a well read woman is a dangerous creature | bonnie

Jessica a pris des vacances. Apparemment, il s'agit d'une obligation légale et il faut qu'elle montre l'exemple à ses employées. Après tout, si elle se veut être une cheffe d'entreprise équitable, il faut qu'elle commence par le haut pour que toutes se sentent libres de profiter des congés payés et droits à l'assurance maladie qu'elle et Rachel ont mis en place. Qu'importe, elle a fait ce qu'on lui a dit et ne répond que sporadiquement à quelques mails et se retient de passer des coups de téléphone au bureau, pour s'assurer que tout va bien. Elle a entière confiance en son équipe et elles n'en sont qu'au début de la préparation du prochain magazine. Et puis Rachel est là. Scarlett aussi, surtout, pour faire tourner les affaires au quotidien. Le magazine ne va pas disparaître de la surface de la Terre, Robin veille au grain sur les réseaux sociaux et le site. Tout va très bien.

Aussi, au lieu de tourner en rond comme un lion en cage, la rédactrice en cheffe a décidé de sortir de son appartement et profiter de ce début d'été étouffant, emblématique de New-York. Ah, rien de tel que de suer quelques litres sur les sièges collants du métro. Un semblant de brise se glisse sous sa maxi robe zèbre et elle se sentirait presque bien, mais ça ne dure qu'un temps. Elle décide donc de couper court à la balade/shopping prévue et trouve refuge au Bluestockings Café. Elle dit toujours qu'elle n'a pas le temps de lire, ça sera l'occasion de renflouer son stock - pourtant pas fini, mais ce n'est pas le sujet - et se poser un peu.

Elle relève ses lunettes de soleil fushia sur son front et adresse un large sourire à Natalia, affairée derrière le comptoir et se dirige vers le coin librairie, feuilletant quelques nouveautés d'un oeil distrait. La journaliste reconnaît bon nombre de noms, qu'il s'agisse de collègues, de personnes qu'elle a interviewé ou de livres qui sont apparus dans la colonne "must have" de son magazine. Mais Jess est loin d'avoir eu le temps de tout lire, tout commenter, elle lit donc avec attention les quatrièmes de couverture et les coup de cœur du staff.

La brune se retourne vers un présentoir presse et croise le regard d'une jeune fille, qu'elle connaît de vue et de nom, si tant est que ça lui revienne. Elles ont discuté quelques fois dans ces rayonnages et elle lui est toujours apparue comme une personne sympathique et vive d'esprit. « Hey, tu vas bien? » Bonnie! Elle est sûre à 99% que la petite s'appelle Bonnie. Avec un sourire, elle constate que la blonde tient le dernier numéro de She Said, She Said. Ca fait toujours plaisir de voir son magazine dans la nature, surtout entre les mains de la génération z, réputée pour ne plus savoir lire et avoir la capacité d'attention d'un suricate sous acide. « Oh, excellent choix de lecture! Et je ne dis pas ça parce que je suis la rédac cheffe. Ou alors juste un peu. » Jessica rit légèrement, puis s'autorise un clin d'œil malicieux à son interlocutrice. « En vrai, je ne serais pas fâchée si tu le reposes, promis. » Après tout, elle a bien conscience que la situation peut être un rien gênante pour la gamine, qui n'a pas demandé à ce que ce dinosaure en mules à froufrou lui tape la causette en ce bel après-midi.