Victor sort du lycée, son paquet de copies dans son sac en cuir et il ajuste son écharpe autour de son cou avant de rentrer tranquillement jusque chez lui, épuisé par cette journée interminable. Quelle idée d’habiter à l’autre bout de la ville, loin de son lieu de travail. Mais il ne pouvait pas se permettre de vivre à Staten Island parce que c’était clairement hors budget, même s’il avait un ou deux colocataires, le loyer serait encore beaucoup trop élevé.  Alors il fait le chemin chaque matin, heureusement il a réussi à négocier au début de l’année pour commencer à dix heures du matin. Même s’il doit finir tard le soir, ça ne le dérange pas, mais commencer tôt ce n’est pas la chose qu’il préfère. Quoiqu’il en soit, il regarde l’heure sur son téléphone et se décide finalement à aller voir son collègue à la maternité puisqu’il est devenu papa quelques jours auparavant et ce collègue c’est celui qui a été le premier à l’accueillir lorsqu’il a franchi les portes du lycée, et puis il connaît sa femme donc il trouve ça légitime d’aller leur souhaiter ses félicitations. Quand il arrive à la maternité, il demande s’il n’est pas trop en retard et demande la chambre de la femme de son collègue avant de remercier la secrétaire dans un français pas du tout prévu et il se presse jusqu’au numéro de la chambre, les mains dans les poches de son manteau. Il toque à la porte de la chambre et passe sa tête avant de sourire en remarquant qu’ils sont tout les deux. « Je me demandais si j’allais devoir repasser. » et son collègue est ravi qu’il soit ici tout comme Victor. Il passe un petit moment à discuter avec eux, parle de l’ambiance en salle des profs, des profs qui râlent, de ceux qui s’en foutent, de ceux qui sont offusqué de l’investiture de Biden, toujours aussi dégoûté que Trump ait perdu alors que Victor lui, est bien content que Biden ait gagné, mais il ne le dit pas, préfère noyer ses pensées dans sa tasse de café. Quand il voit l’heure, il écarquille les yeux et s’excuse de devoir partir parce qu’il aimerait rentrer avant son colocataire, même si ce ne sera sûrement pas une mince affaire, quand on y pense, vu qu’il est assez loin. Mais tant pis. Il a prévu de se boire la dernière bière dans le frigo et il sait que s’il rentre après lui, c’est copieusement foutu. Il salue alors la femme de son collègue, son collègue et il descend parce qu’il pense être le bon chemin, sauf que non. Il se perd dans les dédales de l’hôpital et finit par se retrouver du côté des urgences après cinq bonnes minutes a demander son chemin à tout ceux qu’il pouvait croiser. Il s’agace lui même de n’avoir aucun sens de l’orientation, il ne compte plus les fois où il s’est perdu dans le métro New Yorkais, confondant les express avec ceux qui s’arrêtent à chaque station. Se tromper de sens aussi. Ça lui était arrivé un nombre incalculable de fois et force est de constater que ça n’allait pas en s’arrangeant. Dans un élan d’agacement, il dépose son sac sur le sol et sort une cigarette de son manteau pour s’en griller une et se calmer les nerfs. Il est bon pour commander un uber, parce qu’il n’a pas envie de prendre le ferry pour pouvoir rentrer. Il a juste envie de se poser et d’arrêter de se concentrer. Concentré sur son feed instagram, sa cigarette à la main, il lève les yeux au ciel quand il voit la photo de Briséïs. Il dirait bien à sa soeur et ses amis de passer à l’appart ce soir pour faire une soirée mais il a des rendez-vous demain matin. Alors il abandonne l’idée et quand il relève la tête, il a l’impression qu’il hallucine, que c’est l’effet des réverbères. « Briséïs ? » demande t-il en s’approchant d’elle, sa cigarette toujours entre les doigts et son sac dans l’autre « Qu’est-ce que tu fais là ? » Il se rapproche d’elle, forcé de constater à quel point il est idiot et que la tentative d’évitement dont il fait preuve depuis qu’elle lui a annoncé qu’elle allait se marier ne porte ses fruits que textuellement parlant. Il voit l’état de son poignet qu’il attrape doucement « Mais qu’est-ce que tu as fais ? » Demande t-il, gardant toujours son bras dans sa main, sans serrer, sans rien faire. Parce qu’il n’y a plus rien à faire de toutes façons.

Un coup de plus, un coup de trop. Il la pousse un peu trop fort et elle finit par tomber, se cogner également. Elle a mal à son poignet et elle se dit que ça va passer. Elle met de la crème, et prend un anti douleur. Elle va dormir toute seule dans son lit pour ce soir et ferme la porte à clé. Elle pleure encore, serrant son oreiller contre elle. Elle ramène ses genoux contre elle et sanglote silencieusement. C’est toujours comme ça et elle le sait, il s’excusera le lendemain et lui aura apporté un cadeau ou quelque chose. Elle commence à y être habituée maintenant. Elle renifle lourdement alors qu’elle tente de fermer les yeux et s’endormir. Ses paupières lourdes, elle finit par y arriver au bout d’elle ne sait combien de temps.

En se réveillant, elle sent encore son poignet lui lancer. Elle soupire alors qu’elle se dit qu’elle va devoir mettre un bandage avant d’aller travailler. Elle le fait et se rend au boulot. Elle décide d’utiliser son autre main pour éviter d’avoir à utiliser l’autre. Pourtant, durant l’après midi, elle veut se faire un thé et elle attrape sa tasse avec la mauvaise main, la douleur l’obligeant à lâcher celle-ci. Sa tasse finie brisée au sol et elle se dit qu’elle va devoir passer par l’hôpital faire une radio. Cela ne l’enchante pas vraiment mais bon. Elle soupire avant de prendre les transports pour y aller. Il y a du monde évidement et elle n’est pas prioritaire alors elle patiente jusqu’à ce qu’on la prenne en charge. Elle explique qu’elle est tombée dans les escaliers et a dévalé plusieurs marches. C’est faux mais elle ne va pas leur dire la vérité et puis on la croit. On lui dit qu’elle s’est fracturée le poignet alors on lui pose un plâtre qu’elle va devoir garder quelques semaines. Elle devra revenir pour voir si ça s’est remis en place. Génial. Elle est un peu de mauvaise humeur et elle n’a pas vraiment envie de rentrer chez elle mais bon. Elle récupère des papiers, une ordonnance pour aller chercher des médicaments à la pharmacie et elle finit par sortir. Elle ne fait pas vraiment attention autour d’elle alors qu’elle entend son prénom. Elle tourne la tête avant de voir Victor. Elle pensait qu’il l’évitait. « Victor ? » Elle pourrait lui demander la même chose. « Je suis tombée dans les escaliers et je me suis fracturée le poignet. » Elle lui dit en haussant les épaules, sortant la même excuse qu’elle avait donné à l’hôpital. Il ne soupçonne rien de toute façon concernant sa vie de couple.  « Et toi ? » Elle le détaille un peu, mais il ne semble pas être blessé mais il est possible que ça ne se voit pas. Elle regarde un peu autour d’elle avant de lui dire, cherchant à savoir. « Ca fait longtemps.. » Elle lui souffle alors qu’elle sait qu’il ne va pas la contredire dessus. « Tu.. tu m’évites ? » Dans le fond, elle a pas envie d’entendre la réponse parce qu’une voix au fond d’elle connait la réponse.

Bien sûr qu'il l'évite, bien sûr qu'elle lui manque. Tout ses messages auxquels ils s'efforcent de répondre comme si ce n'était rien, comme si ce n'était pas important ne sont que mensonges éhontés, mensonges prononcés habilement mais qui n'ont pour but que le protéger lui même et lui faire comprendre, à elle, qu'il a besoin de prendre de l'espace. Mais les sentiments contradictoires qui le prennent quand elle est en face de lui, c'est compliqué. Il a envie de la prendre dans ses bras, comme il l'a fait la dernière fois, il a envie de l'embrasser de nouveau. Mais il n'a surtout pas le droit et si son fiancé débarque comme ça ? Qu'est-ce qu'il ferait ? Il ne pourrait décemment pas lui dire qu'il a glissé. Ce serait indécent parce que ce n'est pas la vérité, ce serait indécent parce que ce serait mentir sans prétention, en indiquant ne pas savoir alors qu'il sait. Et Victor ne sait pas mentir. C'est le genre de type à dire qu'il a cours d'aqua poney pour éviter d'aller à un dîner. Il voit bien qu'elle est autant étonnée que lui quand elle le voit et il ne peut s'empêcher de se gratter derrière la nuque avant de froncer les sourcils face à son excuse « Je suis venu voir un collègue dont la femme a accouché. » explique t-il, aucun mensonge pour le moment, il s'en sort plutôt bien quand on y pense. Il souffle un peu d'agacement parce qu'il ne sait pas s'il doit dire la vérité, mais en même temps, elle n'est pas idiote et elle le sait bien. Il s'humidifie les lèvres et la regarde « Oui. » avoue t-il, simplement. Mais là n'est pas la question, il se rapproche un peu d'elle, toujours en fronçant les sourcils « Tu as mal quelque part d'autre ? C'est arrivé ou ? » Il a l'impression d'être un inspecteur en plein coeur d'une enquête. « Ton fiancé n'aurait pas pu t'emmener ? Tu veux qu'on partage un uber pour rentrer ? »

Elle n’est pas idiote Briséïs, juste un peu naïve tout de même. Elle le sait qu’il l’évite parce qu’il est différent avec elle. Elle se dit que c’est à cause de la dernière fois, de ce qu’elle lui a dit. Elle sait que c’est parce qu’il voulait l’embrasser et probablement plus encore. Elle évite de trop penser à cela parce que sinon elle va se mettre à rougir. Elle allait passer pour une idiote. Elle s’étonne donc de le voir ici et elle se demande s’il s’est blessé ou autre. Il a pas l’air enfin elle ne voit pas, mais c’est peut-être une blessure intérieure. Elle est rassurée quand il lui dit qu’il venait voir un collègue. « Oh d’accord.. félicitations pour les parents alors. » Elle ne sait pas pourquoi elle dit ça parce que de toute façon, ce n’est pas comme s’ils la connaissaient ou que ça arriverait un jour. Elle essaie juste d’être polie et puis, elle est gênée aussi. Elle ne sait pas trop comment se comporter devant lui et elle lui ment encore. Elle ne va pas lui dire que son copain l’a poussé. Elle soupire quand il lui dit qu’elle l’évite, elle le savait mais elle ne peut s’empêcher de ressentir ce pincement au cœur quand même. Elle est un peu triste alors elle se ronge un ongle nerveusement. Elle n’a pas vraiment envie de parler de sa blessure. « Non les médecins ont dit que ça allait et j’ai des médicaments si j’ai mal. » Cela allait mieux que dans la journée et ça irait mieux d’ici quelques semaines. « Dans les escaliers hier j’ai glissé. Je pensais que ça irait aujourd’hui au boulot mais non alors je suis venue après. » Elle ne veut pas vraiment parlé de son fiancé non plus. Elle a l’impression que c’est un peu un sujet tabou pour tous les deux. Un peu comme la personne dont on ne doit pas prononcer le nom. Elle sait bien qu’il n’était pas comme ça avant qu’elle lui avoue son mariage à venir. « Oui si tu veux. Je ne veux pas te déranger. » Il avait probablement des choses à faire et puis, pourquoi est-ce qu’il voudrait venir avec elle alors qu’ils ne se voyaient plus trop et qu’il semblait éviter certains de ses messages. Les questions envahissent son esprit et elle ne peut s’empêcher de demander. « Pourquoi est-ce que tu m’évites ? Si c’est pour l’autre fois je suis désolée.. » Il lui avait pourtant dit d’arrêter de s’excuser. Raté.

Qu'est-ce qu'il pouvait bien espérer ? Qu'elle lui dise qu'il y avait changement de programme, qu'elle n'était plus fiancée ? Qu'elle n'allait plus se marier avec ce crétin qu'il ne connaissait même pas mais dont les a prioris n'étaient pas vraiment positifs. Mais il ne pouvait lui dire tout cela, parce que ça ne rimerait à rien. Tout cela ne rimerait à rien, elle ne quitterait jamais ce crétin pour lui puis il ne savait même pas ce qu'il pensait réellement d'elle. Pourquoi quitterait-elle un mec qu'elle aime depuis des années pour un imbécile qu'elle connaît depuis deux mois. Même s'il n'a pas une solide opinion de lui même et du couple de Briséïs, il ne peut s'empêcher de s'inquièter pour elle quand il voit son poignet. Et il a besoin de savoir, les questions lui brûlent les lèvres mais il se contente de ne pas l'assommer pour qu'elle lui répondre franchement et simplement. « Dans les escaliers ? De l'immeuble ? Je n'ai rien entendu. » rétorque t-il en attrapant son téléphone pour pouvoir commander un uber. Et il en commande un, vérifiant de temps à autre pour savoir quand il risque d'arriver. « Arrête de t'excuser je t'ai dit. » prononce t-il en fixant un point dans le vide, loin derrière elle avant de reprendre ses esprit « J'ai juste pas envie que tu aies des problèmes avec ce cré... ton fiancé. C'est tout. Je ne t'évite pas. J'évite que tu aies des problèmes. » Parce que bon, il pourrait tout encaisser Victor mais il n'est pas sûr que Briséïs fasse la même chose. Quand le Uber arrive, il lui ouvre la porte et rentre dans l'habitacle pour s'installer à ses côtés. Quelle idée à la con qu'il a eu. « Et pour tes messages, tu me manques aussi. » prononce-t'il, toujours sans la regarder, parce qu'il les a lu ce con. Et parce qu'il a souri comme un idiot en voulant lui répondre mais sans y parvenir vraiment.

Elle lui mentait Briséïs et elle n’aimait pas faire cela. Elle se disait qu’elle le faisait parce qu’elle n’avait pas le choix. Elle n’avait pas envie non plus qu’il ait des ennuis ou qu’il s’en prenne à son copain. Parce qu’il le ferait, non ? Elle n’en savait rien, elle ne le connaissait pas après tout. Elle lui dit l’excuse la plus simple, celle qu’elle a mentionnée aux médecins. Elle ne sait pas si ça fonctionnera avec Victor mais elle l’espérait. Il ne pouvait pas deviner et puis elle avait toujours veillé à faire en sorte de cacher toutes preuves. « Oui mais peut-être que tu n’étais pas là enfin.. tu n’aurais rien pu faire. » Même si elle était vraiment tombée, il aurait été trop tard quand il aurait entendu le bruit de toute façon. Elle pousse un soupir parce qu’elle est obligée de s’excuser. Elle ne sait pas non plus comment réagir avec lui, ni même quoi dire pour arranger les choses. « Ce n’est pas à toi de faire ça Victor. » C’était bien à son fiancé de prendre soin d’elle, non, pas l’inverse. C’était à elle de gérer s’il y avait des problèmes. Elle se rend compte qu’il n’apprécie pas son mec alors qu’il ne le connait pas. « Tu m’évites quand même et je n’en ai pas envie.. » Elle souffle alors qu’elle se fait interrompre par le uber. Elle rentre à l’intérieur et s’installe du mieux qu’elle peut, son plâtre ne l’aidant pas vraiment. Elle se tourne vers lui à ses mots. Elle pose sa main libre sur la sienne. « {b]A quel point ?[/b] » Elle souffle alors qu’elle sent son cœur se réchauffer un peu. Elle est toujours un peu plus rassurée quand elle est avec lui. Il a comme le pouvoir de lui faire du bien, de rendre sa vie un peu moins terne et plus rose. « J’ai certes un bras en moins mais.. j’ai envie qu’on reprenne nos sorties. » Elle lui dit timidement, son regard se posant sur la fenêtre en observant sans vraiment le faire le paysage. « C’est idiot mais j’ai commencé à m’y attaché. » A toi aussi.. Sauf qu’elle se garde de lui dire.

Victor ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel et la regarde quand elle s'excuse. Il ne veut pas qu'elle fasse cela. Il ne veut pas qu'elle dise des excuses parce qu'il n'y a aucunes raisons. Quand elle lui raconte pour son accident, Victor serre les dents et la regarde « Briséïs. J'étais chez moi toute la journée hier je ne suis pas sorti. » explique t-il, et c'est la vérité, il a passé sa journée a faire des corrections et à bosser sur ses cours. Alors on ne peut pas dire qu'il a fait beaucoup de pas. Il secoue la tête quand elle lui dit que ce n'est pas à lui de faire ça et il est plutôt ravi que l'uber arrive parce qu'il en a déjà assez de cette conversation. Il en a déjà assez de devoir se justifier et il a envie de rentrer chez lui et de s'enfermer pour ne plus penser ou pour trop penser justement. « J'en ai pas envie non plus, mais c'est ce qu'il faut. » explique t-il en passant une main derrière sa nuque. Il pourrait reculer sa main pour qu'elle ne lui prenne pas, mais il n'y arrive pas. Il reste sans bouger et il enserre un peu ses doigts, son regard qui se pose sur le pare brise de la voiture, le chauffeur uber qui a bien compris qu'il ne fallait pas faire la conversation. « Ce n'est pas en ce moment que tu me montrerais tes talents en patinage. » rit-il un peu en appuyant son coude contre la portière, sa main qui soutient sa tête alors qu'il continue à regarder en face de lui. Et il reste silencieux un instant avant de froncer les sourcils, des souvenirs qui lui reviennent en mémoire de la soirée de la veille. Sa main toujours dans celle plâtrée de Briséïs, il caresse le dos de la main du pouce pour qu'elle ne se braque pas et il prononce d'une voix calme et posée parce qu'il n'a pas spécialement envie de s'énerver, elle risquerait de se renfermer sur elle même et ce n'est pas le but de la manoeuvre « Est-ce que vous vous disputez souvent ? » demande t-il, une question pour faire suivre la question d'après « Est-ce que vous vous êtes disputés hier soir ? »

Le fait d’avoir Victor comme voisin avait ses avantages et puis, elle ne l’aurait probablement jamais rencontré sinon. Néanmoins, elle ne savait plus trop quoi répondre pour se justifier quand il lui disait avoir été chez lui toute la journée. Elle aurait probablement dû dire qu’elle était tombée au boulot mais c’était trop tard maintenant. Elle était coincée et il fallait qu’elle change de sujet. « C’était vers les dernières marches enfin c’est pas grave. D’ici quelques semaines ça sera rétabli. » Elle lui dit avec un sourire, se voulant rassurante même si elle ne l’était probablement pas actuellement. Elle pousse un soupir parce qu’elle n’est pas d’accord avec Victor. Elle n’a pas envie qu’il s’éloigne mais il semblerait tout de même le faire alors qu’il vit juste en face. Elle ne peut pas non plus lui imposer sa présence. « Non c’est vrai, mais je suppose qu’être tombé une fois te suffit. Promis la prochaine fois on se fera une randonnée c’est moins dangereux. » Elle espérait néanmoins qu’il aimait cela. Elle pourrait toujours lui proposer de venir avec elle une fois où elle aurait envie de s’aérer l’esprit et prendre l’air. Elle connaissait quelques coins plutôt jolis. Elle regarde toujours par la fenêtre alors qu’elle se demande s’ils sont loin de l’immeuble. Elle a envie d’aller se rouler en boule sous sa couette et quelque part, elle espère pouvoir être toute seule ce soir. Elle ne tourne pas la tête vers Victor parce qu’elle a un peu honte. Il semblerait se douter de quelque chose. « On se dispute quelques fois oui enfin, comme n’importe quel couple je suppose. » Elle ne va pas lui avouer et il a probablement dû se disputer avec ses exs. Ce n’était rien comparé aux disputes qu’elle avait. « Oui un peu mais mais ce n’était pas grand-chose, une broutille. » Elle ne mentait pas vraiment sur ce coup, elle ne se souvenait plus des raisons, c’était un truc sans importance comme la plupart du temps. Elle ose finalement tourner la tête vers lui. « Je vais bien.. si tu es là, tout va bien. » Elle lui dit en venant déposer sa tête sur son épaule. « Il a quelques soucis actuellement mais ça va s’arranger. » Ou c’était plutôt ce qu’elle tentait de se convaincre.

Dans cette situation, Victor se demande s'il a un panneau avec marqué idiot au dessus de lui, avec des lettres lumineuses et clignotantes. Mais il ne dit rien. Il sait juste qu'elle ne lui dit pas la vérité et tout ses sens se mettent en alerte. Peut-être qu'il devra faire plus attention la prochaine fois. Écouter un peu mieux. Son imagination devient un peu trop expressive à son goût. Et si c'était elle ? Qu'il entendait se disputer ? Et si... Victor ferme les yeux un instant pour éviter d'y penser et de s'énerver. Il serait bien capable d'essayer de trouver cet idiot et lui casser la gueule. Ça ne ferait sûrement qu'aggraver son cas et il est persuadé qu'elle ne voudrait plus le voir après tout cela. « Une randonnée ça me va très bien. » Il avait pour habitude de partir en randonnée avec sa soeur quand il habitait encore en France alors ça lui ferait sûrement du bien et lui rappelerait des souvenirs. Mais les pensées de Victor vont trop vite, beaucoup trop vite. Et il a envie d'avoir des réponses à ses questions. Il s'humidifie les lèvres et souffle un bon coup avant de la regarder, mais quand elle voit son regard fuyant il se dit qu'il a raison et il sent la colère qui monte en lui « Il y a se disputer et se disputer. » prononce t-il, le ton presque sec. Et il déglutit avant de tenter de se contrôler mais il risquerait de s'énerver. Un oeil sur le gps du conducteur lui indique qu'ils sont bientôt arrivés. Heureusement pour lui. Malheureusement pour elle. Il n'a pas envie de la laisser partir et rentrer chez elle. Pas maintenant, pas après ce que son esprit lui hurle à la figure. La tête de Briséïs sur son épaule, Victor appuie sa tête contre le sommet de son crâne en fermant les yeux. « Je m'en fiche qu'il ait des soucis. » explique Victor, calmement. Et quand le Uber leur indique qu'ils sont arrivés, il sort de la voiture, lui tient la porte et ils montent silencieusement à leur étage. Il ne peut pas décemment lui dire de rentrer chez elle. Longtemps, il regarde la porte de Briséïs, son esprit qui se bat entre la raison et la déraison. « Viens. » lui dit-il en l'attirant chez lui après avoir déverrouillé la porte. Et doucement il s'approche d'elle, après avoir fermé la porte et s'être débarrassé de son manteau. Et ses doigts se baladent sur l'avant bras de Briséïs et doucement ses doigts effleurent la clavicule, alors qu'il la regarde dans les yeux pour voir si elle cille. Pour voir s'il a raison. Si c'est ce qu'il pense. Et du bout des lèvres il murmure « Reste ici ce soir... » Il n'accepterait pas qu'elle retourne chez elle, avec lui. Tant qu'il n'a pas la certitude que ce n'est pas ce à quoi il pense.

Elle n’aime pas vraiment lui mentir Briséïs parce que la jeune femme lui fait confiance. Elle sait qu’elle peut en tout cas. Il y a pourtant des choses dont elle ne peut lui parler et sa relation avec son fiancé en fait partie. Elle tente alors de changer de sujet, de parler de quelque chose de plus joyeux, comme les moments qu’elle passe en compagnie du brun à ses côtés. Elle n’a pas envie qu’ils s’arrêtent parce qu’ils lui sont précieux alors il faut qu’il cesse de s’éloigner d’elle. Elle refuse qu’il le fasse soit disant pour la protéger. Elle n’a pas besoin de cela. Elle a besoin de lui mais elle ne lui dit pas. Elle lui adresse un sourire quand il accepte pour la randonnée. « On organisera cela alors. » Elle l’espère en tout cas et que demain il ne recommencera pas à ignorer la plupart de ses messages. Elle pourrait toujours toquer à sa porte mais encore faudrait-il qu’il lui ouvre et qu’elle ne tombe pas sur un de ses colocataires. Elle soupire et regarde par la fenêtre parce qu’il a des doutes. Elle sait que si elle le regarde de nouveau alors il risquerait de tout comprendre. Il risquerait de griller sa carapace, ses mensonges et elle ne pouvait pas lui avouer. « C’était une dispute normale. » Si elle devait compter tous les mensonges qu’elle lui avait raconté en une seule journée, elle avait sûrement dépassé la moyenne. Elle ouvre la bouche prête à répliquer quelque chose mais elle finit par la fermer. Elle ne sait pas quoi lui répondre et quant à se questionner sur si Victor est jaloux, elle suppose que c’est mal venu. Elle ne dit rien parce que ça sert à rien et qu’elle a pas envie de se disputer avec lui en plus de ça. Ils arrivent de toute façon alors elle monte avec lui, à leur étage. « Je.. » Elle n’a le temps de rien dire qu’elle se retrouve chez lui. Son cœur se met à tambouriner dans sa poitrine quand elle le voit s’approcher d’elle. Elle passe sa langue sur ses lèvres devenues sèches d’un coup. Elle ne sait pas ce qui va se passer ni même ce qu’elle désire et ses pensées se brouillent. Pour une raison qu’elle ignore, son cœur désirait lui dire oui mais sa raison, elle, sait que c’est une mauvaise idée. « Je ne peux pas.. » Elle lui souffle alors. Ce n’est pas qu’elle ne le veut pas. Elle grimace quand son bras la lance de nouveau et de son autre main libre, elle caresse timidement sa joue. « Il sera là ce soir et.. » Elle suppose qu’elle a pas besoin d’en dire plus. Elle ne pouvait définitivement pas dire à son fiancé qu’elle allait dormir chez le voisin. Elle n’avait pas envie de le repousser mais c’était à croire qu’elle ne faisait que cela malgré elle. « On se voit demain ? » Elle lui demande, même si ce n’était sûrement pas ce qu’il voulait. Elle dépose un baiser sur sa joue. « S’il te plait. » Elle tente alors.