Deux mois. Tout pile. J'avais passé la journée à y penser. J'avais fais des bêtises au boulot, rien de grave, mais j'avais enchaîné boulettes, Amber avait dû me prendre pour une attardée ce jour-là, mais très franchement je m'en foutais, j'avais qu'une envie, c'était de rentrer chez moi. Deux mois sans entendre sa voix. Assise sur un siège dans la rame de métro, je fermais les yeux. Essayer de s'assoupir, de penser à autre chose. Se vider l'esprit.
Mais impossible. A chaque fois que je fermais les yeux, je n'arrivais pas à voir autre chose. Les ruines de la maison familiale, complètement anéantie par les flammes. A chaque clignement de ma paupière, j'entends mon téléphone vibrer, je me revois raccrocher au nez d'Oliver. Il voulait juste te prévenir, et toi tu as préféré t'amuser avec tes amis. Une voix dans ma tête, qui parle de plus en plus fort. T'aurais dû décrocher ce téléphone. La voix se met à crier, se mélange avec la voix du conducteur du métro. Je me levai, soudainement. T'es dégueulasse Blaise. Tu mérites pas ta nouvelle vie. Sans même faire attention au nom de la station dans laquelle je me trouvais, je sortais du wagon, haletante. Chaque pas était plus lourd que les autres, et pourtant, je me forçais, je courrais, alors que ma cheville gauche était encore sensible depuis ma dernière randonnée où j'avais rencontré Sörvik. Je courrais dans la station, pour enfin arriver dehors, je ne savais pas où exactement. Je pensais que l'air libre allait m'aider à reprendre ma respiration, mais impossible, mes poumons étaient comme bloqués. Une bouffée de chaleur, pourtant il faisait froid putain, début décembre à New York, le temps n'est pas le plus agréable. Et pourtant, je ne saurais pas expliquer pourquoi, je retirai mon manteau. Les regards commençaient à se tourner vers moi, la blonde qui respire fort, regarde autour d'elle, perdue, tient son manteau à la main alors qu'il fait du brouillard autour d'elle. Mes yeux se brouillent, je marche, j'me retrouve dans une ruelle plus sombre. Je comprends que des larmes coulent le long de mes joues quand un vent frais frappe mon visage, et ma respiration s'empire, encore, et encore. C'est toi, Blaise. C'est toi qu'aurait dû crever. Mes pleurs sont de plus en plus forts, deviennent presque des gémissements. Le monde autour de moi avait disparut. Je jette mon manteau à terre sur le trottoir et donne un coup de poing dans le mur de brique. Et de un. Et de deux. Je cris. « TA GUEULE, TA GUEULE, TA GUEULE !! » Je continue de donner des coups dans le mur, mes petites mains toutes fragiles ont tellement froid qu'elles ne ressentent pas la douleur. Je m'adresse à la voix dans ma tête, qui ne cesse depuis deux mois de répéter que je ne méritais pas la vie, et que si ma sœur était morte, je devrais l'être aussi.

cette fois, tessa à envie de croire que tout est possible. envie de croire que cette fois c'est la bonne, que cette audition c'est la sienne, son moment de gloire, l'unique des dernières chances. elle veut croire que la magie de noël est de son côté, qu'elle est forcément obligée de terminer l'année en beauté ou en tout cas sur une note positive histoire de changer un peu. même si cette article continue de rester gravé dans sa mémoire.. tessa a besoin d'avancer, d'aller vers l'avant et surtout d'arrêter de broyer du noir. ce n'est pas bon pour elle ni même pour ses proches. tessa n'a aucune envie d'inquiéter ses parents -même s'ils n'hésiteront jamais à lui rappeler qu'elle peut toujours se lancer dans le droit, même à son âge- chris ou même encore aidan, bien que son colocataire ne doit certainement pas avoir remarqué le moindre changement chez la blonde. il faudrait déjà pour ça qu'il la remarque un minimum. elle sort donc un léger sourire aux lèvres, contente du résultat et déjà impatiente de connaître la décision des producteurs et réalisateurs. ce n'est pas pour tourner dans un film -contrairement à ses attentes- mais, pour une nouvelle série avec un rôle plus important, qui pourrait la mettre bien plus en valeurs que la précédente qui reste malgré tout l'un de ses plus beaux souvenirs. le temps froid lui donne envie d'un chocolat chaud, d'une bonne raclette aussi.. peut-être qu'elle pourrait proposer à aidan ? ou inviter chris à regarder un film ? est-ce que ce serait bizarre ? étrange d'inviter son ex petit-ami mais, toujours ami à manger un bout chez elle ? perdue dans ses pensées, tessa ne remarque pas directement la foule qui se créer petit à petit. elle n'écoute pas les conversations qui se font de plus en plus nombreuses et surtout, elle n'entend pas directement les appels au secours d'une jeune femme bien plus perdue qu'elle. son regard croise rapidement la scène. insoutenable. tessa sent son coeur se briser, les larmes montées bien trop émotive pour rester de marbre face à ce genre de situation. pourquoi personnes ne réagit ? tessa bouscule, s'excuse et s'avance rapidement en direction de l'inconnue. c'est le genre de petite ruelle qui devrait être calme et pourtant.. quand il s'agit d'admirer les problèmes des autres, il y'a toujours grand monde. « pas la peine d'appeler qui que ce soit, je m'en occupe. » qu'elle répond au seul homme qui semblait prendre la peine d'appeler la police ou encore une ambulance.  « c'est ma cousine, ma cousine du côté de ma mère. ma petite cousine. » pourquoi est-ce qu'elle détaille ? tessa ne sait pas mais, rapidement elle attrape les mains de l'inconnue, l'attirant doucement à elle.  « est-ce qu'il y'a moyen de nous laissez de l'intimité, c'est pas trop demandé ? » et comme par magie, le peu de public disparaît, laissant à tessa quelques secondes de tranquillité pour regarder les mains de la jeune femme.  « moi c'est tessa. » son faible sourire qui ne quitte pas ses lèvres, la joue de la jeune femme qu'elle vient doucement essuyer du bout des doigts. tessa à toujours été amicale avec les autres, des proches ou même des gens qu'elle n'a jamais vu de sa vie. mais, il est hors de question pour elle de l'abandonner à son triste sort, hors de question de partir maintenant.  « venez on va se prendre un chocolat chaud, ça vous fera du bien. » parce que le chocolat chaud à toujours été reconnu comme idéal pour soigner des cœurs brisés -moins qu'une glace mais, vu le temps autant opter pour la première option-

Mes mains me font mal, je sens mon coeur pulser dans mes poings serrés, et je frappe le mur, comme si je me battais avec mes propres démons, comme si je leur hurlais de partir, de me laisser tranquille. De m'abandonner, de me laisser vivre ma vie, me remettre à rire, à sourire. Je veux être heureuse encore, mais c'est impossible, c'est comme si tout ce que je fais me ramène à elle. Elle qui a souffert le martyr alors qu'elle méritait tout le bonheur du monde, elle qui est morte bien trop jeune. Elle était douce ma soeur, elle était drôle, elle était intelligente. Elle avait tant de qualités, tant de défauts que j'aimais plus que tout, dû à la relation fusionnelle que l'on avait elle et moi. On ne se chamaillait jamais, on avait passé notre enfance à deux, on était toujours collées, on avait des intérêts communs, les gens souvent nous prenaient pour des jumelles. Elle faisait partie de moi.
Une partie de moi qui s'était éteinte, et que je n'entendrai plus jamais rire.
La foule autour de moi, je ne la vois pas. Les voix murmurants, je ne les entends pas. Une main s'empare des miennes, et le retour à la réalité ne m'aide pas à calmer mes respirations, qui s'accélèrent encore plus alors que mes pupilles se concentrent sur la femme en face de moi. Mes yeux rouges se plantent dans les siens, je ne comprends qu'à peine ce qu'elle me dit, les sons encore flous. Elle veut m'aider, je le sais, je le sens dans sa manière de me regarder. Les larmes sur mes joues ne se stoppent pas, mais je n'ai qu'à voir son doux sourire après avoir simplement entendu ce joli nom pour me jeter dans ses bras. «  Blaise, » je réponds faiblement, la voix brisée. Je ne la connais pas, mais je pleure, la tête contre son épaule. J'entends désormais ce qu'elle me dit, et ma respiration se calme un peu, j'inspire profondément, j'expire longuement. «  Un chocolat.. oui... je veux bien... » Peu importe qui est cette inconnue, elle vient de me sortir de ma démence, et même si je pleure encore, si je titube encore un peu, je la suivrai, peu importe où elle m'emmène, parce que j'ai décidé que cette femme était mon ange gardien. Je sais qu'à tout moment, tout peu recommencer, je peux repartir dans une crise, je le sens. Mais c'est pas bien grave, si je ne suis pas seule. La simple présence de quelqu'un qui s'intéresse, qui s'inquiète ne me donne plus autant l'envie de crever. La vision des flammes s'attenue un peu, je revois mieux autour de moi. Mes pleurs ne cessent pas pour autant, j'ai l'impression que je les ai gardé bien trop longtemps en moi, tout doit sortir, et ça a explosé, d'un coup. Il m'aura fallut deux mois pour péter un câble, deux longs mois à sourire et à cacher ce que je ressentais.

« blaise. » prénom qu'elle répète une seconde fois. son regard toujours ancré dans le sien. ses mains froides et blessées toujours précieusement à l'intérieur des siennes. « blaise, c'est un magnifique prénom. » qu'elle s'autorise à lui murmurer avec toute la tendresse du monde. cette inconnue qu'elle garde près d'elle, qu'elle voudrait protéger du monde extérieur. des regards beaucoup trop curieux qu'elle tente de faire disparaître d'un geste de la main, cette foule qui doit disparaître. cette tristesse qu'elle ressent désormais jusqu'au plus profond de son être tessa. cette blessure profonde pas seulement physique mais, ancrée dans le coeur de blaise qu'elle voudrait être capable de soigner d'un simple claquement de doigts. impossible. tessa le sait. mais, ça ne coute rien de pouvoir essayer. ça ne coute rien de juste tenter de lui rendre son sourire, ce sourire qu'elle image déjà exceptionnel. ce sourire qu'elle voudrait rencontrer. les mains de la jeune femme qu'elle vient doucement essuyer à l'aide de l'intérieur de son propre pull pour cacher toute trace du sang, des attaques répétées contre le mur. « d'accord. viens avec moi. » elle passe son bras autour de ses hanches. pour la retenir en cas de rechute, en cas de malaise, n'importe quoi qui pourrait lui faire encore plus de mal. « tu es du quartier ? » qu'elle demande un peu curieuse tessa. new-york n'est pas une petite ville, donc il n'est pas étonnant que ce doux visage soit encore un mystère à ses yeux. sa main qu'elle vient doucement agiter au dessus des vêtements de la jeune femme pour la maintenir au chaud. certaine que la pression doit petit à petit redescendre maintenant qu'elles marchent depuis quelques minutes. « je connais un petit café indépendant pas loin, ils font les meilleurs chocolats chaud de la ville. ils sont aussi doués pour les pâtisseries, tu va voir c'est une véritable merveille. » en tout cas tessa espère sincèrement qu'un bon chocolat chaud, de quoi manger auront de quoi remonter un peu son moral. lui faire du bien. peut-être discuter. bien contente de voir qu'une seule table est occupée à l'intérieur, qu'elles peuvent facilement dans l'une des tables à l'arrière pour garder une certaine tranquillité -pas certaine que blaise ai réellement envie de voir du monde pour le moment-. la jeune femme qu'elle invite à s'asseoir avant de revenir avec une petite trousse de soin que le gérant lui a gentiment donné. « ça risque de piquer un peu. » le petit coton qu'elle vient tamponner sur les marques bien rouges de ses mains. le froid, les blessures.. pas de quoi aider cette peau si fragile. « est-ce que vous.. » question en suspens alors, que le serveur arrive avec deux chocolats chaud et quelques gourmandises, de quoi pouvoir satisfaire tout le monde et tous les gouts. « est-ce que tu veux en parler ? » tessa n'est surement pas la meilleure oreilles pour ses soucis mais, elles sont d'une bonne écoute. et surtout elle n'a pas l'intention de l'abandonner. ni maintenant, ni jamais.

Tessa est une fée. Je suis Cendrillon et c'est ma marraine la bonne fée, qui vient me sauver en pleine crise. Bien entendu, ma crise de panique/colère/larmes -peu importe comment on décide de la nommer- n'a rien à voir avec celle de Cendrillon dans son film. J'aurais aimé être aussi douce que la princesse, mais moi, j'ai frappé contre des briques et hurlé dans la rue. Mais Tessa, elle est aussi gentille que la bonne fée. Elle tient mes mains dans les siennes et sa voix me réchauffe le cœur. Elle m'apaise. Elle me tient pour éviter que je tombe, et je titube un peu sur la route, mes pas sont un peu plus droit petit à petit. Mon cerveau pèse dans ma tête, je sens la migraine arriver, mais je tente de garder la tête haute alors que mon ange gardien me parle, je me concentre sur ses paroles. «  J'habite dans le queens depuis pas longtemps... » je lui réponds, ma voix encore éraillée et brut, je m'éclaircis la gorge. Chaque pas est un peu plus stable que l'autre, mais je continue de me reposer sur Tessa, je ne veux pas être seule, je ne veux pas qu'elle s'en aille. Je tente de chasser les mauvaises pensées qui chuchotent toujours au fond de ma tête, mais elles disparaissent, se dissipent, chacune
à la fois.
Toujours confuse, je ne pense même pas à lui retourner la question, même si j'espère qu'elle ne m'en tient pas rigueur. «  je te fais confiance, » je tente un sourire entre mes larmes, alors qu'elle me parlait du café dans lequel elle voulait m'amener. Pourquoi je faisais autant confiance à une inconnue, qui pouvait être n'importe qui ? Simplement parce que je savais qu'elle était envoyée par Dieu, qui voulait m'aider, et peut-être m'éviter d'avoir des ennuis. Dieu... Pourquoi suis-je encore en vie si Iris ne l'est plus ? Non, je ne voulais plus penser comme ça. Concentre toi, Blaise. Tu n'es plus seule et Tessa est là. Enfin assise sur une chaise, je la vois revenir avec une petite trousse, et elle tente de soigner mes blessures. Je porte pour la première fois mon regard sur mes mains, blessées, je savais qu'elles allaient avoir besoin d'être bandées. Elles saignaient encore un peu. Mais quel démon s'était emparé de moi dans cette ruelle de New York ? Je ne suis pas colérique, je ne suis pas du genre à frapper quoi que ce soit. Pas en temps normal... Je serre les dents et fermes les yeux quand le coton vient toucher mes blessures, elle avait vu juste: ça piquait, mais pas qu'un peu. Je relève mes yeux sur ma bonne fée, que j'observe, intriguée. Elle est la preuve que Dieu existe. S'il n'était pas réel, comment pouvait-il y avoir de si belles personnes dans un monde aussi cruel que le notre ? Les chocolats posés en face de nous, et le serveur repart ensuite. Je fais de mon mieux pour ne pas me jeter sur un des gâteaux, mais je ne tarde pas non plus à en piocher un de ma main libre. Un doux réconfort sucré pour réparer mon âme brisé. «  En parler ? » Je balaye de mes yeux encore rouges la salle, mais personne ne se trouve assez proche de nous pour nous entendre. «  Tu as déjà perdu un proche ? Du jour au lendemain ? » question indiscrète, mais en même temps, elle n'est pas obligée de répondre. Tout ce que je veux, c'est me laisser porter par le moment présent en compagnie de ma sauveuse.

perdre quelqu'un ? tessa comprend parfaitement le sens de la question, le rapprochement entre celle-ci et le comportement de blaise au sein de la ruelle. est-ce qu'elle a déjà perdu quelqu'un ? oui, des gens de sa famille, des connaissances.. des collègues parfois qu'elle connaissait à peine tessa, avec qui elle n'avait jamais eu le temps de réellement discuter. elle se sent chanceuse tessa.. d'avoir toujours sa soeur jumelle auprès d'elle, même si leur relation est assez compliqué et qu'elles n'ont jamais vraiment eu une véritable complicité de jumelle. elle est chanceuse d'avoir toujours ses parents, la chance de pouvoir les appeler au téléphone pour prendre des nouvelles, juste pour leur dire un simple "je t'aime", même si ses parents n'ont pas toujours été les plus présent dans ses projets, pas toujours de son côté. « j'ai perdu ma grand-mère quand j'étais jeune. » sans doute le décès le plus marquant dans sa vie. c'était il y'a longtemps mais, c'est gravée dans sa mémoire encore aujourd'hui. les mains de blaise qu'elle garde toujours précieusement entre les siennes, tapotant avec douceur ses blessures, venant bander petit à petit ses poings pour ne pas risquer la moindre infection. « elle est décédée d'un cancer qu'elle combattait depuis plusieurs mois et je pensais que ce n'était qu'une mauvaise phase, que les choses allaient s'arranger. » parce qu'elle était beaucoup trop jeune pour comprendre le véritable impact d'un cancer sur la santé de quelqu'un. pour comprendre la véritable douleur de sa grand-mère. « alors, quand elle est partie je n'ai pas tout de suite comprise. j'étais perdue. » comme blaise semble l'être aujourd'hui. sa main qu'elle vient remonter sur son bras, pression contre sa peau, un léger sourire sur les lèvres. « mais, avec le temps je me suis rendu compte qu'elle n'était pas vraiment partie, qu'elle était à mes côtés, qu'elle prenait soin de moi en gardant une petite place dans mon coeur. » tout comme la personne qui lui manque restera toujours dans un coin de son coeur. elle attrape à son tour une pâtisserie qu'elle vient croquer avec délicatesse sans prendre du regard la brune en face d'elle. une main toujours sur son bras, ce contact physique toujours présent pour la rassurer, lui signaler qu'elle n'est pas seule et qu'elle ne sera jamais seule. « tu as perdue quelqu'un que tu aimais énormément n'est-ce pas ? » question qui semble stupide à poser vu le regard de blaise. « je sais ce que tu dis. tu penses que c'est de ta faute, que tu es responsable de tout ça mais, je suis certaine que c'est faux blaise. » sans même connaître son histoire, sans même connaître son passée. tessa n'a jamais vu le mal en qui que ce soit, toujours à reconnaître les plus belle qualités des autres et blaise doit en avoir des tonnes.. tessa n'aura aucun mal à lui en trouver, en commençant par ce doux sourire qu'elle voudrait pouvoir admirer plus souvent, sans toutes ses larmes de tristesses sur ses joues. « et je sais que c'est soudain parce que tu ne me connais pas mais.. si tu as envie de parler de quoi que ce soit. » sans continuer sa phrase, elle sort un petit bout de papier de son sac à main avant de noter son numéro de téléphone. « même en pleine nuit d'accord ? » quand elle le voudra, quand elle en aura besoin. tessa sera là.  

J'écoute l'angélique blonde me parler, sa douce voix et ses mots me réchauffent le cœur. Mon corps a dû se vider de toute son eau puisque je me rends compte que je ne pleure plus, j'ai juste ce poids, ce lourd et douloureux poids qui pèse contre mon cerveau. Mais ce n'est pas grave. Ce n'est rien, puisque Tessa est là et elle s'occupe de moi. Elle me parle, elle me rassure, elle me soigne. Non seulement les blessures à mes mains dans lesquelles je sens encore mon cœur battre, mais aussi mes maux plus interne, qu'elle ne fait pas disparaître, que rien ne peut faire disparaître, mais qu'elle adoucie, avec tendresse. J'observe son regard, alors qu'elle me parle du décès de sa grand mère, qui avait dû être difficile aussi à l'époque. Je ne sais pas ce que c'est que d'attendre que la maladie prenne le dessus, comme dans ce genre de long combat où à la fin -dure fin, certes- on se sent soulagé. Non, ce qu'on a vécu c'est encore différent. On ne s'y attendait pas à la maison de perdre Iris, tout est arrivé d'un coup, tout est arrivé si vite. Aucune des deux situation n'est plus difficile que l'autre, elles sont toutes les deux horribles et je ne les souhaite à personne. Elles sont juste différentes. Lorsqu'elle me demande si j'ai perdu quelqu'un que j'aimais beaucoup, je baisse les yeux, et même ce simple geste est douloureux. Quand je pense à ma petite soeur, tout ce que je fais me fait mal, tout ce que je fais, je le fais au ralenti. Tessa lit en moi comme dans un livre ouvert, mais comment fait-elle cela ? Comme quoi, Tessa est réellement une fée. Oui je m'en veux, ô ciel si tu savais comme je m'en veux. Le papier avec son numéro de téléphone, je le prends avec plaisir, et un triste sourire se redessine sur mes lèvres, je ne suis plus seule. « C'est ma soeur.  » Je plie le bout de papier, que je place avec précaution entre ma coque et mon téléphone. Un numéro que je vais garder bien précieusement. « Il y a eu un accident, et j'étais même pas là... » je me pince les lèvres, mais ma voix ne se brise pas, je reste forte grâce au contact de sa main posée sur mon bras. « Tout le monde était à la maison, et moi j'étais sortie... la maison a brûlé et... » je raconte l'histoire à voix haute pour la première fois, j'ai toujours évité d'en parler avant, mais ma bonne fée est là et à elle, je peux lui dire. « si j'avais été là, j'aurais peut-être éteint le gaz. » Une larme, une seule larme vient passer la barrière et glisser sur ma joue droite, mais je m'empresse de la faire partir. « Elle est restée coincée. Elle n'est pas... » j'expire un coup, il faut que tu le dises, Blaise. Tu as besoin de le dire. Mais c'est si dur à prononcer, si dur à accepter. « elle n'est pas morte » voilà, tu as réussi. « sur le coup. C'est arrivé des jours plus tard. » Mes yeux se reposent enfin sur la blonde, et mon regard lourd se plonge dans le sien. « Elle a juste eu le temps de souffrir avant de partir. » Et me voilà, drainée de toute énergie après les aveux que j'ai fais.