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What did you say ? (Sheru)

@ Invité

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Dim 27 Déc - 17:17

What Did You Say ?

Manhattan. L'endroit rêvé de tous les touristes et toutes les séries télévisées. Selon ce qu'ils veulent montrer, c'est à croire qu'il n'y a que deux endroits dans New-York : les quartiers chics de l'Uptown, et les rues dégueulasses du Bronx. J'ai appris, à force de traverser la ville en long, en large et en travers pour diverses raisons, qu'en réalité, c'est bien plus que ça. Bon, la vérité c'est que j'ai jamais vraiment trop regardé les séries télé en général, et celles américaines en particulier... Même depuis que je suis ici : je n'ai pas le temps. Entre les études, le piano, le boulot, et tout le reste, j'ai vraiment pas que ça à faire. Mes rares moments de pause, c'est justement lorsque je parcours la ville d'un bout à l'autre, souvent entre mon appartement et la Juilliard School. J'aime marcher le soir, rares moments de calme dans certains parcs, le casque sur les oreilles, voir simplement profiter du silence relatif que des sirènes viennent transpercer à un rythme tellement effréné qu'on s'y habitue. C'est devenu presque un fond sonore. Moi qui vient d'un fin fond de campagne où même les tracteurs se font rares, le choc fut difficile. Comme quoi, on s'habitue à tout.

Pourtant, quelque chose n'a pas changé. Cela est intrinsèquement lié au piano : le fossé qui existe entre là d'où je viens et les personnes que je fréquente. Je suis habitué, depuis le temps. Même chez moi en Inde, j'ai deux groupes d'amis tout à fait distincts. Ceux qui viennent de mon village, qui galèrent dans la vie et que je côtoie depuis ma naissance, et les autres. Les autres, qui sont également des amis d'enfance, mais qui habitent de grandes maisons avec des parents fortunés, et parfois même les parents de mes autres amis comme domestiques. J'ai grandi comme ça, le cul entre deux chaises. Les uns comme les autres me trouvent souvent trop bizarre ou trop rêveur, mais ça m'est égal. Ils sont mes amis, et finalement m'ont tous accepté comme je suis. Le type qui croit trop pouvoir s'en sortir pour les uns, le pauvre petit gars qui lutte pour les autres. Saanu ki. Chacun est comme il est !

Et ce soir, j'étais qui je suis au plus profondément de moi. Un pianiste qui a la chance de pouvoir faire ce qu'il aime. Jouer. Simplement jouer. Une fois que j'ai réglé et posé mon métronome électronique sur le côté de l'instrument, une fois que j'ai posé les doigts sur les touches, une fois que j'ai fermé les yeux en inspirant profondément... je me mets à jouer, et plus rien existe autour de moi. Le monde pourrait s'écrouler, un incendie pourrait se déclarer, je ne m'en rendrais même pas compte. Bon, peut-être que j'exagère un peu... mais je suis dans une bulle, dans mon monde, et rien d'autre que la musique et sa mesure n'ont de l'importance.

Lorsque je m'exerce, ou que j'ai juste envie de me détendre, et que je n'ai rien d'important de prévu, il peut m'arriver de jouer toute la journée, d'en oublier de manger ou même de dormir, sans m'en rendre compte. C'est souvent on estomac qui me réveille, quand c'est pas simplement que je me rends compte, à plus de minuit, qu'on n'y voit rien dans l'appartement, parce que je joue depuis midi et que le soleil s'est couché depuis longtemps. Mais là, ce n'est pas le cas. J'ai un programme, les morceaux ont été planifiés à l'avance, avec un ordre, des temps de pause, et tout le reste. Pas un concert à proprement parler, juste un fond sonore pour l'élite du Gotha en train de prendre un dîner mondain. L'avantage lorsque je joue pour ce club, dans ce genre de conditions, c'est que non seulement je suis pas mal payé du tout, mais en plus, j'ai le repas compris.

Il y a quelques temps, cela m'aurait fait peur. En tant qu'Indien, je suis pas mal au courant des différents régimes alimentaires de chacun. En hindouisme, on en différencie trois principaux : les non-végétariens, les végétariens, et les purs végétariens. Bon, il y a des sous-groupes dans tout ça, entre les non-veg qui mangent quand-même du bœuf et tout ça, mais inutile d'aller si loin. Ce que je veux dire, c'est que chez moi, lorsque je mange à l'extérieur, il me suffit de préciser que je suis un "pur végétarien" et tout le monde sait de quoi je parle. Ici... c'est plus compliqué. J'ai découvert le "véganisme" à New-York. Je ne suis pas insensible à leur cause, mais c'est un peu trop extrême pour moi. Déjà que je suis maigre comme un clou... Phir bhi.

C'était donc ma pause, mon petit moment pour me restaurer avant de reprendre. J'avais un truc à base d'épinards qui ne me semblait pas trop mal, compte-tenu que c'était de la cuisine occidentale. J'étais trop habitué aux épices pour apprécier à sa jute valeur, sans doute. Mais je ne me plains pas, après tout cela restait vraiment bon quand-même. J'étais installé à l'écart pour ne pas me mêler aux clients de la soirée, mais la place qui m'avait été réservée était néanmoins dans la même salle que les convives. Je me permettais de surfer un peu sur mon téléphone, envoyant un selfie à ma sœur qui aime bien me voir en costard. En plus, avec le décors derrière moi, j'avais vraiment l'air d'un nanti, et ça me faisait gentiment sourire.

Le problème, c'est que sorti du piano, mes doigts ne savent pas faire grand chose, et je laisse échapper mon téléphone qui termine dans mon assiette, dans un fracas relatif qui ne s'entend qu'à peine dans ce brouhaha, m'éclaboussant au passage de quelques gouttelettes verdâtre sur ma belle veste et ma chemise blanche...

- Arre, chutiya !

Je ne suis pas vulgaire généralement, mais un juron s'échappait de mes lèvres face à la situation. Je me traitais d'idiot, j'avais bien raison, non ? De toute façon, je ne pensais pas que quelqu'un entendait, ni comprenait ce que je pouvais dire. En tout cas, heureusement, rien n'était cassé. J'essuyais mon téléphone en continuant de marmonner des reproches dans ma langue natale, avant de tremper ma serviette dans mon verre d'eau pour essayer de minimiser les dégâts.



Spoiler:

@ Invité

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Mer 30 Déc - 9:57

What did you say ?
ft @Jayesh Madari


Adossé à la chaise matelassée, il fait bonne figure depuis deux heures. Le sourire toujours aussi discret, le regard vif aux prunelles obsidiennes, les mots placés où il faut et quand il faut, Sheru tente comme il le peut de retrouver ses habitudes d’antan en omettant bien entendu l’arrogance. Il est loin le temps de Londres où son simple nom faisait office de carte de visite, où son évocation rendait ses concurrentes aussi blancs que la nappe recouvrant la table en chêne. Ça ne le dérange pas, cet anonymat par ici, bien au contraire. Certaines actions à Londres, il préfère les garder pour lui, que personne ne se rappelle sa férocité pour devenir autre chose qu’un simple trader capable de tout écraser. Ici, il est Sheru Kapoor, dont la fortune est issu de son dur travail à Londres mais seules les hautes sphères du Gotha et certaines connaissances du passé ont réellement conscience de l’homme qu’il était avant d’arriver ici. Iels se taisent, ne disent rien, acceptent cette nouvelle personnalité que le lion de Londres tente de mettre en place. Pourtant Sheru le sait, les mauvaises intentions ne sont jamais loin même s’il essaye de ne jamais être tenté par le désir de retrouver son ancienne gloire.  Est-ce vraiment ce qu’il souhaite ? Être à demi dans l’ombre et la lumière, venir ici pour simplement bavasser et aider son amie à se sortir du pétrin familial puis retourner à son existence d’ostéopathe ? Peut-être bien que oui… La tentation est pourtant si proche, de retomber dans ses travers.

- Excusez moi.

La chaise grince lorsqu’il se lève pour aller aux toilettes. Les conversations continuent, les grandes familles se mêlent aux noms moins connus, tel que le sien. Il a payé son entrée et les recommandations de certains de ses anciens clients londoniens lui ont suffit pour être accepté. Pour autant, Sheru est un invisible comparé à certain.
Le costume sombre taillé sur mesure entrave ses gestes. Il préfère amplement le jogging de sport et le t-shirt qu’il met quasiment quotidiennement. Bien plus confortable à porter. On lui désigne la salle de bain « tout droit puis sur votre gauche Monsieur » et il répond d’un sourire plus rayonnant que ceux donnés à l’intérieur du grand salon. Les serveurs et serveuses doivent en voir de toutes les couleurs et ça l’agace sincèrement.
Prêt à pousser la porte, il se retourne brusquement en entendant la voix d’un homme. Il n’a pas entendu ces mots depuis des mois, depuis son arrivée à New York. Lui ne parle jamais Hindi, même avec Priya ou ses parents lorsqu’il les a au téléphone. Alors ça le surprend toujours un peu, d’entendre sa langue natale dans les recoins de New-York. Encore plus ici, dans cet hôtel huppé de Manhattan où aucune famille indienne n’a sa place. La salle de bain attendra.

Face à elle s’y trouve la pièce où mange les musiciens et autres serveurs en attente d’être appelés. Sheru n’a pas besoin d’un radar pour savoir d’où vient la remarque : il n’y a qu’un jeune homme présent, qui tente comme il le peut d’essuyer les traces d’épinard sur sa chemise éclatante.

-Namasté.

Les deux mains sont jointes rapidement pour le saluer. Il ne connait pas l'inconnu, ne peut se permettre d’utiliser d’autres mots malgré la différence de rang. On ne lui en tiendra pas rigueur, Sheru n'a que fait des étiquettes qu'on l'oblige à reprendre.

- Vous avez besoin d’aide ?

Pas qu’il ait du détachant sur lui mais une telle couleur va devenir difficile à dissimuler et pourrait lui coûter sa place au piano. Car c’est bien lui qui accompagne la soirée avec un certain talent. Sheru s'est même noté de le complimenter à la fin de la soirée tant la musique lui permet de se concentrer sur autre chose que les commérages à table.

- Je ne suis pas convaincu que les tâches vont disparaitre ainsi...

Un sourire est offert, aussi amusé que désolé. Lui n'en aurait rien à faire, de ces tâches mais pour le pianiste... C'est surement autre chose.


@ Invité

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Sam 2 Jan - 14:49

Je devais vraiment avoir l'air bête. Je ne compte même plus les fois où ça m'arrive, je me suis habitué à passer pour un imbécile. Ça m'arrivait déjà régulièrement chez moi, alors maintenant... entre la culture trop différente et mes lacunes scolaires, le cliché de l'indien intello venu étudier en Amérique n'a pas duré plus de quelques heures avec moi, c'est certain.

Je me retournais en sursautant, lorsque quelqu'un arrive, me saluant pourtant parfaitement poliment. Mais comme je pensais être seul, que je venais de pousser quelques jurons, que la personne avait l'air d'être un client, et qu'en plus vu sa tête il était possible qu'il ait compris mes mots... Légèrement remis de mes émotions, je joins également mes mains, à hauteur de mon visage et non de ma poitrine, signifiant par là que je le respecte en tant que supérieur. Je ne salue plus mon professeur de piano de cette façon depuis longtemps, il est devenu comme un père pour moi. Mais ce membre du Gotha était un parfait inconnu, et j'imaginais qu'il pourrait mal prendre le fait que je le considère comme un égal. Surtout après ce que je venais dire, il valait mieux faire profil bas.

- Namaste...

Pour autant, l'homme semblait avenant et attentionné, me proposant de m'apporter son aide. Je ne voyais pas tellement sur le coup en quoi il pouvait m'être utile, mais je trouvais ça sympathique de sa part, aussi je répondais par un maigre sourire gêné, secouant la tête doucement sur les côtés, non pas comme pour dire "non", mais d'une manière bien spécifique, comme on le fait en Inde. Selon la manière de faire ce geste, cela peut vouloir dire tout et son contraire, mais en l'occurrence, c'était plutôt un genre de "merci, c'est gentil, je vais me débrouiller". Après tout, c'était un client, même si je savais en quoi il pourrait m'aider, je n'oserai certainement pas le lui demander. Et puis, ce n'est pas dans ma culture de dire non, surtout aussi directement.

- Désolé pour ce que vous venez d'entendre...

Je ne savais pas s'il avait compris, après tout, il pourrait être Américain de souche et ne plus pratiquer l'hindi depuis longtemps, ou même tout simplement parler une autre langue, comme le tamil, le punjabi, ou que sais-je encore. Mais dans le doute, il valait mieux que je présente tout de même mes excuses. Je ne suis pas comme ça, d'habitude, ou du moins, ce n'est pas un vocabulaire que j'emploie généralement...

Toujours est-il que je ne pourrais pas retourner sur scène dans cet état. J'avais bien une autre chemise dans mon sac, j'avais eu cours et couru un peu à droite à gauche toute la journée, alors naturellement, je ne m'étais pas trimballé en costume depuis ce matin. Mais ladite chemise était actuellement plus ou moins en boule dans mon sac et a surtout été portée toute la journée, je ne suis pas certain que le "froissé qui sent la transpiration" soit tellement préférable aux tâches d'épinard. Sinon, j'avais mon pull, mais je ne suis pas sûr que ça puisse se porter avec un costume. Il me faudrait un veston, mais je n'en ai pas pris...

Je souris l'air un peu niais, avec une touche d'auto-dérision, haussant les épaules et secouant de nouveau la tête sur les côtés façon indienne. De manière un peu plus énergique cette fois, stipulant ainsi que j'étais d'accord avec lui.

- Moi non plus, mais je n'ai pas vraiment d'autre solution sous la main... avec un peu de savon, peut-être...

Pour ça, il faudrait que j'aille aux toilettes et me déshabiller à moitié en espérant que personne ne débarque dans ce laps de temps. Sauf qu'une chemise mouillée, ça n'a rien d'idéal non plus... Réalisant que la situation devenait potentiellement critique (il s'agissait du Gotha, pas de n'importe quel bar populaire...), le stress montait et je commençais à frotter nerveusement, et surtout inutilement.

@ Invité

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Lun 11 Jan - 9:22

What did you say ?
ft @Jayesh Madari


Le salue le surprit légèrement avant de se souvenir qu’ici, Sheru était perçu différemment. Son statut de membre du Gotha lui offrait une ascendance sur le personnel qu'il n'appréciait pas mais acceptait sans broncher. Pour le moment. Tout comme sa fortune et les cheques laissés à l'attention de l'organisation lui permettaient de gravir les échelons et d'obtenir aussi un grade plus haut que certains membres. Pourtant, Sheru ne modifia pas son comportement. Auparavant, il l'aurait peut-être fait, en offrant un sourire goguenard avant de taquiner le pauvre pianiste. Mais ça n'était pas lui, ça n'avait jamais été lui, juste une simple façon de prouver aux autres qu'il était comme eux et qu'il avait accepté le moule dans lequel la société voulait qu'il se plie. Ça ne serait pas le cas aujourd'hui et même ici, au Gotha, il était connu pour ne pas agir de façons attendues, plus à l'écoute du coeur et de sa logique que des dollars sur des comptes en banque.

Le regard dardé sur le jeune inconnu, sa façon de tenter le tout pour le tout lui tira un autre sourire. Tout deux savaient que la chemise était fichue pour ce soir et allait devoir faire un tour au pressing. Et le pianiste, un tour en interim.

- Et ne vous inquiétez, je suis le premier à jurer en hindi pour que personne ne me comprenne.

C'était rare, mais ça arrivait depuis son retour du Madhya Pradesh qu'il use de ces mots par simple habitude de les avoir entendu pendant de longues années. Et puis, ça le réconfortait aussi parfois, d'entendre l'hindi au lieu de l'anglais, lui rappelait ses racines et ce qui lui avait permis de renaitre après Londres. Sheru n'en avait pas honte et ne dissimulait jamais que sa religion l'avait sauvé. Depuis quelques mois, il acceptait même d'expliquer les véritables raisons de l'arrêt de sa carrière, à Londres. Parler d'Evan était toujours aussi difficile mais son meilleur ami méritait que Sheru l'évoque et ne le dissimule plus sous une couche de honte et de regrets.
Se passant un doigt sur les lèvres, les sourcils froncés, il savait parfaitement que le savon n'y ferait rien. Pire ça étalerait surement plus la tâche, qui devait contenir un peu d'huile pour rester aussi visible après les frottements. Si lui avait une tâche sur sa chemise, personne ne lui en tiendrait rigueur. Pire, le personnel serait capable de lui proposer d'aller lui chercher une autre chemise, pour éviter qu'il soit gêné face aux autres membres du Gotha. Mais ça n'était pas le cas du pianiste et l'agacement contre le club échauffa légèrement l'indien.
Se reculant d'un pas, lorgnant sur la silhouette de l'inconnu, il hocha de la tête avant de retirer sa veste de costume.

- Si je vous propose ma chemise, vous accepteriez ? C'est étrange, j'en conviens mais promis, je n'ai pas transpiré, je l'ai mis y'a à peine 1h. Elle sera un peu grande aux épaules mais ça peut vous permettre de ne pas perdre ce boulot.

Lui n'y voyait aucun problème et le jaïn ne pouvait ds permettre de garder ce tissu immaculé alors que celui de son homologue n'avait pas fière allure. C'était contre ses principes. Les doigts déjà prêts à retirer les boutons, il attendit la réponse du pianiste, un regard bienveillant et rassurant en guise d'argument supplémentaire.

@ Invité

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Lun 11 Jan - 21:23

Si on était dans un film d'action ou un bon gros drama, sûr que cette scène aurait eu le rôle de "comic relief". Fallait voir le tableau : deux Indiens en costume occidentaux, dans un décor somptueux... une assiette d'épinards, un téléphone poisseux, une chemise verte, et un imbécile qui cherche à faire disparaître la tâche en frottant tellement que le tissu risque de partir avec. J'étais d'autant plus gêné que dire des insanités n'était pas dans mes habitudes... perdu au nord de l'Amérique, j'aurai pu être entendu par n'importe qui, mais non, il a fallu qu'en plus ce client me comprenne. Je souriais gentiment en secouant, encore, par réflexe, doucement la tête sur les côtés. Je ne répondais rien cependant, trop embarrassé par la situation.

Je commençais à envisager d'aller voir en cuisine s'ils n'avaient pas du bicarbonate ou quelque chose dans le genre qui pourrait faire l'affaire, quand le client me fit une proposition... très surprenante. Tellement surprenante à vrai dire que je suis resté un instant immobile, comme prostré. Est-ce qu'il venait bien de dire... ce que je venais de comprendre ? Si j'en croyais ses doigts prêts à défaire ses boutons, apparemment oui. Mais... il allait quand-même pas se déshabiller, là, comme ça, au milieu de... bon, O.K., y'a personne ici, mais les gens peuvent passer dans le couloir, et...

Je me redressais doucement, les yeux toujours écarquillés et ayant encore du mal à y croire, sur le point de lui proposer d'aller plutôt faire ça dans les vestiaires. Mais ça sonnait déjà pas terrible dans ma tête, alors j'imagine qu'à voix haute, ça aurait eu l'air encore pire. Et même en le formulant correctement, je pense que ça aurait aggravé la situation plus qu'autre chose... un employé avec un client, torse nu, dans les vestiaires... Je secouai vivement la tête pour reprendre mes esprits. Non, vraiment, rien ne semblait vouloir aller dans le bon sens ce soir. Et puis, même si on oublie qu'il y a potentiellement des gens autour de nous, je suis quelqu'un de pudique. Vraiment ! Avec mon ex, on avait beau avoir "tout fait sauf le mariage", je continuais de dormir en t-shirt et de sortir de la salle de bain habillé, même quand nous n'étions que tous les deux. Alors devant un inconnu...

Mon silence, mon attitude totalement niaise, et probablement mon teint qui virait plus couleur "indien d'Amérique" que "desi", ne devait rien ajouter en ma faveur. Je balbutiais quelque chose de totalement incompréhensible, probablement en hinglish, avant d'avoir un éclair de lucidité.

- Euh... je... un veston peut-être...? Ça devrait suffire...

Voilà qui nous (ou plutôt me?) débarrasserait d'une grosse gêne et d'un potentiel malentendu si quelqu'un passait par là. Enfin, dans une certaine mesure en tout cas. Je ne pensais pas que la direction apprécierait que je formule ce genre de requête à un client, quand bien même ce serait lui qui se serait proposé.

@ Invité

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Dim 31 Jan - 10:33

What did you say ?
ft @Jayesh Madari



Il n’est pas surpris de la réaction du jeune homme, comprend aisément le malaise qui peut le traverser face à cette proposition. Quel age doit-il avoir ? 25 ans ? Peut-être 26, mais moins de 30 en tout cas, et se retrouver dans une telle situation, à deux doigts de perdre un travail bien payé… Sheru aurait surement réagit pareil à son age s’il avait été dans une situation similaire.
Ses doits s’arrêtent sur le second bouton, le regard se relève, respectueux et compréhensible.

- Je n’ai ni veston, ni veste à vrai dire. Je me sens déjà assez serré dans cette chemise !

Un sourire, qui se veut rieur et rassurant. Il ne peut pas le laisser ainsi, avec le tissu tâché et son air gêné. Combien de fois ça leur ait arrivé, à Londres, lors de cocktails ou dans des bars branchés, de se renverser alcool et spiritueux sur leur vêtement ? Personne ne leur en a jamais tiré rigueur, à lui ou à ses anciens compagnons de route. Jamais on ne leur a fait de remarques sur les plis de leur chemise ou l’odeur de cigarette de vêtement portés depuis la veille. Jamais on ne leur disait rien tant qu’il rapportait gros aux investisseurs. Aujourd’hui, l’idée de différenciation entre les deux mondes l’agace encore plus.

- Je ne veux pas mentir à nos convives mais nous pouvons rejouer la scène.

Il regarde l’assiette posée, les gouttelettes, le téléphone. Le pauvre, il ne s’est pas raté.

-… je n’ai qu’à faire tomber mon portable dedans et... On dira que je suis responsable de toutes les tâches. Ce qui est vrai vu qu'elles recouvreront les vôtres.

Cette fois-ci, aucun trait d’humour dans la voix. Sheru avait cette habilité à se montrer sérieux quand il le fallait, rassurant quand il le devait et ferme quand il le pouvait. Et bien qu'il ait conscience que sa position lui donnait l'avantage sur ce jeune inconnu, encore une fois, il ne pouvait le laisser dans une telle situation. Ça lui était inconcevable.

- Vous pouvez refuser mon aide mais je vous promets que je ne le fais pas par intérêt.


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