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good lord, we're such a mess - wes

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Jeu 15 Oct - 23:07
Il est presque onze heures du matin lorsqu’Anneke émerge d’un sommeil finalement peu réparateur. Elle qui comptait profiter de sa journée de congé l’en voit déjà bien entamée, mais elle ne s’empêche pas pour autant de traîner vingt bonnes minutes de plus au lit. Elle fait le tour des réseaux sociaux, finit par s’énerver sur ce qu'elle voit et décide finalement d’émerger. Aller à la salle de bains est un effort plutôt considérable, alors elle décrète qu’un brossage de dents rapide suffira, enfile une paire de yoga pants qui traîne en boule dans son dressing – il est plus propre que jamais, mais Ann n’a pas encore honoré sa corvée de repassage – et sort enfin de sa tanière.

« Yo, Wes. Bien dormi ? », elle lance à son nouveau colocataire qui squatte sa place favorite dans le canapé, en prenant la route vers la cuisine pour faire du café. La brune apprécie cette présence dans l’appartement gigantesque d’East Village. Elle qui a vécu tant d’années entourée de dizaines de personnes avait angoissé des jours durant à tourner comme lion en cage, seule et déprimée. Jan Van Asten ne rentre que dans quelques mois et il n’est même pas certain qu’il restera plus de quelques semaines avant de rattraper la bougeotte. De fait, Ann avait quelque peu insisté pour que Wesley reste une nuit dans la chambre d’amis, un soir où il lui avait rendu visite. Il n’était jamais vraiment parti depuis, au grand soulagement de la belge qui s’en retrouvait apaisée. Une source de stress en moins, la présence reposante, agréable et amusante de Wes en plus. Une figure connue dans cette prison gigantesque qu’est New-York. Apaisante. Rassurante. « Café ? », crie-t-elle depuis la cuisine.

Elle doit chercher longtemps pour trouver deux mugs. Elle finit par en dénicher sous la pile de vaisselle qui s’amoncelle, alors elle les nettoie en faisant bien attention de continuer à ignorer ce qui déborde de l’évier. Tout de même, Ann se note qu’il serait temps de faire quelque chose, puis décide de prendre son café d’abord. Les priorités, tout de même. Lorsqu’elle retourne au salon, elle tend l’un des mugs à Wesley, s’assied à ses côtés et se perd dans ses pensées. Elle fixe la table basse, le cendrier qui déborde, le paquet de chips éventré. Les verres abandonnés. Elle boit une gorgée de café en espérant n’avoir pas bien vu, mais lorsqu’elle rouvre les yeux, le bazar est toujours là. Long soupir. Désespoir. « Comment on a fait pour accumuler tout ce bordel ? » Le travail pourrait être une excuse valable, pourtant d’autres bossent bien plus qu’elle et s’en sortent bien mieux. Ann ne comprend pas. Tombe même presque des nues, comme à chaque fois, en général une fois par mois. D’abord le café, cependant. La suite, on verra.

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Sam 17 Oct - 19:00
Wesley était affalé sur le canapé, dans une position improbable, lorsqu’Ann fit son apparition dans le salon. Il lui adressa un sourire. « Yo, Ann. » Depuis quelques temps, il s’était fait une place au milieu du mobilier de la jeune femme. Il s’y sentait bien, malgré l’odeur de clope et de café froid. Wes ne supportait plus le silence de son propre appart, au point de ne pas vouloir y remettre les pieds. Il l’avait sous-loué, convaincu que la situation serait temporaire, mais force était de constater qu’elle devenait permanente.

Wes haussa les épaules. « Ça va. » En vérité, il avait un rythme de sommeil chaotique, il pouvait parfois dormir jusqu’à midi ou, comme ce jour-là, être tiré du sommeil par ses angoisses dès six heures du matin. Il avait essayé de s’occuper l’esprit avec une émission de survivalisme débile à la TV, pour finalement renoncer et se rabattre sur un bouquin, qui, à défaut de lui changer les idées, lui donnait l’impression de ne pas être un abruti fini. «  Et toi ? »  

Wes répondit en criant qu’il voulait bien un café, au mépris des voisins, qui de toute façon devaient déjà les détester depuis bien longtemps (entre leurs conversations hurlées et leur musique, il aurait été étonnant que ça ne soit pas le cas). Puis Ann le rejoignit et il accueillit avec plaisir le mug brûlant. « Merci. »

« T’exagères, déjà si on ouvre les volets entièrement ça paraîtra moins terrible. » Wes amorça péniblement un mouvement pour s’extirper du canapé, avant de se diriger vers la fenêtre et d’ouvrir en grand les deux battants. L’air glacial et le brouhaha du quartier lui donnèrent envie de retourner se vautrer dans le canapé, sous un plaid, avec sa flemme et sa tasse de café. Il poussa les volets jusqu'ici entrouverts et le soleil de fin de matinée baigna aussitôt le salon. La lumière révéla une fine couche de poussière sur le mobilier, du moins là où l’espace n’était pas occupé par des bouteilles de bière vides, une paire d’écouteurs emmêlés, un pile d’enveloppes jamais ouvertes. Wes balaya la pièce du regard. « Ok, j’ai rien dit. C’est vraiment pire. »

Il renversa la tête en arrière en poussant un soupir plaintif. « Sérieux Ann, avant j’appliquais la politique de l’autruche, tout allait très bien, mais maintenant que tu me l’as fait remarquer, comment je vais faire pour ignorer le bordel ? » Sous couvert de plaisanterie, Wes se sentait un peu coupable. Là où Ann avait un boulot, lui passait ses journées à – à quoi, exactement ? Traîner ? Déprimer ? Quand Ann était à l’appart, il faisait son possible pour ne pas avoir l’air d’un déchet ambulant, il essayait de paraître enjoué. Mais lorsqu’elle était absente, il sombrait totalement dans l’ennui. Rien ne lui faisait envie, la moindre tâche lui paraissait insurmontable, le simple fait de sortir faire des courses au coin de la rue lui demandait une énergie considérable et une préparation psychologique qui pouvait prendre des heures. Il aurait pu mettre à profit ce temps pour faire un minimum de tâches ménagères, histoire de ne pas avoir le profil complet du parfait parasite. Wes était très lucide sur sa situation, il ne se voilait absolument pas la face. Pourtant il n’arrivait pas à se sortir de cet état oisif. Tout lui paraissait trop compliqué.

L’abattement d’Ann lui fit de la peine. En revenant s’asseoir à côté d’elle, il se sentit stupide. Prendre les choses à la légère, ça le connaissait. Mais il avait du mal à tolérer qu’Ann soit découragée, d’autant plus à cause d’un foutoir qu’il avait participé à créer. Un semblant de motivation le traversa. « Ça nous prendrait quoi, de tout ranger, à nous deux ? Une heure ? » Un second coup d’œil autour d’eux lui fit regretter immédiatement les mots qu’il venait de prononcer et il se renfonça dans le canapé, fatigué d’avance

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Lun 9 Nov - 12:00
Les volets ouverts, le bordel est d’autant plus resplendissant. Les rayons de soleil se posent sur la table basse et les meubles environnants, illuminant les grains de poussière et Ann, jusqu’alors déjà submergée, ressent l’envie pressante de retourner se blottir en position du maki sous ses draps pour le reste de la journée. Si la flemme ne l’avait pas envahie, elle serait même retournée dans la cuisine pour ajouter un peu de whisky à son café. Elle laisse échapper un « Haaaaaaaaan ! » sonore concordant avec le soupir de son colocataire et se contente de contempler l’étendue des dégâts, café en mains. Sa jambe droite tremblote, tic nerveux qui la suit depuis toujours.

La brune ne comprend pas comment ils ont pu en arriver là. Elle qui a toujours été très propre se surprend en flagrant délit de laisser aller. Ses yeux se posent tantôt sur la fenêtre ouverte, tantôt sur les résidus de soirées trônant sur les meubles du salon. Elle n’ose même pas se tourner vers la cuisine ouverte où les dégâts sont pire encore, et se contente de s’affaler dans le canapé, les yeux vers le plafond. Elle n’en veut pas à Wesley, l’idée ne lui traverse même pas l’esprit. Au contraire : la présence du musicien sous son toit semble contribuer à sa bonne santé mentale – si toutefois « bonne » est l’adjectif approprié pour parler de son cas, elle qui continue de se mettre des œillères en prétendant aller bien. Et puis, il ne reste pas là pour faire son ménage à elle, non. Ce serait débile. « Une heure, tu crois ? » Elle se relève, soudain presque motivée. « Une heure… » La brune sonde la pièce. Change d’avis. « Non, jamais. Au moins deux. Quoique… » D’un geste du doigt, elle pointe la cuisine : « Je pense que la vaisselle pourra bientôt commencer à se déplacer toute seule, si on attend encore un peu, elle pourrait disparaître dans la nuit. »

Un rire nerveux secoue Ann qui se complaisait décidément bien mieux lorsqu’elle jouait à l’autruche. Avoir les yeux ouverts ne lui plaît pas et elle se prend à rêver de retourner au lit. « Café d’abord ? », supplie-t-elle Wes avec son regard de cocker, « Après, on avise ? »

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Ven 13 Nov - 11:06
Wes eut un léger rire. « Ouais, bien sûr, les assiettes sales vont prendre la tangente avec leurs petites pattes. C'est bien connu. » L’image de la pile de vaisselle prenant vie, monstrueuse, s’imposa immédiatement à son esprit. Il plissa le front en une expression mi-amusée, mi-dégoûtée. « Ça ferait un excellent film d'horreur, cela dit. » Des films d'horreur, d’ailleurs, ils en avaient consommé des quantités astronomiques, avachis dans le canap’, à rire comme des baleines aux moments les plus terrifiants, alors que n'importe qui à leur place aurait été mort de trouille.

Les grands yeux abattus d’Ann suffirent à annihiler toute forme de détermination chez Wes. Il hocha la tête. « Ouais, café d'abord. » Wes rentra la tête dans les épaules, son cou disparaissant dans l’encolure de son sweat gris. Il but une gorgée, prudemment. La boisson, serrée, sans sucre, lui brûla les lèvres. Un silence de quelques minutes à peine s’installa entre eux, mais ça n’avait rien de gênant, au contraire, c’était même plutôt reposant. Pour Wes, s’ennuyer tout seul était insupportable, mais s’ennuyer à deux avait quelque chose d’agréable. De poétique, presque.  

Il jeta un coup d’œil par la fenêtre. La météo, bien qu’hivernale, était magnifique. Pour une journée de congés, c’était idéal. « T'as prévu un truc cette après-midi ? » Wes se doutait de la réponse, il avait remarqué qu'Ann ne quittait presque plus l'appart à moins d'y être contrainte par son boulot. Il savait qu'elle allait mal, de plus en plus mal même, il n'était pas stupide, mais il n'avait aucune idée de comment l'aider. Il n’était pas vraiment en position de donner des conseils, lui qui était au moins aussi perdu qu’elle – la différence entre eux étant que lui s’en rendait compte. En plus, il ignorait quelle réaction elle pourrait avoir s'il abordait le sujet. Wes supposait qu'un bon ami aurait essayé de lui ouvrir les yeux, mais il avait trop peur qu'elle se braque. Or se prendre la tête avec Anneke était le dernier truc qu'il souhaitait. Alors oui, il prévoyait de lui en parler. Bientôt. Mais pas aujourd’hui. Pas au milieu de la sacro-sainte pause café. Ça aurait été criminel.

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Sam 14 Nov - 22:51
« Le nanar du siècle ! » Ann laisse échapper un rire, un vrai rire détendu qui lui fait du bien. Comme toujours, Wesley trouve le moyen d’alléger l’atmosphère et si elle n’en dit rien, elle lui en est terriblement reconnaissante. « Film d’horreur ou pas, en revanche, il y aura bientôt tout un écosystème en train de se développer là-dedans. Ça craint. » Son sourire se fane quelque peu. La brune n’arrive pas à comprendre comment un peu de vaisselle puisse l’abattre à ce point. Ni comment son père, pourtant bourré de thunes, n’a jamais pu vouloir d’un lave-vaisselle dans ce foutu appartement. C’est d’un ton suppliant qu’elle demande à Wes d’attendre la fin de leur « pause » café – si tant est qu’on puisse appeler « pause » le café du matin, mais aux yeux de la jeune femme, c’en est en effet une – avant de reparler ménage. Nous repasserons sur les détails en oubliant volontairement que c’est elle qui a mis le sujet sur le tapis.

Les quelques minutes qui suivent se passent dans un silence apaisant. Les deux colocataires sirotent leur dose d’énergie et Anneke replie ses jambes contre son torse. Elle ferme un peu les yeux, profitant du moment. La simple présence de son ami suffit à rendre tranquille un instant qui l’aurait envoyée tout droit en crise d’angoisse si elle avait été seule. La solitude, le silence, tant de concepts auxquels elle n’est pas habituée. Stressants. Le rythme de la respiration de Wes emplit la pièce plongée dans la quiétude et c’est amplement suffisant pour la brune. Elle n’est pas seule avec ses démons et c’est bien là tout ce qui l’empêche de se laisser sombrer.

« T'as prévu un truc cette après-midi ? » Tirée de sa rêverie, Ann ouvre les yeux et fait mine de réfléchir quelques instants. Elle a un cours de boxe, cette après-midi. Comme tous les dimanches après-midi, d’ailleurs, mais il y a déjà quelques semaines qu’elle ne s’y rend pas. Volontairement ou non, les circonstances font toujours que quelque chose se passe l’empêchant de sortir de chez elle. « Nope. » Elle secoue la tête de gauche à droite. « Faut qu’on range tout ce bordel. » L’excuse du jour. « Pas sûre d’avoir le courage de faire autre chose après ça. Ni même d’avoir le courage de le faire tout de suite, alors je vais partir du principe que faire ma part va me prendre le reste de la journée. » Et ça l’arrange bien, ça, tiens. L’idée même de se mêler à la civilisation lui file un coup de fatigue. « Et toi, t’as des plans ? » Elle sourit doucement. Parfois, elle espère que Wes ne s’ennuie pas trop ici. Il a l’air d’avoir trouvé ses marques, ce qui suffit à la rassurer, mais elle a du mal à imaginer que sa simple présence puisse suffire à qui que ce soit. Et si elle se contente parfaitement de soirées films avec clopes, bière et popcorn, elle n’a pas la moindre idée de comment se sent son colocataire face à tout cela.

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Mar 24 Nov - 22:07
L'air de rien, Wes glissa : « T'es pas censée avoir un cours de boxe, toi ? » Il fronça un peu les sourcils avant d’ajouter, tout aussi innocemment, avec une expression angélique : « T'as abandonné ? » Insinuer qu'elle avait laissé tomber la boxe la vexerait-elle suffisamment pour qu'elle se motive à y aller ? Juste pour lui prouver qu'elle n'était pas du genre à se débiner ? Wes l’espérait mais, très honnêtement, il n’y croyait pas vraiment. Sa psychologie inversée à deux balles était tout sauf subtile. Ann devait l’avoir grillé à des kilomètres. « À ta place je ne prendrais pas le risque de me mettre le coach Burberry à dos, il va te faire vivre un enfer si tu commences à lui poser des lapins. »

Wes étouffa un bâillement qui ne présageait pas une grande efficacité. Il ne comprenait pas qu’Anneke soit aussi accablée, l’appartement était à peine plus en bordel que d’ordinaire, ça n’était pas comme s’ils avaient pris l’habitude de vivre dans un catalogue de décoration. « Te prends pas la tête avec ça. Déjà, je m'occupe de la vaisselle. » Wesley songea soudain au propriétaire des lieux. Il ne l’avait jamais rencontré, il n’avait donc aucune idée de sa réaction s’il découvrait l’équivalent de Bagdad dans son salon. Jan Van Asten risquait de n'être qu'à moitié ravi de retrouver son bien sans dessus-dessous, avec en prime un presque-quadragénaire vissé au canapé. Wes se demanda s’il était au courant de sa présence désormais permanente à l’appartement. Un grand sourire railleur se dessina sur son visage, atteignant ses yeux. « Tu sais quand rentre papa Van Asten ? J’espère qu’il n’a pas prévu de débarquer demain, sinon on est très, très mal. »

« Et toi, t’as des plans ? » Il haussa les épaules, flegmatique.« Non, j'ai aucun plan.  Enfin, mis à part un combat à mains nues avec le monstre de l’évier. » Wes n’avait presque jamais de plans, de toute façon. Quand Ann n’était pas là, il essayait tout de même de se forcer à sortir. En général, il ne faisait pas grand-chose de plus qu’aller au cinéma. Il y allait au pif, sans même consulter le programme. Il prenait la première séance qui venait. Tout ce qui lui importait était de parvenir à se vider la tête. En ce moment, comme toujours lorsque ça allait mal, Wes consommait énormément d'œuvres de pop-culture, jusqu'à l'indigestion. Il écoutait beaucoup de musique, lisait beaucoup de livres, regardait beaucoup de films. Il se construisait une sorte de cocon culturel, dans lequel il pouvait se réfugier et qui lui donnait, étrangement, l'impression d'exister.

Wes lui rendit son sourire. Son amitié avec Ann constituait peut-être la seule chose qui lui paraissait simple. Pas de prise de tête, pas de reproches en sous-texte, pas besoin de faire semblant. Leur équilibre, Wes s'y raccrochait désespérément. Il faisait tout pour ne pas le mettre en péril. Évidemment, tout ça, il ne le lui avait jamais dit. Pas ouvertement, du moins. Mais Ann savait déjà qu'il était pétri d'angoisses, il ne s’en était jamais caché. Dire qu’il s’était habitué à son nouveau quotidien aurait été  un mensonge, Wes avait passé des années à vivre des montagnes russes émotionnelles. L’adrénaline, le trac, l’euphorie, la fatigue. Tout ça en boucle, perpétuellement. Presque trop intensément. Alors oui, à présent, il s’ennuyait. Mais au moins, il n’était pas seul. C’était déjà beaucoup.

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Lun 7 Déc - 1:00
Oh, alors Wes se rappelle de l’existence des cours de boxe. Ça n’arrange pas ses histoires, ça. Elle grimace de façon caricaturale à l’évocation du coach Burberry, visiblement un bon copain de son colocataire. En effet, le coach ne manque pas une occasion de rappeler son existence à Ann, qui trouve toujours de bonnes excuses autres que « la flemme » pour justifier ses absences répétées. « Oopsie, grillée en plein exercice d’école buissonnière ». Elle se gratte la tête, embêtée, « Honnêtement, j’ose pas y retourner, il va me tuer. » Réflexion sur le ton de l’humour – mais juste à moitié. Il y a plus de trois semaines déjà qu’elle n’a pas mis un pied à la boxe. Et c’est un peu son rythme de croisière en ce moment, une fois sur trois. Pas de quoi en faire un foin ? Elle hoche la tête. C’est comme ça, elle a mieux à faire. Elle trouve toujours mieux à faire.

Perdue dans son café, elle soupire de soulagement quand son colocataire se propose pour la vaisselle. Au fond, elle ne se fait pas d’illusions : le bordel reviendra aussi vite qu’il aura disparu et elle s’y complaira un temps jusqu’à ce qu’un nouveau déclic se fasse. Elle est pourtant extrêmement reconnaissante envers Wesley qui fait ce qu’il peut. Lorsqu’il évoque le propriétaire des lieux, Ann hausse les épaules. « Nope, mais il est pas prêt de revoir l'Amérique, ne t’en fais pas. Monsieur est actuellement au Japon et enchaîne directement sur une tournée européenne. Ils ont quelques dates en Belgique, d’ailleurs, si j’avais droit à des congés je me serais payée un petit aller/retour. » Et quand bien même il rentrerait ce soir, Jan Van Asten n’est pas une fée du logis, il serait donc bien culotté de se plaindre. En général, il s’offre les services d’une femme de ménage, lorsqu’il rentre à New-York. Pas souvent, donc. La brune étouffe un soupir et son sourire feint s’éteint quelques secondes à peine, juste le temps de s’en rendre compte. Son ancienne vie lui manque. La Belgique aussi, parfois. Elle n’y a que dix années de souvenirs régulièrement coupées par des tournées, mais il y a bien longtemps qu’elle n’y a plus mis les pieds. Et parfois, elle aimerait pouvoir utiliser sa langue maternelle plus souvent que pour aider l’un ou l’autre touriste hollandais croisé dans la rue.

Dans une vaine tentative de détourner son esprit de la nostalgie qui s’empare d’elle, Anneke demande ses plans à Wesley. Sa réponse a le don de lui arracher un rire – ou du moins, une espèce de soufflement nasal des plus sexys. Il n’a pas grand-chose à faire non plus et elle se rassure un peu sur sa propre inactivité. Lui non plus n’a pas l’air de beaucoup bouger du canapé. Quand on compare leur style de vie actuel à celui qu’il était quelques mois plus tôt à peine, il y a de quoi ne rien comprendre. Si actifs, si accros à l’adrénaline, au rush, à la route, nos deux protagonistes sont à présent réduits à l’état de loques humaines à la vie monotone. Ann s’accroche à Wes car il représente une partie de cette vie qu’elle a quitté, passe par les mêmes étapes, comprend ses difficultés sans avoir besoin de les évoquer. Et ça fait du bien.

Mais aujourd’hui, submergée d’émotions négatives, elle ressent d’un coup le besoin de mettre des mots sur ce qu’ils ont pudiquement tu pendant des semaines. Son regard se plante dans celui de Wesley, y cherchant peut-être la même lueur éteinte que lui renvoie son reflet dans le miroir : « C’est vraiment pas terrible, New-York, mmh ? » Entendez : la sédentarité, la vie monotone, le manque de rebondissements. « C’est redondant. Ça te manque pas, toi, la route ? »

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Sam 12 Déc - 0:18
Wesley lui adressa un sourire entendu. « T’inquiète, je te couvre auprès du coach… Enfin seulement si tu me promets d’y aller la semaine prochaine. » Son ton se fit faussement sévère. « Sinon je te balance. Et t’auras beau me faire tes yeux de chien battu, j’aurai aucune pitié ! » Wes savait que ça ne servait à rien, qu’Anneke ne faisait que ce qu’elle voulait et qu’elle était largement assez maligne pour inventer des excuses innovantes contre lesquelles il ne pourrait rien.

L’air chagriné d’Ann, aussi furtif fut-il, le peina. Cet espèce de mal du pays était surprenant de sa part, elle la baroudeuse qui semblait pouvoir s’adapter à tout. À tout, sauf à la sédentarité, manifestement. Sur ce coup-là, hélas, Wes ne pouvait rien pour elle. Toutes les blagues du monde ne suffiraient pas à compenser la nostalgie qui étreignait son amie. Il essaya quand même, tout en sachant pertinemment que ça tomberait à plat. « Ok, la Belgique est peut-être super sympa, mais ça m’étonnerait qu’elle soit mieux que le superbe musicien qui occupe actuellement ton canapé. Si tu prends des congés pour elle, je vais être très jaloux. » Sous couvert de plaisanterie (médiocre il fallait l’avouer), il y avait du vrai. Très égoïstement, Wes ne tenait pas à ce que qu’Ann le laisse seul à New York, ne serait-ce qu’une semaine. Sa seule présence jugulait pas mal de crises d’anxiété chez le musicien. Il soupira, puis songea un instant à sa propre ville natale. Contrairement à sa coloc, il n’avait aucune envie d’y revenir, d’assumer ses échecs devant ses parents – et surtout devant son frère. Les FaceTime avec eux étaient déjà suffisamment éprouvants.

Wes détourna le regard, incapable de soutenir celui d’Ann, pour le diriger vers le plafond. « Si, bien sûr que ça me manque. » La question de sa coloc réveillait en lui un bon lot d’angoisses, qu’il aurait préféré étouffer. Mais d’un autre côté, il se rendait bien compte qu’en parler, exorciser tout ça, était sain. D’autant plus avec Anneke : face à elle, il n’avait aucun mal à être honnête. « On a de bons souvenirs de tournée, hm ? » Il s’était habitué à ce mode de vie bohème, dans la promiscuité d’un tour bus. La vie communautaire ne lui avait jamais posé de problème, son tempérament doux et adaptable facilitant les choses. Et puis, Ann en était témoin, il avait passé le plus clair de son temps à faire le pitre. Alors des bons souvenirs, oui, il en avait, des tonnes même. Mais il était incapable de les évoquer sans être traversé par une frustration douloureuse. « Et puis les concerts, c’était des shoots d’adrénaline que je peux même pas décrire. Je crois que c’est ce qui me manque le plus, l’ivresse de la scène. Je te jure, je donnerais n’importe quoi pour avoir à nouveau cette impression d’être à ma place. » Pour être exact, c’était l’instant précis où ils sortaient de scène qu’il préférait, lorsqu’ils étaient encore en pleine euphorie, surexcités, et que toute l’équipe se tombait dans les bras, avec le sentiment urgent et absolu d’être invincibles. « On a vécu à un rythme de dingue pendant des années, franchement ça m’étonne qu’on soit fucked up que maintenant. » Il reporta à nouveau son regard sur Anneke, un sourire triste aux lèvres. « Je te retournerais bien la question, mais je crois que je connais déjà la réponse. C’est difficile pour toi, en ce moment, pas vrai ? » Difficile était un doux euphémisme. Ann était malheureuse et ça crevait les yeux.

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Ven 15 Jan - 20:01
D’un hochement de tête entendu, Ann scelle sa promesse sans trop en rajouter. La réalité est qu’elle se rendra peut-être au prochain cours pour se donner bonne conscience puis sèchera encore quelques fois, fatiguée d’avance par l’effort mental qu’une sortie lui demandera. Elle ne s’attarde donc pas et passe rapidement à autre chose. Il faut avouer qu’elle n’a pas que son cours de boxe en tête et aussi emprunte de mauvaise foi cette affirmation semble-t-elle, elle est également difficile à nier.

Rien ne semble échapper à Wesley qui, par sa boutade, lui rappelle qu’elle doit probablement tirer une tronche pas possible. Parfois, elle se demande comment il réussit à les supporter, elle et sa mauvaise humeur chronique. Car si elle n’a pas tout à fait conscience de la dépression qui s’installe lentement dans ses entrailles, elle reste lucide : ce n’est pas la joie tous les jours pour elle. Peut-être que, justement, il la supporte parce qu’il n’est pas non plus le plus heureux des hommes en ce moment. Ça ferait sens, même s’il lui donne l’impression de bien mieux s’en sortir pour avoir l’air raisonnable et à peu près décent en société. Elle lui offre de fait un sourire radieux après avoir ri un peu – non sans se faire la réflexion qu’elle est sacrément lunatique, ce matin, il faudrait qu’elle pense à vérifier le calendrier, l’arrivée imminente de ses règles expliquerait pas mal de choses. « Ou alors, je t’embarque avec moi, c’est tout bénéf : des vacances tous frais payés dans l’un des pays les moins paradisiaques du monde mais avec de la bonne bière pour toi, le plaisir d’un pèlerinage en terre natale partagé avec mon musicien préféré pour moi ! » Elle hausse les épaules, un rictus amusé sur le visage. « Enfin, ça, ce serait si j’avais droit à des congés. Désolée Wes, faudra te contenter du canapé et de la Budweiser encore un moment. »

Pour la première fois depuis longtemps, finalement, elle décide de poser les pieds dans le plat et de parler des sujets qui fâchent. Moins pour contrarier son ami que par simple besoin de ressasser le passé, elle vit mal le malaise qui s’installe. Ann n’avait pas pour projet de blesser Wes et son visage soudain triste et fermé ne lui plaît pas – la culpabilité s’installe et c’est un sentiment négatif de plus à gérer. Elle le laisse pourtant parler, confirmant d’un signe de tête au musicien que leurs souvenirs de tournées sont aussi agréables que douloureux pour elle aussi. Elle n’a pas tout à fait son vécu, il est plus habitué au feu des projecteurs qu’elle qui s’est toujours complu dans la pénombre des backstages, pourtant elle comprend son ressenti. Elle hoche la tête avec compassion jusqu’à ce que la question lui soit retournée. Ann se fige, une fraction de seconde déstabilisante. « Oh, tu sais, c’est probablement pas plus compliqué pour moi que pour n’importe qui quand leur vie change. » Elle hausse les épaules, parfaitement consciente que les choses sont beaucoup plus nuancées que cela. Pourtant, elle décide de faire l’autruche, comme d’habitude. « C’est pas la joie tous les jours, mais on n’a pas trop le choix que de faire avec, mmh ?» Son regard, jusqu’alors planté quelque part entre le sol et le canapé, reprend un peu de contenance. « C’étaient de bonnes années et ça me manque tous les jours, c’est vrai, mais finalement, j’ai trouvé un travail, j’ai un appart luxueux pour lequel je ne donne pas le moindre centime… » Elle lève un regard malicieux vers le musicien. « … et puis, le grand Wes Tag me fait l’honneur de sa présence, comment ne pas aller bien ? »

Un rire discret s’échappe des lèvres de la brune avant qu’elle ne reprenne son sérieux. Vraiment, elle ne veut pas qu’il s’inquiète pour elle, il a déjà assez à faire avec lui-même. Ann pose une main réconfortante sur l’épaule de son ami. « Tu sais, tu es un musicien brillant et tu n’as pas besoin ni de Spleen Code, ni de n’importe qui pour dévoiler l’étendue de ton talent. T’as pas besoin de moi pour le savoir, mais je crois que t’as peut-être besoin de l’entendre. Tourne la page, je suis sûre que tu feras de grandes choses sur la suivante. » Facile à dire quand on s’embourbe soi-même dans son spleen. Mais ça a au moins le mérite d’être sincère.

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Mer 27 Jan - 23:22
Le sourire radieux d’Anneke était communicatif, même s’il surprit le musicien. Ce matin-là, il avait un peu de mal à suivre l’humeur changeante de sa coloc. « Content de savoir que je suis toujours ton musicien préféré. En tout cas c'est dommage, tu me vendais du rêve. Les palmiers et le sable blanc, c'est surfait. »

La main qu’Ann posa sur son épaule fut pour Wes d’un réconfort bienvenu. Il ne put cependant s’empêcher d’émettre un léger ricanement. « T'essayes de m'amadouer pour que je me tape l'entièreté du ménage ? » Et puis non. Il ne pouvait pas s'en sortir avec une pirouette pour esquiver la sollicitude d'Ann. Pas encore une fois. Le musicien n'avait jamais su gérer les compliments, pourtant il les recherchait désespérément – le paradoxe. Il se ravisa : « Laisse tomber, je suis con. Merci, Ann, ça me touche. » À peine eut-il dit ça que son cerveau commença à être parasité par des pensées négatives. Elle dit ça parce que t'es son ami, son avis est biaisé, elle ne penserait pas la même chose si elle ne t'appréciait pas. Il fit un gros effort pour refréner cette vague de défaitisme et rangea précieusement les mots de sa coloc dans le tiroir « à ressortir quand ça va mal » de son crâne. « Heureusement que t'es là. » Ça, Wes l'avait laissé échapper sans vraiment y réfléchir. Mais maintenant qu'il l'avait formulé, il réalisait à quel point il en était persuadé. Dans quel état serait-il s'il n'avait pas Ann pour veiller sur lui ? Par fierté, il ne voulait pas paraître trop accroché (de toute évidence il l'était). Mais d'un autre côté, ça n'était pas plus mal qu'elle sache qu'il lui était reconnaissant. De l'héberger gracieusement, déjà, pour commencer. Et puis de s'inquiéter pour lui. Car au final, ils étaient assez peu nombreux, ceux qui s'inquiétaient pour lui.

Et puisqu'ils étaient en plein dans le registre de la sincérité, Wes décida d'aborder un sujet épineux, sujet qu’il évitait lâchement depuis des semaines. Il se lança avec prudence : « Ça va peut-être pas te plaire mais... » Il se frotta la nuque, signe qu'il était gêné, qu'il cherchait ses mots. « En ce moment, tu bosses, tu dors, entre les deux tu vois personne, à part moi, et franchement je suis pas un cadeau. Alors ouais, t'as un taff et un appart qui pourrait émoustiller n'importe quel agent immobilier, mais... J'ai l'habitude d'Ann la pile électrique, la plus smart de la bande, celle qui travaille comme quatre sans jamais être épuisée. La Ann toujours partante pour sortir, voir du monde, rire, boire, faire des conneries. Sauf que là, ça fait des mois que tu sembles... Éteinte ? » Il grimaça sur le dernier mot, pas certain d’avoir choisi le bon. « Alors quand tu prétends qu'il faut faire avec, que c'est juste un passage à vide... J'ai du mal à le croire. Je suis pas psy, mais je suis pas complètement aveugle non plus, je vois bien que ce qu'il t'arrive est plus sévère que ce que tu veux bien me dire. » Était-il trop intrusif ? Il se mêlait de ce qui ne le regardait pas, certes, mais il fallait bien que quelqu'un ose soulever le problème... Non ? Il aurait été malhonnête de sa part d'acquiescer en silence, de cautionner la politique du « si je te vois pas tu me vois pas ». Car Wes doutait qu'il suffise de fake it until you make it pour se sortir de... De ce qui pesait sur Ann, qu'importe le nom que ça portait. Oui, qu'elle le veuille ou non, il se faisait du souci pour son amie.  

Cela dit, Wesley avait un certain culot de donner son avis alors que lui-même ne faisait absolument aucun effort pour aller mieux. Il se sentit obligé de rajouter un petit commentaire léger, histoire de ne pas passer pour un type moralisateur. « Je te proposerais bien de nous coller une cuite en picolant toute l'aprem mais c'est pas vraiment une solution sur le long terme. » C’était parfois très agaçant, cette incapacité qu’il avait à rester complètement sérieux plus de cinq minutes.

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Lun 8 Fév - 20:41

Passablement exaspérée par l’incapacité de Wesley à accepter les compliments tels qu’ils sont, elle commence par faire la moue. Deux secondes plus tard, elle se rappelle que ses mécanismes de défense ne sont pas beaucoup plus originaux que le sarcasme non plus et elle se contente de hausser les épaules, vaincue. Mais là, le miracle. La brune écarquille les yeux, presque étonnée du sérieux qui anime soudain son ami, pendant un quart de seconde qu’elle espère suffisamment court pour être passé inaperçu. Sa main se resserre doucement sur l’épaule de Wes dans un geste qu’elle veut réconfortant. Ann ne juge pas, se garde bien surtout d’en rajouter une couche, parce qu’elle n’a pas besoin d’être savante pour être au courant qu’elle ne ferait pas grand-chose de sa vie non plus si elle n’avait pas un Wesley pour la pousser aux fesses. Ils ne vont pas bien, c’est une certitude, et dans ces cas-là, il vaut mieux être à deux. Ne serait-ce que pour se redonner un coup de boost lorsqu’on a juste envie de s’affaler sur le canapé.

Après avoir gratifié son ami d’un sourire maigre mais sincère, elle croise les bras sous sa poitrine et écoute ce qu’il a à dire. Ils ont ouvert les vannes des sujets qui blessent et la brune accepte son sort en bronchant à peine. Les mots font mal, il est vrai. Elle a besoin de les entendre, cependant. Car c’est bien beau de se voiler la face lorsqu’on est persuadée d’être convaincante, mais lorsque notre propre entourage comprend le subterfuge, l’histoire est tout autre. Elle a peut-être l’air parfaitement saine d’esprit face à ses collègues ou camarades du cours de boxe – quand elle daigne y mettre les pieds -, mais la seule personne qui la connaisse mieux que Wesley est son père. Ces mots sortis de la bouche du musicien la secouent donc naturellement.

Elle hoche la tête, doucement, les yeux pointés au sol. « Merde. », elle marmonne. Il est temps de faire face à ses démons, et autant vous dire que la brune n’est pas particulièrement emballée par l’idée. « Désolée. » De l’avoir pris pour un con, d’abord, ou peut-être de l’avoir entraîné dans son spleen – bien qu’il n’ait pas eu besoin d’elle pour s’y enfoncer, ce dont elle n’est pas tout à fait convaincue en l’instant. Bien sûr, qu’il a raison. Son regard se ferme, ses bras se resserrent contre son torse dans une infime tentative de protection. « Je suis née dans un tour bus, Wes, j’ai pas l’habitude de rester en place si longtemps. » Et c’est surtout la perspective d’y rester, en place, qui la chiffonne. La brune n’a jamais vu aucun inconvénient à se poser entre deux tournées. Mais là, sans date de sortie, il ne lui semble pas vraiment trouver de raison de rester un être humain décent et présentable. Pourtant, elle continue de se voiler la face : « Je suis sûre que c’est pas si terrible, il faut juste que je m’y fasse et ça ira. » Assez ironique lorsqu’on sait qu’elle s’inquiète probablement plus pour le musicien que pour elle-même. Et que ça fait déjà plus de six mois qu’elle attend de « s’y faire » sans vraiment voir de différence notable. « Je veux bien une bière, cela dit. », ose-t-elle timidement en haussant les épaules. Ann lève les yeux de quelques centimètres, pas encore suffisamment pour croiser ceux d’un Wesley dont elle craint le regard moralisateur. « Juste une ? Avant de faire le ménage ? »

Et de changer de sujet par la même occasion, n’est-ce pas, Van Asten ? Comme s’ils n’avaient jamais pris une cuite avec « juste une » bière. Comme s’ils n’avaient jamais occulté les sujets qui fâchent d’un revers du coude. Ann ne connaît que trop bien la technique et en use encore une fois, on ne sait jamais : sur un malentendu, ça peut passer.

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Mer 17 Fév - 0:11
Wes s’attendait à tout sauf à des excuses. Sa coloc n’avait rien à se faire pardonner, bien au contraire. D’eux deux, c’était plutôt lui le fautif. C’était (un peu) à cause de lui qu’Ann se retrouvait coincée dans ce mode de vie sédentaire qui ne lui convenait pas. Mais le musicien ne souhaitait pas jouer à « qui sera le plus désolé ». Il répliqua seulement : « T’as pas à t’excuser. » Quant à qui avait entraîné l’autre dans cet état végétatif… La question était plutôt de savoir qui empêchait l’autre de sombrer complètement.

Voir Ann se refermer, autant émotionnellement que physiquement avec ses bras croisés, contraria Wes. Mais à quoi s’attendait-il ? Il s’était montré cash, il n’avait pas voulu la blesser mais voilà qu’il y était arrivé quand même. Il s’arma de ses plus beaux yeux de labrador, ceux contre lesquels il était impossible de rester fâché... Ce qui ne servit pas à grand-chose puisque son amie évitait  soigneusement son regard. « Ann, please, don't be mad at me. » La dernière chose qu’il souhaitait, c’était passer pour un donneur de leçons. Mais au moins, maintenant, Ann savait qu’elle ne trompait personne. Pas Wesley, du moins. « C’est juste que j’aime pas te voir comme ça. » Heureusement pour la jeune femme, il ne comptait pas insister. « Mais rassure-toi, on en parle plus. » Ce qui ne voulait pas dire qu’ils n’en reparleraient jamais. Mais pour aujourd’hui, c’était plus que suffisant. Wes se doutait qu’ils ne résoudraient pas tous leurs problèmes en une discussion – si seulement.

D’ailleurs, il lui faudrait peut-être songer à s’offrir les services d’un psy. Wes ricana intérieurement. Lui, allongé sur un canapé, à parler de ses névroses ? Ça ne lui ressemb… Oui bon, ok, ça lui ressemblait. Mais de toute façon, il ferait quoi de plus, ce psy, à part lui extorquer ses dernières économies ? Ses problèmes, il les connaissait déjà, non ? Pas besoin d’aller une fois par semaine raconter son enfance à un vieux chauve à lunettes. Il avait mieux à faire. Enfin non, il n’avait pas mieux à faire, mais il n’en avait pas envie. Voilà. Il souffla : « On va s’en sortir, tous les deux. » C’était une banalité, certes. Mais parfois les banalités se révélaient réconfortantes. Et puis Wes l’avait verbalisé avec tellement de conviction qu’il s’était presque auto-persuadé.

Il s’étira, étouffant un bâillement. Cette conversation sérieuse l’avait épuisé. Il lui fallait bien « juste une » bière pour se remettre d’un tel effort. Wes ne souhaitait pas briser les espoirs d’Ann, mais c’était mal barré pour le ménage. « Ça, pas besoin de me le dire deux fois. » Il s’extirpa du canapé en enjambant l’accoudoir – impossible de se lever d’un canapé sans improviser des acrobaties lorsqu’on est quelqu’un de cool. Le dicton « moins on en fait, moins on a envie d’en faire » le frappa de plein fouet : accéder à la cuisine lui parut être le bout du monde. Il s’empara de deux bières dans le bac à légumes du frigidaire. Trouver le décapsuleur fut une autre paire de manches et Wes passa cinq minutes à retourner la cuisine avant de se rendre compte que l’objet était aimanté sur le frigo. Sa mission accomplie, il retourna auprès d’Anneke. « Le rafraîchissement de Madame. Si Madame veut bien se donner la peine. » Après tout, peut-être que majordome était une bonne alternative à sa carrière de musicien.

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Dim 14 Mar - 16:48
Wes ne comprend pas. Elle n’est pas fâchée, que du contraire, comment pourrait-elle se fâcher alors qu’il a raison sous toute la ligne ? Evidemment, la vérité ne fait pas plaisir à entendre. Mais elle sait qu’il est perdu, peut-être même plus qu’elle, et si entre paumés ils ne pouvaient même plus enfoncer de portes ouvertes… Où irait-on ? « I’m not mad at you, silly ! » Elle hausse les épaules, termine son café et le repose bruyamment sur la table basse. « Moi non plus, j’aime pas te savoir tout… déprimé et éteint. » Les mots sont douloureux mais vrais. Ils ont l’air bien, là, au fond du canapé à ruminer leurs malheurs.

On va s’en sortir, il a raison. Ann ne peut pas imaginer qu’ils ne s’en sortiront pas. Après tout, c’est juste une question d’habitude. Une fois qu’ils seront au clair avec leur nouvelle vie, qu’ils auront trouvé de nouveaux projets, tout ira bien mieux pour eux deux. La question est de savoir quand tout cela arrivera. Et en attendant de pouvoir y répondre, se planquer, c’est… très bien aussi. Du point de vue d’Anneke, tout du moins. Personnellement, je ne vous conseillerais pas la technique de l’autruche pour régler vos problèmes. Mais je ne suis pas psy, n’est-ce pas ?

Dans tous les cas, c’est une bière bien méritée qui arrive tout droit dans les mains d’une Anneke qui l’accueille avec un sourire franchement trop sincère pour ne pas être un tantinet inquiétant. « Je vous remercie, Monsieur, c’est trop aimable ! », plaisante-t-elle en levant la bouteille en direction de Wes dans l’intention de porter un toast silencieux. Le ménage attendra encore quelques heures. Les remises en question psychologiques aussi. Après tout, il est déjà bien trop tard pour les prendre en charge. Un peu de retard de plus ne fera de mal à personne.

TOPIC TERMINE.

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