Je ne pensais pas autant adorer aller à un cours. Je veux dire, aller à un vrai cours, avec d’autres élèves, sans prof particulier et tout ça. C’est tellement agréable de pouvoir échanger sur le cours qu’on vient d’avoir avec d’autres élèves. Ou tout simplement ne pas être le centre de l’intérêt de personnes. Aucun prof ne s’est jamais arrêté dans son explication pour être sûr que tout allait bien encore pour moi et c’est tellement agréable de se sentir comme n’importe quel autre étudiants dans la classe. De se sentir normal tout simplement. J’adore ça ! En revanche, ce que j’aime moins, c’est devoir me lever super tôt les matins où j’ai des cours à 8h, comme aujourd’hui. Je suis loin d’être un lève-tôt et un matinal alors ces journées sont toujours longues ! Heureusement que c’est ma seule journée avec un cours à 8h et que c’est mon seul cours, comme ça je peux rentrer ensuite et continuer ma nuit.

Mais, aujourd’hui, je n’ai pas pu faire ça puisque j’avais rendez-vous avec Levi dans un petit restaurant non loin de l’université alors ça aurait été illogique de rentrer à Brooklyn pour revenir dans ce quartier quelques heures plus tard. À la place, j’ai fait mon bon étudiant et je suis allé à la bibliothèque pour étudier mon prochain examen qui approchait avec une pote que je me suis fais dans mes cours. Bien vite, l’heure du rendez-vous à sonner, du moins l’heure à laquelle je devrais partir pour ne pas arriver en retard. Je ramasse donc toutes mes choses et regagne ma voiture. Quelques minutes de voiture plus tard, me voilà devant le restaurant. Je me surprends même de voir que je ne suis pas en retard ! Un vrai miracle ! Et même que j’arrive juste à temps pour voir Levi les mains au-dessus de la table tenant un morceau de tissus dans l’une et une feuille humide de l’autre. Sans pouvoir m’en empêcher, je me mets à rigoler tout en m’approchant de la table où il est. En marchant, j’enlève mon foulard et commence à détacher mon manteau d’hiver. On est bien loin de la chaleur à l’année de la Jordanie ici et j’ai beaucoup de difficulté à m’habituer au froid en fait.

- Alors qui est le coupable ? Le thé ?

Je dis en rigolant tout en prenant place sur la chaise devant lui.

- La prochaine fois, essaye d’écrire au plomb. Au moins comme ça, si le thé se décide à se renverser sur tes feuilles, ce que tu auras d’écris ne bougera pas et sera encore intact une fois sèche.

Toujours avec un petit rire dans la voix, loin d’être moqueur, je lui donne ce truc qu’un de mes profs particulier m’avait donné par le passé et qui fonctionne très bien. Bien sûr, le plomb fait peut-être un peu moins propre que le stylo, mais c’était bien plus pratique à utiliser par contre.

Je ne peux m’empêcher de continuer à rigoler lorsque Levi confirme que c’est le thé et toujours le thé le coupable. Dommage pour ce dernier, il ne peut même pas se défendre. Pourtant, la situation semblait plus désolante qu’elle n’y semblait puisque, de ce que je peux voir, c’est un nouveau manuscrit que Levi écrivait. Donc c’était son travail qui était peut-être perdu. Des heures et des heures de travail tomber à l’eau, sans mauvais jeu de mot. Pourtant, vaut mieux en rire qu’en pleurer non ? Ça nous permet d’avancer plus vite.

- Pauvre thé quand même, il ne peut même pas se défendre.

Et oui, j’en rajoute une couche malgré tout. Mais la situation est tellement comique que… je ne peux pas m’en empêcher. Mais comme je ne suis pas qu’un simple prince égocentrique, je lui offre une astuce pour éviter que notre travail soit ruiné s’il est trempé.

- Vous avez déjà essayer les… comme ça s’appelle déjà… des pousses-mines ou portes-mines, je crois, quelque chose comme ça. En tout cas, vous avez déjà essayer ça ? Ça ressemble à un stylos, donc ça ne fera peut-être pas de grandes différences.

Je hausse les épaules en finissant de m’installer à la table. J’enlève le gros manteau que je ne quitte plus à chacune de mes sorties depuis que le temps froid a pointé le bout de son nez. Je regrette presque, à certains moments, de ne pas avoir choisis une ville plus au sud des États-Unis. Mais si j’avais fait ça, je n’aurais pas pu retrouver Jade et Neva. Et je n’aurais pas rencontré Charlie. Donc, finalement, le froid, c’est peu payé. Et malgré le froid de l’hiver, j’étais heureux. Je découvrais un nouveau mode de vie, de nouvelles habitudes, une nouvelle vie mine de rien grâce à ce froid que je n’ai jamais continu réellement. J’espère simplement que le froid ne restera pas extrêmement longtemps parce que j’ai tout de même hâte que la chaleur revienne. Aux paroles de mon vis-à-vis, je rigole. Je ne crois pas que ce soit si compliqué d’avoir une meilleure allure que son manuscrit présentement.

- Au risque de vous offusquer, je crois pas que ce soit si compliquer que ça, mais je vais tout de même le prendre comme un compliment. Et non, vraiment pas ! Comment pouvoir s’habituer à ce froid constant ?! Comment faites-vous pour tenir depuis si longtemps ? On fini réellement par s’y habituer ? Parce que je vois vraiment pas comment je pourrais m’y habituer.

Répondis-je presque de façon théâtrale avant de souffler un petit rire. Je suis peut-être un peu trop dramatique là, mais ce n’est pas ma faute quand même. Il fait si froid ! Et c’est à cause de ce froid que je rêve d’un bon chocolat chaud, le seul point positif de ce froid est qu’on a toujours une bonne raison pour ce délicieux breuvage. Et comment ne pas être heureux de voir que Levi appeler déjà le serveur, ce qui rime avec le fait d’avoir ce dernier encore plus vite.

Le froid. La seule variable que je n’avais pas pris en compte lorsque j’avais choisi New-York. Du moins, je l’avais pris en compte, mais pas assez sérieusement faut croire. C’est bien beau les photos de New-York sous la neige, mais c’est tout de suite moins beau lorsque le bout de ton nez est gelé ou que tes narines te collent ensemble à chaque respiration. Vraiment, je peux le confirmer, je déteste le froid. Pourtant, ce n’est pas pour ça que je voudrais changer de ville. J’adore l’université où je suis et je me suis fait des amis ici. En plus, j’ai retrouvé des personnes que je ne voyais que rarement ou que je n’ai juste jamais pu rencontrer en vrai. Donc, le froid, c’est un prix bien peu cher payer. De toute façon, très bien habillé, je crois bien être capable de traverser cette saison. Cependant, ce sont les routes qui me posent un peu plus de problèmes ! Je ne suis aucunement habitué à conduire sur de la neige alors c’est un vrai challenge que j’ai à réussir depuis les premières neiges. Je n’ai pas le temps de répliquer que le serveur arrive. Je ne tarde pas à lui commander un chocolat chaud. J’ai besoin de cette boisson parfaite pour contrer ce froid ! Lorsqu’il fut reparti, je me tourne vers Levi, un sourire amusé sur les lèvres.

- J’espère qu’on s’y fait et vite j’espère parce que l’hiver va être long sinon et j’ai pas envie de quitter la ville de sitôt moi.

Et voilà que j’accompagne le rire de Levi du mien très rapidement lorsqu’il affirme que nous ne sommes pas là pour débattre de la qualité de notre manteau pour bien vite affirmer le contraire.

- Ça me dérange pas de les comparer, mais sache que j’ai à peine compris ce que la vendeuse m’a expliqué. J’ai perdu toute ma concentration lorsqu’elle a dit que mon manteau pouvait me tenir chaud jusqu’à des températures de - 40 degrés. T’imagines, - 40 degrés !

Un air choqué sur le visage à ses paroles qui se transforment bien vite en rire. Un hochement de tête lui répond dans un premier temps accompagné d’un grand sourire avant que je ne reprenne la parole.

- Elles se passent à merveilles ! J’adore toujours autant. Et, je suis surement le seul à avoir dit ça dans sa vie, mais c’est tellement plaisant que les profs ne se concentrent pas que sur moi. C’était tellement agaçant d’être pris par la main par mes anciens profs particuliers. Là, je me sens vraiment comme un étudiant lambda et c’est génial. Et, la coloc, c’est la même chose. Ça se passe toujours aussi bien ! Charlie est génial et on s’est beaucoup rapproché depuis mon arrivé.

Un grand sourire sur les lèvres, il n’était pas difficile de voir à quel point cette vie que je m’étais choisis me comble encore. Je ne suis vraiment pas prêt à quitter la ville et encore moi de rentrer au pays.

Bien vite les sujets du froid, de l’hiver new-yorkais et des manteaux allant jusqu’à -40 sont mis de côtés et… c’est sûrement mieux comme ça ! Je ne voudrais pas qu’il me dise que l’hiver s’éternise durant de long mois et que le froid peut être encore plus froid parce que j’ai bien peur que je prendrais mes jambes à mon coup pour fuir dans un pays où il fait chaud, mais loin de la Jordanie. Je ne veux pas partir alors autant que si c’est le cas, ça reste secret pour l’instant. De toute façon, je vais bien le découvrir par moi-même bien assez vite. On enchaîne plutôt sur ma nouvelle réalité que j’aime plus que tout présentement. Voilà pourquoi je ne veux pas quitter le ville. J’aime ce que je suis en train de vivre et je veux en découvrir encore plus. J’hoche la tête aux premières paroles de Levi avant qu’un petit sourire se dessine sur mes lèvres. Je suis content de savoir qu’il me comprend. Ça fait toujours du bien de savoir que quelqu’un te comprend réellement.

- En dehors du ménage que mon coloc me reproche souvent, je crois qu’en effet, je suis parfaitement à mon aise. J’adore la vie new-yorkaise. C’est tellement ça ! C’est tellement fatiguant de savoir que tout ce que tu fais es épié par quelqu’un. Très content de ne plus vivre ça !

Mes profs particuliers n’étaient pas méchants et intenses, il y en avait certains que j’aimais bien. C’était plutôt le fait d’avoir toujours quelqu’un derrière sois qui surveille chaque fait et geste que je fais qui venait épuisant à la fin. Je ne pouvais rien faire sans que mon père ne soit au courant dans les heures qui suivaient. Comment j’étais supposé pouvoir vivre ma vie avec toutes ces personnes qui me rapportaient à mon père ?

Je remercie le serveur lorsqu’il nous apporte notre commande et, aussitôt, j’entoure ma tasse de mes mains, un petit soupire de bonheur s’échappant de mes lèvres à la chaleur qui réchauffe mes mains.

- Oh euh… faudrait que je regarde pour être sur puisque je sais plus si c’est cette année ou l’année prochaine. Pourquoi ? Tu veux un stagiaire sous payé pour faire tout le boulot ?

Demandé-je en riant déjà à cette idée.