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Make yourself at home - Jeza

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Mer 3 Fév - 19:45
Jezabel sur ses talons, Wes conclut la visite de son appartement par un : « Voilà, j’espère que tu t’attendais pas à une villa avec piscine. » C’est vrai que le deux pièces, bien qu’idéalement situé en plein cœur de Greenwich Village, était loin d’avoir la taille d’un palace. Ça suffirait toutefois à dépanner l’ex-londonienne, du moins l’espérait-il. S’ils s’organisaient bien, le temps qu’elle habiterait ici, ils devaient pouvoir réussir à ne pas trop se marcher dessus.

Wes n’osa pas lui en demander plus sur les raisons qui l’avaient poussée à quitter Londres. Lorsqu’elle l’avait appelé pour lui demander de l’héberger quelques temps, il avait accepté sans poser de questions. Il ignorait la nature de ces « quelques temps », s’ils se comptaient en jours ou en semaines, mais ça ne le dérangeait pas. Son appartement était un vrai hall de gare, il avait l’habitude d’y accueillir des amis de passage, de le prêter pour rendre service à des « potes de potes ». Il n’y attachait pas une grande importance. La déco, minimaliste, en était témoin. Wes avait gardé les mêmes meubles que lorsqu’il était à la Juilliard. Son sens de la décoration laissait cruellement à désirer, seules quelques affiches de festivals plaquées aux murs donnaient un peu d’âme à l’endroit. Bref, Wes considérait plus son appart comme un pied-à-terre bien pratique que comme un véritable cocon – ce qui expliquait sa facilité à le confier à des quasi-inconnus. Mais Jeza n’était pas une quasi-inconnue. Et même s’ils ne s’étaient pas vus depuis un moment, le musicien était ravi de sa visite.

Enfin, il aurait préféré qu’elle se fasse dans de meilleures conditions. Il n’avait aucune idée de l’état d’esprit dans lequel se trouvait Jeza après son départ de la capitale anglaise. Il avait choisi d’éviter le sujet tant qu’elle ne l’abordait pas d’elle-même, quitte à avoir l’impression de marcher sur des œufs. « Café peut-être ? » Sans attendre sa réponse, Wes enjamba la valise de son amie pour accéder à la cafetière, qu’il mit en route.

Il lui avait laissé l’unique chambre, pour deux raisons. Premièrement, Wes ne laissait jamais passer une occasion de se la jouer grand seigneur. Deuxièmement, il ne dormait que rarement dans sa chambre, car le soir, il avait toujours la flemme de déplacer sa carcasse du canapé jusqu’à son lit. Ça, évidemment, il le garda pour lui, préférant passer pour un gentleman que pour une feignasse – question de fierté.  Il enjamba à nouveau la valise, dans l’autre sens, pour aller fouiller dans le vide-poche de l’entrée. Puis il tendit un jeu de clefs à Jezabel. « Tu fais comme chez toi et tu restes aussi longtemps que tu veux. »

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Sam 20 Fév - 12:18

Elle avait tellement hésité que jusqu’au dernier moment, elle avait failli rebrousser chemin pour se retrouver dans leur petit appartement de Notting Hill, rempli de plantes et rempli de ce qu’elle aurait voulu être de l’amour. Mais l’amour se fane ou du moins, on pense à l’amour d’une façon qui n’est pas la bonne. Elle l’aime Jezabel, elle l’aime du plus profond de son coeur, mais pourtant, l’amour ne suffit plus, toutes ses soirées à attendre, à l’attendre pour qu’il finisse par arriver trop tard, pour qu’il la trouve endormie dans le canapé. Des relations charnelles mécaniques, sans aucun plaisir. Jezabel en avait eu assez et c’était pour cela qu’elle se retrouvait actuellement dans l’appartement de Wesley, Wesley qui avait accepté de l’héberger le temps qu’elle trouve un autre appartement à New York. Elle ne pouvait décemment pas passer sa vie à se payer une chambre d’hôtel même a petit prix, un airbnb non plus alors elle avait cherché des solutions et Wesley lui était apparu comme ça. Parce qu’elle ne voulait pas déranger qui que ce soit et elle savait au fond, que Wesley ne poserait pas de questions, qu’il ne chercherait pas à savoir pourquoi elle débarquait aujourd’hui, avec sa valise à la roulette cassée, avec sa valise et les yeux rougis d’avoir tant pleuré. Elle a beaucoup pleuré, elle a beaucoup hésité mais c’est terminé désormais. Les pensées qui se bousculent, Jeza sursaute un peu quand elle analyse ce que lui dit Wes avant de rire un peu « Non, je ne m’attendais pas à une villa avec piscine ne t’en fais pas, c’est très bien. » le rassure t-elle un peu en faisant craquer sa nuque, signe qu’elle a passé beaucoup de temps dans cet avion et que son corps lui fait payer d’une manière ou d’une autre. Son regard se portait un peu partout et elle s’humidifiait les lèvres en regardant Wesley, hochant légèrement la tête de façon positive pour le café. Elle rêve d’un café mais surtout, elle rêve de dormir. L’odeur du café qui se répandait dans la pièce avait un effet chaleureux sur l’organisme de l’ancienne Londonienne, elle se sentait tout de suite mieux, un peu plus légère, un peu plus sereine alors qu’elle s’installait sur le canapé. Son téléphone qui vibrait dans sa poche, elle se doutait qu’il venait de rentrer chez eux. Elle le coupait et récupérait les clés que Wesley lui tendait avec un nouveau petit sourire. Elle se sentait un peu mieux mais ce n’était pas toujours ça. « Merci. Et je ne vais pas rester longtemps, je vais chercher une colocation incessamment sous peu et retourner voir au Casino s’ils accepteraient de me reprendre. » Elle avait déjà fait un plan, dans un petit carnet à la couverture abîmée, de ses prochaines semaines dans la ville. Elle voulait garder l’esprit occupé pour ne pas penser et surtout ne pas craquer et repartir en arrière. « Tu dois te poser des questions non ? » demande t-elle en récupérant la tasse de café pour finir par l’entourer de ses mains. « Je… J’ai quitté William. » Elle se sent étrange, comme si elle venait de se rendre compte de ce qu’elle venait de faire, comme si, tant qu’elle ne l’avait pas dit tout serait resté flou, non concret dans son esprit. « Je lui ai laissé les papiers du divorce sur la table et je suis partie. » Un nouveau coup de couteau dans le coeur, Jeza noie sa peine dans sa tasse de café, parce qu’après tout, il n’y a que ça qui peut lui faire du bien, la sensation apaisante d’une bonne tasse de café.

@Wesley Takagi love

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Jeu 4 Mar - 14:37
Bien sûr, Jezabel avait deviné qu’il se posait des questions. Comment ne pas s’en poser ? Il haussa les épaules. « Un peu, j’avoue. » Il avait emprunté cet air patient qui ne forçait en rien la confession, mais qui voulait dire « je t’écoute, j’ai tout mon temps ».

Après sa révélation, Jeza baissa la tête, le nez dans son café. Une vive inquiétude s’empara du musicien. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Il sentit que la question était abrupte et rectifia le tir. « C’est que... Je veux pas t’obliger à en parler mais, j’aimerais juste savoir… C’est grave ? » Il eut presque envie de se gifler. Ok, donc c’est possible d’être encore plus maladroit, Wes, s’il te plaît ? Comment se débrouillait-il pour que les mots qui sortaient de sa bouche forment des phrases aussi stupides ? « Argh, évidemment que c’est pas rien, mais… » Wesley s’interrompit. Il fit ce qu’il aurait dû faire dès le début, à savoir se taire une minute et construire sa pensée. « J’espère que le mal qu’il t’a fait était involontaire. »  

Une fois rassuré, Wes prit quelques secondes pour réfléchir. Il se frotta la nuque. Il hésitait à être franc. « Pour être parfaitement honnête avec toi… Je suis pas vraiment étonné. » Oh, il n’avait rien contre William. Ils ne se connaissaient pas très bien, tous les deux, mais le type lui semblait plutôt sympathique et attentionné. Enfin attentionné… Quand il n’était pas accaparé par son travail. Mais le déménagement en grandes pompes, ça, ça lui avait paru « trop beau pour être vrai ». Évidemment, il s’en était caché, de peur que ça ne passe pour de la jalousie. Ou de l’aigreur, au choix. Alors il avait fait comme tout le monde, il s’était réjoui pour Jeza et avait remisé sa circonspection au fin fond d’un placard. Peut-être avait-il lâché un « T’es sûre de ton choix, vraiment ? » au détour d’une conversation, mais la question avait vite été balayée par la jeune femme. « Ça te ressemblait pas, Londres. » Il avait dit ça avec un léger sourire, un sourire qui signifiait qu’il la comprenait, ou du moins qu’il ne la jugeait pas. En même temps, comment porter un jugement alors qu’il y avait un monde de tristesse dans les yeux gonflés de Jeza ?

En posant les yeux sur le téléphone de la jeune femme, désormais silencieux sur la table basse, il songea à celui qui était encore son mari. Il a vraiment merdé, le mec. Il ne put s’empêcher de se sentir un peu mal pour lui, parce qu’il avait suffisamment connu de ruptures pour pouvoir s’identifier. Quoi qu’aucune de ses liaisons n’ait été aussi sérieuse que celle de Jezabel et William. Toute cette histoire n’améliorait pas son opinion à propos du mariage. Quelle arnaque, cette mascarade de l’engagement. Avec une telle vision de la vie de couple, à peu près aussi poussée que celle d’un adolescent, Wes n’était définitivement pas un expert en relations amoureuses.

Il se laissa tomber à côté d’elle, sur le canapé. « Écoute, c’est pas le moment de ressasser, une chose après l’autre, pas vrai ? » C’est ce qu’il faisait, lui, lorsqu’une situation lui semblait insurmontable. Il découpait en petites tâches et avançait doucement. « D’abord le café, ensuite te reposer, puis le Casino. On cloisonne et surtout, on ne se pose aucune question. » Non, aucune question. Sinon, les doutes se transformaient en un véritable tourbillon, dont il devenait impossible de s’extirper.

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Ven 5 Mar - 20:01

Jezabel était loin d’être idiote et elle se doutait que son retour allait soulever des questions chez ses plus proches amis, ceux qui en avaient eu quelque chose à faire qu’elle soit partie s’exiler à Londres, loin de tout le monde. Elle qui prenait souvent des nouvelles, elle qui n’était pas contre un verre dans un bar après une journée de boulot, elle qui sortait en boîte de nuit trop souvent. Ses amis avaient bien dû se dire que ses appels se faisaient de plus en plus rares parce qu’elle se renfermait de plus en plus dans quelque chose qui ne lui ressemblait pas. Bien évidemment qu’elle sortait à Londres, qu’elle était tout aussi sociable qu’à New York, William ne l’empêchait en rien mais elle avait du mal à se voir un réel avenir dans la capitale anglaise si c’était pour être triste cinq jours sur sept quand il travaillait et qu’il faisait passer son travail avant elle. Toutes les questions de Wesley touche Jezabel en plein coeur et elle se dit qu’elle doit bien lui offrir la vérité plutôt qu’un tissu de mensonge bien ficelé « Oui, oui c’était involontaire. » répond t-elle après avoir ricané comme une idiote face à la maladresse de son ami « Je ne suis même pas sûr qu’il soit au courant qu’il m’a fait du mal. Je ne sais même pas s’il a vu les papiers du divorce, ça ne m’étonnerait pas qu’une nouvelle nuit de garde lui ait été affecté et qu’il ne soit pas rentré de la nuit. » explique t-elle en soufflant, ses yeux qu’elle fermait pour ne pas se sentir mal, pour ne pas avoir une nouvelle fois envie de pleurer.

Jezabel se souvenait du moment où elle avait avoué à Wes qu’elle partait à Londres, un dernier au revoir. Celui qu’on prononce quand on ne sait pas vraiment quand on va revoir l’autre, si jamais on reviendra dans cette ville qu’on quitte. Elle aurait voulu se dire qu’elle reviendrait peu de temps après mais elle n’en était même pas sûre. Pourtant elle était revenue, pour la chose la plus horrible qu’il soit. L’enterrement de sa mère et elle avait eu du mal à remettre les pieds dans un avion, elle avait eu du mal à repartir, à l’époque. Synonyme qu’elle n’était vraiment pas bien dans cette ville mais qu’elle essayait encore et toujours. Elle s’agrippait à cette façade glissante dans l’espoir de tenir le coup. Mais c’était certainement reculé pour mieux sauter. Attendre pour mieux partir. « J’aurais voulu m’en rendre compte avant. Ça m’aurait épargné des souffrances, ça m’aurait épargné des nuits sans sommeil à me demander si c’était une bonne idée de vouloir rentrer. » explique t-elle en soufflant un peu avant de se mordre la lèvre « Peut-être que j’aurais dû t’écouter à l’époque et j’aurais dû lui demander de partir seul. » Mais aurait-elle été heureuse ? Non. Parce que si les journées de travail se ressemblaient alors qu’elle n’était pas là, elle n’est pas réellement sûre que leur couple aurait tenu la distance. Il aurait exploser à la première dispute, elle en était certaine.

Visiblement une nouvelle garde n’était pas intervenue dans le programme et Jezabel aurait voulu décrocher mais elle s’en empêchait. Elle se concentrait sur les paroles de son ami, sur le réconfort qu’il tentait de lui offrir avec ses maladresses et toutes ces choses qui lui font comprendre qu’elle avait fait le bon choix en venant toquer à sa porte, ou plutôt en lui envoyant un message. une chose après l’autre. Jezabel secouait positivement la tête et soufflait un peu en levant les yeux au ciel pour ne pas pleurer. « Une chose après l’autre. » répétait-elle comme une enfant qui apprend à parler. Elle qui était si grande gueule devenait si vulnérable que ça en devenait pathétique. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. Ce qu’elle détestait. Ses copines ou plutôt ses anciennes amies qu’elle ne comprenait pas à l’époque quand elle pleurait leurs divers petits amis, voilà que maintenant, elle était l’une d’elles. « Oui, je vais me reposer, de toutes façons, je n’ai pas le choix. » explique t-elle en haussant les épaules avant de prendre une nouvelle gorgée de café. Les yeux perdus dans le vide. Elle sent une tension qui lui maintient la nuque, elle se sent faible, fébrile et surtout très fatiguée. Peut-être qu’elle ferait mieux daller dormir. « Merci, en tout cas. » dit-elle en soufflant un peu, en humidifiant ses lèvres « Merci de m’accepter ici, de m’héberger. Promis, je ne ferais pas de bruit. » rit-elle un peu avant de le regarder « Et si jamais un soir pendant le temps que je suis là, tu as envie de ramener une nana, promis je partirais. Je ne vais pas jouer la copine bafouée. » rit-elle avant de lever les yeux au ciel et de prendre une nouvelle gorgée de café « Tu veux qu’on commande quelque chose à manger ? » demande t-elle, comme pour se changer les idées. Parce que l’estomac se faisait entrendre aussi. Parce qu’elle avait faim et qu’elle ne comptait pas se rendre malade pour William. Loin d’elle l’idée de se laisser dépérir pour un homme.

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Lun 15 Mar - 22:27
Il l’écouta attentivement, silencieux. Lorsque Jeza laissa entendre qu’elle n’avait pas donné d’explications à son mari, il lâcha seulement : « Alors il est pas au courant... » Il fronça un peu les sourcils. Sale soirée en perspective pour William, il n’aurait pas aimé être à sa place. Mais Wes ne blâmait pas son amie, il avait même tendance à être de son côté – si tant est qu’il lui faille choisir un côté. Peut-être parce que William se trouvait à des kilomètres de là, qu’il lui paraissait loin, abstrait. Alors que Jezabel, elle, était bien assise sur son canapé, les épaules rentrées, et que sa tristesse semblait on ne peut plus concrète.

Ça faisait deux fois que Jeza plaquait tout : la première fois, en épousant William, la seconde, en le quittant. S’écouter et avoir le courage d’envoyer tout valser, quitte à faire des erreurs… Wes respectait. Lui ne se sentait pas capable de se défaire de ses points d’ancrage, au risque de n’être qu’à moitié heureux. À défaut d’un couple, les siens étaient son groupe, sa musique, ses concerts. Rien de très ambitieux, rien de très mature non plus, mais naviguer entre ces trois bouées lui suffisait. « T’as fait un choix courageux, Jeza. Maintenant que t’en es là, ça sert à rien de dire que tu aurais dû agir avant, après, ou j’sais pas quoi. Straight ahead, hum ? » Mais son amie continuait à se torturer. Il soupira doucement. Dresser la liste des « si » était la pire chose à faire. Plein de bon sens, il rétorqua : « Je suis pas d’accord. Si tu m’avais écouté, si tu l’avais laissé partir seul, tu l’aurais forcément regretté. »

Heureusement pour elle, Jeza n’était pas déracinée. À NYC, elle avait encore des amis, des bonnes adresses et avec un peu de chance, un boulot. Il lui suffisait de se réhabituer, du moins c’est ainsi que Wes évalua la situation. « Tu vas vite réapprivoiser New York, reprendre tes marques. Dans une semaine, tu seras à nouveau chez toi et ça ira mieux. » Il lui fit ce sourire encourageant qui signifiait « là tout de suite, d’accord, c’est la merde, mais demain ça le fera. » Ok, Wes n’était pas le meilleur pour trouver les bons mots, en témoignait le petit ricanement de Jeza quelques secondes plus tôt… Mais un sourire pouvait adoucir les esprits et dans ce domaine là, il ne se débrouillait pas si mal.

Il balaya les remerciements de son amie d’un haussement d’épaules. Il aimait recevoir du monde chez lui, avoir un bruit de fond, de la vie, du passage. Le musicien n’était pas un être solitaire, loin de là. « Bah, de rien. Tu sais que tu me déranges pas. » La plaisanterie de Jeza le fit rire de bon cœur. «  Contrairement à ce que t’as l’air de t’imaginer, ça n’arrive pas si souvent que ça. En théorie, tu ne devrais pas être obligée de dormir sur le paillasson. » Les plans du style booty call n’étaient pas son truc. Trop compliqué pour lui. Oh, il avait essayé, il y a quelques années, avant de se rendre compte que craquer pour son plan cul n’était pas la meilleure des idées – ça l’avait vacciné.

Si Jezabel avait encore de l’appétit, alors tout n’était pas perdu. La jeune femme n’eut pas besoin de lui dire deux fois qu’elle était affamée, Wes avait déjà sauté sur son portable et trouvé la carte du meilleur restaurant du quartier. « Là je te retrouve ! Italien, ça te va ? » Il lui tendit son téléphone pour qu’elle choisisse. Lui prenait toujours la même chose, de tout manière.

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Dim 21 Mar - 14:21
Jezabel qui se vantait toujours d’être un électron libre, un ballon de baudruche gonflé à l’hélium qui vogue et vole vers de nouveaux horizons, là voilà, triste, abattue et surtout remplie d’un sentiment d’inachevé au creux du coeur. Inachèvement d’une vie qu’elle aurait voulu heureuse, d’une vie qu’elle aurait souhaité sans accroc. Mais comment avait-elle pu passer d’une femme qui clame haut et fort qu’elle était indépendante et qu’elle ne s’attacherait jamais à quelqu’un, à une femme mariée qui suit presque docilement son époux à l’autre bout de la terre. Bien évidement que ça n’allait pas marcher, c’était écrit d’avance. Et elle n’avait rien vu, alors elle n’avait pas d’autre choix que de se lamenter dans ce canapé, avant de relever la tête pour ne pas trop sombrer « Peut-être que j’aurais dû faire ça… Peut-être que c’était un signe que ça ne marcherait pas. » prononçait-elle avec une boule au fond de la gorge avant de déglutir et de le regarder « Mais straight ahead. Oui. » Elle devait se rendre à l’évidence que se lamenter ne lui ferait pas tant de bien que ça et qu’elle se ferait plus de mal qu’autre chose. Alors elle allait avancer, sans lui. Un pas après l’autre.

Revenir à New York était nécessaire, pour ne pas dire vital parce que Jezabel avait grandi ici. C’était sa maison, sa ville, la ville qui l’avait vu pleuré en plein milieu de la rue parce qu’elle venait de se faire jeter par texto, qu’il l’avait vu rire à gorge déployée parce qu’elle était un peu trop ivre. Qui l’avait vu stressée, angoissée, malmenée par la vie. Et pourtant, New York ne l’avait jamais déçue. Comme un signe du destin que tout irait bien parce que New York avait toujours prouvé à Jezabel que c’était la ville dans laquelle elle devait rester en lui faisant découvrir des lieux qu’elle ne connaissait pas à divers moments difficiles de sa vie. « Et quand ça ira mieux, on ira se boire une bonne bière ! » s’exclame t-elle, comme pour se persuader qu’elle allait aller de l’avant rapidement.

Elle ne pouvait s’empêcher de le remercier parce qu’il n’était absolument pas obligé de faire ça, de l’héberger un temps sans contrepartie aucune. Et comme pour se remonter le moral elle-même, elle tentait les plaisanteries, qui pouvait passer ou non. « Oh mais tu fais bien ce que tu veux ! » rit-elle en faisant un geste de la main comme si ce n’était rien. « Puis le paillasson c’est quand même super confortable ! Je suis presque déçue de ne pas avoir a tester… Bon, tes voisins risqueraient d’appeler la police donc… » Elle plaisantait Jezabel et elle tentait de faire communiquer le rire avec le sourire mais c’était plutôt compliqué. Mais tant pis. Elle essayait, tant pis si elle n’y parvenait pas.

Ce qui n’avait pas changé par contre, c’était qu’elle était un réel estomac sur patte et qu’elle avait faim. La tristesse creuse certainement la faim et il lui avait fallu peu de temps pour qu’elle se rende compte que son estomac criait famine. Elle avait envie de fumer une cigarette aussi, mais elle allait compenser avec la nourriture pour ne pas retomber dans ses travers. « Italien ! Absolument ! » Elle récupérait le téléphone de Wes tout en s’installant en tailleur avant de parcourir le menu sur le téléphone, bien trop concentrée à savoir ce qu’elle allait bien pouvoir manger. Quand elle s’était enfin décidé, elle attrapait sa carte bancaire pour la lui tendre avant de le regarder « Et tu ne râles pas, je paye c’est tout. » Parce qu’elle pouvait au moins lui faire ça. Au moins payer leur repas du soir parce qu’il l’avait accueilli avec plaisir. « Mais sinon, toi, ta vie ? A part accueillir une vieille amie qui vient de se rendre compte que son mariage allait prendre l’eau plus rapidement qu’elle ne le pensait ? Ça va ? »

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Sam 3 Avr - 22:24
Observer Jezabel se flageller lui fit de la peine. À l’écouter, on aurait pu croire qu’elle n’avait pas été heureuse un seul instant avec William. Mais Wes savait que c’était faux, qu’il y avait eu de jolis épisodes. Un beau jour, Jeza réussirait à se remémorer ces bons moments, sans rancune, sans peine, sans regrets non plus, et alors seulement elle serait guérie. Il fallait juste laisser le temps faire son travail. Ça, évidemment, Wes ne le lui dit pas, parce que c’est tout sauf ce qu’on a envie d’entendre lorsqu’on vient de rompre et qu’on a l’impression que le monde s’écroule. On s’en remet. Longtemps, il avait refusé de le croire, pourtant l’expérience lui avait prouvé qu’effectivement, on s’en remet. Jeza était une fille solide, elle finirait par aller mieux, ça ne faisait aucun doute. « Je sais que t’as pas besoin de mon avis mais... Tu devrais peut-être lui expliquer. Lui dire tout ça, à lui. Pas tout de suite, quand tu seras prête. » C’était sans doute un peu tôt pour parler de William, la séparation était trop fraîche, aussi Wes n’insista pas davantage. Il préféra lui poser des questions sur ce qu’elle comptait faire, désormais. Elle lui avait parlé de colocation et il s’interrogea : « Tu comptes t’y prendre comment, pour trouver une coloc ? T’as déjà un plan ? Tu veux que je t’en cherche un auprès de mes potes ? »

Il rit de bon cœur lorsqu’elle lui proposa de sortir boire une bière, dans un futur proche. « Oh toi, tu sais comment parler aux hommes ! » Elle tentait de plaisanter et Wes entra dans son jeu sans aucune difficulté. À aucun moment il ne fit ressentir à la jeune femme que son sourire sonnait faux. Au contraire, il s’appliqua à faire semblant que tout était normal. « Par pitié, pas ça, mes voisins me haïssent déjà, je crois qu’ils pensent que les métalleux sont des satanistes. Je suis obligé de leur offrir régulièrement des cheesecakes pour qu’ils me tolèrent et ne clouent pas des crucifix sur ma porte. » Rien à voir avec le fait qu’il écoutait de la musique beaucoup trop fort, bien entendu. Métalleux ou pas, Wes était un piètre voisin.

Jezabel insista pour payer et Wes ne fit pas de manières. Il détestait les chichis. Il se contenta d’un simple : « Merci. Alors, tu prends quoi ? » Il se leva, s’étira comme un chat, et emporta leur deux tasses de café vides jusqu’à l’évier. Par-dessus le bar américain, il répondit : « Ma vie ? Ça va, rien n’a changé depuis que t’es partie. Faut croire que je suis un gars plutôt constant. » Constant ou boring, tout dépendait du point de vue. Il réfléchit une seconde avant d’ajouter : « C’est pas que j’ai l’impression de me lasser de notre musique mais… Je sais pas, c’est un peu tendu en ce moment, je suppose que c’est normal de se remettre en question après dix ans dans le même groupe. » Il entreprit de faire un bout de vaisselle, torchon négligemment jeté sur l’épaule. « Enfin, c’est des micro-problèmes d’artiste, je ne lâcherais cette vie pour rien au monde, j’aime beaucoup trop les tournées. Toute l’équipe de roadies est géniale, tu les adorerais. »

@ Invité

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Dim 11 Avr - 14:32
Elle ne changerait pas d'avis Jezabel, parce qu'elle était bien plus soulagée d'être ici que d'être à Londres dans l'appartement de Notting Hill, qui coûtait un bras pour leur deux salaires, et qui était sûrement trop petit pour les rêves de Jezabel. Elle sait que ça passera, elle s'en doute mais elle se dit qu'elle a besoin d'en parler, de se plaindre pour que ça passe « Je le ferais, je pense. Je n'en sais rien. Je verrais » Parce qu'elle n'avait pas envie qu'il lui dise les mots qu'elle espérait, les mots pour lui donner envie de revenir. Mais non, elle ne voulait pas revenir. Elle ne voulait pas. Ce qu'elle voulait c'était être libre. « J'ai déjà des plans je crois. Je vais proposer à Gabrielle, Gaby, une amie d'emménager avec moi, aux dernières nouvelles, elle est revenue chez ses parents. » Elle hausse les épaules, elle n'en sait rien. Mais elle trouverait sûrement une colocataire, ou plusieurs. Elle verrait bien.

Jezabel rit avec lui en faisant un hair flip digne des plus grands quand il lui dit qu'elle sait parler aux hommes « Je sais, je sais » rit-elle en tentant de faire semblant, à croire qu'elle sait bien feindre la plaisanterie, elle avait l'habitude de plaisanter, de dire que tout allait bien quand elle était avec William. Et elle imagine Wes qui donne des cheesecakes à ses voisins, ce qui la fait pouffer de rire sans qu'elle ne le veuille vraiment. « Je t'imagine avec tes petits cheesecakes ! Je pourrais leur en faire un si tu veux. J'ai eu le temps de m'améliorer en pâtisserie ! »

Les yeux rivés sur l'appli, elle en a l'eau à la bouche et l'estomac qui commence à gronder, une mine de réflexion qui se dresse sur son visage, elle s'installe en tailleur et lève un index en l'air quand elle a décidé « Un chicken picatta ! » s'exclame t-elle en collant le téléphone tout contre son coeur. Comment a t-elle pu faire pour vivre tout ce temps sans doordash et le patsy's italian restaurant. Elle reste installée et dépose le téléphone sur la table basse avant de le regarder qui se déplace dans son appartement, son regard se pose un peu partout et elle finit par le regarder. Un sourire sincère, le plus sincère depuis le début de la soirée, naît sur ses lèvres quand il lui raconte sa vie « La constance est quelque chose de bien. Et oui, je pense que c'est normal après dix ans. Et oui, je suis sûre qu'ils sont sympas ! » s'exclame t-elle avant de finir par hausser les épaules, comme pour contenir son excitation « Peut-être qu'on pourrait sortir un soir ? Enfin je veux dire... Je ne suis pas revenue à New York pour rester enfermée dans ton appartement... Aussi comfy a t-il l'air. » explique t-elle en se pinçant les lèvres « Une soirée dans un bar, ou même ici ? Même si je pense qu'il faudrait peut-être pousser les murs ? Enfin bref, faire une soirée. Et s'il faut une raison... Pour fêter mon retour même s'ils ne me connaissent pas ! »

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Mer 28 Avr - 12:41
Wesley hocha la tête tandis que Jeza lui expliquait ses plans. Son amie avait pensé à tout, même si rien n’était encore concret. Il ne commenta pas, ajoutant simplement : « Hésite pas à me demander, au besoin. » Qu’elle sache qu’elle avait un plan B, si jamais tout tombait à l’eau.

Le mouvement de cheveux de Jeza le fit rire de bon cœur. Un rire qui s'intensifia lorsqu’elle se moqua vaguement de lui. « Hey je me débrouille pas mal en pâtisserie, pour ta gouverne ! » L’unique raison pour laquelle il n’exploitait pas ce talent inattendu tenait en un mot : la flemme. Il détenait pourtant ce sens précieux de la cuisine ー dommage que la patience lui fasse défaut. « Je suis bon à marier, faut croire. » Faire une blague sur le mariage, là, maintenant ? Vraiment ? Wes se mordit l’intérieur de la joue. Il lui fallait vraiment apprendre à réfléchir avant d’ouvrir la bouche. Le musicien pria pour que Jeza ne relève pas, ne se vexe pas, bref, que sa maladresse passe inaperçue, noyée dans le flot de la conversation. Il enchaîna rapidement, tentant de paraître aussi naturel que possible. « C’est d’accord. Corrompre mes voisins sera donc votre mission, agent Wellington. »

Il eut la décence de ne pas souligner le bruit discret de l’estomac de Jeza, peut-être parce que le sien commençait également à réclamer son dû depuis l’évocation du chicken picatta. Lorsqu’elle sous-entendit ne connaître aucun de ses amis, Wes exagéra l’indignation. « Sérieux, je ne te les ai jamais présentés ? Tu connais même pas Ann ? Je manque à tous mes devoirs. » Il rendit à la jeune femme son sourire. L’enthousiasme de Jezabel était contagieux. Ça lui faisait plaisir qu’elle se projette, réfléchisse à des projets, veuille rencontrer de nouvelles têtes. Qu’à peine arrivée, elle pense déjà à faire la fête. Décidément, elle n’était pas son amie pour rien. « C’est quand tu veux. On est les rois de l'impro, je suis sûr que ça pourrait même se faire ce soir si je prévenais maintenant. » Wes comptait prendre très au sérieux son rôle dans la réintégration de Jeza au microcosme de NYC. Si pour cela il fallait organiser soirée sur soirée, il le ferait avec grand plaisir... Pas besoin de lui dire deux fois. « Oh tu sais, je deviens très ingénieux quand il s’agit de faire un tetris pour caser tous les invités dans cet appart. C’est peut-être même le seul moment où je suis vraiment malin d’ailleurs. » Il ricana. Son semblant de vaisselle terminé, il se pencha par-dessus le bar américain, faisant mine de réfléchir. « Cela dit, quel meilleur moyen de réapprivoiser le quartier que de faire un barathon, je te le demande ? » Voilà une idée brillante, qui promettait cependant des fins de soirées nettement moins glorieuses. Mais Wes s’emportait : il se rappela soudain que Jeza avait un long voyage dans les pattes. Il tempéra son emballement. « Enfin, je suppose que tu préfères commencer par te reposer. »

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Dim 9 Mai - 21:11
Jezabel lève les deux pouces en l’air quand Wesley lui fait savoir qu’il serait là pour elle et elle ne pouvait que l’en remercier. Parce qu’elle avait encore des gens sur qui comptait dans cette ville et c’était ce qui lui importait le plus. L’amitié avant l’amour et les sentiments qui te détruisent le coeur et le réduise en poussière d’un seul claquement de doigt. « Alors si tu te débrouilles en pâtisserie, je n’y croirais que quand j’aurais un morceau de gâteau dans mon estomac ! » Jezabel, le ventre sur pattes, qui se réveillait toujours quand ça parlait de nourriture. On pouvait lui parler de tout este elle n’était pas attentive, la seule mention de nourriture ne pouvait que la faire revenir dans la conversation. Jezabel émet un petit rire nerveux quand il parle de mariage mais elle ne relève pas vraiment, elle n’a pas envie de s’auto-flageller plus qu’elle ne l’a déjà fait dans l’avion. Et un sourire sincère se perd sur ses lèvres quand ils parlent de corruption des voisins, elle fait alors un salut militaire en riant un peu « Chef oui chef ! » et elle éclate de rire avant de secouer la tête pour calmer le fou rire qui menace de la prendre d’un instant à l’autre.

Elle secoue négativement la tête quand il lui pose la question quant à la rencontre de ses amis et du plus loin qu’elle se souvienne, elle n’avait jamais rencontré personne de son entourage. Mais peut-être avait-elle occulté cette information. Bien qu’elle n’en était pas si sûre. « Non, il ne me semble pas, même pas Ann, mais peut-être que j’ai oublié. Tu sais moi, les prénoms c’est pas trop mon fort, mais les visages oui. Alors si un jour j’ai le plaisir de la voir, je saurais te dire si je l’ai vu ou non ! » Et si c’est le cas, elle va s’en vouloir de ne pas s’en être souvenu. Elle aurait bien voulu accepter son invitation à faire la fête mais elle n’était pas vraiment sûre d’être de bonne compagnie, même si elle faisait tout les efforts du monde « C’est gentil mais je ne voudrais pas jouer les troubles-fêtes. Je ne sais pas si je serais capable d’assumer une soirée ce soir. Mais demain si tu veux ! Ça me ferait plaisir ! » Et puis, ça lui ferait du bien de sortir et surtout de vivre sa prochaine journée en pensant à la soirée du soir. Ça lui donnerait une raison de se lever, de faire quelque chose de pertinent et surtout de ne pas traîner en jogging dans le salon, à s’enfiler des chips ou des frites au fromage qu’elle aurait commandé parce qu’elle était triste. « Alors j’ai hâte de voir ça ! » prononce t-elle d’un ton enjoué en regardant l’appartement. Elle avait hâte de voir l’ingéniosité de son ami en action. Persuadée qu’il arriverait à caser tout le monde comme il le prétend tout en la faisant rire, puisqu’elle s’imagine déjà la scène et ça semble hilarant rien que dans son esprit. « Deux barathons ! » répond t-elle du tac au tac en riant, formant un deux avec son index et son majeur. Avant de se tempérer elle même aussi. « Oui, j’avoue que j’aimerais bien me reposer, mais pour l’instant ça va. » Enfin, ça va, elle a la tête qui menace d’exploser tant elle a pleuré, les yeux qui lui piquent, et sûrement une mine affreuse mais ça va. « Je me reposerais après que notre repas sera arrivé ! Parce que je ne veux pas manquer mon chicken piccata. » Elle en avait l’eau à la bouche rien que d’y penser. « Tiens, tu manges quoi le matin ? Je pourrais te préparer le petit déjeuner si tu veux ! » Après tout, elle pouvait au moins lui faire ça. « Ça me changera d’avoir quelqu’un avec qui discutait après ma première gorgée de café plutôt que de parler à des plantes ou à un mur. » ironise t-elle en soupirant. Comment avait-elle pu croire que ça aurait pu marché alors qu’elle était partie sur un coup de tête. Soudainement, son regard se voilait et elle secouait la tête pour ne pas laisser les pensées interférer mais force est de constater que son coeur avait encore du mal à se rendre compte que tout était terminé et la parenthèse qu’elle avait vécu avec William allait pouvoir être refermée, douloureusement, mais être refermée coûte que coûte.

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Dim 13 Juin - 16:13
L'amitié avant l'amour, ça, Wes ne pouvait pas être plus d'accord. Les relations amicales étaient bien plus simples à gérer, elles paraissaient naturelles à la créature sociable qu’il était. Malgré les circonstances, héberger Jezabel le rendait tout heureux, comme un enfant pourrait se réjouir d’accueillir un ami pour le goûter. En plus, Jeza se montrait réceptive à ses petites plaisanteries, même si elles ne volaient pas haut et qu’il en faisait des caisses. Wes espérait seulement que la brune ne se forçait pas à rire juste pour lui faire plaisir. Lorsqu’elle l’invita à lui prouver ses talents en cuisine, il se mit à rire. « Pour ce soir, j’ai vraiment trop la flemme. » Il était épuisé rien qu’en imaginant l’état de la cuisine une fois les pâtisseries au four. Il voyait déjà le plan de travail couvert de farine et l’évier débordant de saladiers sales. Il étouffa un bâillement. Flemmard un jour, flemmard toujours. « Mais demain, je te fais les meilleurs muffins de ta vie. T’as rien contre la cannelle ? »

La perspective d’une soirée l'enthousiasma comme (une fois de plus) un gamin à la veille de sa première boum. « Tu finiras forcément par la croiser. » Ann comptait parmi ses meilleurs amis, ils étaient toujours fourrés ensemble, donc oui, si Jeza restait plus de trois jours chez lui, elle allait nécessairement la rencontrer. « Ok pour demain, affaire conclue. Je vais te présenter à tout le monde, j’espère que t’es prête, ma grande. » Wes en faisait beaucoup, trop peut-être. D’un autre côté, rencontrer de nouvelles têtes allait faire un bien fou à Jeza, c’était certain. Wes attrapa son téléphone, bien décidé à arroser d’invitations ses diverses conversations Messenger. Il pianota un instant sur l’écran tactile avant de relever les yeux vers la jeune femme, un sourcil haussé et le regard appréciateur. « Deux barathons, carrément ! Madame est ambitieuse. » Soudain, il se demanda s’il devait briefer ses potes, leur interdire de demander à Jeza pourquoi elle avait quitté Londres, sans rien leur expliquer de plus. Il se mordilla la lèvre inférieure tandis qu’il réfléchissait, incapable de déterminer si l’idée était bonne ou non.

Puis Jeza lui assura qu’elle allait (à peu près) bien et Wes n’eut aucun mal à la croire. « Je sais bien que ça va. T’es une coriace, toi. » Il lui sourit gentiment. Bien sûr qu’il avait remarqué ses yeux gonflés et ses efforts surhumains pour avoir l’air enjouée. Wes avait la délicatesse de ne pas le lui faire remarquer, mais tout de même, il ne souhaitait pas qu’elle réfrène toute sa peine sous prétexte qu’elle ne voulait pas le déranger « Mais même les coriaces ont le droit de chialer un peu, tu sais. C’est pas moi qui vais te faire la leçon, j’ai déjà eu les larmes aux yeux devant une pub pour un fast food… » Il se mit à rire, sans honte, sans gêne, parce qu’il était sincère comme ça, Wes.

Il n’eut pas le temps de s’épancher que, déjà, le livreur sonnait à la porte. Il bondit littéralement. « Bah voilà, le dieu du chicken piccata a entendu tes prières. » Leur commande récupérée, le musicien revint dans le salon et s’assit en tailleur sur le tapis, face à Jeza. Il lui tendit sa barquette en carton, très heureux de constater qu’il n’aurait pas de vaisselle à faire ce soir. Tandis qu’il déballait son plat avec application, il lâcha : « Mon petit-déj ? Je suis pas très original, un bol de céréales et des œufs brouillés. » Il ne releva pas quand elle évoqua sur un ton doux-amer les difficultés de sa vie londonienne, mais son chagrin lui fit de la peine. Il se garda bien de rebondir. « Tu manges quoi, toi ? Le frigo est un peu vide, mais je peux aller faire des courses demain matin. Y a une épicerie juste en bas. » C’est vrai que, mis à part le « bac à bières » qui débordait, le contenu du réfrigérateur inspirait plutôt la pitié.

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Lun 28 Juin - 21:16
Jezabel est plutôt heureuse de voir qu’elle a quelqu’un sur qui comptait. Quelqu’un qui pourra l’épauler le temps qu’elle puisse de nouveau marcher sans avoir besoin de soutien, mentalement parlant. Parce que c’est compliqué pour elle de se dire qu’elle revient dans une ville qui a vu ses multiples déboires, c’est compliqué de revenir dans une ville où on se sent chez soi sans vraiment l’être parce que la seconde entité du coeur est resté de l’autre côté de l’atlantique. Elle a mal au coeur, ne se sent pas vraiment en forme mais rire avec Wes lui fait du bien, ça lui permet de se remettre d’aplomb un instant. Le temps d’une soirée, elle pleurera plus tard, en pleine nuit quand il ne sera pas là, quand il ne pourra pas voir à quel point son coeur est tourmenté d’être partie si loin de William. Elle qui criait au monde entier qu’elle ne voulait pas avoir quelqu’un dans sa vie, qu’elle préférait s’amuser. Elle a envie de se rire au nez quand elle y pense. A l’évocation des muffins, l’estomac de Jezabel s’exprima plutôt bruyamment et elle tapait dans ses mains « Oh mon dieu, des muffins avec de la cannelle. Ma passion. » s’exclama t-elle en posant une main sur son estomac désespérément vide de nourriture.

« J’ai hâte de la voir alors ! Et j’ai hâte de socialiser » Ce qui était à la fois vrai et à la fois terriblement faux parce qu’elle ne saurait pas comment se comporter en société, ou plutôt avec les amis de Wes. Ça allait sûrement être étrange, elle allait sûrement paraître bizarre mais elle n’avait pas envie d’être catégorisé comme la personne bizarre qu’il héberge elle n’était pas vraiment prête pour ça. Mais elle se dit que, par son métier et sa capacité à aller facilement vers les autres, ça devrait être facile, et l’évocation des deux barathons la firent rire « Écoute, je suis plus marrante quand je bois il paraît, alors si je veux faire bonne impression, je devrais sûrement boire une bière ou deux pour ne pas paraître bizarre. »

Elle est coriace, si c’est lui qui le dit alors elle veut bien y croire, mais elle a dû mal tout de même, à se dire qu’elle est aussi coriace qu’il ne le prétend. Elle a mal au coeur, mal à la tête, l’esprit est malmené et des questions restent sans réponses, ce qui la tourmente un peu. Mais elle se dit que ça devrait aller. Après tout, pourquoi ça n’irait pas ? Elle est partie. William ne sait pas où elle se trouve exactement à New York et il ne serait sûrement pas capable de venir la rechercher dans la ville qui ne dort jamais, parce qu’il était bien trop buté par rapport à son travail, il restait trop campé sur ses positions pour pouvoir réfléchir décemment. « Je ne le dirais à personne, ce sera notre petit secret va ! » Après tout, elle ne voit pas à qui elle pourrait dire que Wes avait failli pleurer devant une pub pour un fast food. A moins que la conversation ne dévie sur les hontes cachées, son secret était en sécurité avec l’ancienne réceptionniste.

Quand la sonnerie retentit, Jezabel se redressait dans le canapé en se positionnant en tailleur, l’élastique qu’elle garde toujours au poignet lui sert pour attacher ses cheveux en un chignon plutôt difforme avant de taper une nouvelle fois des mains, l’excitation à son comble quant au fait qu’elle allait enfin avaler quelque chose d’autre que la nourriture infecte de l’avion. Elle récupéra sa barquette en carton et l’ouvrit délicatement pour ne pas en perdre la moitié avant d’humer l’odeur qui sort de la boîte. Elle devait se contenir pour ne pas tout manger rapidement, mais elle avait tellement faim que cette idée lui paraissait saugrenue. « Je serais de mission oeufs brouillés alors. » prononce t-elle en mangeant une bouchée de son chicken picatta. C’était aussi bon que dans ses souvenirs et autant dire que ça la réconfortait plus que de raison. Les pensées se dirigeaient de nouveau dans l’endroit où elle était et elle faisait mine de réfléchir « Je t’avoue que je ne suis pas compliqué. Peut-être juste acheter des fruits, mais du café c’est très bien aussi. » Elle haussait les épaules un peu résigné face à sa situation « Je ne prendrais pas trop de place dans le frigo c’est promis. Des oeufs ça me va très bien aussi. » Après tout, elle n’avait pas envie de s’imposer plus qu’elle ne le faisait déjà. Ses pensées qui ne cessaient de lui rappeler sa condition, elle jouait avec la nourriture présente dans sa barquette en prenant une nouvelle bouchée. « Si tu veux, je pourrais aller faire les courses demain ? Ça me permettra de te dédommager ma présence. Enfin je veux dire, de payer ma part. Tu n’as pas à payer toutes les courses pour moi. » Même si ça allait être compliqué les premiers mois, elle avait des économies que sa mère lui avait légué et puis des économies sur son compte bancaire aussi. Mais il fallait vraiment qu’elle trouve un travail, et rien que l’idée de devoir se repointer au casino l’angoissait. Mais elle passait au dessus, parce que c’était ce qu’elle faisait toujours. Omettre les sentiments qui prenaient place au creux de son coeur. Pour ne plus souffrir. Pour ne plus rien ressentir.

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Jeu 15 Juil - 21:16
Wes sentit que sociabiliser angoissait un peu la jeune femme. Elle n’avait pas à s’inquiéter, pourtant. Elle était drôle et joviale, il n’en fallait pas tellement plus pour charmer son cercle d’amis. Gentiment, il lui assura : « Tu seras pas bizarre, t’en fais pas pour ça. » Définitivement, ça n’était pas Jeza qui paraîtrait la plus bizarre au milieu de ses amis métalleux-autoproclamés-marginaux. Rien à voir avec les fréquentations de William, du moins Wes le supposait. Il se mit à rire. « Si en plus tu mets un t-shirt Iron Maiden, tu te fondras dans le décor. Tu peux t’en acheter un pour parfaire ton camouflage, y’a un H&M juste en bas. » Il se sentait vieux, parfois. Aujourd’hui, on trouvait des t-shirts à l’effigie de groupes iconiques dans n’importe quel magasin de prêt-à-porter. Ça énervait les puristes ; lui, ça l’amusait, cette revanche de la contre-culture metal qui devenait presque mainstream.

Le repas fut salvateur. Contrairement à Jezabel, Wes n’avait pas subi le menu de la classe éco du vol Londres-NYC. Et pourtant, il engloutit son plat avec tout autant d’enthousiasme. « Bonne idée, les fruits. » Malgré ses talents cachés en cuisine, Wes n’était pas connu pour manger très healthy. L’arrivée de Jeza allait peut-être changer ses habitudes désastreuses. Très logiquement, la jeune femme commença à se soucier des questions d’argent. Le musicien secoua la tête. Évitant de parler la bouche pleine, il balaya ses inquiétudes d’un geste de la main. Il finit de mâcher avant de lâcher : « T’inquiète, c’est un détail, on verra ça demain. » Les bons comptes font les bons amis, dit-on. Pour Wes, c’était plutôt : on s’en fout des comptes, tant que tu ne m’extorques pas de l’argent, on restera amis.

Malgré l’ambiance légère, Wes voyait bien que derrière ses répliques enjouées, elle cogitait, Jezabel. Il la plaignait, même s’il se donnait du mal pour le cacher : il ne voulait pas qu’elle pense qu’il la prenait en pitié. Il la comprenait, aussi. Sa propre vie amoureuse était un bordel sans nom, ça lui prenait la tête, parfois il s’en rendait même malade. Alors il préférait éviter d’y penser (et continuer à faire n’importe quoi). Il espérait que Jeza réussirait à l’imiter, c’est-à-dire à ne plus y penser (dans l’idéal sans faire n’importe quoi). Plus facile à dire qu’à faire, malheureusement. En attendant, comme ce soir, il serait là pour lui remonter le moral. Ou du moins essayer.

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