Le rouge sur les lèvres, je regarde mon reflet dans le miroir de la salle de bain d’Adrian. Je pourrais me sentir coupable de quitter le logis du jeune homme - que je squatte pourtant depuis quelques jours - pour aller rencontrer une femme mais… non, ce n’est pas celle que je suis. Lui et moi, on est ce qu’on appelle casual, on profite, on vit et voilà. Je ne lui ai rien promis en posant mon sac de voyages - enfin de week-end - lorsque je suis arrivée le premier. Ni infinité, ni fidélité. J’enfile mes baskets blanches et regarde une dernière fois mon allure générale avant d’enfiler mon manteau et mon écharpe. Je laisse ma merveilleuse voiture sur sa place de parking et me dirige vers le métro, les mains dans les poches. Cela fait bien longtemps que je n’ai pas eu de rendez-vous avec une femme. Ça prend du temps, ces choses. Il faut discuter, apprendre à se connaître, voir si ça peut le faire et se voir. Avec la saison de Formule Un qui a commencé, je n’ai absolument pas ce temps. Mais là, avec Michelle, j’ai été claire nette et précise. Match hier dans la matinée, rendez-vous fixé pour aujourd’hui, rien de prévu pour le reste de la journée. La tête légère, le sourire sur les lèvres, j’entre dans le petit café où nous nous sommes données rendez-vous. Mes yeux détaillent les nombreuses tables prises et je suis à la recherche d’une blonde, d’une jolie blonde. Un oeil sur le cellulaire, la notification de son message me laisse savoir qu’elle est arrivée il y a déjà quelques minutes. Et quand je la vois, au loin, je souris légèrement. Eh bien, déjà de loin, elle fait bien plaisir à regarder. Le téléphone dans la poche du manteau, les clés qui font du bruit en tapant contre ma cuisse, je pose ma main sur son épaule tout en la contournant pour m’asseoir face à elle. Elle a un visage merveilleux, je ne peux pas le nier. Ça fait longtemps que tu attends ? Que je demande rapidement, levant la main pour que le serveur se dirige vers nous. Et moi, aussi simple et nature qu’à mon habitude, je retire mon manteau et souffle C’est joli ici, tu as bien choisi. Mes yeux dans les siens, je n’ai aucune idée que je ne suis pas en face de la bonne blonde et que celle avec qui j’ai rendez-vous est quelques tables plus loin, dans un coin, hors de ma vue.

@Moira Abberline

Quelques heures à peine entre deux représentations, un besoin pressant d’échapper un peu au brouhaha du théâtre qui voit joué Chicago en ses murs pour les mois à venir. En dehors d’une faim de loup, Moira a besoin d’un coup de punch, de ceux qui pourraient lui donner l’illusion d’être en forme. Pas de café pour la blonde, elle opte pour un thé glacé, pas forcément recommandé pour prendre soin de sa voix mais de tels écarts n’arrivent pas tous les jours. Aussi, elle a poussé la porte de ce coffee shop et s’y est posée pour ce qu’elle pense sera une petite heure, juste de quoi lire un peu et se vider la tête.

Elle attend sagement sa boisson qui tarde à arriver lorsqu’une main sur son épaule la sort de sa lecture. Moira retient un sursaut de surprise. Elle cligne des yeux, perdue sur sa planète, et ne comprend pas tout de suite que la jeune femme qui lui adresse la parole s’attend à retrouver quelqu’un. Aussi, un peu confuse, elle tente : « Euh… oui ? Un petit temps en effet, c’est un peu long. » Quand bien même elle trouve cela curieux, elle comprend pourquoi cette inconnue aurait à cœur de connaître le temps d’attente moyen pour recevoir un thé glacé. Elle est peut-être pressée. Un peu bizarre, également, elle s’évertue à lui faire la conversation. « C’est pas mal, oui. »

La blonde esquisse un sourire et se replonge dans son livre. Quelques instants à peine, peut-être trente secondes, suffisamment pour remarquer que son interlocutrice semble décidée à rester assise face à elle et la fixer intensément. Un regard de merlan frit semble l’expression appropriée. Aussi, Moira repose sa lecture à l’envers sur la table et lève la tête. « Tout va bien ? »

@Elizabeth Haas

Spoiler:

Une rencontre parmi tant d’autres. Deux âmes qui s’accrochent et qui donnent envie d’en savoir plus. Michelle est clairement mon type de femme et je compte bien profiter de ce café et du fait que je n’ai rien de prévu aujourd’hui pour laisser la vie faire ses choix. Je pourrais les faire moi, ces choix, m’interdire telles ou telles choses mais je n’ai que très peu de limite et de nos discussions, il en est de même de la blonde que je rejoins rapidement. Assise à ses côtés, mon manteau posé sur la chaise, je la regarde et lui souris, essayant de voir dans ses yeux - le miroir de l’âme - si tout ce que j’aime chez une personne est là chez elle. C’est l’histoire d’une journée ou de rencontres qui se multiplient au fur et à mesure que le temps passe ? Je n’en sais rien et seul le futur me le dira. Pas consciente que je dérange la douce dans sa lecture, je commence la discussion comme s’il n’y avait que moi qui existait. Mais c’est un peu le cas, non ? Aujourd’hui, c’est elle et moi. Michelle et Elizabeth. Le serveur appelé, mon regard retombe sur la douce et elle semble repartie dans sa lecture. Je la regarde quelques secondes, interdite et me rappelle les mots qu’elle a utilisé lors de notre discussion de la veille, elle aime jouer, elle aime avoir un rôle et peut-être que tout cela est une mise en scène. Alors, toute sourire, je souffle Bien entendu. Et toi ? Devrais-je dire vous ? Quel est le personnage qu’elle veut interpréter aujourd’hui ? Il fallait bien que je tombe sur quelqu’un avec de la suite dans les idées. Les rendez-vous ennuyants à souhaits, ce n’est pas pour moi. Avec une vie à mille à l’heure, les moments de pause et d’ennuis ne sont pas pour moi. C’est intéressant, ce que tu lis ? Que je demande, me penchant pour voir le titre de l’ouvrage qu’elle semble préférer dévorer que de poser son regard dans le mien. La même chose que la demoiselle. Que je souffle au serveur quand il me demande ce que je souhaite boire. C’est la surprise, donc. Mais si nos lèvres viennent à se toucher, je ne voudrais pas qu’il y ait un problème d’haleine, de mix des saveurs où je ne sais quoi. Prévoyante la petite dame. Et si mon dernier date ne date pas tant que cela, j’ai l’impression que cela fait des années lumières que je n’ai pas croisé le chemin de qui que ce soit, que je n’ai pas eu de first date en quelque sorte.


@Moira Abberline

Spoiler:

Aussi charmante semble être cette jeune femme face à elle, Moira ne comprend pas vraiment. Elle semble s’évertuer à lui faire la conversation. Loin d’elle l’idée de snober qui que ce soit, mais elle n’a pas l’habitude de passer sa pause à papoter avec des gens qu’elle ne connaît pas – au contraire, elle préfère profiter d’un peu de calme avant la cohue des backstages. « Mmmh », elle marmonne lorsque l’inconnue lui retourne sa question. Mais si au début elle tente de se replonger dans son livre, il est évident que la brune face à elle n’a pas la moindre intention de lui lâcher la grappe. Aussi, Moira soupire discrètement, pose le bouquin à l’envers sur la table et croise les mains devant elle. Elle capitule. Puisqu’elle ne pourra pas lire tranquillement, autant essayer de relativiser. Après tout, peut-être qu’elle est très gentille, cette nana ? « C’est le carnet de voyage d’un suisse qui est parti de Genève vers l’Inde dans sa petite voiture dans les années 50. C’est brillant, je dois dire. Poétique. » Elle retourne le livre à nouveau, y insère son marque-page et le tend à son interlocutrice avec un sourire. Cette dernière l’observe toujours avec un regard qu’elle qualifierait de dévorant. Lorsque le serveur vient prendre sa commande, la brune demande la même chose qu’elle. Décidément, il y a quelque chose qui la dérange, comme une familiarité trop présente. C’est là que Moira la parano fait son apparition. Soudain, elle réfléchit : et si cette jeune femme la stalkait ? La blonde est loin d’être une star à Broadway, mais n’importe quel theatre nerd sur New York serait capable de la connaître d’une manière ou d’une autre. Non, c’est stupide. Tu attrapes un sacré melon, Abberline, elle se dit alors en secouant la tête. Faut pas abuser, non plus. Elle fronce les sourcils malgré elle, décidant malgré tout de faire semblant de rien pour le moment. Continuer à prendre la température sans trop en révéler, juste au cas où.

La blonde lance un sourire gêné à la demoiselle qui lui fait face. « J’espère que vous aimez le thé glacé, du coup. », elle commente sans trop savoir quoi dire. « Sinon, vous allez être déçue. » Très drôle, Moira. Le malaise est présent, pour sûr. Et tu ne fais pas grand-chose pour améliorer la situation.

Mes yeux sur la blonde, mon sourire ne diminue pas et je ne comprends pas pourquoi elle paraît bien plus froide que lorsque nous avons échangé quelques messages ces dernières heures - et derniers jours même. Je la regarde, toujours souriante et enjouée, voulant profiter de ce moment bien que la culpabilité prend possession de moi petit à petit. Mais il faut que je balaye ces pensées afin de profiter de ce moment. Ce n’est pas parce que je me livre un bataille interne que la jeune femme doit pâtir de tout cela. Alors je m’intéresse, j’écoute, je détaille, je questionne. Intéressant. Ça en fait des kilomètres. Mais ça doit être une sacré expérience. Bien entendu, je préfère tourner en rond et doubler mes amis lancée à plus de 200km/h mais c’est différent. Culturellement parlant, ça doit être carrément fou. De quoi en prendre plein les yeux et avoir des souvenirs à la pelle. Que je souffle rapidement, attendant patiemment ma commande - et la sienne aussi, par la même occasion. Il y a une drôle de tension qui se place entre nous et elle est tout sauf sexuelle, on ne va pas se mentir. J’attrape le bouquin qu’elle me tend et l’examine doucement, lisant la quatrième de couverture en essayant d’imaginer ce que tout cela peut produire comme sensation. Ça pourrait vraiment être quelque chose à faire. Un road trip intéressant. Mais je n’ai pas le temps. Avec un métier comme le mien, c’est voyage après voyage et les kilomètres, je n’ai pas le temps de les faire en voiture. Mes yeux sur le bouquin, réellement intéressée - ou cherchant le sujet de discussion - je lève les yeux à sa remarque. J’adore ça oui. Si ce n’est pas trop sucré. Parce qu’il y a une différence entre un vrai thé glacé et le liquide bourré de sucre appelé Ice Tea que Lipton vend. Impressionnée ? Que je souffle, reposant le livre sur la table, plantant mon regard dans le sien. Par quoi, je ne sais pas trop mais il y a de nombreuses choses à prendre en compte. Ou déçue. Parce qu’au final, son sourire est gêné, ses yeux fuyants et elle a l’air d’avoir envie de se barrer vite fait bien fait. C’est la première fois que ça m’arrive et ça me chagrine légèrement, je ne peux pas le nier. Merde. Est-ce que mon charme est foutu ? Adrian m’a-t-il lancé un sort ? Bonne question. Shit.

Le malaise s’accentue au fil de la conversation. Vraiment, il y a quelque chose qui cloche avec la jeune femme qui a pris place face à elle, et chacune des explications que trouve Moira sont soit tirées par les cheveux, soit complètement mégalos. Mais la brune fait la conversation, essaie, du moins, aussi la comédienne y prend part autant qu’elle le peut. S’il y a une infime possibilité que son interlocutrice soit juste naïvement intrusive, Moira se dit qu’elle pourra bien le supporter quelques minutes de plus, le temps de boire son iced tea et se réfugier dans un autre salon de thé. Mais alors qu’elle croyait que la situation ne pourrait pas empirer, la jeune femme se met à lui poser des questions. Impressionnée ? Déçue ? « De ? », se contente-t-elle de répondre sans trop comprendre. Moira fronce les sourcils, cherchant à comprendre. Elle se tortille sur sa chaise tandis que les commandes sont déposées face à elles, comme une barrière supplémentaire. Lorsque le serveur retourne à son poste, la blonde n’en peut plus : « Ecoutez, ne me prenez pas pour une snob ou quoi, mais j’ai comme l’impression que j’ai loupé un épisode et ça me met assez mal à l’aise. » L’avantage, c’est que Moira n’a pas de mal à exprimer son état d’esprit face à une situation, jamais. Et de toute façon, elle est bien incapable de garder un visage stoïque, aussi n’importe qui de normalement constitué serait capable de comprendre quand quelque chose ne va pas. « Est-ce qu’on se connaît ? », elle lance précipitamment, gênée, avant de rectifier : « Enfin, est-ce que vous me connaissez, parce que de toute évidence, je ne vous connais pas, et je suis désolée si c’est un malentendu mais j’exerce un drôle de métier et je n’ai jamais eu à me méfier des gens mais… » La blonde s’arrête net, consciente qu’elle en dit potentiellement trop, ou qu’elle vire à nouveau dans son délire mégalo. Si ça continue, son cou sera tellement gonflé qu’elle ne passera plus les portes. Cependant, tous les red flags de Moira sont actuellement allumés et clignotent dans tous les sens. Il lui faut clarifier la situation quitte à passer pour une connasse imbue de sa personne, ce ne serait de toute façon pas la première fois que ça lui arrive. Sa propre coloc ne peut pas la piffrer, alors…

Il y a quelque chose, je le sens mais je ne sais pas quoi et ça m’agace. J’aimerais lire dans ses pensées, pouvoir briser la glace qu’il ne semblait pas avoir encore hier par message. Il y a des gens qui ont une personnalité complètement différente par message et ça m’a toujours grandement perturbé. Il n’y a que lorsque je suis au travail que je me calme un peu, que la gaieté qui me caractérise et mon franc-parler prennent un peu de vacances. Manque de bol pour la jeune femme, je suis littéralement en vacances quelques jours alors comme ça… Et quand elle me demande plus ou moins de quoi je parle, je fronce les sourcils. Ok. Bon là, on est sûre que j’ai loupé quelque chose. Nos deux visages sont comme chaque partie d’un miroir. La réalité et la réflexion parce que mes sourcils se froncent au même moment où les siens le font. Mmmh, d’accord... Que je souffle en attrapant mon thé glacé et buvant une rapide gorgée. À quel sujet ? Est-ce que j’ai eu à faire à un catfish ? Est-ce une de ses copines qui lui a tendu ce piège ? Il faut dire que les photos ne montraient pas grand chose mais que la conversation était très intéressante. On se connaît ? J’en retiens un léger rire et ait bien envie de lui dire que si elle ne s’est pas cognée la tête contre le mur depuis hier, on se connaît un peu oui. Enfin, je crois. Non, j’en suis sûre. Vous méfier des gens ? De moi ? Et là, je ne peux pas m’empêcher de laisser s’échapper un rire. C’est une blague, c’est ça ? Que je souffle sérieusement, plongeant ma main dans la poche de mon manteau pour sortir mon téléphone. Un drôle de métier. Oui, bah on est deux. Tinder ? Les heures de discussions entre hier et aujourd’hui ? Rendez-vous dans ce café ? Elle se fiche de moi, c’est bien ça, on est d’accord ? Et lorsque je dis tout cela, je lui tends mon cellulaire, ouvert sur son profil. Celle-là, on ne me l’avait jamais faite. Autant inventer un appel qui n’existe pas, une envie pressante fantôme ou je ne sais quoi. Ou même mieux, la vérité plutôt que le mensonge. Michelle, n’est-ce pas ? Que je demande, me rendant compte que je n’ai même pas vérifié cela avant de me poser - ou plutôt m’imposer - à ses côtés. Oh dear. Did I just ?

Le malaise est bien présent et tant pis pour la bienséance, Moira finit par percer l’abcès avant que les choses ne deviennent encore plus… ambigües et gênantes. Evidemment, l’inconnue prend la mouche et vraiment, qui pourrait lui en vouloir ? Moira a ses manières et il lui arrive de donner l’impression d’être une véritable peste qui se prend pour plus importante qu’elle ne l’est. Elle préfère cela que de se laisser marcher dessus, cependant. S’il y a la moindre possibilité que cette jeune femme ne soit pas là pour son bien, donc, elle préfère assurer ses arrières – quitte à avoir l’air d’une princesse. « Une blague ? Est-ce que j’ai l’air de blaguer ? » Elle commence, l’air un peu outrée, mais n’a pas le temps d’élaborer : l’inconnue continue de plus belle.

Et plus elle parle, plus Moira fronce les sourcils. Comment ça, Tinder, un rendez-vous, des discussions sans fin ? Si la blonde avait le temps de se soucier de sa vie amoureuse depuis le lancement de Chicago, ça se saurait. Le fait est qu’elle n’a pas ouvert Tinder depuis un sacré bail. D’ailleurs, elle en arrive presque à croire qu’une de ses copines lui a fait une mauvaise blague en arrangeant un rendez-vous surprise avec n’importe qui – oh, son interlocutrice est tout ce qu’il y a de plus charmante, mais tout de même, il y a un monde entre un date imposé et un vrai date. Au fil des révélations, cependant, elle comprend avec soulagement que ce n’est rien de tout cela. « Oh… », elle murmure avant d’éclater de rire de soulagement, une main posée sur la poitrine. « Non. J’ai bien peur de m’appeler Moira. » La blonde rit encore un peu, de nerfs peut-être, mais la situation, maintenant élucidée, est en fait vraiment drôle. Probablement un peu moins pour la jeune femme face à elle qui se décompose au fur et à mesure des secondes qui passe. « Désolée de vous avoir parlé de travers, je comprends mieux pourquoi vous insistiez tant ! » Elle boit une longue gorgée de thé avant de relever les yeux vers la brune, l’air malicieux : « Dois-je vous aider à retrouver Michelle, du coup ? »

Clairement pas. Elle n’a pas l’air de blaguer et c’est peut-être ce qui me perturbe le plus dans cette histoire. Je regarde la blonde, arque un sourcil et ne peux laisser les choses rester ainsi. Parce que je ne suis pas quelqu’un de mauvais et que je n’ai pas envie qu’elle se méfie de moi. Quel métier fait-elle, pour penser à ce genre de choses ? Est-elle une travailleuse du sexe ? Je commence à me faire une liste non exhaustive des métiers qui pourraient faire qu’elle ait besoin de se méfier de qui que ce soit et plutôt que d’extrapoler, je rétablis les choses à ma façon. C’est un peu comme si elle ne connaissait pas trop les règles du jeu du Uno et que j’étais en train de tout lui expliquer tout en redistribuant les cartes. Et je crois donc que la partie va se relancer, que tout est à plat maintenant. Je la regarde et face à son “oh”, je reste un peu perplexe. Est-ce que c’est le moment où elle m’annonce que j’ai l’air un peu dérangée et qu’elle se joue de moi depuis le début, que cette situation malaisante n’était qu’un petit moment drôle ? Mon égo en prendrait un sacré coup et je crois que cette rencontre serait la première et la dernière entre nous. Pas envie de recommencer ça de si tôt et encore moins le temps pour le faire avec la saison de Formule 1 qui vient enfin de commencer. Moira ? Est-ce que c’est l’équivalent irlandais de Michelle ? Je n’y comprends rien et ça commence vraiment à m’énerver. Seulement, quand elle s’excuse et parle de mon insistance, je crois que je comprends. Je crois que je me rends compte que je me suis trompée de personne et que je viens de balancer mes blagues graveleuses et d’importuner quelqu’un qui n’est clairement pas Michelle et encore moins intéressée par moi. Oh merde... Que je souffle en sentant mes joues rougir, mon regard balayant rapidement la salle, comme si j’étais à la recherche de cette Michelle. Sa question m’arrive aux oreilles et je tourne furtivement le visage dans sa direction Oula non... Que je dis en riant légèrement. Si je suis ici plutôt qu’avec elle, c’est qu’il y a une raison. Le destin ou je ne sais trop quoi. J’en souris et passe une main dans mes cheveux. Je suis vraiment désolée. T’as du te dire que j’étais carrément culottée... Une grimace sur mon visage, je me redresse doucement et souffle Enchantée Moira, je suis Elizabeth. Une façon comme une autre de repartir du bon pied, non ? Ma main tendue dans sa direction, je me demande si elle va continuer cette entrevue ou l’arrêter ici même. À elle de voir, de décider. Je ne vais rien lui imposer d'autre...