Il est tard. Trop tard et Amy doit probablement dormir. Pour autant, Jupiter décide d’être le plus silencieux possible pour ne pas être repéré. S’il a élu domicile sur le canapé, il sait comme sa jumelle a le sommeil léger depuis ses trop nombreux passages à l’hôpital où rien n’est jamais paisible. De l’agitation, ici et là, qui n’avait de cesse de la rendre nerveuse et de troubler ses sommeils, sous la craindre d’être la destination d’une mauvaise nouvelle. Si cette époque semble en partie révolu, Jupiter n’en est que trop prudent.
Il ne sait pas encore ce qu’il lui a pris, de s’abandonner ainsi dans les bras d’Antonio. Savourer le plaisir et le brulant d’une étreinte sans lendemain et sans promesse. Il s’est senti plus vivant que jamais, à briller dans ses yeux, à s’abandonner sous ses caresses. Plus vivant que depuis sa rupture et sa forme de léthargie de tout. Ailleurs, en dehors de sa propre vie durant de trop longs mois. Un sourire brillait encore sur ses lèvres lorsqu’il a quitté l’appartement du policier et dans la rue, comme dans le taxi, Jupiter se sentait enfin bien. Peut être n’était-ce qu’une illusion sous les sensations de cette nuit trop vite écourtée sous une vague de panique, à l’idée que sa soeur s’inquiète. Mais peut être aussi était-ce cette euphorie de reprendre enfin sa vie en main. D’exister de nouveau. D’accepter de briller dans le regard d’un autre, de lâcher prise et de s’abandonner.

Grimpant dans l’ascenseur, il ajuste sa chemise dont il ne remarque pas les boutons attachés de travers, en ayant loupé un au passage. Attitude presque trop débraillé pour lui, tandis qu’il ne prend même pas la peine d’ajuster sa cravate, se contente de lisser les plis imaginaires de son blazer. Sortant sa clé il déverrouille la porte et pénètre dans l’appartement qui semble silencieux et bercé d’obscurité. Jupiter se sent soulagé de voir que sa soeur ne l’a pas attendu. Il a bien vérifié son portable et lui a renvoyé un message affublé d’une excuse bidon juste pour brouiller les pistes.
Sauf que là, alors qu’il referme derrière lui et retire ses chaussures avant de se tourner vers la pièce, une des lampes d’ambiance s’allume.
Merde.
Serrant les dents, il se tourne finalement vers sa soeur, comme si de rien n’était, échoue sa sacoche au pied du porte-manteau et sourit à sa jumelle. « Heyyy » Lance t-il le plus normalement du monde alors qu’elle le fixe, puis s’approche, en pyjama, sortant de l’obscurité pour se laisser éclairer par la petite lampe. « Je suis désolé je n’avais plus de batterie, j’étais avec des collègues on a bu quelques verres, je n’ai pas vu l’heure » Mensonge éhonté qu’il calfeutre derrière un sourire et une attitude entre désolé et maladresse.
Mais les boutons de sa chemise ne trompent pas. L’absence de sa cravate non plus. À moins que cela soit ses cheveux en bataille S’il espère que son stratagème paiera, sa raison ne peut s’empêcher de lui souffler qu’il s’agit d’Améthyste, sa jumelle et que la jeune femme le connaît mieux que quiconque.
Eux et cette connexion silencieuse, qui perce à jour les secrets les plus douloureux ou les plus inavouables. Ou simplement comme ce soir, lui faire comprendre que quelque chose a changé.