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Jan & Sirius

@ Invité

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Mer 18 Déc - 0:17
Quelques mois plus tôt, Lyzianna Crowley avait parlé à Sirius d’un patient particulier pour lequel elle s’était pris d’une certaine affection, bien que professionnelle. L’homme l’a particulièrement touché et elle a alors demandé de l’aide au psychiatre, qui a accepté de le rencontrer. A vrai dire, Sirius n’en sait pas plus que ce que la blonde a accepté de lui dire et que ce qui est indiqué dans son dossier médical. Il a tenté de le joindre pour prendre rendez-vous, mais les semaines passant, il a fini par abandonner l’idée que le quarantenaire le recontacte, jusqu’à ce fameux jour où il l’a enfin fait… Un sourire s’était affiché sur le visage de Sirius, alors qu’il raccrochait. Mélinda lui avait passé la communication, chose qu’elle fait rarement. Et il était satisfait. Lyzianna aussi, serait satisfaite. Elle arrêterait peut-être de dire que le métier du jeune homme ne sert à rien, après ça…

Il est 18 heures quand l’homme se retrouve assis, face à lui, dans son bureau. Les présentations ont été faites, de manière assez sobre, comme toujours avec Sirius. « Le Dr Crowley m’a un peu parlé de vous, mais le mieux serait que l’on commence par ce que vous êtes prêt à dire, ce dont vous avez envie de parler. » C’est la base de la psychiatrie : ne jamais forcer un patient à se dévoiler trop vite, le laisser aller à son rythme, être seulement là pour l’aider, éventuellement le guider. « Sachez que j’étais très heureux que vous preniez rendez-vous. J’imagine que ça n’a pas dû être facile pour vous. » Il n’imagine pas, il le sait. Il le sait parce que quand lui a dû commencer à consulter suite au décès de Nyla… Admettre qu’il avait un problème a été la chose la plus compliquée.

@ Invité

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Ven 3 Jan - 19:43


first meeting
feat @sirius vandesky


Des semaines étaient passées depuis son rendez-vous avec le docteur Crowley. Plus d’un mois même et les coups de fils reçus par un psychiatre venant de sa part étaient restés sans réponse. Le numéro, il le connaissait par coeur à force de le voir sur l’écran de son téléphone. L’homme ne l’avait pas harcelé, loin de là mais quand un inconnu se présente comme psy et vous demande si vous pourriez le recontacter, ça vous reste en mémoire. Jan avait explosé la première fois, s’énervant sur lui-même et un sac de boxe à la salle. Il ne voulait pas en parler, en avait même voulu au docteur Crowley de s’être immiscée ainsi dans sa vie. Mais elle avait foutrement raison, il en avait besoin s’il voulait vraiment progressé. Même si l’opération se faisait, même s’il arrivait à avoir des aides grâce au travail de la chirurgienne, un nouveau corps n’allait pas soigner son esprit malmené. Ça serait stupide d’avancer qu’à moitié.

Jan avait pris des heures avant de composer le numéro de l’hopital, avait raccroché une fois avant d’appeler à nouveau. Le rendez-vous avait été pris assez rapidement, la voix de l’homme, posée, lui avait fait bonne impression. C’était important pour lui, les voix, ça reflétait beaucoup l’âme de la personne quand y pensait : le ton, la façon de choisir les mots, d’opter pour tel ou tel termes. Jan avait une sacré mémoire des voix, de la tessiture au vocabulaire préférée à défaut d’avoir une mémoire des visages. Ça lui était utile à l’association, il pouvait facilement être dans son bureau tout en reconnaissant qui était présent dans la salle principale.

Assis en face du professionnel, si le docteur Vandeski ne percevait pas son malaise, c’était qu’il avait besoin de lunettes. Jan avait les yeux légèrement fuyants, baissés depuis son arrivée. sa poignée de main avait été faible, tout comme sa voix. Lui qui avait toujours le sourire semblait perdu dans un orage.

- Non ça n’a pas été simple.

Répondre mot pour mot à ce que le psychiatre attendait, c’était une technique comme une autre. Le regard virevoltant à droite puis à gauche, il réussit à le poser sur l’épaule de l’homme en face. Il n’avait pas à le regarder dans les yeux mais au moins, ça faisait illusion.

- Je ne… Je n’ai aucune idée de comment ça se passe. Je n’ai jamais vu de psy, j’ai…

Se grattant la nuque alors que ses yeux papillonaient déjà, il eut un sourire difficile.

- J’ai refusé toute aide après l’agression.

Stupide de sa part, il le savait. Lui qui était le premier à dire aux jeunes de s’exprimer sur leurs maux avait été de ceux qui les fuyaient. Mais à l’époque et même maintenant, parler de ce qu’il avait subi, vu et fait lui semblait impossible

- Je sais, je suis con.

C’était plus simple d’en rire que de s’exprimer sur la raison d’un tel refus. Plus simple de se moquer de lui plutôt que de parler de qui il était.

@ Invité

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Ven 10 Jan - 19:46
« A vrai dire, il n’y a aucun mode d’emploi. » Il sourit, pour mettre son interlocuteur à l’aise, enfin un peu plus, essayer. De l’empathie, il en éprouve pour chaque patient. Il a envie que ça se passe mieux pour eux, de pouvoir les aider, même s’il sait que ce n’est pas toujours évident. Il prend la place du psychologue aussi, parfois, parce que pour lui, établir le diagnostic n’est pas suffisant. Aider les gens à s’ouvrir, à mettre des mots sur les choses, sur les faits, c’est une part de son métier qu’il apprécie, mais ce n’est jamais simple pour en arriver là. « L’erreur classique est de se faire une idée de comment devrait tourner la séance, et de croire que j’ai envie d’entendre telle ou telle chose. Donc enlevez-vous cela tout de suite de la tête. » Encore un sourire bienveillant, accompagné de gestes qui se veulent ouverts pour inciter à l’échange. Tous ses patients sont les mêmes à la première séance, enfin surtout ceux qui viennent un peu contre leur gré. A force, son discours commence à être rôdé.

« Con ? C’est ce que vous pensez vraiment de vous d’habitude ? » La question typique du psy qui vous fait réfléchir sur vous-même. « Parce que si vous voulez connaitre ma manière de voir les choses : il n’y a aucune stupidité dans le fait de refuser de l’aide. C’est un processus naturel qu’on fait tous. La durée dépend de chacun après… Le principal n’est-il pas d’être là aujourd’hui ? »

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Sam 11 Jan - 9:22


first meeting
feat @sirius vandesky

La remarque du psychiatre le fait sourire. Pas par moquerie, juste qu’il a raison et que Jan le sait pertinemment. Non il n’est ni con, ni stupide d’avoir refusé de l’aide tout comme il est conscient avoir dit non trop rapidement sur le coup. Lui qui a toujours été à réagir vivement, habitué à devoir prendre des décisions dans la seconde, a grandi à présent. Il sait qu’il a le temps, qu'ici, ni ses jours, ni ceux des jeunes qu'il aide en majorité, ne sont pas comptés. Qu'il a le droit, d'attendre avant de se décider. Si on lui avait proposé de l'aide maintenant, après 8ans, il n'aurait pas refusé aussi rapidement. Aujourd'hui en était la preuve, il avait mis des mois avant de se décider à rappeler alors que l'idée lui avait paru bonne lors du premier coup de téléphone.
Relevant les yeux, les mains toujours fermement tenus, il prit quelques secondes avant de répondre.

- Oui, c’est… C’est bien que je sois ici. Je sais que je ne suis pas con, juste que… Vous savez, parfois on se dit qu'on aurait du prendre telle décision au lieu de celle décidée sur le moment et....

Dodelinant de la tête, comme s'il réfléchissait intérieurement, il décrocha ses doigts les uns des autres pour se gratter une nouvelle fois la nuque. Il était angoissé, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Jan avait beau rester souvent silencieux, son corps et ses yeux criaient pour lui tout ce qu'il n'osait pas avouer. Pour ça qu'il baisse ses prunelles à cet instant, pour éviter d'être si facilement lu.

- Parfois je me dis que revenir en arrière, pour revoir ces choix serait une bonne idée, parfois… Je me dis que ce sont eux qui m’ont amené là où je suis.

Et sans vraiment attendre une autre question, sans vraiment prendre son temps en sentant l'aveu brûler sa gorge, le mexicain relève ses yeux pour reprendre la parole.

- Je les ai fait tuer. C'est comme si c'était moi qui avait tiré. Eugenia, Luis, Angel, Tania... Marco. C'est moi qui suis responsable de leur mort. M-moi...

Sa voix se brise sur le dernier mot. Le docteur Vandesky ne connait pas l'histoire mais au moins, il sait pourquoi son patient est venu le voir.

@ Invité

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Dim 19 Jan - 12:09
« Croyez-moi ou non, je sais exactement ce que vous voulez dire. »

Il ne peut pas développer davantage car ici, c’est lui le psychiatre et non le patient, mais lors de la mort de son épouse, Sirius aurait réellement voulu faire les choses autrement, prendre d’autres décisions. S’il avait été plus présent auprès d’elle et moins focaliser sur son internat, s’il lui avait demandé comment elle allait plus souvent, au lieu d’éviter tout dialogue trop profond qui lui rappelait ses journées au boulot… Ils auraient peut-être pu déceler la maladie plus tôt et elle ne serait peut-être pas six pieds sous terre aujourd’hui. Avec des si, on referait le monde, comme diraient certains, mais quand la culpabilité vous ronge, il est difficile de se faire à l’idée que certaines choses sont inéluctables.

Puis, Alejandro poursuit, le professionnel de santé restant silencieux pour lui laisser le temps. Il sait qu’il ne doit jamais brusquer les gens ou être trop insistant. Il est seulement là pour guider ses patients dans la voix de la guérison, faire un diagnostique à partir des informations récoltées, leur donner la prescription utile. Comme souvent, on ne lui donne qu’un bout de l’histoire, quelque chose de décousu. Il a pris l’habitude de jouer au puzzle mental, et cela ne le gène pas. Au départ, c’était compliqué à cause de son caractère très terre à terre, mais au fil des années et de l’expérience, il avait appris à se détacher de sa curiosité et développer son professionnalisme.

« Si un avion percute un oiseau en plein vol et que celui-ci décède sur le coup. Qui jugeriez-vous responsable : le pilote de l’avion ou le fait que l’oiseau soit un animal capable de voler ? »

Une question qui pourra peut-être paraitre déroutante pour le patient, mais la réponse pourra aider le brun. Si Alejandro répond ce que Sirius pense être la bonne réponse, alors il pourra s’appliquer la réponse à sa propre situation, et comprendre que s’il n’a pas appuyé sur la détente, alors ce n’est pas lui qui est responsable de la mort des personnes citées.

@ Invité

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Mar 21 Jan - 9:06


first meeting
feat @sirius vandesky


tw : évocation d'agression physique

Il relève à peine les yeux quand le psychiatre reprend la parole. Pendant quelques secondes, les mots lui semblent désuets, illogiques, se battant dans son esprit pour former une phrase compréhensible. Les émotions, quand elles le noient, le perdent toujours dans un passé auquel il n'aurait pas voulu penser. Mais s'il est ici, c'est bien pour aller mieux non ? Son opération, si un jour elle se passe, ne pourra pas l'aider si dans sa tête, il n'est pas soigné.

L’oiseau…L’oiseau est responsable.

Sauf que dans ce cas, c’est un peu différent. Les Los zetas sont si pervers qu’ils n’usent pas tout le temps d’armes à feu pour tuer leur victime quand un message est à faire passer. Non, ils font pires que ça, jouent avec les esprits des uns des autres pour que, si un survit, sa culpabilité n’en sera que décuplée. Jan ne sait pas comment Alberto s’en sort. Alberto qui lui aussi est resté en vie après ce massacre. Ils ne sont jamais revus, n’ont jamais repris contact. Comme si ils ne s’étaient jamais connus.

-Je ne pense pas que vous connaissez les Los Zetas mais… .

Rien que le nom du cartel lui arrache un soubresaut de terreur, comm un adulte enfermé toute son enfance dans un placard.

- Les plus faibles, ils les tuent à bout portant. Souvent ce sont les femmes après qu’ils…

Il s’arrête à nouveau, fermant les yeux pour chasser de sa tête les souvenirs des cris et le bruit des balles qui tintent encore dans son esprit.

- … Mais les autres… Les autres ils les obligent à se battre à morts. Entre eux.

Et c’est à cet instant que Jan relève les yeux, comme s’il criait au Dr Vandesky qu’il faisait parti des autres. Donc si, il est responsable. Pas de tout, mais d’une bonne partie.

@ Invité

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Mar 11 Fév - 8:25
L’oiseau est responsable. Sirius n’aurait pas dû être trop surpris par cette réponse, car ses patients sont loin d’avoir toujours les idées claires, ou en tout cas, peuvent ne pas avoir la même vision des choses que lui. Après tout, chacun fait évoluer sa pensée et sa vision de la vie en fonction de son vécu. Il n’est que trop bien placé pour le savoir. Le seul souci dans tout ça, c’est qu’il espérait prouver quelque chose, et qu’au final, ça va s’avérer impossible. D’un autre côté, cela lui permet d’analyser son patient, de comprendre le fond du problème.

Il ne rebondit pas, laissant son patient s’exprimer. C’est lui qui doit parler, pas le psychiatre. Sirius ne fait que boucher les trous, relancer la conversation quand c’est nécessaire, poser des questions qui peuvent l’amener à se dévoiler. Il n’est pas là pour juger, seulement pour aider. C’est ça, son travail. Peut-être pour ça d’ailleurs, que Lyzianna Crowley pense que son boulot ne sert à rien ; sauf que lui sait que c’est pertinent.

Les Los Zetas, lui non plus n’aime pas ce nom et il tente de ne pas montrer ses émotions à l’entendre. Ca lui donnerait des frissons dans le dos, et la suite de l’histoire aussi, car s’il manque encore des morceaux au puzzle, l’image globale qu’il commence à avoir de la situation est digne d’une scène d’horreur, pire qu’à glacer le sang. Il devra sans doute en parler lui-même à son propre psychiatre, pour éviter que ça ne vienne hanter ses propres nuits. Le problème d’être une éponge qui absorbe les sentiments des autres, trop sensible depuis l’événement tragique, six ans en arrière, quand on est psychiatre.

« Croyez bien que je ne cherche pas à minimiser l’horreur de ce que vous avez pu vivre. » Il marque une pause, cherchant les mots les plus adéquats afin que l’homme ne se renferme pas. « Les horreurs que vous avez vécues, elles resteront à jamais gravées en vous. Il n’y a pas de remède miracle pour les faire disparaitre. Je ne pense pas que vous soyez là à la recherche de médicaments qui vous feraient tout oublier, et je ne suis pas ce genre de psychiatre qui fournit des ordonnances si cela peut être évité. » Il tourne autour du pot, comme souvent. « On ne peut qu’essayer d’aller de l’avant. « Accepter » le passé et s’en servir pour se reconstruire. » Plus facile à dire qu’à faire. On pourrait clairement lui rire au nez après ça.

« Détrompez-moi s’il le faut. Vous avez fait cela pour survivre ? Parce que vous y étiez ‘obligé’ ? » Il reprend volontairement les termes de son patient. « Y a-t-il une seule seconde où vous avez ressenti un quelconque plaisir ? »

@ Invité

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Ven 28 Fév - 21:13


first meeting
feat @sirius vandesky


Il ne quitta pas des yeux le Dr Vandesky, écoutant attentivement ses mots. À cet instant, Jan avait l’impression de n’être qu’un enfant à qui on expliquait la définition réelle de culpabilité. Il la connaissait pourtant, mais de là à se l'approprier...Quand il tentait d’être logique, le mexicain réussissait à mettre ses actions dans des cases et jamais ce qu’il avait du faire n’était dans celle du choix. Pourtant, il n’était pas humain pour rien et les émotions le submergeaient toujours quand il commençait à s'en sortir.  Jan avait besoin d'aide, d'être amené à la même conclusion qu'il se faisait seul mais en y étant maintenu. Sans ça, il dériverait toujours ailleurs et ne s'en sortirait jamais.

- Jamais. Du dégout, de la honte, de la panique, beaucoup de colère mais jamais… jamais de plaisir.

Il en avait vomis pendant la soirée, sous la rage, la peur, la douleur aussi, comme tout ceux à ses côtés.
Se frottant les yeux pour essuyer les quelques larmes naissantes, il se sentait si vulnérable ici, entre ces quatre murs, qu'il ne savait trop comment continuer.

- Je ne sais pas comment....

Il s’arrêta, même pas sûr de ce qu'il voulait demander au psychiatre. Cet homme devait en entendre tellement tous les jours que l'idée de lui rajouter une couche sur le dos ne plaisait pas à Jan, métier ou non.

- Je crois avoir fait mon deuil mais….Tout ce qui a englobé cette nuit, je… Je ne sais pas comment soigner la douleur. J’y pense tous les jours vous savez… À cause des cicatrices. Tous les puta de jours, j’y repense et une fois par semaine au minimum je fonds en larme comme un gamin...!

Le rire sonne faux, presque méchant contre lui-même, moqueur alors qu'il n'a pas d'autre choix que de se laisser aller à la tristesse et à la colère quand les émotions prennaient le dessus.

@ Invité

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Dim 15 Mar - 10:56
Sirius est presque satisfait d’entendre les paroles de son patient. Il le sent honnête quand il dit n’y avoir pris aucun plaisir et c’est ce qu’il avait besoin d’entendre, en tant que psychiatre, pour dire que l’homme n’est pas un psychopathe mais bien une victime. Et puis, c’est le genre de chose que tout homme a besoin de dire à voix haute pour comprendre qu’il n’est qu’une victime. Le psychiatre baisse toutefois les yeux, touché par la violence des mots. Il n’est pas insensible le brun, il ne le sera jamais. Pour autant, il reste fort et quelques secondes plus tard, il est capable de relever les yeux.

« Ce que je vais dire va vous sembler impossible, mais je vous assure pourtant que ça l’est. Il va falloir réussir à vous pardonner. » Il marque une courte seconde de pause. « Tant que vous n’y parviendrez pas, la douleur ne partira pas. »

Et il en a lui-même fait les frais avec le décès de sa femme. Le sentiment de culpabilité était particulièrement fort les premières années, le fait qu’il aurait dû savoir pour son cancer… Puis, lorsqu’enfin il s’est fait une raison, ça s’est comme envolé petit à petit. Il ne se souvient plus exactement à quel moment le déclic s’est fait. Est-ce une parole d’un de ses proches ? Une discussion lambda ? Ou peut-être même juste un rêve ? En tout cas, il a pu réapprendre à vivre, même si ça n’efface rien.

« Ce que vous avez vécu me semble être lié à l’instinct de survie, qui comme vous le savez peut-être est dépendant de notre volonté. Nos instincts primaires prennent comme le contrôle de notre corps et de notre esprit, ne nous laissant plus que spectateur de la réalité. Et malheureusement, tout ce qu’il reste ensuite est la conscience qui nous renvoie notre culpabilité en pleine figure. »

On peut sentir une certaine pointe de tristesse dans sa voix, signe d’un vécu encore trop présent. Il griffonne quelques notes sur son carnet.

« Je ne sais pas si vous êtes adeptes de la lecture mais certains patients trouvent cela bénéfique. Je pourrais vous conseiller certains ouvrages, si vous le souhaitez… »

Un titre de plus lui vient et il le note une nouvelle fois. Une histoire vraie d’une mère qui a fait dû faire le pire pour protéger son fils. Il ignore si l’homme face à lui souhaite lui en dire plus sur son vécu, son ressenti, alors Sirius s’impose le silence pour le laisser continuer s’il en ressent le besoin.

@ Invité

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Dim 15 Mar - 19:16


first meeting
feat @sirius vandesky


Il n’avait pas relevé les yeux, les dires du psychiatre écoutés attentivement malgré sa posture. Le sentiment de culpabilité était toujours là, toquant à sa porte quand le mexicain ne s’y attendait pas. Et même si les mots du docteur Vandesky semblaient logiques, Jan ne voyait pas comment faire. Chaque jour, son corps le renvoyait à ça. Chaque matin, quand il se réveillait auprès d’Aran, il paniquait à l’idée d’y trouver un cadavre à la place du vénézuélien. Chaque nuit, il se réveillait en sursaut, se blottissant comme un enfant dans les bras de son ami en espérant que ça le protégerait des cauchemars. Chaque jour, chaque matin, chaque nuit. Il n’était jamais apaisé malgré le sourire rayonnant et l’air heureux qu’il laissait voir. Il l’était, heureux, mais ce bonheur était toujours entaché par cette culpabilité lancinante qui lui laissait croire que tout ça, il ne le méritait pas. Qu’il avait arraché des vies pour pouvoir entendre les enfants rire à ses blagues, qu’il avait détruit des existences pour boire un verre avec Alej’, qu’il avait fait couler le sang pour embrasser la peau sombre d’Aran Pérez. Il se détestait, c’était ça le problème. Alejandro Estrella se détestait et c’était sa propre image de lui qu’il allait devoir guérir pour que la culpabilité disparaisse.

Acquiesçant sans réussir à regarder le professionnel, en entendant parler de survie, il avait cette amère impression d’avoir du réagir comme un animal. Et ça avait été le cas, pas au début mais à la fin. Quand il avait vu Marco s’effondrer, quand il avait compris que ça ne servait plus à rien d’essayer de faire semblant et que los zetas les tueraient qu’importe la conclusion de leur petit jeu. La survie, Jan avait l’impression que c’était la définition même de toute sa vie, de son enfance à maintenant. Même quand on l'avait retrouvé, quand la police avait fini par débarquer, il avait refusé qu'on le touche. Le mexicain ne s'en souvenait pas, son esprit ayant occulté la finalité de l'agression mais ce qu'on lui avait raconté, de lui, du lieu, de ce qui restait de ses amis, il avait cru à un vilain canular.

- J’lis surtout des livres de psycho ou pour enfants… Pour être plus… Que ça soit plus simple avec les jeunes de l’asso mais… Je veux bien quelques titres si vous avez.

Il n’avait aucune idée de s'il allait pouvoir les lire, s'il allait réussir à passer les premières pages sans déclarer de l'anxiété mais il pouvait essayer. Relevant finalement la tête, il reprit une longue inspiration avant de continuer.

- Pourquoi les gens font ça ? Pourquoi certains aiment détruire la vie des autres juste parce qu’ils… sont en désaccord avec eux, ont des origines, une couleur de peau, des valeurs différentes ? On… On aidait juste les nôtres à s’éloigner du monde de la drogue, est -ce que c’était mal ? Est-ce que j’aurais du laisser faire pour sauver les miens ?

Il y avait dans sa voix, plus de chagrin que dans des larmes et Jan savait pertinemment que personne ne serait capable de lui répondre. L'homme était le pire ennemi de l'homme et la peur, se meilleure arme.

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Sam 11 Avr - 23:31
Sirius acquiesce aux paroles de son patient. Il comprend la nécessité de faire simple. Il comprend aussi que lorsqu’on fait ce qu’on peut pour survivre, on n’a pas toujours le courage d’affronter plus. On se contente de ce qu’on est capable de faire, et c’est déjà très bien dans le fond. Il n’y a pas à s’en vouloir. Sur une page vierge de son carnet, il note quelques titres qui lui viennent en tête alors qu’Alejandro reprend bientôt la parole. Face aux sentiments présents dans la voix de l’homme, face à un tel chagrin, le psychiatre ne peut que relever la tête. D’un ton plutôt solennel, il répond alors. « Je ne sais pas. » Il se l’est posée bien trop de fois cette question. Il a cherché à y apporter une réponse dès sa première année en faculté de médecine, mais rien à faire… Les autres qui s’y sont attelés avant lui se sont également heurtés à des murs. Certains ont pu émettre quelques hypothèses, mais de là à dire qu’elles sont les réponses exactes et universelles à la folie de l’homme… « Mais j’aimerais le savoir. » Vraiment ? Dans le fond, il est peut-être mieux d’ignorer certaines choses.

Sirius se lève, tout en déchirant la page de son carnet où il a inscrit le nom des livres. Il tend le papier à Alejandro dans un sourire qui se veut bienveillant. « Jetez-y un œil le jour où vous sentiez prêt. Ne vous mettez surtout pas la pression. » Un hochement de tête pour appuyer ses paroles. Sirius jette un œil vers l’horloge. Il va bientôt être l’heure de son prochain rendez-vous, mais il lui semble qu’ils en ont fini pour aujourd’hui. « Souhaitez-vous que l’on se revoit ? » Demande-t-il à l’homme, lui laissant le choix. Il sait qu’il a été difficile pour lui de venir à ce premier rendez-vous et par conséquent, il ne voudrait pas l’obliger à renouveler l’expérience si ceci ne lui convient pas.

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Dim 12 Avr - 15:24


first meeting
feat @sirius vandesky


Il le regarde attentivement, ne fait qu’acquiescer du menton, les lèvres pincées. Lui aimerait savoir, comprendre, mieux appréhender les raisons des mauvaises actions pour peut-être les défaire plus facilement. Mais Jan oublie parfois qu’il n’est qu’un homme parmi les autres et que même avec un coeur aussi vaillant que le sien, certaines choses ne sont pas guérissables.
Attrapant la feuille déchirée du psychiatre, il la lit rapidement avant de la plier pour la ranger dans sa poche. Un sourire, discret mais bien là, est comme une réponse muette : il regardera pour les trouver, les lira lentement et peut-être pas de suite. Quelques jours de repos, pour éviter de trop vite gamberger, quelques jours à penser à autre chose, qu'à son passé.

- Je veux bien si c’est possible… Je vais m'arrêter au secrétariat pour prendre un autre rendez vous.

Se relevant lentement, les yeux papillotants sur les côtés, il hésite quelques instants avant de reprendre la parole et de lui tendre la main.

- Merci Docteur, pour…

Il ne termine pas, sait que le Dr Vandesky comprendra ce qu’il voulait signifier. Pour lui, ça n’est pas rien, la parole ne vient pas aussi aisément malgré une personnalité qu'on caractérise de solaire. On ne se pose pas de questions sur les tourments que cet homme au sourire constamment présent et a l'air jovial, a pu vivre dans le passé. Mais souvent, on oublie que le soleil est tout aussi secret et solitaire que la lune.

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