Les cartons qui s'amoncellent dans un coin de la chambre d'ami.e.s, Izzy s'était installée vingt minutes plus tôt, dans cette fameuse chambre pour faire du tri, les dessins d'enfants qu'elle met dans une boîte, les cahiers et autres joyeusetés qu'elle met dans un sac poubelle, elle passa le revers de sa main sur son front pour éponger la sueur qui perlait, à chaque mouvement qu'elle faisait, une nouvelle perle de sueur apparaissait et elle se demandait réellement comment elle allait faire pour survivre cet été si jamais il faisait encore plus chaud. Elle détestait ce climat, détestait la chaleur, si ça ne tenait qu'à elle, elle serait partie vivre dans les pays froids jusqu'à ce que la météo soit supportable à New York, mais elle aimait trop la ville, adorait le fait qu'elle puisse voir son filleul dès que cela était possible et surtout, la brune adorait sa colocation avec Reagan. Elle avait eu mal au coeur quand Blaise et Candace avaient décidés de partir, mais au fond, cela aurait été égoïste de les faire rester. Ses post-it à la main, elle annotait absolument tout ce qui lui passait sous la main pour ne rien jeter de compromettant, pour ne pas faire de boulettes et quand elle en eut assez, elle se leva pour aller se servir une boisson fraîche et allumer le ventilateur pour s'échouer devant, envoyant un message à Reagan pour savoir si elle rentrait pour le dîner. Cela faisait quelques temps qu'elle ne l'avait croisé que le matin, de la faute aux heures supplémentaires qu'elle s'imposait pour vider sa classe et ne pas avoir à tout faire une fois l'école fermée et aux soirées qu'elle passait avec le scooby gang pour ne pas se laisser aller à des pensées qui dérivaient forcément vers Rhys. Rhys qui avait disparu de la surface de la terre, Rhys qui ne venait plus chercher Ella à l'école. Rhys qui n'était simplement plus là, les premières semaines elle avait regardé d'un oeil attentif les avis de décés, consciente qu'on ne la préviendrait pas. Parce qu'elle n'était rien aux yeux du monde. Elle n'était rien aux yeux de la famille de Rhys, mais son nom n'était jamais apparu, alors elle s'était simplement dit qu'il avait décidé de l'éviter, elle avait toujours fait des détours quand ils se retrouvaient dans le quartier du Chillingworth pour ne pas passer pour une stalkeuse si jamais elle le croisait, et puis la tristesse de s'être faites prendre pour une idiote avait fini par se transformer en aigreur et elle avait décidé de passer à autre chose, sans vraiment y parvenir. Un épisode de Abbott elementary en fond, elle prévoyait son week-end avec sa soeur, à base de crème glacée, de parc d'attractions et de pique-nique à Central park. Quand on toqua à la porte, elle souffla et cessa de bouger, peut-être qu'on penserait qu'elle n'était pas là. Mais le bruit de sa série la trahissait alors un nouveau coup se fit entendre, elle décida de se lever et attacha ses cheveux en un chignon rapide et lâche, histoire que la chaleur ne l'assomme pas totalement. Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle fronça les sourcils face à un ... bouquet de fleurs ? Elle secoua la tête et quand le bouquet de fleurs se baissa, elle ouvrit la bouche en forme de O, étonnée. « Rhys ? Qu'est-ce que tu fais là ? Tu t'es souvenue que j'existais ? Tu t'es dis que le ghosting c'était tendance y'a dix ans ? »

rhys ne pensait pas que son absence serait aussi longue. pour lui c'était le temps de quelques jours, de remettre un peu de "fraicheur" au sein même des bureaux de londres, juste le temps de dépanner et de trouver un remplacement pour venir prendre le relai. il ne pensait pas devoir rester aussi longtemps, abandonner ses proches pendant plusieurs semaines. le manque aurait d'ailleurs surement été plus simple à devoir gérer s'il avait été en mesure de pouvoir communiquer avec eux, enfin.. en mesure de communiquer avec elle. se faire voler son téléphone n'est pas une chose courrante pour rhys, encore moins de manière si soudaine et comme si quelque chose était contre lui, il fallait que son téléphone soit rangé dans sa malette qui elle aussi est désormais signalée disparue. adieu l'ordinateur portable, adieu les papiers pour l'hôtel.. tout ce qui devait lui facilité la vie disparue, y compris ses papiers pour rentrer au pays. la seule personne qu'il pouvait contacter -et heureusement- c'était sa mère, l'unique numéro de téléphone qu'il connait toujours par coeur après tant d'années. heureusement rhys pouvait prendre souvent des nouvelles de sa filleule, simplement lui dire bonne nuit ou encore qu'elle lui manquait comme une fille manque à son père. il a beau savoir qu'il n'est pas vraiment son père dans son coeur les choses sont totalement différente. la seule chose qu'il était capable d'apporter à isobel sont de nombreuses lettres auquelles il n'a jamais reçu aucune réponse.. pour la première rhys pensait que c'était surement une erreur, accusant la poste de faire un mauvais boulot. pareil pour la deuxième, gardant toujours une lueur d'espoir pour la troisième avant de se dire qu'elle devait définitivement en avoir marre de lui ou simplement ne plus avoir envie de ses nouvelles..

et pourtant, à son retour il est directement passé par chez ses parents, embrassant sa filleule avant de reprendre la route en direction de celle qui n'a pas quittée une seule seconde ses pensées. il se trouve stupide, même très con de ne jamais avoir eu le courage de le lui dire, de la regarder droit dans les yeux et d'admettre qu'il est totalement fou d'elle. tant pis si ce n'est pas réciproque, tant pis si elle a décidée d'avoir un autre homme dans sa vie. rhys à eu longuement le temps de réfléchir à ce qu'il voulait et être un lâche ne fait plus partie de ses plans. un bouquet de fleurs à la main, il prend une profonde inspiration avant de frapper une première fois à la porte, pour retenter une seconde fois lorsqu'il réalise que personnes ne semble vouloir ouvrir.. peut-être qu'elle n'est même pas là, peut-être qu'il va tomber face à l'une de ses coloctaires. et pourtant c'est avec un large sourire aux lèvres qu'il l'observe dans le creu de la porte -persuadé de lui faire la surprise de sa vie- mais, ce n'est pas vraiment l'effet qu'il lui fait visiblement. rhys sent comme l'effet d'une bombe dans sa poitrine.. et si elle était réellement passée à autre chose ? et si rhys ne lui avait jamais plu ? « isobel je.. » clairement, il ne s'attendait pas à cet accueil. il ne sait même plus sur quel pied danser, est-ce qu'il doit lui offrir les fleurs ou les manger directement ? le résultat serait surement le même. « j'étais à londres, ils avaient besoin d'aide pour les comptes et comme je connais londre comme ma poche.. » mais, isobel est surement déjà au courant de tout ça, rhys à déjà tout expliquer dans ses lettres, dans les moindres détails. il ne comprend donc pas vraiment tout ça.. est-ce qu'il aurait dit quelque chose de mal ? « puis avec tout ce qu'il c'est passé vraiment, j'étais impatient de rentrer.. tu m'as.. tu m'as vraiment manqué. » qu'il s'autorise à lui dire pas certain que cela lui fasse plaisir pourtant. « mais, je te dérange peut-être ? je ne savais pas l'heure exacte à laquelle je revenais. » vu comment son voyage était si mal organisé mais, heureusement maintenant tout est rentré dans l'ordre, bon il lui manque toujours un ordinateur portable et un téléphone mais, ce n'est qu'un détail.

Isobel avait longuement imaginé leurs retrouvailles. Durant les premières semaines, elle s'était dit qu'il avait peut-être cassé son téléphone, mais elle s'était dit qu'il aurait pu venir chez elle. Puis, elle s'était rendue à l'évidence qu'il ne reviendrait sûrement pas. Qu'il ne reviendrait pas, après un mois. Et elle s'était dit qu'elle méritait bien mieux que cela, quelqu'un qui fuyait sans la prévenir, l'art du ghosting dans toute sa splendeur. Alors elle avait abandonné l'idée de le voir revenir, elle n'avait pas imaginer le voir, là, devant sa porte. Avec des fleurs ? Elle n'en croyait pas ses yeux, si bien qu'elle clignait rapidement des yeux pour être sûre qu'il était bien là, en face d'elle. Et c'était le cas, le palpitant la malmenait et elle aurait bien besoin de s'asseoir mais ça lui aurait donné une occasion de rentrer dans son appartement et elle ne voulait pas être si faible. Elle avait longtemps fait preuve de couardise, mais elle avait décidé d'être forte. Plus forte que ça et tout les sentiments qui allaient et venaient dans son esprit. « Tant mieux pour toi, j'aurais pu te servir cette excuse aussi parce que je te rappelle que j'ai vécu à Londres pendant un an et demi. J'aurais peut-être pu te servir. Enfin... Non parce que tu n'as pas prit la peine de demander. » s'offusqua t-elle en regardant les fleurs puis le visage de Rhys. Et la colère qu'elle avait accumulé en elle se stoppa net quand elle entendit enfin ce qu'il venait de dire « Quelles choses ? Ella va bien ? » C'était la première chose qui lui vint à l'esprit. Ella. Cette petite fille si exceptionnelle qui avait en quelques sortes changer sa vie de la plus jolie et douloureuse des façons quand on y pensait. Elle regarda l'intérieur de son appartement, les fleurs qu'elle prit doucement des mains du londonien et elle lui permit d'entrer « Je te laisse une chance de t'expliquer. » prononça t-elle en entrant dans le salon, laissant Chaussette faire la fête à leur invité non espéré. « Je pensais que tu- je pensais que tu m'avais abandonné. » murmura t-elle en soupirant, éteignant de rage la télé qui régnait en fond. « J'ai cru que tu étais mort Rhys. »