you don't wanna hear this
→ ft. @Elior Munroe  
Réveillée dans un sursaut, à cinq heures du matin. Les bruits de pas de mon voisin du dessus, se levant aux aurores pour aller prendre sa garde du matin à l'hôpital. Je roule sur le dos en poussant un long soupire, la main posée sur mon front, le coeur battant à cent à l'heure. Calme toi, Maddie. Calme toi. Difficile de me calmer quand j'ai cette sensation désagréable qui me bouffe les tripes. La peur. La peur, cette amie avec qui je vie depuis mon retour d'Iraq. Cette même peur qui me pousse à me redresser pour attraper la boite de Paroxétine sur ma table de chevet. Une petite pilule, pour calmer ce coeur fatigué. Malgré cela, impossible de me rendormir. Ma journée commence donc à cinq heures et après avoir été à un entretien pour un job de serveuse dans un café près de chez moi, je me mets en route vers le lycée de Staten Island.

Un message à mon ami Derek avec qui j'ai fait l'armée, policier à la NYPD qui m'a aidé à retrouver Elior et j'arrive enfin à ma destination. La nervosité se fait de nouveau sentir, la main droite, tremblante attrape la boite de Paroxétine dans ma poche pour prendre une gélule. Quand la sonnerie de l'établissement marquant l'heure du déjeuner se fait entendre, je monte les marches, mains dans les poches de ma veste en jean, j'arpente les couloirs à la recherche de la salle de musique. Une fois celle-ci trouvée, je laisse les étudiants sortir de leur cours avant d'ouvrir la porte de cette dernière, toujours aussi nerveuse. Elior se tient là et doit probablement se demander qui je peux bien être. Je sais qui il est. Notre 'père' m'a tout avoué. J'ai vu les vidéos de lui à The Voice. Je sais exactement que l'homme qui se tient devant moi est mon demi-frère. "Elior Munroe ?", que je demande d'une voix faussement hésitante, pour ne pas passer pour une stalkeuse qui n'a fait que le suivre depuis des semaines avant d'oser venir lui parler. Je m'avance vers lui, mince sourire sur les lèvres, "Je m'appelle Madelyn. Madelyn.. Munroe." Comment expliquer à un homme qui ne s'y attend probablement pas que son père a une double vie ? Qu'il a deux familles ? Enfin.. qu'il avait. Car le secret que je vais lui dévoiler va changer nos deux familles à jamais.

i don't wanna hear this
→ ft. @Madelyn Munroe  
Je laisse un long soupire s'échapper d'entre mes lèvres en arrivant en cours. Sept mois sans nouvelles, sept mois sans réponse, sans la moindre idée de ce qui a bien pu pousser Jay à foutre le camp. Je me sers un café dans la salle des profs, boisson que je ne bois que très rarement, quand j'ai très peu dormi, quand j'ai besoin d'un vrai coup de boost. À bas la négativité, je bois une gorgée. Je ne veux pas penser à ça maintenant, mes élèves ont besoin de moi, du vrai moi, et pas de mon mode ralenti. Je dois être au top de ma forme. Je dois avoir l'air aussi joyeux et exubérant que d'habitude. Je remets mes lunettes en place sur mon nez, malheureusement, Ricardo n'est pas dans le coin pour m'aider à me motiver. De toute façon, il faut bien que j'apprenne à faire les choses seul, maintenant.

J'ai beau dire, mon job me fatigue. Je ne peux pas laisser mes problèmes empiéter sur ma pédagogie, et en plus, j'ai maintenant le club à gérer aussi. Faire semblant, c'est épuisant. Mais il y a un lieu et un temps pour laisser ses émotions prendre le dessus, et mes heures de boulot au lycée n'en font pas partie, bien heureusement. Je n'ai déjà pas crié sur tous les toits auprès de mes collègues ce qu'il s'est passé en novembre avec Jay, alors je n'espère pas faire un mental breakdown là-bas. Fort heureusement, la journée passe vite, et j'ai prévu de passer ma pause déjeuner à préparer rapidement le sujet que les adhérents du glee club auront à respecter pour leur travail de la semaine. Alors, quand mon dernier cours de la matinée se termine, je m'apprête à faire quelques recherches sur Elton John, chantonnant « bon app-ééétiiit, yeah, yeah, yeah ! » aux quelques jeunes qui ont la décence de me saluer, sur l'air de I'm still standing.
Mes recherches sur mon chanteur favori furent de courte durée, car une voix m'interrompt, et je me retourne vers la jeune femme, que je n'ai jamais vu auparavant. Elle a l'air trop vieille pour être élève et je ne l'ai jamais croisée en salle des professeurs. Pourtant, bizarrement, elle connait mon nom. J'arque un sourcil, et j'affiche un large sourire quand elle me donne le sien. Après tout, je ne porte pas un nom de famille si rare que ça. « Nouvelle collègue ? Sorry sweetie, "professeur Munroe" c'est déjà prit. » je lui lance, en croisant mes jambes. Une petite voix me dit que je l'aurais su, si jamais quelqu'un de nouveau aurait été engagé au sein de l'établissement. Mais en même temps, qu'est-ce que cette femme pouvait bien faire d'autre ici ?