ton plus gros problème à l’heure actuelle ?
Ma dépendance, mais on va en parler plus bas. Autrement, mon problème en ce moment c’est de réussir à m’accepter, de me rebâtir une bonne estime de moi-même. C’est pas gagné, ça c’est certain.

une addiction à déclarer ?
Hum… I crave for love and affection ! En vrai, j’ai une sacré dépendance aux drogues dures depuis un bon moment déjà. J’ai été en désintox deux fois déjà, mais les deux fois j’ai fini par rechuter et pas juste un peu. Il parait que je manque de volonté ou un truc du genre.

comment s’est terminé ta dernière relation ?
Dans le néant. Je n’ai jamais été dans une relation. Le fait est que j’ai su bien vite que ma famille n’acceptait pas mon orientation sexuelle. Je suis un de ces déviants diront-ils. Donc par respect pour mes prétendants et aussi par crainte du pire, je suis resté un éternel célibataire.

le dernier texto que tu as envoyé ?
Hey big bro. Fais moi signe quand tu seras en ville ! C’est ce que j’ai envoyé avant de quitter la maison, mais j’ai pas eu de réponse. Bon faut dire que mes parents ont coupé ma ligne presque aussitôt que j’ai mis les pieds dehors aussi.

ta relation avec tes parents on en parle cinq minutes ?
C’est une histoire assez spécial entre eux et moi. Au début, en tant que bébé de la famille, j’ai été hyper chouchouté, j’étais ce bébé que les autres vont détester (ou plutôt jalouser) parce que j’avais tout ce que eux n’avaient pas le droit d’avoir. Ça s’est un peu corsé quand, à la fin de mon adolescence, je leur ai avoué être gay. Ils m’ont dit que ce n’était pas grave, qu’on allait arranger ça. Résultat, je me suis retrouvé en thérapie de conversion. Je vais vous épargner les détails, mais c’était l’enfer… Je suis revenu en « homme nouveau ». Honnêtement ? Non, ça n’a as changé mon orientation du tout, au mieux, ça m’a encore plus donner le dédain du corps de la femme et a confirmé que j’étais vraiment à 100% homosexuel. Mais j’ai joué le jeu. J’ai prétendu que ça m’avait changé, mais derrière mon acte de bon garçon heureux, c’était une tout autre chose que je ne leur montrais pas. C’est à ce moment que ma dépendance à la drogue s’est réellement installée. J’en consommais avant, mais plutôt de la douce et moins fréquemment. Quand ils s’en sont rendu compte, ils m’ont envoyé en désintox, me promettant que ça irait mieux et qu’ils seraient là à mon retour. Comme de fait, ils ont été présent pour moi quand je suis revenu, m’aidant autant que possible avec ce combat. Ça n’a pas été très concluant vu que j’y suis replongé. La deuxième fois qu’ils m’ont poussé à y aller, après ils m’accompagnaient aux rencontres et limite j’ai l’impression qu’ils me suivaient partout où j’allais. Cette fois, ça a durée un long moment, jusqu’à ce que je me pousse de la maison. Pourquoi ? J’ai suivi le conseil d’une certaine personne qui me disait de le dire à mes parents que cette thérapie n’avait pas changé mon orientation, que c’était qui je suis, tout simplement. Ils ne l’ont pas pris du tout. J’ai eu cet ultimatum, je retourne en thérapie pour réellement changé ou je quitte la maison et les oublies à tout jamais. J’ai choisi de partir. Le seul problème est que maintenant je n’ai plus rien. Ils ne m’ont pas laissé prendre mes trucs. Tout ce que j’ai, c’est ce que j’avais dans mon sac à dos à ce moment, soit mes livres d’écoles, mon uniforme de basket et mon portefeuille.

en dehors du boulot, des études, tu fais quoi ?
Je survis, n’est-ce pas assez ? Je erre dans ce bas monde et je me fais de l’argent comme je le peux dans ma situation.

un fait peu glorieux à nous raconter ?
Je n’entrerai pas dans les détails, je vais vous laisser vous faire votre propre image. Lorsque je me suis retrouvé à la rue, sans argent, je ne pouvais plus me payer ce que mon dealeur me vendait. Du coup, je me suis trouvé une façon de me faire de l’argent en vendant une part de moi qui peut s’avérer assez payante. À vous de voir.