C'était une journée où je ne travaillais pas, et pourtant, j'étais fatigué. Pourquoi j'étais fatigué, probablement parce que la nuit dernière avec Axel avait été... longue. A la fois trop longue et trop courte, d'ailleurs. J'avais réussi à passer la journée en faisant en sorte que cela passe inaperçu, mais je savais que c'était cet après-midi là que ça allait être le plus dur. Depuis quelque temps, je me retrouvais avec un collègue de travail à moi pour jouer au tennis, et il faisait appel à des connaissances à lui. Des matchs amicaux en deux contre deux, un moyen pour moi de décompresser après le travail ou bien pendant mes jours de repos. Je ne connaissais pas bien les deux hommes de qui jouaient contre nous, mais tout ce que je savais, c'est que lorsque nous allions boire un verre dans le pub près du cours de tennis que nous louions, nous passions toujours un bon moment. C'était toujours sympathique de passer du temps avec des personnes qui ne sont pas que des collègues de travail et cela ne m'arrivait que rarement, alors quand c'était le cas, j'en profitais.
Comme je me doutais, le match de ce jour-là fut... éprouvant. J'avais raté la balle bien plus que d'ordinaire, je visais mal, bref. J'avais été particulièrement médiocre. Nous étions rentré tous les quatre dans le pub habituel, avions commandés les mêmes boissons que toujours, et au bout d'un moment deux d'entre nous décidèrent de partir, et, voyant que Ross ne comptait pas les suivre, je restais également assis à ma chaise, ne souhaitant en aucun cas rentrer chez moi auprès de ma femme. Bien que j'avais dû déjà bailler deux ou trois fois, je tentais de garder le menton relevé. Je devais faire bonne mine.  « Tu as particulièrement bien joué aujourd'hui, Ross. » Je lui dis alors que le serveur nous amenait nos seconds verres. « Je propose qu'on trinque à votre victoire. » Parce qu'en effet, Ross et son coéquipier avaient gagné ce jour là.

il faut bien avouer que ross n'était pas très emballé au départ. le tennis n'a jamais été sa grande passion, souvent trop ennuyant à regarder à la télévision. ross n'a jamais réellement prit le temps de s'intéresser à ce sport mais, quand son collègue lui a proposer de l'accompagner une fois par semaine pour des matchs en duo il n'a pas eu de bonne raisons pour refuser l'invitation. ross mène une vie assez chargée pour l'instant, que ce soit entre son travail, ses heures comme bénévole au planning, le bar dont il gère la moitié des taches -heureusement- ou encore son frère qui vit désormais avec lui, ross n'a plus vraiment de moment pour lui. même partir à la salle une petite heure ou deux semble devenir assez compliqué -heureusement que pour se donner bonne conscience ross à décidé d'acheter de quoi faire ses exercices chez lui- avec toute la nourriture mexicaine qu'il peut manger avec leja, faudrait pas qu'il se laisse aller juste avant les fêtes.

finalement il est même plutôt content d'avoir accepté. le tennis c'est assez sympa finalement et ça lui permet de passer du temps entre hommes, de retrouver un certain équilibre dans sa vie. depuis le départ de maude, son mode de vie se résumait à manger, jouer, dodo, axel, leja, manger, jouer, dodo. une routine dont il est bien content de sortir petit à petit. et pour une fois il est partit dormir assez tôt, n'a pas eu la mauvaise idée de jouer à fortine jusqu'à trois heures du matin et son partenaire semble assez satisfait de son jeu pour une fois. yes, enfin un match ou il ne se tape pas la honte pour x ou y raisons, un point dont benjamin le félicite alors, que les deux autres joueurs décident de rentrer plus tôt chez eux pour une fois. « merci ben ! comme quoi, boire autant de café ce matin à été bénéfique. » qu'il balance sur le ton de l'humour, trouvant toujours de quoi faire rire les autres. son verre qu'il lève en direction de son nouvel ami, sourire qui ne quitte plus ses lèvres. « je suis d'accord ! pour une fois, je vais en profiter de celle-là. » parce que benjamin à toujours été meilleur que lui dans les matchs, bien plus habitué à ce sport que lui. ross n'a jamais été mauvais perdant.. bon d'accord mais, pas sur ce niveau-là. « toi par contre tu sembles.. épuisé. » l'innocence dans son regard avant de lui faire un clin d'œil -un peu gênant- « ta femme était de bonne humeur hier soir ? » ce n'est pas la première fois qu'ils partagent un verre ensemble, il a donc le droit de faire une petite blague de temps à autre hein ? si seulement il savait que ce n'était pas sa femme la tortionnaire de ses nuits mais, son petit-frère.. ross ouvrirait un peu moins sa gueule.

D'habitude, j'étais un plutôt bon joueur de tennis. Bien des années auparavant, lorsque j'étais encore étudiant, je jouais assez régulièrement dans un club, donc j'avais tendance à ne pas me ridiculiser sur le terrain. Mais c'est un sport fatiguant, qui demande du repos et de l'énergie. Toute énergie avait quitté mon corps ce jour-là, et bien sûr, difficile de le cacher après le match que l'on venait de jouer. Rien d'affolant, vous allez me dire, pas besoin d'avoir honte de sa fatigue face à un ami. Oh, si seulement cela était aussi simple. Je n'étais pas encore conscient à cette époque de la situation dans laquelle j'étais. Et très franchement, je me portais mieux à ce moment-là, oui, je me portais bien mieux quand je ne savais pas.
« Fais attention, ne commences pas comme ça. Crois moi, le café peut-être addictif. » J'en savais quelque chose. Je ne pouvais pas passer une journée sans en boire presque une dizaine, il m'aidait à rester concentré sur mon travail, surtout en ce moment. Mais il allait falloir que je ralentisse un peu sur la dose, déjà que je ne dormais pas beaucoup, si en plus je développais une réelle addiction au café, je risquais de devenir insomniaque. Je n'avais vraiment pas besoin de ça en ce moment. Mais c'est lorsque Ross se permit une petite blague précédée d'un clin d'œil que j'aurais pu m'étouffer avec mon whisky. Je ne suis pas coincé, bien que certains vous diront le contraire, mais je ne suis pas non plus le genre d'homme à parler et rire de sa vie sexuelle. Il semblerait que Ross ai compris ce qui m'avait tenu éveillé la nuit passée, par contre, il ne se doutait pas que ce n'était pas ma femme qui m'avait épuisé. Je pris une gorgée de mon alcool, bien content d'avoir ce verre sous la main. « Oh, on peut dire ça. » Déjà qu'en temps normal je n'étais pas à l'aise lorsque quelqu'un abordait le sujet avec moi, là c'était le pompon. Cet homme savait que j'étais marié, je ne pouvais donc pas faire d'erreur en évoquant quelque chose qui pouvait me trahir. Bien qu'il ne connaissait pas ma femme, je ne voulais pas non plus qu'il se doute de mon infidélité. Il me fallait changer de sujet, et vite. « La tienne, non, du coup ? » Voilà. Question retournée, pas besoin de parler de moi, je préférais, à choisir, écouter quelqu'un parler de sa vie intime que de devoir discuter de la mienne. Même si en réalité, je préfère juste... rarement l'évoquer.

jusqu'à preuve du contraire, avec du café il ne risque pas d'épouser qui que ce soit. ou encore moins de se réveiller contre sa meilleure amie à moitié nue dans son canapé -sous les yeux de son frère en prime- autant dire que le café ressemble à une bénédiction actuellement pour ross. pas sur qu'il aurait pu faire quoi que ce soit contre benjamin avec beaucoup moins de caféine dans le sang. épuisé ou non. ross a beau avoir une bonne condition physique, le tennis n'a jamais été son domaine de prédilection. « vaut mieux ça qu'autre chose non ? » qu'il demande sérieusement, un peu conscient que la question peut paraître un peu étrange. « enfin, je veux dire. c'est pas mon cas mais, le café c'est mieux que.. que.. pleins d'autres trucs. » bien que le mot tequila résonne encore dans sa tête. ross n'est pas un alcoolique. il n'a aucun soucis avec la boisson et pourrait s'en passer pendant des mois -il le pourrait mais, faut pas lui demander de rompre officiellement avec la bière- ça reste que sous l'influence de l'alcool et surtout depuis le départ de maude.. il enchaîne des évènements complètement imprévisible dans sa vie. et pour ne pas penser à lui. sa rupture, son faux mariage avec sa meilleure amie -un détail qu'il n'a pas manqué de cacher à benjamin, préférant parler de véritable mariage- il préfère largement se focaliser sur la vie des autres. après tout c'est son métier, entendre toujours parler des problèmes des autres. devoir trouver des solutions ou donner les bonne méthodes pour faire fonctionner une relation. la bonne blague alors, que ross n'a jamais été doué dans ses propres relations. maude est partie sortant la bonne excuse du manque d'attention -et peut-être que c'était réellement le cas- et concernant leja.. chaque fois qu'il y pense, ross balaye d'un revers de la main toutes les pensées qui pourraient dépasser le stade de l'amitié. par peur. la simple peur de perdre la seule personne capable de l'aimer pour celui qu'il est. -la seule femme, parce que son petit-frère tient surement la première place du classement- et cette fois, benjamin est son excuse facile pour ne pas devoir assumer tout ça. une nuit plutôt agitée, que son ami du jour lui confirme un peu gêné. un coup de coude qu'il vient accorder à l'homme à ses côtés avant de reprendre une gorgée de son verre. manquant à moitié de s'étouffer avec la remarque suivante. non, ce n'est pas le cas de ross. depuis longtemps en vérité. un rire nerveux qui s'échappe de ses lèvres. de un, parce que leja n'est pas vraiment sa femme, enfin techniquement si mais, officiellement non. de deux.. imaginer faire ça avec leja.. bref. « ou peut-être que j'ai plus l'habitude des nuits blanches que toi. » autant ne pas préciser que la plupart du temps c'est pour faire des top un sur fornite et jouer jusqu'à pas d'heures. « ça fait longtemps que vous êtes mariés ? » surement plusieurs années.

Ross semble s'emmêler un peu les pinceaux, je vois bien qu'il a une pensée derrière la tête quand il me dit qu'il vaux mieux le café que "pleins d'autres trucs", mais me doutant qu'il n'y avait rien de vraiment grave derrière cette pensée, je ne rebondis pas vraiment et me contente d'hocher la tête. Je le connais depuis, certes, peu de temps, mais je suis certain qu'il n'est pas du genre alcoolique ou drogué, ce genre de traits, je pense qu'on peut les voir dans le visage ou le comportement d'une personne. Enfin, c'est ce que je crois, que je suis assez perspicace pour me rendre compte de ce genre de choses, et là, je sais que ce n'est pas le cas. Peut-être pense t-il a une erreur de jeunesse, à une anecdote passée, mais je ne suis pas assez curieux pour creuser plus loin. J'avoue que je suis loin d'être à l'aise avec la discussion qu'on a, il me parle de nuits blanches, et je sais très bien de quoi il parle -ou je crois savoir-, et je ris, encore gêné. Ah oui, des nuits blanches, j'en fais de plus en plus, ou bien, des nuits très courtes ces derniers temps. Ce n'est pas ma femme qui m'accompagne dans mes aventures nocturnes, mais bel et bien le couturier au regard perçant. Un regard que je m'efforce de chasser de mon esprit, il me faut arrêter d'y penser, arrêter d'en rêver. Mais chacun des moments passés avec lui m'enfoncent un peu plus dans l'imaginaire, dans un monde qui semble si peu réel, et tellement éloigné du notre. Je ne veux pas y penser, je n'ai pas le droit d'y penser. Surtout pas à ce moment-là, en compagnie de mon camarade de tennis, qui s'intéresse à moi et me pose des questions sur mon mariage. « On dirait bien, oui. » je lui réponds en souriant, jouant avec le verre entre mes mains, trahi par cette action qui n'est là que pour m'occuper l'esprit et cacher ma nervosité. « Presque vingt ans, on s'est mariés jeunes, » peut-être trop jeunes ? arrêtes Benjamin, pitié arrêtes, « On a une fille aussi, Flora, elle est au lycée. » Que je dis à voix haute, comme pour me forcer à penser à elle, qui est le ciment de notre famille, tant que Flora est là, rien ne pourra partir en lambeaux. N'est-ce pas ?
« Et toi ? Marié depuis quand ? » Pourvu qu'il épilogue sur sa vie pour que je n'ai pas à raconter la mienne. Je mens déjà beaucoup trop en ce moment, je ne peux pas rajouter une nouvelle personne à ma liste de personnes envers qui je ne suis pas honnête. Je ne suis pas comme ça, ça ne me ressemble pas, je ne me reconnais plus. Où est passé l'honnête homme droit que j'étais auparavant ? Rien ni personne n'avait réussi à me changer auparavant. Il a fallut que je rencontre Axel, il a chamboulé toute ma vie. Mais je ne regrette rien.