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wasn't it easier in your lunchbox days? | olivia

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Lun 11 Oct - 23:06
John n'est pas là ce soir mais, pour une fois, sa femme ne lui en tiendra pas rigueur. Les choses sont loin d'être au beau fixe chez les Murphy-Paredes mais tout le monde fait des efforts. A part peut-être Miguel, qui a cinq ans et pour qui une journée réussie est une journée où il s'est couché assez tôt, a couru dans le jardin et passé moins d'une heure devant les dessins animés. Du moins, aux yeux de sa mère, lui réclamerait certainement des Lego et une pancake party pour parfaire le tableau. Ca ne déplairait pas à Marisol non plus, d'ailleurs. Mais pas aujourd'hui, il a été à l'école et a mangé son dîner sans râler, ce qui est déjà très bien. Il est même lavé et couché, même s'il ne dort pas tout à fait. La mère de famille hésite à attendre un peu, mais la baby-sitter est déjà là, elle a enfilé ses jolies bottes à talons et nouer ses cheveux bruns en une haute queue de cheval. Sofia a d'ailleurs un peu rigolé en la voyant, lui demandant si elle faisait exprès d'imiter Ariana Grande. Après une brève vérification sur l'Instagram de sa fille hilare, elle a décidé d'enlever les anneaux à ses oreilles. Mais elle restera en élégant combo jean/pull blanc, Sofia lui ayant assuré que la robe sweatshirt était l'élément nécessaire au total look.

Après avoir répété ses instructions à sa jeune baby-sitter, pourtant parfaitement rôdée mais assez polie pour ne pas faire de remarques, elle emmène son aînée à quelques pâtés de la maison, où elle passe la nuit chez une amie. « Tu es sûre que tu ne veux pas que je rentres saluer ses parents? C'est impoli de te poser là comme un colis Amazon! » Sa fille lève les yeux au ciel, lui promettant que personne ne s'attend à voir les parents des invité.e.s à une petite soirée. « C'est pas les fêtes d'anniversaires des copains de Miguel maman. » Sofia lui dépose alors une bise sur la joue, lance un dernier « Love you Mama! » puis saute de la voiture familiale, dans son crop top et son pantalon délavé trop large, qui lui rappellent agressivement sa propre adolescence.

Redémarrant assez vite pour échapper à sa nostalgie, Marisol arrive bientôt devant chez les Hampton, où elle retrouve une des rares vraies amies qu'elle a réussi à se faire dans ce quartier. Oh, elle apprécie Mrs Park et une des récentes arrivées, au bout de la rue, Jane, a l'air très gentille. Et elle s'entend à peu près avec plusieurs mères de l'école, surtout du lycée d'ailleurs. Mais l'ambiance Desperate Housewives meets Gossip Girl 1.0 meets parodie de Game of Thrones, c'est parfois un peu too much. Heureusement, il y a Olivia. Elle comprend, réellement, ce que ça fait de changer radicalement de milieu, d'avoir un mari un peu trop souvent absent, une grande fille qui s'en va tout doucement. Elle lutte aussi, à trouver l'équilibre entre ses convictions et sa vie un peu trop tranquille de femme au foyer. Avec Liv, pas de chichis et du très bon vin. Un combo qui ne peut qu'être gagnant.

La journaliste sonne donc à la porte et enlace son amie avec enthousiasme quand elle vient lui ouvrir. « Hey you, you look amazing! » Elle sourit, puis tends le sac en toile qu'elle n'a pas pu s'empêcher de remplir. « J'ai fait quelques bricoles, il y a des muffins et puis un thermos de pozole, on en parlait la dernière fois. Mais ce sera pour toi demain, ça ira pas avec le vin et les sucreries! » Elle rit légèrement, suivant la propriétaire des lieux dans l'entrée. « Ca va toi sinon? Quoi de neuf? » Une vaste question s'il en est mais ça, la pauvre Marisol ne peut s'en douter.

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Mar 9 Nov - 22:29
TW : adultère

Benjamin avait quitté les lieux depuis quelques jours et Olivia se retrouvait bien seule, avec pour unique compagnie les débris de son monde écroulé. Sa fille n’avait pas remis les pieds à la maison depuis plus d’un mois, elle lui manquait infiniment. Olivia aurait voulu la serrer dans ses bras, sentir dans ses cheveux ce parfum qu’elle lui avait offert. Mais la vie étudiante ne laissait pas beaucoup de place à une mère envahissante, Olivia le savait, donc elle se faisait toute petite. Elle se contentait de l’appeler aussi souvent que possible, jusqu’à ce qu’elle sente dans la voix de la jeune fille un léger agacement. Elle tentait alors de s’empêcher de téléphoner pendant plusieurs jours, mais finissait par craquer plus rapidement qu’elle ne l’aurait voulu.  

Prise dans le tourbillon des événements, Olivia avait failli oublier la visite de Marisol. Elle s’en était rappelé la veille : alors qu’elle s'apprêtait à s’endormir, elle avait soudain bondi dans son lit. Que faire ? Annuler ? C’était hors de question, car l’idée même de voir la journaliste lui mettait du baume au cœur. La présence rassurante d’une femme qu’elle estimait, voilà la seule chose qui pouvait lui faire du bien. Après avoir passé des jours à ruminer en pyjama, puis des jours à nettoyer compulsivement la maison comme pour se vider la tête, Olivia avait besoin de voir du monde. Sauf qu’à part Marisol, elle ne savait pas vers qui se tourner. Ses voisins ? Certainement pas, pas question qu’elle leur offre de la matière pour cancaner. Ses parents ? Non plus, ils auraient été trop contents de l’échec de son mariage pour lui offrir une présence véritablement réconfortante.

Pelotonnée dans un fauteuil, perdue dans ses pensées, Olivia sursauta quand Marisol sonna. Elle se glissa jusqu’à la porte, ses pieds nus gelés sur le carrelage froid. Hey you, you look amazing ! Marisol lui sauta littéralement au cou et, tandis qu’elle lui rendait son étreinte, Olivia ressentit une vague de soulagement la traverser. Elle sourit doucement. La remarque de son amie lui faisait plaisir, mais elle savait pertinemment que sa crème de jour ne permettait pas de cacher ses traits tirés.

La brune jeta un œil dans le sac en toile qui débordait de victuailles. L’attention la touchait, parce qu’elle y décelait plus que de la politesse. Marisol n’avait pas ramené tout ça pour faire bonne figure, elle l’avait fait pour lui faire plaisir. « Il ne fallait pas… » Les larmes menacèrent de lui monter aux yeux mais Olivia les refoula. Elle releva le menton. « J’ai préparé un apéritif dînatoire, il y a toutes sortes de choses, comme ça, pas de risque que tu n’aimes pas le plat et que tu te sentes obligé de finir pour ne pas me vexer. » Nouveau sourire, plus franc cette fois-ci. Comme il était dur de faire semblant de rien. Que lui dire, en même temps ? Benjamin m’a quittée ? C’était abrupt, elle ne voulait pas mettre Marisol mal à l’aise, la pauvre, elle qui débarquait avec toute la joie de vivre du monde. Olivia l’entraîna jusqu’au salon. Elle avait regroupé tous les coussins de la maison sur le canapé, lancé le diffuseur d’huiles essentielles qui ronronnait sur une étagère de la bibliothèque, on aurait difficilement pu faire plus cosy. Marisol en profita pour poser la question fatidique. Comment allait-elle ? Pas très bien, pour être tout à fait honnête. Mais pas si mal non plus, d’ailleurs elle se surprenait, elle ne se savait pas aussi résiliente. En fait, elle se sentait juste lasse. La brune fit signe à son amie de s’asseoir. « Je crois qu’il vaut mieux qu’on s’installe et qu’on ouvre une bouteille, d’abord. »

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Lun 15 Nov - 20:02
Face à la remarque obligatoire quand quelqu'un vous inonde de victuailles, Marisol se contente de hausser les épaules avec un petit sourire en coin. En effet, il ne fallait pas. Et tant mieux, elle n'aime faire les choses par obligation. C'est son quotidien, il faut nettoyer la maison, il faut courir partout pour emmener les enfants à droite à gauche, il faut rendre son article à telle heure. La vie est régie par les choses que l'on doit faire, alors elle se fait plaisir à être un peu excessive, à chouchouter ses proches quand l'occasion se présente, que ce soit en achetant le whisky hors de prix que John aime bien quand il est en promotion chez le caviste ou en se souvenant d'un petit détail qui fera plaisir à une amie.

Elle rit un peu quand Olivia explique son choix de menu, une stratégie pour le moins ingénieuse, plutôt que de faire un plat avec trente-six accompagnements et options alternatives, comme Marisol le fait si souvent. « C'est très malin, je devrais y penser la prochaine fois que j'invite de la famille, personne n'aime la même chose, c'est fatiguant ! » La journaliste suit son amie dans le salon chaleureux, qui lui semble avoir été quelque aménagé pour l'occasion. Elle s'assoit confortablement au milieu d'une montagne de coussins, tandis qu'Olivia propose d'ouvrir une bouteille, esquivant une question pourtant banale.

Marisol fronce un peu les sourcils mais accepte d'un hochement de tête « Va pour le rouge d'abord ! Mais, il y a quelque chose qui ne va pas Liv ? » Se doutant que la réponse est oui et se sachant un peu trop curieuse pour son propre bien et les règles de bienséance de la société, elle ajoute. « Enfin, si tu veux m'en parler bien sûr, tu peux aussi me dire de me mêler de mes oignons et de boire du vin en parlant du dernier épisode du Bachelor ! » Bien que Marisol et Olivia s'entendent très bien et se soient bien trouvées parmi les mères un peu trop propres sur elles du quartier, elles ne se connaissent pas depuis si longtemps. Elles ont partagé des conversations passionnantes sur le féminisme, la littérature et oui, la télé-réalité, mais elles n'ont jamais eu ce moment d'intimité qui scellent une amitié, un breakdown au coffee shop du coin, une confession inattendue après un verre de trop, un voyage chaotique… Aussi, elle ne se vexerait pas si l'autre brune estime qu'elles n'en sont pas à ce stade. Dans tous les cas, elle espère pouvoir lui offrir du réconfort.

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Ven 26 Nov - 22:02
Sans vraiment attendre la réponse de son amie, Olivia s’empara de la bouteille sur la table basse. Le tire-bouchon sophistiqué de Benjamin lui évita de se retrouver avec un vin bouchonné. Ce gadget constituait peut-être la seule qualité qu’Olivia trouvait encore à son mari. Elle grimaça. Quelque chose la retenait de se confier à Marisol, peut-être la proximité qu’elle avait avec John, lui-même très proche de Benjamin. Ou bien le fait que malgré leur bonne entente, elles n’aient jamais réellement abordé leurs problèmes de couple.

La brune balaya presque aussitôt son hésitation. C’était ridicule. Elle faisait confiance à Marisol, elle savait qu’elle n’irait pas colporter de ragots. Olivia en était persuadée, pour la simple et bonne raison qu’elle s’en était assurée. À leur rencontre, elle avait essayé d’entraîner Marisol sur le terrain des commérages. Juste pour voir si elle s’y engageait et si elle était aussi médisante que le reste du voisinage. Mais la journaliste avait réussi le test haut la main et à partir de là, Olivia avait métaphoriquement validé son adhésion à son cercle d’amis très select. D’aucuns auraient dit qu’il s’agissait de manipulation, mais Olivia préférait parler de prudence.

Olivia prit une grande inspiration, avant de se lancer, tout de go. Autant ne pas tourner autour du pot. C’était comme un pansement, il fallait vite l’arracher pour que ça ne devienne pas une lente torture. « Benjamin m’a quittée. Ou plutôt je l’ai quitté. Je ne sais plus bien, en fait. » Elle attrapa un coussin pour le serrer contre son ventre. Ça faisait toujours aussi mal de l’énoncer à voix haute. Puis elle rassembla toutes ses forces pour relever fièrement le menton. C’est en regardant Marisol droit dans les yeux qu’elle déclara : « Il me prenait pour une idiote depuis des mois... » Elle n’avait pas réussi à prononcer le mot « tromper », parce qu’elle avait peur qu’il fasse écho à l’histoire de Marisol et que ça remue chez elle de mauvais souvenirs. Il est parfois moins frontal et moins violent d’utiliser des périphrases. Abandonnant son air bravache, elle se sentit obligée de s’excuser. « Je suis désolée, tu venais te détendre et au final je t'impose cette situation… » Elle resserra un peu plus son emprise autour du coussin.

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Dim 5 Déc - 13:57
tw ; mention d'adultère

Olivia sert la vin, sans répondre tout de suite à sa question, ce que la journaliste peut comprendre. Il y a bien des choses qui lui sont arrivées et dont elle n'a pas forcément eu envie de parler, même à ses amies les plus proches. Mais elle sait aussi que cela fait du bien, alors elle n'en rajoute pas, prend son verre de rouge, dont elle prend une bonne gorgée pour se préparer à la suite. Et elle fait bien de laisser cet espace à Liv, qui se munit d'un coussin pour protéger sa psyché plus que sa personne et lui fait une révélation pour le moins inattendue.

« Oh. » Marisol digère cette information, s'interrogeant brièvement sur l'importance de la nuance sur qui a quitté qui. Elle ne dit trop rien, captant le regard de son amie, qui n'entre pas plus dans les détails mais fait clairement comprendre ce qu'il s'est passé. En effet, il est important de souligner que c'est elle qui est partie dans ce scénario. La brune s'agite un peu sur le canapé, ajustant sa position pourtant parfaitement confortable. Benjamin a trompé Olivia, ça paraît plutôt évident. Et, c'est un sujet un peu délicat pour Mrs Murphy, deuxième du nom. Une des raisons - même si ce n'est pas la principale - pour la quelle elle a accolé son nom de jeune fille à celui de son époux. Elle se sent très mal placée pour apporter un quelconque jugement, même si elle pourrait se défendre en expliquant combien les deux situations sont différentes.

Mais en vérité, même si elle n'aime pas y penser, la journaliste ne connaît que la version des faits de John. Son mariage battait de l'aile, il vivait à des milliers de kilomètres, la séparation était imminente. Mais ce n'était pas lui qui avait entamé la procédure de divorce, même une fois sa relation avec Marisol bien entamée. Et personne ne sait ce qui se passe réellement dans un mariage, à part ceux qui sont dedans. Alors même si les choses avaient l'air d'aller bien, la brune ne sait que trop bien qu'il ne faut pas se fier aux apparences dans les banlieues bourgeoises.

De toute manière, elle n'est pas là pour démêler le vrai du faux, comprendre la situation. Même si son cerveau a été entraîné pendant des années à fonctionner ainsi, ce n'est pas ce qu'on lui demande aujourd'hui. Elle est là pour soutenir Olivia. En mettant de côté tout son bagage personnel autour de l'adultère. Elle est là pour être une amie, écouter, boire du vin, casser du sucre dans le dos de Benjamin s'il le faut. Certes, ils sont vaguement amis, principalement via John et Olivia. Mais s'il y a un camp à choisir, la décision est facile.

Marisol tend donc une main vers son amie et la pose délicatement sur son bras, lui offrant un sourire doux, qu'elle espère compatissant mais pas empreint de pitié. « Ne te préoccupe pas de ça, tu ne m'imposes rien. » Elle pose son verre, soutient le regard de Liv, en espérant lui insuffler de la force et de l'énergie positive. « Je suis vraiment désolée. Mais je ne doute pas une seconde de ta capacité à rebondir, même si ça prendra le temps qu'il faut. » Elle sert un peu plus fort son bras et ajoute. « Tu veux m'en parler? Sinon je peux très subtilement me mettre à parler de l'école de Miguel et des compets de natation de Sofia. » La journaliste essaie un sourire plus amusé, ne sachant pas encore quel chemin Olivia veut emprunter pour la suite. Dans tous les cas, cette conversation mérite bien une bouteille pour deux.

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Mar 18 Jan - 20:52
TW : adultère

Olivia vit bien qu’elle venait de créer des vagues dans l’esprit de son amie. Pourtant, elle ne condamnait pas l’histoire de Marisol comme elle condamnait la tromperie de Benjamin. D’une part, elle n’en connaissait pas tous les détails. D’autre part, c’était loin d’être objectif, mais Marisol était son amie, et comme chacun de ses rares amis, elle la plaçait sur un piédestal. De nature méfiante, Olivia levait pourtant complètement sa garde lorsqu’il s’agissait de son entourage proche. Ce qui avait fini par lui jouer des tours – avec son propre mari qui plus est.

La jeune femme se doutait du dilemme qui se jouait dans la tête de Marisol. Ce fameux dilemme qui s’impose quand un couple d’amis se sépare : quel camp choisir ? La journaliste posa finalement une main sur son bras et Olivia comprit qu’elle avait une alliée. Pendant des années, elle s’était sentie très seule, mais maintenant que son monde s’effondrait, elle réalisait qu’elle ne l’était pas autant qu’elle le croyait. Ça lui réchauffa le cœur. Elle n’avait plus besoin de rempart, alors elle desserra son emprise autour du coussin. Elle le reposa à côté d’elle, à sa place sur le canapé. Puis elle acquiesça aux paroles de Marisol en secouant vivement la tête. « Je vais rebondir, j’en suis sûre. » Olivia refusait de sombrer dans l’apathie. Oui, elle allait rebondir, être active et non passive, bref : faire des choses, quitte à faire n’importe quoi. « Seulement, je ne sais pas encore comment, ça fait tellement longtemps… J’ai l’impression d'être périmée. »

Son amie lui proposa d’en parler et Olivia saisit l’occasion. Marisol était l’oreille délicate dont elle avait besoin. Elle ne voyait pas à qui d’autre confier cette chose terrible qu’il lui était encore douloureux de formuler : elle avait eu tort. « C’est perturbant. Je ne l’avais pas anticipé. » Olivia se sentit vulnérable. Elle souffla. Elle détestait ça. « Aujourd’hui, ça me paraît évident que j’aurais dû. Quand j’ai épousé Benjamin, on n’a pas cessé de me répéter que ça arriverait un jour. » Elle attrapa son verre de vin sur la table basse et le fit tourner distraitement entre ses doigts, fixant le liquide grenat. Bon sang, ce qu’elle était en colère. Parfois, la nuit, elle se réveillait les dents serrées, la mâchoire contractée, incapable de se détendre.

Justement, elle sentit qu’elle se crispait de rage, alors pour ne pas exploser, elle fit glisser la conversation sur un sujet autrement plus plaisant, habilement amené par Marisol : Sofia et Miguel. « Comment vont-ils ? Je suis sûre que Miguel est premier de sa classe et que Sofia est une championne. » Elle avait dit ça tendrement, sans se montrer envieuse. Olivia n’était pas jalouse. Elle n’en finissait pas d’éprouver de la fierté pour sa fille, qui, avec son fort caractère, ne se laisserait jamais embobiner par un bonhomme comme sa mère – Olivia en était sûre. Cela étant dit, la brune trouvait les enfants de Marisol particulièrement charmants. Bien qu’ils aient reçu une certaine éducation, les manies insupportables de la haute société ne les avait pas contaminés, et leur naturel les rendait d’autant plus agréables.

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Jeu 20 Jan - 22:06
Du tac au tac, Marisol réagit aux remarques auto-dépréciatrices de son amie, remplissant à merveille son rôle de bonne copine venue vider la bouteille de vin, écouter ce qui pèse sur le cœur et, pourquoi pas, casser un peu de sucre sur le dos du malotru qui a causé de la peine. Elles n'en sont pas encore à ce stade, ce qui arrange bien la journaliste qui - jusqu'à il y a quelques minutes - avait une certaine sympathie pour M. Hampton. Mais cela ne veut pas dire qu'elle n'est pas prête à le rabaisser pour relever sa… future ex-femme? Cela fait pas mal d'informations à assimiler, aussi, la brune se reconcentre sur le sujet principal. « Ne dis pas de bêtises Olivia. N'importe qui devrait s'estimer heureux que tu leur accordes une once de ton temps et de ton attention, tu es tout sauf périmée. Haven't you heard? 50 is the new 30 or something. » Elle sourit légèrement, tâtant le terrain de l'humour pour essayer de remonter le moral de son amie.

Néanmoins, elles en viennent à parler un peu plus concrètement de la situation, Liv s'avouant un peu désemparée et prise de court. Marisol ne peut que lui tapoter doucement le genou en signe de soutien, l'écoutant avec attention. Elle ne connaît que trop bien le refrain qu'évoque sa voisine, l'ayant aussi entendu de la bouche de son frère, ses amies, les vipères de l'école, les (1ères, 2èmes, 3èmes…) épouses de diplomates. Parfois dans un coin de sa tête aussi, le devinant aussi derrière le ton toujours incisif de Catriona. Pourtant, elle aussi est persuadée qu'ils ont tous tort. Et jusqu'à aujourd'hui, ça a bel et bien été le cas. Mais elle n'a aucun mal à imaginer la désillusion d'Olivia et ce tout petit pas, cette proximité entre leurs vies, est un rien terrifiante.

Evidemment, cela, Marisol le garde pour elle, préférant des paroles tout aussi honnêtes mais, elle l'espère, un rien plus réconfortantes. « Personne n'anticipe ces choses là Liv. On pense tous être au dessus de ça, avoir un mariage solide, que tout va bien. Bon, peut-être pas tous, mais tu vois ce que je veux dire, les gens disent rarement "oui, je me suis toujours doutée que ça finirait mal." On veut une fin heureuse, c'est naturel. Et puis, si on devait écouter les mauvaises langues, on n'en finirait pas. Tiens, moi j'aurais dû me faire larguer parce que je suis une croqueuse de diamants sans scrupules, je me suis fait refaire les seins trois fois, j'ai des faux papiers et j'en passe et des meilleurs. Ca ne veut pas dire qu'elles ont forcément raison. » Que des ragots qu'elle a entendu de ses deux oreilles ou qu'on lui a rapporté directement, à des fins plus ou moins néfastes. On ne s'ennuie pas dans les banlieues chics.

Soit pour changer de sujet, soit par politesse, Olivia l'interroge alors sur ses enfants et le visage de la brune s'illumine. Elle rit légèrement et répond. « Ecoute, ils ne font pas de classement à la maternelle, n'en déplaise à certaines mamans, mais il est très curieux et adore aller à l'école, pourvu que ça dure. Et Sofia a franchi le cap des 16 ans sans abandonner son sport, donc je pense que c'est bon signe. Je crois qu'elle vise une bourse d'études, mais elle ne m'a rien dit pour l'instant donc je ne lui en ai pas encore parlé. J'essaie d'être une maman moins envahissante. » Elle lève un peu les yeux au ciel, l'idée de ne pas s'impliquer dans la vie de ses enfants lui paraissant parfaitement absurde. Elle passe son temps à essayer de s'occuper de son frère et de sa sœur, sa progéniture directe ne risque pas d'y échapper. « Et toi, comment va ta fille? » Une question à double tranchant au vu des révélations du jour, mais Marisol laisse son amie l'interpréter comme bon lui semble.

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Mar 25 Jan - 19:41
Décidément, Olivia avait fait le bon choix en se confiant à Marisol. Son amie n’avait ni prononcé un mot de travers, ni posé une question maladroite, trouvant aussitôt ce qu’il fallait dire pour remonter le moral de la future divorcée. 50 is the new 30… Olivia lâcha un léger rire. « J’aimerais y croire mais… J’ai l’impression que pour une femme qui a passé les 40 ans depuis un moment, tout devient tellement plus difficile. J’ai des compétences, je le sais, mais… » Elle s’interrompit. Un début de réflexion féministe naissait dans l’esprit d’Olivia, ce sentiment qu’un homme de son âge pouvait avoir le monde à ses pieds en claquant des doigts alors qu’elle avait tout à prouver. A la base, elle parlait du domaine professionnel, mais au final, tout ça pouvait s'appliquer aux relations amoureuses. Si seulement elle avait pu remonter le temps pour sermonner son “elle” qui étudiait à Harvard… Enfin, ça n’aurait pas servi à grand-chose, têtue comme elle l’était à l’époque.

La tirade de Marisol sur les mauvaises langues la fit sourire. Le tableau qu’en faisait la journaliste était criant de vérité. « Et moi je n’ai jamais cessé d’être la péquenaude mal dégrossie pour les uns, ou la snob nigaude pour les autres. » Elle reprit une gorgée de vin pour chasser la vague de cynisme qui la traversait. Et puis soudain, Olivia se mit à rire. Un rire clair, qui dissipa l’atmosphère légèrement pesante. « On fait la paire, la croqueuse de diamants aux seins siliconés et la pécore écervelée aux petits seins. Il faut toujours que tout le monde ait un avis sur nos poitrines, n’est-ce pas ? » Ce soir-là, Olivia se sentait manifestement l’âme d’une revancharde, qui, bien cachée au fond d’elle toute la durée de son mariage a priori idéal, resurgissait alors que son monde s’effondrait. C’était comme si tout à coup, les absurdités qu’elle avait jusqu’ici tolérées lui sautaient aux yeux, avec une telle violence qu’elle ne pouvait plus les ignorer. Mais la pulsion féministe de Liv s’essouffla bien vite. Comment pouvait-elle donner son avis, elle qui avait vécu bien confortablement pendant des années, entretenue (le mot la dégoûtait, ça la tuait de l’utiliser) par son mari ? Elle soupira. Son rire s’était éteint et sur son visage, seul un sourire un peu las subsistait.

Olivia écouta attentivement Marisol parler de ses enfants, attendrie par la lueur de tendresse dans ses yeux. Soudain, une idée lui vint. « Sofia court pour garder la forme entre deux compétitions de natation ? Parce que si c’est lecas et que tu as besoin de quelqu’un pour l’accompagner pendant son footing… J’aimerais bien me remettre à l’athlétisme, en fait. » Si Liv pouvait se rendre utile en rassurant Marisol tout en s’obligeant à reprendre le sport, alors c’était tout bénéf’. Puis Marisol lui demanda des nouvelles de sa fille et Olivia ne se fit pas prier. Sur le sujet, elle se montrait intarissable. « Elle va bien, j’aimerais qu’elle m’appelle plus souvent, mais exactement comme toi, j’ai peur de l’étouffer, alors je me contente de l’appel dominical. Ça a été très difficile de la laisser prendre son indépendance, je ne sais pas si c’est le cas pour toutes les mères ou si ça a été démultiplié par le fait qu’elle soit fille unique.... Enfin, maintenant, j’ai compris, et je crois qu’elle gère sa vie mieux que je ne gère la mienne. » Olivia s’interrompit, presque gênée d’avoir autant parlé. Elle sourit. « Mon dieu, Marisol, excuse-moi, promis je ne te montrerai les d’albums photo d’elle petite. »

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Dim 30 Jan - 18:51
Marisol ne peut que grimacer d'approbation aux commentaire de son amie sur la façon dont la société traite les femmes de plus de 40 ans. Déjà, quand la gynécologue lui a parlé de grossesse gériatrique à la naissance de son fils, elle n'a pas particulièrement apprécié, mais cela va même au delà de termes médicaux désuets. Elle soupire donc légèrement, tapotant doucement la main de Liv pour essayer de lui remonter le moral comme pour se donner du courage. « C'est sûr que les stéréotypes ont la vie dure, mais les mentalités évoluent quand même. Et puis, tu as des ressources et des capacités, je ne doute pas une seconde que tu vas trouver quoi faire. Girl, you went to Harvard, you've got this! » Pas que la brune accorde autant d'importance au système des écoles Ivy League que les américains ou qu'elle y voit un gage d'intelligence mais, dans le cas d'Olivia, c'est une preuve de détermination et de ses multiples talents.

La journaliste éclate alors de rire quand son amie lui fait remarquer que tant de rumeurs et commérages sur leur compte ont un rapport plus ou moins direct avec leur poitrine. Evidemment, ça n'a rien de drôle en soi, mais le ton d'Olivia et sa capacité à se détacher de tout ce cirque permettent à Marisol d'y voir un peu d'humour. Elle surenchérit donc avec un sourire en coin. « C'est vrai ça, pas plus tard qu'hier quelqu'un me parlait du fait que Pauline - la maison avec la porte jaune, ce qui est le vrai scandale je pense - a les seins qui tombent depuis la naissance du dernier… » Un rien plus sérieuse, elle secoue la tête et ajoute. « Les gens ont vraiment rien de mieux à faire hein, il faut sacrément s'ennuyer dans la vie pour aller parler des seins des autres à ses voisines. » Dire qu'elle est au dessus de tout ragot serait mentir. Les ragots sont un des modes de communication essentiels des familles mexicaines et sans eux, les groupes WhatsApp des cousin.e.s seraient d'un ennui mortel. Et il y a des commérages drôles, intéressants, potentiellement importants, que l'on partage avec ses proches, qui peuvent parfois être le début de vraies révélations. Sa curiosité et son intérêt pour autrui, qu'elle développe avec professionnalisme et maturité dans son métier, ne viennent pas de nulle part après tout. Mais il y a aussi les rumeurs cruelles, la volonté de nuire. Et les américaines ne savent pas faire la différence entre harmless chisme and ruining someone's life.

La conversation digresse alors sur leurs enfants, Olivia faisant part à la brune de sa volonté de se remettre à courir. Cela lui semble une excellente idée, l'exercice aidant à se vider la tête. Et puis, la routine du sport régulier l'empêchera de se morfondre. « Oui, Sofia court régulièrement, tu as dû la voir d'ailleurs. Je lui demanderai si elle serait d'accord, mais je suis sûre qu'elle sera contente d'y aller avec quelqu'un d'autre. » Evidemment, elle la laisse aussi y aller seule, quand il fait jour et qu'elle ne va pas trop loin. Le quartier est plus sûr et, comparativement à Mexico ou au Bronx, Marisol n'a aucune raison de se faire du soucis. Ce qui ne l'empêche pas de s'en faire quand même, bien sûr. « En tout cas, c'est une super idée, je ne savais pas que tu faisais de l'athlétisme! » Bien sûr, elles n'étaient pas proches depuis si longtemps, mais John lui avait tout de même pas mal parlé d'Olivia et de son temps à Harvard avec elle et Benjamin. Cela lui fait plaisir de savoir qu'il lui reste encore des choses à apprendre sur son amie.

Riant un peu à la remarque de son amie, elle lui donne un léger coup de coude et réplique. « Tu sais, je les regarderai avec plaisir, je suis pire que toi! Je fais de mon mieux hein et Sofia n'est encore qu'au lycée, mais c'est dur de les voir devenir adultes et ne plus avoir autant besoin de nous. Mais bon, ça veut aussi dire qu'on a bien fait notre travail de parents, alors tu peux être fière de toi. » Dans son cas, elle a encore de belles années de maternité très engagée devant elle, grâce à Miguel, qui est encore petit. Mais dans dix ans, quand il aura l'âge de sa sœur aujourd'hui, ça sera une toute autre histoire à laquelle Marisol n'est pas préparée à penser pour le moment.

Doucement, la brune prend la main d'Olivia dans la sienne et lui sourit légèrement, la regardant dans les yeux. Elle hésite à continuer à parler des choses qui fâchent, mais elle préfère que son amie sache qu'elle peut compter sur elle. « Tu sais ce que tu vas faire, dans l'immédiat? Je sais que tu vas t'en sortir, mais si tu as besoin de quelque chose à court terme, que ce soit de l'aide à la maison, sortir boire un verre ou juste pleurer un coup, tu peux m'appeler quand tu veux. I mean it. » Oui, ses journées sont bien remplies, mais il y a toujours du temps pour la famille et les ami.e.s.

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Dim 13 Mar - 0:07
TW adultère

Le pep talk de Marisol avait beau être adorable, il ne balayait pas les doutes dans l’esprit d’Olivia. Certes, Liv avait suivi quelques semestres à Harvard, mais elle n’en avait jamais obtenu le diplôme. Elle ne possédait aucune expérience professionnelle, si ce n’est celle de bénévole et de maman à plein temps – ce qui demandait une force organisationnelle incroyable, mais qui n’était hélas pas reconnu par les recruteurs. Olivia avait des compétences, mais rien de tangible pour les prouver. Elle ne pouvait donc pas compter sur les autres pour se réinventer, car elle savait déjà qu’ils ne lui accorderaient pas leur confiance. Si business elle voulait qu’il y ait, elle allait devoir monter son affaire seule. Olivia sourit. Elle s’en sentait capable. Tout compte fait, le pep talk de Marisol avait été plus efficace que prévu.

La vie du Dawson Circle était ainsi. Il fallait faire très attention à ce qu’on racontait, et ce en toute circonstance. Ne pas se laisser aller à une confession déraisonnable, comme il est pourtant tentant de le faire après un ou deux verres de vin, en faisant promettre « ne le répète à personne, d’accord ? ». Soyez-en sûrs : tout le monde promet, personne ne s'y tient, et les informations circulent vite. « Pauline est sans doute la commère la plus redoutable de toutes, alors… Je suppose qu’on peut parler de l’arroseur arrosé. » Olivia eut un sourire malicieux. « Un jour, j’ai fait le test. Je lui ai confié un potin entièrement faux. Je te le donne en mille, la semaine d’après, tout le quartier était au courant. » Heureusement pour Olivia, Marisol savait tenir sa langue. Et quand bien même, la tromperie de Benjamin finirait par se savoir. Les voisins avaient déjà remarqué l’absence inhabituelle de son époux. Ils commençaient à se poser des questions. Bientôt, Olivia serait au cœur de toutes les conversations. Les gens se réjouiraient de son malheur, elle la pécore qui avait cru séduire un prince (même si de prince, il n’en avait plus grand-chose aux yeux d’Olivia). Il fallait qu’elle s’y prépare mentalement.

« Ça me ferait plaisir de courir avec toi aussi, si un jour le cœur t’en dit. Et comme après l’effort vient le réconfort, tu seras conviée au meilleur brunch que tu aies jamais connu. » Faire des projets réjouissait Olivia, même s’ils étaient aussi minimes qu’organiser une session de sport entre filles et préparer un brunch. Mais il fallait bien commencer quelque part. D’abord le brunch, ensuite le business florissant qui ridiculiserait Benjamin et montrerait au monde entier qu’elle s’en sortait mieux sans lui. Revancharde, Olivia ? Si peu. Puis Marisol évoqua l’athlétisme et le sourire d’Olivia se ternit un peu. « Oh, c’est normal que tu n’en saches rien, ça fait longtemps que j’ai abandonné. Mais l’athlé est ce qui m’a permis d’entrer à Harvard... Si j’avais su, j’aurais un peu moins couru et un peu plus profité de l’adolescence. Enfin, ça ne sert à rien d’avoir des regrets éternels, pas vrai ? »

Ecouter Marisol parler de son expérience de la maternité avait quelque chose d’apaisant tant c’était proche de son ressenti. Olivia songea que son amie avait raison. Que malgré les regrets qu’elle évoquait l’instant d’avant, il demeurait une chose qu’elle n’avait pas loupée : l’éducation de Chrissy. Et ça, personne ne pourrait le lui enlever. Sa fille s’épanouissait, ça valait bien tous les sacrifices du monde. La journaliste, décidément une as du réconfort, saisit la main de la brune pour la serrer dans la sienne. Olivia darda son regard calme dans le sien. Elle lui était sincèrement reconnaissante. « That’s sweet, Marisol. Thank you. » Elle marqua une pause, le temps d’avaler une gorgée de vin et de réfléchir à la suite. « J’ignore encore ce que je vais faire, concrètement parlant. En attendant, j’ai de quoi m’occuper. Il y a toujours à faire au Planning. » Concrètement parlant, Olivia brûlait d’envie d’écraser Benjamin. Mais il y a des choses qui ne se disent pas. Alors elle préféra changer de sujet. « Assez parlé de moi et du désastre de mon mariage. Sur quoi bosses-tu en ce moment ? »

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Dim 3 Avr - 14:22
Malgré tous ses préceptes de parentalité bienveillante, sa foi catholique largement tournée vers son prochain et sa gentillesse, Marisol ne retint pas un ricanement disgracieux à l'évocation d'un juste retour de bâton envers Pauline. Sa bouche s'élargit et ses yeux s'écarquillent quand son amie lui explique le petit test qu'elle a fait passer à leur voisine, mais son expression se transforme vite en un nouveau sourire. C'est brillant et elle regrette de ne pas y avoir pensé. De son côté, la journaliste s'est contentée de ne rien partager d'important avec les commères du voisinage et le gang des mamans parfaites de l'école. Tout ce qu'elle dit en dehors de son petit cercle d'ami.e.s de confiance peut être répété, amplifié et déformé et elle prend donc garde de ne rien dire de compromettant. Les bonnes notes de Sofia, les progrès de Miguel, la météo, le prix exorbitant de l'essence, les chouettes vacances en famille pour aller voir les chutes du Niagara… Les sujets ne manquent pas et elle n'a encore jamais été dans l'impasse.

« Okay, je ne suis absolument pas étonnée que Pauline soit allée tout répéter mais par contre, c'est une idée de génie. Il est possible que j'adopte ta technique, même si maintenant je crois avoir plutôt bien saisi à qui je peux faire confiance. » Marisol échange un regard entendu et un petit sourire avec son amie, avant que la conversation ne se poursuive. Quand Liv propose d'aller faire un jogging avec elle, son sourire s'élargit. Elle adore le sport et c'est vrai qu'à part ses camarades de la salle, elle n'a pas grand monde avec qui partager cette expérience. Elle hoche donc la tête avec enthousiasme, ajoutant. « On pourrait y aller toutes les trois, si courir avec deux vieilles n'est pas trop humiliant pour ma chère fille. Puis surtout, elle risque d'aller beaucoup plus vite que nous. Que moi en tout cas. » La brune rit un peu, imaginant d'avance la tête de Sofia face à la proposition, partagée entre l'envie d'être gentille avec Liv - qu'elle apprécie beaucoup - et la honte ultime qu'est d'être vue en public avec des adultes sur son temps libre. Peut-être que la promesse d'un brunch à emporter fera l'affaire, pendant que les deux mères de famille en profiteront pour papoter. « Et s'il y a un brunch, je suis doublement partante! On se calera ça bientôt. »

La discussion prend un tournant un peu plus sérieux, son amie expliquant son rapport tout particulier à l'athlétisme. Elle n'a pas à faire un grand effort d'imagination pour visualiser une jeune Olivia travaillant d'arrache pieds en classe et s'entraînant sans relâche pour obtenir cette place si prestigieuse. Il lui suffit de penser à Sofia et ses compétitions de natation, de l'imaginer sans le filet de sécurité que lui offre les revenus très confortables de son père. Elle hoche donc la tête, compréhensive. « Tu as raison, ça ne sert pas à grand chose de regretter, tu ne peux pas changer le passé. Mais tu peux te remémorer le positif, penser à toutes les qualités, les savoirs que le sport et l'université t'ont apporté. Peut-être que tu n'en avais plus l'utilité, mais je t'assure que ça n'est pas perdu et ça te servira. » Sans tomber dans la positivité toxique qui empêche d'évoluer, Marisol croit fermement que l'on peut apprendre de chaque moment, même les plus difficiles. Un mécanisme de défense peut-être, pour une enfant qui a grandi dans la crainte constante de la déportation et a fini par subir celle de son père. Mais ça lui a bien servi au fil des années.

Après un instant de réconfort, Liv semble reprendre un peu du poil de la bête. Elle ne lui confie aucun plan immédiat, mais il y a une certaine fougue dans ses yeux, une force dans sa voix. Elle passe ensuite le relai à Marisol, faisant clairement comprendre qu'elle souhaite faire bifurquer cette conversation dans une autre direction. La journaliste se contente donc d'ajouter « L'essentiel c'est que tu ne te morfondes pas toute seule à la maison. Et vraiment, si tu as besoin, n'hésite pas. » Elle sourit ensuite, toujours ravie de pouvoir parler de son travail à quelqu'un qui s'y intéresse sincèrement. « Sinon, en ce moment, je travaille sur un long format sur le système scolaire new-yorkais. Plus particulièrement, comment, dès la crèche, les écoles privées font miroiter des choses insensées aux parents et siphonne les investissements. C'est aussi déprimant que fascinant… Il y a une école maternelle à Manhattan qui donne le taux d'entrée en Ivy League de ses anciens élèves, ils prennent $33 000 par an, font des voyages scolaires en France et c'est même pas les plus chers. Bref, je vais pas en parler trop parce qu'on en aurait pour la nuit mais, this city is wild. »

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Sam 30 Avr - 12:56
Un rire complice s’échappa d’entre ses lèvres. « Je t’en prie, the fake gossip method a prouvé maintes fois son efficacité. » Le dawson circle, sous ses airs de quartier bien sous tous rapports, ressemblait parfois à une vraie jungle. Alors autant former des alliances et partager ses petites techniques de survie. De toute façon, aucune mégère ne faisait le poids face au duo Marisol-Olivia.

Parler de leurs filles respectives constituait une activité qui plaisait beaucoup à Olivia. Quitte à s’en moquer un peu, mais toujours avec une infinie tendresse. Mrs Hampton était la seule personne habilitée à se moquer de sa progéniture. Si n’importe qui d’autre s’essayait à l’exercice, iel risquait fort d’avoir affaire à une vraie lionne. « Oh tu sais, je suis rodée à ce genre de petites humiliations. Quand Chrissy était au lycée, elle me demandait de la déposer deux rues plus loin, pour que ses copines ne me voient pas. Même quand il pleuvait à verse. Teenagers are so stupid. Enfin… Je faisais la même chose au même âge, alors comment lui en vouloir ? » Nouveau rire complice, plus franc cette fois-ci. « We’re lame, Marisol, we have to get used to it. »

Marisol s’étendit quelques instants sur son boulot et Olivia sourit devant son air passionné. La brune savait qu’elle le lirait, cet article. Pas en diagonale, non, elle l’étudierait vraiment, parce que Marisol faisait une excellente journaliste et qu’elle avait le don de trouver le meilleur angle pour traiter les sujets, quels qu’ils soient. Et puis celui-ci l’intéressait particulièrement. L'éducation, l’argent,  l’élitisme, l’égalité des chances. Tant de thèmes qui avaient impacté sa vie à un moment où à un autre. C’est pourquoi elle s’autorisa un petit commentaire, qui certes ne changerait pas la face du monde, mais qu’elle prononça tout de même avec une pointe de révolte dans la voix : « Our country is broken. » Elle se sentit immédiatement embarrassée, car ce système qu’elle critiquait, elle en avait profité pendant 20 ans, sans jamais avoir à s’inquiéter pour Chrissy. Une légère grimace déforma son visage et Olivia décida qu’il était le moment de terminer cette bouteille à moitié vide qui trônait sur la table basse.

Elle resservit Marisol en premier et secoua le goulot au-dessus de son propre verre pour récupérer les dernières gouttes de vin. Et tandis qu’elle portait le breuvage à ses lèvres, son regard croisa celui, pétillant d’intelligence, de son amie. Un intense sentiment de reconnaissance l’envahit. « Thanks. I'll owe you this. » Une façon de dire qu’au moindre problème de la journaliste, Olivia promettait d’être là pour lui apporter du réconfort, avec la même douceur et la même patience dont Marisol faisait preuve ce soir. Car malgré tout, malgré le virage désolant que prenait son mariage, il y avait tout de même dans l’entourage d’Olivia Hampton des gens de confiance. Des gens bien.

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