FEAT : zoë kravitz
Issue d'un milieu modeste, mais pas précaire Ivy n'est pas de New-York même mais de Edison, plus au sud. Famille classique, deux époux hétérosexuels dépassés par leur travail, les avancées technologiques et les revendications sociales. Pour autant métisses, ils sont intégrés et ont un passing convenable. Ils ne font pas de bruit, suivent les fameuse modalités occidentales. Ils vont à l'église, elle se lisse les cheveux, il les coupe ras. Ils ne portent que des marques américaines. Ivy, deuxième enfant, sera plus réticente. A l'école, elle découvre la littérature et l'histoire. Les récits la troublent, agite son esprit encore balbutiant. Elle parle un peu trop fort, en classe, quand il s'agit d'interroger sur le conflits américains. Elle reparle un peu trop aux repas de famille les meutes qui surviennent régulièrement dans le pays. Elle lit un peu trop James Baldwin ou Phillis Wheatley. Elle s'émancipe ainsi, par la lecture, face à l'incompréhension de sa famille, si prompte à la survie quand il s'agit de s'intégrer. Ivy part très tôt, dès qu'elle le peu, loin de ce foyer qui l'étouffe et dans lequel elle se sent étriquée. Le système scolaire lui laissant un goût amer, elle préfère directement travailler et finit par servir des verres au Scarlet Casino de la grande pomme. Elle y passe des journées et des nuits, jaugeant non seulement le racisme des clients mais désormais la misogynie omniprésente. Dès qu'elle ne travaille pas, elle continue de lire, d'écrire quelques billets sur un blog anonyme. Peu de gens connaisse cet amour secret, passion dévorante depuis toujours. Mais en conversation, elle brille d'intelligence, prompte à donner son avis, peu timide de rétorquer et d'affirmer. La langue est acérée. Depuis peu, encouragée par quelques personnes dans le secret, elle rejoint le club de lecture lui permettant enfin une autre perspective que d'abreuver des mâles en rut dépassés.