Ton plus gros problème à l’heure actuelle ? roman, ma boss. dans cet ordre-là. excusez moi, si la plèbe peut s'contenter d'étaler qu'un seul problème à la fois. (quoi ? dramatique ? juste, ta gueule) déjà, ma boss est un génie, j'dis pas l'contraire, mais quelle plaie c'est. elle m'donne envie d'me shooter aux anti-dépresseurs. un vrai tyran. j'crois que je ne l'ai jamais vu sourire, cette créature de l'enfer. et encore moins dire quelque chose qui n'soit pas offensant. elle m'déteste, j'vous jure. et ce depuis l'premier jour. j'crois que je suis son puching-ball. quoi ? vous n'me croyez pas ? j'le jure sur la tortue d'mon père. j'crois qu'elle veut ma mort. j'continue de lui lécher l'cul, sinon. et d'placarder mon plus beau sourire. avec mon train d'vie, y a intérêt qu'la prime soit sympathique. et roman... roman. d'puis son cancer, j'me suis promis d'prendre soin d'lui. lui, l'grand pessimiste, et moi, l'type à l'optimisme forcené. on forme une bonne équipe, j'dirais. 'fin bref. c'est c'qu'on fait, tous les deux, on prend soin l'un de l'autre. c'est notre truc. et c'est un p'tain d'battant, roman, alors j'm'en fais pas. absolument pas.
(d'accord, j'm'en fais peut-être un peu)

Une addiction à déclarer ? (Le café et les réseaux sociaux comptent aussi bien entendu on est là pour être honnêtes). la cigarette, pour sûr. mais promis, j'arrêterai bientôt - quand j'aurai quitté mon boulot pour un truc mieux payé et moins stressant (en gros, dans mes rêves). et j'suis pas l'genre de connard à fumer à côté d'gamins, hein. sinon... instagram. j'passe b'coup trop d'temps dessus, c'clair. mais c'le terrain de jeu parfait pour un baratineur comme moi, faut dire. ta vie a toujours l'air plus désirable en pixels. une p'tite revanche sur tous mes exs et tous ceux qui pensaient qu'j'allais finir dans l'caniveau, avec c'genre de rêves. ouais, j'suis peut-être l'genre de type à n'poster que lorsque ma tenue est impec, et à m'bouger l'cul à la dernière soirée hypée pour pouvoir l'afficher sur les réseaux. ouais, j'suis l'type qui s'prend en photo en dior, avant d'retourner l'produit.

Comment s’est terminé ta dernière relation ? ma dernière relation ? t'veux dire, ma dernière relation d'couple. bien sûr. genre, une vraie. genre, exclusive. j'm'en souviens pas, vraiment, c'tait y a un bail. j'crois qu'c'était lors de ma troisième année à nyit, qu'ç'a commencé. il s’appelait elliott, il était beau, il était drôle. c'était chouette, tant qu'ça a duré. j'crois même qu'on s'est vraiment aimés, un temps. la compétition et la pression ont un peu pris l'dessus sur l'amour, vers la fin. en tout cas, la séparation a été cordiale. il avait un stage qui l'attendait à paris, j'restais à nyc. c'tout. aux dernières nouvelles, il est père de jumeaux et marié à la dernière poule aux œufs d'or d'broadway. au top d'sa carrière, en plus. on s'est recroisés, y a plus ou moins un an. cordiale, aussi, les retrouvailles. si vous voulez mon avis, y a rien d'plus fade qu'une relation qui finit d'manière cordiale. ça veut dire quoi ? qu't'en as jamais eu assez à foutre pour être en colère, révolté, triste ?

Le dernier texto que tu as envoyé ? mon dernier texto ? shit. c'tait avant qu'l'aut' cinglée m'appelle à trois heures du mat'. ouais, c'était un message envoyé à roman. pour changer. roman, c'est mon meilleur ami, en fait. bizarrement, on nous prend pour un couple marié, c'drôle, non ? mon dernier texto ? ah, oui. pardon. ça disait... mayday !! elle est chiante à crever!!! avec un emoji qui gerbe. alors, après une scène téléphonique, j'ai pu m'casser à la française. j'crois qu'elle n'me verra plus d'la même façon, la gamine. ça m'apprendra, hein, d'inviter caroline d'la compta à boire un verre. mais elle avait l'air particulièrement mignonne aujourd'hui, euh, hier, faut dire. les gens disent qu'c'est pas ouf, d'mélanger plaisir perso et boulot, mais, 'scusez moi, ils n'se sont jamais tapés une coucherie digne d'ce nom.

Ta relation avec tes parents on en parle cinq minutes ? mes parents. ahem. papa nous a élevé seul, nous trois. on n'était carrément pas faciles, comme gamins. il n'avait jamais cuisiné, avant. j'crois même qu'il n'savait même pas comment faire fonctionner la gazinière. paraît qu'il avait même brûlé la cuisine d'ses dortoirs, quand il était à la fac. mais il sait mentir, c'con, alors j'suis pas sûr. bref. il nous a quand même fait une tarte aux pommes tous les dimanches. comme d'habitude. même quand il avait 40 de fièvre. comme pour nous faire oublier l'trou qu'avait laissé maman. papa, c'est aussi l'type qui s'est saigné à blanc pour m'permettre d'entrer dans l'école de mes rêves. papa, c'est aussi l'type qui était toujours là pour souffler sur nos bobos, à six ou vingt-ans, même s'il trouvait ça con.  s'il lui a fallu un peu d'temps pour digérer mon coming-out, on a jamais été aussi proches qu'aujourd'hui, avec mon vieux. on continue d'manger d'la tarte au pomme dans notre appart' tout minuscule, tous les dimanches, avec la frangine et l'frangin, puis roman, quand j'arrive à ramener son cul. 'fin, quand c'est moi qui fait la tarte, on s'contente de contempler la pâte brisée calcifiée.  

En dehors du boulot, des études, tu fais quoi ? t'veux dire quand j'me fais pas martyriser par une créature tout droit venue des enfers ? j'bosse. 'fin, j'ai toujours un crayon à la main. tu trouves souvent de l'inspiration aux endroits les plus improbables. hors du bureau, j'dessine surtout pour moi, pas c'qu'on attends d'moi, et c'est... libérateur, t'vois. p'is, ça fait pas mal d'temps, qu'ça m'donne envie, d'créer ma propre entreprise. quand j'bosse pas... j'suis fourré avec roman. ou chez ma famille. ma frangine a l'gosse le plus adorable de la terre, j'suis fan d'lui, sans déc. j'dirais qu'j'suis plus un oiseau nocturne, sinon. t'a des chances d'me trouver à une soirée démente un mercredi soir, avec b'coup trop d'alcool dans l'sang. t'sais, les contacts, c'est un peu tout, dans l'domaine. j'fais pas mal d'footing aussi. t'sais, histoire d'contrebalancer ma passion pour la bouffe. 'fin, rien d'bien spécial, quoi.

Un fait peu glorieux à nous raconter ? j'ai p't'être, ou p't'être pas foutue ma boss dans une position déplaisante... y a peu d'choses aussi jouissives que d'voir sa boss perdre la face devant sa propre boss. est-ce que j'en suis fier ? sûrement pas. est-ce qu'elle le méritait ? oui, si vous v'lez mon avis. t'façon, ça m'est retombé dessus, c'tait assez stupide. p'is j'crois que j'ai - sans faire exprès - déballer l'secret de la frangine. ah, d'ailleurs, j'ai p't'être, ou p't'être pas déballer à la toute nouvelle copine de papa qu'elle n'était qu'un plan cul prolongé... j'regrette, hein. vraiment. c'tait pas classe, même pour un connard. mais d'là à mettre ma fierté d'côté... non. mais j'crois pas que vous aviez b'soin d'savoir ça ? on peut oublier c'que je viens d'dire ?