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this city's made us crazy (JAY)

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Sam 12 Déc - 23:22

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PREMIÈRE RENCONTRE - NYC - 2017

    Jane avait passé une journée particulièrement laborieuse à gérer un client exigeant pour sa société de traiteur. Autant elle était très fière et ravie d’avoir son propre business depuis près de 6 ans alors qu’elle n’avait même pas encore 30 ans, autant ce n’était pas une partie de plaisir tous les jours. Elle avait longuement hésité à écourter la soirée à l’aide d’une tisane et d’une bonne nuit de sommeil mais après courte réflexion, marcher dans la ville en pleine nuit lui ferait le plus grand bien. Jane ne craignait pas d’être seule dans l’obscurité. Prévoyante, elle avait une bombe lacrymogène à portée de main dans la poche avant de son sac, de même que de longues années de pratique de la boxe derrière elle. Ses précautions lui furent inutiles, sans grande surprise, la balade se déroula sans encombre. Les silhouettes circulaient autour d’elle s’en lui accorder aucune attention. New York grouillait de monde, comme d’habitude. Fatiguée de déambuler sans but précis dans les rues tachetées de hauts lampadaires aveuglants, Jane se mit en tête de pénétrer dans le premier lieu qui s’offrirait à elle. Elle parcourait quelques mètres d’une démarche assurée avant d’arriver devant un club de striptease – qui avait certes l’air relativement de bon goût ; finalement, ça serait le second lieu ouvert qu’elle croiserait. Il y avait toute une lignée de magasins déjà fermés à cette heure avant qu’elle n’atteigne un petit bar à l’entrée discrète, qu’elle jugea sympathique au premier coup d’œil. Une ambiance particulière animait les lieux, en effet, au vu du matériel installé sur une estrade vers le fond, il y avait un concert. Parfait. Jane se dirigea vers le premier siège qui lui paraissait libre : le troisième tabouret en partant de la gauche, près du comptoir, où elle commanda illico un verre de Chardonnay.  Elle ne s’était pas vraiment préparée pour cette soirée. Elle arborait toujours le maquillage du matin qui s’était un peu estompé depuis, le mascara avait déposé une très fine couche sur le dessous de son œil ce qui lui donnait l’air fatigué. Ses cheveux étaient négligemment attachés et laissait apparaître de larges boucles d’oreilles tombant sur son cou dénudé. Elle avait tout de même choisi une tenue assez classe qui ne manquerait pas de faire son effet, une petite robe beige brillante accompagnée d’escarpins noirs. Le musicien s’était installé sur scène et avait vraisemblablement déjà effectué quelques chansons si on en jugeait les plusieurs vagues d’applaudissements, mais Jane ne lui avait encore porté aucune attention. En effet, elle regrettait vaguement de ne pas s’être mieux pouponnée car elle avait remarqué un jeune homme plutôt charmant près du bar lui aussi mais séparée d’elle par quatre sièges. En aucun cas comptait-elle trouver ici l’amour de sa vie ni même une aventure furtive, mais elle se disait qu’une rencontre et une compagnie agréable pour la soirée ne lui ferait aucun mal. Au bout de deux verres et d’un sourire en coin, l’homme en question prit place à ses côtés, et il partagèrent une conversation des plus sympathiques, avec les notes d’une très belle mélodie en fond sonore. «  C’est la deuxième fois que je le vois jouer, un vrai connard ce type – c’était l’avocat de ma sœur lors de son divorce-, mais j’peux pas mentir : il est doué. » La lumière tamisée du bar donnait des reflets argentés aux cheveux roux de l’inconnu, ce qui rendait un résultat assez singulier. Jane remarqua à ses derniers mots qu’il avait les lèvres très fines – vraiment très très fines, de quoi tirer l’attention vers elles plutôt que vers les mots qu’il avait énoncé. Jane comprit tout de même des bribes de la phrase : il parlait du chanteur, qu’elle n’avait même pas encore regardé ni même véritablement écouté. Dès que ses oreilles se concentrèrent sur le son de la voix, profonde, un brin rauque, Jane en fût étrangement envoutée.

    Elle pivota alors sur son tabouret pour considérer la forme humaine dont provenaient les sons. Le regard de Jane ne fut d’abord pas attiré par le visage du chanteur, baissé et concentré sur son instrument, mais par son buste. Les projecteurs de scène faisaient briller les épaules d’une chemise bleue, dont le tissu bougeait imperceptiblement avec les mouvements de bras du guitariste en action. Sans savoir pourquoi, Jane afficha un large sourire : peut-être parce que le rythme était entraînant, sûrement parce que le spectacle était subjuguant. L’homme releva finalement la tête et par le plus grand des hasards, son regard plongea directement dans celui de Jane, qui était toujours en train de sourire. Elle se sentit rougir un instant, le temps que l’artiste détourne enfin son regard du sien – après de très longues secondes il lui semblait. Il dirigea ses yeux bleutés vers le reste de l’assistance, adressant des sourires empli de charme, de séduction, à toutes les femmes qu’ils croisaient sur sa route. Certaines avaient même le droit à des clins d’œil. Jane, elle, ne pouvait se résoudre à regarder ailleurs : sa curiosité était piquée au vif par le désir d’analyser le moindre de ses traits, auxquels elle ne trouvait aucun défaut. L’éclairage lui rendait certainement la plus grande des justices, elle arrivait presque à distinguer l’aura d’un charisme autour de son corps. Lorsque la fascination s’atténua, faiblement mais assez pour la faire revenir à la réalité, Jane devint perplexe, ne sachant pas vraiment comment interpréter ce qu’elle venait de vivre. Qu’importe, à la fin du concert, elle irait le voir, lui adresser ne serait-ce que quelques mots, de félicitations peut-être, juste histoire d’épancher ce qu’elle interpréta comme de la curiosité. Avec difficulté, Jane se concentra sur son interlocuteur, se demandant cette fois-ci ce qu’elle avait bien pu lui trouver de charmant – bien qu’en y réfléchissant, elle n’avait pas de reproches à lui faire. Au contraire, la conversation était vive et agréable, mais elle ne pouvait s’empêcher de jeter des regards furtifs et réguliers vers la scène. Elle crut que l’avocat – c’est tout ce qu’elle savait de lui pour le moment – l’avait regardé en retour à plusieurs reprises, mais c’était sûrement le fruit de son imagination, se disait-elle. A la fin du concert, une salve applaudissement secoua le bar, à laquelle se joignirent de bon cœur Jane et Jaime – son compagnon du soir, qui s’était d’ailleurs amusé du jeu de sonorité des deux prénoms. « Ca ressemble à un signe ! » avait-il lancé avec joie. Jane, pourtant avide des signes et des destinées romantiques, ne partageait bizarrement pas cet avis, et s’était contenté de répondre d’un hochement de tête. Elle avait fini de compter les verres depuis un bon moment déjà, son esprit était toujours clair mais elle sentait ses bras s’engourdir. Elle se mit à chercher une excuse pour laisser Jaime et aller aborder celui qui venait de remercier ses spectateurs et avait disparu, sans doute pour ranger le matériel. Elle n’éprouva aucun remord, elle avait passé une très bonne soirée, et il lui semblait avoir donné son numéro : Jaime la contacterait si besoin. Elle décida tout de même de partager un dernier verre avec lui, et avant qu’il ne soit tout à fait vide, l’homme s’éclipsa aux toilettes. Jane en profita pour examiner autour d’elle. Elle manqua de tomber de son tabouret en constatant que le mystérieux guitariste était juste là, à côté d’elle, un sourire jusqu’aux oreilles. Fébrile et un peu pompette, elle vacilla sous le choc et s’agrippa au bras du chanteur qui haussait les sourcils d’un air amusé. « Oh, oups, pardon, vous m’avez heu… surprise. »

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Dim 13 Déc - 17:26
in darkness you are all i see • @Jane McDouglas  Il était près de 21 heures lorsque Tray poussa la porte de l’Oregua, petit bar vibrant niché au cœur de Manhattan où il avait pris ses marques depuis désormais plusieurs mois, et où il avait aujourd’hui l’habitude de se produire plusieurs fois par mois. C’est muni de son étui à guitare que Tray se fraya un chemin dans l’établissement familier, saluant avec enthousiasme les visages devenus familiers derrière le comptoir, son plus beau sourire en coin placardé sur son beau visage tandis que ses yeux froids et calculateurs semblaient s’être adoucis à l’instant où il avait franchi le pas de la porte. Pendant toute la journée, tout comme celles qui l’avaient précédée, Tray avait proféré des paroles cinglantes d’un ton aussi impitoyable qu’arrogant, écrasant à grand renfort d’une repartie redoutable un adversaire reparti bredouille du tribunal, comme il savait si bien le faire. Mais ici, l’espace de quelques heures et comme presque toutes les semaines, l’avocat froid, féroce et détestable laissait place au musicien au regard envoûtant et à la voix douce, dont les mots d’ordinaire si redoutables se retrouvaient enrobés de velours. Rien de surprenant donc à ce que son image soit bien plus sympathique auprès des employés et habitués de cet établissement qu’elle ne l’était au travail. Au fil des semaines, Tray avait su faire sa petite impression en se produisant sur la petite scène de l’Oregua, et il avait désormais coutume de reconnaître pas mal de visages familiers pendant ses performances – certains étaient des habitués de l’établissement depuis bien plus longtemps que son premier concert, mais d’autres faisaient régulièrement le trajet spécialement pour venir l’écouter. Tray, qui n’aspirait pas tant à la moindre célébrité qu’il se réjouissait d’avoir l’opportunité de faire écouter le fruit de son travail à quiconque souhaitait l’écouter, était plus qu’heureux de cet arrangement du vendredi soir, et profitait pleinement de chaque instant qu’il avait l’occasion de passer derrière le micro mis à sa disposition.

D’une manière désormais rituelle, Tray prit place sur le tabouret installé au centre de l’estrade après avoir vérifié que tout son matériel fût bien branché et sa guitare correctement accordée. Il se racla la gorge avant de saluer les personnes présentes dans la pièce, et fut accueilli par quelques applaudissements perturbés par une acclamation stridente, suscitant des rires dans l’assemblée ainsi que chez le principal intéressé. Tray gloussa avant d’adresser un clin d’œil dans la direction dont avait semblé venir le cri enthousiaste, présenta sa première chanson et commença à jouer, bien vite emporté dans sa musique qui venait, comme toujours, séduire un public appréciateur. L’audience était partagée entre ceux qui écoutaient et regardaient la performance dans un silence religieux et ceux qui poursuivaient leur conversation à voix basse et qui se joignaient avec enthousiasme aux autres pour applaudir Tray entre deux morceaux. Comme à chaque fois qu’il chantait sur scène, Tray se sentit submergé par une sensation grisante, et la passion qui l’habitait dans ces moments était aisément perceptible sur son beau visage à la fois concentré sur sa performance et détendu par le plaisir qu’il en tirait. Parfois, il chantait tête baissée, les yeux fermés, à deux doigts d’oublier qu’il était devant un public, et parfois, au contraire, il s’amusait à parcourir l’audience du regard et adresser des sourires candides aux personnes dont les yeux croisaient les siens. Tray était un séducteur avant tout – il aimait séduire les jurés en salle d’audience pour remporter ses procès les uns après les autres, il aimait séduire son public à l’aide de ses doigts agiles et sa voix envoûtante, et, plus que tout le reste, il aimait séduire les femmes et s’autorisait absolument tous les moyens pour y parvenir. Les clins d’œil qu’il adressait maintenant quelque peu au hasard tout en chantant d’une voix suave lui permettraient sans doute de poursuivre la soirée en bonne compagnie, lorsque les projecteurs actuellement braqués sur lui seraient éteints.

Après quelques minutes pendant lesquelles son regard pâle avait cessé de balayer la pièce, pour se concentrer sur les accords qu’il produisait du bout des doigts, Tray jeta un coup d’œil en direction du bar et aperçut un visage pour le moins interpellant. Il n’aurait su dire exactement pourquoi – il appartenait à une femme qu’il n’avait jamais aperçue, mais cela ne constituait rien d’extraordinaire en soi. Elle était d’une beauté exceptionnelle, mais là non plus, cela n’aurait pas suffi à déstabiliser Tray, qui avait eu la chance de passer de nombreux moments privilégiés avec des femmes à la plastique de rêve. Tray n’aurait su définir ce qui l’avait habité au moment où ses yeux pâles avaient croisé ceux de cette inconnue, mais une chose était sûre – il s’en était retrouvé suffisamment déstabilisé que pour ne pas lui décrocher son habituel sourire charmeur, trop occupé à la regarder et à se demander ce qui le subjuguait à ce point chez elle. Ses mains continuaient à danser machinalement sur les cordes de sa guitare et sa voix emplissait toujours la pièce du même ton assuré qu’aucun trémolo ne vint déranger, mais son esprit resta désarçonné pendant quelques instants. Tray se ressaisit au terme de quelques secondes et détacha son regard de celui, tout aussi bleu mais bien plus profond que le sien, de la belle inconnue, pour aussitôt reprendre son petit numéro de musicien charmant et charmeur. À une ou deux reprises, son regard se perdit à nouveau du côté du bar et sur le troisième tabouret qui faisait face à celui-ci – mais il ne recroisa plus les yeux de la mystérieuse créature installée sur celui-ci, et il ne la contempla pas plus longtemps que les quelques fractions de seconde dont il eut besoin pour voir qu’elle était plongée dans une conversation avec son voisin. Il fit donc fi de ce qui s’était passé, et bien vite, l’étrange moment qui venait de produire lui sortit de l’esprit. La soirée reprit alors son cours, comme si ces quelques instants de transe n’avaient jamais eu lieu.

Tray fit finalement résonner la note finale de son dernier morceau de la soirée, un large sourire illuminant son visage d’ordinaire si impassible tandis qu’il courba humblement l’échine en réponse aux applaudissements enthousiastes qui emplirent l’établissement après cette heure où le silence de l’assemblée avait été pratiquement religieux. Tray descendit de son tabouret et s’attela à ranger ses affaires tout en saluant les quelques connaissances qui vinrent le trouver, tandis qu’un brouhaha vint rapidement emplir la salle. Tous sourires, Tray se retrouva à bavarder avec quelques personnes, acceptant avec gratitude les verres que l’on lui offrit. La conversation se poursuivit encore un peu, et les interlocuteurs de Tray finirent par regagner leurs groupes respectifs, permettant à ce dernier de se rendre au bar pour y commander une bière qu’il pourrait enfin descendre pour étancher sa soif sans finir à terre, ce qui se serait certainement produit s’il avait continué à boire les verres d’alcool fort qu’on avait envoyés dans sa direction au cours des dernières minutes. Il se faufila devant le comptoir, et se retrouva à moins de dix centimètres de la mystérieuse inconnue de toute à l’heure – était-ce calculé ou le fruit du hasard, une chose est certaine, c’est que quand bien même cela aurait été voulu, Tray ne l’aurait bien évidemment jamais admis. Il contempla son visage pendant quelques instants avant qu’elle ne remarque sa présence à son tour, et Tray ne chercha pas à dissimuler son amusement face à la réaction théâtrale à laquelle il eut droit. Là où il avait imaginé une gazelle mystérieuse et la grâce d’un cygne, Tray constata en réalité une ingénuité aussi comique que charmante. Un faible courant parcourut son bras lorsqu’il s’y agrippa, et Tray baissa les yeux pour voir qu’elle s’était machinalement agrippée, avant de la toiser, les sourcils haussés mais pas désagréable pour un sou – au contraire, sa curiosité était piquée. Le plus naturellement du monde, il posa sa main par-dessus celle de la jeune femme, comme si cela allait aider à la stabiliser après sa brève perte d’équilibre. Cette fois-ci, le regard de l’inconnue ne le désarçonna pas, et il lui décrocha un sourire à tomber par terre comme il savait si bien les faire. « J’espère que c’est une bonne surprise, au moins. » Puis, sans préambule, il détourna le regard tandis que le barman lui tendait sa bière, et Tray lui glissa un billet de dix dollars avant d’attraper son verre. Il reporta son attention sur l’inconnue, leva son verre dans sa direction avant de prendre une gorgée, sans la quitter des yeux. Elle était de retour, la curieuse sensation qui s’était emparée de lui pendant le concert – il ne savait toujours pas de quoi il s’agissait, mais ce dont il était sûr, c’est qu’il ne quitterait son tabouret pour rien au monde tant qu’elle serait assise à côté de lui.

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Jeu 24 Déc - 15:37

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    La soudaine proximité permit à Jane d’observer avec précision les traits du visage du chanteur pour la toute première fois et ce malgré la lumière artificielle du bar. D’abord, elle fit une brève fixation sur le bas du visage masculin qui était illuminé d’un petit sourire soit charmeur, soit moqueur. Le menton et la mâchoire étaient parsemés de quelques taches subtiles dont Jane ne sût dire s’il s’agissait de grains de beauté ou de taches de rousseur. Cette vision fût rapidement brouillée par le verre de bière que Tray porta à ses lèvres, obligeant Jane à dévier son attention sur des yeux clairs qui la fixait avec insistance. Au fond de sa poitrine, une jeune adolescente en émoi poussa un cri strident. Elle sentit une forte tension électrique parcourir son corps alors qu’ils ne se touchaient même pas. Son estomac émit un petit bruit camouflé par le brouhaha du bar et l’on ne pouvait savoir si c’était le son de papillons qui s’éveillaient à l’intérieur du ventre ou si l’alcool commençait à lui brûler les organes. A la simple rencontre de ce Tray, le corps de Jane avait été frappé d’une sorte de secousse inexplicable. Mais d’extérieur, elle garda un calme plat et soutint le regard du chanteur avec détermination. « Bien entendu, une excellente surprise même. Qui ne serait pas honoré de rencontrer la star de la soirée ? » La réponse de Jane du tac au tac était tintée d’un sarcasme subtil mais le ton n’était nullement désobligeant et pouvait même passer comme sincère. Elle eût beau être déstabilisée par le charme électrique du chanteur, l’instinct féminin de Jane - bien que certainement altéré par l’alcool - lui indiquait déjà de se méfier de ce curieux personnage. Que lui arrivait-il dont ? Elle avait rencontré ce mec depuis moins de cinq minutes et son esprit était déjà parcouru de méandres de pensées tandis que son sang ne faisait qu’un tour. Ou peut-être que tout cela n’était le signe qu’elle avait envie de vomir et n’avait pas le moindre rapport avec Tray. Réflexion faite, il n’était donc pas question de le laisser s’échapper de sitôt. Le corps appuyé contre le comptoir, Tray ne s’apprêtait visiblement pas à partir mais Jane s’en assura en relançant illico la conversation. « Félicitations pour la prestation. C’est la première fois que je viens ici, mais j’ai cru comprendre que tu jouais souvent ici. » Jane bût une nouvelle gorgée d’un verre quasiment vide. D’ordinaire assez spontanée, l’alcool amplifiait ce trait de personnalité et Jane ne pouvait s’empêcher de dire tout ce qui lui passait par la tête. Elle enchaina donc. « Je sais que tu es avocat. Entre le barreau et la scène, on dirait que tu aimes que les lumières soient braquées sur toi. »

    Jane avait fini par détourner le regard, satisfaite de sa remarque un peu piquante. Elle en avait oublié l’existence de Jaime jusqu’à ce que sa silhouette se démarque de la foule, fraîchement de retour des toilettes. « Excuse-moi, il y avait un peu de monde dans la file des toilet… » Jaime s’interrompit. Tray avait pris la place que Jaime occupait jusque-là, l’obligeant à s’arrêter face à eux dans une posture un peu gênante. « Oh, Jaime, euh… regarde… c’est Tray, le… avo…chanteur. » dit Jane, très maladroitement. Jaime l’avait évidemment reconnu et ne jetait plus un seul coup d’œil à la jeune femme. A voir la scène, il semblait qu’à l’instar de Jane, Jaime avait été hypnotisé dès le premier regard avec Tray. Cependant, il était fort à douter que ce fût pour les mêmes raisons. Jaime affichait un air indescriptible, entre surprise, incrédulité et… dégoût. Jane fronça les sourcils et s’extirpa de cette situation improbable en se tournant pour commander un nouveau verre, l’oreille tendue pour écouter le dialogue derrière elle.

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Mer 13 Jan - 2:14
in darkness you are all i see • @Jane McDouglasAprès la réaction initiale de la jeune femme à sa présence, Tray s’était presque attendu à un gloussement timide, un rougissement ou un regard fuyant, mais il n’en fut rien : elle lui servit ce qui ressemblait davantage à une insulte dans un emballage cadeau qu’à un réel compliment. Loin de s’en offusquer, Tray gloussa doucement et lui adressa un sourire solaire qui ne vint pas pour autant briser l’air ténébreux qu’il se composait soigneusement en présence de toute femme séduisante. « Y parait que c’est même mieux que de passer la soirée avec Beyoncé », glissa-t-il avec un clin d’œil furtif, avant de reprendre une gorgée de bière. « Merci », répondit-il ensuite très sincèrement avec un nouveau sourire charmeur, « j’espère que ça t’aura donné l’envie de revenir, au moins », poursuivit-il, l’air espiègle, sans chercher à camoufler le moins du monde le fait qu’il lui manifestait déjà un intérêt qui allait bien au-delà des simples mondanités.  

Tray ne fut que modérément surpris d’entendre la jeune femme évoquer son métier d’avocat – après tout, il était désormais un habitué notoire des lieux et il était à prévoir que, de temps à autre, quelques propos à son sujet soient échangés entre deux clients de l’établissement. En revanche, il était un peu plus pris de court par la façon dont elle avait amené le sujet. Cette pointe de sarcasme taquin la rendait d’autant plus séduisante que Tray aurait mis sa main à couper qu’il n’y avait absolument aucune volonté de sa part de flirter avec lui, et que ce n’était rien de plus qu’un charme tout à fait inné qui venait le conquérir. Il avait l’impression qu’elle ne se préoccupait que peu de lui plaire ou non, pourvu qu’elle puisse dire ce qui lui passait par la tête, et cette répartie l’attirait à elle de façon presque magnétique. Il ne se laissa pas démonter pour autant et ne laissa rien transparaître d’autre qu’un franc amusement. Un nouveau rire vint dérider son visage et il eut bien du mal à reprendre un air sérieux pour répondre. « Les lumières, je sais pas… Mais certains regards, oui, clairement », susurra-t-il, et, l’espace d’une seconde, une vague de chair de poule parcourut son corps entier tandis qu’il se remémorait leur échange de regard inexpliqué de toute à l’heure.

Le moment hors du temps, si intimiste malgré le brouhaha ambiant, qu’ils étaient en train de partager prit brusquement fin alors qu’un énergumène jailli de nulle part vint interrompre la discussion. À l’air embarrassé et les bafouillements de son interlocutrice, il devina bien rapidement qu’il ne s’agissait pas d’un ami de cette dernière, mais que c’était en fait plutôt Tray qui était venu interrompre une interaction potentiellement romantique et non l’inverse. Loin d’y voir un problème, Tray se contenta de tendre la main à l’inconnu. « Salut – Tray Forbes », se présenta-t-il en lui adressant un sourire affable, visiblement nullement gêné par cette situation. Sa bonne humeur vint se heurter à un air très manifestement mécontent de la part du dénommé Jaime, mais ça non plus, Tray ne s’en offusqua pas. Il avait l’habitude de provoquer des réactions fortement polarisées chez à peu près tout le monde – et pour chaque personne conquise par son charme, il y en avait une qui nourrissait à son égard des sentiments proches de la haine. Cela devait probablement être le cas de cette personne-ci, bien que Tray n’eût pas la moindre idée de ce qui lui avait pu lui valoir cette animosité. « Oui, je sais qui vous êtes. Vous avez défendu ma sœur, Jean Cristine », marmonna-t-il après quelques secondes de silence hostile. Tray fronça très légèrement les sourcils l’espace d’un court instant, avant de hocher la tête lorsque, visiblement contre toute attente de son interlocuteur, il situa la cliente en question. La nonchalance inégalée de Tray contrastait de manière spectaculaire avec son excellente mémoire et son éthique de travail, et il n’oubliait jamais un client, même des années après. « Ah, oui, ça fait un bail… J’espère qu’elle continue à nager dans les millions qu’on lui a dégotés », lança-t-il en se remémorant la façon dont il avait plumé son vaurien d’ex-mari. Face à la tension évidente qui émanait de Jaime, Tray se résolut à prendre le taureau par les cornes, trop paresseux que pour feindre l’ignorance –ou la débilité– face à la situation que de nombreuses personnes auraient trouvée très gênante, un concept qui lui était fort heureusement complètement étranger. « Mais j’oublie mes bonnes manières, j’interromps quelque chose ? Tu veux que je vous laisse à deux ? », s’enquit-il, d’un ton faussement innocent et un brin provocateur. « Ben, en fait – », commença Jaime, avant de s’interrompre en voyant que ce n’était absolument pas à lui qu’était posée la question. Tray avait détourné son attention pour la concentrer à nouveau pleinement sur la principale concernée, et prenait déjà un malin plaisir à voir comment elle allait réagir.

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