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many a new face will please my eye

@ Invité

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Dim 12 Jan - 0:43
il y a des dessins, en vrac un peu partout. il y a des dessins, qu'il essaie d'empiler à la hâte pour les mettre ailleurs. pour au moins donner à son appartement l'air de quelque chose de rangé. pas qu'il soit bordélique, ça n'a juste jamais trop eu d’intérêt à ses yeux. puis il y a la fatigue, et un fait simple - que s'il n'a pas le temps pour manger, pour subvenir à ses besoins les plus logiques - alors comment devrait-il avoir le temps de tenir cet appartement ? et c'est trop, parfois, mais là, il n'a pas vraiment le temps d'y penser. c'est qu'à se lever très exactement huit minutes avant un rendez-vous, avaler ses pilules, et se rendre compte que rien n'est présentable est en soi une aventure. ou quelque chose auquel il est un peu trop habitué, peut-être. et il ne peut rien laisser trainer dans son studio, et il faut le moins possible de choses dans le salon. alors il ne se pose pas vraiment la question. tout ce qui dépasse termine dans sa chambre, là ou il y a de la place, et il n'y en a plus beaucoup. par terre, sur le lit, peu importe.

bientôt, il ne reste plus sur la table basse que les esquisses préparées pour aujourd'hui. et quelques autres, dans la table passe, dans des piles plus ou moins nettes, et l'évier plein de vaisselle, et rien à sa place dans les placards. mais c'est vaguement présentable, en passant - ou du moins rapidement. et si on frappe, au moins, il n'a pas eu le temps de penser à ce qui l'attendait. à comment gérer, exactement, chaque moment de cet après-midi. il a beau se dire que tout est absolument professionnel, blaise pourrait presque être un ami. pas encore. c'est certain qu'il ne l’appellerait pas pour passer du temps à rien. mais au fond, il n'y a personne qu'il appellerait, juste comme ça felix. trop peur de déranger. de dire n'importe quoi. c'est pour ça que les téléphones ne sont pas vraiment son truc. les gens non plus, faut bien l'admettre. mais au moins il est là. respire, qu'il se souvient. et le miroir de l'entrée lui rappelle, d'un coup de crayon sur un post it vite glissé derrière le radiateur qu'il en avait des choses à vérifier. fringues propres. dents brossées. se lever à l'heure de son réveil. courses faites. bonnes résolutions, à minima. il pourra juste cocher la première, pour aujourd'hui. mais c'est mieux que rien. respire et plaque un sourire sur tes lèvres.

la porte s'ouvre, et il y a une seconde avant qu'il ne se dessine sur ses lèvres, ce sourire, comme mécanique. honnête, certes, mais pas forcément naturel.  « hey - je... rentre, vas-y » tout dit d'un bloc, et toujours en regardant au-dessus de son épaule, plutôt que dans ses yeux. c'est qu'il n'ouvre pas souvent sa porte à grand-monde. c'est qu'il ne s'est pas encore écrit de suite logique, juste pour ça, à rester là, comme un idiot, avant de s'effacer de l'encadrement pour lui laisser de la place.  « ça va ? » classique, mais efficace. plus simple qu'autre chose. les films. les bouquins. quelque chose qui fasse sens, quelque chose d'aussi clair que les lignes de son visage, à blaise. nettes. mais si il a quelque chose de la statue grecque, figée dans le temps, il se meut, et il vit, et le moment lui avant.  « pardon - tu... je te débarrasse ? » sa veste. il verra après ou la mettre. mais c'est qu'il faut enchaîner. c'est que c'est bien ça qu'il faut dire, non ? il aurait dû répéter, tiens. pourquoi est-ce qu'il a droit aux situations les plus absurdes avec sa psy, mais pas à ça ? c'aurait été utile pourtant. plus qu'à improviser, et faire au mieux. et il aura bientôt ses pinceaux sous la main. ce sera plus simple. forcément.

@ Invité

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Lun 13 Jan - 0:37



il y a des choses
que le temps
ne peux pas cicatriser
des choses
si profondes
qu’elles se sont emparées
de vous


Insomnie.
Nuit livide. 
Nuit amère.

Se tourner, encore et encore sous draps. La chaleur qui explose, telle une bombe immense entre les toiles de coton. La sueur qui les imbibe, trempants le linge, trempants ses cheveux, ses habits. Et Blaise. Blaise et ses joues couvertes d’eau, de perles, de nuées de larmes qui tracent, à une vitesse folle, de pâles sillons sur sa peau. Blaise qui halête. Blaise qui étouffe l’esprit embué d’images, de souvenirs, d’horreur. La poitrine qui se soulève avec une rapidité déconcertante alors que son corps s’agite, comme habité par un démon quelconque, faisant valser les oreillers au sol. Et les yeux qui s’ouvrent. D’un coup. Pour le laisser là, complètement hébété, à moitié assis sur son matelas, à moitié encore sous les gravats, poussière d’étoile de ces foutues bombes. Il a la bouche sèche, remplie d’un goût de fer qu’il connait par coeur, un peu trop d’ailleurs. Il s’est mordu la langue. Jusqu’au sang.
Cauchemarder.
Encore une fois.
Il ne les oublie jamais, ces cauchemars. Il essaye juste de les effacer, pour continuer à avancer, continuer de vivre. Avant, plus jeune, il serait resté enfermé des heures, des jours entiers avant de revoir la lumière du jour à nouveau, le temps d’accepter, d’oublier, de passer à autre chose. Parce qu’il était plus fragile. Moins endurcit par la vie et sa violence, la vie et sa bêtise. Trop déboussolé. Trop perdu pour comprendre tout ça. Juste des larmes. Des cris. Et la violence qui dévale sa bouche et ses membres. Sang chaud. À fleur de peau. Rongé par le mal.
Mais il a grandit. Il s’est forgé. Sa carapace. Son caractère. Et il avance. Il raye ses cauchemar de son esprit. Pour ne plus faire de crises hors de chez lui. Pour garder tout en dedans. Tout pour lui.

Trois coups.
Trois coups portés à la porte.
Toc. Toc. Toc.

Il ne sait toujours pas ce qu’il fait ici. Pas vraiment tout du moins. Blaise, il vit au jour le jour en ce moment. Enfin, tout du moins, il essaye de se poser moins de questions. D’être plus sincère. Plus en accord avec l’idée qu’il se fait de lui même. Alors il essaye. Il essaye de dire « oui ». D’accepter. De franchir ses limites. De prendre du temps pour faire autre chose. Autre chose que s’entrainer. Que danser. Il ne joue pas ce soir. Il renfilera son costume de chat demain, pour laisser chaque morceau de son corps, chaque parcelle de ses muscles sur le plateau avant de rentrer chez lui, dormir, et recommencer le jour suivant. Mais aujourd’hui il fait autre chose. Il sort des sentiers battus.

c’est tuant
les souvenirs


La porte s’ouvre et il s’efforce. De sourire. De ne rien laisse transparaitre. Qu’on ne lui pose pas de questions. Et c’est Felix qui apparait derrière la porte. Felix et ses yeux bleus. Tu remercie le ciel pour cette invitation. Elle t’évitera à broyer du noir. À pleurer ta vie.

»  bonjour. merci.

Il rentre. Il observe. Il aime entrer chez les gens. Chez eux. Dans leur intimité. Il aime découvrir se qui se cache derrière les murs, derrière les masques, derrière les maux. Il aime ça. Voir le vrai visage des gens. Voir qu’il n’est pas le seul à douter. À souffrir. Il chasse ses idées noires, hochant simplement la tête quand les deux petits mots, ce fameux « ça va » retenti dans l’air, alors qu’il se trouve au milieu du salon, ses yeux glissant sur les feuilles de papiers posées sur la table. Il lui tends sa veste, ainsi que le bonnet gris qui trone, libérant ses boucles brunes avant de s’asseoir sur le sofa, attrapant une des esquisses, curieux, un peu, trop.

» alors, c’est ça le programme ? tu m’expliques ?

@ Invité

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Mar 14 Jan - 13:23
il est facilement distrait par le moindre changement. le moindre mouvement. et du mouvement, il n'y en a pas énormément, rien d'inhabituel. mais il lui faut à peine une seconde pour se perdre dans la contemplation de la menorah sur une étagère. un morceau de cire y est resté accroché, et s'il lui faut peu de temps pour retirer le résidu, il se demande s'il n'aurait pas mieux fait de la reléguer à sa chambre. quelque chose de la pure tradition, quelque chose qui fait un nœud à la gorge. vieille habitude de ses parents, à la maison, dès qu'ils recevaient du monde. ne rien laisser visible de ce qu'ils sont pourtant. c'était tout sauf un secret, mais on en faisant pas trop. et lui, il ne sait juste plus s'il aurait dû, reste un moment là, comme suspendu dans le vide. bien que new york ne soit pas seward, oklahoma. bien que blaise soit quelqu'un en qui il a confiance. il n'est même pas là, le problème. c'est juste que c'est ce qu'on faisait, avant. à la maison. mais il n'y est plus. et il est grand, maintenant, il devrait avoir l'habitude. savoir quoi faire. mais même depuis qu'il a emménagé ici, et d.eu sait qu'il a de place, il reste seul, souvent. pas vraiment surprenant.

et il aimerait sûrement être aussi assuré que blaise, déjà à son aise. ne pas se poser toutes ces questions, avant chaque geste. ne pas avoir à calculer qu'il lui est, de toute façon, impossible de poser cette veste dans sa chambre sans en ouvrir la porte. et ce n'est pas un lieu vraiment praticable. mais une chaise de cuisine fera l'affaire. et même sans encre, sans poudres ou pigments, il a quelque chose d'une peinture blaise, dans la contemplation d'esquisses idiotes, et de face charts pas vraiment terminés. et il n'a pas de script pour le dire, ça, felix. rien de préétabli. alors il ne dit rien, se mords la lèvre juste, pour trouver quelque chose. c'est que le présent est là, et le silence humain a beau ne pas le déranger, il parait que ce n'est pas le cas de la plupart des gens. mais il ne veut pas faire un pas de travers. éviter de se montrer ridicule. il l'a probablement déjà assez fait. et c'en serait presque surprenant, que blaise soit là quand même. « non. » trop brusque. trop net. idiot. retourner l'explication dans sa tête. se reprendre. « enfin, je veux dire, non, ça c'est - c'est pas fini. » et s'il termine face à lui, assis en tailleur sur la table basse, il ne le regarde toujours pas. il y a la planche appuyée contre qu'il récupère, regarde de nouveau, plus terminée, quelque chose qui ressemble déjà plus à un concept. il avait parlé de le maquiller, c'est certain. et certaines des esquisses s'en vont plus loin que le visage. mais ce n'est qu'une moodboard quelconque. de l'inspiration. ils en resteront à ce qui est prévu, sûrement. et il ne planifie pas toujours tout, felix. mais sur modèle c'est mieux, et il faut bien s'y tenir. et c'est quelque chose qu'il peut présenter. lui tendre. se donner l'air de le regarder dans les yeux, alors que fixer au-dessus de son épaule est juste - plus simple.

« ça c'est terminé. enfin, non - ce sera terminé une fois sur peau, bien sûr mais. ça ressemble à quelque chose » et comme par défaut, ses yeux tombent un peu, vers le dos de la planche, et ses traits disparates. et ses dents se referment sur un morceau d'ongle. c'est qu'il ne sait pas si c'est bien. ne saurait se juger lui-même. jamais trop satisfait de son travail, toujours à trouver quelque chose à y redire, mais à ce stage de concept. « t'as les traits très marqués. tes os - on dirait une statue, vraiment. je me disais que ça rendrait bien sur toi. le but c'est d'accentuer, et que ça marche en mouvement, pas juste sur un angle en photo. » c'est que le mouvement c'est quelque chose qui lui parle mieux, sûrement. et que faire de lui un dessin vivant ne pouvait être qu'une évidence. et s'il réussit, ce serait mieux qu'une illusion, qui ne marche que de face. lui laisser sa peau, ses traits, accentuer les ombres, les lignes. le laisser être une toile vierge, sans le recouvrir de trop. le but n'est rien d'illusoire. convaincre qui que ce soit qu'un dessin prend vie serait idiot, il voit toujours les défauts dans ceux qui font ce genre de choses. non, le but n'est qu'inspiré. quelque chose de délicat. comme un crayonné, à même la peau. et il n'a jamais été très bon, à vendre ses projets. mais il sourit, à y penser. à essayer. dans le vide, peut-être, mais c'est bien là. « si ça te va ? »

@ Invité

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Mer 15 Jan - 10:48



j'ai mis
longtemps
à guérir
de moi


Il se demande ce que ça fait. De se sentir chez soi quelque part. D’avoir se sentiment d’appartenance, d’endroit rien qu’à soit. « Home ». Un mot qu’il connait mais qu’il ne comprends pas. Un mot qu’il connait mais qui ne lui parle pas. Un sentiment inconnu, incompréhensible. Mais un but. Un but qu’il n’arrivera sans doute jamais à atteindre. Parce qu’il ne sait même pas d’où lui vient. Parce qu’il ne se rappelle même plus de la maison où il est né, des âmes avec qui il a grandi, évolué. Il se souvient de beaucoup pourtant, mais il a préféré tout balayé d’un coup d’épée dans sa tête, dans ses souvenirs, pour ne plus y penser, pour ne plus s’en rappeler. Pour tenter d’effacer le manque, ce trou béant dans son ventre, dans sa poitrine, qui menaçait de grandir chaque jour, d’évoluer de plus en plus. Mais maintenant il est dans une impasse. Dans un endroit dont il n’arrive à se défaire pour aller mieux, pour grandir. Il est bloqué Blaise. Il est perdu quelque part. Fatigué. Alors il laisse ses yeux défiler une fois de plus sur les murs de l’appartement de Félix, essayant de capter chaque détail, chaque petit objet qui lui révélerai quelque chose de plus sur son interlocuteur si discret, si particulier. Il a pas vraiment l’habitude des gens comme ça Blaise. Il connait plus les divas, les égos qui brille jusqu’à s’en abîmer, se brûlant les ailes bien vite à trop s’approcher du soleil. Alors il apprécie, il garde ça précieusement, les gens différents. Parce que ça lui fais du bien, à lui.

» non.

Un mot.
Un mot pour le ramener sur terre.

Le faire sortir de ses pensées néfastes.

Il observe Félix s’assoir. Il observe ses gestes, ses yeux qui papillonnent, qui dégringolent loin de siens. Il aurait bien aimé lire dans ses yeux là, dans ces deux perles bleues. Il le fera plus tard, sans doute. Il écoute sagement Blaise, ne bougeant pas, presque de marbre, comme ci le moindre geste aurait pu faire s’envoler son interlocteur, comme un animal qu’on voudrait apprivoiser. Il pose juste ses coudes sur ses genoux, maintenant sa tête d’une main alors qu’il parle de ses traits, de mouvements. Le mouvement ça lui parle. Le mouvement il aime ça. Alors il hoche la tête, observant les différents croquis, avec une attention particulière. Il est presque pressé de voir le résultat, de vivre ce moment là, lui qui n’a jamais rien fait dans le genre. L’inconnu le fascine autant qu’il l’angoisse.

» c’est parfait.

Il se lève, brusquement, un peu trop peut-être, avant de s’étirer, continuant de parler en même temps. Le calme. Cela lui fait du bien. Il regarde autour, il ne sait pas trop où se mettre. D’un geste sûr, il retire son pull, puis son t-shirt, les posant avec précaution sur le canapé, révélant son torse sans trop de problème, malgré les marques de sa vie, soigneusement recouvertes d’encre noire. Il n’a jamais été pudique Blaise. Il s’en fiche pas mal de tout ça, lui qui passe sa vie dans les coulisses, au milieux des corps plus ou moins nus d’inconnus.

» tu veux que je m’installe où ?

Quelques mots. Un sourire. Juste pour lui.

@ Invité

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Mer 15 Jan - 23:01
ce n'est pas qu'il regarde ailleurs. c'est qu'il y a quelque chose en lui - comme un magnétisme inconstant, qui ne sait pas lire dans les yeux des gens. et ça le met affreusement mal à l'aise, de ne pas savoir quand les regarder, de croiser le regard d'un inconnu dans le métro, n'importe quoi. alors il se fixe sur des points, et c'en est tellement réflexe, qu'il en oublierait de s'en rendre compte. c'est que c'est quelque chose d'affreusement intime le regard, au fond. c'est que c'est plus simple sans avoir à interpréter les reflets. une donnée de moins à calculer. et peut-être que ça à quelque chose d'étrange d'être si près. mais c'est simple pour felix, c'est comme ça qu'il fonctionne. et c'est juste plus simple d'observer ses ongles rongés avant qu'un son n'attire son oreille, ou un geste son visage. puis, c'est plus simple, de ne pas essayer de lire ses réactions, à blaise. d'attendre juste ses mots. parfait. alors que rien n'est vraiment commencé. mais au moins, les dessins lui auront parlé. quelque chose de vivant, quelque chose de présent. quelque chose de ses traits, qu'il faudra bien s'approprier.

et il n'a pas vraiment le temps de réagir, a peine d'esquisser un sourire, avant de se retrouver presque penaud. pas qu'il n'ait jamais vu qui que ce soit dans ce genre de position, aussi peu habillé, mais il ne s'y attendait pas vraiment. pas chez lui, plutôt que dans des coulisses quelconques. pas lui, maintenant. pas blaise, et les lignes de son corps, magnétiques. et il lui faut un instant, pour le regarder vraiment, avant de se reprendre. d'essayer de comprendre. un instant, pour que ses yeux retombent sur ses esquisses, et celles, de côté, qui prenaient en compte plus qu'un visage. et il faut trouver une logique. des mots. à mettre dans un sens. et ne pas oublier d'inspirer avant. « pardon-je... c'était des concepts, je veux dire, on peut en rester au visage, si tu veux ? » comme prévu. et c'est comme s'il passait à côté du fait que ça lui va, tout ça. qu'il est partant. sinon, il ne serait pas là, sûrement.

ses mains tremblent à peine quand il se relève, pour attraper la sienne. quoi qu'il en soit, un canapé est tout sauf le meilleur endroit pour travailler. le maquiller proprement. et rendre un projet plus réel. plus vivant. parce que ses dessins, à felix, ils ne seraient pas grand-chose sans personne pour les habiter. et si son salon n'a pas l'air très habité, maintenant trop déblayé, et peut-être parce qu'au fond, il n'y passe pas tant de temps que ça, la porte qu'il pousse mène déjà vers un univers plus unique. ou à lui, en tous les cas. une étagère trop pleine de palettes, d'outils. une ring light qu'il se sera bien payée, il y a quelques années, quand les choses ont commencé à décoller, au-dessus du miroir. un genre de studio un peu étrange, qu'il utilise encore pour se maquiller lui, même si son travail se fait sur d'autres, de plus en plus. et là ou il vit, le plus souvent, quand il ne comate pas. une pile de livres près d'un fauteuil, et des mots de ginsberg au mur, encadrés. on ne les voit jamais, à l'écran, ni eux, ni les photos de ses parents, ou cette reproduction de l'affiche de singin' in the rain. c'est son chez-lui, des bouts de choses qui l'obsèdent, qui comptent. il oublierait presque qu'à part lui, personne n'est jamais rentré ici.

et puis, il y a une chaise, qu'il tire au centre, une fois la main de blaise rendue à son propriétaire. et un tabouret, pour rester à sa hauteur, au moins au début. « tu peux te mettre là, si ça te va. » inspire. et peut-être que ce serait plus simple, maintenant dans son domaine, de repartir sur quelque chose de presque écrit. de suivre un fil conducteur quelconque. celui de ses traits. et il y en a qu'il n'aurait pas deviné, sûrement. ses tatouages. des cicatrices. mais peut-être est-ce mieux ? au fond, un corps, c'est vivant. c'est mieux. c'était bien ce qu'il voulait. « si on part - je veux dire, si on fait plus que ton visage, vraiment, c'est comme tu veux, vu que... » ses pinceaux à remettre en ordre, bien alignés. quelque chose de plus aisé que de le regarder. se concentrer sur ce qui est prévu, cet ordre à créer. « le but c'est d'accentuer tes traits, d'une certaine façon. du coup, je pense - je peux camoufler tes tatouages, et toutes les autres... Les cicatrices, et toutes tes marques, ou les utiliser, leur donner aussi un côté dessiné ? c'est comme tu veux. » c'est plus simple de demander maintenant. qu'il soit à l'aise. c'est que peindre des gens ce n'est pas peindre des toiles. et il préfère faire attention, felix. felix qui n'aime pas qu'on le touche sans le demander, felix qui explose, quand il n'arrive pas à se faire discret. felix si passionné, préfère bien qu'on verbalise, pour comprendre les gens. ce qu'ils veulent. les lire, et les dessiner.

@ Invité

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Sam 18 Jan - 21:05



Aucune pudeur.
Juste être soi.
Oublier les barrières.

C’est un peu comme ça qu’il a décidé de vivre sa vie Blaise. De la vivre comme il l’entend, comme il veut, de vivre au gré du vent et de la pluie. Juste apprécier. Profiter. En l’honneur, quelque part, de ceux qui n’ont pas pu le faire. De tous ses visages qu’il a croisé, inertes, les yeux encore ouverts. Abîmés. Balafrés. La tristesse et l’horreur au bout des lèvres. De ses propres lèvres. Alors il profite. Parce qu’il a eu une seconde chance lui. La chance de devenir quelqu’un, de vivre. Pas comme eux. Pas comme ceux là. À croire qu’à vingt-cinq ans, tous les souvenirs lui remonte. À croire que le quart de siècle lui renvoie tout cela en pleine tête. L’âpreté. La culpabilité. La solitude.

on ne refait pas sa vie
on continue seulement

À vif.
Sans limites.

La voix de Félix le sort de ses vacillantes pensées, alors que son regard s’était perdu dans le vide, que son souffle s’était ralenti, sans son accord. Il se perd Blaise. De plus en plus. Il peine a rester sur terre. À pas remonter le temps dans sa tête, jusqu’à ses images qu’il avait rayé de sa banque de données, mais qui refond surface. Comme ça. Pour le plaisir. Il sourit, encore, une de ses rares fois, puis hausse légèrement ses épaules. Il s’en fiche Blaise. Il fait comme on lui demande. Il a tellement pris cette vilaine habitude d’appliquer, d’obéir, de reproduire.

on dort
moins bien la nuit


» c’est comme tu as envie félix. j’te suis. même du nu ça me dérange pas.

Aucune pudeur. Parce qu’il aime son corps Blaise, hormis ses marques gravées dans ses chairs. Il aime son physique, tellement travaillé, chaque jour de son adolescence, de sa vie. Faire attention. Compter chaque aliment ingéré. Travailler pour être parfait, pour avec ses lignes désirés de tous. Un métier d’image. Et lui il a voulu être l’image parfaite. Celle qui fait pâlir de jalousie. Celle qui fait mourir d’envie. Inspirer les autres. Qu’importe comment. Positif. Négatif. Qu’importe. Alors il suit. Il suit l’artiste qui l’embarque ailleurs, dans ce petit studio caché. Il observe Blaise, ce nouvel endroit qui attise sa curiosité. Il est pressé. Il veut voir le résultat alors que rien n’est encore commencé.

» soyons fou, et cherchons plus loin que le visage. d’accord ?
Enfant.
Bêtises.

Il suit les indications de Félix, s’asseyant tranquillement sur le tabouret, avant de tiquer au mot « cicatrice ». Il les déteste ces marques, et ce mot, ce mot il ne le prononce jamais. C’est comme une angoisse, une panique qui monte quand il l’entend. Il sait même plus pourquoi. Pourquoi il en a peur mais aussi pourquoi il les a. Elles font parties de lui, de son histoire maladive, mais elles sont aussi des inconnues pourtant ennemies. Alors il les recouvre, petit à petit. Il finira par se faire virer du New York City Ballet à force. Parce qu’il ne rentre plus dans le carcan, dans la perfection, dans l’humilité classique. Parce qu’il est trop rebelle, trop différent.

on écoute patiemment
les bruits
du dehors
l’effondrement


» les marques tu les caches. tu m’les effaces. le reste c’est comme tu veux. c’est toi le maître.


@ Invité

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Sam 18 Jan - 21:07
« du-non. » il en rougirait presque. trop professionnel, peut-être. et si ses pensées prennent une autre vitesse, à ne pas savoir ce qu’il devrait penser de mots pareils, qui ne veulent sûrement rien dire de plus, rien dire de trop - son visage reste fait de rien. indéchiffrable, sûrement car il ne sait pas quelle expression utiliser pour réagir à ça. mais c’est bien nouveau, là où il s’aventure. oh, il a bien fait plus que des visages, parfois. mais pour mettre en valeur des habits, pas des corps. pas ce corps là, salement désirable. pas ici, chez-lui. et il n’y a rien à en penser, quand c’est juste pour travailler. mais son esprit ne peut trop s’en empêcher. peut-être parce qu’il ne sait pas trop ce qui est approprié. peut-être est-ce bêtement naturel ? mais il n’y a pas grand-chose à en dire. il ne sait pas ce que ça peut bien faire, un corps sous ses doigts, de toute façon, loin de ses outils. résigné à l’habitude. à la solitude.

et, les lumières s’allument. projecteurs idiot, mais il a beau ne pas filmer, la lumière du dehors ne sera pas assez aujourd’hui. pas quand elle est si grise, avec la pluie qui tape contre les carreaux. et très vite, il n’est plus qu’une ombre qui prépare ses pinceaux, précautionneux. il est bien ici, et le ciel dehors pourrait tomber qu’il ne s’arrêterait pas de travailler, une fois qu’il a commencé. c’est qu’il est de ceux qui se font trop vite happer complètement par les choses qu’ils aiment. et c’est bien pour ça qu’il a réussi à se faire une place. clairement pas par flatterie ou relations. c’est juste pas son domaine, tout ça. les gens, les autres. même se comprendre lui-même, souvent, il a du mal. et quand il peint, tout s’évanouit, comme fondu, et remis à plus tard. il n’y a rien qu’une vision de quelque chose de nouveau, quelque chose de beau, peut-être, et comment y arriver. et c’est plus simple que d’essayer de comprendre quoi que ce soit au monde, ou aux humains qui y habitent. parce qu’au fond, sous ses doigts, les seules dimensions qui existent sont celles qu’il peut bien créer. et pourtant il porte attention au détail. il voit bien qu’il y a quelque chose qui le fait réagir, quelque chose qu’il a sûrement dit de travers. pas à ses yeux, pas à une quelconque expression sur son visage. juste un mouvement, vague recul. il l’a mis mal à l’aise, et peut-être qu’il devrait s’en vouloir.

un mot disparaît, quand il réponds, blaise, et il est sûrement là, l’indice. les gens ont ce qu’ils ont, aiment ce qu’ils veulent chez eux. et au fond, elles n’ont rien de si choquant, ses cicatrices. pas quand il est là, apparemment vulnérable, définitivement sculpté, sans honte. mais il ne faut pas en parler. peut-être aurait-il dû le deviner plus tôt, felix. être moins idiot. mais avec des peut-être, il saurait déjà ce qui se fait ou pas depuis bien longtemps, et pas juste en théorie. et il remonte ses manches étoilés, motif trop réconfortant. probablement la moitié de sa penderie. il en a aussi, des blessures. des brûlures. des accidents, sous le tissu. plus ou moins voulues. « tu sais, ça tiendra pas toujours. mais d’accord. » c’est qu’il est maquilleur, pas magicien. et si sa voix est douce, il faut l’admettre, il n’a aucun pouvoir sur la façon dont le monde peut briser les gens. sinon, tout serait plus simple, déjà, depuis longtemps. « et j’pense que je vais les garder. tes tatouages, j’veux dire »

et il se pose juste à côté, les outils à la main. on ne pourrait demander modèle plus agréable. et son profil a peut-être trop de caractère, et ses traits sont loin d’être neutres. mais felix, il préfère ca chez les gens. l’unique à l’uniforme. « je vais juste te faire le teint d’abord - rien de… c’est pas très intéressant, juste pour avoir une base. je reste sur ta carnation, que ce soit - toi. pas une illusion. » c’est qu’on pourrait le peindre en blanc et lui demander de ne rien faire, de regarder devant lui. papier froid, glacé. mais un dessin, c’est plus beau au sortir de la page, à l’arrivée dans le réel. et il n’y aura qu’à accentuer ses traits, ses ombres, ses lignes les plus naturelles, une fois qu’il ne brillera plus tant, du moins. et s’il faut lui faire lever la tête, ses doigts restent en suspens à quelques secondes de son menton. « ça te dérange pas si je te touche ? » certaines personnes ne supportent pas plus qu’un pinceau, qu’une éponge. alors il a appris à demander, c’est juste une part du métier.

@ Invité

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Sam 18 Jan - 21:11



in the end
even the stars
choose destruction
over life


Il se demande.
Il se demande combien de temps cela va durer. Si il va trouver ça long. Si il va aimer le résultat. Si il va réussir à mentir si il n’aime pas - faire croire à l’autre que ça lui plait, gommer tous les signaux véridiques, ceux qui peuvent trahir, ceux qui peuvent détruire. Il est comme ça Blaise. Il s’imagine le pire, le plus sombre, le plus horrible, pour finalement s’en sortir avec quelque chose de beaucoup plus doux, de beaucoup plus clair, et l’apprécier bien mieux. Mais quelque part, pour une fois, une rare fois, il fait confiance à Félix. Comme s’il sentait qu’il pouvait lui confier les reines sans trop s’inquiéter, sans trop penser au pire. Et il espère Blaise. Il espère ne pas s’être trompé. Il espère ne pas être déçu.

Encore.
De nouveau.

Il plisse les yeux lorsque les lumières s’allument, protégeant ses pupilles du revers de sa main. Des années passées sur scène, sous les lumières écrasantes des plateaux, pour finalement toujours y être aussi sensible, même après tout ce temps. À croire qu’il est faible Blaise, malgré tous ses efforts, malgré tous ses espoirs. Faible jusqu’au bout. Pour toujours. Et il observe chaque mouvement, chaque action de Félix, du battement de ces cils jusqu’à l’ondulation de ses doigts. Il aime ça, regarder les gens passionnés, les gens qui travaillent sans jamais s’arrêter, sans capter le temps, les minutes, les secondes qui passent. Cette bulle envoutante. Il l’a connait bien. Mais il aime la voir se matérialiser autour des autres, autour de ceux qu’ils regardent. Il aimerait être plus bavard. Lui poser des questions, par-ci, par-là pour le connaître un peu plus, le découvrir. Mais il parle pas Blaise. Jamais. Il est plus doué avec les gestes qu’avec les mots. Parler la langue du corps, ça il sait faire. Parler celle des poètes n’est pas dans son vocabulaire. Et ça le mine, parfois. Souvent.

» je sais. c’est malheureux.

Il hausse les épaules, le regard planté sur son bras. Un jour il les aura plus. Il jour il les verra plus. À force d’encre. À force de dessins gravés dans son épiderme. Juste pour oublier, les faire disparaitre et être enfin, entièrement un autre. Vingt-cinq ans que ça lui aura pris. Mais au moins, là, il se sentira enfin naître. Enfin être lui. Il hoche la tête face à la remarque sur ses tatouages, et il l’écoute parler. Sagement. Un peu trop d’ailleurs. Il a pas forcément l’habitude d’être comme ça quand il est en tête avec un homme. D’habitude il drague Blaise, il séduit, il cherche à abattre les murs pour comprendre, pour rentrer dans la tête de l’autre et le faire plier, craquer pour mieux se l’approprier. Il est pas mesquin. Juste accro. Accro à l’autre, accro à l’attention. Il aime ça. Qu’on s’occupe de lui. Qu’on ai d’yeux que pour lui. Qu’il soit le roi. Et là il aurait pu jouer. Mais il veut pas. Il reste calme.

» aucun problème. touche moi comme tu veux. j’ai l’habitude.

Il se rend même pas compte de ce qu’il dit, tant il est sincère et ailleurs. Ailleurs dans sa tête. Et il observe. Les pinceaux. Les lumières. Les pigments. Alors il amorce. Une discussion. Bateau certes. Mais c’est rare pour Blaise. Lui qui ne parle jamais.

» ça fait combien de temps que tu fais ça félix ? explique moi un peu.

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Sam 18 Jan - 21:14
et il est calme, blaise. c’est étrange, presque, de le voir ainsi, pas seulement statuesque - parce qu’au fond il l’est toujours un peu, quand tout dans sa présence respire une certaine grâce assez peu descriptible. c’est juste son essence, sûrement. mais il est si animé, habituellement, d’un feu, d’une moue, d’un rien pour le faire partir au quart de tour. et là, juste assis là, il semble comme ailleurs. pas qu’il soit très fin analyste, felix, mais il l’a appris, juste un peu, en répétition, ou pas loin d’un café. et il y a une force en lui, quelque chose de retentissant, souvent, quelque chose qu’il ne cache en rien. un perfectionnisme aigu, dans les domaines qu’il connaît, du moins. quelque exigence. quelque chose qu’il semble avoir perdu en passant la porte. et il ne perds rien en esprit, mais c’est un étrange apaisement qui se dégage du moment même ou ses doigts pressent à peine contre son menton. ou les premières retouches laissent leur marques sur sa peau. il a l’autorisation, le feu vert, et c’est tout simple, autant commencer. il ne relève rien d’étrange à la tournure de sa phrase, de ses mots. rien de bien personnel, de très intime. c’est que l’ambiance serait presque studieuse, avec rien d’autre que la pluie contre les fenêtres. avec sa langue entre ses dents, comme pour se recentrer dans la réalité.

« non, c’est pas malheureux » il y a un temps, avant qu’il ne parle de nouveau. le temps de combler des pores, et de retrouver ses yeux ailleurs. le temps d’activer ses pinceaux, de faire ce qu’il a demandé, parce qu’il n’est pas là pour le faire changer d’avis. et sa voix est douce, basse, presque, comme souvent. mais sans trop de ton. c’est que c’est une évidence, pas une conversation. c’est qu’il ne sait pas trop comment on fait, au fond, pour trouver le volume parfait, les tournures qui marchent - parfaitement empathiques. et peut-être que s’il avait un tant soi peu de tact, il ne relèverait plus. continuerait juste son travail. mais il peut bien faire les deux. « ça rend malheureux quand on sait d’ou ça vient » il ne devinera pas. ne le demandera pas. mais il pense aux siennes. à la brûlure, longue, le long de son bras, qu’il regarde d’un air salement indifférent, maintenant. parce que cette sensation l’a bien fait sentir vivant, un moment, parce qu’il ne semblait plus rien sentir, quand on touchait sa peau. trop stimulé, un cerveau qui fait le tri, des médicaments mal dosés qui n’ont pas aidé. et c’était bête. puis il y en a d’autres. toutes les fois ou il est tombé, ou sa peau a marqué parce qu’il n’a pas su gérer un mouvement pourtant simple. de la coordination basique. rien à côté des armées de rayures sur le marbre de sa peau, à blaise. mais il a appris à faire avec. « mais si on veut les effacer, c’est les souvenirs qui vont avec. et on pourrait pas faire sans. ce serait repartir de zéro. ce serait dommage, je pense. on serait pas - on pourrait pas redevenir qui on est, si on effaçait tout. » et peut-être qu’elle est là, sa façon de se montrer réconfortant. répéter des inepties. parce qu’au fond, il a beau tenter de se raisonner lui-même, il y en a des choses qu’il aimerait oublier. effacer. toutes celles qui peuvent causer bien du malheur. et il aimerait tant repartir de zéro pour être quelqu'un d'absolument normal. mais il n’y a que ses poudres, ses crèmes qui comptent, maintenant, et le dos de sa main comme une palette, et des gestes affreusement précautionneux, le long de son épaule. c’est qu’il ne voudrait pas heurter.

à l’aveuglette, il retrouve ses lunettes sur la tablette derrière lui. pas de lentilles ce matin, mais pour faire disparaître les choses, il vaut mieux les voir parfaitement. des lignes, des fragments, à neutraliser, en tombant un peu de sa hauteur, tout plié. et le silence, mais pas pour longtemps. et s’il réponds, il reste absolument focalisé sur cette peau. restaurateur perdu à corriger des défauts qui ne rendaient pourtant une oeuvre que plus charmante. mais il faudra bien que narcisse plaise à son reflet, quand il le croisera. ne s’en aime qu’un peu mieux. « moi ? » comme s’il y avait quelqu’un d’autre dans la pièce. idiot. « oh, j’ai commencé - je sais pas. je veux dire, sur moi, un peu après que je sois arrivé à new york. ça doit faire six ans - sept ? j'avais dix-huit ans.» et il aura bien fallu qu’il en ait de la chance, pour toucher les étoiles sans encore exploser. il ne saurait trop dire comment. il peut bien donner les faits, mais qui saurait expliquer le succès autrement que par de bonnes augures ? « j’étais-c’était pour moi, mais je connaissais pas grand-monde en ville et… enfin, c’est toujours le cas mais j’ai juste-j’ai posté des photos sur internet, des trucs comme ça, et je pense-enfin, ça m’a ouvert des portes. » petite célébrité d’internet qui ne manquera pas d’alimenter son compte instagram, il ne comprends toujours pas qu’on lui porte quelque attention que ce soit. ne se rend toujours pas compte de l’ampleur de tout ça. surtout maintenant que son visage s’efface derrière d’autres, au fil des posts. parce que c’est son pinceau qui intéresse, pas vraiment lui, il en est persuadé. et s’il cherche ses mots, là, ses doigts, eux, ne tremblent pas.

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Sam 18 Jan - 22:49



we pretend that
we don't care
but
we care


Il a pas l’habitude Blaise. 

Il a pas l’habitude de se sentir aussi tranquille, aussi apaisé. Il a plus souvent l’occasion de sentir le feu qui calcine ses entrailles, qui brûle son ventre nuit et jour. Il a plus l’occasion de montrer ce côté dramatique, antipathique, hautain de lui même. Il a pas l’habitude de sentir bien. De se sentir calme et serein. Mais ça lui fait du bien pour une fois. Et il en profite, comme une forme de thérapie, alors que les premiers coups de pinceaux s’abattent sur sa peau, sur son visage, sur ses os. Il aime toujours autant cette sensation. Celle du maquillage qui recouvre ses traits, qui le fait devenir quelqu’un d’autre. Dix ans de sa vie qu’il connait, qu’il côtoie les produits pour être plus beau, tout en restant lui, là, quand la lumière du plateau croque ses traits. Mais là c’est différent. Peut-être parce que parce que c’est Félix, qu’il ne connait pas bien, enfin, pas encore. Qu’il côtoie depuis peu, mais qu’il apprécie déjà. Alors il s’autorise à fermer les yeux. À profiter. Juste le bruit de la pluie contre la vitre pour le ramener au présent. Juste la voix de l’artiste pour le faire redescendre. Et il écoute Blaise, piqué à vif, troublé même, alors qu’une petite boule vient se loger au fond de son ventre, la même qu’il avait avant d’aller se coucher, quand il venait tout juste de fouler la terre du pays de la liberté. Chaque marque est un souvenir. Chaque marque est une preuve de son passé. Pour lui dire que ce n’est pas un cauchemar. Pour lui rappeler que tout ça, tous ses souvenirs sont bien arrivés. Malheureusement. Tristement.

» c’est beau c’que tu dis.

« le pire c’est que tu as raison ».
Il s’empêche de le dire. Parce qu’il a beau être bien, presque vulnérable, il fait attention Blaise. À ses secrets. À son jardin personnel pourtant envahit par les mauvaises herbes. Les siennes. Celles qu’il se plante pour s’empêcher de vivre. Pour s’empêcher de respirer.Et il écoute, encore, les yeux toujours clos, juste le toucher du pinceau pour le guider, enregistrant les informations sur la vie de Félix, sur cette passion aussi importante pour lui que la danse pour l’autre. Il aimerait hocher la tête, mais il n’ose pas, de peur d’abîmer, de faire rater. Alors il relève la tête. Il ouvre les yeux, avant de le voir. Félix et ses lunettes. Bleues comme ses yeux. Comme le ciel. Comme la mer. Il se laisse une nouvelle fois le loisir de rire, peut-être un peu plus fort, un peu plus lui, avant d’approcher ses doigts de la paire, les remontant légèrement sur le haut du nez de son interlocuteur.

» alors comme ça on aime le bleu ?

Il aime bien embêter. Chercher l’autre. C’est son truc à Blaise. C’est comme ça qu’il amadoue, qu’il séduit quelque part. Parce qu’il est toujours là dedans. Dans une séduction perpétuelle de l’autre. Dans l’envie de plaire, d’avoir tout comme d’appartenir.
Maladif.
Un réel problème.

» en tous cas, je suis donc en présence d’une célébrité. je m’incline.

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Dim 19 Jan - 0:08
le temps s'arrête quand il se perds, quand il se laisse aller à son travail, et rien d'autre. il sait bien qu'avant un défilé le temps imparti se décompte. mais là, il a tous les sabliers du monde sur stop. peu importe, tant que les crampes n'envahissent pas son modèle. et il se demande s'il ne voudrait pas vraiment appuyer sur pause là, dans un moment presque joli. les cicatrices neutralisées, de l'épaule jusqu'au dos. des positions incongrues pour mener à ça, peut-être, mais c'est ce qu'il voulait non ? que tout cela disparaisse. l'appareil photo n'en verras plus grand-chose. mais si on regarde bien, on les devine encore. c'est que ce n'est pas magique, tout ça. mais c'est assez pour prétendre. assez pour devenir une toile vierge, presque froide. et ce n'est pas beau ce qu'il dit. c'est juste ce qu'il faut imprégner dans son esprit pour vivre avec. avec des cicatrices, avec des souvenirs, avec tout accident de parcours. toute chose qui puisse troubler la norme ou la bonne morale. le genre de truc qu'aurait bien pu dire sa psy. mais il n'y a pas grand-chose à en dire, juste à penser qu'il essaie aussi de s'en convaincre lui-même de tout ça.

et il reprends juste sa position initiale. un pinceau plus fin, et du gris très sombre, presque noir. mine de crayon, mine de rien. il n'y a plus qu'à commencer, pour de vrai. mais il ne peut même pas toucher l'arrête de son nez qu'un rire éclate. l'envahit. envahit tout, ici, tout autour. et c'est comme si la pluie s'arrêtait. comme s'il y avait du soleil dans ce son. de la chaleur. quelque chose de si loin du blaise dans tout ses désirs de perfection, du blaise pointilleux. et si son sang est chaud, ce rire là aussi. si doux. si parfaitement humain. et il ne sait pas réagir à ça felix, à peine trembler à sentir ses doigts sur son nez à lui, à peine frôlé, que déjà tout semble résonner dans ses chairs. mais un sourire timide, bien peu calculé se dessine sur ses lèvres. rien de si envahissant que l'honnêteté de ce rire là. il y repensera, ce soir, pour s'endormir. c'est que c'est joli, comme son, après tout. et que le silence mérite d'être troublé, parfois.

« je-oui ? » le bleu nuit qui héberge les étoiles. le bleu sous les nuages. le bleu des murs de sa chambre d'enfant. le bleu réconfortant, un peu gamin. les couleurs lui parlent, d'une certaine façon. le bleu, c'est juste un peu de lui. et il ne sait trop comment répondre à ça. s'il devait même y répondre ? « pas toi ?» question idiote. sans importance, au fond. mais il faut bien trouver quelque chose à dire, plutôt que de rougir. et de secouer la tête, avant d'avoir l'air idiot. « c'est pas comme si j'étais acteur ou... je ne sais pas trop quoi. c'est pas vraiment ça...» pas vraiment ça quoi, au fond ? le succès ? il l'a, pourtant, le job de ses rêves. le following qu'il a du mal à vraiment comprendre, à vraiment suivre. mais ce serait quoi, 'ça' ? ce serait quoi, qu'il voudrait ? oh.

peut-être bien que ce serait d'être heureux. équilibré. dans la norme. il échangerait toute sa chance pour ça. et sûrement pas mal de son talent. parce qu'au fond, même avec les exercices, il n'est pas sûr d'avancer. pas sûr de réussir à être aimé, un jour, de quelque façon que ce soit. pas sûr de réussir à se sentir entouré, et moins seul. et ce n'est pas vraiment de la modestie, vraie ou fausse. il est juste à milles lieux de tout ça, quand son pinceau dévale enfin les lignes de ce nez pour en créer de nouvelles. pour le croquer, à même la peau. et pour ne pas se perdre dans ces pensées là, malhabiles, autant continuer. « puis, j'pense que ton nez mérite plus de célébrité que tous les maquillages que je pourrais faire» c'est idiot. ça n'a aucun sens, cette plaisanterie au coin de ses lèvres. mais son profil à blaise, il est royal après tout. et il doit bien le savoir. bien étrange compliment. mais il n'est pas bon avec tout ça. avec les autres, ou les mots. juste à dire sa vérité.

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