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catfish blues (saoirse)

@ Invité

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Sam 23 Avr - 18:32
Une multitude d'ondes émotives récalcitrantes tambourinent sans merci dans ma boîte crânienne déjà bien surchargée d'encombres de toutes sortes, conséquences de mon cœur qui pulse avec véhémence les dernières contrariétés et doutes de ma semaine. Je n'ai pas su développer un judicieux mécanisme exutoire pour me dégager des sentiments négatifs et toxiques auxquels mon être adhère dans la moindre des tempêtes, ils restent stockés ici et là dans ma conscience, la gangrénant sans scrupule aucun. Bea, toutefois, sait y faire, elle n'a même pas besoin de savoir se détacher du nocif qui la menace : elle y est imperméable. Les désapprobations, questionnements, indécisions coulent sur sa personne assumée, comme si ces potentielles attaques lui étaient incompatibles et ne pourraient ainsi en aucun cas la concerner.

Je m'accoude au bar, visage sur mes mains, traits tirés. L'ironie demeure que Bea est mon alter ego, ma version drag, celle que je cache soigneusement. Gabriel et Bea ne sont qu'un, mais sont aussi étrangement parallèles. Ils ont chacun leur environnement précis et ne se mêlent pas, par couardise, par manque de confiance, par peur. Un soupire file entre mes lèvres et je lève les yeux vers les bouteilles soigneusement rangées derrière le bar. Ce n'est probablement pas le bon plan de m'inhiber alors que je traîne une migraine et ne suis pas dans un état d'âme des plus sereins, mais The Outpost constitue un de mes refuges. J'ai pris du temps à oser passer les portes du bar-spectacle associatif, malgré le fait qu'il soit à mes yeux un des lieux les plus intégrants de New York. Encore une fois, j'appréhendais ce que j'y trouverais, ce à quoi je pourrais être confronté. Mais ce lieu m'a toujours remonté le moral, inspiré courage, donné des ailes et des clefs vers mon épanouissement, aussi lente ma route puisse-t-elle être. Ce soir, j'avais besoin du soutien de The Outpost, celui qui lui est propre et naturel seulement par ses clients et son ambiance. J'avais besoin d'oublier momentanément les remarques douteuses ou graveleuses de mes collègues sur mon célibat et mes façons de faire ou d'être, je nécessitais faire abstraction du regard interrogatif d'un de mes voisins d'appartement lorsqu'il avait réceptionné mon colis sur lequel était inscrit que s'y trouvaient des perruques - que j'avais fini par faire passer comme un cadeau pour ma sœur, m'enfonçant encore plus dans mon secret. Je cherchais des réponses ce soir, un encouragement de l'univers, une méthode pour aller un peu mieux, et vu ma sensibilité doublée de mon avidité, j'étais persuadé que j'en trouverais dans n'importe quel détail. Tout serait si simple si je n'avais pas à mener ce double jeu, ce double je.

@Saoirse O'Callaghan plzz

@ Invité

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Lun 2 Mai - 18:20
Saoirse reprenait peu à peu cette marque dans cette ville, la ville qui ne dort jamais, la ville qui va trop vite. Le contraste saisissant entre Cork et Stockholm la prenait régulièrement à la gorge quand elle essayait de dormir mais que les vitres trop fines de son appartement laissait entrer la cacophonie ambiante de la rue. Elle aurait peut-être dû se renseigner sur le quartier avant. Elle aurait peut-être dû demander à ce pauvre agent immobilier qui avait l'air plus désabusé que sérieux si le quartier pouvait être calme ou si justement, les nuits étaient souvent blanches à cause des fêtes tardives ou de l'ambiance qui régnait dans les nuits noires lors des soirées un peu trop arrosées des étudiant.e.s. Il y avait aussi les pensées qu'on veut oublier, le sourire de Jack, le regard de Jack, les mots de Jack. Ce baiser qu'elle lui avait offert alors qu'elle était venue pour s'expliquer. Tout qui revient à la gueule comme un boomerang que l'on ne maitrîse pas.

C'est derrière le bar qu'elle se trouve, un peu ailleurs, un peu fatiguée mais en rien non motivée. Reprendre le bar était sûrement la meilleure des décisions qu'elle avait pu prendre. Parce que ça lui faisait du bien de voir autre chose, de faire autre chose que de se battre avec des artistes en mal de reconnaissance. Elle était aussi certaine que Martha O'Callaghan ne débarquerait pas ici au milieu des hipsters et des bobos comme elle appelait si bien les gens qui n'étaient pas de son monde. Quand la porte s'ouvrit, elle reconnut le type qu'elle avait rabroué lors de son premier service et elle lui fit un signe. Lorsqu'il s'approcha du bar, elle lui servit ce qui semblait être sa boisson habituelle, d'après son ancien colocataire et la dressa devant lui « Cette boisson c'est pour m'excuser, parce que je ne savais pas que vous étiez un habitué. » prononça t-elle, de but en blanc « L'ancien propriétaire qui est aussi mon ancien colocataire, ne m'avait pas prévenu et je suis désolée d'avoir été impolie. »

@Gabriel Cervantes

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Ven 13 Mai - 16:02
A mon entrée au sein du bar-spectacle, la patronne interpelle mon attention par un signe de la main. J'hésite quelques instants, incertain de vouloir réellement confronter cette personne que je ne porte pas spécialement dans mon cœur. La réalité, toutefois, est que je transfère sur elle mon regret de voir son prédécesseur quitter l'établissement. Non seulement avait-il été le patron de The Outpost qui constituait tel un refuge pour moi, l'homme avait aussi vite su s'ériger au titre de mes amis. Il m'avait apporté un soutien, m'avait permis de nouvelles relations et finalement, il représentait un pilier dans ce monde artistique et non-conformiste aux yeux de certains que je cachais et au sein duquel je m'épanouissais secrètement. Avec son départ, ce mode de vie que je me refusais se voyait ébranlé, avec un amer goût de probable fantaisie alors que cette attitude reflétait enfin la personne que j'étais naturellement.

Alors oui, l'irlandaise faisait tâche dans le tableau, sans compter que nos premiers échanges avaient été à mes yeux glaciaux. J'avais compris que je n'étais pas dans ses clients favoris et que l'époque de l'ancien patron était bien révolue. J'avais boudé le bar quelques temps, avant de venir au constat qu'il était ridicule que je me prive de l'endroit que j'aimais même si la patronne n'était pas quelqu'un que j'aspirais à fréquenter. Puis vraiment, ce soir, j'avais envie de me retrouver parmi les personnalités se rendant régulièrement le bar.

Je m'installe sur un tabouret au comptoir, mes yeux considérant curieusement la blonde qui m'avait invité à la rejoindre. « Cette boisson c'est pour m'excuser, parce que je ne savais pas que vous étiez un habitué. » Je fronce les sourcils, observant le rafraîchissement comme si je craignais un subterfuge. Mes doigts se referment toutefois autour du spiced rhum et je l'élève de la surface boisée pour en prendre une gorgée, les glaçons s'entrechoquant délicatement. « L'ancien propriétaire qui est aussi mon ancien colocataire, ne m'avait pas prévenu et je suis désolée d'avoir été impolie. » Un semblant de sourire égaie temporairement mon minois. « C'est pas grave, puis je n'ai pas été le plus clair ni le plus avenant non plus. Merci pour le verre, » je fais finalement, éternellement conciliant. J'avais beau être rancunier, je détestais aussi les conflits et les situations tendues. Autant enterrer la hache de guerre, même si une partie de moi demeurait méfiante et un peu blessée dans son maigre égo. « Ca fait beaucoup d'anciens, » je commente sur les adjectifs de sa réplique. Ancien colocataire, ancien propriétaire. Était-il aussi ancien résident de New York ? « Ca te plaît, ce poste ? » Je questionne pour entamer une conversation et poursuivre sur ma lancée de tirer un trait sur l'initiale animosité entre nous, bafouant au passage le vouvoiement.

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Dim 22 Mai - 19:04

Elle n’était pas du genre à ne pas s’excuser Saoirse, elle aurait pu, aurait pu ne pas parler de ce type à Orion, son ancien colocataire, mais elle l’avait fait et elle s’était sentie vraiment nulle sur le moment. Alors elle avait guetté, omettant certaines fois les clients un peu lourd qui s’amusaient à lever la main et à claquer des doigts dans le seul et unique but de croire que Saoirse les servirait plus vite, elle avait envie de leur couper les doigts et de les leur faire manger quand ils agissaient de la sorte, mais elle se retenait bien de le faire pour ne pas faire fermer l’établissement, ce serait dommageable. Alors quand elle le vit, elle lui fit rapidement signe et elle s’étonnait presque qu’il vienne si facilement, elle qui pensait qu’elle aurait du faire des pieds et des mains pour qu’il accepte de lui décocher un mot, elle était plutôt heureuse. Et une partie d’elle était soulagée de voir qu’il ne lui en voulait pas, ou en tout cas, il jouait très bien le jeu. « Avec plaisir » répondit-elle simplement en regardant par dessus l’épaule de Gabriel que personne ne manquait de rien. Elle se servit un verre d’eau dont elle but une gorgée avant de le regarder pour l’écouter, un sourire amusé se dressant sur ses lèvres alors qu’il se moquait gentiment de ses répétitions « Oui, il faut que tu comprennes que c’est quelque chose d’ancien, alors je ne cesse de le répéter » expliqua t-elle en riant, avant de lever les yeux au ciel. Saoirse haussa les épaules et reprit une gorgée de boisson « Oui, ça me plaît c’est autre chose. » commença t-elle pour toute explication et elle se mordilla la lèvre supérieure pour réfléchir à ce qu’elle pourrait dire sans que ça ne semble être plaintif « Je suis peintre, originellement, mais à cause de certains problèmes perso, j’ai mis la peinture de côté, mais j’ai toujours l’adresse pour ouvrir une galerie. Mais l’Outputs est vraiment cool, j’en ai passé des soirées ici avec ma fe- mon ex. Et je ne voulais pas qu’il ferme, alors j’ai proposé de le racheter, je n’aurais pas voulu que cet endroit ne vive plus. Tu viens depuis longtemps, toi ? »

@ Invité

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Dim 29 Mai - 19:02
Je faisais partie de ceux qui appréciaient si peu les conflits qu'ils en venaient à les fuir. Les confrontations n'étaient assurément pas quelque chose que je recherchais et crever les éventuels abcès dans mes relations représentait une tâche à laquelle je ne désirais pas m'adonner. Plutôt, je me terrais dans mon silence et conservais rancune, ce qui n'était certes pas la plus sage des stratégies, mais celle dans laquelle je me complaisais. Néanmoins, lorsque Saoirse effectua le premier pas et me présentais des excuses sincères - bien que provoquant multiples interrogations dans mon esprit -, j'accueillais spontanément cette invitation à enterrer notre pseudo hache de guerre. Je n'oublierais pas, parce que je ne connaissais pas encore assez la nouvelle gérante pour tout effacer et je demeurais une personne très méfiante de base, mais je démontrais toute ma bonne volonté. Je la remerciais pour le verre et entamais une conversation, m'amusant gentiment sur le qualificatif d'"ancien" que la responsable utilisait plusieurs fois. « Oui, il faut que tu comprennes que c’est quelque chose d’ancien, alors je ne cesse de le répéter » Je ris doucement, hochant la tête à l'affirmative : « Message reçu 5 sur 5, » j'affirmais, me mordant la langue pour ne pas questionner davantage la vingtenaire à ce sujet. Était-elle contente qu'Orion ne soit plus dans le tableau ? Fallait-il impérativement tourner la page ? S'éterniser dans le passé n'était pas sain, je le reconnaissais, mais je ne pouvais m'empêcher de m'élaborer divers et fantasques scenarii sur la relation liant l'ancien et la nouvelle gérante des lieux. « Oui, ça me plaît c’est autre chose, » me confia-t-elle lorsque je l'interrogeais sur son poste. Je l'observais mordiller sa lèvre inférieure, songeuse, et pris une gorgée de ma boisson, comme pour lui laisser le champ libre de reprendre la parole si elle le décidait. « Je suis peintre, originellement, mais à cause de certains problèmes perso, j’ai mis la peinture de côté, mais j’ai toujours l’adresse pour ouvrir une galerie. Mais l’Outpost est vraiment cool, j’en ai passé des soirées ici avec ma fe- mon ex. Et je ne voulais pas qu’il ferme, alors j’ai proposé de le racheter, je n’aurais pas voulu que cet endroit ne vive plus. Tu viens depuis longtemps, toi ? » Tant d'informations dans une seule réplique, ma curiosité était aguichée comme jamais. « Je suis désolé pour tes problèmes persos, j'espère que ça ira vite mieux. Tu peignais quoi ? » Je demandais, intéressé, espérant ne pas toucher une corde sensible. « Je suis content que tu aies décidé de racheter l'Outpost, je n'aurais pas aimé le voir fermer aussi. Puis c'est un lieu qui fait beaucoup de bien à pas mal de monde, il est un peu comme un refuge pour certains, » dont moi, pensais-je. « Y'a une belle clientèle régulière, aussi, si on oublie certains lourdingues, » je faisais en baissant le ton sur mes derniers mots. Je haussais une épaule comme pour excuser mon franc-parler. « La première fois que j'ai adhéré au Outpost c'était il y a douze ans. Il y a eu une période pendant laquelle je ne venais plus puis j'ai repris mon poste de pilier de bar et chauffeur de siège depuis 5 ans environ, » je présentais avec un léger sourire, tentant un peu d'humour. Étonnement, les confidences de Saoirse m'incitaient à me révéler également à la jeune femme, tel un échange de bons procédés.

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