Tout qui se casse la figure, Lou n’avait envie de rien, encore moins de rester chez elle, seule avec ses pensées. Elle regardait d’un œil absent la télévision qui tournait sans discontinuer depuis qu’elle était rentrée. Caresser machinalement son chat qui s’était lové contre elle. Parfois, elle aimerait arrêter d’étouffer. Elle aimerait arrêter d’avoir l’impression que tout, tout se jette sur ses épaules avec un poids qu’elle ne contrôle pas. Lou, parfois, elle aimerait partir loin d’ici. Loin de New York, mais c’est toujours compliqué quand on a toujours été une biche effrayée. Effrayée par le monde, effrayé par la vie. Elle a toujours été dans son monde, un peu en décalage des autres. Et elle n’a jamais osé. Voir de l’ailleurs, voir autre chose que sa propre ville, après avoir déménagé du Vermont, elle enviait Lewis qui avait prit son envol. Elle enviait tout ceux qui étaient capable de partir loin. Pas comme elle. Coincée dans une ville qui était en train de l’étouffer plus que de raisons. Décidée de ne pas rester chez elle pour ne pas remuer ses pensées noires et compliquées, elle se leva et se décida à faire chauffer une bouilloire, elle prépara son sac à dos, sa Thermos et des gâteaux pour passer la soirée chez Jack. Elle ne l’avait pas prévenu, n’avait même pas prit la peine de lui envoyer un sms, comme si elle se doutait qu’elle allait accepter de la voir. Peut-être serait-elle occupée ? Elle rebrousserait chemin dans ce cas, et elle espérait grandement que Lewis ne soit pas occupée pour faire un appel en visio avec lui. Même si l’écran ne remplacerait pas le fait que Lewis n’était pas là, avec elle, o la prendre dans ses bras et la réconforter. Parce qu’après tout, elle avait besoin de réconfort Lou. Elle s’arma de ses écouteurs, vérifia que Noam n’était pas dans le jardin, et elle se dirigea jusque chez Jack. A croire que la pâtisserie lui manquait vu qu’elle y retournait. La musique dans les oreilles elle s’aventurait à travers ce chemin qu’elle ne connaissait que trop et se pressa pour arriver à la pâtisserie. Elle passa par l’extérieur, s’aventura jusqu’à la porte d’entrée qui menait jusqu’à l’appartement de sa patronne, ouvrit la porte avec ses clés et elle monta les escaliers grinçant. Lorsque la porte s’ouvrît, Lou regarda Jack, avec un air de biche apeurée et elle s’humidifier les lèvres « I didn’t want to spend my evening alone. » avoua t’elle du bout des lèvres en passant une main derrière sa nuque « Can I come in ? I have cookies and tea in my bag.” prononça t’elle en lui offrant un sourire en coin, teinté de mélancolie et de tristesse.

Elle avait toujours tout fait pour ne pas affronter sa faiblesse, Lou. Pour ne pas se laisser couler, pour ne pas sombrer. Et pourtant, la voilà, là. Devant chez Jack. A chercher un minimum de réconfort auprès d'une personne connue. Elle aurait pu aller au bar, se saouler, discuter avec une ou deux personnes, dégueuler ses sentiments et ses appréhensions à des personnes qu'elle ne connait ni d'Eve ni d'Adam, ça aurait pu être un programme intéressant. Mais non, là voilà devant chez Jack à implorer silencieusement un peu de chaleur et la réalité la frappe quand elle se rend compte que sa patronne était en peignoir. Qu'imaginait-elle, que la terre s'arrêtait de tourner pour tout le monde quand elle, elle n'allait pas bien ? « Thank you » balbutia t-elle du bout des lèvres, resserrant son emprise sur la poignée de son sac. Comme pour rester accrochée à une bouée qui est en pleine tempête, de peur de couler, de peur de sombrer. Lorsqu'elle eut l'autorisation de Jack, Louisa entra dans l'appartement et aussitôt, un sentiment de réassurance lui parvint droit au coeur. Et ce sentiment fut amplifié quand le chien lui sauta dessus, ce qui la fit rire aux éclats, si bien qu'elle s'installa sur le sol, en tailleur et offrit des caresses à la bête, s'amusant avec elle, oubliant le temps, oubliant les maux. Après quelques longues secondes, elle se redressa, un peu gênée d'être passée pour ce qui semblait être une accroc des animaux et elle sortit à la hâte, les gâteaux et le thé pour les déposer dans le salon, comme si elle était chez elle. Elle se tourna alors vers Jack et lui offrit un sourire en coin, un rien gêné. « I'm sorry to disturb you. You can hm- » Son regard s'attarda sur la lisière du peignoir au niveau de la naissance de la poitrine et elle remonta son regard aussi sec « Go and pretend I'm not there. » Elle s'éclaircit la voix en passant une main moite derrière sa nuque, incapable d'organiser le flot de ses pensées « I can pour of tea whilst you finish what you were doing. » expliqua Lou en passant une nouvelle main dans la fourrure de l'animal qui avait certainement deviné sa gêne et qui tentait subrepticement de l'apaiser. Sans que ça ne marche vraiment.

Louisa savait pertinemment que tout cela était une mauvaise idée, elle ne devrait pas être là. Elles étaient collègues, Jack était sa patronne, peut-être une amie et leur relation s’arrêtait ici. Elle n’aurait pas dû venir, pas dû venir quémander un minimum de compassion, elle n’aurait pas dû venir quémander un peu de chaleur humaine parce qu’elle était triste. Elle n’avait pas à imposer à Jack ses états d’âme et pourtant, elle était là. Sa tristesse comme seul bagage, sa mélancolie comme vil accompagnatrice d’un état d’esprit empli de peine et de désarroi. Elle aurait dû se tourner vers Noam, parce qu’ils étaient certes en pause, mais ça aurait été plus logique de se tourner vers lui si elle n’était pas têtue et obtuse. Un sourire s’étira sur ses lèvres quand elle entendit Jack et elle laissa ses préoccupations au placard, pour ne pas plomber l’ambiance qui n’était pas à la colère, pas à la tristesse, mais d’une neutralité affolante. Lorsque Jack s’échappa, Louisa se retrouva sur le canapé, elle déposa son sac près du meuble et en sortit les biscuits et la thermos, elle tourna rapidement le regard et vit Jack de dos, elle s’attarda un instant sur les muscles de son dos, puis se reprit en secouant la tête, s’intimant secrètement de ne pas regarder aussi intensément, parce que ça allait tout gâcher, et elle avait l’impression qu’elle gâchait tout depuis quelques temps. Elle se reprit et se redressa, droite comme un I dans le canapé, et quand Jack revint, elle se tourna vers elle pour lui offrir un sourire. « Nice- shirt. » Un temps d’arrêt qui en disait long, Louisa ouvrit la boîte de biscuit pour l’inciter à se servir, avant de se frotter la nuque pour laisser partir la gêne qui l’habitait, elle regarda Jack et chercha presque l’autorisation de parler, de dire tout ce qui se tramait au fond de son coeur « My dad left for South Africa. And I knew that it was just a matter of time before he’d like to leave again, to go and save lives. But I wasn’t ready. » Elle n’avait jamais vraiment été prête à partir du moment où elle avait su ce que ça impliquait quand son père partait pour des mois. « But I didn’t want to be selfish when he asked If I was ok with him. If it was not too mean from him to leave again. » Elle  haussa les épaules et fixa la boîte de gâteaux, avant de poser ses coudes sur ses genoux pour nouer ses mains derrière sa nuque. La mélancolie était trop présente pour que ce soit éteint, pour que ce soit passé sous silence. « And I feel alone at my place, I feel alone everywhere in that Goddamn city. » souffla t-elle, pleine de désespoir, ses yeux venant se planter dans les yeux de Jack. « You make me feel less alone. » avoua t-elle finalement, une grimaçe qui vint déformer son visage avant qu’elle ne secoue la tête « I’m sorry, I shouldn’t have say that. »

La vie de Louisa se résumait à un labyrinthe dont elle ne trouvait pas la sortie, et les ancres de sa vie apparaissaient et disparaissaient comme des images phantasmagorique que l'on espère plus. Noam qui n'était pas là au moment où elle en avait le plus besoin, son père parti à l'autre bout du monde, Lewis aux abonnés absents bien trop occupée par son travail en corée du Sud. Louisa se sentait délaissée et avait l'impression que le monde ne tournait plus rond. Alors c'est vers Jack qu'elle s'était tournée, faisant de cet appartement, son refuge pour la soirée. Incapable de ne pas s'excuser, Louisa avait toujours, depuis son plus jeune âge, eut l'impression de déranger, d'être une fraude, elle n'avait trouvé sa place que très tard dans un monde qui l'effrayait. Mais les habitudes étaient tenaces, et elle avait toujours cette peur irationnelle de déranger le monde. Encore plus ce soir. Mais elle se détendait peu à peu, comme si la cage thoracique qui compressait son coeur s'ouvrait petit à petit au fur et à mesure que les secondes s'effritaient. Elle n'avait de cesse que de fixer le même mur quand elle s'était prise la main dans le sac de regarder un peu trop Jack. Elle ne voulait pas tout gâcher, même si c'était une de ses spécialités. Elle se sentit une fois de plus soulagée quand sa patronne et amie revint dans la pièce et elle n'avait pas imaginé les confessions qu'elle était en train de lui faire. Comme si c'était normal, mais elle ne voulait pas que Jack la trouve étrange, ce n'était absolument pas le but et elle savait pertinemment qu'elle paraîtrait bizarre à un moment de la soirée alors elle prit les devants avec difficulté. Ses mots étaient sortis sans qu'elle ne réfléchisse et elle s'excusait encore. « I hope so, I don't- I don't want him to be in trouble. » avoua t-elle, d'une voix tremblante. Elle passa une main dans sa nuque et regarda Jack du coin de l'oeil avant de se mordiller la lèvre inférieure « Because I- because it's not correct. » Balivernes, elle avait eu envie de dire cela parce que c'était ce qu'elle ressentait. Doucement, de ses doigts froids, Louisa attrapa la main de Jack pour la déposer tout contre son coeur. Officiellement, c'était pour lui montrer à quel point elle se sentait apaisée, officieusement, les pensées étaient tout autre. Son regard se planta dans celui de Jack, et elle cherchait des réponses aux questions qui allaient et venaient dans son esprit « See ? I'm good here. » prononça t-elle finalement en posant sa main contre celle de Jack, gardant les doigts de Jack autour de sa main. Le silence qui régnait entre elle n'augurait rien de bon, Louisa restait avec le regard planté dans celui de la brune et elle souffla timidement « I feel like, I feel like I'm gonna kiss you. » Elle lui laissait le choix, peut-être allait-elle la congédier, la renvoyer chez elle, c'était sûrement la meilleure des choses à faire, mais Louisa n'avait pas la force de bouger. Elle préférait affronter un rejet et partir, que partir d'elle-même sans savoir de quoi les prochaines minutes seront faites.

La sonnette d'alarme dans le cerveau retentissait, signifiant bruyamment à Louisa qu'elle était en train d'aller bien trop loin. Mais avait-elle envie de s'arrêter pour autant ? Non. Elle avait toujours eu cette impression que quelque chose pouvait se passer entre elle, alors elle se disait qu'au pire, elle se prendrait une porte et qu'elle devrait partir, peut-être même chercher un autre boulot pour ne pas devoir rendre de compte, pour ne pas que ça soit étrange. D'un autre côté, elle se disait que si cela se passait, c'était que les signes ne l'avaient pas trompé et qu'elle n'était plus si naïve et chétive que cela pour se rendre à l'évidence qu'elle plaisait à quelqu'un d'autre qu'à Noam. Noam qui n'avait pas été là, Noam qui préférait être ailleurs que de consoler sa petite amie, alors elle se consolait dans les bras -et les draps- d'une autre. Faisant partie de ces filles qui trouvaient réconfort avec une autre personne que la personne qu'elles sont censées aimer pour une raison obscure. Elle s'était toujours promis de ne pas briser le coeur de Noam, mais comment faire quand la personne censée vous aimer vous brise le coeur ? Elle ne voulait pas attendre, elle ne voulait pas espérer encore et encore qu'il reviendrait, elle ne voulait pas s'enfermer dans une cage de verre pour passer à côté de sa vie. Les secondes s'effritaient, s'étiraient et elle espérait sincèrement que Jack comprendrait. Elle ne demandait pas une acceptation, mais simplement un ou deux mots qui lui dirait quoi faire, pas de silence qui font mal. Il y en avait déjà bien trop dans sa vie.

Quand la main de Jack se retrouva sur sa nuque, Lou déglutit un instant avant de se mordiller la lèvre inférieure, incapable de se raisonner désormais. Elle n'en avait plus envie, elle avait été bien trop raisonnable dans sa vie depuis trop longtemps. Trop raisonnable, trop serrée dans son carcan. Les quelques mots de Jack lui parvint à l'esprit et Lou ferma les yeux. Elle tenta malhabilement de se raisonner, de ne pas être celle qui trompe, de ne pas être celle qui promet avant de briser les promesses. Mais la raison ne l'emporta pas sur le coeur. Elle déposa ses lèvres sur celles de Jack, lentement, effleurant dans un premier temps avant de fourrer l'une de ses mains dans les cheveux de la brune, et l'autre sur la joue. Puis les lèvres jouent derrière l'oreille, sur la mâchoire avant d'atteindre les lèvres de Jack qu'elle embrasse, lentement, pour lui laisser l'occasion de refuser, pour ne pas aller plus loin. Mais la sensation dans le creux de l'estomac la contrôle et les mains de Lou se font aventureuse, glissant sur la poitrine au dessus du tissu. Elle l'embrasse encore et encore, avant de se reculer, les lèvres gonflées, le regard vitreux, ses doigts caressant toujours la poitrine de Jack tandis que l'autre main glisse sur sa joue, son regard planté dans celui de Jack, comme pour avoir l'approbation d'aller plus loin, elle ne voulait forcer en rien mais elle savait très bien qu'il n'y avait plus de retour possible, de son côté en tout cas. Les regrets viendraient plus tard, bien plus tard.

Elle devrait écouter la petite voix dans sa tête qui ne cesse de lui répéter que ce n'est pas une bonne idée, qu'elle ne devrait pas. Elle a du mal à se raisonner, mais surtout, ce qu'elle a envie c'est de goûter les lèvres de Jack, au fond d'elle, elle s'était toujours dit que ce qu'elle imaginait n'était que chimère, des inventions de son esprit tourmenté, mais ce n'était visiblement pas le cas. Lorsqu'elle avait annoncé à Jack qu'elle avait envie de l'embrasser, elle s'imaginait déjà un refus, devoir rentrer chez elle, mais ce n'était pas le cas, et elle ne regrettait en rien ce qu'elle venait de faire, elle ne regrettait en rien ce baiser qu'elle était en train d'échanger avec Jack parce qu'au fond, elles étaient toutes les deux consentantes, et rien ne changerait entre elle, ou peut-être que si ? Elle n'en savait rien et elle ne voulait pas le savoir, parce qu'elle se demandait bien ce qui pourrait se passer entre elles par la suite, sauf que c'était du futur. C'était quelque chose pour la Louisa du futur. Son dos qui rencontrait le tissu du canapé, Louisa entoura la nuque de Jack de ses bras, se mordillant la lèvre. Elle voulait plus, désirer plus, la sensation au creux de ses cuisses qui montrait qu'elle avait envie d'elle, que ce n'était pas un désir que l'on pouvait éviter. La chaleur qui s'émanait de son corps, les soupirs qui traversaient les lippes.

« More than that » ne pur s'empêcher de murmurer Louisa entre deux soupirs de satisfaction. Ses mains courraient le long du dos de Jack et doucement, elle glisse sa main sous le tissu qui orne le buste de Jack et elle la débarrassa de tout tissu, avant que sa bouche ne s'aventure le long de la peau nue. « I want you now... » murmura t-elle alors que les mains se firent aventureuses, glissant presque à la limite de l'indécence « I wanna feel you from the inside. » murmura t-elle alors qu'elle posait lentement ses lèvres contre celles de Jack « Right now »

Même si tout cela semblait être une mauvaise idée, Louisa ne voulait plus reculer, elle avait besoin qu'on l'aime, elle avait besoin de se sentir exister à travers des gestes, des mots, des paroles. Elle avait besoin de panser son coeur et elle n'avait pas trouvé d'autre solutions que de les penser avec Jack. Parce que Jack était là, elle. Parce que Jack était la seule personne qui l'écoutait, qui tentait de la rassurer que l'immensité de l'océan ne finirait pas par l'avaler, qu'elle n'allait pas se noyer dans l'océan de ses doutes et que sa peur de l'abandon n'était pas rationnelle. Qu'elle ne serait pas abandonnée, qu'on finirait toujours par la retrouver. Les mots silencieux, le silence brisé par les soupirs. Les gestes lents, lascifs qui ne cachent en rien ce qu'il risque de se passer par la suite. Elle avait peur de regretter, mais ces songes restaient bloqués dans un coin de sa tête, elle ne les laisserait pas gagner, pas ce soir. Plus ce soir. Elle ne voulait plus réfléchir, alors elle se laissa guider, se laissa emmener vers d'autres horizons, ceux qu'elle avait souvent imaginé du plus loin qu'elle se souvienne.

***

Elle se sentit ankylosé quand elle ouvrit les yeux, elle s'étira un peu et garda les yeux clos. Un sourire s'étira sur ses lèvres quand elle sentit les lèvres de Jack contre son épaule et elle lui répondit d'une voix encore encore « Hi to you too. » Elle se blottit contre Jack et elle la regarda avec ce sourire qui ne quittait pas ses lèvres « Good morning. » Elle déposa doucement ses lèvres contre celles de Jack, timidement, avant de reposer sa tête contre l'oreiller, puis elle se coucha sur le flanc et cala son bras sous sa tête. Elle détailla le visage de Jack en la regardant encore « Thank you for yesterday night. And for last night. » Elle ne put s'empêcher de rougir quand les souvenirs lui revinrent en mémoire. « It was- unbelievable. » Elle n'avait jamais eu l'impression qu'on la désirait autant. Elle n'avait jamais eu l'impression d'être désirée comme Jack l'avait désiré hier soir. Sa main libre effleura la peau de Jack doucement, telle une plume qui se pose. « Do you fancy a coffee ? I gotta be quick, cos my boss is gonna go through the roof if I'm late... »