ohana & ruby

Before you came around, I was doing just fine Usually, usually, usually, I don't pay no mind And when it came down, I was looking in your eyes Suddenly, suddenly, suddenly I can feel it inside I've got a fever, so can you check? Hand on my forehead, kiss my neck And when you touch me, baby, I turn red I've got a fever, so can you check?

"Je ne vais pas te mentir, mais si tu continues comme ça, tu vas te faire bouffer toute crue. » Le stylo tapait un rythme entêtant sur le bord de la table et le genou tressautait à sa suite, témoignant d’une impatience. La crinière tressée fut rejetée en arrière et le regard chocolat inquisiteur se planta dans celui terrifié de la jeune femme qui se tenait devant Ohana. Le monde du mannequinat n’était pas fait pour tout le monde, loin de là, il fallait avoir des épaules, du caractère et énormément de recul. Elle en avait vu des filles brisées, en larmes, au bord de la dépression parce qu’elles n’avaient jamais eu la carrure pour supporter le trop plein de pression.

Le stylo fut finalement sagement posé sur la table et l’hawaïenne se pencha en avant comme dans la confidence. « Je préfère te dire non maintenant, plutôt que de devoir te conseiller un psy dans un mois. » Ses lèvres rouges s’étirèrent en un sourire désolé et elle lui indiqua la porte d’un geste du bras. Qu’est-ce que c’était chiant ce métier, mais qu’est-ce que ça payait bien, alors Ohana ne bronchait pas. Elle posa ses pieds bottés sur le bureau de verre et attrapa machinalement son paquet de clopes sans pour autant en porter une à ses lèvres. Un regard coula vers l’horloge et un grognement agita sa gorge, bordel que ça passait pas vite.

Les quelques candidates qui avaient répondu présentes aux entretiens avaient été toutes sans grand intérêt. C’était amusant d’interpeller des gens dans la rue ou sur des plages, mais ça l’était moins que de les interroger et de les tester. La seule qu’elle avait hâte de rencontrer n’était même pas une candidate en tant que telle, mais elle avait répondu présente à son invitation et Ohana n’avait qu’une hâte : s’amuser. Depuis le temps qu’elle rêvait de se perdre dans les bureaux à la nuit tombée, sans personne pour l’emmerder ou lui demander ce qu’elle était en train de foutre au lieu de bosser. Oui, elle était certes bien payée, mais elle n’était pas une grande fan de l’équipe en général.

Ses doigts tapotèrent pensivement son menton avant qu’elle ne se penche vers son bureau dans une souplesse à couper le souffle, appuyant sur un bouton de son téléphone. « Yep, Elizabeth. Je vais taper un somme donc fais en sorte que personne ne me dérange. » Une bonne chose de faite.

La sieste en question dura jusque tard dans la journée et elle fut réveillée par une armée de talons aiguilles qui quittait le bâtiment avec empressement. Elle pouvait entendre leur gloussement de dindons jusqu’ici, ces filles qui n’avaient qu’une hâte, se rendre au bar pour se saouler et se montrer. Clairement pas le délire d’Ohana qui ouvrit un œil avant de se redresser et de s’étirer de tout son long. Encore deux bonnes heures avant qu’elle soit seule dans les locaux, elle avait le temps de s’attraper un truc à manger ou bien, même de commander, oui commander.

Le ventre rempli et il était l’heure d’accueillir son invitée. Le sachet à la poubelle, l’hawaïenne s’aventura dans les bureaux vides, attrapant une trottinette électrique pour parcourir les couloirs interminables, son regard embrassant chaque pièce à la recherche d’un potentiel intrus. Si elle tombait sur le gardien, elle était bonne pour se faire virer des locaux et ça, c’était hors de question. Aussi agile et discrète qu’un chat, Ohana se glissa dans l’ascenseur pour rejoindre plus rapidement le hall et ainsi guetter l’arrivée de son invitée. Elle ajusta promptement sa brassière qui laissait apercevoir son ventre musclé, déboutonna sa veste de blazer aussi sombre que ses cheveux et vérifia qu’elle n’avait pas oublié de remonter la braguette de son pantalon de tailleur. Tout était parfait.

Ses talons claquaient dans le Hall, faisant écho à un silence presque effrayant alors que ses longs doigts fins s’enroulaient autour de la poignée de la porte secondaire. D’un sourire taquin, elle posa son regard félin sur la silhouette au loin. « Pssst. Par ici miss. »

ohana & ruby

Before you came around, I was doing just fine Usually, usually, usually, I don't pay no mind And when it came down, I was looking in your eyes Suddenly, suddenly, suddenly I can feel it inside I've got a fever, so can you check? Hand on my forehead, kiss my neck And when you touch me, baby, I turn red I've got a fever, so can you check?

"Quelques messages instantanés d'échangés avec cette femme que j'ai croisé récemment dans la rue. Au premier abord, quand elle avait commencé à me parler, j'étais persuadée qu'elle faisait semblant. Que c'était une technique de drague super nulle, d'accoster quelqu'un dans la rue en lui disant "tu veux pas tenter d'être mannequin ?" Pourtant, quand elle m'a donné sa carte de visite, j'ai été obligée de me rendre à l'évidence, cette nana est legit. Il m'a suffit d'une recherche rapide sur google pour que je me rende compte qu'elle me disait la vérité. Si non, je ne lui aurais pas laissé ma carte de visite à moi. Je ne lui aurais pas donné mon numéro de téléphone s'il s'agissait juste d'un plan drague. Quoi que.

Une journée rythmée par l'impatience d'arriver au soir, une petite engueulade avec un réalisateur de la boîte, un copyright claim sur ma dernière vidéo, bref, la routine. L'heure proposée par Ohana est parfaite, parce que j'ai pile le temps de rentrer chez moi, de me doucher et de maquiller mes lèvres du rouge à lèvres le plus rouge pétasse que je possède au dessus duquel je rajoute un gloss bien brillant, les rendant plus attrayantes, plus pulpeuses. Elle m'a dit de venir habillée comme je suis, mais je décide quand même de me changer, parce que je ne me vois pas débarquer en chemise à carreau et legging, une tenue que j'avais optée pour le confort ce matin. Alors, j'enfile mon pull le plus large - les nuits du mois de juillet sont encore fraiches - des collants troués et des doc martens, rien de plus, pour me rendre sur le lieu du rendez-vous.

C'est quand même étrange, une partie de moi pense, alors que je prends le métro, faisant bien attention à ne pas me mettre trop près des gens autour de moi. Se retrouver à vingt deux heures dans des bureaux de... quoi ? d'une agence de mannequinat ? - or whatever. Mais le besoin de m'amuser, d'arrêter de travailler pour une fois, de penser à moi avant de penser à mon boulot surpasse le reste aujourd'hui, et tant pis si je me fais tuer par Ohana si c'est en réalité une tueuse en série qui cherchait une victime. Je n'ai rien à perdre, après tout.

Depuis midi, je n'ai mangé qu'un paquet de raisin secs, et je sais que c'est mal, mais c'est pourtant la vie que je mène. Pas le temps pour ça. Bien heureusement, mon ventre ne gargouille pas alors que je m'approche de l'adresse. J'ai pénétré dans le hall, et on se croirait dans un film d'horreur. La bâtiment semble déserté, en même temps, qui est au bureau à une heure pareille. La brune est en tailleur, j'ai l'impression de faire tâche à côté d'elle, mais tant pis, je ne peux plus revenir en arrière, et j'affiche un large sourire quand elle m'appelle. « Salut, » que je lâche à celle qui a un look de femme d'affaire. « je t'avais dit de me dire s'il y avait un dress code. » Je ne cache pas ma curiosité, et regarde autour de moi, presque intimidée par l'endroit, je suis désorientée. « J'ai pas l'habitude de ce genre de truc. On est toutes seules ici du coup ? » Pas besoin d'être Sherlock Holmes pour le deviner, je suis certaine que le hall est bondé à des horaires plus conventionnels. Même si, encore une fois, je suis loin d'être dans mon élément ici.

ohana & ruby

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Ce n’était pas du genre d’Ohana que d’utiliser son statut de chasseuse de têtes pour interpeller de jolies filles dans la rue pour son compte personnel. Bon, certes, elle avait d’abord remarqué la blonde bel et bien pour le cabinet, mais malgré le refus de cette dernière, il aurait été dommage de ne pas saisir l’opportunité ainsi offerte. L’hawaïenne était du genre à adorer les nouvelles rencontres, les nouvelles têtes et à se lasser rapidement de la routine monotone d’être seule chez soi. Alors cette Ruby semblait être le petit éclat qui manquait à lui redonner un peu de gaieté et bordel qu’elle était belle. Son regard chocolat se perdit de précieux instants sur ce visage aux traits ensoleillés et, plus précisément, sur le rouge pétant de ses lèvres aussi discret qu’un panneau publicitaire.

« Je tuerai pour être en jogging tu sais ? Mais bon, ça le fait pas trop dans une agence de mannequinat ? » ricana-t-elle en la laissant entrer à sa suite. Mine de rien, l’immeuble ne renvoyait pas une image chaleureuse de son invitation, on croirait presque à un début de mauvais film d’horreur où l’héroïne devrait se perdre ça et là dans ce terrifiant labyrinthe, poursuivie par un tueur fou. « Si ça peut te rassurer moi non plus, c’est bien la première fois que je fais ça. » Un bref clin d’œil et un geste de la main en direction de l’ascenseur. Ca ne servait à rien de s’éterniser dans le Hall, parce que bon, mine de rien, les baies vitrées laissaient une jolie vue aux passants de deux filles qui trainaient là sans en avoir l’autorisation. « On ne peut plus seules, t’as de la chance que je ne sois pas une tueuse en série parce que là tu serais foutu. »

Ohana n’avait jamais dit que son humour était de qualité ou non douteux, ne possédant aucun filtre, elle était un moulin à paroles en véritable roue libre. « Allez viens, on va prendre l’ascenseur pour rejoindre les coins les plus intéressants ! » Notamment la pièce de shooting photo où trainaient pléthore d’accessoires en tout genre et des piles interminables de fringues. Dans de grandes enjambées, l’hawaïenne appela ledit ascenseur et coula un regard curieux en direction de la blonde. « Et si ça peut te rassurer… T’es magnifique dans cette tenue. »

ohana & ruby

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"L'endroit a beau paraître froid, je me sens bien plus à l'aise avec la situation que je pensais. J'aurais cru être plus stressée, plus anxieuse à l'idée de me retrouver seule dans une agence de mannequinat avec une parfaite inconnue, mais pas du tout. Advienne que pourra, c'est ça l'expression ? « Tu m'étonnes.. » je réponds en rejetant une nouvelle fois un regard à sa tenue, qui en réalité, lui va à merveilles. « Tu dois être au niveau zéro du confort, là. Mais faut dire que ça te va très bien. » Je tente de ne pas le penser trop fort, et pourtant, force est de constater que les talons et le tailleur de la belle brune la mettent parfaitement en valeur.

Je détache enfin mes yeux d'elle, parce que je ne peux pas la fixer tout le long avant que cela devienne creepy, et balaye la pièce du regard, quelques doigts accrochés à la bretelle de mon petit sac à dos. « Rien ne me dit que l'ascenseur ne va pas me mener dans une pièce sombre pleine d'instruments de tortures. » Mes lèvres s'étirent en un sourire, je penche un peu la tête sur le côté et soupire brièvement. « Bon, foutue pour foutue. » Et je prends les devants vers l'ascenseur, gambadant presque jusqu'à lui tellement ma démarche est enjouée. « Les coins les plus intéressants, uh. Si on file un peu la métaphore du tueur en série ça n'a rien de rassurant pour moi. » Je suis loin de douter de la jeune femme, je sais très bien qu'il n'y a rien de mal veillant dans la soirée que nous nous apprêtons à passer. Au pire, je risque simplement de passer un awkward moment, mais qu'est-ce que sont quelques heures dans une vie, hein ? J'ai besoin de m'amuser un peu, de profiter plus de la vie que je ne l'ai fait ces derniers temps. Entre le boulot et ma chaîne youtube, je charbonne, et je me dis que si j'ai croisé le chemin de Ohana maintenant, ce n'est pas pour rien.

Le sourire formé par mes lèvres rouge pupute s'élargit lorsque j'entends son compliment, et je fais un pas dans l'ascenseur qui vient de s'ouvrir, et replante mon regard dans celui de la chasseuse de têtes. « Hâte de voir les surprises que tu me réserves. » Je n'ai vraiment aucune idée de ce à quoi je dois m'attendre pour cette soirée, tout ce dont je suis sûre, c'st que je vais la passer en bonne compagnie.

ohana & ruby

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CC’était bien la première fois depuis quelques mois qu’Ohana ne s’était pas montrée aussi impatiente de découvrir quelqu’un. Les quelques personnes dont elle avait fait la rencontre ces derniers temps s’étaient montrés ennuyeux à en crever et elle avait dû, alors, se réfugier chez Johanna pour cesser tout harcèlement de la part de ses abjectes conquêtes. Non, cette Ruby, elle la sentait bien. Alors que les étages défilaient dans un silence des plus olympiens, l’hawaïenne rendit son regard à la blonde non sans lui offrir un sourire de ses fines lippes. « Crois-moi, ça vaut le détour. Tu peux trouver autant de merveilles que de choses ridicules sur les cintres. »

Elle se souvenait encore et toujours des ridicules tenues qu’elle avait dû porter lors de nombreux défilés où il était parfois impossible de garder son sérieux tant sa dégaine était on ne peut plus débile. Parfois, elle se demandait ce qu’il se tramait dans la tête des créateurs et s’ils ne prenaient pas de substances un peu trop fortes pour leur pauvre cerveau. L’ascenseur leur fit comprendre qu’elles étaient parvenues à destination en une poignée de secondes et Ohana vint délicatement saisir la main de sa future conquête pour lui faire découvrir le dédale de couloirs que comprenait l’étage. « Welcome in paradise Miss Ruby. » Un clin d’œil à son attention avant qu’elle ne l’entraîne là où le spectacle aurait lieu.

Parmi les dizaines de couloirs qui habillaient le bâtiment se trouvait une large salle aux murs d’un blanc éclatant où s’entrecroisaient modèles de dessins et photographies de mannequins. On ne comptait plus le nombre de portants qui cachaient la majorité des murs, ni même les montagnes de vêtements à peine rangé que vomissaient les caisses et autres armoires. Et parmi tout ce bordel trônait le drap et les parapluies permettant les shootings pour présenter les nouvelles créations et les nouvelles arrivées dans l’équipe de mannequinat. Elle en avait passé des heures ici, Ohana, à poser jusqu’à en avoir des crampes. « Ready to be fabulous ? »