Ils avaient été plusieurs du groupe d’amis à mentionner qu’ils allaient passer la soirée à la fête de Sookie. Bloom avait râlé, bien sûr, dans un premier temps, mentionnant plusieurs arguments pour qu’ils n’y aillent pas, prétextant que de se rendre au Scarlett ou au Provocator, leur QG de Rich Kids, serait une bien meilleure idée. En dernier recours, elle avait même pensé à organiser une contre soirée, avant de trouver bien mieux de se rendre à la soirée de l’autre étudiante avec un plan en tête : tout détruire de l’intérieur ou plutôt faire en sorte que tout le monde se rende compte qu’elle fait de bien meilleure soirée, ELLE. Elle ferait ça discrètement, bien sûr, sans qu’on ne puisse la soupçonner de quoi que ce soit, à la manière d’une héritière Walton.

Se faisant désirer bien plus que de nature, c’est une fois que bon nombre d’invités sont déjà présents et que la fête bat son plein que la jolie blonde décide de faire son apparition. Scrutant l’assemblée du regard, elle reconnait bientôt Tristan et Esteban ; mais avant de les rejoindre, son chemin croise celui de l’organisatrice de la soirée. « Sookie ! » Son large sourire s’agrandit. Allez savoir si c’est par pur plaisir de voir la brune ou tout simplement stratégique pour faire bonne figure. Sans doute un petit mix des deux, l’amertume de l’ignorance de Sookie pendant trop d’années étant encore ancrée dans le cœur de la future journaliste. « Je vois que tu as encore fait les choses en grand ; même si c’est loin d’être ta plus grande réussite en termes de soirée. » Les hostilités n’ont pas mis de temps à commencer, et pourtant, Bloom aborde toujours un visage impeccable ne laissant transparaitre aucune émotion. « Du moment que tout le monde s’amuse, j’imagine que c’est le principal. » Elles savent toutes deux que ce n’est pas le cas.

Si les deux jeunes femmes ne se connaissaient pas aussi bien, sans aucun doute que leur échange serait perçu autrement ; et ce sera le cas si quelqu’un écoute aux portes, d’ailleurs. Le sourire impeccable scotché aux lèvres d’un côté comme de l’autre, on dirait tout simplement qu’elles s’échangent des politesses dignes de leur monde de strass et de paillettes. « J’imagine que tu peux. » Elle hausse les épaules. Qu’elle le prenne comme elle veut, ça n’a guère d’importance de toute façon. « Mes amis sont là. En leur compagnie, je m’amuserais n’importe où. » souligne-t-elle d’un revers de la main.
Un serveur passe non loin d’eux, comme s’il avait entendu Sookie proposer à boire à Bloom, et la blonde attrape donc un verre au vol, ne perdant pas une seconde avant de le porter à ses lèvres et d’en boire une première gorgée. « Bien corsé. Je te reconnais bien là. » Et pour dire la vérité, ce n’est pas pour lui déplaire, la future journaliste n’ayant jamais apprécié l’insipide. « On en est à combien en budget, heures de travail et tout le tralala ? » demande-t-elle bientôt, réellement intéressée. Ça ne manquerait pas de lui donner des idées pour sa prochaine soirée, des limites inférieures à battre. « Le thème est assez sommaire, mais bon, ça a au moins le mérite d’être un thème. » lance-t-elle d’un ton qui se veut blasé, alors que dans le fond, elle aurait très bien pu choisir ce même thème. Un brin de mauvaise foi, mais que voulez-vous ?

Elle aurait ri jaune, Bloom, si elle avait eu conscience des problèmes d’alcool de Sookie au moment où celle-ci prononce le mot ‘toujours’, mais là, elle se contente de son sourire de surface habituelle.
Les paroles de son amie-ennemie ne lui plaisent pas. Elle ne l’admettra pas, mais la concurrence ne lui plait guère. Ou plutôt si, elle vit pour ça, mais disons que l’adversaire face à elle est de taille et la voir si sereine est difficile à digérer. Elle a l’air tellement suffisante. Ou bien n’est-ce que le regard embrumé de Bloom qui le pense. « La bonne familiale. J’aurais dû m’en douter. » C’est à son tour de prendre un air condescendant. Quitte à faire appel à des petites mains, elle préfère largement faire appel à des étudiants ou des personnes dans le besoin. Enfin, ça c’est dans l’idéal où elle arrive à trouver des profils intéressants, ce qui est loin d’arriver souvent. Donc en fin de compte, ça finit souvent par l’utilisation du personnel de la demeure familiale également…
« Je ne vais quand même pas te dévoiler toutes mes idées. Tu auras l’occasion de voir par toi-même à ma prochaine fête. » répond-t-elle, avec une assurance déconcertante bien qu’à l’intérieur, elle n’en mène pas large. Elle a un classeur dans lequel elle met toutes ses idées mais là, tout d’un coup, plus rien ne lui vient étrangement. « J’organise d’ailleurs une pool party jeudi soir. » lance-t-elle. Sookie était peut-être déjà au courant. « Pour fêter les premières illusions d’été comme il se doit. » Une pool party en soirée, ça faisait toujours fureur dans leurs cercles sociaux respectifs, et ses parents seraient en déplacement dans de la famille, de quoi profiter. « Tu n’auras qu’à venir avec ta bande de pétasses, si tu veux. » Ah, le voilà le fond du problème, ces amis qui ont pris sa place alors qu’elle avait besoin de Sookie, bien des années plus tôt. La voici un brin jalouse, et surtout amère pour le coup, bien qu’elle ait réussi à s’entourer parfaitement depuis le temps.

L’esprit de Bloom commence à se mettre en ébullition. Elle joue à un jeu dangereux avec Sookie, ce dont elle a parfaitement consciente. Elles ont chacune des attentes très élevées quant à l’autre et si elles arrivaient à communiquer de manière saine, elles se rendraient enfin compte qu’elles veulent la même chose : être là l’une pour autre, amie plutôt que amies-ennemies. La future journaliste aurait préféré que la brune lui dise qu’elle ne viendrait pas, ça aurait été plus simple, mais elle se doutait d’avance que ce ne serait pas le cas.

Elle s’empêche de lever les yeux au ciel. « Si tu ne penses plus être capable de passer une bonne soirée par toi-même, sens-toi à l’aise d’inviter qui tu veux. » lance-t-elle de son ton condescendant. Le serveur arrive à leur niveau. Bloom se serre également une nouvelle coupe, en profitant pour vider d’une traite le verre qu’elle a en main. « J’vais te laisser aller les retrouver, d’ailleurs. Faudrait pas que j’te gâche ta soirée à être en mauvaise compagnie. » Elle ne pense pas une seule seconde ce qu’elle lui dit, ça va de soi ; mais elle est amère tout de même, se souvenant du temps où elles étaient les meilleures amies du monde, et triste qu’aujourd’hui, elles soient incapables de réellement passer plus de quelques minutes l’une avec l’autre. Il faudrait quelque chose de grave pour que Sookie daigne réellement lui accorder du temps. Oui, là elle serait là, sans aucun doute, mais Bloom n’a aucune envie d’user de stratagèmes.