Aujourd’hui il y avait un big événement au centre LGBT et cela me mettait tellement en joie. Parce que ça allait être une journée colorée, une journée joyeuse, une journée où j’allais pouvoir parler à beaucoup de monde et peut-être même faire le bien autour de moi. Quand ce jour d’évènement arrivait au centre, je me sentais toujours comme la marraine la fée de Cendrillon. Sauf que je n’avais rien d’une fée et je ne faisais pas non plus le bien autour de moi. Mais si j’arrivais au moins à aider une personne alors c’était bien. Les faire sourire, c’était presque gagné d’avance parce que j’étais un clown. Bien que des fois je faisais rire les gens bien malgré moi à cause de mes réactions et ma tendance à réagir comme si c’était la fin du monde et que j’allais perdre mon doigt alors que ce n’était qu’une coupure. D’ailleurs en parlant de mon doigt, il se porte beaucoup mieux, merci bien. J’ai quand même une fine cicatrice, donc j’estime que j’aurai quand même pu perdre mon doigt. Heureusement tout cela n’était plus qu’un mauvais souvenirs.
Aujourd’hui je n’avais qu’à penser au bonheur des autres et faire un bénévole exemplaire, c’était bien pour cela que j’avais passé le chemin à siffloter.
En arrivant au centre, je passais un peu à parler avec Samir avant que les festivités ne commencent, je prenais des nouvelles de sa fille et après j’en profitais pour faire le tour. Tout le monde était présent aujourd’hui et voir qu’on était tous aussi investi dans le centre me mettait du baume au coeur. Je n’étais personnellement pas homosexuel, ni bisexuel, mais vu le traitement que mes pères pouvaient vivre au quotidien, c’était important pour moi de faire partie de cette belle communauté, de l’aider comme je le pouvais. Parce que mine de rien leur relation avait eu quelques répercussions sur ma vie, mais je préférais ne garder que le positif. En tout cas je pressentais qu’aujourd’hui serait un grand succès.

La journée se passait merveilleusement bien. Vraiment j’avais l’impression que tout le monde était vraiment content d’être là, il n’y avait pas d’accro, rien. Pourtant il y avait quand même quelque chose qui m’embêtait. Me turlupinait même. A chaque fois que je voyais Carla, je lui faisais un grand signe et je n’avais aucune réponse de sa part. Au contraire, elle faisait comme si elle ne me voyait pas et elle tournait le dos. Ou les rares fois où j’avais pu être dans la même pièce qu’elle dans la journée, elle ne répondait pas quand je lui demandais quelque chose ou alors elle prétextait ne pas avoir le temps. D’accord Carla et moi avions un passé, je m’étais comporté comme un goujat avec elle. On formait un magnifique couple, on avait une magnifique relation et je l’avais quitté du jour au lendemain quand j’avais fait mon burn out. Suite à ça, je pouvais comprendre que notre relation actuelle puisse être compliqué et pourtant j’étais persuadé qu’on pouvait être amis, qu’on pouvait repenser à nous de manière mélancolique et joyeuse sans que ce soit gênant. Je voulais que Carla me parle, je voulais être son ami et je finirais par y arriver. Foi d’Oscar.
Mais pour cela, il faudrait que j’arrive à la coincer dans un endroit calme - et non n’y voyait rien de psychopathe la dedans. Jusqu’à présent aucune opportunité ne s’était présenté à moi et je continuais à lui faire des signes pendant le reste de la journée, me renfrognant un peu plus à chaque fois qu’elle me tournait le dos. Puis finalement en fin de journée, quand était venu le temps de tout ranger, je voyais une opportunité pour enfin parler à Carla, alors sans plus attendre, j’allais droit sur elle pour la prendre par la main. « Cette fois tu pourras pas faire semblant de me voir » Et même si je l’entendais protester derrière moi, je tenais bon et je nous enfermait dans la première pièce que je voyais. Clé en main je la regardais en triomphant. « J’avalerais bien la clé mais on est pas dans un dessin animé et je risque d’avoir des gros problèmes après donc je vais juste faire ça » Sans trop regarder ce que je faisais, ni où, je balançais la clé pour que Carla n’ai vraiment aucun moyen de partir. « Maintenant t’es obligé de me parler » Le pire dans cette histoire ? C’était que je disais cela avec beaucoup de fierté. Genre ce que je venais de faire c’était une idée de génie.