as une meilleure option, tant mieux. »

Pour la première fois depuis le début de leur conversation, Wes laissa transparaître un début d'agacement. L’histoire de Jess, si elle l’avait amusé au début, commençait à le gonfler… Surtout que Bianca s’en servait pour lui parler comme à un abruti. « Yep, c’est bon, le message est passé. » Pas besoin d’être aussi désagréable, aurait-il pu rajouter. Mais il s’en empêcha et se radoucit. La manière qu’avait Bianca de manifester son affection dépassait ce que Wes était capable de comprendre. Mais son intuition ne le quittait pas pour autant. « Une âme en peine » avait-elle dit. Non, Wes ne la considérait pas comme une âme en peine. Juste comme quelqu’un qui avait besoin qu’on croit en lui. Si les autres en doutaient, lui en était persuadé, alors il était prêt à encaisser les moqueries jusqu’à ce qu’elle reconnaisse qu’elle avait besoin d’un coup de pouce.

Lorsqu’elle le qualifia de « bon samaritain », il fut piqué au vif, alors que le terme n'avait rien d’offensant. Pourtant, dans la bouche de la blonde, le mot dégoulinait d’ironie, au point de ressembler à une insulte. C'était comme si, en disant cela, elle décrédibilisait sa démarche, lui qui se battait pour essayer d'être utile avec le peu qu'il avait à offrir. En ce moment, Wes ne trouvait pas de sens en grand-chose, El Halito était l'une des seules exceptions, c'est pourquoi la moquerie de Bianca le froissa. À la limite, il aurait préféré qu’elle continue à le prendre pour un con. Lui qui se disait prêt à encaisser n’était peut-être pas si patient que ça. « Les bons samaritains je sais pas, mais si je peux me rendre utile au lieu de rien foutre sur le canap de ma coloc... » Wes avait lâché ça avec un air blasé. Il ne réalisa pas qu’en évoquant sa vie morne, il donnait à Bianca assez de munitions pour qu’elle puisse réussir à le vexer davantage.

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Dim 7 Fév - 11:57
Quand est-ce que Bianca est jamais d'humeur à quoi que ce soit, effectivement ? Toujours sur la défensive, elle projette le pire sur les véritables intentions des autres, et montre les crocs en conséquence. Quand est-ce qu'elle apprendra à laisser le bénéfice du doute ? À se mettre à la place des autres ? La jeune femme est encore immature de bien des façons, et – sans surprise – elle trouve le moyen de se vexer à entendre Wesley rire d'elle. Au moins elle ne va pas jusqu'à répliquer pour se montrer revêche dans la foulée, non, à la place de ça elle fait la tête. Comment qualifier autrement cette expression renfrognée sur son visage ? Qui laisse bientôt place à une (désagréable) surprise, lorsqu'elle l'entend mettre sur la table son problème de logement. Car oui, c'est tout ce qu'elle retient : plutôt que l'aide qu'il tente de lui apporter, elle s'obnubile qu'il puisse la savoir sans domicile et ça ne lui plaît pas. Pourquoi ? Pourquoi ça la dérange tant que ça qu'il soit au courant de ses difficultés ? Sa fierté, certainement. Elle n'aime pas non plus l'idée que Wesley puisse apprendre des choses sur son compte à son insu. De toute évidence, ça lui importe ce qu'il peut penser d'elle. Plus qu'elle ne serait prête à l'admettre. Alors oui, qui est-ce qui a bien pu lui raconter ça ? Il ne s'en souvient pas. Aussitôt suspicieuse, Bianca ne cache pas ce qu'elle en pense.
- Je te crois pas. Et dans la foulée, là voici d'ailleurs qui attarde à nouveau son attention sur ceux présents dans les locaux, comme si elle pourrait deviner, d'un seul coup d'œil, qui aurait pu avoir quelque chose à dire à son sujet. De cette façon, elle ne réalise pas la déception qu'elle cause à Wesley, en se montrant tant réfractaire à sa proposition – forcément, elle a laissé parler son orgueil, et non son bon sens. Trop tard pour reculer maintenant. Peut-être qu'à tête reposée... elle le regretterait. Mais elle n'en est pas encore là, puisqu'elle est toujours occupée à regarder autour d'eux, qu'elle l'entend sans vraiment l'écouter. Tout ce qu'elle retient alors, ce sont ses derniers mots : le message est passé. Et elle ne démord pas de son mensonge, tout en se décidant à retrouver son regard.
- Maintenant tu sais que non. Que non, elle n'a pas de meilleure option ? Oui ! Que oui. Lapsus révélateur, sans aucun doute. De quoi s'en mordre la langue. Néanmoins, elle s'efforce de ne pas laisser paraître sa confusion plus longtemps, et pour ça elle rejette l'attention sur son camarade. Lui, un bon samaritain ? Ça sonnerait presque comme une accusation, en effet. Depuis quand est-ce que vouloir tendre la main à ceux en difficulté est honteux ? Être utile, voilà une chose qui lui ferait certainement du bien à elle aussi, si seulement l'idée lui traversait l'esprit. Mais plutôt que d'y songer, elle n'a d'attention que pour Wesley : car si l'alternative est de rien foutre pour lui, elle en conclut donc qu'il aurait du temps à revendre ?
- Quoi, t'as pas de job à côté de tes ateliers ? Et non, cette fois-ci ce n'est pas une question qu'elle pose sur un ton de reproche, mais véritablement l'expression de sa curiosité. Pour une fois qu'elle a l'occasion d'en apprendre un peu plus sur cet homme dont elle espère (malgré elle) autre chose que de l'indifférence.
- Tu dois pas t'en sortir si mal si t'as un appart à louer. Du moins, c'est ce qu'elle assume : être propriétaire, c'est déjà une richesse en soi. Et si la sale gosse donne finalement l'impression d'être capable de mener une conversation sans hostilité, sa jalousie ne reste pas loin pour autant : à darder un nouveau coup d'œil du côté des autres jeunes, elle s'attarde sur le jeune homme avec qui il semblait en intense conversation juste avant ça. Parce que, quand même, y'a une question qui la démange. Celle qu'elle n'a cessé de se poser tout en les regardant dans son coin, quelques minutes auparavant.
- Vous parliez de quoi qui était si passionnant ? D'un coup de menton, elle lui désigne donc Ben, les bras désormais croisés sur sa poitrine.

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Ven 12 Fév - 22:29
Égal à lui-même, Wes prit la méfiance de Bianca à la légère. En la regardant épier autour d’elle, comme un animal traqué, il lâcha : « Pas la peine de la jouer parano. Personne ne t’espionne. » Visiblement, il venait de mettre Bianca dans une situation d’inconfort absolu. Qu’avait-il bien pu foirer ? Vraiment, il ne voyait pas ce qui s’était si mal passé dans son plan censé se dérouler sans accroc. Le lapsus de Bianca lui fit hausser un sourcil. « Donc c’est oui ou c’est non ? » Il s’était promis de ne pas insister et voilà qu’il le faisait quand même. Mais personne de normalement constitué ne laisserait partir Bianca sans s’assurer qu’elle dispose d’un endroit safe où passer la nuit, non ? Du moins lui ne le tolérerait pas. Et pourtant, il n’y pouvait pas grand-chose de plus. C’était très frustrant.

Lorsque Bianca lui demanda s’il avait un job, il plissa le nez. Aie, la question fâchait. Lui n’était pas le roi de finesse, mais manifestement, Bianca n’en était pas la reine non plus. L'idée de mentir lui traversa l'esprit une demi-seconde. Mais pour quoi faire ? Il ne s’était jamais caché d’être un glandeur (sauf pour frimer auprès de ses ex), il n’allait pas commencer aujourd’hui. « Non, j'ai pas de job. Enfin, rien de sérieux. »

Il laissa échapper un soupir. « Ouais, à un moment je m'en sortais vraiment bien. » Mais plus maintenant. Et si Bianca ne voulait pas de l'appart à titre gracieux, alors c'était une bonne nouvelle pour le porte-monnaie de Wes. Dans un futur proche, il allait avoir besoin de cette rentrée d'argent. Certes il ne dépensait pas grand-chose étant donné qu'il ne faisait rien de ses journées, mais l’oseille filait étonnement vite. Bientôt, ses trois sets par semaine dans des bars de seconde zone ne suffiraient plus à le nourrir. Et alors ? Qu'est-ce qu'il allait faire ? Trouver un taff, être incapable de s'y investir, se faire virer au bout d'un mois ? Wes préférait ne pas trop y songer. Pour l'instant, il n'avait pas encore totalement dilapidé ses économies, alors ça n’était pas la peine de s’inquiéter. « Mais tu sais le succès, ça va ça vient, c’est le jeu de la vie d’artiste. » Wes sentit qu’il se la racontait un peu, à se qualifier lui-même d’« artiste ». C’était un bien grand mot pour un type qui portait toujours des casquettes à 39 ans et qui n’avait rien construit de stable de toute sa vie.

Quand Bianca s’intéressa à sa précédente conversation, Wes ne fut pas sûr de comprendre où elle voulait en venir. « Avec Ben ? Bah, de musique, de quoi d’autre veux-tu qu’on parle ? » Il rajouta, taquin : « Pourquoi, t’es jalouse ? » Il avait dit ça en riant, bien entendu il n’en croyait pas un mot, ça lui semblait bien trop absurde – si seulement il avait su. Et puis soudain, il parut frappé par une évidence. Son regard, qui papillonnait à droite à gauche jusqu’ici, se posa sur la jeune femme. « J’y pense, tu t’intéresses un peu à la musique ? » Cette question ne s’imposait à lui que maintenant et pourtant il aurait dû commencer par ça dès qu’il avait rencontré Bianca. Décidément, il faisait tout à l’envers. « Ça te tenterait pas de participer à l’atelier de la semaine prochaine ? »

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Ven 19 Fév - 13:47
Peut-être qu'elle en fait trop en effet. Et pourtant, elle continue à guetter autour d'elle, pour espérer trouver de qui elle doit se méfier. Qui est-ce qui a bien pu mettre Wes au courant de sa situation ? Une faute grave à en croire sa réaction. Parano, elle ? Peut-être un peu (mais juste un peu alors). Pas de quoi la pousser à démordre de sa méfiance pour autant, tandis qu'elle le retrouve d'un regard.
- Quoi, tu t'en foutrais d'apprendre qu'on parle de toi dans ton dos peut-être ? Oui, bon, elle exagère peut-être – seulement il faut bien qu'elle se rabatte sur n'importe quel argument pour ne pas avoir tout à fait tort. Et puis, en vérité, elle met bel et bien des mots sur ce qui la dérange : ce que d'autres pourraient avoir à raconter sur son compte. Wesley sait à présent qu'elle n'a pas de domicile fixe – à moins qu'elle se soit montrée suffisamment convaincante, avec son amie et ce loft imaginaires ? – et depuis, elle peine à reprendre le contrôle de la situation. Heureusement, sa mauvaise foi est prête à surgir pour prendre sa défense.
- Non ! Faut que je t'le dise combien de fois ? L'audace, ce n'est pas toujours une qualité. L'intervenant fait encore les frais de sa défensive sans aucun doute, et sur ces mots, elle craint de le voir prendre congé dans la foulée.

Et pourtant, il est toujours là. De quoi la motiver à tempérer ses ardeurs, pour ne pas lui donner toutes les raisons de partir – n'est-ce-pas pour le voir lui, qu'elle répond présente ici aujourd'hui ? Enfin, un peu de bon sens. À croire qu'elle en est bel et bien capable. Mais si elle fait preuve d'un intérêt manifeste à son sujet, elle n'a pas forcément le tact qui va avec pour autant. Tant et si bien que, si elle se décide (enfin) à détendre sa posture et son expression, celle de Wes semble se renfrogner au contraire. Malheureusement pour lui, Bianca ne tourne pas sept fois sa langue dans sa bouche avant de réagir.
- Tu fais comment pour vivre alors ? Dans le genre indiscrète, elle se défend. Ça a le mérite d'être franc au moins, quand c'est véritablement la curiosité qui lui traverse l'esprit : comment arriver à vivre sans travail ? Elle ne se doute pas d'ailleurs, d'à quel point ça peut être un sujet sensible pour le trentenaire. Après tout, il est du bon côté parmi ceux présents dans les locaux de l'association, de ceux qui peuvent apporter leur aide : c'est donc qu'il s'en sort pas si mal ? Moins qu'avant. C'est ce qu'il laisse entendre dans un soupir, et elle se surprend à regretter que tout n'aille pas comme il le veut dans sa vie. C'est vrai ça, qu'est-ce que ça peut lui faire ? Quelque chose de toute évidence. Et plutôt que d'en rajouter une couche sur son présent, elle s'intéresse cette fois-ci à ce qu'il y a pu avoir de bon dans son passé – ce qui serait donc le succès de sa vie d'artiste ?
- Tu faisais quoi avant ? Oui, elle ne le sait pas. Elle est inculte comme ça. Elle se doute que ça a à voir avec la musique, au vu de ses ateliers.

La musique, c'est d'ailleurs justement de ça dont ils parlaient avec son petit protégé Ben – oui, bon, ses pensées sont peut-être mauvaises sur ce coup-là. À mettre sur le compte de la jalousie ? Il se risque à en plaisanter, mais étrangement, elle ne rit pas autant.
- Non. Elle pourrait alors si facilement prendre la mouche... seulement faut croire que ses quelques confidences, l'ont amené à baisser sa garde (un peu).
- Je suis pas jalouse. Au cas où tu ne l'aurais pas capté, j'ai que des qualités. Aucun défaut. Tiens, mais ne serait-ce pas un premier trait plaisantin ? D'autodérision même, chose pas toujours aisée pour la fière Earl. Seulement ce n'est pas parce qu'elle se permet de le sous-entendre, qu'elle serait prête à entendre Wesley la tourner en dérision à son tour. Mais c'est donc l'esquisse d'un rictus en coin qu'elle laisse voir, pour l'instant, tandis qu'il l'entraine sur le sujet de ses ateliers.
- Euh... j'aime ça, oui. Mais de là à avoir assez de matière pour participer à cet atelier ? Ça l'inquiète. Et à la fois, elle est touchée qu'il le lui propose.
- Je saurais pas vraiment... je, je joue de rien. Elle n'est pas certaine d'en connaître assez non plus. Mais si ça pourrait l'intéresser ? Peut-être. Oui. D'autant que pour une fois, elle aurait une bonne excuse pour être en présence d'un certain intervenant.

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Ven 26 Fév - 23:47
Wes haussa les épaules, encore une fois. « Honnêtement, oui, je m’en foutrais pas mal. » La cadet de ses problèmes étaient bien les gens qui lui cassaient du sucre sur le dos. Quoiqu’il ne devait pas y en avoir beaucoup. Wes s’était toujours maintenu suffisamment dans l’ombre pour qu’on ne lui accorde pas trop d’importance. Il n’offrait pas assez de matière pour qu’on puisse cancaner à son sujet. Sauf chez les amis de ses parents. Quand il était à la Juilliard, les parents Takagi rêvaient de le voir intégrer l’orchestre philharmonique de New York. Ils s’en étaient un peu trop vantés auprès de leurs proches. Alors quand Wes s’était orienté vers un monde très… « Sexe, drogue et rock’n’roll », ça avait jasé. Wes en riait – s’ils savaient à quel point ce cliché était éloigné de sa réalité. Le rock’n’roll, ça d’accord, mais la drogue certainement pas. Quant au sexe, ok, pourquoi pas, mais dans des quantités très loin d’être démesurées.

Lorsque la jeune femme protesta sèchement, Wesley leva les mains en signe de capitulation. Là, c’était on ne peut plus clair. Au fond, il s’en trouvait blessé. Il eut une moue irritée, qu’il fit disparaître au bout de quelques secondes, mais qui n’échappa sans doute pas à Bianca.

Comment vivait-il ? Hum, bonne question. La vérité était que depuis 6 mois, il se contentait de vivoter. « Je tape dans mes économies. Et je joue dans des bars. De temps en temps. » Maintenant qu’il le disait, ça sonnait encore plus pathétique que dans sa tête. « Mais c’est pas plus mal, ça me permet de me poser, après des années de tournées. » Et voilà qu’il recommençait à se la raconter. Il avait adopté un ton traînant et s’écoutait parler. Bref, ridicule. Un peu plus et il allait se mettre à raconter des salades. Vraiment, Wes ? N’importe quoi… T’as quoi à lui prouver à cette gamine ? La gamine en question était loin d’être stupide et elle avait sûrement déjà pigé que « se poser » signifiait « ne rien foutre parce qu’on est trop occupé à se chercher des excuses ». « J’étais dans un groupe. Un groupe de heavy metal. Ça marchait bien, c’était cool. » Il en parlait avec nostalgie. Même si l’histoire du groupe n’était pas toute rose, ça lui manquait. Il avait l’impression que sa chance était passée, qu’il en avait profité mais que tout était terminé pour lui, désormais. Seul, il ne se sentait capable de rien. Et encore moins de redémarrer une carrière. « Je veux dire, on a pas eu un succès international, tu t’en doutes, mais on se débrouillait pas mal. » Wes en profita pour retourner habilement (ou presque) la question. « Et toi, tu fais quoi pour te payer cet appart dont je ne doute absolument pas de l’existence ? »

Le sourire esquissé par Bianca rattrapa son « Faut que je t'le dise combien de fois ? » qui avait failli le vexer pour de bon. Il renchérit : « Ouais, t’as que des qualités. Je l’ai constaté quand tu m’as jeté y a à peine trois minutes. » Il n’avait pas pu s’en empêcher. C’était déstabilisant d’ailleurs, car il avait dit ça avec le sourire, comme si c’était déjà pardonné, mais que, tout de même, il avait du mal à le digérer. Wes était une bonne pâte, impossible de le nier. Mais de temps en temps, il ne se privait pas de lâcher des petites piques, sous couvert de sarcasme... Un pari risqué face à Bianca.  

Puis ils se mirent à parler musique et toute trace d’agacement s’effaça du visage de Wes. Voir Bianca hésiter, presque timidement, l’attendrit. « Justement, le but c’est d’apprendre. Et d’être fier de soi en sortant. » De se sentir moins seul, aussi. Avoir l’impression d’appartenir à un groupe, voilà qui pouvait rendre service à la jeune femme. Comme ça, elle saurait vers qui se tourner si elle avait besoin d'aide. Ou plutôt si elle se décidait à en demander. Et puis ça permettrait à Wes de garder un œil sur son état – et ce, sans passer pour le dernier des stalkers.

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Mer 17 Mar - 12:46
Elle ne le croit pas. Encore une fois. Est-ce qu'il peut vraiment se foutre de ce que d'autres peuvent raconter sur lui ? Bianca aimerait être capable de s'en foutre aussi. À défaut, elle peut toujours le prétendre – bien qu'elle s'est certainement trahie ces derniers instants.
- Moi aussi. Elle aussi, elle s'en fout pas mal. C'est bien pour ça qu'elle a mis le sujet sur la table d'ailleurs ! Consciente de ne pas être très crédible, la lueur de son œil met pourtant Wes au défi de la contredire. Elle confirme dans la foulée qu'elle ne veut pas de sa location, et il semble capituler, les mains en l'air. Aussitôt, elle le regrette. De lui être aussi désagréable, ou d'avoir refusé cette main tendue ? Les deux sans aucun doute, bien que c'est de voir son expression agacée qui lui fait le plus d'effet à cet instant – y'a comme une pierre, qui se coince dans sa gorge. Ça y est, elle lui a passé l'envie de s'attarder avec elle ? À présent qu'il sait ce qu'il en est, elle n'a pas envie de le voir la planter là. C'est bien pour ça aussi, que sa curiosité profite d'une occasion pour jeter son dévolu sur sa vie, à lui, en dehors des locaux de l'association.
- Tu joues... tout seul ? Tu chantes aussi ? Dans ces bars. C'est qu'elle a du mal à l'imaginer, là, comme ça. Et justement, elle aimerait bien savoir dans quels bars il peut être amené à se produire, pour peut-être avoir l'occasion de s'en faire une idée... en catimini, évidemment. Sans aucun doute qu'elle ferait tout pour rester dans un recoin du bar, pour ne pas être vue du concerné. Il ne faudrait pas non plus qu'il puisse constater l'intérêt qu'elle lui porte ! Alors plutôt que de lui demander où il peut jouer, elle acquiesce lorsqu'elle apprend qu'il était dans un groupe. C'était cool.
- Cool, qu'elle répète avec un hochement de tête approbateur (parce qu'elle aussi est cool comme ça). Elle aurait aimé voir ça, avoir une idée de ce que ça donnait, Wesley sur scène. À défaut, elle aurait peut-être l'occasion d'écouter sa musique. Mais à vrai dire, ce qui lui trotte surtout en tête, c'est la fausse note : il était dans un groupe. Il ne l'est donc plus aujourd'hui ? Forcément, il faut qu'elle mette les pieds dans le plat.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Pour que ça s'arrête. Un jour, elle apprendra à museler sa curiosité pour faire preuve de plus de tact. Un jour... peut-être. En attendant, elle n'a rien d'autre à donner à Wes que ses maladresses. Et lui, en retour, ne manque pas une occasion de la passer sur le grill elle aussi : à mentionner cet appart (dont il ne doute absolument pas de l'existence), elle fait la moue malgré elle... avant de se décider à répondre.
- Je bosse. Dans une enseigne de luxe. Bianca et le retour des mensonges éhontés ? Après un sourcil dressé qui le défie de la prendre au sérieux, elle se ravise et détourne la tête.
- Nan, je bosse dans un bar ! C'est chiant. Ou comment lui donner une idée de son quotidien de façon succincte. Faut pas trop lui en demander après tout, quand elle vient déjà de faire un exploit : se tourner en dérision. Elle, n'avoir que des qualités ? Il le confirme... avec un sarcasme. Avec un sourire aussi. Un sourire qu'elle s'efforce de répliquer, lorsqu'elle lui répond du tac au tac.
- C'était mérité. Tu te mêles de ce qui te regarde pas. Sûr qu'elle a pris la mouche pour ce qu'elle a cru être de la pitié... et paradoxalement, elle n'a pas envie qu'il se désintéresse d'elle pour autant. C'est bien pour ça que la mention de ses ateliers et de son invitation à les rejoindre, a le don de lui faire plaisir. Vraiment plaisir. Seulement ça, elle ne peut pas complètement le laisser voir. Se dévoiler de la sorte. Alors son expression est loin d'être réfractaire, bien au contraire, mais...
- J'y penserais. Tu nous fais pas nous présenter devant tous les autres au moins ? À moitié sérieuse, elle en a un sourire en coin. Car elle y pense quand même, aux autres. Comme si ça ne pouvait pas être une opportunité de s'y trouver des amis. D'apprendre. D'être fier de soi, comme il dit.

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Jeu 1 Avr - 22:04
Le fait que la jeune femme s’intéresse à sa vie lui fit plaisir. L’air de rien, elle commençait à se dérider et Wes en tirait vanité. Gonflé d’orgueil, il en oublia presque le début légèrement houleux de leur conversation. Restait plus qu’à espérer qu’il ne fasse pas de gaffes qui pourraient lui attirer les foudres de Bianca. « Ouais, tout seul. Ça m’est arrivé de chanter, mais c’est pas là où je suis le meilleur, j’ai pas une voix qui sort de l’ordinaire. Je suis bassiste, moi, à la base. » Sans réfléchir, il ajouta : « Si ça t’intéresse, tu pourras passer me voir, un jour. » Wes regretta aussitôt d’avoir proposé. Il croisa les doigts pour que Bianca ne rebondisse pas en demandant le nom des bars en question. Sa relation avec sa musique était compliquée, ces derniers temps. Trois fois sur quatre, il terminait son set avec un arrière-goût désagréable au fond de la gorge. Il n’était pas satisfait de lui-même et ça le rendait malheureux. Wes qualifiait son propre travail de « moyen », il ne tenait donc pas à ce que Bianca y assiste. Il ne cherchait pas à l’impressionner, mais… Quoique non, tout compte fait, il aurait bien aimé l’impressionner. Qu’elle le trouve génial, comme une petite sœur peut trouver son grand frère génial. Wes, t’es une vraie carpette, tu la connais à peine, pourquoi son avis t’importe autant ? À son âge, pourtant, il aurait dû pouvoir se passer de la validation d’une quasi-inconnue.

Bianca insista sur la séparation de son groupe et Wes consentit à lui livrer quelques informations, au compte-goutte. « Hm, longue histoire. Si tu veux la version courte, disons qu’ils en ont eu marre de mes caprices. » La formulation était quelque peu dramatique, mais ça n’en demeurait pas moins vrai. Un beau jour, le musicien en avait eu assez de s’écraser, de tout accepter en faisant mine de s’en foutre. Sauf que maintenant, il avait l’air bien bête, tout seul, incapable de s’affirmer. Une carpette, comme il disait.

Heureusement, Bianca l’empêcha de s’apitoyer sur son sort en évoquant son propre boulot. Il ignora adroitement la tentative de mensonge de la blonde. L’imaginer derrière le comptoir d’un bar le fit sourire. Bianca et le sens du commerce ? Les deux concepts étaient difficiles à associer. « Je suis sûr que t’es du genre à cracher dans la bière des clients irrespectueux. » Son sourire s’agrandit. « Ça reste entre nous, mais franchement, y a des gros lourds qui le méritent. » La nature sociable de Wes était en train de reprendre le dessus, il devenait bavard. « Je connais la proprio d’un bar qui fout ce genre de gars à la porte en deux temps trois mouvements, mais c’est pas partout pareil… Tu bosses où, toi ? »

Gauche, il ne sut pas comment prendre le reproche de Bianca – qui n’en était pas vraiment un. Il se frotta le bras, embarrassé. « T’es pas la première à me le reprocher... Désolé, je voulais pas être intrusif. » Lui, tendance à s’occuper des problèmes des autres au lieu des siens ? Jamais de la vie. Pas du tout son genre. Enfin, presque pas.

Certes, il avait foiré en beauté cette histoire de location. Peut-être aurait-il dû attendre un peu avant de la proposer à Bianca, car pour l’instant, il n’avait réussi qu’à la braquer. Mais Wes n’en demeurait pas moins fier de lui : elle avait abandonné son air réfractaire et se montrait (presque) enthousiaste à l’idée de rejoindre son atelier. Sa question le fit éclater de rire, comme si elle venait de dire une énormité. « Mais non, bien sûr que non, c’est un truc de prof ça, et moi je suis pas un prof. »

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