Je traverse la salle enfumée du bar en évitant la main d'un type sans ivre et poudré des narines façon top model des années 2000. Je tente bien de lui jeter un regard très noir, mais cet idiot est trop torché pour s'en rendre compte et ne me réponds que d'un rire gras.
Mais non ça ne peut pas être moi qui manque d'autorité, quelle idée stupide. Le vigile qui doit peser trois fois mon poids à l'aise se décale de la porte pour me laisser passer et je lui fais un sourire froid tout en dégainant la cigarette taille 100s que je tiens entre deux doigts.
Je fume des 100s parce qu'elles donnent l'impression que mes mains sont plus petites que réellement, si vous voulez tout savoir.
J'allume ma cigarette alors que le vigile – Davies ? … Ou Lawson peut-être ? Je les confonds toujours ces deux-là – reprend sa place devant la porte. Vu l'heure avancée de la nuit, il doit être trois ou quatre heures du matin, personne ne veut entrer, la soirée est trop avancée pour qu'il se passe encore des choses intéressantes.

Je me pèle dans ma superbe robe lamée avec une fente sur la cuisse, et je parle même pas de mes escarpins que j'ai envie de jeter dans l'égout malgré leur prix prohibitif tellement ils me font mal. Je me redresse en voyant une silhouette approcher, parce que je la reconnais, et qu'il est hors de question que j'ai l'air fatiguée.

« Tiens. T'es pas encore couché, toi ? »

Davies-ou-Lawson toussote dans mon dos, sans pour autant attirer mon attention, tandis que je souffle ma fumée en détaillant du regard Tom.

La lourde veste de flic sur les épaules, le nez plein, tu renifles en avançant dans la ruelle, les yeux cerclés de rouge de ceux qui bossent de nuit et dont le corps n’accepte plus les contraintes physiques. Au bout du bras pend un sachet contenant la ration qui te permettra de survivre à la fin de la nuit – bouteilles de boisson énergisante, de bouffe trop sucrée qui te donnerait un coup de fouet et des trucs trop gras pour te remplir le bide. Ton coéquipier attend quelque part dans la voiture, perdu dans candy-crush ou probablement un jeu dans le genre. Les appels du dispatcher s’étant calmés, vous n’aviez pas besoin de vous précipiter vers une rue et la patrouille pouvait bien se justifier à pieds si on vous posait trop de questions.

Tu passes devant une boîte de nuit où, étant donné l’heure, tu risques plus de croiser des saoulards en fin de vie que des gars prêts à profiter de la nuit. Un regard vers le vigile qui fait un bref signe de tête et un autre vers la pute en talons hauts qui souffle sa fumée vers toi, tu plisses les yeux. « Hep. T’as pas encore les jambes écartées dans le lit d’un vieux con ? » Tu glisses ton sachet au poignet et extirpe une des canettes que tu ouvres.

Habituée à repérer les voitures de police, je cherche du regard celle dont Tom vient sans doute, sans la trouver ; ils doivent être garés plus loin. Bien sûr que le fait qu'il s'arrête pour causer – ou m'emmerder, pour lui de toute façon c'est pareil – me flatte l'ego, parce que je me berce d'illusions en me disant qu'il ne le fait pas avec tout le monde.
J'ai toujours eu une imagination féconde.

« Non », je ris légèrement, fragmentant ma fumée de cigarette, et notant que Davies/Lawson n'a pas bougé : il défend le club cet homme, ma dignité il s'en fout total. « Tu es candidat ? »

Je jette un regard pile entre l'intérêt et le mépris à la canette qu'il tient dans les mains, me demandant ce que c'est encore que cette horreur, et me faisant la réflexion que j'y goûterais bien. Je tire de nouveau sur ma cigarette :

« Tu termines à quelle heure ? On petit déjeune ensemble ? »

« Je passe pas après quelqu’un d’autre chérie. » Tu prends une gorgée qui se veut inspirée mais le sucre saturant tes papilles te fait presque grimacer. Tu retiens le rictus d’un sourcillement un peu faux et un clin d’œil trop appuyé. « Normalement 8h, peut-être plus tard selon les rapports. Tu paies le p’tit déj’ ? » Le témoin passif de votre échange ne bouge pas, à croire qu’il est passé dans une autre dimension, l’esprit focus sur un autre plan pour le protéger de toutes les horribles choses de la nuit. Tu reprends une autre gorgée, tu transvases la canette de paume puis tu tends l’autre main. « Laisse-moi tirer une taf’, j’ai pas de clope sur moi. »

Je roucoule un rire en l'observant alors qu'il m'insulte le plus tranquillement du monde – je trouverais un moyen de lui faire payer de toute manière, plus tard – note machinalement qu'il n'a pas l'air d'avoir choisi sa boisson préférée.
Les mecs, c'est toujours un peu stupide, c'est pour ça que je les aime bien.

« Je travaille ce soir, personne n'est passé avant, mais tant pis pour toi ! »

J'ai sérieusement froid, frotte la peau tatouée et dénudée de mon bras ; le vestiaire de ce bar est vraiment mal placé pour les pauses clopes ! … Je hausse des sourcils :

« Attends tu vas me faire croire que tu écris toi-même les rapports ? Oui, je peux payer le petit déj, j'ai eu plein de tips ce soir. »

Je lui souris, tends ma cigarette, volontiers partageuse :

« Tiens. Fais-moi goûter ton machin, là, t'as l'air de trouver ça dégueulasse et ça m'intrigue. »

« Si y a personne, on aura toute la matinée avant que je m’écroule. »Tu reprends une gorgée en reniflant salement, le genre de bruit dégueu qui fait grimacer ta mère qui te met une tape derrière la tête. T’es le seul mec de la fratrie mais t’as bien l’intention de garder la palme. « Ouaip’, même que parfois je relis ceux des autres pour les corriger. » Un rire éclot dans ta gorge pour se réverbérer dans tes dents. L’insulte t’effleure à peine et ne te blesse pas. T’as même pas de réaction lorsque Liberty fait mine d’avoir froid. « Parfait. Tu m’enverras l’adresse par sms. » L’échange se fait rapidement, tu prends la clope que tu coinces entre tes lèvres et de l’autre tu lui tends la canette, le sachet bruissant des autres produits.

Tu tires plusieurs tafs, la fumée s’évaporant en volutes vaporeuses par tes narines et tu lui rends. « Putain, t’es obligé de prendre des clopes de tapette ? T’as pas assez déjà en te trimbalant comme une pédale en manque ? » Tu sors une barre énergisante de ton sachet et tu l’ouvres avec les dents.

« Tom, tu es dégueulasse, j'espère que tu le sais. J'espère que tu vas choper une sinusite avec tes conneries. »

Je lui adresse un regard plein de jugement mais je suis sûre que cet abruti ne comprendra pas ce qui m'agace autant dans son comportement. Bon et en plus il échappera certainement à la sinusite comme tous les porcs de son espèce, quel malheur.
Je souris, une lueur amusée et un rien coquine dans l'oeil :

« Vantard. »

Je goûte la boisson qui est d'un goût chimique typique des boissons énergisantes, à croire qu'ils ont passé tout le marketing dans le design et ont totalement oublié de rendre ça buvable, et j'ai comme l'impression que ce fichu vigile dans mon dos a dérivé de ses pensées profondes et écoute notre conversation.
Je ne me démonte pas pour autant, léchant mes lèvres.

« Une pédale en manque ? Pourquoi tu es aussi dur avec toi-même ? Qu'est-ce qu'il y a, t'as pas ton coéquipier préféré, c'est ça ? »

« Tant que je chope pas tes mst, je peux bien choper une sinusite. » Tu lui offres un sourire plein de dents, ton regard dérivant sur les formes nues de Liberty, le regard appuyé, peu concerné par le jugement ou le reproche qu’iel essaie de te faire subir. « Non, je dois supporter ta présence, ça me frustre, le bon sens disparait à chaque fois que t’es dans le coin, c’est dingue. Mais t’inquiète pas chérie, y a des médecins très bien pour les gens comme toi, ça s’appelle des psys. » Tu mords énergiquement dans ta barre que tu mastiques un moment. « Dommage que les thérapies à électrochocs n’existent plus, ça aurait sûrement servi à quelque chose avec des mecs comme toi. » Tu tends la main pour récupérer ta boisson.

« ça fait mal une sinusite, je ne suis pas sûre que tu saches supporter ça », je fais remarquer d'un ton badin en observant la fumée de ma clope de tapette qui s'élève dans l'air froid.

Sa réflexion m'agace légèrement, parce que je ne vois pas ce que les psy ou le bon sens ont à faire dans cette conversation, mais avant que j'ai le temps de commenter, il enchaîne en parlant directement d'électrochocs.

« Ah oui, carrément ? C'est toi qui aurais été un peu déçu, tu ne crois pas ? »

J'ai jamais caché, enfin plus depuis la réunion des anciens du lycée où je me suis pointée en full drag parce que marre des cons qui avaient pourri une partie de ma scolarité que Tom a quelque chose qui me plaît.
Oui, bon, je ne suis attirée que par les connards et les mecs trop gentils me fatiguent vite. Du coup Tom sait merveilleusement bien attirer mon attention, ce dont je me venge en étant parfaitement chiante avec mes airs de princesse des glaces.
Je reprends ma cigarette en résistant héroïquement à l'envie de le brûler.

« T’inquiète, je saurais où fourrer ma bite pour me réchauffer le reste du corps. » Tu lui fais un clin d’œil lourd, un sourire trop large ornant tes lippes. T’es content de toi et peu importe que le vigile soit là en spectateur désœuvré, t’as la supériorité de l’uniforme et lui n’est qu’un pauvre gars pas assez payé pour faire le planton dans une ruelle dégueulasse. « J’aurais trouvé d’autres filles faciles, t’inquiète pas pour moi, chérie. » Tu prends quelques gorgées et tu laisses un fond dans la canette que tu écrases dans ton poing et balance en direction d’une poubelle sans faire attention où elle peut atterrir. « Fais pas la tête, minette, t’étais moins mignon quand tu assumais ta bite. »

Je lui adresse un regard en coin qui veut dire « non, sérieusement ? » parce que je ne vois pas le rapport entre une sinusite et sa bite ; mais après je crois que c'est l'un des majeurs centres d'intérêt de Tom...
Je trouve qu'il a raison.
Je l'aime bien aussi, sa queue, après tout.

« Je ne suis pas une fille facile », je fais remarquer en terminant ma cigarette, écrasant le mégot en froissant le filtre sans niquer mon vernis à ongles au passage. « Je sais », je réponds gracieusement dans un haussement d'épaules, et je vais penser à rentrer sinon c'est moi qui vais la choper, la sinusite. « Bonne soirée, emmerdeur,je te passe un texto demain. Et si tu me réponds pas, je viens te chercher par la peau du cul, t'es prévenu ! »

Je suis une reine, et on ne fait pas attendre une reine ! … Princière, je m'éloigne et rentre dans le club, et quelques heures plus tard, je tiens parole, mais je pousse le vice à appeler directement sur son téléphone :

« Alors, tu dois faire semblant de savoir lire ou pas ? … », je demande en observant mes ongles, impérieuse et le regard caché derrière une paire de lunettes de soleil malgré un temps parfaitement maussade.

La nuit n’est pas spécialement agitée mais la fatigue pèse lourdement sur tes épaules alors que tu finis de taper quelque rapport abscond pour l’équipe de jour qui n’ira même pas le lire et qui finira dans les archives du commissariat, puis disparaîtra dans un broyeur. L’appel te fait soupirer et sous le regard goguenard de ton co-équipier en train de finir son collier de trombones, tu décroches. « Ouais, ça fonctionne bien jusqu’ici. Toi par contre t’as pas l’air de savoir écrire. » Tu retiens le pétasse qui pend aux lèvres. T’as envie quand même de finir ta nuit entre ses reins plutôt qu’au milieu de draps réchauffés par toute la vodka que tu auras ingurgité pour t’aider à t’endormir. « Bon, t’es où ? Je peux pas être là avant une demi-heure. Y a pas moyen d’aller directement chez toi ? » Tu fais signe à ton co-équipier de s’en aller alors que tu te lèves en t’étirant, la langue encore lourde de tout le sucre que tu as ingurgité. Tu te diriges à grands pas vers les vestiaires pour au moins déposer la lourde ceinture et le talkie.

« J'avais la flemme », j'explique d'un ton joyeux, exactement comme s'il n'avait rien d'autre à foutre que de décrocher à mes petits appels intempestifs.

Hé chacun fait ce qu'il peut pour se donner l'impression d'avoir du contrôle ! … Je regarde ma montre, soupire avec impatience :

« Quelle idée d'avoir un boulot aussi chiant que le tien. Non je ne veux pas manger chez moi, je veux un vrai petit déjeuner, je te connais tu vas pas me laisser manger si on va chez moi directement. Connard  », je souffle haineusement, à l'intention d'un passant qui me regarde avec une drôle d'allure : tu m'étonnes, tiens. Je reprends : « Ou alors je prends un truc à emporter et tu n'as qu'à me rejoindre chez moi. Tu te rappelles de l'adresse, j'imagine ? »

« La flemme ? T’as qu’à passer moins de temps à te peinturer la tronche, ça te pèsera moins lourd. » Tu renifles dédaigneusement en ouvrant ton casier. Tu coinces le portable entre ton oreille et ton épaule et tu t’occupes de décrocher tout ce que tu n’as pas à ramener chez toi. « Tu pourras manger autre chose si on va chez toi. » Tu ricanes bêtement. « Prends ce que tu veux pour moi. Ouais, je sais où tu habites, j’ai tes clefs. » Tu raccroches sans attendre de réponse. Tu fais passer rapidement un gros pull par-dessus ta tête et tu vas déposer ton flingue à l’armurerie.

Le trajet est long, partiellement à cause des bouchons provoqué par les travailleurs de jour et tu laisses la musique à fond pour te garder éveillé. Tu n’attends pas de qu’on vienne t’ouvrir après avoir pourtant explosé la sonnette pour te manifester et tu entres sans honte dans l’antre du démon. Tu ignores comme d’habitude la trace des autres locataires de l’appartement et te précipite vers le sachet pour fouiller à l’intérieur. « Putain, j’ai la dalle ! »

« Tom, mes colocs », je soupire en le laissant passer, dans un de ces refrains dont je me lasse pas quand il est là.

Des fois je me dis que c'est bien dommage qu'il me plaise autant parce qu'il est aussi sacrément énervant ce con-là. Je referme la porte, sans notifier que la plupart de mes colocs sont déjà partis pour la journée d'après ce que je sais, et me fais la réflexion vague qu'il faudrait que je reprenne mes clés, un jour.
Je sais déjà que je vais « oublier » cette résolution.

« Tu as une tête horrible », je fais remarquer, tout en ralliant la table et ma tasse de thé déthéiné, déposant un mug Superman devant lui : « Café ? Il y a des tas de trucs à manger là dedans, prend ce que tu veux. »

Je m'appuie contre un plan de travail une jambe croisée sur l'autre, et je sais que l'effet est superbe parce que je porte toujours ma robe fendue parfaitement indécente.

« J'ai croisé Karen l'autre jour », je badine. « Tu sais la rousse stupide que t'a accompagnée chez ses parents un dimanche de galère. »

Mon regard luit sans doute de méchanceté ; pas ma faute si Karen était agaçante quand même.

Tu ignores le soupir et tu prends la tasse tendue. « Je savais pas que tu gardais des tasses à mon effigie. » Tu tapes sa cuisse nue en lui faisant un clin d’œil et tu fouilles dans le grand sac pour sortir muffin, petit pain rond tartiné et compagnie que tu t’enfiles comme si tu n’avais pas déjà mangé il y a quelques heures. « Merci, ça nous fait nous ressembler un peu. » La bouche pleine, tu postillonnes en te rapprochant d’elle. Tu prends une gorgée de ta tasse, la pose à côté de son cul et attrape la sienne pour goûter, laissant probablement quelques morceaux de muffin dedans. « Putain, meuf… tu peux pas prendre des produits consommables ? » Tu recraches ce que tu n’as pas avalé dans l’évier et tu t’appuies, les hanches sur le comptoir, en mastiquant bruyamment. « Ouais ? Quoi Karen ? Elle est dispo pour un quickie ? »

« Tu ferais un Superman détestable », je réponds automatiquement, avant de relever le menton en vraie dame, ou presque.

Je suis super fatiguée après une nuit d'organisation et la séance de rangement avec deux trois vigiles certes costauds mais qui ne font pas la différence entre du cobalt et de l'outremer, ce qui a rendu certains rangements compliqués.
Difficile d'être comprise de tous, décidément. Tom me sort de mes pensées moroses en me frappant la cuisse, et je fais la moue ; j'ai la peau qui marque vite et je vais voir une trace rouge du plus vilain effet pour quelques minutes.

« Sale brute. Et je suis superbe, moi. »

Je croise les bras sur une poitrine inexistante.

« Oh je ne crois pas qu'elle ait envie de te reparler. Mais si tu veux la revoir il y a une petite vidéo d'elle très intéressante sur Pornhub. »

Je souris, toute satisfaite.

« Tu détestes tout le monde alors ton avis ne compte pas », je réponds en observant mon maquillage dans le reflet vague de la vitre du micro-onde.

C'est pas avec ça que je vais vérifier si je suis ridicule ou pas, mais très franchement je connais trop Tom pour réellement le croire. Et puis ma phrase précédente s'applique parfaitement à ce moment-là aussi.
Je lui lance un regard fatigué alors qu'il me donne – l'inconscient ! – son téléphone.

« T'es vraiment un cas, je te jure, est-ce que ça t'arrive de penser avec autre chose que ta queue, juste... deux minutes ? »

J'ai vraiment des doutes. Cela dit il doit avoir la ruse des prédateurs primitifs parce qu'il me laisse pas bien longtemps avec son téléphone dans les mains, et je n'ai pas le temps de fouiller dedans. Fff. J'ouvre le navigateur, ne proteste pas au contact de sa main même si elle remonte de plus en plus :

« Tu penses avoir besoin de te mettre en appétit ? »

Je tape deux trois mots clés, cherche la vidéo que j'ai posté précédemment – évidemment que c'était moi, haha !

« Et je suis très flattée », je ris tout en terminant ma recherche, et attendant que son téléphone charge ; détail désespérant il est branché au wifi de la coloc. Je me demande vaguement si mon téléphone est connecté chez lui, je ne me rappelle pas. « ça, c'est très vrai. »

Il fréquente effectivement des abrutis, et les mauvais jours, je me comprends dedans. Je ne suis pas dans un mauvais jour toutefois, et mon cœur bat sourdement quand je le sens déposer un baiser un rien trop mouillé à l'endroit dans le cou que j'aime bien.

« Mais si je suis réceptive, c'est toi qui es impatient, comme d'habitude. Tiens », je lui rends son téléphone avec la pointe de regret de n'avoir pas fouillé dedans, glissant la main sur lui en récompense de ses gestes.

« Oh non je pense que tu dis ça juste pour me faire chier », je réponds, après une énième contemplation de mes ongles, qui ne sont toujours pas abîmés.

Je hausse des épaules, relevant le regard sur Tom qui se déshabille en foutant ses fringues exactement comme s'il était chez lui – qu'est-ce qu'il peut m'agacer ! – faisant semblant de réfléchir :

« Juste elle. Il faut dire qu'elle m'a cherché, elle m'a demandé des pompes qu'elle a perdu comme si c'était moi qui avais pu les récupérer... Enfin des histoires de gonzesses. Ramasse tes chaussures s'il te plaît », je commande tout en le tirant vers moi par la ceinture ouverte, verrouillant le téléphone sans peine en trouvant le bouton sur le côté.

« Tu sais très bien que tu es parfaitement doué pour être chiant », je réponds, le regard noircissant sans doute à cause de l'excitation.

C'est la faute de son corps qui se rapproche du mien, et le fait que j'ai tendance à en sentir déjà la chaleur contre ma peau, ce qui me fera pas de mal ; j'étais franchement pas assez habillée pour une soirée new-yorkaise de fin novembre, moi.
Mes mains glissent contre ses épaules, une d'elle remonte contre sa nuque, se serre sur ses cheveux, l'encourageant à relever la tête comme il le fait. Je tire probablement un peu trop sur les petits cheveux sensibles de la nuque en faisant ça.

« Je trouverais bien un truc tordu. »

Je lui mords délicatement la lèvre, puis l'embrasse.