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Life is going strong [PV Lyzianna]

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Mar 4 Mai - 19:54
En se réveillant dans une chambre qui n’était pas la sienne – ni celle de Dario, Leone mit quelques secondes à se demander où il se trouvait, avant de se rappeler qu’il était resté la veille, ou plutôt durant la nuit chez Lyzianna après une soirée qui avait initialement commencé par un dîner et s’était terminée tardivement. Au vu de l’horaire, et bien qu’il ne soit, par essence puisqu’il ne buvait pas, sobre, compte tenu de sa fatigue importante, le couple lui avait proposé de rester dormir, ce qu’il avait accepté. Heureusement d’ailleurs, car sinon, il se serait endormi dans les transports en commun. Au moins était-il de repos ce jour-là … Repos qu’il allait employer, une fois parti, à regagner Little Italy pour filer à une réunion de campagne. Mais en attendant, il avait encore quelques heures pour se préparer. Sortant du lit, il entreprit d’enlever les draps et de les plier pour que ses hôtes – enfin son hôtesse techniquement, même si l’empreinte de Sirius était trop présente pour qu’il l’ignore – n’aient pas à le faire, puis il récupéra ses vêtements et se dirigea vers la salle de bain pour se rafraîchir les idées. Une fois lavé et rhabillé, il regagna la cuisine, où il croisa Lyzianna. Elle aussi était de repos.

Cela faisait un moment qu’ils ne s’étaient pas retrouvés en tête à tête, pas depuis qu’ils avaient parlé, à vrai dire, dans son propre appartement, après la prise d’otage dont avait été victime Sirius. Enfin, si, ils avaient discuté à l’hôpital bien sûr, mais n’avaient plus eux de conversation aussi ouverte. Et sinon, ils se voyaient avec Sirius, et Leone apprenait à connaître la jeune femme, parce qu’elle faisait du bien à son meilleur ami, qu’il voyait l’attachement dans ses yeux, chose qu’il avait si souvent espéré revoir après la mort de son épouse. Il avait l’impression que son ami n’était plus uniquement en mode survie, par moment, mais qu’il avait retrouvé le Sirius d’il y a tant d’années, avec sa joyeuse insouciance. Cela se faisait par petits pas, et c’était normal. Il avait conscience, du reste, qu’il ne devait pas être évident pour leurs conjoints respectifs de composer avec leur amitié fusionnelle, parfois un peu hors norme, si ancienne et avec tellement de passages difficiles surmontés ensembles. On n’imaginait pas Leone sans Sirius, et Sirius sans Leone. Alors, lorsqu’on prenait l’un, il fallait s’attendre à prendre l’autre. Souriant à Lyzianna, le chirurgien persifla, taquin :

« Décidément, c’est vraiment notre point de rendez-vous, les cuisines, Crowley. »

Le nom de famille avait surgi, comme souvent, et il attendait avec impatience le « Castelli » exaspéré qui ne manquerait pas de saluer sa saillie. Amusé malgré lui par la similitude des situations, à plusieurs mois d’intervalles, il n’en oubliait pas ses bonnes manières et demanda :

« Tu veux que j’aille acheter des croissants ? J’en ai pour quelques minutes. Ce sera mon loyer pour la nuit. Ou on y va ensemble, si tu veux. Ou tu tentes de nourrir mon estomac affamé, parce que j’ai vraiment besoin de calories, j’ai une réunion publique en début d’après-midi et je n’ai pas eu le temps de relire mes notes, donc je vais devoir sauter le déjeuner pour réussir à être prêt. »

Il savait que Sirius lui avait parlé de sa campagne, de ce pari qu’il avait fait … et de l’impact que ce dernier avait sur son emploi du temps. Il avait dû se décharger de plusieurs patientes à l’hôpital et réorganiser ses horaires, ainsi que limiter ses passages dans ses associations, ce qui avait engendré un certain nombre de problèmes, surtout au Planned Parenthood où les remplaçants n’étaient pas illimités. Bref, c’était un vrai réalignement des planètes, et il avait encore un peu de mal à gérer. En plus s’ajoutaient les inquiétudes liées à l’exposition soudaine de sa vie personnelle … Autant dire que cela faisait beaucoup, et que, comme d’habitude, il enchaînait les infidélités répétées à son oreiller, en dehors de celles effectuées pour la bonne cause amicale. En même temps, comme il aimait à le dire, ce dernier avait l’habitude.

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Mer 5 Mai - 19:39
Depuis qu'elle était officiellement en couple avec Sirius, Lyzianna apprenait une toute nouvelle sorte de vie. Il y avait des choses dont elle n'avait vraiment pas l'habitude, mais qu'elle découvrait et apprenait vraiment à apprécier, comme hier soir, où ils avaient accueilli Leone pour un dîner. Lyzianna Crowley, impliqué dans un repas avec son petit-ami et le meilleur ami, le frère de son petit-ami. Il y avait vraiment des jours où elle était estomaquée de ce qu'elle pouvait faire pour le brun aux bouclettes folles. Elle avait aussi une amitié naissante avec l'italien bien sûr, ça aussi, c'était impressionnant pour elle et elle avait réellement été heureuse de passer la soirée avec les deux hommes.

Bien sûr, la blondinette avait commandé un bon repas chez le traiteur. Elle était une empoisonneuse professionnelle, vu le niveau actuel de ses capacités en cuisine et Sirius, aussi parfait soit-il, n'était pas bien meilleur. Les deux amants usaient et abusaient donc sans vergogne de la vente de plats à emporter.

La soirée s'était terminée plus tard que de raison et Lyzianna avait rapidement proposé au Castelli de rester pour la nuit dans la chambre d'ami qu'elle avait à disposition, lui promettant qu'il pouvait faire comme chez lui. Jamais elle n'aurait laissé le médecin partir de toute façon. Pas à cette heure, et même si le jeune homme n'avait pas bu d'alcool puisqu'il n'en était pas consommateur. C'est tardivement, sans doute un peu trop pour le bien de son petit-ami, qu'ils avaient donc été se coucher, sagement, n'étant pas seuls ce soir. Elle n'avait pu s'empêcher, lors de leur baiser de bonne nuit, de faire un petit commentaire sur le fait qu'elle aurait aimé faire des cochonneries avec lui, mais qu'elle n'avait pas assez confiance en elle pour pouvoir rester silencieuse. Même si leur dispute à l'hôpital n'avait à aucun moment réellement porté sur des « problèmes de fesses » (il n'avait toujours été question que des problèmes qu'elle avait elle-même à gérer la force de ses sentiments et ses insécurités liées), elle ne cessait depuis de glisser quelques compliments coquins sur tout le bien qu'elle pensait de ses performances. C'était un petit jeu qui l'amusait énormément, surtout quand, comme ce soir, il se mettait à rougir furieusement, alors qu'elle lui glissait quelques compliments au détour de la cuisine, tout bas, mais jamais vraiment sûre que Leone ne pouvait pas les entendre.

Le lendemain matin, contrairement à ses habitudes, elle se réveilla quand le réveil de Sirius sonna. Quand il travaillait et pas elle, en général, elle ne faisait que ronchonner jusqu'à son départ, avant de se rendormir profondément. Cette fois, elle le regarda se préparer d'un œil ensommeillé, emmitouflé dans le T-shirt de l'homme qu'elle avait définitivement réquisitionné comme pyjama officiel. Elle n'enfila qu'un leggings en plus pour aller déjeuner avec l'homme, avant qu'ils ne se disent au revoir pour la journée. Quelques heures plus tard, la blondinette était à nouveau en train de fouiller dans les placards, un morceau de brownie dans la bouche, à la recherche d'autres choses à manger, quand Leone entra dans la pièce à vivre. Elle lui sourit, mâchant rapidement son morceau de gâteau. « Chalut Castelli ! », dit-elle, avant d'avaler son dernier morceau de nourriture. « On dirait bien, ouais ! » Pas étonnant. Les cuisines étaient souvent les endroits où on trouvait Lyzianna, l'éternel ventre sur pattes.

Elle sourit une fois de plus à la proposition de l'homme en secouant doucement la tête. « Il y a tout ce qu'il faut, ne t'inquiète pas. » Tout en parlant, elle ouvrit un placard et sortit plusieurs paquets. Croissants, muffins, brioche et brownies. « N'hésite pas à te servir. Y a plusieurs sortes de capsules pour le café », dit-elle en se réinstallant sur sa chaise, face à son propre café. En attendant que Leone se réveille, la blonde s'était, comme à son habitude lorsqu'elle était seule à la maison, mise devant un dossier et ses propres notes pour travailler le cas. « Comment avance la campagne ? » Même s'ils n'en avaient pas parlé directement, bien évidemment que Sirius lui en avait parlé. Le psychiatre était bien évidemment totalement derrière avec son meilleur ami et il lui racontait les discussions qu'il avait avec mamie Castelli et Leone au sujet du projet.


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Lun 10 Mai - 15:50
« Ça marche alors. J’ai juste besoin de … Ah, voilà. »

Leone se servit un verre d’eau, puis sortit de sa poche son pilulier qu’il ne quittait jamais, compta les médicaments comme tous les jours depuis son enfance et les avala gorgée après gorgée. Une fois l’opération effectuée, il rangea le tout et commença à se préparer un café. L’arôme fit frétiller ses narines, et il poussa un soupir bienheureux lorsque la tasse fut remplie. Ne restait plus qu’à se servir en douceurs diverses, ce pourquoi il prit en sus une assiette, puis s’installa en face de Lyzianna. Tandis qu’il beurrait ses tartines, veillant à ne pas mettre de miettes partout ou à faire des tâches, et surtout pas sur les notes de la jeune femme, il observa brièvement l’intérieur, ne pouvant s’empêcher d’y peindre Sirius mentalement. Oui, son meilleur ami serait bien, ici. Enfin, certes, officiellement, il n’avait pas emménagé mais … Bon. C’était tout comme, de son point de vue. Il suffisait juste que le couple mette la chose sur la table et il pariait son propre appartement que son meilleur ami rappliquait dans les vingt-quatre heures avec sa valise. D’une certaine façon, il admirait la manière dont les choses se faisaient entre eux deux, bien qu’ils soient a priori si opposés. Peut-être parce qu’ils avaient débutés leur relation par s’avouer l’existence de sentiments, et non en essayant après une nuit d’égarement ? Non pas qu’il regrettait le déroulé de sa propre histoire avec Dario, parce qu’à vrai dire, vu son degré d’égarement, sinon, il serait plus que probablement passé à côté. Mais, en comparant avec ses propres expériences précédentes, il avait l’impression que cela rendait la projection plus facile. A moins bien sûr, qu’il ne s’agisse que d’un concours de circonstances dû à une conjonction favorable des projets de vie. Lui-même n’avait, en toute honnêteté, jamais envisagé de s’installer chez son compagnon, malgré le caractère plus qu’enviable de son penthouse luxueux comparé à son modeste appartement. Parce qu’il aimait son quartier, même s’il n’était pas dans le coin de New York le plus favorisé, parce que, surtout, il était inconcevable qu’il se sépare de sa grand-mère qui, en raison de son âge avancé, commençait doucement mais sûrement à être plus dépendante de lui – autrement que financièrement – et parce qu’il était encore moins envisageable de la déraciner. Et désormais, s’ajoutait le choix personnel qu’il avait fait, de se présenter comme élu de son quartier. Comment paraître crédible s’il n’y habitait pas ? Et inutile de préciser que l’idée de se faire élire puis de partir lui était totalement étrangère. C’étaient là de basses manœuvres, de celles qui faisaient perdre confiance aux gens, et il les réprouvait absolument. Mais pour autant, il lui semblait anormal de demander à Dario de sacrifier son train de vie pour venir habiter chez lui. Bref, peut-être que le sujet finirait par venir sur la table, mais en attendant, mieux valait qu’il ne se fasse pas trop de nœuds au cerveau, et qu’il se concentre sur les affaires en souffrance, à savoir, sa campagne. Aussi put-il répondre à Lyzianna :

« Bien, la permanence est installée, et l’agenda est rempli pour les prochains mois. En plus des vieux habitués, on a le renfort de quelques personnes enthousiastes mais encore novices, donc j’ai prévu quelques sessions de formation dans les semaines à venir.

La principale difficulté, c’est d’intéresser les gens, et de faire en sorte qu’ils s’inscrivent sur les listes électorales. Donc on a prévu les premières actions dans ce sens, avec une sensibilisation sur la procédure …

Après, j’ai axé la campagne sur l’accès à la santé, donc personne ne peut dire que je n’ai pas les compétences. Pour le reste … disons que certains n’aiment pas mon profil, mais je n’y peux pas grand-chose, hormis tenter de les convaincre que mes idées peuvent réellement profiter à leurs familles, indépendamment de mes convictions personnelles. »


Little Italy était un endroit plus conservateur que le reste du Bronx, dominé par une population très catholique, et très pratiquante. Entre son athéisme assumé et ses positions en faveur des droits reproductifs, il avait conscience d’être pour une frange de l’électorat une sorte de repoussoir. Restait alors à convaincre les autres, et à atténuer ces points sans les renier. Pointant les notes de Lyzianna, Leone demanda à son tour :

« Comment avancent les derniers temps de la résidence ? »

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Lun 10 Mai - 17:39
Lyzianna vit Leone commencer par se servir un verre d'eau, sortant ses médicaments de sa poche et elle fit en sorte de ne pas s'y attarder. Il y avait cette sorte de déformation professionnelle qui faisait qu'elle notait ce genre de détail, mais des années de pratique lui avait appris à ne pas montrer clairement qu'elle l'avait vu ou y avait prêté une quelconque attention. Elle n'était pas ignare. Leone avait la même façon de fonctionner, tout comme Sirius. C'était le talent des professionnelles de santé. Mais alors que le jeune homme prenait ses médicaments et se préparait son petit-déjeuner, la blondinette reprit une gorgée de son café, tout en fluottant quelques informations de son autre main. Elle posa le surligneur quand l'italien commença à lui expliquer les avancées de sa campagne, triturant les bords du T-shirt de Sirius pour s'occuper les doigts.

« C'est super. Tu motives des gens, c'est une bonne chose. » Elle hocha la tête, comprenant sa difficulté à trouver comment se faire élire dans un quartier conservateur. « En tant que femme, féministe, issue d'une famille profondément athée dont les trois enfants représentent plus de la moitié des lettres lgbt, je t'avoue que je n'ai aucune idée de comment on fait pour convaincre des cathos purs souches. » Elle rit un peu avant d'ajouter. « Sans parler de mon manque de tact légendaire. » Lyzianna était plus connue pour son franc parlé et ses répliques acerbes que pour son tact. Sirius s'en amusait bien trop. Sa mère le lui reprochait de plus en plus. Un bon médecin devait avoir les qualités d'un bon politicien selon elle. Une chose qu'elle avait du mal à comprendre. Peut-être parce qu'elle avait encore la fougue des jeunes années ou peut-être que ce n'était tout simplement pas dans sa nature. Elle avait parfois l'impression que sa capacité à communiquer avec les autres s'était cassée, avec tant d'autres choses, il y a des années. Mais l'espoir était là, malgré tout, maintenant qu'elle commençait à voir se réparer tant de choses en elle.

Puis le gynécologue-obstétricien lui demanda comment allait ses dernières années de résidence. « Et bien, c'est plutôt prometteur. D'après mon mentor, il pourrait négocier pour que j'obtienne une titularisation dans deux ans. Il dit que j'ai travaillé plus que n'importe qui et que mes huit années de résidence pourraient facilement être réduites de deux, voirs trois, vu que je travaille déjà sur des cas qu'on ne confierait qu'à des pré-titulaires en temps normal. Les résultats de mes opérations sont 35% plus favorables que les autres résidents et... » Elle se tut une seconde, se demandant si elle devait en parler. Elle n'avait pas vraiment parlé de ça à Sirius, ne jugeant pas vraiment nécessaire d'en parler, en dehors de valoriser ses compétences. Et elle n'avait pas le sentiment d'avoir besoin de valoriser ses compétences avec lui. Il la trouvait déjà excellente et la soutenait avec admiration à chaque opération difficile. « J'ai déjà eu des appels du pied de Cedars-Sinai et Brigham. » Respectivement à Los Angeles et Boston, les deux hôpitaux étaient parmi les meilleurs des Etats-Unis et ça n'était pas rien. Il n'y a pas si longtemps, la blondinette aurait foncé dans tous les entretiens nécessaires. Mais plus maintenant. « Je leur ai dit que j'espérais obtenir ma titularisation ici. Si mon nom tourne autant dans les grands hôpitaux de pays – et en admettant que ce n'est pas simplement parce que mes parents ont fait ma pub quand ils sont venus y faire des conférences... » Ce qui était toujours une possibilité. « Alors ça pourrait être bon pour l'hôpital aussi, que je reste. Que je pratique ici, à Staten Island. » Elle adorait ça, l'idée que quelque part, à un moment, elle pourrait être quelqu'un. Pour le monde de la chirurgie plastique, mais aussi pour le RUMC.

Elle gloussa une nouvelle fois. « Très prétentieux hein ? Je crois que s'il n'avait pas peur d'en avoir pour un siècle au moins, Sirius aurait vraiment envie de se pencher sur mon problème d'ego. » C'était dit sur le ton de la blague, bien sûr, parce qu'il avait été clairement établi depuis le début, que Sirius ne voulait absolument pas la psychanalyser. Il voulait être son homme, pas son médecin.


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Sam 15 Mai - 16:01
« De la même façon que, parfois, des personnes exactement comme toi votent pour des croyants conservateurs : en mettant en avant les réalités locales, celles qui leur parlent, celles qui ont un impact direct et immédiat sur leur existence et celles de leurs enfants.

Alors, comme pour tout, peu importe le spectre politique, il y a des personnes qui ne voteront jamais pour quelqu’un dont certaines convictions sont diamétralement opposées aux leurs sur des points qu’ils considèrent absolument non négociables. Ce sont tous les autres qui comptent, in fine. »


Leone avait appris une chose, au cours de ses nombreuses années à labourer le terrain, c’était que si les appartenances communautaires avaient un poids très important, il y avait toujours des individus qui allaient à contrecourant, privilégiant tel ou tel item de campagne par rapport à leur situation personnelle plutôt qu’une conviction pourtant souvent ancienne et chevillée au corps. Cela dépendant du caractère, mais aussi du passé et du passif de l’individu, de tout un tas de variables particulières. Et, de son point de vue, en délaissant les populations considérées statistiquement comme « perdues », sauf cas vraiment désespéré, et il en connaissait dans sa circonscription qui ne voteraient jamais pour lui, peu importe les arguments avancés, on augmentait autant les problèmes démocratiques qu’on s’empêchait d’obtenir quelques voix précieuses par le dialogue. Et aussi, au-delà de l’intérêt électoral, il y voyait un moyen de maintenir le dialogue, envers et contre tout. Peut-être que c’était une perte de temps qui lui coûterait cher. Peut-être qu’il était trop idéaliste. Peut-être, sûrement. Mais c’étaient ses convictions depuis toujours, et il ne les renierait pas. Il s’était endurci considérablement durant son enfance, puis son internat, et enfin son adhésion au Planned Parenthood. Les accusations, il les connaissait toutes sur le bout des doigts, des plus cohérentes aux plus insultantes. Les premières, il savait y répondre et discuter, les secondes, il était capable de les ignorer. Certes, il y en avait qui étaient plus douloureuses que d’autres. Il fallait faire avec. Et puis, il avait toujours son arme secrète, ce qu’il indiqua en souriant :

« Sinon, j’envoie ma grand-mère. Elle obtient des résultats assez conséquents. Mais hélas, je n’ai pas encore trouvé un moyen de la cloner. »

Parce qu’Anna Castelli était une femme très simple, qui parlait à la perfection le langage de la foi, et arrivait à le marier avec des convictions personnelles atypiques, forgées par une expérience de vie qui ne l’était pas moins. Elle avait cette capacité à la compréhension, à la douceur, que Leone avait toujours profondément admiré, et dont il espérait avoir hérité. Elle essayait toujours d’en revenir aux fondamentaux, d’expliquer tout ce qu’elle ignorait, pour mieux montrer à quel point le doute était salvateur, à quel point il était peut-être le point d’ancrage d’une communauté, pour permettre à chacun de cohabiter en paix. Ce n’était pas pour rien que, quelquefois, il lui avait demandé d’intervenir comme médiatrice, tant au PP qu’à El Halito, ou encore à Act Up, auprès de parents n’acceptant pas une décision de leur enfant, ou tout simplement un élément constitutif de son identité contre lequel ils auraient beau s’époumoner, aucun changement ne viendrait. L’arrivée de cette petite vieille dame aux cheveux blancs et à la gouaille accentuée par son accent marquée surprenait souvent, comme sa capacité à naviguer selon leurs termes.

La conversation s’éloigna, pour partir sur la résidence de Lyzianna, qui approchait de sa fin, si tant est que ce terme puisse vouloir dire quelque chose au royaume médical des études infinies, comme Leone en parlait parfois, un rien pince-sans-rire. Sa spécialité n’était pas la plus longue, et heureusement, ce qui lui avait permis d’amorcer une seconde, sinon, il y serait encore demain, et il avait négocié des passerelles diverses et réduction de temps en arguant de sa certification précédente et de son expérience, notamment à l’étranger. Les résultats de la jeune femme étaient encourageants, et même si, très brièvement, en l’entendant parler de contact extérieur, Leone se retrouva pensif, à mâchouiller ses tartines pour ne rien laisser paraître, conscient de ce que cela pouvait signifier pour Sirius et leur amitié, il ne dit rien. Il n’avait, après tout, pas le droit de le faire, et c’était du reste quelque chose qui était commun à tous les couples nés entre médecins à un stade différent de leur carrière, et encore plus à travers les amitiés forgées qui pouvaient se retrouver ballotées au gré des évolutions de carrière, précisément. Il avait conscience que, si Sirius déménageait loin de New York, il emporterait une partie de son cœur là-bas. Il n’avait pas d’autre mot : l’homme était son meilleur ami, depuis pratiquement toujours, celui avec qui il partageait tout, sa « personne ». Quelque part, Sirius était son âme sœur, tout simplement, platonique certes, mais qui comptait tout autant. Alors l’idée qu’il suive Lyzianna à l’autre bout du continent lui était terriblement douloureuse, bien que la technologie rende cette option moins définitive qu’il n’y a quelques années. Pour autant, il était évident qu’il était impensable qu’il se mette en travers de leurs projets de couple, et tout simplement de la carrière de la jeune femme. Ce n’était ni son caractère, ni son habitude. A la place, il tria ses émotions, et décida de ne conserver que l’appréciation d’un pair pour un parcours sans faute, ainsi que la fierté d’un titulaire de voir une résidente de son hôpital aussi demandée. L’altruisme, c’était après tout savoir quand s’effacer, même quand on était concerné au premier chef. Avec un gentil sourire, il secoua sa tête pour assurer du contraire la jeune femme qui parlait d’ego, et répondit calmement :

« Ce n’est pas de l’ego d’être fière de son travail et des fruits de ce dernier. Il n’y a pas tant de résidents qui sont approchés si tôt avant leur certification. Surtout par des noms aussi prestigieux. Ce n’était pas mon cas, par exemple. »

Bon, il avait parfois soupçonné que ce ne soit pas entièrement dû à ses performances, mais là n’était pas la question. Continuant, pragmatique, il ajouta :

« Et accessoirement, au-delà d’être bon pour l’hôpital, ce sera surtout bon pour ta feuille de paye. Tu vas avoir plus de marge de manœuvre pour négocier ton salaire. Ce qui est loin d’être négligeable. »

Avant de proposer :

« Si cela peut aider, le moment venu, j’en toucherais quelques mots à mes différents chefs de service. Le Richmond aurait tort de se passer de quelqu’un d’aussi professionnel et dévouée à ses patients. »

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Sam 15 Mai - 19:22
La politique, ça n'était pas si loin de sa vie. Bien sûr, Lyz avait toujours vécu dans un monde médical, mais ses parents étaient assez haut placé dans cette communauté pour que la politique soit entrée en jeu, très tôt dans sa vie. Relations publiques, comportement à adopter pour le bien d'une carrière, sujets à défendre ou au contraire, à dénoncer, sujets à ne pas aborder pour ne pas ruiner sa réputation et faire du mal à sa carrière, relations à entretenir pour le bon développement de ses projets... Ce n'était pas la politique de l'état, mais c'était tout comme, et même elle, elle l'oubliait parfois. « L'important à la fin, c'est de trouver le discours qui fera la différence et nous fera gagner hein ? », souffla-t-elle, hochant la tête lentement. « La question étant de savoir à quel point on est prêt à ventre son âme et sa conscience pour ça. Je comprends ça. »

Puis Leone argua que l'arme idéale serait sa grand-mère et la blondinette éclata de rire. « Je suis bien d'accord. Si tu avais une armée de mamie Castelli, tu deviendrais le président de la Terre. » Elle n'avait pas si souvent croisé la vieille d'âme, mais avait assez échangé avec elle (et entendait assez souvent parlé d'elle par les garçons) pour savoir que celle-ci était faite d'un bois incomparable. Elle admirait la vieille femme, pour tout ce qu'elle faisait et tout ce qu'elle pouvait faire encore. Leone avait de la chance d'avoir une telle famille et elle savait que l'homme le mesurait à sa plus juste valeur. « Comment va-t-elle d'ailleurs ? Sirius dit qu'elle ne pourrait pas être plus fière de son ''petit garçon''. Ce sont ses mots, pas les miens ! », ajouta-t-elle en levant les deux mains en signe de reddition.

Leone la rassura par la suite, alors qu'ils abordaient le sujet de son avenir, de la reconnaissance professionnelle qu'elle avait actuellement, lui assurant qu'elle n'avait pas à croire à un complexe d'ego d'être fière de ce qu'elle avait accompli et de ce qu'elle en gagnait aujourd'hui. C'était vrai, d'une certaine façon. Elle avait travaillé dure, des années durant, pour être la meilleure. Elle ne l'était pas encore assez à son goût, bien sûr, mais Lyzianna avait de trop hauts standing pour penser qu'un jour, elle serait réellement la plus parfaite des chirurgiennes. Quoi qu'il en soit, elle estimait faire tout ce qu'elle pouvait pour faire un excellent travail. Ne lui reprochait-on pas assez de bien trop travailler ? Elle était contente que ses proches le reconnaissent, mais une part d'elle se disait qu'ils tenaient beaucoup trop à elle, ne pourrait pas être vraiment partial dans leur jugement. La reconnaissance de ses pairs, ceux qui ne la connaissaient que de nom et par le fruit de ses heures passés à étudier et pratiquer, avait une valeur importante. Pas que celle de sa famille, de ses amis, n'en avait pas. Juste que c'était son cœur qui était touché quand ses proches lui disaient qu'elle était excellente, quand c'était son estime d'elle qui l'était quand cela venait d'eux.

Bien sûr, il y avait toujours l'ombre de son nom. Crowley. Qui dans le milieu médical ne connaissait pas ce nom. C'était son passe-droit et son fardeau. Parce que Lyz voulait briller d'elle-même, sans l'ombre de ses parents et parce qu'elle savait que beaucoup lui accorderaient plus que nécessaire dans l'espoir de voir Denise et James Crowley être plus amicaux avec eux. Elle détestait ça. Elle aurait pu avoir d'autres internats, dans des hôpitaux plus prestigieux que le Richmond University Medical Center, si elle l'avait voulu, simplement en sortant sa carte de membre de ce monde politisé. Mais elle n'avait pas voulu. Avait choisi un internat où son nom, bien qu'ouvrant les portes, ne seraient pas si utilisé. Même avec ses prouesses, la possibilité que ses parents viennent un jour opérer au RUMC étaient si faibles que cela n'avait pas vraiment d'intérêt pour le conseil de l'hôpital. Non. Ici, elle avait eu une chance de faire ses preuves par elle-même et c'était pour cette raison qu'elle avait choisi cet hôpital.

« C'est gentil de ta part. Cela me touche, Leone », dit-elle quand il argua qu'il pourrait parler d'elle à ses supérieurs le moment venu. Elle savait que si elle continuait sur sa lancée, elle pourrait prétendre à un salaire des plus confortables. Un de ceux que le RUMC ne pourrait jamais lui payer. Pas parce qu'ils n'en auraient pas envie, mais parce qu'ils n'en auraient pas les moyens. Par rapport à un Cédars-Sinai ou un Brigham, l'hôpital de Staten Island était considéré comme un petit centre aux capacités limitées et elle savait qu'à un moment, elle devrait faire un choix qui ne serait en rien lié à ses compétences et à ses prétentions pécuniaires. Dans quelques années, elle pourrait obtenir tout ce qu'elle voudrait, si elle demandait dans les bons hôpitaux. Le fait est qu'elle savait que cela ne serait pas qu'une question de possibilités professionnelles. Ce serait aussi un choix du cœur.

« Sirius t'as dit qu'il voulait qu'on prenne des vacances dans le Vermont ? »

Elle se surprit elle-même de poser la question. Elle n'avait pas eu l'intention de l'aborder, mais il fallait croire que cela la travaillait plus qu'elle ne le pensait. Depuis qu'il le lui avait proposé, Lyzianna avait tout fait pour lui montrer qu'elle le voulait vraiment. Des vacances ensemble, du temps rien que pour eux, une petite bulle temporelle loin de New York... L'idée était vraiment alléchante et elle ne mentait pas lorsqu'elle disait qu'elle le voulait vraiment. Mais dans le lot, il avait prévu de lui faire rencontrer sa famille et ça, c'était une chose qui effrayait la blondinette. Si elle en avait un peu parlé avec son frère (beaucoup en fait), elle n'arrivait toujours pas à calmer son anxiété à ce sujet et n'avait pas envie d'en parler encore à Sirius. Elle avait peur qu'à force, il pense que le problème venait de lui, alors que tout ne venait que d'elle.


@ Invité

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Mar 18 Mai - 15:52
« Quand tu dois convaincre un patient très réticent, pour diverses raisons, d’accepter une opération qui est vitale, tu ne vas pas commencer par lui parler des risques de décès ou d’échecs majeurs ? Tu vas essayer de mettre en avant des éléments plus tangibles, en lien avec l’amélioration de sa qualité de vie, ou bien tenter de lui faire voir les choses sous un angle différent, peut-être avoir recours à une médiation en santé ?

Eh bien, pour moi, c’est exactement la même chose. Parfois ça marche. Parfois, ça ne marche pas. Mais ça n’empêche pas d’essayer d’avoir un dialogue et de présenter les arguments, sans les travestir ni tromper.

C’est aussi pour ça que j’ai voulu m’engager : pour rappeler que la politique, c’est avant tout améliorer la qualité de vie de tous les jours, de tout le monde. Pas vendre son âme ni calculer je ne sais quoi. Un peu comme quand on est médecin, in fine. »


Leone s’était animé, et si sa voix restait calme et pondérée, comme toujours, il était aisé de deviner sa passion, comme sa conviction, vibrante et ancrée. Quelque part, il regrettait que le terme politique teinte toujours les conversations d’une connotation négative. A son avis, il était urgent de retrouver la noblesse de ce qui avait été, à l’origine, le principe même d’organisation de la cité. Alors, bien sûr, cette vision était facilitée par le fait de s’intéresser à des questions purement locales. Cependant, c’était ce qui animait l’essentiel des militants de terrain, comme lui, ces chevilles ouvrières qui portaient les projets et étaient les premiers relais des habitants et de leurs difficultés. Son éthique était sa principale raison de se présenter, parce qu’il raisonnait en fonction de son parcours, et de ses serments en tant que médecin. Par conséquent, il privilégiait une campagne de terrain, s’adressant à tous – même quand le dialogue était a priori complexe – pour aller chercher les électeurs partout où ils se trouvaient, et sans matraquage médiatique permis par une levée de fonds auprès d’il ne savait trop quels donateurs. Bien sûr, il avait une subvention du parti démocrate, ce qui était logique, mais il s’appuyait avant tout sur des petits donateurs, même si certains avaient eu la bourse plus généreuse que d’autres. Pas question de courir les galas et autres festivités du genre, qui n’avaient jamais mobilisé que ceux qui n’avaient pas vu un électeur depuis une bonne dizaine d’années, et qui, il en était convaincu, finissait immanquablement par échouer face à des campagnes efficaces, pensées par et pour la circonscription, en connaissant finement la population et ses besoins. En la matière, ayant vécu toute sa vie à Little Italy avec sa grand-mère, il était difficile de lui reprocher d’être parachuté, et il en faisait un atout. Quant à cette dernière, son activisme, comme le sien, étaient immanquablement sources d’avantages. Même si elle fatiguait, Anna Castelli s’impliquait dans la campagne de son petit-fils, y compris en vantant ses mérites à tout bout de champ comme il s’en rendait compte, les mots de Lyzianna le faisant rougir légèrement.

« Bien, elle va aussi bien que possible au vu de son âge, même si je vois bien qu’elle fatigue plus vite et que certains gestes du quotidien sont plus difficiles. J’ai commencé à aménager son appartement pour qu’elle garde son autonomie, petit à petit pour ne pas la brusquer.

Et pour le reste, oui, c’est ma supportrice numéro 1, comme toujours. Tu sais, elle a quitté l’école très tôt, comme ça se faisait à l’époque pour les filles dans les campagnes italiennes, elle a du mal à lire et à écrire en italien, et elle ne sait pas le faire en anglais sans aide. Elle a travaillé jusqu’à un âge très avancé pour m’aider, en faisant des ménages, des gardes, des heures de vente …

Quand elle voit d’où elle vient, et où je suis … Je crois qu’elle est heureuse de savoir qu’elle n’a pas tellement sacrifié pour rien. »


Si l’affection profonde était évidente, dans le ton de Leone, son respect pour sa grand-mère, et pour tout ce qu’elle avait fait, était palpable. Oui, ils venaient de loin, tous les deux. Et ces racines très modestes, il ne les avait jamais oubliés. Il savait ce que c’était que l’illetrisme, la difficulté à s’insérer scolairement quand on n’avait personne pour être aidé à la maison. Lui-même avait eu la chance d’avoir Sirius et sa famille pour progresser. Et il leur était profondément reconnaissant, pour lui avoir donné sa chance, aussi. C’était des gens vraiment biens, les Vandesky, et il était certain qu’ils allaient accueillir Lyzianna avec leur chaleur habituelle. Aussi, il répondit avec un grand sourire :

« Il m’en a parlé oui. Et sa mère aussi, accessoirement. »

Accessoirement n’était pas le terme exact. Avec un enthousiasme particulièrement marqué eut été plus exact, et assorti d’une montagne de questions, mais il n’était pas certain que cela rassure beaucoup la jeune femme.

« J’y suis allé quelques fois et le coin est vraiment sympa pour un changement de paysage complet.

Et puis … ses parents sont des gens adorables. Vraiment. C’est … c’est comme mes propres parents. Ils m’ont beaucoup donné, et quand on s’est connu, avec Sirius … Disons qu’il y a peu de gens qui en auraient fait autant, et c’était entièrement compréhensible.

Eux, ils m’ont accueilli, ils ont aidé ma grand-mère. Ils te prennent comme tu es. Tu vas passer un moment génial. »

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Mar 18 Mai - 17:36
Leone était passionné par sa nouvelle occupation. Lyzianna pouvait le dire rien qu'à la façon dont son regard pétillait. Plus encore, elle savait qu'il serait à la hauteur de la tâche. L'italien était un des hommes les plus altruiste et intègre qu'elle connaissait et s'il gardait ces qualités, même lorsqu'il serait élu, alors il pourrait vraiment changer la vie de son district. Et plus encore que cela, il avait tout pour faire changer des mentalités. Bien sûr, elle était trop pessimiste pour croire que tout serait un jour tout beau tout rose, mais pour un petit nombre de gens, ils allaient découvrir un homme faisant tout pour sa communauté, avec toutes les qualités qu'il avait et leur ferait changer d'avis sur tant de choses, lui le fils d'immigré, séropositif de naissance et homosexuel. Bien sûr, ses détracteurs tenteraient d'utiliser tout ça contre lui, mais Lyzianna avait confiance. Ses origines, son dossier médical et sa sexualité avaient été une force pour lui quand il était médecin. Il en ferait tout autant une force dans cette nouvelle vie professionnelle. Et puis s'il fallait, Lyzianna pourrait se charger des plus virulents. Elle pouvait faire peur, la Crowley, et pas qu'avec son regard et ses mots acerbes.

Les deux comparses parlèrent ensuite de la célèbre mamie Castelli. Bien que le ton léger, Leone ne pouvait vraiment cacher le fait qu'il s'inquiétait quand même un peu pour la santé de sa grand-mère. La vieille d'âme avait beau se montrer toujours forte et pleine de vie, ils ne pouvaient pas nier qu'elle avait un certain âge maintenant et sa santé allait avec les décennies passées à vivre énormément de choses, parfois difficiles. « C'est un roc comme on en fait peu. Je pense que tout ça est justement dû à cette histoire. Si elle n'avait pas travaillé si jeune, porté autant de choses sur ses épaules, elle n'aurait pas le caractère et la force de vie qu'elle a aujourd'hui. Et surtout, elle n'aurait pas pu élever un garçon aussi conscient de ce que c'est que de vivre dans la difficulté. » Leone avait grandi dans cet environnement, avec cette histoire. C'était en partie ce qui l'avait forgé tel qu'il était. C'était en partie grâce à tout ce qu'elle avait fait et sacrifié que Little Italy avait aujourd'hui un candidat aussi génial que Leone Castelli.

Bien sûr, quand elle aborda le voyage que Sirius leur avait prévu, l'italien s'empressa d'essayer de rassurer la blondinette. Outre la beauté des paysages, le brun tenta aussi de lui communiquer la beauté de la famille Vandesky. En avait-elle seulement besoin ? Ces gens avaient mis au monde un homme aussi parfait que son compagnon et l'avaient élevé pour en faire celui qu'il était. Bien sûr qu'ils devaient être géniaux. Là n'était pas le problème.

Ils te prennent comme tu es..., assurait Leone et la blondinette baissa les yeux, évitant le regard de l'obstétricien. « Tu le crois vraiment ? » Ce n'était tellement pas le genre de Lyzianna d'être aussi peu sûre d'elle, mais dès qu'il s'agissait de l'homme qui partageait sa vie, elle avait vite tendance à se retrouver au plus bas, voyant tous ses défauts et oubliant les qualités qu'elle se reconnaissait habituellement. « Je veux dire... Sirius est le genre d'homme dont toutes les mères rêves pour leur enfant... » Enfin sauf la sienne, mais Denise Crowley n'avait jamais été du genre à aimer et vouloir les vraies choses qui comptaient pour un enfants. Elle avait des standards si hauts pour Lyzianna qu'ils étaient tous inatteignables. La blondinette avait simplement appris à vivre avec. Elle n'aurait jamais un boulot digne selon sa mère, jamais une assez belle maison, jamais un bon compagnon. Sa mère l'aimait, à sa façon, mais les exigences qu'elle avait envers Lyz étaient pratiquement impossibles. « Mais moi... Je suis clairement le genre de femme dont aucune mère ne rêve pour son fils... Et après Nyla... » Elle se mordit la lèvre, avant de boire une longue gorgée de café. « J'ai peur que ça ne se passe pas comme il l'espère... » Elle-même avait réellement mal vécu le repas de famille où son frère avait laissé échappé qu'elle était en couple, l'obligeant à dire à ses parents qui partageait sa vie. Elle n'avait pas honte de Sirius, n'avait pas regretté de le faire, mais elle savait qu'il ne serait pas assez bien aux yeux de sa mère et n'avait juste pas voulu entendre ça, parce que l'avis de sa mère ne lui importait pas. Elle n'aurait accepté pas moins qu'un chirurgien d'organes nobles, promit à obtenir un prix en médecine et à faire la couverture de tous les magazines médicaux. Un psychiatre ? Pour elle, c'était comme si sa fille adolescente s'était mise à sortir avec le rebelle du lycée. Elle ne voulait pas que Sirius se retrouve confronté à une mère qui verrait sa petite amie comme un mauvais choix... D'autant que si les raisons qu'avait eu sa propre mère de critiquer sa relation étaient idiotes, elle avait peur que les raisons de Madame Vandesky soient des plus légitimes.


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Jeu 20 Mai - 16:26
Leone hocha la tête face aux discours de Lyzianna, cachant son émotion derrière l’ultime tartine mâchouillée, et sa barbe qui cachait avantageusement son rougissement. Cela lui faisait toujours chaud au cœur, d’entendre sa grand-mère être ainsi reconnue à sa juste valeur, pleinement intégrée dans son cercle amical. Il contemplait la différence avec leurs débuts, l’intégration qui s’était faite. Pour le reste … oui, évidemment, cela l’avait forgé. Il connaissait la difficulté et avait entièrement conscience de l’impact que cela avait eu sur lui, pas uniquement en termes de valeurs. Aujourd’hui encore, il tenait ses comptes avec une précision de métronome, avait tendance à économiser parfois maladivement, et demeurait toujours attentif à sa capacité à subvenir à leurs besoins. A vrai dire, il avait effectué de nombreuses projections financières avant de s’engager dans cette campagne, conscient qu’il allait réduire ses heures et donc ses revenus, pour être certain que l’équilibre bâti depuis plusieurs années ne serait pas affecté. Certes, Dario avait amplement les moyens de compenser, mais il était hors de question de dépendre de son compagnon. L’indépendance avait toujours été un cheval de bataille personnel. Trop longtemps, il avait dépendu de la générosité des autres, et il était difficile d’expliquer l’humiliation ressentie, même face à quelque chose offert de bon cœur. Enfant puis adolescent, il profitait des jeux de Sirius et d’une partie de son argent de poche. C’était difficile, parfois, de ne pas ressentir une pointe d’envie. Maintenant qu’il était en mesure de partager les consoles et les achats de jeux vidéos par exemple, il avait l’impression de davantage profiter. Alors, c’était une réaction sans doute complètement idiote, mais le réflexe demeurait, profondément ancré. Tout comme il savait que sa grand-mère remplissait maladivement ses placards, pour avoir eu tant de mal à le faire pendant des années, à compter ce qui serait nécessaire pour le repas, et en se privant pour que lui-même puisse bénéficier de ce dont il avait besoin. Cette réalité, il n’en parlait pratiquement pas. Elle appartenait à un passé révolu. Il ne pouvait néanmoins nier qu’elle était, quelque part, toujours présente, imprimée en lui au fer rouge. Et que certaines habitudes avaient la vie dure. Comme tout traumatisme, il demeurait généralement une trace, même très bien cachée.

A vrai dire, Leone se demandait souvent si un traumatisme du même genre ne sommeillait pas en Lyzianna. Quand elle était dans son service, il l’avait soupçonné une ou deux fois, mais n’avait rien dit, ne sachant de toute façon pas comment aborder le sujet, et estimant qu’il n’avait pas à envahir sa vie privée. C’était encore le cas maintenant. Pour autant, le fait qu’elle ait tendance à souvent se rabaisser, comme si elle n’était pas digne de Sirius, lui mettait la puce à l’oreille. Il avait du mal à trouver une explication rationnelle à cela, ce qu’il ne manqua pas de pointer après une gorgée de café :

« Pourquoi tu dis ça ? Tu es une résidente en chirurgie plastique promise à un bel avenir, dans une spécialité qui, accessoirement, est généralement synonyme de stabilité financière, donc pas à charge du futur élu, intelligente et vive, et jolie.

Il n’en faut généralement pas autant pour conquérir une potentielle belle-famille. »

La dernière phrase avait été dite sur le ton de l’humour, mais le constat demeurait. A ses yeux, Lyzianna avait plutôt de sacrés atouts dans sa manche pour être présenté à des beaux-parents, indépendamment du fait que ce soit les parents de Sirius. Alors, certes, il y avait des alchimies de caractère qui se faisait ou ne se faisait pas, mais ça, c’était difficile à prédire, et hors de contrôle généralement. Pour le reste …

« A mon sens, ses parents seront contents … eh bien déjà, juste qu’il soit heureux avec quelqu’un, parce que ça fait longtemps, justement, et qu’ils étaient inquiets de le voir s’être fermé ainsi après le décès de Nyla. Et sans doute davantage que ce soit quelqu’un qui peut comprendre son quotidien. »

Essayant de trouver les bons mots pour la rassurer, il continua :

« Je veux dire, Nyla était une personne formidable, mais c’est parce que c’était une femme avec de telles qualités qu’elle aurait voulu que Sirius refasse sa vie et soit heureux en dehors de son souvenir. Je le sais, ses parents le savent … On voulait tous qu’un jour, il retrouve le sourire un peu idiot qui nous a manqué. Alors, quand ils verront que tu le fais réapparaître … »

Avec un sourire taquin, il conclut :

« … Tu pourrais être un lézard qu’ils t’adopteraient quand même ! »

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Lun 24 Mai - 19:27
Il y avait un point sur lequel Lyzianna ne s'était jamais senti de taille. Une chose qui la terrifiait depuis des années et qu'elle avait fuis pour ne pas avoir à s'y confronter. Et puis Sirius était entré dans sa vie et lui avait imposé cette chose. Pas par la force, bien au contraire. Il s'était montré patient et doux et généreux et l'avait séduite jusqu'à ce qu'elle oublie toutes ses peurs et accepte de tenter l'aventure d'une vie avec lui. Elle en était heureuse, s'en délectait la plupart du temps, se rendant compte d'à quel point, avec lui, c'était naturel, facile, comme si elle n'avait fait que l'attendre lui, pendant toutes ses années. Mais toutes les peurs qu'il arrivait à faire taire quand ils n'étaient que tous les deux refaisaient vite surface, dès qu'il fallait impliquer quelqu'un d'autre. Elle avait eu peur que Leone ne l'accepte pas, avait eue peur que John n'accepte pas son amoureux, maintenant, il était question pour eux d'aller plus loin, de présenter leur moitié à leurs parents respectifs et plus que tous les niveaux qu'elle avait pu passer jusqu'alors, elle perdait tous ses moyens face à cette nouvelle étape.

Elle savait que Leone s'était déjà posé des questions. La prudence avec laquelle elle s'était ouverte à Sirius, les barrières qu'elle avait franchies, petit à petit, mais, peut-être par pudeur, peut-être par respect, il n'avait jamais émis la moindre question ou le moindre avis sur tous les freins qu'elle avait. C'était donc la toute première fois qu'il le faisait vraiment, osant poser la question du pourquoi, argumentant sur toutes les raisons qui faisaient qu'elle n'aurait jamais dû se considérer comme invalide aux yeux des parents de Sirius. Elle sourit timidement, touchée par ses compliments, avant de se mordre la lèvre, s'agitant un peu sur sa chaise. Elle ne put retenir un petit rire quand il ajouta, qu'après tout ce qu'ils avaient souhaité pour le Vandesky et tout ce qu'on pouvait voir qu'elle lui apportait, elle pourrait être un reptile qu'ils l'aimeraient quand même. Puis, à nouveau, elle redevint sérieuse, jouant avec un fil imaginaire sur son genou.

« Je sais que c'est stupide... Sirius me dit tous les jours qu'il faut que j'arrête de croire que je n'en vaux pas la peine... Je... J'ai... » Elle n'arrivait pas à aller plus loin, physiquement bloquée par toute une histoire qu'elle avait soigneusement mise dans un coffre scellé et emmuré au fond de sa tête pour pouvoir survivre. Elle inspira profondément, essayant de ravaler la boule dans sa gorge, de calmer la douleur lancinante du couteau dans ses cordes vocales, sentant déjà ses émotions remonter à la surface, effleurer sa peau. Des larmes menaçant de venir mouiller ses yeux, elle ferma les paupières, essayant de ravaler des émotions qu'elle n'avait fait qu'enfouir en elle, toutes ces années, terrifiée de les voir remonter. « Il sait... », se sentit-elle obligé de se justifier, comme si le poids du secret était désormais trop lourd sur elle, au point qu'un autre puisse s'inquiéter que son amoureux aient à le porter avec elle, sans savoir de quoi il retournait. « On en parle pas... mais il sait pourquoi... » Ils n'en avaient même jamais vraiment parlé, à peine quelques indices dispersés aux grés d'autres discussions, mais elle savait qu'il savait. Il l'avait compris, ce jour-là, quand elle était venue chez Leone, après qu'il ait été pris en otage, lui révélant une part du chemin qu'il aurait à parcourir pour se remettre de ce qu'il avait vécu. Quand elle lui avait avoué que cela serait toujours là, en lui, mais qu'il apprendrait à vivre avec, à pouvoir de nouveau fermer les yeux et trouver des moments de paix. Elle savait qu'il avait compris, à la façon dont il l'avait tenu dans ses bras alors, à la façon dont il était toujours précautionneux de lui faire sentir qu'elle était en sécurité avec lui. « Mais tu as sans doute raison... Je m'en fais trop pour rien. Tout est parfait entre nous jusqu'à maintenant, il n'y a aucune raison que ça change. Probable que les idées stupides de ma mère me montent à la tête, après tout », dit-elle, roulant des yeux en essayant un brin d'humour.


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