Danse, danse, danse, elle me dit danse [Morgana]

Danse, danse, danse, elle me dit danse

Morgana & William

Plusieurs mois se sont passés depuis Noël. Nous avions passé de très belles fêtes de fin d'année avec ma famille ainsi que celle de Morgana. C'est avec des souvenirs plein la tête que nous débutions l'année 2022. Le mois dernier, Rose avait pris un an. Déjà. Que le temps passe vite. Pourtant, je me souviens du premier regard que nous avions échangé, elle et moi, à la maternité. J'avais à la fois l'impression que c'était hier, mais aussi que cela s'était passé il y a une éternité. Quoi qu'il en soit, l'année 2022 serait, je l'espérais, plus heureuse que la précédente. Car si elle avait été ponctuée de merveilleux souvenirs, elle était également composée de plusieurs drames. L'agression de Morgana, mais aussi le décès de Marc et d'Alice. Une absence dont je ne me faisais toujours pas. Mes meilleures amis me manquaient et je me rendais compte que plus jamais je ne pourrai les voir, que plus jamais je ne pourrais me confier à eux. C'est en pensant à tout cela que j'avais passé le nouvel an, à l'approche de minuit. Puis mon regard s'était posé tout d'abord sur Saeed, puis Stan, Gabriel, Angela, Rose et enfin Morgana. Tout reste à faire. Là où certaines vies s'étaient arrêtées, d'autres ne demandaient qu'à se poursuivre, avec des projets plein la tête.

Nous avions un mariage à préparer. Un mariage qui aura lieu fin mai. Établir la liste des invités avaient déjà été un exploit phénoménal, puisque nous n'étions pas d'accord sur plusieurs points comme le nombre de convives. Si je désirais un petit mariage, plutôt intimiste, ce qui est également le cas de Morgana, le simple fait d'inviter sa famille équivalait à la population d'une ville entière (j'exagère à peine). De mon côté, la famille O'Connor n'était pas réputée pour être très grande. Mon père, ainsi que ma mère n'ont pas de grande fratrie et puis, l'Irlande est si loin. Ajoutez à cela des amis, des collègues, forcément, et nous arrivions à un nombre que je trouvais déjà assez grand, mais plutôt abordable. Pourtant, la liste des invités n'était que le début. Le pire restait à venir. Comme aujourd'hui, où Morgana s'était mise en tête de m'apprendre la chorégraphie de notre ouverture de bal. Elle oublie cependant un détail : c'est que je ne sais absolument pas danser, déteste donc cela, et fais preuve d'une souplesse qui serait comparable à celle d'un vieillard de 80 ans. Et ne parlons pas de mon côté empoté.

Aujourd'hui les enfants étaient à l'école, et Rose avec sa grand-mère. Morgana et moi étions donc seuls chez nous. Une aubaine pour la jeune femme qui n'avait pas perdu de temps pour déplacer les meubles du salon afin d'établir un semblant de piste de danse sous mon regard exaspéré.

- Franchement, c'est surfait les ouvertures de bal. Parlons plutôt du gâteau., tentais-je alors qu'elle semblait vouloir agiter mes bras dans tous les sens pour me faire danser. Et bien entendu, je n'y mettais pas du mien, puisque ça ne m'intéressait pas.

- Je vais commencer par te lister les ingrédients que je n'aime pas. Le citron et la meringue. Autant te dire que tu ne me feras jamais manger une tarte citron meringuée. On retire ensuite les fruits, parce que faut pas déconner, si on veut manger des fruits on achète directement une corbeille et on se fait pas chier avec une pièce montée. Ce qui nous reste donc chocolat, vanille, ou caramel. Et pourquoi pas les trois ?

Je posai mes mains sur les hanches de Morgana, afin de l'immobiliser. Je l'observais avec de gros yeux illuminés, comme si j'avais eu l'idée du siècle.

- Avec plein de petits choux.

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- William, s'écria Morgana d'une voix plus aigu que d'habitude pour lui signifier son agacement.

Les traits de son visage s'étaient plissés, son nez plissé et sa ride du lion faisait une apparition. Le pire, ça restait son prénom. Elle l'appelait rarement comme ça, utilisant plutôt son diminutif. Lorsqu'elle finissait par utiliser l'entièreté de son prénom, c'était pour faire l'amour ou pour signifier son agacement. La première option n'était pas celle qui serait de mise. Enfin, peut-être plus tard. Pour l'instant, son objectif était de réussir à faire danser William. Elle savait qu'il détestait ça...mais il avait fait une erreur, l'année passée. Il lui avait promis de lui faire danser un slow, si elle réussissait à retrouver ses capacités. Avait-il essayé de l'appater, de lui donner une raison de plus de se battre ? Sûrement. Ca n'avait pas fonctionné sur le coup, mais ça n'était pas tombé dans l'oreille d'une sourde pour autant.

Quand il posa sa main sur sa taille pour l'arrêter de s'agiter, elle l'observa un instant. Pensait-il réellement échapper à la danse ? Il semblait être convaincu que de changer de sujet, puis de l'amadouer en tentant un rapprochement, ça allait fonctionner. Sauf qu'il oubliait à qui il parlait. La personne qui était probablement plus têtue que lui, en tout point. Alors Morgana haussa un sourcil, un sourire en coin naissant sur ses lèvres et laissa un gloussement s'échapper.

- Je sais ce que tu n'aimes pas, répondit-elle à son oreille, dans un murmure à la fois sensuel et amusé. Ce que je sais aussi, c'est que ce n'est pas en essayant de me distraire que tu échapperas à cette danse.

Elle se recula en souriant, ses yeux ne quittant pas les siens. Elle tendit sa main vers lui, ne comptant pas le lâcher sur cette histoire de danse. Elle savait qu'il essayerait toutes les parades possibles pour qu'elle le lâche, mais elle n'abandonnerait pas tant qu'elle n'aurait pas gain de cause. Elle s'était battue pour remarcher, elle voulait qu'il la fasse danser. Et pas n'importe où : à leur mariage.

- Tu te souviens que tu m'as promis une danse, quand même ?, lui demanda-t-elle, sachant très bien qu'il ferait probablement exprès de ne plus s'en souvenir ou de nier qu'il lui avait fait cette promesse. C'était Will, après tout. Plus prévisible que ça, il n'y avait pas. Ou c'était peut-être parce qu'elle le connaissait trop bien. Et puis... Commença-t-elle d'une voix sensuelle, le regard devenant plus agicheur. Si tu acceptes cette danse, je peux demander à ma mère de nous garder les enfants ce soir... Et on pourrait prendre du bon temps... ou parler des choux..., continua-t-elle en s'approchant un peu plus et en murmurant cela à son oreille.

Danse, danse, danse, elle me dit danse

Morgana & William

- Je ne vois absolument pas de quoi tu parles.

Sachez une chose : je ne sais absolument pas mentir. Il n’y a rien à faire, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Probablement parce que je ne peux m’empêcher de détourner les yeux, ma voix n’a pas la même tonalité, et mes doigts se pressent sur ma nuque. Non, je ne suis définitivement pas un bon acteur. Et Morgana me connaissait à la perfection. Un soupir s’échappa de mes lèvres. Un soupir qui se stoppa net lorsqu’elle vint susurrer à mon oreille son projet pour ce soir.

Et si elle venait de retenir toute mon attention, je savais qu’il ne fallait pas que je me laisse avoir aussi facilement. Ça ne ferait que confirmer qu’on peut acheter tous les hommes avec le sexe. Et je ne faisais pas partie de ces personnes-là. Même si… mes yeux bleus se posèrent machinalement sur ses lèvres et sur son cou.

- Tu ne m’auras pas comme ça., lâchais-je en croisant les bras contre ma poitrine, l’air déterminé. « Tout d’abord parce que faire l’amour avec toi n’est pas une récompense. Et soyons honnêtes, j’ai juste à ôter ma chemise pour que tu te jettes sur moi. » Je me mordillais la lèvre inférieure avec une profonde arrogance qui, je le savais, l’agacerait. Je m’approchais à mon tour d’elle et venait susurrer à son oreille. « Et ensuite, parce que… j’ai déjà demandé à ta mère de garder les enfants ce soir. » Je reculais mon visage pour croiser son regard avec un sourire victorieux.

Les bras toujours croisés contre mon torse, je fis mine de réfléchir. « Tu sais, il y a des promesses qu’on sait que l’autre ne tiendra jamais. Regarde, quand Stan et Gabriel nous promettent de ranger leur chambre, t’y crois réellement ? » Oui, on vous laisse imaginer l’état de la chambre de ses deux adolescents. « Et quand Saeed promet à Angela qu’il ne terminera pas ses céréales préférées, elle sait bien qu’il ne tiendra pas sa promesse. C’est comme ça. » De nouveau, je me mordillais la lèvre inférieure, conscient qu’elle serait capable de me sauter à la gorge si je continuais dans mes explications foireuses. « Heureusement que moi, ton futur mari, je tiens toujours mes promesses… » Oui bon, je n’ai pas spécialement envie de mourir aujourd’hui. « Mais il me semble que j’ai promis un slow. Pas la dernière chorégraphie de Lady Gaga alors calme tes ardeurs Sandy. » Oui, je venais vraiment de faire une référence à Grease… « Et ça tombe bien, car je suis très bon pour les slows. » Sur ces mots, je l’attirais contre moi pour lui montrer. Jusqu’à ce que je lui écrase le pied, bien malgré moi. « Oh merde. Désolé. » Non, je ne suis pas un cas désespéré.

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- Vas-y, fais tomber la chemise mais je ne me jetterais pas sur toi, murmura Morgana à son oreille, d'une voix hautaine. Bien sûr que ce serait difficile de se retenir, mais elle ne voulait pas lui offrir cette satisfaction. Tout comme il ne voulait pas qu'elle négocie une danse contre une nuit d'amour. Alors, elle se contenta d'embrasser la comissure de ses lèvres avant qu'il ne se recule, le regardant d'un air de défis. Qui irait le plus loin ? Elle ne savait pas, mais ça ne finirait pas très bien. Evidémment. Entre eux, ça pouvait commencer par des affirmations de la sorte et ça pouvait aboutir à des pais, qui eux même finissaient au lit. Rose avait été conçue comme ça, après tout.

Quand il utilisa l'argument des enfants qui ne tenaient pas leurs promesses, Morgana haussa un sourcil d'un air amusé.

- C'est vrai que tu as cinq ans d'âge mental, j'avais oublié, répondit-elle en haussant les sourcils. Elle n'était pas peu fière de sa blague, l'attaquant sur un terrain où il l'attaquait. C'était le jeu de celui qui serait le plus piquant. Et encore une fois, ça ne finirait pas très bien. Pas avec eux, en tout cas...Morgana le regarda un instant avec un sourire en coin, avant de se retourner vers la table et de continuer à la pousser. Il allait danser et elle allait faire en sorte qu'il craque. D'une manière ou d'une autre.

- Si mon futur mari veut veut tenir ses promesses, qu'il tienne celle-ci ! , attaqua-t-elle. Il ne m'a peut-être pas promis la dernière chorégraphie en vogue, mais je mérite bien ça pour m'être battue !

Elle se laissa attirer dans un slow par Will, le regardant avec un sourire éclatant. Quand elle sentit un poid sur son pied, un "aie" sortit d'entre ses lèvres et son nez se plissa légèrement. De nouveau, elle haussa un sourcil d'un air amusé.

- Voilà pourquoi il faut qu'on s'entraîne. Je n'ai pas envie de perdre mes pieds le jour du mariage !

Elle se détacha du corps de William, attrapant son téléphone pour mettre de la musique. Perfect, d'Ed Sheeran. Loin d'être une chanson de l'époque où ils étaient enfants, c'était la première sur laquelle ils avaient dansé ensembles. Comme deux adolescents. Lors de leur dernière soirée au bar, juste avant la naissance de Rose. Elle avait attiré Will sur la piste de danse, pour un slow. Juste entre eux, sur l'air de cette belle musique. Elle, blottie dans ses bras.

Eloignée de William, Morgana laissa la musique avancer. Elle se contenta de l'écouter, souriant à son futur époux. Elle se souvenait de cette soirée, qui s'était terminée sur une dispute entre eux... mais c'est le soir où elle lui avait avouée que tout ça...ça n'était pas suffisant pour elle. C'est une soirée qui avait tout changé pour eux. Définitivement.

- Baby, I'm dancing in the dark with you between my arms, commença-t-elle à changer avec un sourire en tendant ses mains vers lui. Barefoot on the grass, listening to our favourite song. Elle s'approcha un peu plus, laissant ses doigts frôler les siens, ses yeux ne quittant pas ceux de son futur époux alors qu'elle était arrivée à sa hauteur. When you said you looked a mess, I whispered underneath my breath. Son visage était près du sien, alors elle chuchotait les paroles de la chanson en souriant. Ses yeux brillaient avec joie, à l'idée de se souvenir de tous les beaux moments que leur couple avait vécu. But you heard it, darling, you look perfect tonight...

Danse, danse, danse, elle me dit danse

Morgana & William

Alors qu’elle venait de déposer un baiser au coin de mes lèvres, je finissais par croiser son regard. Tous les deux les yeux plissés, avec un air de défi. Un peu à l’image de deux cowboys en duel qui se scrutent pour savoir qui va dégainer son arme en premier. C’est ce que j’adore dans ma relation avec Morgana. Nous n’étions pas seulement des amants, mais clairement les deux meilleurs amis. Toujours prêts à se faire chier, toujours prêts à rire ensemble. Preuve en est, encore, lorsqu’elle expliqua que j’avais cinq ans d’âge mental. Je posais ma main sur mon cœur, comme si je venais de prendre une balle.

- C’est vrai que tu es un exemple de maturité., répliquais-je avec un sourire moqueur. Nous étions deux enfants après tout. Bon d’accord, moi peut-être un peu plus qu’elle.

Enfin, nous nous lancions dans un slow. Mais bien rapidement, j’écrasais le pied de la jeune femme, bien malgré moi. Suite à ses paroles, je haussais un sourcil, peu crédule.

- Tu n’auras plus de pieds dans tous les cas, le jour du mariage, avec tes talons. Promis, si la robe est assez longue, je te passerais discrètement une paire de converses.

Je lui adressais un clin d’œil amusé, même si elle me connaissait assez pour savoir que je serais effectivement bien en mesure de penser à ce genre de choses pour la soulager des douleurs qu’elle aura inévitablement aux pieds. Oui, des gamins mais dans le fond, nous formions une putain d’équipe. Elle, cependant, n’aura aucune solution face à mon désespoir de porter un nœud papillon ou bien une cravate toute la journée. Comment ça, je n’ai pas encore ma tenue ? Oh c’est bon, j’ai le temps !

Alors Morgana mit une chanson sur son téléphone. Probablement celle qu’elle aimerait pour cette ouverture de bal. Bien évidemment, je la reconnaissais, puisqu’elle avait beaucoup de signification pour nous deux. Je me souvenais de cette soirée passée au bar, avec le reste de notre équipe. Ma jalousie en voyant un homme la draguer alors qu’elle était enceinte de moi jusqu’au cou. L’agacement de Morgana face à ma réaction puisque, jusqu’alors, je n’avais pas encore eu le cran de mettre mon passé derrière moi pour voir l’avenir avec elle. Ce soir-là, nous avions eu une discussion sérieuse qui s’était soldée par des déclarations. Une soirée qui s’était finie merveilleusement bien, juste avant l’arrivée de notre petite princesse.

Je levais les yeux au ciel avec un air légèrement exaspéré face à autant de romantisme. Si je peux être romantique à ma façon, je ne fais clairement pas dans la niaiserie. Probablement parce que je suis, au fond de moi, d’une grande pudeur. Et dans ces moments-là, il faut que je dise une connerie pour sauver les apparences. Comme lorsqu’on regarde un film touchant et qu’une scène serait capable de me faire pleurer. Alors je blague, pour garder la face. Et cette fois-ci ne sera pas une exception.

- Ahh ba c’est plus simple de danser sur cette musique maintenant, que ce soir-là avec tes neuf mois de grossesse.

Je me mordillais la lèvre inférieure avant de capituler et de me laisser aller à ce slow, avec Morgana. Ma tête contre la sienne, je terminais dans ma bulle, à ses côtés, entrainés par les paroles de la chanson. Et je fus fier à l’idée de devenir son mari.

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Morgana ignora les blagues de son futur mari, se contentant de sourire à celles-ci. Tout ce qui l'importait, c'était de profiter de cette danse et des bras musclés de son compagnon, qui entouraient son corps avec douceur et tendresse. Elle s'y sentait en sécurité, souhaitant que ce moment ne s'arrête jamais et d'y rester pour toujours. Heureusement, aucun enfant ne rentrait à la maison ce soir et elle pourrait profiter de son étreinte, jusqu'au bout de la nuit.

Morgana avait enfouit sa tête dans son cou, fermant les yeux un instant. Elle se contenta de glousser légèrement quand il émit le fait qu'il était plus facile de danser sans son énorme ventre de femme enceinte. Et il n'avait pas tord, d'autant plus qu'elle s'était bien arrondis en portant Rose. Les kilos sur la balance n'avaient pas été les mêmes que sur ses précédentes grossesses.

- C'est clair, répondit-elle d'une voix amusée. Je peux être complètement dans tes bras et ça, c'est génial.

Elle releva la tête un instant, pour le regarder avec douceur et reposa sa tête toujours au même endroit. Pas question de faire autre chose que de profiter, si bien qu'elle abandonnait presque l'idée de le faire danser plus que ça. Elle était trop bien dans ses bras. C'était son endroit. Sa safe place. C'était là qu'elle s'était cachée, lorsqu'elle faisait des cauchemars l'année dernière, après son attaque. C'était là qu'elle s'était réfugiée à chaque fois que son moral était anéanti par les heures de rééducations et qu'elle ne voyait pas les progrès arriver. Ca avait été une période difficile, mais elle s'en était sortie grâce aux enfants et à la présence constante de Will. Aujourd'hui, ce n'était pas tout à fait derrière elle. Mais presque. Il y avait encore des douleurs, encore des cauchemars parfois, des bruits qui la tétanisaient. Elle essayait de les cacher au mieux à sa famille, essayant de leur faire croire que tout était derrière elle. Elle savait que William n'était pas dupe, mais elle n'avait plus envie d'en parler.

A la fin de la musique, elle se rendit compte qu'elle était restée contre son futur époux. Tout le long, sans bouger, perdue dans ses pensées. Et devant son regard interrogateur, elle se recula et fit un sourire.

- Je repensais à tout ce qu'on a pu vivre.

Elle tenait ses mains, le regardant d'un air amoureux. Ses yeux brillaient d'une profonde douceur, quand elle les posait dans les siens. Elle l'aimait. Tellement. Si fort. Elle ne savait pas ce qu'elle ferait sans lui.

- A la chance que j'ai de t'avoir dans ma vie, parce que tu as toujours été présent pour moi. Que ce soit lorsque tu es arrivé, ou maintenant.

Elle colla son front au sien, se rapprochant de nouveau de lui. Elle ressentait ce besoin d'être proche de lui, d'avoir son corps contre le sien. Peut-être parce que repenser à son accident de l'année dernière, ça remuait beaucoup de choses. Et elle n'en reparlerait pas, mais le besoin d'être proche de lui voulait tout dire. Ses yeux brillaient, Morgana se sentant soudaienement très émue et surtout très émotive.

- Je suis la femme la plus chanceuse, parce que je vais avoir le mari parfait.

Danse, danse, danse, elle me dit danse

Morgana & William

L’heure du mariage avait sonné. Est-ce que j’étais serein ? Moyennement. Toute cette organisation pour le Jour J avait quelque chose d’assez stressant. On espère que tout se passera parfaitement bien et que cette journée sera effectivement l’une des plus belles de notre vie. Est-ce que j’étais heureux ? Oui, bien entendu. J’allais épouser la femme dont j’étais éperdument amoureux. Celle qui m’avait redonné le goût en la vie, en l’Amour, celle avait qui je voulais être jusqu’au restant de mes jours.

Ce matin, la course avait commencé. J’avais tous les enfants avec moi. Si les plus grands se préparaient seuls, il fallait redoubler d’efforts pour Saeed, Angela et Rose. Et bien sûr, il fallait que je me prépare moi-même. Ma sœur m’avait lâchement abandonné pour se trouver près de Morgana. Mon meilleur ami, lui, tentait de me canaliser.

- J’aime pas les nœud papillon., râlait Saeed en tirant dessus, prétextant que ça lui serrait le cou et qu’il n’arrivait plus à respirer. Je soupirais. « Exagère pas non plus. », répliquais-je en le replaçant bien. Finalement un sourire amusé se dessina sur mes lèvres en voyant mon fils jouer l’étranglement de manière très théâtrale. Il finit par se résigner en haussant les épaules, repartant jouer avec Angela en attendant de partir.

Fin prêt, je prenais Rose contre moi, qui était vêtue d’une belle petite robe blanche. La petite passa ses bras autour de mon cou en bâillant, fatiguée par tout ce remu ménage qui avait dû écourter sa sieste.

- C’est bon, tout le monde est prêt ?

Stan et Gabriel étaient très élégants dans leur beau costume. Si Morgana avait refusé que je vois sa robe de mariée, je lui avais interdit de voir les vêtements que porteraient chacun de nos enfants. Et oui, c’est donnant, donnant. Et quand je voyais cette petite tribu sur leur trente-et-un, je ne pus m’empêcher de ressentir une profonde fierté.

- Vous êtes magnifiques. Comme toujours.

***

L’église était remplie de nos proches. J’y étais entré au bras de ma mère qui semblait très émue par cette journée. Nos enfants étaient entrés à leur tour, les plus grands tenant la main des plus petits. Notre famille nombreuse. J’étais là, devant l’autel, à attendre patiemment l’arrivée de Morgana dans sa robe de mariée. Elle serait magnifique, j’en étais sûr. Après tout, comment pourrait-il en être autrement ? Je n’étais d’ailleurs pas le seul à faire preuve d’impatience puisque tous les invités avaient les yeux rivés sur l’entrée. Rose, elle, se montrait curieuse en regardant tout ce monde, après avoir retrouvé le chemin de mes bras.

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Morgana tournait en rond depuis quelques minutes, quand Abby rentra dans la pièce. Celle-ci fit un sourire à sa belle-sœur, un air mi amusé, mi attendrie. Elle n’avait aucune raison de stresser, parce qu’elle savait que Will dirait oui. Ils avaient traversés beaucoup trop d’épreuves pour qu’un mariage soit raté. Mais elle comprenait Morgana, celle-ci ayant en tête ce qu’il avait fait à Solveig. Elle n’arrivait pas à s’enlever ça se la tête, ce qui la rendait définitivement nerveuse.

- Arrête de tourner en rond, dit-elle d’une voix calme. Il va te dire oui, ne t’inquiète pas.

Abby espérait pouvoir calmer Morgana, qui semblait être une pile électrique. Celle-ci releva la tête en entendant sa belle-sœur et fit un demi sourire. Elle était heureuse de la voir, mais beaucoup trop nerveuse pour réellement sauter de joie. Cependant, elle s’approcha de celle-ci et la serra dans ses bras.

- Tu es là, murmura-t-elle d’un air soulagé.
- Bien sûr, qu’est-ce que tu croyais ?, répondit Abby en souriant de plus belle. Ta mère n’est pas là ?

Morgana secoua la tête, avant de lui expliquer qu’elle était partie chercher la robe. La brune était presque prête, il ne lui manquait plus que ça. Sa mère ne tarda pas à arriver avec l’habit, quelle s’empressa de mettre. Lorsqu’elle apparu de nouveau devant sa mère, sa belle sœur, sa belle-mère et ses sœurs (qui les avaient rejoint), il y eut un moment de silence. Un moment d’émotion où toutes se fixèrent la future mariée, celle-ci légèrement intimidée devant ce silence. Sa mère s’approcha, des larmes brillant dans ses yeux. Elle prit les mains de sa fille.

- Mia cara…, commença-t-elle d’une voix émue. Tu es ravissante.

_____

L’heure d’avancer dans l’allée fut venue. Comme à son précédent mariage, la brune eut la gorge nouée d’avancer sans son père. Elle aurait aimé qu’il soit là, mais elle aimait s’imaginer qu’il était présent. Près d’elle, à veiller sur elle. Ça la réconfortait. A la place, elle avait demandé à son beau père d’avancer à ses côtés, parce que ça comptait pour elle que sa belle-famille sente qu’ils comptaient pour elle. Qu’elle n’épousait pas seulement William, mais qu’elle s’attachait à une famille toute entière qu’elle acceptait et qu’elle aimait autant que sa famille de sang.

Quand son beau-père lui tendit son bras, il lui fit un sourire tendre auquel Morgana repondit.

- Prête ?, demanda-t-il d’une voix tranquille.
- Plus que jamais, répondit la brune, qui bizarrement n’était plus stressée. Devant la porte de l’eglise, elle se sentait plus que prête à épouser William. Ils avaient traversés tellement de choses, ce n’était qu’une consécration de leur amour et de la force de leur couple.

Son beau-père lui concéda d’avancer, ce qu’elle fit. Et au moment où son regard croisa celui de William, plus personne n’exista dans cette église. Comme s’ils étaient seuls au monde. Son cœur fondit, un large sourire étira ses lèvres et des larmes se formaient dans ses yeux, dévoilant sans pudeur et sans retenue, l’émotion qu’elle pouvait ressentir.

Alors elle avançait dans l’allée, vêtue d’une longue robe blanche. Celle-ci ornée de belles broderies, d’un joli bustier qui mettait en valeur le collier autour de son cou. Un vieil objet, qui appartenait à sa mère. C’était un bijou en or, orné d’une pierre bleue comme les yeux de Morgana. C’était le collier qu’elle avait porté à son propre mariage. Et ses cheveux relevés dans un chignon bas, dont quelques mèches tombaient délicatement sur ses épaules, laissaient son visage dégagé. Ses yeux mis en valeurs par les touches de bleus du collier et des quelques petite fleurs dans ses cheveux.

Lorsqu’elle arriva à la hauteur de son futur mari, elle fit une étreinte à son beau-père et lança un regard rempli de tendresse à chacun de ses enfants. Elle prit le temps de les observer, un à un. Ils étaient tous magnifiques et elle ressentit un sentiment de pure fierté. Puis, elle se retourna vers William et attrapa la main qu’il lui tendait. Elle prit un moment pour le regarder, le regard rempli d’amour et d’émotion. Elle ne s’était jamais imaginée que ce jour viendrait, pourtant, ils étaient là. Prêt à se dire leurs vœux, prêts à s’unir. Rien n’était plus beau que ça. Que leur amour. Et qu’est-ce qu’elle l’aimait, ce William O’Connor.

- Tu es très beau, fut la seule chose qu’elle trouva à dire, trop émue pour dire quoi que ce soit d’autre.

Danse, danse, danse, elle me dit danse

Morgana & William

Dans cette attente, beaucoup trop de pensées traversent mon esprit. Je suis nerveux. Morgana l’est-elle autant que moi ? Probablement, si ce n’est plus. J’imagine sans difficulté qu’elle doit penser à mon mariage raté avec Solveig, le fait que je ne me sois pas présenté à la cérémonie. En repensant à cela, je me déteste. Je ressentirais toujours beaucoup de culpabilité à ce niveau-là. Mais tout était différent à cette époque. Les parents de Solveig me détestaient, me dénigraient sans cesse et me rappelaient à tout va que je ne méritais pas leur fille. Ils ne m’ont pas seulement mis des bâtons dans les roues, mais tout un arbre. Et finalement, j’ai compris que si ce mariage avait lieu, Solveig n’aurait plus aucun contact avec sa famille. Aussi détestables étaient-ils, je ne pouvais imaginer ma compagne coupée de ceux avec qui elle a des liens du sang. Et puis, on me rappelait sans cesse que je ne venais pas du même monde, que je l’entraverais dans sa vie professionnelle, qu’elle ne serait jamais réellement heureuse avec moi. Quand on se marie, on a le temps de penser à un million de choses. Et c’est ce laps de temps qui m’a fait comprendre que Solveig serait bien mieux sans moi. Je m’en suis rendu compte beaucoup trop tard.

Quoi qu’il en soit, avec Morgana, c’est différent. Nous ne nous aimons pas seulement d’un amour indescriptible, nous formons une famille. Sa famille est la mienne. La mienne est la sienne. Chacun des enfants est la nôtre. Parfois sans lien du sang, mais qu’en avions-nous à faire ? Je n’ai jamais été aussi sûr de moi de toute ma vie. Cette femme représente tout ce que j’ai toujours voulu, tout ce dont j’ai toujours rêvé.

Lorsque la musique retentit et que tous les regards se portent vers l’entrée, je sais que Morgana va apparaître d’une minute à l’autre. Rose est descendue de mes bras pour rejoindre ses frères et sœur, au premier rang. C’est là qu’elle apparaît, au bras de mon père. J’ai une pensée fugace pour son père à elle. Je ne crois pas en Dieu. Mais je ne peux m’empêcher de penser que s’il nous voyait, d’un endroit ou d’un autre, il serait fier de voir sa fille dans cette tenue, mais aussi qu’il me botterait le cul comme il l’a souvent fait, en me rappelant que si je la faisais pleurer, ne serait-ce qu’une seule fois, je serais un homme mort, mais que dans le fond, il m’aimait bien. A cette pensée, un fin sourire se dessine sur mes lèvres. Mais tout s’efface bien vite lorsque mon regard se pose sur Morgana, dans sa robe de mariée. Le mot « magnifique » n’est clairement pas assez fort pour la caractériser. Je me sens empli d’une grande fierté. Dans mes yeux, ont peut y lire tout l’Amour que j’éprouve pour elle, et tout le bonheur et l’émotion que je peux ressentir à cet instant précis. Je ne verserais pas une larme, trop pudique pour cela. Mais je dois bien avoir que je ressens des picotements dans mon nez.

Je lui tends la main pour l’inviter à me rejoindre. J’échange un regard avec mon père, lui adresse un hochement de tête pour la remercier silencieusement de l’avoir accompagnée comme s’il s’agissait de sa propre fille. Puis mon regard se pose à nouveau sur Morgana. Mes doigts se pressent contre les siens, les ramènent à mes lèvres et j’y dépose un baiser.

- Et toi, tu es… resplendissante.

Enfin, nous nous tournons vers l’homme qui va nous unir et qui entame son discours. J’ai promis à Morgana que garder mon sérieux. Mais c’est toujours compliqué pour moi de fixer mon attention sur toutes ces paroles qui sont répétées et répétées à chaque mariage. Alors mon esprit divague. J’observe tout et n’importe quoi : les fleurs disposées ça et là, les chaussures de l’homme, la décoration, le bustier de Morgana et ne peux m’empêcher d’imaginer le moment où je lui arracherais tout ça. J’entends Rose qui papote derrière et Saeed qui s’efforce à la faire taire avec des « Chuuuuuut ! ». Je croise le regard de Morgana et esquisse un sourire amusé.

Enfin la partie intéressante arrive. La fameuse question. On me demande si je veux prendre Morgana pour épouse. Je ne fais même pas semblant de réfléchir. J’adresse un sourire charmeur à la jeune femme et réponds :

- Oui, plus que tout.

Alors l’homme se tourne vers Morgana pour lui poser la même question. Et là, stupidement, la peur m’envahit. Et si elle disait non ? Non, ça n’arrivera pas. Et si…

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Oui. Il les a finalement prononcés, ces mots. Morgana sentit un poids s'enlever de ses épaules, parce qu'elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir peur qu'il reproduise ce qu'il s'était passé avec Solveig. Alors, lorsqu'elle l'entendit prononcer ces mots...elle se sentit soulagée. Et heureuse. Plus qu'heureuse, d'entendre qu'il n'avait pas hésité une seule seconde. Oui. Un mot si simple, qui signifiait tellement. William l'avait prononcé, sûr de lui. Sûr de son choix. Et ce fut son tour. Il y eu un léger silence, quelques secondes de battement. Elle n'hésitait pas, c'est juste qu'elle voulait profiter de ce moment de flottement. Profiter de l'instant présent. Et lorsqu'elle fut prêt, elle plongea son regard dans celui de son compagnon tout en lui offrant le plus beau sourire qu'elle pouvait.

- Oui, je le veux.

Puis vint l'échange des alliances. Mais, la jeune femme avait insisté auprès de son futur époux pour qu'ils s'y glissent quelques mots. Pas nécéssairement un grand discours, parce qu'elle savait qu'il ne serait pas à l'aise, mais elle voulait la cérémonie parfaite. Et étonnament, il n'avait pas été aussi résistant qu'avec l'idée de danser.

- William, commença-t-elle d'une voix douce, prenant ses mains dans les siennes. Il y a quelques années, si on m'avait dit que je t'épouserais... j'aurais sûrement éclaté de rire. Ca me paraissait inimaginable, malgré les sentiments que nous ressentions l'un pour l'autre. J'étais attirée, mais trop brisée pour envisager quelque chose de sérieux à tes côtés. Et tu es reveneu dans ma vie, bouleversant tout ce que j'avais imaginé en m'offrant notre fille. En y faisant rentrer Saeed et Stan. En tombant enceinte, je n'aurais jamais imaginé devenir ta femme presque deux ans plus tard. Pourtant... nous y voilà. Et je suis si heureuse d'officialiser tout ça, après toutes les épreuves que nous avons vécu. La dernière année n'a pas été évidente, mais il est certain que j'ai eu beaucoup de chance de t'avoir à mes côtés.

Elle marqua une courte pause, ses yeux brillants de larmes. Il était certain qu'elle était très émue, serrant doucement ses mains sans les siennes.

- Tu me donne de la force et sans toi, je n'aurais jamais remonté la pente. Alors merci. Merci d'être présent dans les bons comme dans les mauvais moments, merci de me faire rire et de me rendre heureuse comme tu le fais. Merci de m'avoir bousculé quand j'ai été odieuse, lors de notre rencontre. Merci d'être rentré dans ma vie et de m'avoir donné cette famille. Je t'aime.

Elle le regarda un instant, avant de se retourner vers Stan a qui elle avait confié l'alliance de William. Gabriel avait l'autre, les deux adultes ayant voulu donner autant d'importance à l'un qu'à l'autre. Elle fit un sourire à l'adolescent, un regard rempli de tendresse. Quand William était rentré dans sa vie, elle avait accepté Stan et l'avait considéré comme l'un de ses enfants. Il était tout aussi important que Gabriel, prenant une place dans son coeur et elle avait le sentiment que ces derniers mois, leur relation s'était développée. Et c'était très important pour elle. Elle le remercia silencieusement quand il lui donna l'alliance, avant qu'elle ne se retourne vers William et elle ne prenne sa main gauche dans la sienne, son autre tenant l'alliance qu'elle glissait à son annulaire.

- Par cette alliance je deviens ta femme et je te promets de rester fidèle dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie, pour le meilleur et pour le pire jusqu’à se que la mort nous sépare.

Les épreuves avaient déjà failli les séparer, mais il semblait qu'ils étaient plus fort que ça.