☆ ☆ ☆Aujourd'hui, Jill est de sortie avec sa classe et une autre classe du lycée, soit presque d'une cinquantaine d'élève, une jolie horde. Parfois, la professeur de mathématiques refuse les sorties et en l’occurrence cette fois, elle n'a pas dit non. Ses classes ne sont pas en retard sur le programme, elle leur offre même un devoir lors du prochain cours. Jill est une femme généreuse. Il est cependant évident que pour cette sortie scolaire, Jill n'est pas le seul professeur réquisitionner. Ils sont quatre, elle comprise. Si, Jill connait deux d'entre eux étant donner qu'ils se côtoient depuis plusieurs années maintenant, elle n'a pas encore eut le temps de faire plus ample connaissance avec Nell, le remplaçant de Gabriele au titre de professeur de sport. Gabriele, sa meilleure amie. Celle qui n'est malheureusement plus de ce monde à son grand malheur. C'est peut-être pour cette raison qu'elle repousse toujours une conversation en tête à tête avec lui. Cela serait admettre dans un sens que le temps passe et qu'il est désormais temps de passer à autre chose. Jill ne sait pas vraiment si elle est prête à ce genre de chose. Mais d'un autre côté, c'est Jill. Son côté avenant envers les autres va prendre le dessus à un moment ou un autre, c'est certain, elle se connait. En arrivant au musée, l'ensemble des professeurs et des élèves sont accueillit par deux guides, proposant de se scinder en deux groupes. Très bien. Jill suit aveuglement le premier guide et remarque après quelques secondes que Nell fait équipe avec elle pour tenir en rang cette petite horde de lycéens. Laissant les élèves en avant, Jill se tient à l'arrière avec le nouveau professeur de sport autant intrigué que lui de l'oeuvre qu'ils sont en train d'observer. « L'art c'est très ... subjectif. » dit-elle pour percer l'abcès. « Je me demande toujours comment ils font pour réussir à créer ce genre de choses. La seule chose que je suis capable de faire c'est un petit bonhomme en bâton. » confesse-t-elle à Nell de façon à ce qu'il soit le seul à l'entendre.

Les soirées semblent longues pour le professeur et les journées ne sont parfois que trop peu remplies à son goût. Si Nell s’est déjà fait quelques amis depuis son arrivée en ville, il n’en reste pas moins peu acclimaté à la grande pomme et donc ne sait pas toujours comment s’occuper. Alors, lorsqu’on lui a proposé d’accompagner une classe au musée, il n’a pas réfléchi à deux fois. C’était ça ou tourner en rond chez lui toute la journée après avoir préparer ses prochains cours. Pas grand-chose à préparer quand on est prof depuis 6 ans et qu’on a dans la tête tout un tas d’exercices à faire faire à ses élèves. Le sport n’est pas une discipline qui évolue énormément d’années en années.

Ne connaissant pas spécialement les autres accompagnateurs, Nell ne se manifeste pas quand on demande comment vont être fait les groupes, et se contente de suivre le mouvement. Finalement, on l’associe au premier groupe avec Jill. Il ne sait pas grand-chose sur elle, si ce n’est les quelques paroles qu’il a entendu de la bouche de collègues, comme quoi ce serait une femme très sympathique. De quoi être optimiste pour le reste de la journée, s’il ne gâche pas tout par sa maladresse, comme il a l’habitude de le faire.

Elle engage bientôt la conversation alors que Nell est plongé dans la contemplation d’une œuvre un peu spéciale qu’il a du mal à comprendre. En même temps, il n’a jamais rien compris à l’art donc comme ça… Il semblerait qu’il ne soit pas le seul, ce qui ne manque pas de déclencher son sourire. « Subjectif ! Oui, c’est approprié. » Son sourire se mue en rire, qu’il tente de garder discret, histoire de ne pas trop se faire remarquer dans le musée quand même. « Et moi, je sais à peine dessiner une maison qui sait tenir debout… » Une catastrophe dès qu’il essaye de dessiner. Et ne parlons même pas de l’harmonie des couleurs pour lequel il n’a absolument aucun talent ! « La plupart du temps, elles sont en biais… » Allez savoir pourquoi… « Je suis persuadé qu’ils y vont au pif, jusqu’à arriver à un truc qui leur fait penser à un truc. » Super définition, Nell, on te félicite !

☆ ☆ ☆L'art ça n'est pas vraiment la came de Jill. Si certes, elle trouve ça joli selon les œuvres, elle n'y comprend pas grand chose. Encore une fois, Jill c'est une matheuse. Pour elle si 1 + 1 n'est pas égal à 2 c'est qu'il y a un soucis dans la matrice. Malgré tout, les sorties scolaires c'est aussi l'occasion d'apprendre du savoir et des connaissances supplémentaires. Cela permet également de faire une pause avec le programme, on ne va pas se mentir. Aujourd'hui pour Jill c'est l'occasion aussi de faire connaissance avec le nouveau professeur de sport. Celui qui a remplacer sa chère et tendre regretter Gabriele ... Si personne ne peut remplacer sa meilleure amie dans son cœur, le lycée ne peut pas suivre le même raisonnement que Jill. Il faut aller de l'avant ... Curieuse et avenante de nature, Jill tente de tendre une perche envers Nell et quoi de mieux que d'ouvrir sur le sujet du jour : l'art. L'oeuvre que le petit groupe regarde est complexe. Jill n'en saisit pas le moindre message qu'à pu faire passer l'auteur ... Et elle espère qu'au fond le sentiment est partagé par son collègue. « Subjectif ! Oui, c’est approprié. » Son regard se tourne discrètement vers Nell, elle-même souriant à cette remarque. « Subjectif ! Et moi, je sais à peine dessiner une maison qui sait tenir debout … La plupart du temps, elles sont en biais … » Oh ? « J'en suis presque jalouse, la maison c'est le level au dessus du bonhomme quand même. » avoue-t-elle en essayant de garder un air sérieux, bien que son sourire est en train de la trahir. « Je suis persuadé qu’ils y vont au pif, jusqu’à arriver à un truc qui leur fait penser à un truc. » Merci ! Jill est presque prête à l'applaudir mais le geste serait un poil déplacer face au guide. « Personne ne se réveille un matin en ayant en tête de représenter de ... la culpabilité ? » dit-elle en reprenant les mots du guide. C'était donc ce que l'artiste avait voulu représenter ? Jill tente de tourner la tête à droite puis à gauche, mais rien ne l'inspire. « C'est pas vraiment le premier sentiment qui me vient à l'esprit. » confesse-t-elle. « Je vois plus une orange ou une pomme à la rigueur. » avoue-t-elle. « J'ai pas eut l'occasion de me présenter personnellement, mais moi c'est Jillian mais tout le monde m'appelle Jill. Enfin tu dois déjà le savoir, mais je trouvais ça plus correct. » confie-t-elle. « T'es de New-York ? » demande-t-elle poliment, curieuse d'en savoir plus sur le nouveau professeur de sport du lycée.

Si Jill tente de se retenir de rire, c’est plus fort que Nell qui laisse échapper un pouffement. Aussitôt, le regard du guide tombe sur lui, méprisant, menaçant. Le français lui confère un sourire d’excuse, bien que le cœur n’y soit pas. Enfin, il est au moins sincère dans le sens où il ne tenait pas à distraire les gens et encore moins à les déranger mais au-delà de ça… « Level au-dessus, vraiment ? » Il tourne la tête de droite à gauche alors que la conversation continue gaiment. Il voit tellement ce que sa collègue veut dire et pour une fois qu’il trouve quelqu’un comme lui, qui ne le jugera donc pas, il décide de se laisser aller. « Et puis, quelle culpabilité il y a à manger une pomme ? » Il se moque un peu du tableau, il faut le dire. « C’est plein de vitamines et bon pour la santé. » Il hoche la tête, sûr de lui. « Tu es quand même plus créative que moi… Je vois juste un rond… » Il se met à rire, le plus bas possible tout de même. « Et moi Nell. » Elle doit le savoir aussi, mais autant que ce soit clair et tout le monde sur le même pied d’égalité. « Je suis originaire de France à vrai dire. J’ai vécu quelques années dans le Texas avant de débarquer à New-York il y a quelques semaines maintenant. » C’est une partie de la vérité qu’il est en mesure de dire sans briser sa protection des témoins. Faire de sa nouvelle histoire, une histoire proche de la vérité, c’est ce qu’on a essayé de lui expliquer. C’est plus facile à tenir sur le long terme, ça évite de s’empêtrer dans ses mensonges et de se faire démasquer ou de s’attirer des soucis. « Je suis habitué aux grandes villes mais New-York est particulièrement… » Il laisse sa phrase en suspens, les gestes de ses mains étant assez éloquents à eux-mêmes alors qu’il tente de montrer quelque chose d’énorme. « J’ai pas encore eu le temps de m’y faire ! » Et ça prendrait sans doute quelques mois, voir quelques années supplémentaires pour lui faire oublier son Austin adoré. « Et toi ? Tu es née ici ? »