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Le coup de foudre, dans les films au ciné, vous voyez ? Ce moment où deux personnes se regardent dans les yeux et où un éclair les transperce l'une et l'autre. C'est exactement ce qui s'est passé entre Karen Montgomery et Nina De Faure. Une soirée, un vernissage. Nina était là avec son époux, et Karen était l'artiste qui exposait. Cette soirée a définitivement changé leur vie. Elles sont immédiatement tombées amoureuses l’une de l’autre. Cela a fait scandale. Nina est issue d’une grande famille noble française qui l’a reniée quand elle a émis le souhait de divorcer, et de vivre avec une femme. Comme le dit l’expression populaire, ce vernissage a été le premier jour du reste de leur vie. Après ce tumulte largement relayé par les tabloïds, les deux femmes se sont installées dans une maison perdue au milieu des champs, et vivaient de la vente des tableaux de Karen. Une vie de bohème. Des rires, et de l’amour.
C’est dans cet environnement qu’Archie a grandi. Au milieu de ses deux mamans. Très tôt, elles se sont aperçues que quelque chose était différent chez cet enfant. Il était très doux, ne parlait pas ou peu et était en permanence plongé dans son monde. A six ans, il était capable de réciter tous les noms des arbres en anglais, français et latin qui se trouvaient dans leur jardin. Nina avait été psychologue avant son mariage. Archibald n’était pas un enfant comme les autres. Précoce et surdoué certainement. Des psychiatres spécialisés auraient pu poser d’autres diagnostics, peut-être plus poussés mais les deux femmes n’ont pas souhaité poursuivre dans cette voie. Trop peur de la psychiatrie, trop peur de ce qu’on pourrait faire à leur petit roi. Alors il a poursuivi son enfance telle quelle. Ponctuée de changement d’école parce qu’un enfant plus intelligent que les autres est toujours harcelé et persécuté. Un enfant qui est capable de résoudre des équations là où les autres comprennent la division ça fait tâche. Alors il est resté chez lui finalement. Les deux femmes lui ont fait l’école. A tour de rôle. Le côté artiste et le côté plus pragmatique.
Finalement, cela a été la meilleure décision de leur vie. Archie a grandi sereinement et obtenu ses diplômes avec brio. Il est devenu analyste trader. Les chiffres ça lui parle. C’est logique, c’est un langage à part qu’il sait parfaitement parler. Et il s’en est très bien sorti. Grimpant les échelons malgré son jeune âge. Aujourd’hui, il occupe une bonne place. Son travail c’est une grande partie de sa vie. Les gens cd n’est pas son truc. Il ne se sent pas forcément à l’aise, il ne sait jamais quoi dire ou jamais quoi faire. Petite amie ? Inexistante au compteur pour une durée de plus de deux mois. Amis ? Quelques-uns. Une solide petite bande de gamins qui vivaient dans le même quartier que lui. Rien d’autre. C’est ce qui est paradoxal avec Archie. Il est incapable de tenir les faux semblants sociaux d’une conversation. En revanche, il aime les gens. Il est du genre à donner sa veste à quelqu’un qui en a besoin. Il passe beaucoup de temps dans les refuges à aider, héritage laissé par ses mères.
Ce soir-là, il se trouvait dans une boite de nuit, genre bar de luxe. Autant dire qu’il était tout sauf à l’aise, dansant d’un pied sur l’autre en se demandant à quelle heure il pourrait quitter la soirée d’entreprise sans que cela ne semble inconvenant. Jusqu’à ce qu’une tornade apparaisse devant lui. Il l’avait déjà vu. Mémoire photographique. Il s’était immédiatement rappelé qu’il l’avait vue souvent au café en bas de chez lui où il s’asseyait un moment le matin pour discuter avec Martha, mère célibataire de quatre enfants qui se tuait à la tâche pour les nourrir. Il adorait discuter avec cette femme, un vrai rayon de soleil. Et cette blonde, il l’avait déjà vue. Plusieurs fois. Mais là elle se trouvait devant lui. Proche. Trop proche même. La rencontre avait mal commencé, il avait fait un pas en arrière, elle était dans son espace vital. Mais la soirée avait pris une autre tournure. Ils avaient beaucoup plus de points communs qu’ils ne l’auraient cru. Une promenade au clair de lune à discuter de tout et de rien, surtout de rien d’ailleurs. Elle était drôle et gaie. Et avec elle il ne se sentait pas mal à l’aise. Pas emprunté. C’était une première. Archie lui avait même proposé de boire un verre chez lui, lui qui avait horreur qu’on empiète sur son espace. Et, attendri, il l’avait regardée s’endormir sur son canapé avant de la couvrir d’un plaid et d’aller se coucher à son tour.
Voilà comment leur drôle de relation avait commencé. Mais elle n’en avait été une que bien plus tard. Il lui avait fallu un moment pour comprendre qu’il lui plaisait. Pour être exact, il avait fallu qu’elle lui saute dessus à la sortie du cinéma pour le plaquer contre un mur et l’embrasser. Là, effectivement, son esprit logique avait déduit que peut être, elle l’aimait bien. Quelques semaines absolument idylliques s’en étaient suivies pour le surdoué. Ils s’entendaient bien et ça fonctionnait entre eux. Mais voilà, elle s’était envolée. Littéralement. Plus de nouvelles du jour au lendemain. Il ne s’était pas inquiété. Il n’était pas du genre à déprimer ou à s’énerver. Il savait qu’elle n’était pas faite pour ‘l’Angleterre avec ses codes et ses gens rigides. Alors à force de persuasion et, même s’il n’en est pas fier, il faut l’avouer, de manipulation, il a réussi à savoir. New York ? Très bien. Du boulot il y en aurait là-bas. Et ce serait une nouvelle vie. L’inconnu ne lui faisait pas peur.
Archie avait fait sa valise. Après avoir dit au revoir à ses mamans il s’était envolé à New York. Laissant tout derrière lui. Enfin avec un minimum de prévoyance, que son esprit logique lui imposait. Appartement ok et travail ok. Il était prêt pour aller retrouver Cassie.