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happy anniversary ! (jaylior)

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Lun 12 Juil - 12:18
tw: sang



Une matinée de vacances scolaires qui ressemble à celle d'hier, réveillé bien trop tôt par un Adam sauvage matinal, mon prince aux cheveux ébouriffés qui me supplie de faire des pancakes avec lui, je craque face à son meilleur air de chien battu, une heure à regarder des dessins animés débiles en mangeant beaucoup trop de pancakes, et c'est d'un geste machinal que j'entame la vaisselle du matin, alors qu'Adam commence sa douche. Une vie de père de famille typique, des gestes que j'ai l'habitude de faire, et comme il n'est pas encore dix heures du mat', mon cerveau n'est pas encore allumé, alors je mets du temps. Quelques minutes, quelques heures même depuis mon réveil, à me rendre compte que nous sommes le treize juillet. Dear Lord. Mon regard se perd sur un camion garé sur le parking de l'immeuble sur lequel on a une magnifique vue depuis la fenêtre qui se trouve au dessus de l'évier. Huit mois déjà. J'attrape un verre, que je frotte sans même le regarder, mes yeux toujours fixé sur ce camion de production de la fameuse série Netflix de l'immeuble, et je frotte le verre. « Hey Google ! » J'interpelle l'enceinte qui se trouve à quelques mètres de moi sur une étagère, « Play my Favourites playlist, please. » Allumer spotify, mettre la musique à fond, chanter à tue tête, s'occuper l'esprit. Penser à autre chose. Google s'exécute, et je frotte le verre, encore, beaucoup trop longtemps. Elior, ça ne sert à rien, il est déjà propre. Mais je ne le vois pas, parce que je ne le regarde pas, mon regard est fixé ailleurs, mon esprit s'est envolé.
jaylior
well, i hope you know how proud i am you were created, with the courage to unlearn all of their hatred. cause i love you, and i hope that you're okay.

Il suffit d'une note. D'une note jouée au violon pour que je tourne la tête violemment en direction de l'enceinte. Non, non, non. Mouvement trop fort, trop rapide, j'ai l'impression de m'être claqué un nerf dans la nuque, des fourmis embrument mon cerveau, les yeux fermés, la musique continue. « ♪ Hey Janet ? Yes Brad ? I've got something to say. ♪ » « Google shut up ! » Mais je ne parle pas assez fort, la chanson continue, alors je hausse le ton, ma nuque me fait souffrir, mais là, mes oreilles aussi. J'éteins le robinet d'un coup sec, la colère, la tristesse, un surplu d'émotions monte. Me submerge. « GOOGLE, TURN IT OFF ! » « ♪ I really love the... skillfull way. ♪» L'engin s'excuse de ne pas comprendre, et je perds patience, je balance le verre dans l'évier, qui se brise en milles morceaux, et je hurle, si fort que les voisins risquent de se poser des questions. « HEY GOOGLE SHUT THE FUCK UP, TURN OFF THE MUSIC. SHUT. THE. FUCK. UP. » La musique s'arrête, mon regard se repose sur l'évier, un verre éclaté, et quelques goutes de sang.  « That's great. That's just FUCKING great. » C'est au tour de l'éponge d'être maltraitée, lancée sur le plan de travail, mes yeux se baladent partout dans la cuisine comme si j'allais y trouver une réponse, une solution à mon problème. Ma paume de main saigne abondamment, il faut que la désinfecte, que je mette un pansement. Je ne peux rien faire. Adam est dans la salle de bain, et je ne veux pas l'inquiéter. Alors, je fais couler de l'eau fraiche sur ma blessure, mes yeux se portant une nouvelle fois sur le camion, comme pour me reconcentrer. « Happy anniversary, Elior. » que je marmonne dans ma barbe, sentant les larmes monter, remplacer l'adrénaline de la colère par le vide, l'immense vide qui s'est formé dans ma vie il y a huit mois.

En un sursaut, on me sort de mes pensées de manière bien trop brutale. J'éteins le robinet, attrape un torchon pour enrouler ma main blessée en attendant que mon fils ai fini sa toilette, et je marche vers l'entrée de l'appartement. Qu'est-ce qui m'a fait sursauter comme ça ? Au moment où la poignet se tourne, je réalise: c'était le bruit des clefs dans la serrure. Si on ne compte pas le propriétaire, nous ne sommes que deux à avoir une paire de clefs de cet appartement. Débout devant la porte, attendant qu'elle se dévoile, c'en est presque symbolique. De ma main gauche, je serre le torchon plus fort autour de la droite. C'est impossible. Je vais me réveiller. « Holy mother of... » Quand la porte s'ouvre enfin, je suis soudainement conscient du comité d'accueil auquel elle a droit. Seul, droit comme un piquet, une main blessée, même pas encore habillé, pas rasé depuis presque deux semaines. Moi qui d'ordinaire porte une telle attention à mon image, même le dimanche, je me rends bien compte que depuis que c'est les vacances scolaires, je me suis laissé aller. Oh, ce moment je l'ai imaginé plus d'une fois. Ce que je n'avais jamais prédis, c'était que pour une fois dans ma vie, je me tais. Je n'arrive pas à prononcer une phrase correcte, je suis bouche bé. « Jay... » Et je l'observe, pas certain de ce que je dois faire. La prendre dans mes bras ? Crier ? Pleurer ? De toute façon, mes yeux sont encore larmoyants d'il y a quelques minutes. « Where the fuck... » C'est tout. Rien de plus ne se fraye de chemin entre mes lèvres. Me voilà soudainement lessivé.


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Sam 17 Juil - 10:43

TW: PERTE DE POIDS, PSYCHOPHOBIE INTERNALISÉE



C'était presque un miracle qu'entre l'instant où elle était montée dans ce maudit train interminable et celui où elle avait quitté son Uber un peu trop bavard — dude couldn't take a fucking hint — Jay n'ait pas trouvé le moyen de changer d'avis. De faire demi-tour, sans un mot, sans informer qui que ce soit. Elle aurait pu, elle aurait très bien pu et personne n'en aurait rien su, en dehors de Greer qui n'aurait probablement rien dit. Elle aurait pu mais elle était arrivée jusqu'au bout sans même y penser, sans se dire une seule seconde qu'elle n'avait pas à faire ça, que rien, concrètement, ne la forçait à revenir — en dehors de ses regrets et d'un semblant de sens tordu et tardif des obligations familiales. Elle n'y avait pas pensé parce que pour la deuxième fois de sa vie, Jay était parvenue à prendre une décision par envie. L'ironie du parallèle lui avait toutefois échappé, du moins jusqu'à ce qu'elle se retrouve devant cette porte qu'elle avait franchie, neuf mois plus tôt.

Tétanisée.

Les clés étaient lourdes dans la poche du jean qu'elle ne remplissait plus vraiment. Lourdes de sens, lourdes de conséquences aussi. Trop lourdes pour qu'elle s'en aille, maintenant, trop lourdes pour qu'elle s'en serve surtout. Peut-être Elior avait-il fait changer les serrures d'ailleurs. Elle l'aurait fait, à sa place, avec une cinglée dans la nature, susceptible de débouler sans prévenir comme elle le faisait aujourd'hui. À moins qu'il n'ait pas imaginé une seule seconde qu'elle puisse revenir. Chancelant devant cette possibilité qu'elle n'avait pas envisagé — une erreur de débutante qui en disait certainement long sur son état — Jay s'appuya une seconde contre le mur avec une main tremblante. Non, quelqu'un qui ne voulait pas, n'imaginait pas la revoir un jour n'aurait pas pris le temps de lui faire le moindre signe, encore moins de lui envoyer du courrier.

She could do this. She could. She didn't get this far to crumble now. She could do this. She could, she could, she could.

Fébrile, Jay extirpa ses clés de sa main libre et, après deux tentatives ruinées par les tremblements de ses doigts, parvint à insérer celle de l'appartement familial — the heaviest. Elle avait presque du mal à en entendre les cliquetis tant son cœur battait fort dans sa poitrine, résonnant jusque dans ses oreilles. De toute évidence, Elior, lui, avait parfaitement entendu. Ne s'attendant pas à le trouver de l'autre côté de la porte, Jay se raidit, les yeux écarquillés. Well, fuck. C'était sans doute un peu bête, de ne pas avoir anticipé qu'il pourrait être là. Qu'avait-elle imaginé ? Qu'elle trouverait son appartement — leur appartement, techniquement — vide ? Non, même pas. À vrai dire, elle n'était pas allée jusque-là, n'avait pas pensé à ce qui se passerait après. Comme chaque impulsion urgente à laquelle elle avait pu succomber dans sa vie, Janet n'avait pas réfléchi aux conséquences.

Peut-être que c'était une mauvaise idée. Peut-être qu'elle aurait dû faire demi-tour, sitôt arrivée à la gare. Peut-être qu'elle aurait dû dire à son chauffeur Uber trop volubile de faire le même chemin, en sens inverse.

I'm sorry, lâcha-t-elle brusquement, reculant d'un pas dans le couloir, la honte d'entendre son prénom dans la bouche de son mari si étouffante qu'elle en était presque étourdie, I shouldn't have- I should've- Stayed. Said something. Called. N'importe quoi aurait été meilleur que ces balbutiements stupides qui n'allaient nulle part. Ses paupières papillonnèrent un instant pour repousser des larmes dont elle ne voulait pas. Pas par faiblesse, non, mais parce qu'elle en connaissait la force. Hors de question d'utiliser ses émotions, dégoutantes et dangereuses, comme des armes. I should've knocked, finit-elle par murmurer, baissant la tête, I'm sorry, I should've knocked, I don't know why I used my fucking key, I should've knocked, I should've knocked, répéta-t-elle, incapable de se concentrer sur autre chose que cette stupide clé et cette stupide poignée qu'elle avait encore en main. Elle l'abandonna vivement, soudain intensément consciente de l'endroit où elle se trouvait, du regard sous lequel elle se trouvait. Trop tard pour reculer cette fois, vraiment. Not that she wanted to anyway.

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Jeu 5 Aoû - 13:30
tw : sang

This is a dream. Je pense, impossible de me faire à l'idée que ce qui est en train de se passer est réel. It has to be a dream. Mais comment en être sûr ? Comment pourrais-je vérifier sans me ridiculiser, sans la perturber si c'en est pas un. Je serre plus fort le torchon autour de ma main blessée. Aïe. Les picotements du tissu contre ma blessure me répondent, je suis bel et bien dans la réalité. Etrange réalité. Pas de sourire sur mon visage, ni de colère, le vide. Je n'arrive même pas à réfléchir, et quand elle recule, j'avance, presque instantanément, comme si m'assurais qu'elle ne s'éloigne pas plus de moi qu'elle ne l'a déjà fait. Un besoin de proximité, un besoin de la voir de plus près. Mais la petite voix dans ma tête me supplie de ne pas me jeter dans ses bras. La petite voix dans ma tête est persuadée, et me répète que tout est de ta faute Elior. Tu en as trop fait, tu l'as étouffée, tu ne l'as pas laissé respirer. Tu aurais du être meilleur, plus attentif encore à ses besoins, tu aurais du voir que quelque chose clochait, tu aurais du comprendre. Tu es un mauvais mari. Un second pas vers elle, mais je me stop. « Please don't... » Comme si j'allais l'effrayer, comme si j'avais peur qu'elle s'enfuit. Je dois faire tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'elle reste. Ma voix est faible, craquelée, presque un murmure dans le silence qui règne soudain dans la pièce. Le contraste avec le vacarme de la musique et du verre cassé qu'il y avait quelques minutes auparavant me frappe, et je sens mon esprit quitter mon corps, s'envoler, loin d'ici à son tour. « Don't apologize for that.. it's still your place... » Peut-être pas, Elior. Les possibilités que Wes ou d'autres personnes m'avaient énoncés auxquelles j'ai refusé de croire viennent soudainement se bousculer dans ma tête, si j'avais j'avais tort depuis le début ? Et si elle était venu récupérer ses affaires ? Et si elle avait rencontré quelqu'un ? Quelqu'un de mieux, de plus fort, quelqu'un qui lui ressemble, qui la comprenne plus facilement. Quelqu'un qui ne l'étouffe pas. Et si elle était heureuse sans moi ? « ... isn't it ? » je lui demande, comme pour valider mes sentiments, comme pour qu'elle me confirme qu'elle est vraiment de retour, qu'elle ne partira pas. Qu'elle ne me laissera pas encore.

Je cligne frénétiquement des yeux, mes globes toujours humides, l'absence de mes lunettes sur mon nez ne m'aidant pas à faire barrière aux larmes qui veulent se frayer un chemin jusqu'à mes joues. Je serre un peu plus le torchon autour de ma main, garder mes dix doigts occupés pour m'empêcher d'aller réfugier ma tête dans son cou, trop peur de comment elle va réagir. « Please come in... I'll make coffee.. do you want coffee ? What do you want ? Please tell me... » Je n'attends même pas sa réponse avant de retourner dans la cuisine pour mettre en marche la machine à café, parce que même si elle refuse, je vais en avoir besoin moi aussi. Perturbé, je me trompe à plusieurs reprises de placard, ce n'est qu'à la troisième tentative que je trouve les mugs. Et je sors celui dans lequel elle a l'habitude de boire son café le matin, une tasse qui n'a pas été utilisée depuis le mois de novembre. « Have you eaten anything this morning ? I made pancakes for Adam, we didn't eat them all.. there's still some left in the fridge. I can micro wave them for you if you want. » Encore une fois, je n'attends même pas sa réponse, et je sors l'assiette de pancakes du réfrigérateur pour l'enfourner dans le micro onde alors que le café se déclenche. Je bouge vite, très vite, pour éviter de penser à mon coeur qui bat nerveusement dans ma poitrine. Mais me voilà à devoir attendre que les pancakes soient chauds, attendre que le café soit près, et je ne sais plus quoi faire. Debout dans la cuisine, je croise le regard de mon reflet de la fenêtre, et je sers les dents, dégoûté par ce que j'y vois. Elle doit se demander qui je suis et ce que j'ai fait de son mari, de l'homme toujours propre sur lui, cheveux brochés, rasé de près, tenue impeccable. Je me retourne vers elle, tente un triste sourire, elle est si belle Jay. L'envie d'aller embrasser ses lèvres comme je ne l'ai jamais fait me submerge, mais j'ai peur de sa réaction, alors je ne fais rien. Je reste planté là, à attendre qu'elle avance vers moi, même si je suis bien conscient que la vision à laquelle elle a droit n'est pas la plus belle image qu'elle pourrait avoir. C'est décidé, ce soir avant d'aller me coucher, il faut que je me rase une bonne fois pour toute.

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Jeu 5 Aoû - 19:57
La possibilité qu'elle ait, une fois de plus, merdé en prenant une mauvaise décision se transforma en certitude lorsqu'elle entendit la voix d'Elior. Douchée par deux mots dont elle devinait sans peine le sens — après tout, pourquoi aurait-il voulu d'elle ici, sous son nez, après ce qu'elle lui avait fait ? — Jay eut l'impression de se liquéfier et elle baissa la tête, blême, prête à encaisser le reste. Après neuf mois de silence, c'était bien la moindre des choses, de le laisser accoucher de sa colère. She could take it, she could. And if she couldn't, well, no one would know. Excepté son psy, peut-être. Il trouverait certainement le moyen de voir dans ce désastre un aspect positif, elle pouvait déjà l'entendre la féliciter d'avoir fait un pas en avant et vous voyez Jay, vous pouvez prendre de bonnes décisions et toute cette merde débordant d'un optimisme qui l'écœurait autant qu'il la laissait perplexe. Mais le coup de grâce ne vint pas, remplacé par une incertitude qui la frappa en plein cœur. Ou, en tout cas, de ce qu'il en restait. Confuse, elle fronça les sourcils, secouant la tête sans pour autant réussir à formuler le moindre mot. Ça n'avait pas le moindre sens. C'était à elle, d'être mal à l'aise. À elle de ne pas savoir où se positionner, dans tous les sens du terme. À elle de poser des questions timides. I don't... I don't understand, finit-elle par réussir à prononcer, la bouche sèche et la gorge nouée.

Avant qu'elle ne réussisse à trouver la force — et l'inspiration et le courage et l'indécence, most of all, et Dieu savait qu'elle n'en avait pas manqué jusque-là — d'en dire plus, Elior l'invita à entrer, si prévenant et délicat que c'en était douloureux. Elle le regarda disparaître dans ce qu'elle savait être la cuisine, la familiarité des lieux l'enveloppant dans une chaleur qu'elle avait l'impression d'avoir oublié. Un frisson la secoua pourtant et, comme un automate, elle finit par suivre Elior, suffisamment perturbé par sa présence pour se perdre dans ses propres placards mais pas assez pour en oublier qui il était. Ça non plus, ça n'avait pas de sens. Pourquoi était-il là, à lui offrir le petit-déjeuner avec toute la bonté du monde, quand elle se pointait comme une fleur après avoir disparu pendant des mois ? Pourquoi ne criait-il pas, ne lui demandait-il pas de repartir d'où elle venait ? Pourquoi fallait-il qu'il réussisse, with goddamn coffee and stupid pancakes, à lui donner un ridicule, minuscule semblant d'espoir qu'il veuille encore bien d'elle dans sa vie ? Il ne la regardait pas pour autant et ce seul fait suffisait à freiner ses ardeurs inconcevables. Peut-être ne savait-il pas comment lui dire. D'eux deux, c'était elle, la mauvaise graine, la langue de vipère qui n'avait aucun mal à lâcher des méchancetés en cas de besoin et à faire sentir à toute personne indésirable qu'elle n'était pas la bienvenue. Mais non, Elior, lui, préférait offrir une collation et s'agiter en cuisine sans avoir l'air de remarquer que ses propositions restaient sans réponse. Qu'ils soient restés aussi longtemps ensemble relevait du miracle, vraiment.

Jay était sur le point de lui faciliter la tâche, de sortir une phrase toute faite qui ne capturerait sans doute pas combien sa venue était une mauvaise idée mais les tirerait malgré tout de ce bourbier, quand finalement il se tourna dans sa direction. Elle ravala un sanglot à la vue du sourire triste qu'il lui offrit, une vague de culpabilité et de dégoût déferlant pour lui couper le souffle. Il y avait plus cruel que d'imaginer le quotidien de son mari et de son fils sans elle, c'était bien d'avoir sous les yeux les traces de ce qu'elle avait fait. Elior, neuf mois plus tôt, pouvait l'éblouir en souriant, son incarnation personnelle de la joie. L'homme qu'elle avait face à elle n'en était qu'une pâle copie et elle savait, elle savait qu'elle en était responsable. Et parce que Janet était toujours prête à enfoncer un peu plus le clou lorsqu'il s'agissait de se faire du mal, elle ne put s'empêcher de s'approcher d'un pas nerveux. Il n'avait pas changé tant que ça, pas vraiment. Eut-elle été moins observatrice, moins intéressée aussi, Jay aurait pu se dire qu'il s'agissait bien de son mari, le même garçon débordant d'enthousiasme et de tendresse qu'elle avait quitté sans le prévenir des mois plus tôt. Et il ressemblait à Elior, malgré les cheveux un peu plus longs et la barbe qui lui mangeait les joues. Ce n'était pas ça le problème, non. C'était cette tristesse qu'elle avait l'impression de voir briller dans ses yeux à la place de la chaleur dont elle avait l'habitude. Jay s'approcha un peu plus, comme si en s'imposant dans son espace vital, elle allait réussir à apercevoir cette lueur qu'elle lui avait volé en s'en allant. Except being all up in his face meant he'd see her too, all of her. Les marques, surtout. Les cernes de bien trop de nuits passées à tourner et retourner dans un lit qui n'était pas le sien, les joues émaciées par le manque d'appétit et la volonté aussi, mi-consciente, de se punir, le pli amer qu'avait pris sa bouche depuis qu'elle était partie en vrille. Mais tout ça n'avait plus vraiment d'importance. Elle se fichait bien d'être pâle à faire peur et du reste, ça ne comptait plus face à Elior et la preuve criante du mal qu'elle lui avait fait écrite dans ses yeux. Sans réfléchir, elle esquissa un geste vers lui, ses mains grimpant vers son visage comme pour effacer ce triste sourire qui lui ressemblait si peu. Elle réalisa ce qu'elle était en train de faire avant de pouvoir le toucher, s'immobilisant dans le même temps. Why are you so nice to me? souffla-t-elle, croisant finalement les bras pour parer à tout mauvais mouvement. You should be yelling me. Why aren't you yelling at me? After what I've done? Why— I ran away and you're making me breakfast? Why— why— Elle s'arrêta, le nez parsemé de picotements et la gorge fermée à tout autre bruit que les sanglots qu'elle savait imminents. Mais elle ne pleurerait pas, pas ici, pas maintenant. Jay baissa les têtes, les yeux clos, perturbée par la proximité d'Elior qu'elle s'était elle-même imposée — ce qui en disait sans doute long sur ce qu'elle pensait mériter et sur la facilité avec laquelle elle parvenait à se compliquer la vie. Après plusieurs profondes inspirations chasseuses de larmes, elle se redressa à nouveau, paupières papillonnant d'inconfort sous le regard de son mari. You have to yell at me, you can't just be nice and make me coffee, you can't, insista-t-elle, hochant de la tête comme si ça pouvait donner plus de poids à son propos, I don't deserve you— it. I don't deserve it. Elle s'arrêta un instant, crispée, une litanie de reproches déjà en tête pour dénoncer un lapsus aussi bête. Stupide, certainement, mais pas exactement incorrect non plus. Et, après tout, elle n'avait pas l'intention de lui mentir. I don't deserve you either but right now, I especially don't deserve your kindness. Or pancakes. Coffee though? She could use some. I can't believe you even got my cup out, murmura-t-elle presque sans le vouloir en baissant les yeux sur ladite tasse. Why are you doing this instead of kicking me out? ne put-elle s'empêcher d'ajouter en cherchant son regard, hésitante et, malgré elle, presque optimiste. It had to mean something, right? Maybe. Maybe it wasn't just Elior being Elior. Or maybe she was just setting herself up for the biggest disappointment of her life.

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Lun 23 Aoû - 21:04
tw: perte de poids

Je tique un peu à ses mots, presque surpris qu'elle ne soit pas heureuse que je ne lui crie pas dessus. J'en ai des choses à dire à Jay. Et je ne compte pas rester silencieux. Je ne veux pas tout garder pour moi non plus, il y a des choses qu'il faut que je lui dise. Mais pas tout de suite. J'ai besoin de quelques minutes, quelques douces et simple minutes pour m'aider à me remettre du vertige qui m'a prit en la voyant dans l'encadrement de la porte. « No dear, I get to be the one asking questions. » Ma voix n'est pas piquante, on ne détecterait pas une once d'agressivité dans le ton que j'emplois. Je me veux rassurant, parce que j'aimerais qu'elle comprenne. Je ne suis pas énervé contre elle, et je ne l'ai jamais été. C'est plus un besoin de comprendre qui m'a guidé jusque là, un besoin qu'il faut que j'assouvisse maintenant que j'en ai la possibilité. « 'Cause I am the one who needs answers. » Je ne veux pas la blâmer, qu'elle se sente coupable plus que cela doit déjà être le cas.

On est là, elle est moi, debout dans la cuisine, et nous sommes chacun si différent de la personne que nous étions un an plan tôt que c'en serait risible. Pourtant, la situation n'a rien de drôle, au contraire, l'awkwardness qui émane de nous est omniprésente dans la pièce. Un sentiment dont je ne peux me défaire, et plus elle se rapproche de moi, plus je me crispe, dérangé par son regard sur moi. Mais je n'ai pas le temps de penser à mon apparence, il y a plus inquiétant que quelques poils de trop sur un visage. Il y a les joues de Jay, creusées, qui me font froncer les sourcils. Il y a ses cernes, qui me font supposer un manque de sommeil. Elle ne va pas bien. Quelque chose cloche, et je ne peux pas l'ignorer. C'est écrit sur son visage. « Why am I- » je suis définitivement perturbé par toutes ces questions auxquelles je ne m'attendais pas, parce que la réponse est si évidente pour moi, tellement logique. « Because it wouldn't be fair. » Et comme pris d'un sursaut, je me retourne, presque violemment vers la machine a café qui s'est arrêté il y a quelques secondes déjà, et je change de dosette pour m'en faire un à moi aussi, parce que je vais en avoir terriblement besoin pour avoir cette conversation. Je ne pourrai pas l'écouter avec les mains vide, m'expliquer pourquoi elle est partie, la raison pour laquelle elle nous a laissé. « Why would I yell if I don't even know what happened ? And why it happened ? » Toujours dos à elle, je glisse sa tasse sur le comptoir. Lui tendre directement serait prendre le risque d'un contact physique. Je n'en suis pas capable, pas tant que je ne suis pas certain qu'elle est de retour pour de bon. Pas tant qu'elle ne m'a pas affirmé qu'elle ne partira plus. « And why... » mes mains appuyés sur le plan de travail, je n'ai pas la force de me tourner vers elle. J'ai beau tenter de me contrôler, rien n'y fait: ma voix craque. « why would I kick you out when you coming back has been the only thing - with Adam - keeping me from... » from what Elior ? Running away ? Of course not. I would never abandon my son. « Anyway. I need answers, and I'm gonna ask the questions now before Adam comes out of the bathroom. » A tout moment, le petit ange se retrouvera nez à nez avec sa mère. Only god knows la manière dont il réagira. Un enfant, surtout à cet âge là, peut s'avérer imprévisible. Bien que mon prince est un amour, s'il y a bien une chose que j'ai appris ces derniers temps, c'est que l'on n'est à l'abri de rien dans cet appartement.

La sonnerie du micro-onde retentit, et mon estomac se serre, une partie de moi n'a pas envie d'entendre ce que celle que j'ose encore considérer comme ma femme va me dire. J'aimerais pouvoir appuyer sur un bouton quelque part, quelque chose qui nous jette un sort, nous ensorcelle, pour que l'on oublie ces derniers mois, et puisse faire comme si de rien n'était. Comme si rien ne s'était passé. Mais c'est impossible. Et je décide d'y aller petit à petit. Une question à la fois, espérant qu'elle ne se sente pas piégée comme une criminelle dans un interrogatoire avec un agent de police. « Why ? » Je lui demande simplement, parce qu'un seul mot suffit à poser la question, et alors que je pose l'assiette de pancakes réchauffés sur la table, je lui fais enfin face, malgré mon envie de cacher désespérément, comme si c'était possible, le fait que la voix brisée provient bien d'entre mes lèvres. « Was it me ? Did I do something wrong ? Did something happen ? » Et je suis certain de la réponse qu'elle va me donner. Si ce n'est pas moi, qu'est-ce que ça peut bien être ? Bien sûr, que c'est de ta faute Elior.

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Ven 18 Mar - 19:32

TW: PSYCHOPHOBIE, MENTIONS D'IDÉES SUICIDAIRES


Si, par malheur, elle se retrouvait à nouveau dans une situation similaire dans un futur plus ou moins proche, Jay se souviendrait de cette journée désastreuses, peu en importait l'issue. Une fatalité comme une promesse faite à elle-même, qui lui servirait également à prouver à son thérapeute qu'elle avait raison de contenir ses impulsions. Janet la raisonnable n'était peut-être pas très fun ni très intéressante, pas la fille parfaite ardemment désirée par ses parents, pas plus que la mère ou l'épouse parfaite que méritaient Adam et Elior mais elle savait éviter les catastrophes. Le cas échéant, elle pouvait arrondir les angles, quitte à se plier en quatre s'il le fallait. Pas parce que c'était la bonne chose à faire, non, mais parce que c'était ce qu'on attendait d'elle, protéger le statu quo à tout prix. Jay l'irresponsable, elle, n'avait que faire des tristes résultats du cataclysme qu'elle avait laissé dans son sillage. Ou, plutôt, elle était bien trop terrifiée par l'idée de devoir affronter les conséquences de ses actes pour réfléchir à la moindre solution, pas efficacement du moins. Il y avait la fuite, les larmes, l'indifférence et l'honnêteté, tourneboulant sa tête déjà ceinte d'un début de migraine, les excuses, les regrets et les mensonges s'entrechoquant dans son esprit. Et après des années à écouter, observer et analyser les autres pour mieux anticiper interactions et potentiels problèmes, elle était incapable de trouver le script parfait pour cette situation. Terrifiant, pour quelqu'un comme elle.

Elle n'était pas prête, pas le moins du monde, et le soulagement d'entendre Elior reprendre la main fut si soudain, si intense qu'elle aurait pu fondre en larmes. Les yeux brillants, les dents plantées dans sa lèvre inférieure pour mieux ravaler un sourire au timing douteux, elle parvint à se contenir, hochant vivement la tête. Des réponses, bien sûr qu'Elior voulait des réponses. Pas exactement l'option que préférait Jay mais ça n'avait pas d'importance. Il pouvait lui réclamer n'importe quoi et elle s'efforcerait de lui offrir. Pourquoi, en revanche, n'était pas une question aussi évidente qu'à l'ordinaire. Évidemment qu'il méritait des explications, Jay était suffisamment lucide et logique pour le reconnaître. Évidemment que c'était la bonne chose à faire, la seule chose à faire peut-être même. Mais — et là résidait la complexité de l'affaire — elle voulait le faire. Pas simplement lui donner ce qu'il attendait d'elle parce que les circonstances et la bienséance l'exigeaient, parce qu'elle le voulait, elle. Et si ses récentes expériences lui avaient appris quelque chose, c'était bien que suivre ses envies pouvait se révéler dangereux et destructeur. But maybe it could be ok, just this once. Après tout, elle ne pouvait pas vraiment ruiner leur vie une deuxième fois.

Malgré son pessimisme naturel, il lui était difficile d'imaginer le contraire avec l'épaisse couche de gêne qui alourdissait l'atmosphère. L'appartement n'était pas très grand, la cuisine pas exactement spacieuse mais Elior aurait très bien pu se trouver à des kilomètres tant il lui paraissait distant. Et, évidemment, elle méritait sa froideur, son manque d'enthousiasme et bien plus encore, mais une partie, toute petite partie de Janet parvenait à en tirer un plaisir coupable, même lorsqu'il lui tourna le dos, étendant un peu plus encore la distance qui les séparait. Douloureux, certes, mais ça valait mieux que l'apathie presque chronique qui était devenue sa compagne ces derniers mois. Jay s'autorisa un instant d'appréciation égoïste, les yeux fixés sur la tasse qu'Elior poussa dans sa direction, baignant dans la chaleur qu'apportait ce petit geste simple. Thank you, murmura-t-elle finalement avant de s'en emparer. Peut-être que ça ne voulait rien dire, rien de plus qu'un réflexe poli, la manifestation de la bonté naturelle d'Elior. Peut-être qu'elle aurait dû avoir honte de se voir servir le café par le mari qu'elle avait abandonné sans un mot, honte qu'il ne parvienne pas à la regarder en face. Sans doute, oui, mais Janet commençait à accepter doucement mais sûrement que ses réactions, les vraies, celles qu'elle taisait mécaniquement, celles qui la rongeaient depuis qu'elle était en âge d'avoir une conversation sensée, ces réactions-là sortaient du cadre posé par son éducation. Elle n'avait toutefois pas réalisé qu'il serait compliqué de faire cohabiter cette évidence et les ruines de son ancienne vie, une fois face à Elior.

Toute à son contentement volé, le nez dans une brume de caféine qu'elle ne méritait pas, Jay ne vit pas arriver la vague de culpabilité. Elle avait la couleur délavée de lointains souvenirs heureux et le poids des mois de silence mais elle avait surtout la voix d'Elior cassée par l'émotion et l'odeur d'Adam toujours imprégnée dans sa mémoire. Sa naissance n'avait pas miraculeusement donné un sens à la vie de Jay mais son odeur lui avait semblé familière dès le début, sans explication. La seule manifestation, peut-être, de son instinct maternel, rapidement éclipsée par l'angoisse de ses nouvelles responsabilités. À la simple idée de se revoir son fils, elle avait presque l'impression d'être de retour en salle d'accouchement, à mi-chemin entre bonheur et désespoir, incapable de trouver la bonne fréquence émotionnelle. À l'époque, Janet n'avait pas encore fait l'expérience de la maternité et, avant qu'elle ne parte en vrille, Jay n'avait pas encore été une mauvaise mère. Pas vraiment. Paniquée, elle glissa un coup d'œil vers la porte, tant pour vérifier qu'ils étaient toujours seuls que pour évaluer ses chances de fuite discrète, avant de se refocaliser sur Elior. Bien sûr qu'il valait mieux qu'ils aient cette conversation en tête-à-tête, oui, mais au lieu de noter son assentiment, elle s'entendit demander : you sure you want him to see me? Des mois durant, elle avait savamment évité de se poser certaines questions, habilement distraite par des heures de rediffusions télé. Family law wasn't her field of expertise but she knew enough to find answers on her own — on custody, on parental rights, on visitation rights, on the probability that she could get stripped of the former and refused the latter. Se poser ces questions signifiait, évidemment, penser à Adam et pendant longtemps, elle n'avait pas pu, pas sans s'effondrer, trop frêle pour contenir un flot de sentiments qu'elle ne comprenait pas. S'interroger là-dessus, c'était aussi se demander quand, finalement, Elior allait céder et exiger un divorce en bonnes et dues formes, une possibilité qu'elle avait l'audace de trouver paralysante. But, God bless him, he still hadn't. Elle n'aurait certainement pas attendu aussi longtemps à sa place, et certainement pas jusqu'à ce qu'il décide de revenir de lui-même comme elle le faisait aujourd'hui. Another proof that he was a much better person, a better spouse, a better parent, than she could ever hope to be.

Le micro-ondes l'arracha à ses considérations pathétiques, semblant lui répondre, sonnerie stridente aux airs de rejet. Dans un coin de sa tête, Maman-conscience la regardait de haut, les lèvres pincées, désapprobatrice et suffisante. She'd have a field day with this if she knew what an absolute disaster of a wife her youngest daughter was. Empotée, la gorge serrée, incapable d'organiser suffisamment ses pensées pour aligner trois mots cohérents, la déception incarnée. Ce n'était pas faute de le vouloir, pourtant, pas cette fois. Elle voulait expliquer, voulait s'excuser, elle en était certaine à présent — un exploit aux airs de miracle et elle prendrait le temps de célébrer plus tard, seule, certainement mentalement aussi parce que vraiment, comment en parler à qui que ce soit sans passer pour une dingue ? — mais l'absence d'ordre, de contrôle sur ses émotions rendait la tâche difficile. Et la question d'Elior, si simple en apparence, courte et concise, n'arrangeait guère les choses. Malgré le manque de reproche dans la voix de son mari, Jay s'affaissa, voutée au-dessus de sa tasse. Why. Trois petites lettres qui ouvraient la porte à un raz-de-marée. Jay avait appris à survivre en apnée mais fallait-il vraiment de risquer de submerger Elior ? Sa question suivante, ironiquement, apporta une réponse à Janet. She had to tell him. Maybe not everything but still, she couldn't let him think he was at fault. No! lâcha-t-elle brusquement, sans réfléchir plus longtemps. Elle ferma les yeux une seconde, s'exhortant au calme. Il méritait bien ça. Peut-être qu'elle ne serait pas très éloquente mais elle pouvait au moins être claire. No, répéta-t-elle plus bas, la hantise de voir débarquer Adam et de lui faire plus de mal encore toujours présente dans sa tête, nothing happened and you did absolutely nothing wrong. You're— you've always been perfect, baby, elle lui offrit une moitié de sourire, le sobriquet glissant de ses lèvres avec une aisance aussi cruelle que réconfortante, I mean, look at you, look at this, I show up out of the blue after walking out on you and the first thing you do is taking care of me. Pancakes and coffee. The man gave her pancakes and coffee when he probably should've served her with divorce papers. Ça en disait certainement très long sur leur relation et son comportement à elle, qu'il puisse faire ça tout en se demandant si il était bien la raison de son départ. What a fucking mess. Prudente, elle s'approcha lentement, luttant contre le besoin de baisser lâchement les yeux et celui, plus puissant encore, de retomber dans ses vieux travers et de prétendre que son absence n'avait été qu'une passade sans intérêt, a blip in an otherwise happy existence. I've always known there was something off with me, avoua-t-elle à voix basse, si basse qu'elle avait du mal à s'entendre elle-même, son cœur tambourinant si fort que le sang lui bourdonnait dans les oreilles. Something wrong. Abnormal. I mean, I'm not— I wasn't actively thinking about it because then, I would have had to admit it, right? And I can't— couldn't, I couldn't be the troubled child. I couldn't— oh, for fuck's sake, le juron lui échappa, frustration lâchée dans une expiration saccadée. Janet recula, tremblante sur des jambes en coton. Le siège dans lequel son thérapeute la consignait à chaque session prenait tout son sens finalement. Elle se laissa glisser sur l'une des chaises, s'efforça de rester droite. She could do this. If she'd managed to dump her whole life-worth of issues on an absolute stranger, she could have one tough conversation with her husband. Right. Incapable cette fois de le regarder dans les yeux, elle reporta son attention sur l'assiette de pancakes. Elle n'avait pas l'intention d'y toucher mais ils faisaient des interlocuteurs moins imposants. Maybe I should've waited before coming back, at least until I could prepare with my stupid shrink. That's what I've been doing, by the way. Therapy, un petit éclat de rire, sec et amère, lui échappa. Been trying to, I don't know, fix it. Me. Well, not fix, because there's nothing broken, allegedly. Nul besoin d'être télépathe pour comprendre qu'elle n'en pensait pas un mot mais ce n'était pas le sujet. Pas encore, du moins. Avec un peu de chance, Elior n'irait pas dans cette direction. Et quand bien même il tenterait de creuser, elle ne le laisserait pas aller trop loin. Sorry, I'm not making any sense, I just... I just hopped in a train and came here. There might be some irony there because that's exactly what I did when I left. I just... I left. I left you and Adam. La vue brouillée, le souffle court, elle s'arrêta un instant pour cligner des yeux et réalisa, hébétée, que les premières larmes avaient coulé. Well, shit. Sorry, bredouilla-t-elle, un revers de manche essuyant une joue puis l'autre, I don't wanna cry, it's not— it's not the point. And definitely not the way to go about it. Fâcheuse tendance à réprimer ses émotions mise à part, Janet n'avait jamais trouvé dans le fait de pleurer le moindre exutoire ni réconfort, pas plus qu'elle ne se laissait attendrir par une telle démonstration. Elior, en revanche, était bien plus tendre. S'il était capable de lui faire le petit-déjeuner après des moins sans nouvelles, elle préférait ne pas imaginer sa réaction devant son glaçon d'épouse fondre en larmes. Une fois assurée qu'elle ne risquait pas d'éclater en sanglots, Jay reprit, I didn't leave because of you. Or Adam. At first, once I was able to... think again, I tried to convince myself that I left for you, that you'd be better off without me. Permanently. Not that she would tell him that. Jay était convaincue de n'avoir jusque-là qu'effleuré la souffrance qu'elle lui avait infligé et elle connaissait suffisamment son propre mari et son grand cœur pour savoir qu'une telle confession lui ferait plus de mal encore. But it's, you know, it's cowardly and not factually correct anyway. I got to a point where I had no idea who I was and I still don't know. Pretending to be normal and making sure to meet the expectations everyone set and— I know it probably sounds crazy but I swear, I woke up that day and I had no idea who was looking at me in the mirror. And if I didn't know who I was, how could I be what you needed? More than that, Adam, I— I know what it's like to grow up with parents who don't... who don't really know how to give you what you need. I couldn't do that to him, that's all I was thinking and then I just... my brain, it turned off and I left. I didn't really realize what I was doing until I was at Greer's. Elle frissonna, le fil de cette funeste journée encore flou. La réalisation d'avoir fait une connerie monumentale, elle, était tout à fait nette. Toujours aussi fraîche, toujours aussi étouffante. And the thing is, I still don't know. I don't know who I am or how I managed to get that old without going crazy much sooner. The therapy, it's, I think it's helping a bit but really, it made me realize that there are very few things that are still clear to me. Because once I stopped following the rules and... and doing exactly what is expected of me, it felt like I was lost. Like I got lost in thick fog, if that makes sense? Probably not but she was talking, right? She was trying. It had to count for something. And all I could see was how much I missed Adam and you and our life together, the three of us, but... And here came the hard part. Non pas que le reste n'ait été une promenade de santé mais il y avait, dans les quelques phrases encore coincées dans le fond de sa gorge, un soupçon d'espoir auquel elle n'osait pas se raccrocher. La dose ultime de vulnérabilité. I can't pretend to know how much damage I've done already, parvint-elle à articuler en se redressant, le regard perdu dans le vague, and I know apologies are just words, they don't fix much, even with meaning, but you still deserve to hear them. And before that, I need— I want you to know that I'm not expecting you to accept them or even forgive me, I really don't. But I'm sorry, I'm sorry I took off without talking to you, I'm sorry I hurt you and our son like this. I'm truly sorry I never felt strong enough to tell you any of it before. I should've but I didn't and that's 100% on me. It's not something you did wrong, you... I meant it Elior, you're perfect and I'll do anything, anything you want. If you want me to leave, sign something, if— if there's anything I'm able to do to make up, even for the tiniest bit of the pain I caused you, I'll do it. Even if it took her a lifetime — and if he allowed her to stick around, it might take her exactly that and then some.

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Lun 9 Mai - 14:57
« Well, that depends, » je réponds, rassemblant toute l'énergie que j'ai en moi pour poser la question qui me brûle les lèvres depuis que j'ai pu deviner sa silhouette dans l'encadrement de la porte. « are you permenantly back, or are you leaving in ten minutes ? » Parce que si elle est vraiment de retour, bien sûr que je veux qu'Adam la voit. Il en a certainement des choses à lui dire, lui aussi. Par contre si elle n'est que de passage ou si la chose venait à se reproduire, le cœur du petit serait probablement encore plus brisé que le mien.
A l'instant même où j'ai prononcé ces mots, je secoue la tête, vivement, comme pour me détacher de ceux-ci. Je ne veux pas lancer de pic à Jay. Je ne tiens pas à aggraver son sentiment de cupabilité, et cette réponse que je viens de lui donner, ce n'est pas moi. « I'm sorry I shouldn't have... it came out the wrong way. Of course I want him to see you. He needs his mom. Even more than I need my wife. » Prétendre l'inverse ne serait pas juste.

Je ne sais même pas comment j'ai réussi à lui poser la question suivante. Why. Why did she go ? Le véritable mystère qui m'obsédait depuis ce jour-là. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer, qu'est-ce qui l'avait poussé à bout au point de partir sans dire un mot à personne ? Je n'ose même regarder Janet alors qu'elle commence à s'expliquer. J'ai peur, je suis terrorisé à l'idée que j'ai pu dire ou faire quelque chose de mal. Pendant son absence, les démons dans ma tête n'ont cessé de hurler que je l'avais étouffé, qu'une femme comme elle ne pouvait pas finir avec quelqu'un comme moi. Qu'elle était trop belle, trop forte, trop indépendante, trop intelligente pour moi. Toutes ces qualités qui m'avaient fait tomber amoureux d'elle un peu plus chaque matin alors que je me réveillais dans le même lit qu'elle, sa peau contre la mienne. Son "no" fut presque brutal, si je n'avais pas été aussi attentif et pendu à ses lèvres, j'aurais pu sursauter. Mais c'est au "baby" que je parviens enfin à poser mon regard sur elle. "you've always been perfect, baby" Chacun de ces mots rallumèrent une petite étincelle en moi, et réchauffèrent un peu mon cœur. Pourtant, mon estomac se serre un peu plus, parce qu'une part de moi attend le "mais". Il y en a un, n'est-ce pas ? C'est presque avec impatience que je l'attends, ce "mais", celui qui expliquera tout, celui qui me brisera en mille.

Bizarrement, il ne semble pas pointer le bout de son nez. Pas une ombre de ce fameux "mais", qui, j'en étais jusqu'alors certain se cachait quelque part dans son cerveau. Elle ne le dit pas. Ce qu'elle dit, en revanche, change toute la donne. Something off with her ? Je bois ses paroles, concentré sur chacun des mots que la belle blonde prononce. Quand elle s'assoit, j'ai presque envie de me jeter sur elle, pour être sûr qu'elle ne se fasse pas mal, parce qu'elle semble presque tomber sur le siège tellement elle ne tient plus debout. L'odeur des pancakes ne m'avait jamais paru aussi répugnante de toute ma vie, mon estomac semble s'être retourné en entendant la détresse de la femme que j'aime. Je la laisse parler, sans l'interrompre, la laisse se confier sur ces choses que je n'aurais jamais deviné. Quand des larmes coules sur ses joues, je dois me retenir pour ne pas les essuyer moi-même, mais je ne veux pas la brusquer, je veux qu'elle se sente à l'aise. Alors je m'agenouille devant elle, sans un mot, et pose mes deux mains sur ses genoux, sans quitter ses yeux du regard. Quand je parle enfin, c'est seulement pour répondre d'une faible voix, « yes you can, and yes it is, » cause it is actually the point, Janet. Tu peux pleurer si tu le souhaite, si tu as tout ça sur le coeur, c'est parce que tu n'as jamais réussi à te confier, ni à avouer toutes ces pensées et ces sentiments à personne. C'est certainement ça qui t'a fait péter un câble Jay, et il faut y remédier.
Alors, mes mains sur ses genoux, assit à terre face à elle, mon regard plongé dans le sien qui semble briller comme les plus tristes des étoiles, je me promets silencieusement de toujours être là pour elle. Peu importe l'heure du jour ou de la nuit, peu importe si je suis à New York et elle en voyage pour je ne sais quelle raison à l'autre bout de la planète, je ferai ce qu'il faut si elle a besoin de bras dans lesquels pleurer, je serai toujours là pour la rassurer, la réconforter ou simplement pour être à ses côtés.

Je la laisse poursuivre, sans lui couper une seule fois la parole. Je ne bouge pas d'un poil, si ce n'est pour cligner des yeux sans jamais la lâcher du regard. Pour lui montrer que je suis là, à l'écoute, malgré tout ce qui a pu se passer. Parce que je sais bien qu'elle ne m'a pas tout dit, loin de moi l'idée de la forcer. Mais si tout ça, tout ce qu'elle vient de m'avouer n'est que la pointe de l'iceberg, je comprends bien à quel point elle doit souffrir. Et god knows i much i don't want her to suffer anymore. « That was... » un léger soufflement, comme pour relâcher un peu la pression qui est montée en moi en l'écoutant avant de reprendre, pour enfin répondre à ses mots. « a lot. But I can handle it. And I know you feel like you can't. I can feel it. But you will, and everything is eventually going to get better. Not right now. Cause therapy... it can be a very long process. But I'm so proud of you for doing it. Cause therapy isn't fun, and it is no vacation. » Je pince mes lèvres, prends quelques secondes pour réfléchir à mes prochains mots, je me dois d'être juste. « Something I need to tell you right away is... please don't hate yourself, Jay. Everything you just told me, I guess there is much more, but even the things you haven't told me yet, even the things you're not ready to tell anyone yet, Jay it's okay. It's okay to have those feelings, it's okay to be human. We are not machines, baby. You are not a robot so you can't be broken nor fixed. You are an individual with feelings who has made good and bad choices in your life, and it's okay. » Je me relève et tire une chaise pour la placer face à Jay, parce que je ne peux pas continuer à genoux sur le carrelage toute la conversation. Mes coudes sur mes cuisses, je me penche vers elle, et ne quitte pas ma femme des yeux. « From now on, whenever you'll be ready to say something, anything, even if you feel like it's weird, even if you think your feelings are not valid, I want you to know that I'll be there, and I'll listen. And I'll help you understand those things and I'll help you feel comfortable with your feelings. I know what it's like to not be able to reach parent's standards and expectations. And god know I would have never been able to be myself and love myself if I had to do it alone. »
Je tends ma main droite pour attraper la sienne et tente un léger sourire malgré mes yeux brillants. « You're not alone. And if you ever felt alone, I promise you I'll do everything I can for it to never happen again. » Je me mords la lèvre inférieure, et serre le poing gauche, terrorisé à l'idée d'être rejeté, je me lance. « And baby if you want to do something to for me right now, there is only one thing you can do. » Je déglutis, mes yeux toujours plongés dans les siens, la suppliant presque. « Kiss me. »

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Mer 1 Juin - 23:08
Are you leaving in ten minutes? La question était légitime, certes, et elle avait beau savoir, objectivement, rationnellement, qu'elle n'était porteuse d'aucun reproche — pas dans la bouche d'Elior — Janet ne put s'empêcher d'y déceler des accents accusateurs. Qu'elle méritait amplement, si on y réfléchissait deux minutes. À vrai dire, la réflexion ne nécessitait même pas tant de temps. Elle était partie une fois, elle pouvait repartir. Un raisonnement logique auquel elle serait parvenue elle-même. Auquel elle était parvenue, à la réflexion, en chaque rare occasion où elle s'était imaginée revenir. Avait imaginé les questions qu'on lui poserait, les reproches qu'on lui ferait. Et Elior était à des lieues du tableau bien sombre et véhément qu'elle s'était dressée. No, it came out the right way, reprit-elle du bout des lèvres, les yeux rivés sur ses doigts tordus par la tension qui courait le long de chaque muscle de son corps frêle. I understand, insista-t-elle avec une sincérité qui la surprit elle-même — elle n'était clairement pas la mère de l'année, pas l'humain le plus fonctionnel du coin non plus mais si il y avait bien quelque chose que Janet comprenait, c'était la logique élémentaire qui régissait la plupart des rapports humains. I'm not leaving. Not again. Une promesse, peut-être, qui semblait bien vide mais qui était bien plus facile à proférer qu'elle ne l'avait cru. L'effet Elior, certainement. En presque trente ans d'existence, elle n'avait pas souvenir d'avoir rencontré quelqu'un d'autre auprès de qui l'idée d'abandonner tout masque, toute prétention ne paraissait pas insurmontable. Pas aisé, certes, mais pas impossible. Et, d'accord, Jay n'était peut-être toujours pas très sûre de savoir qui elle était dans le fond, pas certaine de comprendre où le rôle de la petite fille parfaite qu'elle avait modelé pour elle-même s'arrêtait et où commençait l'adulte qu'elle était réellement mais lui expliquer semblait être un premier pas. Plus conséquent encore que d'avoir poussé la porte de son psy pour la première fois. Une expérience à laquelle ses semaines de thérapie ne l'avaient pas préparée. Parce qu'une fois que le silence et les interrogations étaient balayés, que restait-il, sinon la carcasse vide de la femme qu'Elior avait épousé ?

Mais Elior — Elior. Elior étant l'élément inébranlable de l'équation, à mi-chemin entre l'astre éternel et la montagne immuable. Certes, ils avaient prononcé des vœux mais Janet avait assisté à suffisamment de divorces dans les divers cercles que fréquentaient ses parents pour savoir que bien des gens n'accordaient que trop peu de crédits aux promesses qu'ils pouvaient faire. Elior était différent. Peut-être pas de la même manière qu'elle était différente mais le résultat restait le même. Là où bon nombre de gens — ses parents, le peu d'ami·e·s qu'elle avait réussi à se faire au fil des ans, ses collègues, God, her fucking boss — ne chercheraient probablement pas à l'écouter, encore moins à comprendre, Elior l'avait fait. En silence. Sans interruption agacée, sans coup d'œil irrité. Elle osa finalement lever le nez pour le regarder, incapable de résister à la curiosité de découvrir si oui ou non, cet élan d'honnêteté avait scellé le sort de leur mariage et celui, plus grave encore, de sa maternité. Parce que vraiment, qui resterait avec la boule de problèmes neurotiques qu'elle était ? Qui laisserait quelqu'un comme elle en présence d'un enfant ? Elior. Elior dont le soutien si évident qu'il en était presque douloureux parvint à anéantir les limites qu'elle s'était imposée. La vue brouillée des larmes qui coulaient enfin, elle renifla bruyamment au moment où sa chaise râcla le sol et glissa, presque à tâtons, une main tremblante dans celle que lui tendit son mari. You're not alone. Combien de fois son thérapeute et Greer le lui avaient-ils répétés au cours de ces longs mois ? Combien de fois avait-elle tenté de s'en convaincre ? Jay avait perdu le compte. C'était si évident de simplicité mais dans la bouche d'Elior, ça prenait tout son sens.

Un sanglot, plus violent que les précédents, la secoua devant la requête si simple, si douce d'Elior. It didn't make sense to her that he'd still want her. Not just back in New York, not simply as a co-parent — but her, his wife. Et Jay savait qu'elle trouverait une demi-douzaine de raisons de se dérober si elle y pensait trop longtemps. Aussi cessa-t-elle de réfléchir — and, surprise, surprise, the world didn't collapse. Le poids qui écrasait ses épaules, toutefois, sembla s'envoler lorsqu'elle quitta sa chaise d'un bond nerveux et se réfugia contre Elior. I'm so sorry baby, ne put-elle s'empêcher de répéter, encore et encore, inlassablement, ponctuation frénétique qui liait de légers baisers qui n'en avaient que le nom. Des caresses maladroites, qui se perdaient sur la barbe d'Elior presque autant que sur sa bouche. Une frénésie qui découlait certainement autant de sa crainte, vicieuse et persistante, qu'il ne réalise how fucked-up and disgusting she was que de l'impression vertigineuse de n'avoir pas la moindre idée de la marche à suivre. Parce qu'en cessant de se conformer à l'idée qu'elle se faisait des exigences d'autrui, Jay avait perdu le script si minutieux qu'elle suivait h24. I don't— I mean, I know, I know what to do, murmura-t-elle contre sa joue, but I don't— I think I'm gonna have to learn how to be me around you again. But I want to, ajouta-t-elle précipitamment en se redressant, encadrant le visage d'Elior de mains tremblantes, there's no one else I'd rather exist around. Except Adam. I just... I missed you both, you know? My parents, my sister, everyone else, they all kinda faded away but you two... I wanted to get better for you. I still do. I mean, I wanna do it for me too but I want... I hope I'll be able to make you both at least as warm and happy as you make me feel. Étrange d'ailleurs, cette chaleur. Jay avait presque oublié l'effet que ça faisait. I like the beard, it's very hipster poet chic, ajouta-t-elle distraitement, incapable de retenir la réflexion plus longtemps. Et après tout, l'honnêteté n'était pas toujours dramatique.

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Jeu 9 Juin - 20:30
Lorsque Jay se blottit contre moi, mon coeur se détend, et j'aurais presque l'impression de me retrouver dans un de mes rêves. Jay is back, and the only thing that makes me remember it's all really happening is the warmth. La chaleur de son corps contre le mien mais aussi la plus douce chaleur qui réchauffe mon cœur à son contact. Des baisers, des doux petits baisers qui, font presque envoler ses mots, ses excuses que je ne veux presque pas entendre, par peur quelle se jette la pierre trop longtemps alors que je lui ai déjà tout pardonné. Je ferme les yeux, pour profiter le plus possible du moment présent, de Janet, de ma femme, enfin de retour à mes côtés. Enfin, le monstrueux vide qu'elle a laissé derrière elle semble comblé. Je n'aurai plus besoin de trouver des excuses à donner à Adam pour répondre à ses questions, je n'aurai plus besoin de prendre toute la place dans le lit pour oublier que je suis seul dans les draps glacés, et je n'aurai plus besoin de m'épuiser la journée pour parvenir à trouver un brin de sommeil la nuit. Mes lèvres cherchent les siennes, fatiguées de se sentir seules, elles réclament celles de Jay, maintenant qu'elles y ont regoutté, elles en demandent plus. Quand ses mains se posent sur mon visage et que je la sens séloigner un peu, j'ose enfin rouvrir mes paupières, et replante mon regard brillant dans le sien.  C'est au i missed you both que je flanche, un sanglot, puis un deuxième, et c'est une pluie de larmes qui inondent violemment mes joues. Je ne peux plus les retenir, overwhelmed par le flux de différentes émotions qui ne cessent d'atteindre mon cœur depuis le début de la journée. « You... you... » Elior, calm down. She's not gonna understand a single word you pronunce. Alors, je prends une bouffée d'air, paupières de nouveaux closes, tout en gardant la tête relevée vers ma femme, ne tentant pas de lui cacher mon affreux visage en pleine crise de larmes. Une fois que je sens enfin pouvoir articuler de vrais mots, je reprends, « you need to get better... but you need to... do it for yourself... » Parce qu'elle doit apprendre à s'aimer aussi, à s'accepter comme elle est. S'il y a bien une chose dont je suis conscient, c'est l'importance de l'amour de soi quand il s'agit d'aller mieux. On ne peut pas se détester et aimer les autres à sa juste valeur. Il faut pouvoir s'accepter soi-même avant de réussir quoi que ce soit. Mais je n'ai pas le temps d'en dire plus, parce que Janet complimente ma barbe. Un léger rire, qui se fond dans les quelques larmes qui continuent de couler le long de mes joues, jusqu'à ladite barbe, d'ailleurs. « You do ? I was gonna... shave it off but I guess I could... just trim it a little bit... » Je porte mes mains sur cette dernière, pour les remonter ensuite et attraper celles de ma femme, toujours sur mon visage. « Fuck, I've missed you so much... I've never stopped loving you Jay. » Je serre ses mains dans les miennes, je n'arrive toujours pas à croire qu'elle est vraiment là. « Adam's been drawing you lots of stuff... For when you would come back from your... trip. » Je me mors les lèvres, jette un coup d'oeil à la salle de bain d'où le jeune homme pourrait sortir d'une seconde à l'autre. L'angoisse de se demander comment il va réagir à retour soudain de sa mère commence à monter, elle n'a pas été absente trop longtemps, mais assez pour qu'il commence à s'habituer à une nouvelle routine. Une routine dont elle ne faisait plus partie. « I never really told him... I... I kinda... said you had to do important work... He's clever. You know how he is... he asked questions of course but... not that much. But he, too, knew... » Je pose délicatement mon front sur le sien, quelques larmes se frayent encore un chemin vers ma pilosité faciale, mais je les laisse faire, ne souhaitant pas quitter ses yeux du regard. Comme si j'avais peur de la perdre une seconde fois. « We've always known you'd come back. I never lost faith in you. I'm never gonna lose faith in us. » Cliché, peut-être. Mais je suis persuadé que l'amour gagne toujours, pas besoin de comédies romantiques à deux balles pour m'en convaincre, j'y ai toujours cru.

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Lun 20 Juin - 19:57
Étrangement, le silence angoissé qui alourdissait ses facultés chaque fois qu'elle s'était projetée dans cette exacte situation avait disparu, remplacé par un fourmillement de pensées chaotiques et le besoin presque urgent de les exprimer. Comme si offrir des explications à son mari, cette épreuve qu'elle avait longtemps cru insurmontable, avait eu un effet aussi bénéfique qu'avait pu le prétendre son thérapeute chaque fois qu'ils avaient abordé le sujet en session. Damn him. Peut-être était-elle un peu trop têtue, peut-être s'agissait-il de fierté mal placé ou d'une manifestation de son manque de confiance en elle mais Jay refusait d'admettre qu'il avait eu raison. It was all Elior, it had to be. D'ailleurs, elle était à peu près certaine qu'elle n'aurait pas à se retenir de faire la moindre confession avec qui que ce soit d'autre. But that was Elior for her — the exception to all her meticulously-crafted behaviors and rules. La seule personne, aussi, qui pouvait émettre un avis on the fucked up road dans laquelle elle s'était engagée en commençant la thérapie et lui tirer un hochement de tête énergique. Et sincère, avec ça. Parce que même si l'idée de faire quoi que ce soit pour elle-même et seulement pour elle-même était encore entourée d'une nouveauté étrange, Jay savait, en son for intérieur, qu'il avait raison. Et qu'il n'y avait, finalement, rien d'égoïste à vouloir prendre soin d'elle pour être en mesure d'offrir la meilleure version d'elle-même au petit cercle très restreint des gens qu'elle aimait. Un concept perturbant, évidemment, mais elle n'avait jamais été aussi désireuse de se familiariser avec qu'en cet instant présent. Again, all Elior and a proof that in sickness and in health weren't just empty words, even if she'd forgotten their meaning for a while. N'importe qui d'autre le lui aurait reproché, à juste titre sans doute, mais probablement n'aurait-elle pas dû être si surprise que ça qu'Elior ne le lui balance pas au visage. Elle avait toujours approché ses sentiments avec une prudence un rien suspicieuse, convaincue que ça n'avait aucun sens, que ça ne pouvait pas durer non plus. Mais leur relation, hell, leur mariage avait survécu une décennie, une grossesse surprise et un pétage de plombs en bonnes et dues formes. La méfiance n'avait plus lieu d'être à ce stade, seul restait l'émerveillement qu'il veuille encore bien d'elle. Qu'il l'aime encore, qu'il l'aime toujours, with all her flaws and shortcomings, not in spite of them.

Elle lui abandonna ses mains tremblantes, incapable de lâcher son mari des yeux, même lorsqu'il se détourna pour jeter un coup d'œil manifestement nerveux à la porte de la salle de bains. Ses mots parvinrent finalement jusqu'au cerveau de Jay, avec quelques secondes de retard. Adam. Elle se raidit, le stress de faire face à son fils et la honte de l'avoir abandonné inopinément resurgissant avec une force qui l'aurait certainement renversée si elle n'avait pas été si solidement agrippée à Elior. Au sens propre comme au sens figuré d'ailleurs. Accrochée à son regard, elle s'efforça de reprendre une respiration normale, mesurée, digérant lentement les balbutiements d'informations qui cachaient certainement une vérité bien plus terrible. Elle résista à l'envie de fermer les yeux fort, fort, fort, assez fort pour replonger dans l'océan de déni dans lequel elle s'était noyée pendant des mois. I don't deserve either of you, hoqueta-t-elle. I mean, I— Needed to phrase that better. I don't know what I've done to deserve the both of you but it must've been good. A goddamn miracle, for sure. Do you think he'll be, maybe not happy, no, but do you think he'll be ok to see me? ne put-elle s'empêcher de demander, ever the glutton for punishment. Elle reprit délicatement l'une de ses mains pour essuyer les joues d'Elior, un vague froncement de sourcils lui plissant le front. Il avait toujours été bien plus expressif qu'elle, certes, but it felt wrong, seeing him like this. I hate your tears, murmura-t-elle, presque plus pour elle-même, I hate that I did this to you, reprit-elle plus haut, and maybe it's gonna sound like an empty promise but I'll try my hardest to make it up to you. Even if it takes years, forever, it doesn't matter. Til death do us part, right? Fut un temps où elle avait trouvé pareille formulation incroyablement dramatique et un rien obscure mais c'était avant de prendre pleinement conscience du véritable sens d'une telle promesse et, par extension, de la chance qu'elle avait de l'avoir échangée avec la bonne personne.

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Lun 4 Juil - 12:28
Rien au monde pourrait gâcher ce moment, ce moment où je me rends enfin compte que je ne rêve pas et que Janet est vraiment là, devant moi, en chair et en os. Mieux que ça même, elle a ses mains sur mes joues, elle m'embrasse, et elle n'a même pas besoin de le dire que je le ressens; son amour. Elle m'aime et je le sais, je le sens, comme s'il n'y avait rien de plus fort que ce sentiment que l'on ressent l'un pour l'autre. On le verrait à des kilomètres à la ronde, ce sentiment. On m'a toujours dit qu'on pouvait lire dans mes yeux mon amour pour Jay plus facilement encore que les mots d'un livre pour enfant. Parce que je ne sais pas faire les choses à moitié. Quand j'aime, je donnerai mon âme pour la personne. Ce ne sont pas des paroles en l'air, et Jay le sait, je ferais tout pour elle. Même quand elle était parti sans dire un mot je trouvais toujours un moyen de la défendre, de la comprendre. Certains en ont fait les frais, d'ailleurs, Wes ne vous dirait pas le contraire. « You deserve everything, Jay... » je souffle entre ses mots, parce qu'elle n'a pas le droit de dire ça, elle n'a pas le droit de dire qu'elle ne nous mérite pas. On a tous fait des erreurs dans nos vies, et on mérite tous d'être entendu, d'être compris par quelqu'un qui nous aime.« I just told you... He knew you'd come back, he probably can't wait to hug you again... » Mes lèvres s'étirent en un léger sourire, sourire qui dénoterait presque à travers les larmes qui ont coulent sur mes joues. « He's going to be delighted when he sees you. » Je suis certain de ce que j'avance, Adam ne lâchera sans doute plus sa mère quand il la retrouvera, lui aussi. J'ai hâte de voir son visage s'illuminer, et de le voir lui donner tous les dessins qu'il lui a fait en son absence. Il va en avoir des choses à lui raconter, au sujet des films et des documentaires qu'il a voulu regarder sur les animaux, les dinosaures et autres trucs sur lesquels il a beaucoup plus de connaissance que moi. Il tient sa mémoire et son intelligence de sa mère, je ne pourrais pas en être plus fier. « You'll get there... » je lui réponds, quand elle me promet qu'elle fera tout ce qu'elle peut pour se faire pardonner. « And you're already forgiven, 'cause you didn't mean to hurt anyone and that's what matters, right ? » Encore un léger sourire sous mes yeux brillants, et je me permets de l'embrasser une nouvelle fois, avec toute la passion que je trouve dans mes tripes, un baiser de cinéma, un baiser motivé par ses derniers mots. Parce que c'est tout ce que j'aurais voulu entendre ces derniers mois, alors que tout le monde me demandait si je ne devrais pas plutôt tourner la page ou regarder un peu mes autres possibilités ailleurs. Non, moi je veux Jay, et j'ai toujours voulu Jay, jusqu'à la fin, et pour toujours. « 'Til death do us part. » je souffle entre ses lèvres, les yeux fermés.

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